5o
REVUE
BT MAGASIN
DE ZOOLOGIE
PURE ET APPLIQUÉE.
RECUEIL MENSUEL
DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PATS LES MOYENS DE
PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE
A L'INDUSTRIE ET A L'AGRICULTURE , LEURS TRAVAUX DE
PALÉONTOLOGIE , d'aNATOMIB ET DE PHYSIOLOGIE
COMPARÉES , ET A LES TENIR AU COURANT
DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES
PROGRÈS DE LA SCIENCE ;
M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE,
Membre de la Légion d'honneur, de l'ordre brésilien de la Rose , de la SociéU'
impériale et centrale d'Agriculture , des Académies royales des Sciences
de Madrid et de Turin, de l'Académie royale d'Agriculture de Turin,
de la Société impériale des naturalistes de Moscou , d'un
grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères,
Secrétaire du Conseil de la Société impériale
zoologique d'Acclimatation , etc., etc.
2e SÉRIE. — T, XII. — 1860.
Z
PARIS,
AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIÎ
RUE DES BEAUX-ARTS, 4.
&lx)l
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — JANVIER 1860.
I. TRAVAUX INEDITS.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Premier article.
L'examen de divers Mammifères que j'ai collectés au
Mexique m'a donné des doutes sur l'identité de quelques-
uns d'entre eux avec les espèces de l'Amérique méri-
dionale auxquelles on pourrait les rapporter et avec
celles du Mexique que les auteurs ont figurées.
11 est plusieurs de ces animaux que je ne trouve décrits
nulle part et que je crois pouvoir considérer comme nou-
veaux.
Famille des Félidés.
Felis mexicana. Fulvo-subcinerascens, nigro-maculata, ut in F. ma-
crura, cui affinissima videtur, at minor; maculae partis anterioris
corporis magnae, rariores et in medio fulvescentes ; humeri fascia
vel macula arcuata; pars corporis postica multi-maculata, maculis
minoribus atris, vel fuscesceutibus ; dorsi médium duplici série
macularura elongatarum; cauda percrassa, fusco-8-aunulata, apice
fuscescens.
Ce Chat ressemble beaucoup aux petits Chats-Tigres de
l'Amérique du Sud, et il se rapproche particulièrement
des Felis mitis, tigrina et macrura, espèces qui sont elles-
mêmes difficiles à distinguer. Il a le même genre de
pelage, une couleur semblable, mais il en diffère par sa
plus petite taille, par sa queue très-fournie et ornée
d'anneaux noirs moins nombreux, et aussi par une
moucheture un peu différente. Toutefois il serait bien
4 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
difficile d'établir si ce Chat est une espèce spéciale pro-
pre au Mexique, ou si ce n'est qu'une variété de l'une
des trois espèces précitées. C'est ce que les observations
futures montreront, lorsqu'on pourra faire la comparaison
d'un grand nombre de sujets.
La taille est inférieure à celle du Chat domestique.
La couleur foncière est d'un fauve qui n'est pas doré,
mais plutôt un peu grisâtre. On voit, comme chez tous
les Chats de ce groupe, une tache blanche au-dessus de
l'œil et une au-dessous de cet organe; la joue et la lèvre
sont blanchâtres, avec une teinte fauve et des marques
noires. Le dessous de la tête, les parties inférieures et
la face interne des pattes sont de couleur blanche. La
joue offre les deux lignes noires communes à toutes les
autres espèces; mais ici elles forment des lignes régu-
lières et zébrées ; le haut de la gorge est aussi orné de la
bande noire transversale, un peu interrompue. Le des-
sus de la tête est moucheté de noir. Il y a aussi les deux
lignes noires qui partent de l'angle antérieur de l'œil et
qui passent en dedans des oreilles en les contournant.
Sur la nuque on voit deux lignes noires, et, de chaque
côté du cou, une ligne qui part de l'oreille et qui
s'étend jusqu'à l'épaule. Celle-ci est tachetée et barrée de
noir. De chaque côté, une grande tache arquée descend
de l'épaule sur le bras ; elle est bordée de noir et plus
claire au milieu. Le milieu du dos est occupé par une
double bande noire, interrompue par places, de façon à
dessiner des taches allongées, juxtaposées deux à deux
et séparées par une ligne fauve. Il y a, en outre, de chaque
côté, une rangée de trois ou quatre grandes taches noires.
Les flancs sont occupés par des taches grandes et peu
nombreuses, dont le centre est clair ; mais toute la por-
tion postérieure du corps, depuis les lombes, est couverte
de taches noirâtres très-nombreuses et rapprochées, dis-
posées en lignes multiples. Les pattes sont tachetées de
noir et les doigts deviennent brun gris en dessus. Le des-
TRAVAUX INÉDITS. 5
sous du ventre est tacheté, et la poitrine est barrée de
brun. Les oreilles sont, comme chez les autres espèces,
noires à leur face externe , avec une tache blanche. Les
moustaches sont blanches, avec les trois ou quatre poils
d'en haut noirâtres. La queue est très-fournie, bien plus
grosse que chez les F. mitis t à peu près aussi grosse que
chez l'Ocelot; elle est ornée de huit anneaux bruns (qui
s'effacent en dessous) très-distinctement marqués et très-
grands, plus longs que les espaces fauves qui les séparent,
surtout vers l'extrémité ; en outre, le bout de la queue,
qui vient après le dernier anneau, est d'un brun pâle,
avec plusieurs poils blancs à la base.
Dimensions d'un individu adulte pris sur l'empaillé :
longueur du corps et de la tête, 17 pouces ; id. de la
queue, 12 1/2 pouces.
Ce Chat se distingue surtout par la grosseur (peut-être
aussi par la longueur) de sa queue et par les anneaux
noirs peu nombreux de cette dernière ; car, chez les
trois autres espèces voisines, on en remarque constam-
ment onze. Les taches du corps, jusqu'au sacrum, sont
grandes et peu nombreuses, comme chez le F. mitis (ou,
du moins, l'espèce que je regarde comme telle). A l'épaule,
on voit la bande arquée, comme chez le F. tigrina. L'ex-
trémité postérieure du corps est couverte de taches plus
nombreuses que dans aucune des trois autres espèces ;
ces taches sont assez petites, noires, et elles n'ont pas le
centre plus clair. La moucheture le rapproche, sous ce
rapport, du F. tigrina (1); mais, chez ce dernier, les
taches sont brunes avec le milieu pâle, et le pelage a
une couleur rousse, tandis qu'ici il est d'un fauve pâle,
plutôt un peu grisâtre.
L'espèce que je crois être le F. macrura a des taches
beaucoup moins nombreuses à l'arrière du corps; elle
offre, à la nuque, cinq lignes noires distinctes, qui ne
[ 1) La détermination de ces espèces ma laissé quelques doutes.
6 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
se retrouvent pas avec cette régularité chez notre espèce.
Ce Chat habite la zone chaude du Mexique ; il a été tué
près d'Alvarado, sur le golfe du Mexique.
Famille des Mustellides.
Mephitis leuconota (?), Licht., vp . Notre individu est in-
termédiaire entre la M. leuconota et la M. mesoleuca; il a
la taille de la seconde, qui est de la grandeur d'un Chat,
comme l'indique Lichtenstein. Ses formes sont grêles.
Le museau est allongé, nu en dessus, et la peau nue se
prolonge en arrière en forme d'angle. Le pelage est long
et fourni, noirâtre. Le milieu du dos est occupé par une
large bande blanche qui se termine angulairement sur le
crâne, à peu près au milieu de la distance qui sépare les
yeux des oreilles. Cette bande devient de plus en plus
étroite sur le sacrum et au croupion, puis elle envahit la
queue, qui, dans ses deux tiers postérieurs, est entière-
ment blanche, mêlée de poils sales. Dans son premier
tiers, la queue est noire et n'offre de blanc que la bande
médiane. A la partie postérieure du dos et au croupion, on
trouve, sur la ligne médiane, des poils noirs qui forment
des taches cachées sous les poils blancs de la bande dor-
sale. La queue est plus longue à proportion que chez la
M . leuconota. — Longueur du corps et de la tête jusqu'à
l'origine delà queue, 15 à 16 pouces. — Queue, 9 à
10 pouces.
Cet animal vit dans les toits et greniers des habitations
du Mexique.
Son aspect correspond assez bien à la figure que Lich-
tenstein donne de la M. leuconota, si ce n'est que la
bande blanche commence plus en arrière sur le crâne.
Mais la queue est plus longue, et la taille est presque de
moitié plus petite. Cependant le crâne de notre individu
indique qu'il est bien adulte. Celui-ci n'offre que trois
molaires à la mâchoire supérieure; sa longueur est de
2 pouces 10 lignes.
TRAVAUX INÉDITS. 7
.Je ne sais s'il faut considérer cette Méphitis comme
une variété de la M. leuconota ou comme une espèce
séparée. Dans ce cas, on pourrait la nommer inter-
media.
Famille des Viverrides.
Bassaris Sumichrasti. — Fulvo-nigrescens; fulvo et nigro mixta ;
subtus albidu-fulvescens; ore et pedibus fusco-nigris; caudae ni-
grœ basi (minus quam in B. astuta) pallide annulata.
Voyez PL i.
Taille plus grande que chez la B. astuta. Pelage d'un
fauve presque citron mêlé de beaucoup de noir; les deux
couleurs formant presque des marbrures dans toute l'é-
tendue du corps. Sur le dos, le noir domine; sur les
flancs, c'est plutôt le jaunâtre moucheté ou marbré de
noir. En dessous, le pelage est jaunâtre. La tête est
grise en dessus et variée de noir. Tout le museau est
d'un brun noirâtre ; cette couleur se prolonge jus-
qu'entre les yeux, où les poils sont mouchetés de
blanc, ayant toutefois la pointe noire. Le tour des
yeux est obscur; en dessus et en arrière, on voit une
tache grise ou fauve. Les joues, sous les yeux, sont de
cette même couleur grise ; l'espace compris entre les joues
et les oreilles est plus obscur, gris-brun. Le front est gris,
entouré d'une zone plus obscure ; toutes ces parties, sauf
le museau, sont mouchetées. Les oreilles sont obtuses et
arrondies au bout, garnies de poils gris-fauves; la base
de leur face externe est garnie de poils bruns plus longs.
L'occiput est moucheté de noir et de gris-jaunâtre, pres-
que comme le dos, mais le noir y domine. Le menton
est brun ou noirâtre jusqu'à la hauteur de la première
molaire ; le dessous est brun ou noirâtre, devenant jau-
nâtre sur les côtés ; la gorge et les côtés du cou sont d'un
fauve blanchâtre, ainsi que la poitrine. Le long des côtés
du cou, à la limite des deux couleurs, on voit une bande
plus noirâtre, qui devient presque tigrée à l'origine de
8 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
la patte antérieure. Les pattes antérieures ont une cou-
leur générale grise, résultant du mélange de gris-fauve
et de gris-noirâtre; leur face interne est fauve, presque
jusqu'à l'origine des doigts. Les pattes postérieures of-
frent en dehors la même couleur que le dos, mêlée de
fauve et de noirâtre ; leur face interne est plus pâle ; les
pieds sont noirs et offrent du gris-fauve à leur face supé-
rieure, jusqu'à l'origine des doigts. La queue est de la
longueur du corps, très-fournie, noire; elle présente ce-
pendant, dans sa première moitié, quatre ou cinq an-
neaux gris-fauves, recouverts par les longs poils des an-
nelures noires.
Longueur du corps, 17 à 18 pouces; de la queue,
17 pouces, sans compter les poils terminaux. — Dis-
tance de l'œil au bout du museau, 17 à 18 lignes. —
Longueur de la jambe antérieure depuis le coude jus-
qu'au carpe, 2 pouces 6 ou 7 lignes.
Les poils de la tête sont gris-blanchâtres, avec la
pointe noire; ceux du corps, fauves-soufrés avec la
pointe longuement noire ; à la face externe des pattes
antérieures, les poils sont semblables à ceux de la tête,
et, aux pattes postérieures, ils ressemblent à ceux du
corps. Les poils des parties inférieures sont fauves avec
la pointe plus rousse. Les poils de la queue sont noirs,
sauf ceux des anneaux gris, qui n'ont de noir que la
pointe.
Cet animal habite les greniers dans la région chaude du
Mexique.
Il se distingue de la B. astuta, Licht., par son pelage
noirâtre et non gris-pâle, par la teinte soufrée de ses
poils fauves, par sa queue plus fournie, plus longue et
noire, par son museau noir, par les taches grises peu
dessinées autour des yeux, par ses pieds noirs. On le
reconnaît de suite à sa couleur générale noirâtre, bien
différente de celle de la B. astuta, dont le pelage est de
couleur gris-fauve-pàle. (Nous possédons de cette der-
TRAVAUX INÉDITS. 9
nière plusieurs individus représentant tous les âges. )
La tête osseuse offre des différences parfaitement dé-
finies; elle est plus large que chez la B. astuta. Les ar-
cades zygomatiques sont plus écartées, plus arquées et
plus fortes ; la ligne médiane du crâne est occupée par
une forte crête qui se bifurque en avant et dont les
branches vont aboutir aux deux apophyses supra-orbi-
taires, lesquelles ont plus de 3 lignes de longueur. Les
quatre incisives supérieures moyennes offrent, à leur
face antérieure, un double sillon. Les trois prémolaires
supérieures sont écartées ; la deuxième et la troisième ne
se touchent pas. La carnassière est bien plus courte que
chez la B. astuta ; son talon est aussi moins oblique et
moins aigu. La première molaire a son talon beaucoup
moins étroit, en sorte que sa surface est moins grande, et
la deuxième est plus longue que chez l'espèce citée.
Quant à la mâchoire inférieure, elle offre la plus grande
ressemblance dans les deux espèces; toutefois, chez la B.
Sumichrasti, la deuxième molaire est plus large.
Cette description est prise sur un très-vieil individu.
Famille des Myrmécophagides.
Myrmecophaga tamandua (?), Desm. (Var. Meœicana,
Sauss.) — Cet animal, qui n'a, je crois, été signalé encore
que dans l'Amérique méridionale, habite aussi les forêts de
la côte du Mexique, dans le district de Tabasco, au S. E.
de la province de Mexico, etc. Les individus que nous
possédons, originaires de ce pays, ont la tête, le cou, la
portion antérieure du tronc, les quatre pattes, le croupion
et la queue fauves ; le corps est noirâtre, avec une bande
fauve sur la ligne médiane du dos, qui va diminuant en
arrière et qui se perd sur le sacrum ; il offre sur chaque
épaule une bande noire en forme de bretelle qui s'arrête
sur l'épaule sans revenir sur la poitrine. Le tour de l'œil
et les côtés du museau sont gris-bruns. Les portions in-
férieures du corps, depuis le bas de la gorge, sont brunes,
surtout sur le ventre. La queue est longue, longuement
10 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
annelée de gris et de fauve ; elle est garnie de poils pres-
que jusqu'au milieu.
Le crâna d'un vieil individu, comparé au crâne d'un
Tamandua du Brésil , offre certaines différences qu'il
est intéressant de noter. 1° Le museau est plus grêle, plus
allongé et plus comprimé, cylindrique, les os maxillaires
supérieurs étant placés plus bas — 2° Les os nasaux sont
aussi longs que le frontal ; les os palatins sont moins longs
que la portion des maxillaires placée au delà. — 3° Les
os nasaux s'articulent aux frontaux par une ligne trans-
versale à peine sinueuse, tandis que chez le Tamandua
du Brésil la symphyse forme un W (mais ceci est moins
important). — 4° Les branches inférieures de la mâchoire
sont plus larges à la base, etc.
Le tableau suivant rendra compte de ces proportions
différentes.
TAMANOUA TAMANDUA
du Mexique. du Brésil.
Longueur moyeuue dos os na-
saux (1) , 0m,046 O^tteS
Id. des frontaux 0m,048 0m,050
Id. des palatins 0m,04D 0m,049
Distance depuis le bord anté-
rieur des palatins jusqu'au
bout des maxillaires 0",04<) 0m,036
Il résulte de la comparaison de ces mesures que, chez
notre individu du Mexique, la longueur des os nasaux
est à celle des frontaux comme 46 : 48 (ils sont donc
presque égaux), tandis que chez ceux du Brésil le rapport
est de 38 : 50, soit comme 4 : 5.
Le rapport de longueur entre les os palatins et la por-
tion palatine des maxillaires est, chez celui du Mexique,
comme 40 : 46, soit 8 : 9, et, chez ceux du Brésil,
comme 49 : 36, ce qui est le rapport inverse.
(1) En prenant la moyenne dans le W décrit par la symphyse dr
ces os avec les frontaux.
TRAVAUX INÉDITS. il
Les apophyses maxillo-palatines sont aussi sensible-
ment plus courtes chez l'individu du Mexique, où elles
n'ont que 11 à 12 mill., tandis que chez le Tamandua du
Brésil de même taille elles ont 16 mill., soit 1/3 de plus.
Chez un second individu du Mexique plus jeune, quoique
adulte, on remarque les mêmes rapports, mais les os na-
saux sont un peu moins longs à proportion ; la symphyse
est aussi plus sinueuse que chez l'adulte. Les peaux ont
exactement la même livrée. Chez le plus jeune, la queue
est garnie de poils fauves dans toute sa longueur ; ceux-ci
disparaissent, sans doute, par l'usure dans un âge plus
avancé, ou peut-être aussi selon la saison.
Le plus grand de nos individus est très-adulte, les deux
frontaux étant soudés en un seul os et n'offrant presque
plus de trace de la suture. Il est plus petit que les ïaman-
duas adultes du Brésil.
Longueur du corps (la tête comprise) jusqu'à la nais-
sance de la queue, 20 à 21 pouces ; longueur de la queue,
22 a 23 pouces. Longueur de la tête osseuse, 4 pouces
10 lignes.
Plus petit individu : longueur du corps, 15 pouces ;
idem de la queue, environ 15 pouces. — Chez celui-ci, les
parties brunes sont moins étendues, et les poils bruns
ont la pointe fauve, ce qui fait que cette teinte se mêle au
brun du dos.
CONSIDÉRATIOIVS SUR LES OEUFS DES OISEAUX ,
par A. Moquin-ïandon.
Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859,
p. 414 et 469.
Chapitre III. — de la forme des oeufs.
S 1er. Forme des œufs. — Tous les œufs ne se ressem
blent pas quant à la forme (1).
(1) Amplius autem ova diversantur in figura : quoniam quœdam
*unt acuta, et quœdam sunt lata rotunda, et quœdam sccundum
12 rev. et mag. de zoologie. {Janvier 1860.)
Cette forme peut être rapportée à un type, la sphérique
ou globuleuse [rundlich, Thien.), qui est la génératrice de
toutes îes autres.
La forme globuleuse parfaite se présente rarement. Les
Ciseaux de proie nocturnes s'en rapprochent plus ou moins.
Les œufs du Hibou et du Scops sont peut-être les plus glo-
buleux.
On pourrait appeler ovoïde (eiformig (1), Thien.) l'œuf
un peu allongé, dont le grand diamètre transversal se
rencontre dans le milieu, et dont les extrémités sont iné-
galement obtuses ou pointues. Tels sont la plupart des œufs
des Rapaces et des Palmipèdes (2).
Quand le grand diamètre transversal offre seulement
les deux tiers ou moins des deux tiers du diamètre longi- '
tudinal, on dit alors que l'œuf est orlong (langlich, Thien.),
et dans ce cas je distinguerai, avec M. des Murs, deux
modifications principales, celle dans laquelle les deux
bouts se trouvent également obtus [Engoulevent, Ganga),
et celle dans laquelle ils sont un peu pointus (Grèbes, Cor-
morans). Les premiers œufs ont été nommés cylindriques,
et les seconds elliptiques', ces deux formes sont rares et,
pour ainsi dire, exceptionnelles. Le mot cylindracé me
paraît plus convenable, car il n'existe aucun œuf d'Oiseau
réellement cylindrique; et le mot elliptique, applicable
seulement à une figure plane, doit être remplacé par celui
d'ELLIPSOÏDE.
On a conservé le nomd'ovÉ(3) [ovatus, eigestaltig, Thien.)
à l'œuf un peu allongé, dont les deux bouts sont inégale-
duas extremitates suas habent utramque figurant, Albert, magn.
Opéra, t. VI, p. 189.
(1) Ovalaire des Murs, ovalis de quelques auteurs. Ces mots ne
peuvent s'appliquer qn'à une figure plane.
(îj Des Murs fait observer, très- justement, que ces deux ordres
d'Oiseaux ont des habitudes de gloutonnerie. Quel rapport peut-il
exister entre les habitudes et la forme ovoïde?
(3) Au premier abord, il semble pour le moins étrange qu'on dé-
TRAVAUX INÉDITS. 13
ment arrondis ou pointus, et dont le plus grand diamèlre
transversal n'est pas dans le milieu [Corbeau, Perdrix).
Quand il existe une très-grande inégalité entre les deux
bouts, l'œuf devient alors piriforme ou ovoïconique [Pha-
larope, Guillemot).
Enfin l'œuf est dit court [kurtz, Thien.) s'il présente
l'inégalité dont il s'agit, et si, en même temps, son grand
diamètre n'a pas plus des deux tiers du diamètre trans-
versal [Grimpereau, Caille). Cette dernière modification
paraît revenir au type globuleux.
Dans les œufs ellipsoïdes, ovés, piriformes et courts, le
plus grand diamètre transversal constitue le ventre. Quand
ce ventre est insensiblement développé, l'œuf n'a pas reçu
de dénomination particulière; mais, quand il s'éloigne
brusquement du grand axe [Pintade, Bécasse), plusieurs
auteurs appellent l'œuf ventru (bauchig, Thien.).
Toutes les fois que les deux bouts se trouvent inégaux
[Avocette, Pingouin) , le plus obtus s'appelle la base ou le
gros bout [basis, Thien.) ; l'autre se nomme la pointe, le
bout supérieur ou le petit bout (spitze, Thien.) (1).
Ces détails morphologiques, empruntés en très-grande
partie aux ouvrages de MM. Thienemann et des Murs,
simplifient beaucoup la glossologie de la forme, et sont
d'un grand secours dans la description des œufs.
signe des œufs sous les noms d'ovés et d'ovoïdes; je n'ai pas cru
devoir changer ces dénominations aujourd'hui généralement adop-
tées.
(1) Les dénominations de base et de sommet sont très-impropres,
parce que l'œuf ne repose jamais sur le gros bout, et, à cette occa-
sion, je ferai remarquer que les ornithologistes (comme Polydore
Roux et Auguste Lefèvre) qui ont représenté des œufs avec le grand
diamètre placé verticalement ont eu tort d'adopter une position qui
est contre nature.
\\ kev. et mag. de zoologœ. (Janvier 1860.)
Voici le îableau abrégé de ces diverses formes :
globuleux 1° sphériques.
uon allongés 2° courts.
i très-inégaux 3° piriformes.
nm /pas dans le
. Peu milieu. , 4- ovés.
inégaux, )
tfansveîsal dans le
transversal^ milieu 5. ovoUes
I i aigus 6° ellipsoïdes.
(égaux.J
( obtus 7° cylindracés.
Suivant la remarque de M. Hardy, la captivité influe
d'une manière sensible sur la forme des œufs. Les
Vautours , les Aigles , les Goélands et même les Oies
pondent des œufs plus allongés qu'à l'état de liberté.
M. des Murs avait déjà fait la même observation sur les
œufs du Nandou reçus d'Amérique , comparés à ceux
du même Oiseau pondus dans la ménagerie du Muséum
d'histoire naturelle de Paris. Toutefois rien de semblable
ne s'observe chez nos petits Oiseaux de volière.
§ 2e. Rapport de la forme avec la position de l'Oiseau. —
Tout récemment, M. Hardy a cherché à démontrer que la
position de l'Oiseau, dans le repos ou dans l'action, dé-
termine, avant tout, la forme de son œuf. D'après ce sa-
vant ornithologiste , le produit ovarien étant une sphère
liquide jusqu'à la formation de la coque, l'œuf suit néces-
sairement tous les mouvements du corps de l'Oiseau. Con-
tenu dans un tube élastique, il s'affaisse sur lui-même en
s'élargissant, si ce tube est vertical, s'étend, s'allonge plus
ou moins, selon que celui-ci s'approche ou s'écarte de la
ligne horizontale et, dans toutes les positions, subit ou
l'influence opposée, ou du repos qui relâche les parois
de l'abdomen , son berceau, ou de l'action qui les con-
tracte.
La perpendicularité de l'oviducte fait, dans le repos,
TRAVAUX INÉDITS. 16
l'œuf court de la majeure partie des Oiseaux de proie, et,
dans l'action, l'œuf sphérique du Pic.
L'oviducte horizontal donne, dans le repos, Y œuf al-
longé de YEngoulevent, et, dans l'action, celui plus allongé
et plus pointu du Martinet.
Le Plongeon réunit, dans les siens, le double signe du
repos et du mouvement dans la pose horizontale.
M. Hardy explique pourquoi les gros Oiseaux élevés en
captivité donnent des œufs plus allongés, tandis qu'il
n'en est pas de même pour les petits Oiseaux de volière.
Les premiers ont leurs habitudes brisées, leurs mouve-
ments paralysés, tandis que les seconds conservent l'usage
de leurs ailes, sautillent et prennent leurs ébats tout aussi
bien sous le grillage de leur volière qu'à* l'ombre de nos
vergers.
La théorie de M. Hardy est certainement ingénieuse,
mais je crains qu'il l'ait un peu trop généralisée. Je ferai
remarquer que, si la direction de l'oviducte et la pesan-
teur des éléments intérieurs de l'œuf dominaient toutes
les autres causes dans la constitution de la forme, le gros
bout devrait se présenter toujours le premier, tandis qu'il
n'en est point ainsi, comme on le verra plus loin. J'ajou-
terai que des œufs allongés et courts, pondus par le même
Oiseau (quel que soit le sexe auquel ils appartiennent),
annoncent que d'autres causes plus ou moins puissantes
agissent sur la conformation de la coque. D'ailleurs, l'o-
viducte est un canal épais, robuste, résistant, qui, non-
seulement, est peu influencé par les pressions intérieures
ou extérieures, mais qui, bien certainement, jouit lui-
même d'une action particulière en rapport avec son éten-
due et avec son organisation.
§ 3e. Observations générales. — L'idée de considérer la
forme sphérique comme le type de toutes les autres formes
est vraie non-seulement au point de vue géométrique,
mais encore au point de vue de l'embryogénie. Toutefois, si
l'on étudie les diverses modifications que nous venons de
16 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
distinguer relativement à leur fréquence, on arrive à un
autre résultat.
La statistique de ma collection (œufs d'Europe) m'a
donné (31 décembre 1845), sur 319 espèces, un peu plus
des 8/5 pour les œufs ovés, le 1/6 pour les ovoïdes, le 1/15
pour les pir if or mes, le 1/16 pour les courts, le 1/32 pour
les sphériques, le 1/35 pour les ellipsoïdes et le 1/46 pour
les cylindracés. On voit, par ces chiffres, que le nombre
des œufs ovés de l'Europe est plus considérable que toutes
les autres formes réunies (1), ces dernières ensemble ne
produisant que les 3/5 de la totalité. Les œufs pirif ormes
et les œufs courts réunis, c'est-à-dire tous ceux à bouts
très-inégaux, n'en représentent guère que le 1/8 environ.
Enfin les ellipsoïdes et les cylindracés sont des œufs tout à
fait exceptionnels.
On peut dire, d'une manière générale, que la forme ovée
appartient aux Passereaux et aux Gallinacés; que la forme
ovoïde est propre aux Rapaces et aux Palmipèdes, la piri-
forme aux Échassîers et à quelques Palmipèdes, la courte à
plusieurs Gallinacés et à plusieurs Échassiers, et la sphéri-
que aux Oiseaux de proie nocturnes et aux Alcyons (2).
Deux formes seules sont particulières à certains grou-
pes); \ ellipsoïde, qui se trouve dans quelques Pinnatipè-
des (3) et quelques Palmipèdes (4), et la cylindracée, qui se
voit dans plusieurs Gallinacés (5).
§ 4e. Rapport de la forme de l'œuf avec celle de V Oiseau.
— La forme des œufs présente le plus souvent une sorte
de relation avec celle de l'Oiseau (Thien., des Murs). Les
(1) Ce qui explique pourquoi les personnes du monde s'imaginent
que tous les œufs ressemblent, plus ou moins, à l'œuf de la Poule
(cet œuf étant le plus commun et sa forme la plus générale).
(2) Ordre proposé par Temminck pour les Martins-Pécheurs. —
Les Sphénisques ont aussi les œufs sphériques (des Murs).
(3) Les Grèbes.
(4) Les Plongeons, les Fous, les Cormorans, les Pélicans.
(5) Les Gang as et aussi les Ménapodes.
TKAVAUX INÉDITS. 17
œufs sphériques proviennent d'un corps court et ramassé
(Chouettes, Martin-Pêcheur). Les œufs allongés viennent,
au contraire, d'un Oiseau plus ou moins effilé (Martinets,
Grèbes).
Cette règle, pourtant, est loin d'être absolue, puisque
certains Oiseaux à corps allongé (Épervier, Guêpier) pon-
dent des œufs arrondis, et que d'autres à corps trapu
(Bouvreuil) en produisent de plus ou moins allongés.
M. Hardy a fait remarquer, avec raison, que les œufs
du Canard de Miquelon et du Butor, du Guillemot et du
Chevalier sont caractérisés par la même forme, et que les
Oiseaux dont ils proviennent n'ont rien de commun dans
leur ensemble général, tandis qu'au contraire ceux de
Y Outarde et du Pluvier, de Y Ibis et du Courlis ne se res-
semblent pas, et sont pondus par des Oiseaux qui offrent
les plus grands rapports.
En signalant cette relation entre la forme de l'œuf et
celle de l'Oiseau, je ne chercherai pas à en expliquer la
véritable source. Aussi je ne dirai pas, avec un auteur
moderne, que la longueur des pattes de l'embryon influe
sur la figure de l'œuf de YÉchasse (1), et que, chez d'autres
espèces, cette forme est déterminée par l'extension du cou
ou par la saillie du sternum, parce que, au moment de la
formation de l'œuf, l'embryon (ou la cicatricuie) ne pré-
sente ni pattes, ni cou, ni sternum.
Lorsque l'œuf fait partie de la grappe de l'ovaire, sa
forme est globuleuse. Il conserverait sans doute ce type
primitif, s'il était alors revêtu de son enveloppe solide, et
s'il n'était pas forcé de traverser l'oviducte, qui est étroit
et tubuleux. Ce canal n'est-il pas très-court ou très-làche
chez les Oiseaux dont les œufs sont sphériques?
L'œuf encore mou descend peu à peu, et la pression
(1) L'œuf de YÉchasse n'est pas très-allougé. (Grand diani.,
44 million.; petit diam. , 30.)
2e skrie. t. xu. Année 1860. 2
18 rev. et mag. de ZOOLOGIE. (Janvier 1860.)
qu'il éprouve contribue à le rendre plus ou moins allongé.
La partie qui entre d'abord dans l'oviducte, frayant
le chemin, supporte, par conséquent, le premier effort
de la pression; elle doit être forcément la plus pointue.
Voilà pourquoi l'oeuf chemine généralement la pointe-
en avant; voilà pourquoi aussi, lors de la ponte, le petit
bout se présente le premier (Duméril, Blainville, Thie-
nemann, 1. Geoffroy Saint-Hilaire, F. Prévost ).
Aristote dit, au contraire, que les œufs sont expulsés,
le gros bout en avant ; Albert le grand et Bélon ont ré-
pété cette erreur. M. des Murs l'avait d'abord admise;
plus tard, il l'a rejetée.
Selon M. Thienemann, quand l'œuf marche vite dans
l'oviducte, il devient très-long; quand il chemine lente-
ment, il s'éloigne fort peu de la forme globuleuse. Je se-
rais tenté de croire le contraire. Il n'y a que l'observation
ou l'expérience qui puisse trancher cette question.
On comprend facilement que la forme des œufs doit
varier suivant le diamètre, la longueur et la pression de
l'oviducte, et suivant la résistance forte ou faible des élé-
ments qui le composent. D'autres circonstances accessoi-
res, qu'il est impossible de déterminer à priori, entrent
probablement pour quelque chose dans cette formation.
On a remarqué que, dans une couvée, tous les œufs
n'offrent pas rigoureusement la même forme. A quoi cela
tient-il? Toutefois il existe, pour chaque espèce, un type
particulier dont les œufs s'éloignent rarement d'une ma-
nière un peu sensible. Ainsi le Grèbe ne produira jamais
un œuf globuleux comme un Hibou, et ce dernier n'en
donnera pas d'allongé comme le Grèbe.
On a remarqué, depuis longtemps, d'abord chez les
Poules, puis chez d'autres Oiseaux domestiques, et enfin
chez plusieurs Oiseaux sauvages, dans une même ponte,
des œufs un peu allongés et pointus, et des œufs un peu
courts et arrondis. Aristote, Cardan, Bonnaterre et La-
TRAVAUX INÉDITS. 49
pierre ont pense'; que les premiers renfermaient des
mâles et les seconds des femelles. Pline (1), Avicenne,
Albert le grand et Steller ont émis une opinion inverse;
ce dernier l'a appuyée sur des observations faites prin-
cipalement sur les Oiseaux des mers du nord. Etienne
Geoffroy Saint-Hilaire , autrefois en Egypte, et M. Flo-
rent Prévost, à Paris, se sont rangés sous l'opinion
de Pline et de Steller, après avoir étudié un certain nom-
bre d'œufs de Poule et de Pigeon. Tout récemment,
M. des Murs a cherché à démontrer que les observations
des auteurs cités étaient bien loin d'être concluantes:
d'abord parce que cette règle présente un certain nombre
d'exceptions ; secondement, parce que l'on a étudié pres-
que uniquement la ponte de certains Oiseaux élevés en
domesticité chez lesquels la reproduction s'éloigne plus
ou moins de l'état normal ; enfin parce que l'on n'a pas
tenu assez de compte, dans ces observations, du type nor-
mal des œufs examinés, type qui n'est pas le même dans
les Poules, les Pigeons et les Oiseaux des mers du nord.
D'un autre côté, M. Hardy demande comment il se fait
qu'on rencontre aussi des œufs allongés et des œufs ronds
parmi les œufs non fécondés, c'est-à-dire parmi ceux qui
ne sont ni mâles ni femelles.
Dans les croisements d'espèces, la forme des œufs n'est
pas modifiée. L'expérience nous apprend, contrairement
à l'opinion de Buffon, que le mâle n'exerce aucune action
sur la figure de l'œuf pondu. Une Poule fécondée par un
Faisan ou par une Pintade donnera des œufs exacte-
ment semblables aux œufs fécondés par son propre Coq
(Manesse).
(1) Du temps d'Horace, les épicuriens recommandaient de choisir
les œufs mâles, comme ayant le lait plus blauc et étant plus délicats
que les œufs femelles. (Voyez le liv. Il, sat. 4.)
(La suite au prochain numéro.)
20 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
Sur le Passer domesticus et sa place oologique dans la
série, par M. O. des Murs (1).
Le travail si intéressant, que M. Moquin-Tandon conti-
nue de publier sur les nids des Oiseaux du midi de la
France, nous présentant, sinon une erreur, au moins une
lacune ou une omission importante au sujet de notre Moi-
neau domestique , Passer domesticus , nous nous croyons
dans la nécessité, en nous occupant des Plocéidés, de
rappeler ici que cet Oiseau n'est pas plus à sa place au-
jourd'hui, dans les Conspectus du prince Ch. Bonaparte,
qu'il n'y était avant, et cela malgré les observations pu-
bliées, dès 1850 (2), par M. le baron de la Fresnaye, et ce
que nous avons pu y ajouter nous-même, en les confir-
mant, en 1852 (3).
Le Moineau est, en effet, un véritable Oiseau tisserand,
devant, par conséquent, figurer dans les Ploceidœ et non
dans les Fringillidœ. C'est l'habitude de l'observer à l'état
de domesticité (car on ne peut guère qualifier autrement
sa manière de vivre à nos dépens et dans nos habitations),
et non abandonné à lui-même et loin des trop grands
centres de populations , qui l'a fait assimiler, ainsi que
procède encore M. Moquin-Tandon , pour ses mœurs
comme pour son mode de nidification, à tous les autres
Fringilles que nous avons sous les yeux en Europe.
Cette proposition , qui parut dans toute sa nouveauté
en 1850, et est passée , comme tant de bonnes choses du
même ornithologiste, inaperçue faute d'un écho à l'In-
stitut, n'est pourtant que de la plus stricte vérité.
Voici, pour éviter les recherches aux naturalistes trop
(1) Cette notice forme le chapitre intitulé XXIX. Tribu Plocéidés-
Ploceidœ, du grand travail que nous imprimons sous le titre d'Oo-
génèse des Oiseaux et traité général d'oologie ornithologiqiie ,
au point de vue de la classification.
(2) Rev. et Mag. de zool., 1850.
(3) Encyclop. d'hist. nat., Oiseaux, t. V, p. 216 et suiv.
TRAVAUX INÉDITS. 24
occupés ou quelque peu paresseux, en quels termes l'im-
plantait dans la science et la proclamait M. de la Fres-
naye :
« Les Moineaux nous ont toujours paru , d'après le
genre de nidification, devoir être rapprochés des Tisserins
et faire partie de la sous-famille Ploceinœ. Ce qu'il y a, ef-
fectivement, de remarquable dans la nidification des Tis-
serins, c'est que leur nid, au lieu d'avoir, comme chez les
autres Fringillidés, la forme d'une coupe ou demi-sphère
concave en dessus, présente, au contraire, celle d'un sphé-
roïde plus ou moins allongé , concave intérieurement ,
avec l'entrée latérale , ou même en dessous ; c'est que les
matériaux employés à ces nids sont toujours d'une seule
et même espèce sur chaque nid, quelles que soient les
différentes espèces de Tisserins; c'est-à-dire des tiges de
graminées sèches ou , dans quelques cas, des fibres de
grandes feuijles entrelacées et comme tissées ensemble ;
c'est que, contre l'usage de presque tous les autres Fringilli-
dés, qui isolent leurs nids de ceux de leurs semblables, les
Tisserins, au contraire, les construisent en grand nombre
sur le même arbre, les y rapprochent plus ou moins les
uns des autres, ou même se réunissent en société nom-
breuse pour en composer un énorme , où chaque couple
a, toutefois, son entrée et sa demeure particulières, comme
chez l'espèce appelée le Républicain. Eh bien, en France,
nos Moineaux sont les seules espèces de la nombreuse fa-
mille des Fringillidés qui, comme les Tisserins, composent
des nids de forme sphéroïdale, avec l'entrée latérale, qui les
construisent avec des graminées sèches, c'est-à-dire de foin et
de paille, et qui les rapprochent ou même lés accolent plu-
sieurs ensemble, soit entre les jalousies fermées d'une fenêtre,
soit autour du tronc feuillu d'un gros arbre. Ce travail de
notre Moineau est, à la vérité, plus grossier ; mais il em-
ploie toujours les mêmes matériaux que les Tisserins, des
herbes sèches, comme le font les Tisserins d'Afrique
et ceux de l'Inde, et il n'y a peut-être pas plus de diffé-
22 rev. et mag. de zoologie. {Janvier 1 860.)
rence dans son travail et celui du Tisserin front d'or
qu'entre le nid de ce dernier et celui duToucnam-Courti,
qui est tissé comme un canevas. Nos autres espèces de
Fringillidés, telles que Pinsons, Bruants, Gros-Becs, Bou-
vreuils, Verdiers, Chardonnerets et Linottes, font toutes,
sans exception aucune, de petits nids en forme de coupe
découverte en dessus, et composés, en général, de diverses
espèces de matériaux mélangés. Si, ensuite, on compare
nos deux espèces de Moineaux avec certaines espèces de
Tisserins à plumage sombre, telles que le Plocepasser de
Smith, ou Leucophrys pileatus de Swainson, avec le Ploceus
superciliosus de Rûppell, avec le Tisserin républicain
[Loxia socia de Latham), avec le Ploceus flavicollis de Sikes,
de l'Inde, on trouve entre eux tant de rapports de colora-
tion, que, si on ne savait que ces derniers sont Tisserins
par leur nidification, on serait disposé, au premier abord,
à les ranger parmi les Moineaux. Ces rapports de plumage
se retrouvent même chez les espèces à couleurs vives,
jaunes ou rouges, dont les ailes et la queue sont néan-
moins semblables à celles de nos Moineaux, et dont les
femelles, ou même les mâles en plumage d'hiver, ont une
livrée sombre, analogue à celle de nos Moineaux. Quant
aux formes, ejles offrent les plus grands rapports, dans les
pattes surtout et dans le bec. Pour s'en convaincre, il suf-
fit de les comparer avec le Worabée, le Dioch, YOryœ et le
Foudi, et tant d'autres en plumage d'hiver.
« Il résulte, en définitive, des observations du doc-
teur Smith... et de l'application que nous croyons pouvoir
en faire, que ces Plocepasser Mahali et superciliosus de
Riippell forment le chaînon des Tisserins aux Moineaux,
et que nos Moineaux, d'après leurs gros nids sphériques, à
entrée latérale souvent en forme de canal prolongé, et compo-
sés de graminées sèches, réunis souvent plusieurs ensemble sur
la même tête de sapin ou derrière la même persienne, d'après
même la couleur de leur plumage , analogue à celui de
certains Tisserins, la forme de leurs pattes et de leur bec,
TRAVAUX INÉDITS. 23
ainsi que sa couleur, doivent, selon nous, faire partie de
la sous-famille Ploccùiœ, et suivre immédiatement le gemv
Plocepasser du docteur Smith, renfermant les espèces de
transition du genre Ploceus à celui Pyrgita, Olivier, Passer
des auteurs. »
Il est évident que la description donnée par M. Moquin-
Tandon du nid du Moineau n'est pas absolument exacte,
et que les observations qu'il en a faites sont incomplètes:
car, de tout temps et aux yeux de tout observateur, d'une
part ce nid a toujours été de forme globulaire, à entrée
latérale ; d'autre part, et lorsque les lieux le permettent,
on sait que les Moineaux prennent plaisir à grouper et
réunir leurs nids les uns auprès des autres. C'est à ce
point que nous avons trouvé jusqu'à trois de ces nids
cardés, pour ainsi dire, ensemble, sur l'enfourchure d'une
poussée de branches au long du tronc d'un vieux peu-
plier ; une autre fois, nous avons compté jusqu'à sept
de ces nids sur le même arbre (1 ); enfin nous avons con-
staté la même pratique et les mêmes habitudes pour le
Passer montanus ou Friquet, dont nous avons vérifié
l'existence de six nids, également sur un peuplier; nous
observons même que plus d'une vingtaine de pieds de
ces peupliers formant avenues étaient surchargés, tous
les ans, des nids de ces Oiseaux, qui y avaient formé
comme une colonie.
C'est, en effet, rendu à sa pleine et entière liberté, à
l'écart des grands centres d'habitations, nous le répétons,
qu'il faut étudier le Moineau, pour se bien rendre compte
de ses mœurs : réduit à vivre aux dépens de vastes terres
ensemencées ou d'énormes meules de blé, près de quel-
ques métairies isolées, force lui est bien de reprendre ses
habitudes primitives ; et c'est alors que les arbres rede-
viennent pour lui le fondement le plus sûr et la grande
(1) En Algérie, ils accumulent un si grand nombre de nids sur
certains arbres isolés, que leur poids fait courber et quelquefois
casser les branches. (G M.1
24 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
ressource de son habitation, et qu'il y établit, par colonie
nombreuse, et sa famille et ses nids.
La distinction même faite par Buffon (1), et que nous
avons reproduite il y a déjà longtemps (2), entre les nids
des Moineaux, dont les uns, pratiqués dans des trous ou
dans des lieux couverts, seraient privés de toute couverture
antérieure ou calotte, tandis que ceux qu'ils édifient sur
les arbres, tels que de grands noyers ou des saules très-
élevés, seraient recouverts d'une espèce de calotte qui les
préserve de l'eau de la pluie, et munis d'une ouverture pour
entrer au-dessous de cette calotte, loin d'établir une sin-
gularité, ne vient que confirmer nos observations qui pré-
cèdent au sujet de la nidification du Moineau. Car ce que
Buffon a pris pour une calotte ou recouvrement distinct
du nid n'en est que le complément intégral , dont l'entrée
latérale est l'indispensable conséquence pour tout nid de
forme sphéroïdale.
Ajouterons-nous que tous les nids de Moineaux qu'il
nous est arrivé d'enlever nous-même ou de faire enlever
des meurtrières de notre vieux donjon de Nogent le-Bo-
trou, dans lesquelles ils les y installent, se sont toujours
montrés à nos yeux, retirés intacts, sous une forme globu-
laire assez volumineuse, avec entrée sur le côté, et que ces
Oiseaux redoutent si peu le voisinage de deux ou trois
couples de Crécerelles qui se perpétuent dans les mêmes
ruines, qu'ils garnissent de leurs nids chacun des trous
ouverts ou pratiqués dans leurs antiques murailles ?
Enfin, construit dans un trou et à couvert, ou sur un
arbre et à découvert, il est certain que le nid du Moineau
est constamment de forme globulaire.
Il ne faut pas oublier, lorsque l'on étudie l'ornithologie
européenne, combien il importe de la mettre en rapport
avec les autres termes de toute la série ornithologique,
pour bien saisir la valeur de ses types et de ses caractères.
(1) Hist. nat. des Oiseaux.
(2) Encyclop. d'hist. nal.y Oiseaux, t. V.
TRAVAUX INÉDITS. 25
Pour en revenir à notre tribu des Ploceidœ, les carac-
tères oologiques viennent confirmer la division que nous
en avons faite en quatre familles : 1° Ploceinœ, dans les-
quels nous confondons les Euplectinœ du prince Ch.
Bonaparte ; 2° Plocepasserinœ, que nous créons pour
grouper le genre Passer et qui se composent des deux
genres Plocepasser et Passer, qui se confondent presque,
par leurs œufs, avec la famille suivante des Viduinœ, no-
tamment avec l'œuf de deux de ses genres Pentheria et
Steganura, et peut-être de tous; 3° Viduinœ; k° et Es-
trcldinœ.
Caractères oologiques.
Forme. — Ovée, très-allongée (Sycobius et Hyphan-
tomis), ou normale (Euplectes, Passer, Viduinœ et Estrel-
dinœ) .
Coquille. — D'un grain fin, blanc intérieurement et
sans reflet.
Couleur. — A fond vert, bleuâtre uni (Ploceinœ), à
l'exception du genre Sycobius, dont l'œuf, tournant plus
au ton blanc, est tacheté de points d'un brun rougeâtrc,
ou à fond blanc plus ou moins pur, tacheté de gris et de
brunâtre, à la manière de l'œuf du Moineau, Passer do-
mesticus (Passer, et dans les Viduinœ, Pentheria macroura
et Steganura paradisœa) ; ou d'un blanc uni et sans taches
(Estreldinœ).
Une remarque qu'il n'est pas indifférent de signaler,
c'est que, pour la forme, la dimension et la coloration,
l'œuf de Pentheria représente exactement celui du Passer
domesticus, un peu plus petit; et l'œuf de Steganura, celui
du Passer montanus.
Cette tribu offre, d'après cette diagnose, une exception
dans deux de ses éléments, à la forme généralement ovée
du produit ovarien; exception analogue, pour un Plo-
ceidœ, à ce que nous avons vu pour les Laniarii, dans les
Lanudœ.
26 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
Ainsi les genres Sycobiuset Hyphantomis, les seuls dont
nous connaissions et possédions plusieurs œufs, encore
inédits, l'ont de forme ovée excessivement allongée et
presque cylindrique, le petit diamètre n étant que du tiers
du grand diamètre, tandis que la proportion ordinaire de
cette forme est de la moitié.
Ici encore la véritable cause de cette forme insolite
nous échappe; et si, par induction des habitudes des
Laniarii, les œufs de ces derniers , par leur forme, sem-
blent donner raison , en ce qui les concerne, au sys-
tème de M. Hardy, il n'en est plus de même des œufs de
ces Ploceidœ, puisque les Oiseaux qui les pondent sont
plus occupés à se suspendre, soit pour la construction de
leur nid, dont l'ouverture est presque toujours en bas, soit
pour y porter la nourriture à la mère qui les couve, qu'à
chercher leur nourriture à terre comme les Laniarii.
Une autre observation à faire, au sujet de cette tribu,
concerne ce grand groupe composé des Estreldinœ , Ben-
galis, Senegalis, Amadines, etc. Tous ces Passereaux co
nirostres, si nombreux en espèces, si variés de couleurs
et dont on a fait tant de genres, ont tous, uniformément,
leur œuf blanc et sans tache , comme la presque totalité
de la jolie tribu des Trochilidœ; et cela d'une manière si
générale, que les espèces dont l'œuf viendra accuser une
autre coloration devront en être retirées. C'est ce carac-
tère constant qui nous engage à enlever les Euplectes ou
Oryx, dont l'œuf est vert uniforme, à la famille des Vi-
duinœ, où les a maintenus le prince Ch. Bonaparte, pour
les transporter à la fin de nos Ploceinœ.
II. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 2 janvier 1860. — M. Pappenheim présente
des Etudes sur les vaisseaux lymphatiques :
« L'étude des vaisseaux lymphatiques, dit l'auteur, pré-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 27
sente des difficultés particulières, et il n'y a pas lieu de
s'étonner que leur distribution soit beaucoup moins con-
nue que celle des autres vaisseaux de l'économie. Pour
bien suivre leur trajet, en effet, il faut les observer quand
ils sont pleins de lymphe , car les injections artificielles
ont beau être poussées avec ménagement, elles causent
toujours des déchirures qu'il est très-difficile de distin-
guer des voies normales : le plus sûr à beaucoup près est
de profiter de l'Injection naturelle, mais il faut se hâter,
car ce n'est que pendant un petit nombre d'heures après
la mort qu'on peut suivre à la surface d'un organe le ré-
seau lymphatique dans son complet développement. Cette
circonstance, comme on le conçoit aisément, rend l'étude
de cette partie de l'anatomie plus difficile pour l'homme
que pour les animaux ; pour ces derniers même il y a,
d'une espèce à une autre, des différences quelquefois très-
tranchées, ce qui oblige à multiplier les observations. Sans
doute c'est toujours dans les membranes séreuses qu'il faut
chercher le siège principal des lymphatiques; mais, quand
on les suit dans les divers organes splanchniques, on est
frappé des différences que l'on rencontre de l'un à l'autre.
La rate, en général, est très-abondamment pourvue de cet
ordre de vaisseaux, le foie l'est un peu moins, les pou-
mons moins encore ; le diaphragme en est très-pauvre.
Le cheval est une des espèces où le foie est le mieux garni ;
la taupe européenne présente un autre cas, et c'est le pan-
créas qui chez elle est le plus richement partagé. Chez ce
dernier animal la lymphe contenue dans les vaisseaux a
été trouvée constamment avec un aspect laiteux ; dans le
cheval la couleur était légèrement jaunâtre »
M. E.Blanchard adresse des Recherches sur les caractères
ostéologiques des Oiseaux, etc.
lre partie. — Passereaux des ornithologistes.
L'auteur rappelle qu'il s'est attaché à montrer, dans de
précédentes communications, combien, parmi les Oiseaux,
les caractères fournis par les différentes parties de la char-
28 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
pente osseuse étaient propres à conduire à la détermina-
tion rigoureuse des affinités naturelles, si souvent mécon-
nues, tant qu'on s'est borné à l'inspection des formes ex-
térieures. Aujourd'hui ses recherches s'étendent à toutes
les divisions de la classe des Oiseaux, et lui permettent de
formuler des résultats d'un ordre plus élevé.
Le savant entomologiste ne reconnaît que deux types
d'ordres dans cette grande classe du règne animal. Les
divisions qui viennent ensuite sont alors des familles, fa-
milles naturelles, selon lui , dans la plus vraie aceception
du mot, et n'ayant, en général, rien de commun avec les
groupes qualifiés de ce nom dans les ouvrages d'ornitho-
logie.
Après ce préambule, et pour rendre plus saisissables les
résultats de son travail, l'auteur expose la nature des élé-
ments qui composent chacun des ordres si connus sous le
nom de Passereaux, de Grimpeurs, etc., et il arrive à cette
conclusion :
« En résumé, l'ordre des Passereaux, tel qu'il a été cir-
conscrit, renferme plusieurs formes vraiment typiques.
Ces formes, au nombre de neuf, constituent autant de fa-
milles parfaitement distinctes. Plusieurs d'entre elles ne
se lient par aucune affinité étroite, et se rapprochent, au
contraire, de certains types que l'on classe dans l'ordre des
Grimpeurs. Malgré cette parenté réelle entre des Oiseaux
rattachés aux Passereaux par les anciens zoologistes et
d'autres classés parmi les Grimpeurs, je ne crois pas qu'on
puisse les associer dans une même famille. Non-seu-
lement leur métatarse offre toujours une différence consi-
dérable en rapport avec la direction du doigt externe,
mais les diverses parties de leur charpente osseuse pré-
sentent, de part et d'autre, des particularités qui coïnci-
dent avec la conformation des pattes. »
Séance du 9 janvier 1860. — M. de Quatrefages présente
l'exposé des recherches auxquelles il s'est livré, par suite
de la mission qui lui avait été confiée, en 1858, par l'Aca-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 29
demie, et le gros volume in -4° qui a pour titre, Etudes sur
les maladies actuelles des Vers à soie.
En lisant l'analyse de cet ouvrage donné par son au-
teur, qui a le grand mérite d'être devenu rapidement ma-
gnanier depuis 1858, on voit que son livre doit être re-
marquable par l'ordre apporté dans l'exposé des matière*
qu'il contient.
Dans l'examen qu'il a fait, presque monographiquement,
de trois vallées, l'auteur a découvert la nature complexe
du mal qui présente un caractère constant ou variable
selon les temps et les lieux.
Un fait qui ressort des études de l'auteur, c'est que,
ainsi que nous l'avons soutenu, en opposition avec les as-
sertions répétées des membres de la commission acadé-
mique, on ne doit pas attribuer le mal à l'ignorance des
éducateurs et aux mauvais soins qu'ils donnent à leurs
vers à soie; pour justifier ces éducateurs, dont nous avons
constamment pris la défense, nous citerons les paroles
mêmes du rapporteur de cette commission, qui dit : « Dans
les trois vallées, un certain nombre de points, d'abord
épargnés, furent successivement atteints. Il est, d'ailleurs,
impossible d'expliquer par des conditions hygiéniques
naturelles meilleures, ou par une direction plus ration-
nelle des éducations, ces exemptions momentanées. »
L'auteur a raison quand il confirme ce que nous avons
dit souvent, qu'on trouvait dans les chambrées malades
toutes les affections connues : pourquoi en séparer alors la
variété qui est plus spécialement caractérisée par les
taches , puisqu'il reconnaît enfin , comme nous l'avons
prouvé dans cette revue, que ce n'est pas une maladie
nouvelle?
Il serait trop long d'exposer ici les considérations dans
lesquelles M. de Quatrefages entre longuement pour faire
connaître les fâcheux effets de l'épidémie sur les vers et
sur les œufs qui proviennent des éducations malades; du
reste, elles aboutissent toutes à une vérité incontestée,
IJO rev. et mag. DE zoologie. (Janvier 1860.)
c'est que les descendants de ces vers infirmes ne peuvent
être sains. Arrivant ensuite à ses petites éducations pour
faire de la graine, il est d'accord avec tout le monde, car les
magnaniers savent tous, et ils ont dit et écrit depuis bien
longtemps , que l'on réussit toujours mieux une petite
qu'une grande éducation. Il est donc évident que la petite
éducation permet de lutter, nous ne dirons pas avec M. de
Quatrefages, contre l'influence épidémique, mais au moins
de se conformer plus facilement aux règles de l'hygiène,
ainsi que le font tous nos grands et petits éducateurs du
Midi, qui n'en sont pas moins frappés par l'épidémie.
Arrivant au point de vue thérapeutique, l'auteur an-
nonce avoir donné un exposé complet de ce qui a été fait
dans cette direction, et il parle, entre autres, de ses ex-
périences sur l'action du sucre. Puisqu'il croit à l'effica-
cité du sucre ajouté à la nourriture des Vers à soie, il
semble admettre, ce que nous soutenons depuis longtemps,
que c'est cette nourriture qui donne la maladie , à moins
qu'il ne le considère comme agissant, à titre de remède. Si
le sucre était vraiment efficace, s'il n'étouffait pas les vers
en bouchant leurs stigmates, comme cela est arrivé dans
des expériences faites près de Paris, il semblerait en ré-
sulter, ou que cette substance agit sur les fonctions vitales
troublées par une nourriture viciée , ou qu'elle rend à
cette nourriture des éléments qui lui manquaient.
Dans cette dernière supposition, qui semble être la plus
probable, on arriverait à admettre que la feuille est ma-
lade, que les arbres sont malades, et que, ainsi que nous
le soutenons avec une foule de magnaniers praticiens qui
s'occupent, comme nous, des Vers à soie depuis beaucoup
plus de deux ans, c'ostune maladie des mûriers, analogue
à celle de la vigne et de tous les autres végétaux, qui a
amené cette épidémie des vers à soie, qu'on ne peut attri-
buer à aucune autre cause aussi générale et aussi pal-
pable pour tout observateur qui n'est pas guidé par une
idée préconçue.
sociétés savantes. 31
Quant à la grosseur du volume, au nombre et à la
beauté des planches qui l'accompagnent, c'est une ques-
tion de budget, ainsi que nous l'avons dit l'année der-
nière (1859, p. 44).
M. Aucapitaine adresse d'Afrique de Nouvelles observa-
tions sur la perforation des roc'nn par certains Mollusques
acéphales.
« M. l'amiral du Petit-Thouars a présenté dernièrement
à l'Académie des sciences une note sur les ïarets et les
Coquilles lithodomes, dans laquelle ce savant officier fait
observer qu'il serait curieux de constater où l'on retrouve
dans les roches habitées par les lithophages la voie d'in-
troduction de ces Mollusques, dont il doit toujours sub-
sister des traces après leur entrée.
« M'étant précédemment occupé de ces faits sur les
bords de l'Océan, et ayant depuis eu l'occasion de renou-
veler mes observations sur le littoral de l'Algérie, j'ose
espérer pouvoir répondre à cette question.
« Chaque bloc, roche calcaire, siliceuse ou granitique,
habitée par des perforants, est extérieurement percé de
petites ouvertures concentriques, par lesquelles on peut
quelquefois voir l'animal allonger son siphon branchial.
« On doit admettre, et les faits observés me conduisent
à ce résultat, que, rejetés par le Pholade (ou tout autre li-
thophage), les jeunes, fidèles à la loi de leur espèce,
commencent à se creuser, sur le rocher où les pousse le
hasard du flot, le tube dans lequel ils ne tardent pas à
s'introduire pour s'y développer et mourir. Ainsi s'ex-
plique l'extrême petitesse de l'orifice des loges des Mol-
lusques lithodomes si peu en rapport avec la grosseur des
coquilles.
« Il est certain, comme l'avance M. l'amiral du Petit-
Thouars, que beaucoup de perforants habitent des ter-
rains vaseux, plus tard transformés en couches solides.
Les nombreux atterrissements observés sur les côtes de la
Vendée otïrent des exemples remarquables de ce fait, si-
32 rev. et mag. de ZOOLOGIE. (Janvier 4860.)
gnalé, je crois, ailleurs par des voyageurs. Mais il n'en
est pas moins vrai que des quantités innombrables de ces
animaux se creusent des loges dans les falaises calcaires,
dans des masses granitiques. J'ai observé des perforants
(Pholas, Venerupis, Gastrochœna modiolina, Lk,, dont la
coquille est si fragile) habitant les poudingues ferrugineux
d'une dureté extrême de l'îlot Joinville, dans le port de
Cherchel. Tout récemment j'éprouvai de grandes difficul-
tés à briser des fragments basaltiques transpercés par ces
animaux à Mars'-el-Fahm , et sur plusieurs autres points
où j'ai séjourné, du Sah'-el-Kabile compris entre Bougie
et Dellys.
« Partout on reconnaît la présence de ces innombrables
lithophages aux petits trous par où ils ont d'abord péné-
tré dans le roc et par lesquels plus tard ils respirent, vi-
vent, se nourrissent et reproduisent.
« En admettant, comme l'ont prouvé MM. Caillaud de
Nantes et le zoologiste anglais Robertson, que les perfo-
rants des genres Pholas, Lithodomus ont la faculté de
percer les roches les plus dures à l'aide de leurs coquilles,
pieds et siphons, cela au moyen d'un mouvement rota-
toire opéré par l'animal en contractant violemment son
corps rempli d'eau qu'il expulse avec force avec son tube
charnu , il ne peut en être ainsi pour d'autres acéphales,
tels que les Saxicava, Periploma, Petricola, Venerupis,
auxquels leurs loges exiguës ne permettent aucun mou-
vement rotatoire ou autre ; on retrouve, en effet, dans
les cavités habitées par ces Mollusques, l'impression exacte
des valves, et celle même du ligament externe ; l'animal y
est enchâssé de telle sorte, qu'il ne peut absolument bou-
ger. L'observateur est, ici, forcé de chercher un agent
autre que le mouvement mécanique pour expliquer les
moyens employés par des Mollusques dont le test, couvert
de délicates aspérités, est souvent trop mince pour se
perforer une loge sans altérer la coquille. Ce moyen, fol
que l'a fait observer, il y a déjà bien des années, Fleu-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 33
riau de Bellevue (Journal de Physique; germinal, an X,
p. h et suiv.), et, comme je l'ai répété depuis, ne peut
être qu'un principe dissolvant sécrété par les parties du
manteau qui déborde légèrement la valve ( ce qui permet
à l'animal de ne pas altérer son enveloppe testaire) ; c'est
alors qu'au moyen de leurs pieds , presque rudimen-
taires, les Saxicaves, Venerupes, etc., détachent les par-
celles décortiquées par cet agent dissolvant, parcelles ex-
pulsées ensuite par l'eau rejetée par les branchies. »
M. Milne- Edwards présente , de la part de M. Van der
Hœven, un Mémoire sur l'anatomie du Potto, et il rend
brièvement compte de ce travail.
M. Guérin-Méneville présente des échantillons de soie-
ries fabriquées en Chine avec la matière textile produite
par le Ver à soie du vernis du Japon, échantillons qui ont
été envoyés à Turin par le Père Fantoni, de Bielle, à qui
l'on doit l'envoi en Piémont des premiers cocons vivants
de cette espèce, et il y joint un travail intitulé :
Note sur les étoffes fabriquées en Chine avec le fil du
Ver à soie de l'ailante ou vernis du Japon, montrant l'uti-
lité de cette nouvelle espèce pour notre agriculture et
notre industrie.
Les communications que j'ai eu l'honneur de faire à
l'Académie, relativement au nouveau Ver à soie de l'ai-
lante, que j'ai introduit et acclimaté en France et en
Algérie, ayant été favorablement accueillies, je viens
lui en témoigner ma vive gratitude, en portant à sa con-
naissance un fait qui lui fera mieux apprécier encore
l'importance de cette acquisition.
Jusqu'à présent l'on n'avait établi la valeur de la soie
produite par le Ver de l'ailante que par analogie. En
effet, en voyant que des cocons beaucoup moins beaux,
ceux du Ver de ricin, donnaient une matière textile très-
forte, et susceptible d'être employée utilement dans notre
industrie, on avait pensé que les cocons du vernis du
Japon donneraient mieux, et l'on attendait le moment où
2e série, r. xii. Aimée 1860. 3
34 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
nous aurions récolté assez de ces cocons pour faire des
essais pratiques semblables à ceux qui ont été effectués
avec les cocons du ricin.
Ces prévisions sont, dès aujourd'hui, confirmées, grâce
au zèle des missionnaires piémontais, qui viennent d'en-
voyer de Chine des tissus fabriqués dans ce pays avec la
soie produite par le Ver de l'ailante, que l'on y élève,
depuis des siècles , en plein air et sur une grande
échelle.
Ayant appris du savant professeur Baruffi que M. le
chanoine Ortalda, directeur des missions étrangères à
Turin, allait organiser une exposition des produits de
l'industrie chinoise envoyés par les missionnaires, et qu'il
y aurait des soies de l'ailante, j'ai demandé quelques
échantillons de ces dernières et je viens de les recevoir
avec la garantie, donnée par le vénérable chanoine Or-
talda, de leur authenticité.
Ces échantillons, que je fais passer sous les yeux de
MM. les membres de l'Académie, montrent que la soie
de l'ailante est, en effet , très-supérieure à celle du
ricin et qu'elle sert, en Chine, à faire des étoffes qui
approchent, pour la finesse et le lustre, de celles que l'on
fabrique avec la soie du mûrier.
Le n° 1 offre un tissu d'un bleu clair qui pourrait
rivaliser avec nos plus jolies soieries européennes.
Le n° 2 est une étoffe écrue qui semble être d'une
très-grande force et d'un tissu très-serré.
Le n° 3 est fabriqué avec de la bourre de soie ou filo-
selle et ressemble assez à une fine toile écrue.
Quant au n° 4, c'est une sorte de gaze ou de tissu
analogue à celui que l'on fabrique en Europe pour les
blutoirs. Il est d'une régularité remarquable, et ses fils,
comme ceux des n08 1 et 2, semblent formés d'une soie
continue ou grége très-belle.
On voit, par ces échantillons, que les Chinois tirent un
très-bon parti de cette matière textile, soit qu'ils la
SOCIÉTÉS SAVANT KS. 35
tisseni à l'état de filoselle, soit qu'ils l'emploient en grége.
S'ils font réellement de la soie grége avec ces cocons
ouverts, ne peut-on pas espérer que nos habiles filateurs
français arriveront au même résultat ?
J'ai fait connaître les grands avantages que l'agriculture
obtiendra en se livrant à l'éducation en plein air du
Ver à soie de l'ailante , même en admettant qu'on ne
parvienne à obtenir du cocon que de la bourre de soie
ou filoselle. Si, comme tout porte à le croire, l'on par-
vient à en obtenir de la soie grége, ces avantages seront
considérablement augmentés.
Qu'il me soit permis d'ajouter, en terminant, que l'on
peut aujourd'hui considérer le Ver à soie de l'ailante
comme une nouvelle espèce animale dont la sérieuse
acclimatation en France est un fait accompli. Près de
trois ans de travaux persévérants, des difficultés nom-
breuses péniblement vaincues, grâce à une auguste pro-
tection, à l'appui de la Société impériale d'acclimatation
et au concours d'hommes dévoués au progrès de notre
agriculture, m'ont permis d'amener cette espèce au delà
des expérimentations théoriques et de la placer sur les
limites de la grande culture. Il est donc probable que
l'agriculture ne tardera pas à adopter mon Ver à soie de
l'ailante, comme elle a adopté, il y a près de 300 ans, le
Ver à soie du mûrier, protégé par Henri IV.
Séance du 16 janvier 1860. — M. I. Geoffroxj Saint-Hi-
laire présente la première partie du troisième volume de
son Histoire naturelle générale des règnes organiques , et
donne une idée du contenu de cette nouvelle publication.
C'est un livre de haute portée, plaçant le fils au niveau
de son illustre père, qui a si bien mérité du monde sa-
vant le titre de grand naturaliste.
Nous avions l'intention de faire un compte rendu tout
particulier de cette œuvre capitale, mais, comme ce serait
un travail de longue haleine, nous préférons donner de
suite à nos abonnés une idée sommaire du contenu de ce
3f> rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
bel ouvrage , plein d'idées neuves et générales , d'aper-
çus de l'ordre le plus élevé, et d'observations savantes
et inédites, qui ne peuvent être appréciées convenable-
ment qu'après une étude qu'une première et rapide lec-
ture ne saurait permettre de faire convenablement.
Nous nous bornons donc, quant à présent, à repro-
duire (p. 38) l'analyse, si claire et si pleine de modestie,
que l'auteur a donnée de son livre.
M. J. M. Seguin présente un travail chimique ayant
pour titre, Etudes sur les Vers à soie ; examen des matières
liquides et solides extraites des Papillons.
L'auteur a étudié et analysé le liquide noir que les ma-
gnaniers ont observé, surtout depuis que l'épidémie ac-
tuelle des Vers à soie règne, dans les vésicules que l'on
voit souvent sur les ailes et sur le corps des Papillons.
Ainsi que nous l'avons souvent observé dans le courant de
notre longue carrière séricicole, mais principalement de-
puis l'invasion ou la généralisation de la gattine, une mor-
sure d'Araignée ou de Guêpe, une piqûre faite avec une
épingle à l'aile ou au corps d'un Papillon qui éclôt, donnent
lieu à la sortie d'une goutte de sang, qui ne tarde pas, en
se coagulant, à acquérir une couleur noire intense. Dans
les Papillons atteints de la gattine et plus ou moins cou-
verts de taches noires, il est évident que ces taches pro-
viennent de parcelles plus ou moins volumineuses de ce
liquide ainsi altéré, lequel nous a semblé être la cause de
la coloration noirâtre des écailles des ailes et du corps
des Papillons malades.
M. Seguin a fait une chose intéressante en étudiant chi-
miquement ce liquide, ce fluide nourricier, ce sang altéré,
et c'est le résultat de ces recherches qu'il a consigné au
compte rendu des séances de l'Académie.
Il a étudié aussi , de la même manière , les déjections
des Papillons, et il fait connaître les substances dont elles
sont composées et les proportions dans lesquelles elles se
trouvent.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 37
Si, comme nous l'avons toujours pensé, l'aptitude du
fluide nourricier à devenir noir au contact de l'air est un
fait correspondant à l'état pathologique des Vers à soie,
des Papillons et même de leurs œufs, les recherches de
M. Seguin pourraient peut-être conduire à distinguer les
œufs provenant de Papillons malades.
Nous croyons devoir appeler toute l'attention de M. Se-
guin sur ce point de ses intéressantes recherches, point
qu'il a touché dans sa Note, quand il montre que l'acide
nitrique colore la matière noire des taches des Vers et des
Papillons malades en jaune orangé, et que ces observa-
tions s'appliquent aux œufs des Vers à soie.
M. de Quatrefages dépose sur le bureau une copie du
Rapport fait par M. Salles au comice de l'arrondissement
de Vigan « sur les causes de la maladie des graines de
Vers à soie, » et y joint une Lettre que lui a adressée l'au-
teur du Rapport en lui transmettant cette pièce.
M. Ch. Roussel adresse des Recherches sur les organes
génitaux des Insectes coléoptères de la famille des Scara-
béides.
L'auteur, après avoir rappelé les travaux qui ont été
faits sur ce sujet avant lui, dit que son but, absolument
négligé jusqu'ici, a été de constater quelles modifications
se produisent dans les organes génitaux entre les espèces
d'un même genre, entre les genres d'une même tribu,
entre les représentants de différentes tribus appartenant à
une même famille naturelle. Il a donc examiné successive-
ment les parties essentielles des organes génitaux mâles
et femelles, et il est arrivé à formuler les conclusions
suivantes :
« 1° Toujours presque similitude entre des espèces très-
voisines d'un même genre. Ce qui produit une preuve à
l'appui de l'heureuse définition du genre donnée par
M. Flourens.
« 2° Il y a entre les genres véritables des modifications
38 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
notables très-propres à les caractériser (entre autres, les
genres Melolontha, Polyphylla, Cyphonotus).
« 3° Ces modifications devenant plus considérables
entre les représentants de groupes d'un ordre plus élevé,
comme les tribus, fournissent là des indications précieuses
pour les zoologistes.
« 4° Les différences observées entre les Glaphyrines, les
Mélolonthines , les Ruthélines et les Scarabéines, admises
comme tribus, ne sont pas d'une valeur comparable à
celles qui les distinguent des Cétonines, bien moins en-
core à celles qui les séparent des Géotrupines et des Co-
prines.
« 5° Relativement à des types dont les rapports natu-
rels n'avaient pu être appréciés d'une manière sûre par la
considération soit des caractères extérieurs , soit de cer-
tains organes internes, la connaissance de l'appareil géni-
tal permet de les déterminer plus rigoureusement. Tel est,
en particulier, l'exemple si frappant fourni par les Ontho-
phagus comparés aux Aphodius. »
Ces recherches , étendues à l'immense groupe des In-
sectes, auront un intérêt très-grand pour l'anatomie et la
physiologie, mais elles rendront un véritable service à la
classification, en lui donnant un moyen positif de dis-
tinction des groupes, car M. Roussel a reconnu que ce
n'est qu'entre les espèces les plus voisines qu'on trouve
une similitude à peu près complète dans la forme et l'or-
gane d'intromission. Il semble, ajoute-t-il, que la nature
ait pris les soins les plus minutieux pour prévenir le mé-
lange des types, et qu'elle n'ait laissé le croisement prati-
cable que dans des limites fort restreintes.
III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Histoire naturelle générale des règnes organiques,
principalement étudiée chez l'homme et les animaux,
ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 39
par M. Isidore Geoffroy St.-Hilaire, t. 3, 2e partie,
1 vol. in-8. Paris, 1859, Masson.
Ainsi que nous l'avons dit en rendant compte de la
séance de l'Académie des sciences (p. 35), dans laquelle
l'auteur a présenté ce nouveau volume, nous donnons ici
l'analyse qu'il en a faite lui-même en ces termes :
Ce volume a pour sujet la question fondamentale de
l'histoire naturelle, celle de l'espèce. J'avais précédem-
ment traité des diversités encore comprises dans le type
spécifique, telles que les différences d'âge, de sexe, de
saison, les développements, les métamorphoses, les al-
ternances de génération, etc. Après ces diversités ve-
naient, dans l'ordre logique, celles qui, au contraire,
excèdent les limites du type ; en d'autres termes, après
les variations normales de l'organisation, les modifica-
tions anormales ; après la règle, les exceptions qu'elle
subit dans une multitude de cas, et qui, d'ordres très-
divers, dérivent tantôt de l'anomalie proprement dite,
tantôt de la domesticité et de la culture, tantôt de l'hy-
bridité ou, plus généalement, de la métivité.
Ayant traité, d'une manière spéciale, dans un autre
ouvrage, des anomalies proprement dites de l'organisa-
tion, c'est-à-dire des variétés, des vices de conformation,
des hétérotaxies, des hermaphrodismes et des monstruosi-
tés, j'ai cru devoir me borner, dans Y Histoire naturelle gé-
nérale, à un résumé général des faits et des résultats théo-
riques aujourd'hui acquis à la tératologie, et qui sont de
nature à éclairer, sur divers points, la question de l'es-
pèce. A ce point de vue, j'ai dû surtout m'attacher à met-
tre en lumière la régularité des êtres anormaux, si bien
établie par mon père, Meckel, M. Serres et plusieurs au-
tres anatomistes, l'origine accidentelle des monstruosités
et des autres anomalies, autrefois regardées comme des
états primitifs de l'organisation, et les circonstances de
l'hérédité tératologique, tantôt immédiate et directe, tan-
tôt médiate et discontinue.
40 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
J'ai traité, avec beaucoup plus d'étendue, des varia-
tions qui dérivent soit de l'hybridité, soit delà domes-
ticité.
Mes recherches sur les hybrides, qui datent de l'époque
même de mon entrée dans la science, ont dû avoir pour
objet de déterminer, parmi les innombrables cas d'hybri-
dité rapportés ou indiqués par près de quatre cents au-
teurs, les faits qu'il y a lieu d'admettre et ceux qui sont
à éliminer de la science.
Plusieurs auteurs, et parmi eux se rencontrent des
anatomistes et des naturalistes d'une grande autorité,
Réaumur, Haller, Bonnet, Blumenbach, Meckel, ont cru
à l'existence d'hybrides entre animaux de deux ordres
ou même de deux classes ; d'autres, au contraire, ont
soutenu que l'hybridité n'est possible qu'entre espèces
du même genre, ou même, opinion de Morton, entre
espèces de la même section du même genre. Les faits
que nous avons recueillis ou constatés par nous-même
nous ont conduit à nous placer entre la crédulité extrême
des premiers et le scepticisme exagéré des seconds. Nous
sommes, en effet, arrivé à reconnaître qu'il n'y a pas dans
la science un seul exemple, sérieusement attesté, d'hybri-
dité entre animaux de classes ou d'ordres différents, pas
même de familles différentes, s'il s'agit de véritables fa-
milles naturelles; mais il existe des exemples incontes-
tables d'hybridité bigénère. Ceux que présente la classe
des Oiseaux sont particulièrement, nous croyons pouvoir
le dire, à l'abri de toute objection.
Quant à l'hybridité congénère, c'est-à-dire entre es-
pèces du même genre, hybridité que quelques auteurs
regardent comme étant elle-même très-rare, elle est, en
réalité, très-commune. Nous la connaissons surtout chez
les Mammifères, les Oiseaux, les Poissons et les Insectes.
Parmi les Mammifères, on a obtenu une fois en Angle-
terre, et nous avons obtenu une fois aussi, à la Ménage-
rie du Muséum, ce qu'on a nommé la double hybridité,
ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 41
c'est-à-dire l'hybridité entre l'hybride de deux espèces,
et un individu pur sang d'une troisième espèce.
Il se produit des hybrides, non-seulement à l'état do-
mestique, et par les soins de l'homme, mais aussi natu-
rellement à l'état sauvage. Non-seulement ce fait avait
été nié, mais on avait été un instant jusqu'à soutenir
(opinion déjà réfutée par Frédéric Cuvier et par M. Flou-
rens qu'il ne se produit d'hybrides qu'entre espèces dont
l'une au moins est domestique.
Pour résoudre la question si importante de l'aptitude
ou de l'inaptitude des hybrides à la reproduction, j'ai tout
à la fois recueilli les faits existant dans la science, et fait
moi-même de nombreuses expériences : dès 1847, j'avais
pu obtenir à la Ménagerie du Muséum, outre des métis de
Chien et de Loup, de Chien et de Chacal, les produits de six
autres accouplements d'animaux hybrides. La conclusion
à laquelle je me suis arrêté est celle-ci : Il est un grand
nombre d'hybrides stériles, et aussi un grand nombre
d'hybrides imparfaitement féconds. Mais il en est d'autres
qui jouissent complètement de l'aptitude à la reproduc-
tion, soit avec une des espèces souches, soit entre eux.
Ce qui a été appelé le principe de Buffon, mais n'était
que celui de Pline (car Buffon, après l'avoir admis, l'a
condamné à trois reprises comme un vain préjugé), doit
donc disparaître enfin de la science où il a si longtemps
régné, constituant, avec plusieurs autres propositions non
moins contestables, ce que les partisans de la fixité de
l'espèce considéraient comme la doctrine classique sur
les hybrides. Mais, en rejetant ce principe, on doit bien
se garder de lui substituer le principe contraire ; car, s'il
n'est pas exact que les hybrides soient généralement in-
féconds ou imparfaitement féconds, encore moins pour-
rait-on soutenir qu'ils sont généralement aptes à se re-
produire. En réalité, il n'y a point ici de principe à r,oser,
mais seulement des faits à constater , el ces faits sont
très-variables selon les espèces que l'on considère.
42 rev. et mag. de zoologie. [Janvier 1860.)
Quant aux métis homoïdes, c'est-à-dire nés de deux
races ou variétés de la même espèce, nous les avons
toujours trouvés féconds entre eux, malgré les assertions
émises par quelques agriculteurs sur la prétendue infé-
condité des croisements entre races très-différentes; infé-
condité qu'on a prétendue exister aussi entre les hommes
de notre race et les femmes de quelques races très-mo-
difiées.
En comparant les métis homoïdes et les hybrides à un
autre point de vue, nous étions arrivé, à une époque dé
jà éloignée, à une double proposition que nous énoncions
ainsi en 1826 : Les hybrides « ont des caractères assez
« fixes, et qui sont en partie ceux du père et en partie
<c ceux de la mère. Le produit peut bien ressembler à
« l'un plus qu'à l'autre, mais non pas exclusivement à l'un
« d'eux. Il n'en est pas ainsi du croisement de deux
« variétés d'une même espèce : le produit tient le plus
« souvent de l'un ou de l'autre ; mais très-fréquemment
« aussi il ressemble entièrement à l'un des animaux dont
« il est provenu. » En d'autres termes, plus rigoureux
en même temps que plus concis : les hybrides sont constam-
ment mixtes. Les métis homoïdes sont, au contraire, très-
variables ; ils peuvent être mixtes, mais aussi ne pas l'être.
Double proposition que notre illustre confrère William
Edwards, qui l'a étendue, dès 1829, à l'anthropologie, et
qui en a tiré des conséquences d'une haute importance,
considérait comme « deux principes fondamentaux et
féconds en applications. »
Nous nous sommes attaché, dans notre nouveau tra-
vail, non-seulement à présenter ces propositions dans
tout leur jour, mais à résoudre les objections qui ont pu
s'élever depuis trente ans contre leur exactitude. Nous
croyons pouvoir dire que toutes sont solubles, sans ex-
cepter celles qui se déduiraient de quelques faits récem-
ment observés par M. Guérin-Méneville sur les métis des
Vers à soie du ricin et de 1'ailante, métis semblables,
ANALYSES d' OUVRAGES NOUVEAUX. 43
selon lui, au type pur de l'ailante. Mais il résulte du texte
de ce savant entomologiste et sériciculteur, et des com-
pléments qu'il a depuis donnés à son premier travail, que,
par similitude, il faut entendre seulement une prédominance
très-marquée. Nous avons pu, en outre, nous convaincre,
par l'observation de plusieurs centaines de Vers, Papillons
et cocons hybrides, que cette prédominance elle-même
n'existe pas toujours ; il n'y a de constant que l'état
mixte du produit.
Notre savant correspondant M. Lecoq a récemment
étendu aux végétaux les vues que j'avais émises relative-
ment aux animaux, et que William Edwards avait si heu-
reusement appliquées aux races humaines. Nous laissons
aux botanistes à décider si les quelques exceptions in-
diquées par deux auteurs récents pourront aussi tomber
devant un examen plus complet.
L'étude des variations produites par la domesticité ne
se lie pas moins intimement que celle de l'hybridité à la
grande question de l'espèce. J'ai donc dû traiter de l'une
avec autant de soin et de développement que de l'autre.
Mais je ne m'arrêterai pas ici sur cette partie de mes
recherches, dont j'ai déjà eu l'honneur de communiquer
à l'Académie un extrait il y a un an. Si j'ai été conduit
depuis à préciser sur quelques points l'expression des
résultats que j'avais obtenus, je n'ai point eu à les modi-
fier au fond, et je n'abuserai pas des moments de l'Aca-
démie en revenant sur cette partie de mon travail ; je ne
la rappelle même ici que pour indiquer l'ensemble des
études par lesquelles j'ai cru devoir préparer l'examen et
la solution de la question générale qui les domine toutes.
Le volume que j'ai aujourd'hui l'honneur d'offrir à l'Aca-
démie complète ces études partielles et préliminaires.
Zoologie et paléontologie françaises, ou nouvelles re-
cherches sur les Animaux vertébrés dont on trouve les
ossements enfouis dans le sol de la France, par M. Paul
44 rev. et mag. de zoologie. (Janvier 1860.)
Gervais, doyen de la faculté des sciences de Mont-
pellier, professeur de zoologie et d'anatomie comparée.
Deuxième édition (1).
L'ouvrage important dont nous annonçons aujourd'hui
la deuxième édition a pour objet de faire connaître les
nombreuses et singulières espèces d'Animaux vertébrés
(Mammifères, Oiseaux, Reptiles et Poissons) qui ont
autrefois peuplé la région du globe que nous habitons,
et que leurs dimensions gigantesques rendaient, en géné-
ral, si différentes de celles qui vivent à notre époque.
L'étude de ces êtres singuliers a fait faire les plus
grands progrès à la science, et chaque jour elle enrichit
l'histoire naturelle de notions aussi intéressantes pour le
philosophe qu'utiles pour l'anatomiste ou le géologue;
elle nous donne, en effet, la preuve la plus certaine des
grandes révolutions dont notre planète a été témoin ; elle
nous fait assister aux premières manifestations de la vie,
et c'est par elle que l'on peut arriver à établir, d'une
manière exacte, la chronologie des formations qui com-
posent l'écorce terrestre ou celle des soulèvements qui
ont produit les montagnes, déplacé le bassin des mers et
détruit les anciennes populations.
M. Paul Gervais, dont les nombreux travaux sont
justement appréciés, a su envisager son sujet sous ses
différents points de vue, et, tout en décrivant les nom-
breux et curieux Animaux dont ses recherches ou celles
de ses devanciers ont enrichi la paléontologie, il a eu
soin, pour donner plus d'autorité à son travail, de com-
parer les espèces des anciens âges à celles qui vivent
aujourd'hui en Europe, ainsi qu'à celles, soit vivantes,
soit fossiles, que l'on trouve dans les autres parties du
monde. Ses recherches lui ont permis de confirmer, par
de nouvelles preuves, les grandes lois relatives à la dis-
(1) 1 vol. in-4°, avec figures dans le texte, et un atlas in-folio.
Paris, Àrthus Bertrand, éditeur. (Prix de l'ouvrage entier, 100 francs;
le texte seul, 65 francs.)
ANALYSES d' OUVRAGES NOUVEAUX. i5
tribution géographique des êtres vivants que Butt'on
avait entrevues, et dont G. Cuvier et de Blain ville ont
établi la formule, et de résoudre la plupart des questions
qu'ils avaient soulevées à leur tour.
Les paléontologistes du Midi, plus particulièrement
M. Marcel de Serres, avaient fait connaître plusieurs
sortes d'Animaux antédiluviens. M. P. Gervais ajoute de
nouvelles et remarquables espèces, également propres à
nos départements méridionaux, à celles qu'ils ont décou-
vertes, et il fait en même temps connaître, d'après des
recherches qui lui sont propres, les anciennes populations
animales dont les dépouilles sont enfouies dans les autres
parties de la France. Pour arriver plus sûrement à ce
résultat, il a visité les dépôts si riches en débris fossiles
que l'on connaît aux environs de Paris, dans l'Orléanais,
dans le Bourbonnais, dans la Limagne, dans le Langue-
doc, en Provence, etc., et il a examiné avec soin les
musées de nos principales villes, ainsi que celui de
Londres, où l'on a réuni de précieuses collections for-
mées dans les localités les plus riches et les plus célèbres.
Dans la nouvelle édition de la zoologie et paléontologie
françaises, l'auteur a eu soin d'énumérer, avec méthode
et dans des chapitres différents, tous les documents qu'il
avait précédemment adoptés; il a ajouté, en outre, un
nombre considérable d'observations à celles que com-
prend la première édition de son livre et rappelé les tra-
vaux de tous les auteurs qui ont traité des mêmes ques-
tions soit dans des ouvrages spéciaux, soit dans des
mémoires disséminés dans les nombreux recueils aca-
démiques de l'étranger.
On trouve dans son nouvel ouvrage, indépendamment
des notions générales qui en sont l'objet essentiel, la des-
cription d'un grand nombre d'espèces et même de genres
d'animaux qui étaient restés jusqu'à ce jour inconnus
aux naturalistes, et les personnes qui s'occupent de la
i(> rev. et mag. DE zoolooie. (Janvier 1860.)
recherche des Animaux éteinls auront ainsi ie moyen de
classer leurs collections d'une manière scientifique.
Le nombre des figures insérées dans le texte a été aug-
menté, et les planches de l'Atlas, qui sont lithographiées
avec beaucoup de soin, ont été portées de quatre-vingts
à quatre-vingt-quatre. En outre, une table explicative
des figures, renvoyant à la description de chacune d'elles,
est jointe à cet Atlas.
En un mot, l'auteur et l'éditeur ont fait tous leurs
efforts pour rendre cette nouvelle publication à la fois
digne des savants auxquels elle s'adresse et des sujets,
déjà si habilement étudiés en France et à l'étranger,
qui y sont traités.
C'est un ouvrage indispensable à toutes les personnes
qui s'intéressent aux progrès de la zoologie et de la géo-
logie.
Description de la forme embryonnaire de 38 espèces d'U-
nionidœ, par M. Isaac Léa, in-4°, fig. (Extrait du Journal
de l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie,
2e série, vol. IV.)
Dans ce beau travail, le savant malacologiste américain,
après avoir passé en revue les travaux faits sur le même
sujet, décrit les embryons des 38 espèces d'Unio, de Mar-
garita et d'Ânadonta qu'il a pu observer, et en donne d'ex-
cellentes figures qu'il a dessinées lui-même et qui ont été
parfaitement lithographiées. C'est un travail qui intéres-
sera vivement les zoologistes.
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES
Sur la coloration de la peau chez les nègres de la haute
Kabylie.
M. d'Abbadie, connu par ses voyages en Abyssinie,
vient d'adresser à M. de Quatrefages (Bulletin de la So-
ciété de géographie, 1859, t. xiv, p. 179) une lettre
MÉLANGES KT NOUVELLES. Al-
relative à un fait anthropologique fort curieux : l'in-
fluence d'une nourriture exclusivement animale sur la
coloration du nègre.
Le savant voyageur français expose qu'au sud de la
Nubie les noirs qui ne se nourrissent que de viande ont
un teint beaucoup plus clair que les autres tribus dont le
régime est exclusivement végétal. La lecture de cette
Note m'a conduit à une observation analogue sur les
nègres de ia Kabylie.
La viande, en Kabylie, est d'un prix très-élevé : c'est
un aliment luxueux que le Berber ne se permet pas tous
lesjours ; mais les nègres, qui tous sont bouchers, se nour-
rissent constamment des débris des animaux qu'ils dé-
bitent sur les marchés ; leur vie, comme ceux dont parle
M. d'Abbadie, se passe au milieu du sang et des exha-
laisons des bestiaux; ils ont le teint très-clair tout en
conservant, hommes et femmes, les cheveux crépus et
tous les caractères des races du Haoussa. Jusqu'ici,
j'avais toujours attribué ce fait au mélange du sang ka-
byle, au froid du pays Je me trouvais à Tamda-el-
Blat, chez les Béni-Djennads, quand m'est parvenu le
bulletin de la Société de géographie ; je pus immédiate-
ment m'informer près des nombreux affranchis qui rési-
dent dans ce village, et j'y ai appris que les nègres ne se
mariaient qu'entre eux, bien qu'ils soient considérés dans
la société kabyle, essentiellement démocratique, comme
des citoyens égaux aux autres.
Faut-il attribuer ce fait à une dégénérescence du sang
provenant des alliances continuelles de membres de la
même race ? Je ne le crois pas. Ce serait donc, comme
l'avance M. d'Abbadie, à leur nourriture constamment
composée de restes de viande et au contact des chairs
saignantes qu'ils traînent et remuent constamment
Ce me semble être une question fort intéressante au
point de vue anthropologique et qui mérite d'être l'objet
de recherches suivies. Henri Ai capitalmï.
48 rev. et mag. de zoologte. (Janvier 1860.)
M. H. Drouet nous prie d'insérer la lettre suivante :
Monsieur et cher directeur, — A l'occasion d'une bro-
churine de M. Tassinari, sur un Valvata découvert et dé-
crit par lui, en Italie, brochurine mentionnée dans ma
dernière Lettre conchyliologiquè , il s'est produit une allé-
gation passablement étrange, dans la (orme au moins, de
la part d'un collaborateur de la Revue. Rassurez-vous, je
n'accepte pas la querelle et je ne suivrai pas le contra-
dicteur sur le terrain où il aime à se poser dans une atti-
tude qui lui est propre et qui trouve peu d'imitateurs. Ce
qui est constant, malgré les efforts du trop zélé collabo-
rateur, c'est que, bien probablement, ni M. Tassinari, ni
M. Benoît, ni M. Léa, ni M. Swainson, ni M. Sowerby
(pris également à partie et mis au ban), ni qui que ce soit,
n'a pas attendu les conseils de l'auteur des Aménités
malacologiques pour distinguer une coquille de Valvata
d'un fourreau de larve de Phrygane. Personne, dès lors,
ne se méprendra sur la nature du sentiment qui a dicté
une semblable assertion.
Veuillez agréer, etc. — H. Drouet.
Troyes, janvier 1860.
TABLE DES MATIERES.
Pages.
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. ;î
A. Moquin -Tandon.— Considérations sur les œufs des Oiseaux. 11
0. des Murs. — Sur le Passer domesticus et sa place oolo-
gique dans la série. 20
Académie des sciences . 26
Analyses. 38
Mélanges et nouvelles. 46
PARIS. — IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD , RUE DE L'EPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Sur l'adénisation de M. le docteur Cornay,
par M. O. dbs Murs.
Déjà, dans cette Revue et à plusieurs reprises, il a été
question, et des idées si ingénieuses de M. le docteur Cor-
nay sur l'os palatin des Oiseaux comme élément de leur
classification (1), et de ses Éléments de Morphologie, ainsi
que de ses Principes de Morphogénie dont nous avons con-
staté le mérite (2) au moment de leur publication. Le doc-
teur Cornay est de ces hommes à qui le temps ne suffit pas
pour l'élaboration des utiles et fécondes idées qui éclosent
de son cerveau, malgré l'œuvre de chaque jour que réclame
de lui l'humanité souffrante.
Les Principes d' Adénisation qu'il vient d'éditer (3) ren-
ferment dans son germe toute la base d'une science nou-
velle : il en a dit le premier mot, les développements ne
tardèrent pas à suivre, l'idée physiologique a vu le jour;
c'est à la science de parler, et elle ne parlera jamais mieux
que par la bouche ou sous la direction]intelligente de l'émi-
nent docteur. Nous insistons sur ce point, parce que, selon
nous, quand un homme est assez richement organisé pour
concevoir et appliquer, il se doit à lui-même la continua-
tion de son œuvre, qu'un autre ne comprendra jamais
aussi bien que lui.
Un grand nombre d'auteurs, déjà, depuis Aristote, en
(1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, janvier 1842.
(2) Hev. et mag. de zoologie, mai 1853.
(3) Rev. et mag. de zoologie, novembre 1859.
2e série, t. ni. Année 1860. 4
50 rev. et m a g. de zoologie. (Février 1860.)
passant par Linné, BufTon, G. et F. Cuvier, Fischer, etc.,
jusqu'au docteur Em. Rousseau, se sont occupés des re-
cherches sur les glandes qui, chez beaucoup d'animaux,
ce sécrètent, comme l'a dit ce dernier (1), une matière sé-
« bacée plus ou moins concrète, exhalant une odeur sui
« gencris, plus forte dans le temps du rut généralement
« qu'en l'état ordinaire. »
Mais leurs études comme leurs observations n'ont jamais
porté que sur le cheval, et encore sur ce que l'on est con-
venu, chez lui, d'appeler châtaigne. Le docteur Em. Rous-
seau a reconnu les erreurs de ses devanciers quant à leur
détermination de cet appendice et à la nature de même
qu'à l'origine qu'ils lui attribuaient; puis, étendant l'ho-
rizon de ces premières notions, il en est arrivé à faire la
découverte et à parler de quelques autres appareils externes
propres à certains ruminants. Et ses indications ainsi que
sesétudes ontporté sur le Lama, plusieurs espèces de Cerfs
et de Boucs, sur le Mouton et la Chèvre. Mais alors, pour
ceux-ci, il y eut déjà un notable progrès, car il ne s'agit
plus de châtaignes, mais des larmiers, et de poches interdi-
gitales; puis enfin, découverte que nous croyons propre
au docteur Em. Rousseau, il s'agit 1° « d'un appareil
« crypteux tout particulier recouvrant toute la partie dor-
sale et latérale de la queue du Cerf, » ce qui équivaut à
une poche inguinale; 2° d'un dépôt granulé rouge rem-
plaçant, chez le Cerf- Cochon, cette même poche ingui-
nale; 3° de poches inguinales constatées chez plusieurs
espèces d'Antilopes, et même chez le Mouton.
Voilà, certes, bien des espèces de réservoirs sécréteurs
odorants départies aux ruminants!
Dans le travail du docteur Em. Rousseau, il y a donc la
constatation de faits plus ou moins nouveaux, mais sans
aucune proposition ou déduction scientifique.
Chez le docteur Cornay, il s'agit de tout autre chose :
outre la découverte d'un fait nouveau, il y a, avec l'expli-
(1) Rev. et mag. de zoologie, novembre 1852.
TRAVAUX INÉDITS. 51
cation de sa cause finale, le mode d'application et la dé-
monstration de son incontestable utilité; il en ressort, en
outre, tout un corps de doctrine pour améliorer certaines
viandes, et pour en faire entrer beaucoup d'autres dans
le système de l'alimentation générale. C'est là le côté inté-
ressant et véritablement actuel des Principes d'Âdénisation.
Le mot est créé et restera; la doctrine s'étendra et ne peut
que s'universaliser.
Si nous avons rappelé les travaux du docteur Em. Rous-
seau, c'est que nous avons cru entrevoir, entre eux et
ceux de notre ami le docteur Cornay, une certaine corré-
lation, et qu'il nous a paru curieux d'établir, par ce rap-
prochement, avec quelle constance étonnante la science
suit progressivement et comme fatalement sa marche pour
le bien-être du corps social.
Ainsi, voici deux hommes; dont l'un, attaché, par sa
position, au laboratoire d'anatomie du muséum d'histoire
naturelle de Paris, que ses observations, grâce à la pré-
cieuse réunion de Solipèdes et de Ruminants de toutes les
contrées du globe renfermés dans la ménagerie de cet
établissement national, ont amené à découvrir chez ces
animaux certaines glandes restées jusqu'alors inaperçues ,
seulement il signale le fait et passe outre ; dont l'autre,
plus spécialement attaché, par sa position de médecin dis
tingué, à l'étude et à la guérison des infirmités humaines,
dans l'ignorance presque absolue de ce précédent travail,
découvre d'autres glandes chez d'autres espèces de mam-
mifères, passe en revue les animaux déjà connus pour en
être pourvus et, avec cette logique de raisonnement et
cette faculté d'intuition qui lui sont propres, en arrive à
conclure, d'une part, à la nidoration de certaines viandes,
d'autre part à la possibilité, péremptoirement démontrée,
de les rendre complètement anidoriennes.
Pourtant nous nous faisons cette question, que nous
adressons au docteur Cornay : n'y aurait-il pas moyen
d'améliorer, par l'entremise de X Adènisation, une bonne
52 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
partie des animaux comestibles déclarés par lui anidoriens.
L'auteur considère le Mouton comme anidorien. Nous
avons vu cependant le docteur Em. Rousseau reconnaître
chez ce Ruminant deux poches inguinales. Loin de nous
l'idée d'induire une contradiction quelconque entre ces
deux propositions; nous sommes, au contraire, convaincu
qu'elles se contrôlent, ou plutôt se complètent, sans aucun
doute, l'une par l'autre. Mais enfin, si ces poches sécrètent
une matière exhalant une certaine odeur, ne peut-on pas
se demander si ces réservoirs ne contribuent pas, dans
une certaine mesure, à développer dans la viande du
Mouton cette odeur rappelant un peu celle du Roue ou
du suint de laine? et, dans ce cas, si l'ablation de ces
glandes, et par conséquent l'application à cet animal des
Principes de Vadénisation, ne parviendraient pas à purifier
sa chair de ce fumet nauséabond?
Par la même raison, nous serions curieux d'apprendre
si les animaux classés par le docteur Cornay comme ani-
doriens ne posséderaient pas d'autres sources de fétidité
et de mauvaise odeur, ou glandes dans le genre de celles
indiquées par le docteur Em. Rousseau; et, dans ce cas,
quelle influence ces glandes peuvent exercer sur la nature
de la viande qu'elles affectent, et quelle qualité pourrait
lui ajouter une adénisation complète.
Mais, nous le savons, le docteur Cornay, trop modeste
pour viser au rang de savant officiel, est de ceux qui, sa-
tisfaits d'avoir trouvé une idée ou opéré une découverte
utiles à leurs semblables, jettent l'idée au vent et abandon-
nent la découverte au premier occupant, persuadés qu'ils
sont que l'une et l'autre feront toujours bien leur chemin
dans le monde. Il faut certainement être riche de son
propre fond pour en agir de la sorte ! Nous n'en félicitons
que davantage le docteur Cornay, et l'engageons encore
plus à persévérer dans cette voie, tout en lui demandant,
après y avoir apposé son cachet, de mettre la dernière
main à son œuvre. Il se borne, lui, à frapper le silex pour
TRAVAUX INÉDITS. 53
en faire jaillir la lumière; mais encore sait-il ne pas
prendre la pierre pour le silex; car tout est là.
Nous désirons vivement voir apprécier le nouveau livre
du docteur Cornay à sa haute valeur par ceux qui s'occu-
pent de l'alimentation publique et des moyens d'en ac-
croître les ressources ; et nous ne saurions trop pourquoi
la Société zoologique d'acclimatation, qui a trouvé des
échos si brillants et si dignes de lui pour l'illustre introni-
sateur de la viande de cheval, qui fait encore tant et de si
chaleureux accueils aux travaux de sériciculture du savant
directeur de la Revue et magasin zoologique, n'en réserverait
pas quelques-uns, dans son enceinte, pour répandre et po-
pulariser toutes les conséquences qui peuvent découler des
Principes d' Âdénisation bien entendus et sainement appli-
qués.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Deuxième article. (Voir p. 3.)
Famille des Cavides.
Dastprocta mexicana. Nigra, albido-tessellata, sine ullo coloris fui
vesceutis vcstigio; dorsi line;\ chine longe oinninoque nigro-pilosi ,
jugulum et ventris pars postica alba; pectus brunneum albo-tes-
sellatum; spatium cinereum (vel fuscum) in interna carporum facie.
Caudu; longitude», 8 lin.
La couleur du fond du pelage est noire, mais sur les
côtés elle devient brunâtre ; le corps est presque tout en-
tier semé de petites mouchetures blanches qui tiennent à
ce que les poils sont annelés de blanc ; toutefois la ligne du
dos est dépourvue de mouchetures.
La tête est revêtue d'un poil couché, noir sur le sommet,
brunâtre sur les côtés ; chacun des poils envisagé isolé-
ment offre près du bout un espace blanc, mais la pointe
redevient noire. Sur la ligne médiane du crâne, les poils
sont plus longs, et il se mêle des poils entièrement noirs
aux poils mouchetés de blanc. Le four des yeux est presque
54 kev. et mag. de zoologie. [Février 1860.)
nu; les lèvres sont nues, garnies d'un fin duvet gris ou
brun. La moustache est noire. Les oreilles sont arrondies
au bout, avec leur bord postérieur un peu excisé; elles sont
garnies de poils bruns ras et peu abondants, surtout rares
en dedans. Le dessous de la tête et la gorge sont blancs, et
les poils qui couvrent ces parties sont blancs dans toute
leur étendue. Les poils qui revêtent les côtés du corps et
du cou sont assez longs; ils ont leur base brune et le reste
de leur étendue noir, avec deux anneaux blancs, l'un
placé près de leur base, l'autre près de leur extrémité;
tontefois celui-ci est souvent aussi placé sur le milieu du
poil ou manque totalement. Il résulte de la superposition
de ces poils une moucheture très-dense sur les flancs et
sur les côtés du cou. Le milieu de la partie postérieure de
la tête et la ligne du dos dans toute son étendue sont
garnis de très-lougs poils entièrement noirs. Ceux qui avoi-
sinentimmédiatement la bande noire du dos sont très-longs
aussi et ne portent qu'un seul anneau blanc près du bout.
L'épaule et la cuisse postérieure sont mouchetées plus den-
sement que les Canes ; leurs poils n'offrent qu'une seule
mouche blanche vers le bout et sont plus courts que ceux
des flancs. La bande noire du dos s'élargit vers la partie
postérieure du corps, et ses poils s'allongent; la couleur
finit par envahir tout le sacrum et toute la partie posté-
rieure du corps qui correspond aux fesses, lesquelles sont
également garnies de très-longs poils entièrement noirs.
Le dessous du cou, la poitrine et le commencement du
ventre sont mouchetés de blanc et de brun, les deux cou-
leurs s'équilibrant à peu près. Sur la poitrine, les poils,
envisagés isolément, sont brun clair dans leur première
moitié et blancs dans la seconde ; plus en arrière ils sont
bruns avec un long anneau blanc qui atteint presque la
pointe ; enfin à la partie postérieure du ventre, au pubis
et entre les cuisses postérieures, ils deviennent entièrement
blancs, ou blancs avec la base grise, ce qui donne au pe-
lage de ces régions une couleur blanche. Chez certains in-
TRAVAUX INÉDITS. 55
dividus (cf ?) le blanc s'étend en avant jusqu'au sternum
et au delà, et la poitrine est alors assez pâle. Les pattes
antérieures sont noirâtres, mouchetées de blanc en dehors
et en dessus, blanchâtres en dedans et en dessous (les
poils étant blancs avec la base grise). A la face interne du
pied on voit une grande tache grisâtre ou brune, à poils
ras, qui commence au-dessus du carpe et qui s'étend jus-
qu'à l'origine de l'index. Le reste des pieds est noirâtre,
avec de fines mouchetures blanches sur les côtés. Les
jambes postérieures (tibias) sont noires postérieurement,
densément mouchetées antérieurement. Les pieds posté-
rieurs sont noirs avec quelques poils blancs épars et avec
une fine moucheture vers l'origine de l'index. La petite
queue, qui reste cachée dans les poils, est d'un noir lui-
sant; elle atteint 8 lignes de longueur. Longueur du corps
17 pouces; — id. du tibia antérieur, 2 pouces 10 lignes;
— id. du pied antérieur, 1 pouce 10 lignes; — id. du tibia
postérieur, 3 pouces 10 lignes ; — id. du pied postérieur,
4 pouces. — Distance de l'œil au bout du museau, 2 pouces.
Longueur de la tête osseuse, 3 pouces 11 lignes; largeur,
1 pouce 9 lignes. Distance de l'orbite au bout du museau,
1 pouce 7 lignes. Ces mesures sont la moyenne de celles
que j'ai prises sur trois individus en peaux et empaillés.
Ce charmant petit animal habite la zone chaude du
Mexique. Sa chair est un excellent manger, et on le chasse
comme, chez nous, les lièvres ; mais il est beaucoup plus
difficile à atteindre, à cause de sa grande agilité et des
bonds prodigieux au moyen desquels il franchit les obsta-
cles.
Il est, du reste, d'un caractère très-doux. Lorsqu'on le
prend jeune, il s'apprivoise facilement, et son extrême pro-
preté fait qu'on peut le laisser courir librement dans les
maisons. J'ai rapporté un de cesanimaux vivant en Europe,
mais les bonds énormes dans lesquels il franchissait les
tables et renversait les objets des appartements, lorsqu'un
étranger lui causait quelque épouvante, m'ont obligé de
56 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
m'en défaire. Je l'ai donné à la ménagerie du muséum, où
il estmort peu de temps après.
On pourrait être tenté de voir dans cet Agouti le D. nigra
de Gray, dont la figure correspond assez bien à notre es-
pèce. Mais celui-ci paraît être le même que le D. fuliginosa,
Wagl., qui est lui-même peut-être une variété du D. cris-
tata> Desm., lesquelles espèces ont du jaunâtre dans leurs
poils, tandis que notre espèce a ses mouchetures franche-
ment blanches. De plus, l'espèce de Gray a les poils du dos
blancs à leur base, tandis que le nôtre les a entièrement
noirs. Il serait, du reste, impossible de déterminer avec
précision des mammifères sur des descriptions aussi in-
complètes que celles dont l'auteur a trop souvent fait
usage (1).
FAMILLE DES LÉPORIDES.
Lepuscallotis, Wagl. — Cette espèce (si c'est bien elle)
se trouve abondamment dans les montagnes de la province
du Mechoacan. — Notre individu offre le bord interne
des oreilles longuement cilié de poils fauve pâle. Le
bord externe est blanc, ainsi que la moitié de la face pos-
térieure de l'oreille dans son tiers terminal. La moitié
externe de la face postérieure vers le bout est, au contraire,
brunâtre, puis perlée. Le blanc et le gris-fauve sont limi-
tés par une ligne droite, au contact de laquelle le gris
devient jaunâtre. Le bout de l'oreille se trouve compris
dans la zone blanche. En descendant le long du bord in-
terne, on trouve d'abord un espace gris-fauve, puis un
espace noirâtre, qui s'arrête là où commencent les longs
cils jaunâtres.
FAMILLE DES SCIURIDES.
Spermophilus grammarus ? Say. — Un individu tué sur
(1) On peut en juger par la description suivante du D. nigra :
« Noir, moucheté de blanc; épaules et hanches plus noires. Pattes
noires ; gorge grise; ventre un peu plus gris. Poils du dos allongés
couchés et blancs à leur base. »
TRAVAUX INÉDITS. 57
le plateau du Mexique pourrait, à la rigueur, se rapporter
à cette espèce. Il correspond parfaitement à la description
qu'en donne Sp. Baird (Explorations a Survey for a Rail-
road route from Mississipi riv., etc., t. VIII, p. 310); mais
il offre, dans le pelage, des différences qui indiquent peut-
être une espèce distincte.
La face externe des oreilles est garnie de poils bruns, un
peu mouchetés de fauve, tandis que l'externe n'est garnie
que de poils fauves. Le dessus de la tête est très-foncéf
peu moucheté; les deux teintes du corps sont peu fortement
prononcées. La queue est mêlée de fauve-pâle et de noir,
le fauve dominant ; mais on n'y remarque pas les trois an-
nelures noires décrites par Baird; en dessous seulement,
depuis le milieu, on découvre 6 bandes noires transver-
sales peu régulières. Les poils de la queue sont gris-blan-
châtres avec 3 ou 4 annelures noires, leur base et leur
pointe étant toujours pâles. L'iris est noir.
Les Spermophiles habitent en grande abondance les
plaines du plateau du Mexique; le plus commun est le Sp.
meœicanus. Beulloch avait déjà signalé la quantité de ces
animaux que l'on voit courir dans les plaines du plateau
de Perote (le Mexique en 1823, II, 71).
Considérations sur les oeufs des oiseaux ,
par A. Moquin -Tandon.
Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859,
p. 414 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11.
Chapitre IV. — du poids des oeufs.
§ 1er. Poids total. — On dit que le poids moyen d'un
œuf de Poule est de 58 grammes; Buffon l'a trouvé d'en-
viron 1 once, 6 gros, ce qui fait seulement 44§,61. D'a-
près M. Dumas, sur une moyenne de 10 œufs, le poids a
été de 58^50. Les statistiques officielles estiment que
160 œufs produisent 1 kilog.. ce qui suppose 62«,5 par
58 kev. et màg. de zoologie. [Février 1860.)
œuf. D'après M. Rayer, le poids serait 64 grammes. La
moyenne entre ces diverses évaluations est de 578,40.
Voici le poids de deux œufs pris au hasard dans un
panier (ces œufs n'étaient pas très-gros).
N° 1 , 51s,35
2, 51*,92
En prenant la moyenne, c'est-à-dire 51&,66, on peut con-
clure qu'une Poule qui aura pondu 120 œufs, dans deux
ans, aura produit, pendant cet espace de temps, 6\4 de
matière nécessaire à cette formation.
§ 2e. Poids des diverses parties. — Selon Berzélius, d'a-
près une moyenne proportionnelle prise sur 10 œufs, la
coquille avec sa membrane, le blanc et le jaune se trou-
vent dans les rapports suivants :
Coquille et sa membrane 106,9
Blanc 604,2
Jaune 288,9
D'après Vauquelin, la coque d'un œuf de Poule pèse,
en moyenne, 5 grammes; calcinée, elle perd le cinquième
de son poids.
Voici les poids proportionnels des parties constituantes
des deux œufs dont j'ai parlé plus haut :
N° 1 518,35
Cuit dur 508,66
Perte » 69
Coque 5s,39
Blanc 286,30
Jaune 168,11
Perte » 86
~ 508,66
N° 2 518,92
Cuit dur 518,48
Perte » 44
TRAVAUX INÉDITS. 59
Coque 5*,39
BlaTic 308,14
Jaune 15s,22
Perte » 34
518,09
Les proportions sont donc à peu près :
Coque, 1
Blanc, 6
Jaune, 3
Voici le poids de plusieurs autres œufs :
1° Un œuf d'Aigle (un peu couvé) a pesé,
plein Î28s, »
Vide 148,73
2° Deux œufs d'Oie de Pondichéry ont pesé,
pleins, 2338,40, c'est-à-dire chacun.. . . 116*70
Vides. . 51s,93, c'est-à-dire chacun. . . 25s,96
3° Un œuf de Courlis de terre, assez gros,
mais un peu couvé, a pesé, plein. . . . 36s,30
Vide 38,32
4° Un autre du même Oiseau a pesé :
Vide 38,15
Un autre. . . 2*,95
Un autre. . . 3*, 32
Un autre. . . 3«,17
Un autre. . . 3s,22
Un autre. . . 3§,58
198,39 Moyenne 3?,23
5° Quatre œufs de Scops, frais, ont pesé,
pleins, 42s, c'est-à-dire chacun 10*, 50
Huit œufs du même Oiseau ont pesé, vides,
7s,52, c'est-à-dire chacun 0*,94
6° Un œuf de Tourterelle à collier, frais, a
pesé, plein 7«,64
Vide 0^,68
60 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
7° Cinq œufs de Merle, pleins, m'ont donné,
N° 1 68,70
2 68,75
3 6s,77
4 68,80
,5 78,50
Ensemble 348,52, dont le cin-
quième est 6«,90
Le poids du numéro 5 est très-remarqua-
ble par son élévation ; il dépasse de 80 centi-
grammes celui du numéro 1.
Les coques de ces œufs ont pesé ensemble
3 grammes, dont le cinquième est. . . . 06,60(1)
8° Neuf œufs de Moineau pleins ont pesé
28&J2, par conséquent chacun 3s,12.
Les mêmes œufs vides ont donné 2§,42,
par conséquent chacun 0?,25 (2)
De tout ce qui précède, il résulte que le poids de la co-
que est à celui des parties intérieures :
Dans YOie de Pondichéry . . comme 1 : 4,50
Dans l'Aigle comme 1 : 8,08
Dans la Poule comme 1 : 9,00
Dans le Scops comme 1 : 11,20
Dans le Courlis de terre. . . comme 1 : 11,24
Dans la Tourterelle comme 1 : 11,24
Dans le Merle comme 1 : 11,50
Dans le Moineau comme 1 : 12,50
Ces rapports sont très-remarquables ; ils sont contraires
à ce que l'on aurait été tenté d'admettre à priori. On au-
rait supposé, d'après la forme des œufs, que le poids re-
latif des coques devait augmenter avec la diminution du
volume. Ce résultat différent tient, sans doute, à l'épaisseur
(1) Dans les œufs d'une autre couvée, j'ai trouvé 42 centig. 50.
(2) Dans les œufs de deux autres couvées, j'ai trouvé seulement
18 gr. 75.
TRAVAUX INEDITS. 61
de l'enveloppe, qui s'accroît très-rapidement avec la taille
des œufs.
Voici le poids de quelques autres coques ; pour la plu-
part j'ai pris la moyenne de 10 œufs.
Œuf de Cygne 41*,10
de Paon 12*,58
de Catharte 9*,73
de Pintade 6s,15
de Geai 0«,64
de Grive 0s,35
de Bruant 0«,16
de Friquet 0s,15
de Pinson 0s,13
de Chardonneret Os, 11
de Linotte . 0«,08
de Troglodyte 0s,07
de Roitelet 0§,05
§ 3e. Perte du poids. — Quand on abandonne à eux-
mêmes des œufs de Poule féconds ou inféconds, ils per-
dent environ 33 milligrammes de leur poids par jour. Les
matières intérieures se dessèchent et finissent par former
une petite masse solide qui se retire vers une extrémité.
Il en est de même dans tous les œufs. L'accumulation du
blanc et du jaune dans un point de la cavité intérieure
empêche de pouvoir poser l'œuf dans tous les sens. Il
tourne souvent sur lui-même, et se déplace brusquement
pour se mettre en équilibre, et, s'il est dans une capsule,
il va frapper les bords de celle-ci. Dans ces mouvements,
les œufs à coque mince se cassent quelquefois.
Lorsqu'un œuf est soumis à l'incubation, il perd aussi
une partie de son poids. Cette perte dans les œufs de
Poule est de 5 pour 100 après la première semaine, de 13
après la seconde, et de 16 après la troisième. Sur 12 œufs
mis en observation, M. Dumas a trouvé que la perte to-
tale était, en moyenne, de 7s, 72.
On a vu plus haut qu'un œuf de Moineau plein a pesé
62 rev. et mag. de zoologie. {Février 1860.)
3«, 12. Neuf œufs du même Oiseau, couvés (l'embryon
offrait déjà près de 3 centimètres de longueur), ont pesé
228,74, c'est-à-dire chacun 2s,52.
(La suite au prochain numéro.)
Notes nido-oologiques, par M. Ch. F. Dubois.
Procnias CjErulea. — Syn. Ampelis tersa , Lin. — Hi-
rundo viridis (femelle), Temm. — Tersa cayana, Steph.
— Tersina cœrulea, Vieill. — Procnias hirundinacea,
Swains. — P. ventralis, Illig. — P. cyanotropus, Pr.
Max. — P. cœrulca, Dubois.
Le nid de cet Oiseau, représenté, sur la planche n,
f. 1 , aux deux tiers de sa grandeur naturelle , a été
trouvé au Brésil, dans un endroit humide, près de la ri-
vière Parahyba. Ce nid, de forme circulaire, est très-lé-
gèrement construit et offre peu de consistance. Il est
composé principalement de feuilles de graminées entrela-
cées de fibres provenant d'écorces et de péricarpes de
noix de coco ; l'intérieur n'offre d'autre matière qu'une
couche plus abondante de ces mêmes fibres. La plupart
des feuilles qui entrent dans la composition de ce nid
conservent leur couleur verte, ce qui donne à son en-
semble une teinte verdâtre qui le fait facilement recon-
naître parmi d'autres.
Lorsque nous reçûmes ce nid, il contenait trois œufs,
mais il est possible que la ponte entière soit plus nom-
breuse. Ces œufs, de forme ellipsoïde, sont mats , d'une
couleur blanche un peu rougeâtre, et parsemés, dans toute
leur étendue, de taches et de veines d'un brun tirant sur
le rouge. — pi. n, f. 2.
Nous nous entretînmes longtemps sur ce sujet avec
M. le docteur Thienemann, ce savant ovologiste, dont la
mort récente est une perte irréparable pour la science.
Cet estimable savant, dont le souvenir nous sera toujours
cher, vint nous rendre visite à Bruxelles l'été avant sa
TRAVAUX INÉDITS. 63
maladie, époque à laquelle nous venions de recevoir di-
rectement du Brésil une partie d'oiseaux accompagnés
de leurs nids et de leurs œufs. M. Thienemann trouva
dans cet envoi sept espèces différentes de nids qui lui
étaient toutes inconnues, et parmi lesquelles se trouvait le
nid de ce Procné.
M. Thienemann nous dit qu'il était occupé à faire une
planche supplémentaire pour son ouvrage : Fortpflan-
zungsgeschichte der gesammten Vôgel; mais ayant trouvé,
pendant son voyage, plusieurs espèces nouvelles d'œufs,
il se proposait d'ajouter encore deux planches à la pre-
mière. Nous eûmes le bonheur de pouvoir lui faire accep-
ter un exemplaire des espèces rares que nous possédions,
afin de lui fournir, autant que possible, le moyen de com-
pléter son important travail.
Il ne put malheureusement pas mettre son projet à
exécution, car, à la suite d'une longue et douloureuse ma-
Iedie, il mourut à sa campagne, près de Dresde, le
24 juin 1858.
Nous nous proposons maintenant de communiquer aux
lecteurs de cette revue les nids et les œufs qui n'auraient
pas été représentés dans le bei ouvrage du docteur Thie-
nemann, ni dans aucune autre publication.
Turdus rufiventris. — Syn. T. chochi et T. rufiventris,
Vieillot.
Le nid de cette Grive, originaire du Brésil, ressemble
beaucoup à celui de notre Turdus merula. Il se compose
de radicelles, de ramules et de feuilles mortes, le tout
maçonné avec de la terre, formant une masse lourde et
compacte. L'intérieur du nid mesure8 centimètres de pro-
fondeur sur 10 centimètres de diamètre; il est propre-
ment tapissé de fins brins d'herbe et de fibres de noix de
coco.
Ce nid contenait quatre œufs d'une teinte verdâtre,
parsemée de taches d'un brun rougeâtre, qui sont plus
6k rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
rapprochées et plus nombreuses vers le côté obtus (voy.
pi. n, f. 3).
Bombycilla. garrula. — Syn. : Lanius garrulus et Ampelis
garrulus, Lin. — Garrulus bohémiens, Gesn. — Parus
bombycilla, Pall. — Bombycivora garrula, Temm. —
Bombycivora poliocœlia , Meyer. — Bombycilla bohe-
mica, Briss. — Bombycilla garrula, Illig.
Le mode de nidification de cet Oiseau étant très-peu
connu de la plupart des ornithologistes, nous espérons
leur être utile en donnant quelques détails sur ce sujet,
ainsi qu'un dessin de grandeur naturelle de l'œuf de
cette espèce (pi. n, f. 4).
Pendant longtemps, malgré bien des recherches, au-
cun voyageur n'était parvenu à se procurer un nid de cet
Oiseau; mais, depuis peu, un Anglais, du nom de John
Wolley, eut le bonheur de trouver en Laponie ce nid tant
désiré : quelque temps après, on en trouva également en
Finlande.
Les Jaseurs garrules nichent, en sociétés plus ou moins
nombreuses, dans les sombres forêts de pins et de sapins;
ils construisent leur nid sur ces conifères, à une hauteur
de 15 à 20 pieds , circonstance qui a beaucoup con-
tribué, avec le naturel tranquille et flegmatique de ces
Oiseaux, à tenir leur habitation si longtemps cachée aux
yeux des naturalistes. Maintenant que la manière de ni-
cher de ces Oiseaux est connue, il ne sera plus aussi diffi-
cile de s'emparer de leur nid, surtout avec l'aide des
chasseurs lapons.
L'œuf de cette espèce ressemble beaucoup à celui du
Coccothraustes vulgaris et du Lanius ruficeps ; il peut faci-
lement être confondu avec les œufs de ces derniers. Un
amateur pourrait ainsi recevoir un soi-disant œuf de
Bombycilla garrula et resterait dans l'erreur à cet égard
aussi longtemps qu'il ne pourrait le confronter avec un
véritable.
Le nid est composé de fins branchages de pin et de
TRAVAUX INDUITS. 65
mousse ; à l'extérieur, il est encore entouré d'un tissu
•pais d'Usnée barbue (Usnea barbata); l'intérieur est
bourré de fins brins d'herbe et de quelques plumes, par-
fois aussi de poils de Renne. Ce nid mesure 12 centi-
mètres de hauteur, 18 centimètres de largeur, 8 centi-
mètres de profondeur et 9 centimètres de diamètre inté-
rieur : on y trouve ordinairement cinq ou six œufs, dont
la coque peu luisante est à grains très-fins; ils sont d'un
blanc verdàtre et recouverts de petites et de grandes
taches noires, mais jamais de petites veines comme les
œufs du Coccothraustes vulgaris. Ceux du Lanius ruficeps
ont aussi beaucoup d'analogie avec ces œufs, lorsque leur
teinte verdàtre est assez prononcée; mais ils n'acquièrent
jamais la grandeur de ceux du Bombycilla garrula.
AMÉNITÉS MALACOLOGIQUES;
par M. J. H. Bourguignat (1).
§ LXXX1I.
Sur quelques espèces du groupe de l Hélix aspersa.
Les espèces qui composent le groupe de coquilles au-
quel Y Hélix aspersa sert de type sont peu nombreuses.
Une douzaine, tout au plus, doivent en faire partie. —
Parmi ces coquilles, plusieurs sont étrangères au système
conchyliologique européen. 4 seulement vivent en Europe.
Ce sont les H. aspersa, Mazzulii, Quincayensis, tristis.
De ces 4 espèces, nous n'allons nous occuper que des
Hélix Mazzulii et Quincayensis , les deux autres étant par-
faitement connues de tous les naturalistes.
La plupart des conchyliologues ont confondu sous l'ap-
pellation de Mazzuliij ou sous celles de retirugis, cris-
(1) M. Bourguignat faisant don à la Revue de la lithographie des
si* planches qui accompagnent ^on travail, elles ne compteront aux
souscripteurs que pour la valeur de trois planches noires, ou trois
feuilles, au lieu de &ix ^ frais du tirage et papier), lîlles porteront les
nM :j à 8.
2e skriu. r. xh. Année îfctiO. 5
66 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
pata, voire même d'aspersa, deux espèces bien distinctes.
Voici les principales synonymies de ces deux espèces
et leurs caractères différentiels.
1° Hélix Mazzulii.
Hélix crispata (pars) (1), Costa, Cat. test. Nap., p. 106 et
111, n« 23. 1829.
— Mazzullii Cristofori et Jan, Mant. — VI, 2. 1832.
__ _- Philippi, Moll. sicil., I,p. 126, tab. VIII, f. 3.
1836.
— crispata, Scacchi, Cat. conch. Nap., p. 16. 1836.
— aspersa, Var. Mazzulii, Rossmassler, Icon.Vet VI,
p. 5, tab. 22, f. 295 et 2Q6. 1837.
Pomatia Mazzulii, Beck, Ind. Moll., p. 44. 1837.
Hélix Mazzulii (pars), Pirajno, Cat. Moll. Madonie, p. 13.
1840.
— retirugis (pars). Cantraine, Malac. méd., p. 100.
1840.
— — (pars), Calcara, Moll. terr. e fluv. Pal., p. 22,
n° 36. 1842.
— Mazzulii (pars), L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., I,
p. 242. 1848.
— aspersa, Var. crispata (pars) (2), Moq.-Tand., Moll.
France, II, p. 175, t. 13, f. 30. 1855.
— Costae, Benoit, Illust. test. Estram. Sicil., fasc. 2,
p. 72, tab. 1, fig. 10. A. B. (seulement).
1857.
Testa imperforata, globoso-conica, tenui, flavida, eleganter striata;
— spira contorta, apice obtuso; — anfractibus 4 convexiusculis,
celeriter crescentibus ; — ultimo magno, iuflalo, ad aperturam
descendente; — apertura obliqua, ampla, fere circulari ; peristo-
mate simplicc, paululum reflexiusculo; raarginibus approximatis
callo nitido junctis.
Coquille imperforée, conique, globuleuse, assez fragile,
jaunâtre et très-élégamment sillonnée de stries saillantes
et régulières. Spire qui semble contournée. Sommet ob-
(1) Et nou Hélix crispata de Férussac.
(2) Seulement pour la description.
TRAVAUX INÉDITS. 67
tus <*t non aigu. 4 tours convexes, s'accroissant très- rapi-
dement ; dernier tour renflé, grand, descendant vers
l'ouverture et se relevant ensuite au péristome ; ouverture
grande, oblique, presque circulaire; péristome simple,
blanchâtre, faiblement épaissi et un peu réfléchi. Bords
marginaux très- rapprochés et réunis par une callosité
blanchâtre.
Hauteur, 30 — 40 millim.
Diamètre, 28 — 35 id.
Cette espèce, ordinairement d'une teinte jaune uni-
forme, se rencontre également ceinte de plusieurs zones
d'un brun marron. Cette variété, dont nous avons donné
la représentation dans les planches qui accompagnent cet
ouvrage, peut être caractérisée ainsi :
v vis. B. /limita. — Testa magis valide striata; — zonis 3 vel 4 aut
5 castaueis eleganter cincta.
L'Hélix Mazzulii habite en Sicile, notamment dans les
environs de Céfalu , de Palerme , etc. Cette espèce vit
également dans la partie méridionale de l'Italie, surtout
dans la province de Calabre.
V Hélix Mazzulii ne peut être rapprochée que de l' Hé-
lix dispersa de Mûller(Verm. Hist. II, p. 59. 1774). Mais
l'on distinguera cette espèce de cette dernière
1° A sa spire plus contournée, plus conique, plus dans
l'axe columellaire;
2° A son sommet plus obtus ;
3° A son ouverture presque circulaire et non latérale-
ment oblongue comme dans Yaspersa;
4° A ses bords marginaux très-rapprochés et réunis par
une callosité assez forte ;
5° A son dernier tour plus arrondi, plus réfléchi ;
6° A son péristome moins épaissi, moins réfléchi;
Etc., etc..
L'appellation d'Hélix crispata établie par M. Oronzio
Costa de Naplcs, en L829, ne peut être adoptée, parce
qu'il existe dans le prodrome de Férussac (1821) une
68 rev. et mag. de ZOOLOGIE. [Février 1860.)
autre espèce créée également sous le nom d'Hélix cris-
pata.
La dénomination de Mazzulii, établie, en 1832, par
de Cristofori et Jan, est donc la seule que l'on doit adop-
ter pour désigner cette Hélix.
Quant aux appellations de retirugis et de Costœ, elles
sont inadmissibles.
Hélix Qmncayensis.
Hélix crispata (1) (altéra pars), Costa, Cat. test. Nap.,
p. 106, et III, n°23. 1829;
— retirugis, Menke , Syn. Meth. Moll. , p. 14.
1830 (2).
— Quinciacensis (3), Mauduyt, ïabl. Moll. dép. de la
Vienne, p. 53, 1. 11, f. 6-7. 1839.
— Mazzulii, Pirajno, Cat. Moll. Madonie, p. 13. 1840
(la variété B seulement).
— retirugis (altéra pars), Cantraine , Mal. méd.,
p. 100. 1840.
— — (alterav pars, variété 5), Calcara, Moll. terr.
fluv. Pal., p. 22, n°36. 1842.
— Mazzulii, Philippi (4), Moll. utr. Sicil., II, p. 103.
1844.
— — (altéra pars), L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv.,I,
p. 242. 1848.
— retirugis, Dupuy, Moll. terr., etc., de France,
p 112, t. V, f. 4. 1848.
— aspersa, Var. Crispata ( altéra pars ), Moquin-Tan-
don. Moll. France, 11, p. 175. 1855.
— Costœ, Benoit, Illust. test. Estram. Sicil., fasc. 2,
(1) Non Hélix crispata, Férussac. 1821.
(2) Sans description; — par conséquent, ce nom ne peut être
adopté.
(3) Quincayensis, et non pas Quinciacensis, qui est un nom dont le
radical est défiguré.
(4) Non Helk Mazzulii du même auteur (Moll. Sicil., 1. 1, p. 126-
185G).
TRAVAUX INÉDITS. 69
p. 72, tav. 1, fig. 10 C. D (seulement).
1857.
Testa imperforata, coniea, teoui, subpcllueida, uuiforuiitcr sordide
lut^scente, — rugoso-plicata, rugis elevatis, appressis, et sœpe
inler s? reticulatis, oruata; spira elevata, coniea; apice obtuso,
quasi mammillato, Ievi; — anfractib.s 4 couvexis, celeriter cres-
centibus, sutura valde perspicua separatis; ultirno magno, rotuu-
dato, ad aperluram valde descendente; — apertura obliqua, cir-
culari; — peristomate simplice, albidulo, paululum iucrassato ac
reflexiusculo ; — marginibus valde approximatis , eallo albido
junctis.
Coquille imperforée, conique, fragile, un peu transpa-
rente, d'une couleur jaunâtre uniforme et terne. Test rude
et rugueux, orné de rides assez élevées, irrégulières, sur-
tout sur le dernier tour, où elles sont le plus souvent réti-
culées entre elles. Spire élevée, conique, à sommet lisse,
obtus et comme mamelonné. 4 tours convexes, s' accrois-
sant rapidement et séparés par une suture bien marquée.
Dernier tour arrondi, dilaté, descendant fortement vers
l'ouverture. Celle-ci est oblique, parfaitement circulaire,
et possède un péristome simple, bien qu'un peu épaissi,
blanchâtre et tant soit peu réfléchi, surtout vers le bord
columellaire. Bords marginaux très-rapprochés , réunis
par une callosité blanchâtre.
Hauteur, 25 — 35 millimètres ;
Diamètre, 22 — 28 id.
Cette espèce n'habite point à Quinçay, petit village du
département de la Vienne, mais se trouve en très-grande
abondance en Sicile, surtout dans les environs de Pa-
ïenne et de Céfalu.
M. Mauduyt a dû être induit en erreur, lorsqu'il a in-
diqué cette Hélice à Quinçay; il avoue qu'il ne l'a jamais
recueillie, mais qu'elle lui a été donnée par M. Mongrand,
fils, chirurgien de marine.
Il est probable que M. Mongrand aura récolté cette co-
quille en Sicile pendant l'un de ses voyages à bord d'un
navire de guerre, en qualité de chirurgien militaire, et
70 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
qu'à son retour cette espèce se trouvant, par hasard,
mélangée avec d'autres Mollusques recueillis à Quinçay, il
aura cru l'y avoir également rencontrée. Quant aux échan-
tillons vivants que M. Mauduyt affirme avoir reçus de cette
localité (1), il est possible que certains individus rappor-
tés par M. Mongrand aient pu se conserver en vie pen-
dant plusieurs années. 11 a été bien des fois constaté que
certains Mollusques pouvaient vivre, même sans nourri-
ture, pendant trois ou quatre ans.
Or le fait d'un échantillon vivant ne prouve donc rien
en faveur de l'habitat de cette Hélice.
Voici quelques années, en passant à Poitiers, nous
avons eu la curiosité de visiter la localité de Quinçay (à
8 kilom. de Poitiers), et nous devons avouer que toutes
les recherches que nous avons faites dans ce pays ont été
inutiles et infructueuses.
L' Hélix Quincayensis, comme l'on peut le voir par la
liste synonymique que nous venons de donner, a presque
toujours été confondue avec l'espèce précédente, bien que
ces deux coquilles soient bien différentes l'une de l'autre.
La Quincayensis, en effet, diffère de la Mazzulii
1° Par sa forme plus conique, plus allongée et moins
renflée ;
2° Par ses premiers tours de spire, qui sont comme ma-
melonnés , par sa suture plus profonde , par son dernier
tour moins renflé ;
3° Par son ouverture plus petite, plus circulaire, par
ses bords marginaux plus rapprochés;
4° Par son dernier tour descendant beaucoup plus vers
l'ouverture ;
5° Enfin surtout par son test rude, rugueux, côtelé,
orné de rides assez élevées, irrégulières, réticulées, ce
qui n'a jamais lieu chez la Mazzulii.
Cette appellation de Quincayensis (2), qui sert à distin-
(1) Voyez Dupuy, Hist. Moll. France, p. 113.
(2) Et uon pas Ouinciacensis, comme le veut M. Mauduyt.
TRAVAUX INÉDITS. 71
guer cette Hélice, est déplorable. Cependant ce nom ne
peut être rejeté.
Il existe un principe dans les lois de la nomenclature,
qui veut que toute espèce portant un nom de fausse lo-
calité conserve sa dénomination, toute mauvaise qu'elle
soit, si le nom géographique est celui d'un pays faisant
partie du système conchyliologique de l'espèce.
Or Quinçay (fausse localité) et Palerme (véritable habi-
tat) étant deux pays compris dans le même système con-
chyliologique européen, l'appellation de Quincayensis doit
donc être conservée (1).
§ LXXXIII.
CATALOGUE DES COQUILLES EUROPÉENNES APPARTENANT AU
GROUPE DES HELIX POMATIA, LIGATA, ETC..
Parmi les Hélices , il y a peu d'espèces aussi curieuses
et aussi intéressantes à étudier que celles qui font partie
du groupe des Hélix pomatia, ligata et melanostoma.
Les Coquilles appartenant à cette série sont au moins
au nombre d'une soixantaine , réparties indifféremment
dans les systèmes conchyliologiques des cinq parties du
monde.
Notre but, en publiant cet article, n'est point de donnei
les descriptions et les synonymies de toutes ces espèces ,
mais de fournir simplement un recensement exact de
celles qui sont spéciales au système conchyliologique de
l'Europe. Nous laisserons donc de côté toutes les Hélices
du cap de Bonne-Espérance, de Chine et d'Amérique, qui
appartiennent à ce groupe.
Parmi celles qui sont spéciales au système conchyliolo-
gique européen, notre intention est même de décrire seu-
lement les espèces nouvelles et litigieuses et d'indiquer,
par une simple synonymie, à leur ordre et place, chacune
des autres qui sont parfaitement connues.
(1) Voir, à ce sujet, le chap. V (sur les noms de fausses localités)
in : Bourguignat, Meth. conchyl. dénommât., in-8°. 1860.
72 iiev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
Dans les planches qui accompagnent ce travail , nous
avons fait représenter un grand nombre d'espèces dont
nous ne donnerons point de diagnoses. Si nous avons été
aussi prodigue de figures, il est utile de dire que nous
n'avons agi ainsi que dans le but de faciliter l'étude de ces
Hélices, en mettant à même les conchyliologues de con-
trôler par une simple inspection les diverses espèces nou-
velles que nous établissons avec celles qui leur sont
voisines.
Hélix Pomatia.
Hélix pomatia, Linnœus, Syst. nat. (édit. X), p. 771. —
1758.
Espèce édule, des plus communes et des plus ancienne-
ment connues.
N'habite que la partie nord de l'Europe. — Ne se ren-
contre point en Espagne, dans le midi de la France, en
Italie, en Turquie, non plus que dans le sud de la
Russie.
Cette Hélice a reçu différents noms de la part des au-
teurs. Ainsi elle a été nommée Pomatia antiquorum, par
Leach, — Hélix pomuria, par Millier (1774), pour une va-
riété gauche, enfin Hélix scalaris, par le même auteur,
pour une variété scalaire, à tours presque détachés.
Quant à V Hélix pomatia, Var. de Chemnitz, Conch.
cab., IX (p. 2), p. 113, tab. 128, f. 1138 G. Cette espèce,
désignée sous cette appellation, doit être rapportée à
Hélix globulus, de Millier, Verm. Hist., II, p. 68, 1774,
qui est une coquille du cap de Bonne-Espérance.
Hélix onixiomicra.
Testa semiobtecte-angusto-perforata , cooico-globosa , irregulariter
rugoso-striata, luteseenti-albida, zonis duabus, fasciis nigrescen-
tibus passim interruptis, cincta ; anfractibus 6 1/2 7 convexis, re-
gulariter crescentibus, sutura impressa separatis , ultimo ad aper-
turam desceudente; apertura parvula, obliqua, lunato-oblonga; pe-
rislomate paululum incrassato; — margine cohirnellari reflexius-
eulo; marginibus paululum approximatif.
TRAVAUX INÉDITS. 73
Coquille conique, globuleuse, à perforation étroite pres-
que entièrement recouverte. Test assez brillant, sillonné
de stries saillantes, espacées, onduleuses et irrégulières,
— d'une couleur d'un jaune blanchâtre, et ceint de deux
zones d'une teinte cornée-jaunâtre, interrompue çà et
là par des fascies d'une nuance plus foncée. Tours au
nombre de 6 1/2 à 7 convexes, s'accroissant avec la plus
grande régularité et séparés les uns des autres par une
suture assez profonde; dernier tour descendant vers l'ou-
verture. Celle-ci est petite, oblique, échancrée, oblongue,
à péristome un peu épaissi; bord coiumellaire un peu ré-
fléchi. — Bords marginaux rapprochés ; callosité presque
nulle.
Hauteur, — 38 millimètres :
Diamètre, — 42 id.
Nous avons reçu cette espèce comme provenant des
montagnes du Monténégro.
L'Hélix onixiomicra ne peul être confondue avec au-
cune autre espèce. Ses sept tours de spire qui s'accrois-
sent lentement et avec la plus grande régularité , son
ouverture petite, non évasée ni dilatée, etc., sont des
caractères qui feront toujours facilement reconnaître cette
coquille.
Hélix Taurica.
Hélix Taurica, Krynùki, in Bull. Moscou, t. VI, p. 423,
t. 9. 1833.
— — Rossmassler, Iconogr., VII, p. 13, f. 456.
1838.
Cette magnifique Hélice, d'abord nommée Hélix radiata
et radiosa, par Ziegler, appellations manuscrites qui ne
peuvent être adoptées, se rencontre dans le sud de la
Russie, notamment en Crimée.
Ce Mollusque habile également les provinces du Cau-
case, mais il est très-rare dans ces contrées.
74 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
Hélix Buchii.
Hélix Buchii, Dubois (in Coll. Philippi), mss.
— — L. Pfeiffer, in Chemnitz (2e éd.), Hélix,
n 973, t. CXLVIII, f. 6-7,— et —Mo-
nogr.Hel. viv., III, p. 181. 1853.
Habite la Transcaucasie russe.
Hélix Schlaflii.
Hélix Schlaflii , Mousson, Coq. terr. et fluv. rec. dans
l'Orient, etc., p. 40. 1859.
Testa obtectc perforata , ventroso-globosa , irregulariter rugoso-
striata, lineis impressisinterruptjs seu continuis decussata, luteo-
albida, fasciis quinque, interdum junctis vel deficientibus, fusco-
griseis ornata. Spira depresso-oonoidca ; sunimo albo, nitido, cras-
siusculo; sutura subirregulari. Anfractibus 4 1/2 convexiusculis,
rapide accrescentibus; — anfractibus praesertim medianis spiraliter
lineatis; ultimo veutroso, vix subdescendente. — Apertura ampla,
oblique lunato-rotundata, intus griseo-alba, fasciis perspicuis, ad
marginem insertionis et in aperturœ pariete fusco-grisea. — Pe-
ristouiate intus late sublabiato; marginibus remotis; dextro
simplice, columellari subobliquo, late reflexo, perforationem fere
occultante, fusco-griseo (Mousson).
Hauteur, — 47 millimètres ;
Diamètre, — 50 id.
« Cette espèce, trouvée à Janina et à Sziza (Turquie
d'Europe), appartient au groupe de Y Hélix pomatia; mais
ni avec cette espèce ni avec Y Hélix ligata des auteurs
elle ne s'accorde (Rossm., fig. 289), ni enfin avec YHeliœ
Buchii, Dubois (Pfeiffer, Monogr., III, p. 181, et Chemnitz
(2e édit.), t. CXLVIII, f. 6-7), provenant de la Transcau-
casie russe.
« L'Hélix Schlaflii est moins élevée, transversalement
plus renflée que la première, ce qui la rapproche le plus
de la troisième. Sa perforation est presque entièrement
recouverte par le bord columellaire, comme dans Y Hélix
Buchii, et plus que dans YHeliœ pomatia. La columelle
n'est pas grêle, enfoncée et excavée comme dans YHeliœ
TRAVAUX INÉDITS. 75
ligata, mais, ainsi que la paroi aperturale, colorée de la
même manière en brun, — caractère qui manque à l'es-
pèce caucasienne; — l'ouverture est plus transversale que
dans les pomatia et %«ta,pas autant que dans la Buchii et
la Lucorum de Mùller; — la surface est assez rude, irréguliè-
rement striée et croisée par des impressions et des lignes
spirales très-interrompues, visibles surtout sur les tours
moyens, caractère qui dans les autres espèces n'est pas
aussi marqué ; le nucléus enfin est blanc et un peu renflé
ou informe. — En définitive, il faudra placer cette forme,
que nous isolons, faute de savoir la caser autre part, entre
les trois espèces que nous venons de nommer, toutefois
en la rapprochant le plus de Y Hélix Buchii.
« Pendant les longs jeûnes de l'Église grecque, au
printemps, il est fait à Janina une grande consommation
de Y Hélix Schlaflii, qu'on apporte en masse des villages
du voisinage. » (Mousson.)
[La suite prochainement.)
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
22. Xyletinus longipennis, alatus, elongatus, testaceus, pube
tenui indutus ; capite magno, rotundato ; oculis globosis brun-
neis; thorace supra subquadrato, lateribus rcctis, infra angulose
producto; scutello rotundato, minuto; elytris thfbrace sesqui et
duplo longioribus, subordine rugulose atque obsolète punctatis,
margiualibus striis duabus punctatis. — L., 2 3/4; 1., 1 1/3 m.
(1) Le commencement de ce travail, qui a paru dans le numéro de
juillet 1859, p. 298, contenait la description de 11 espèces; la seconde
partie, parue eu septembre suivant, p. 380, en contenait 10, ce qui
fait un total de 21 descriptions. Aujourd'hui nous continuons la série
en partant de la 22e espèce, et, lorsqu'une centurie sera complétée,
nous en donnerons la liste avec renvoi aux numéros d'ordre.
A la p. 387, u° 19 (u° 8 , le point de doute qui suit le nom de Cœ-
liodes Glaucii ne s'applique pas à l'espèce, mais bien au genre. —
P. 388, u° 20 (n° 9), il faut ajouter que cetle espèce (Cionus phyl-
lireœ) devra être réunie au nouveau genre Slereonychus de Suffriao.
76 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
Forme allongée d'un Anobium ; testacé, densément et
brièvement pubescent. Tête large, convexe , un peu lui-
sante. Corselet vu en dessus, en carré transverse, droit sur
les côtés, vu de face, arrondi circulairement, avancé sur
le milieu ; bords antérieur et postérieur réunis en dessous
et formant un angle aigu ; base droite , arquée à l'extré-
mité sur le dehors de l'épaule. Ecusson petit, semi-arrondi.
Elytres de la largeur du corselet, parallèles, près de trois
fois aussi longues, arrondies à l'extrémité , régulièrement
convexes, finement ruguleuses , à ponctuation obsolète
presque disposée en séries, avec quelques côtes longitu-
dinales, 2 stries marginales ponctuées, l'interne limitée
avant le sommet sur un pli arqué en dedans. Pattes et
dessous du corps de la couleur générale.
Cette espèce a été rencontrée, pendant les mois de sep-
tembre et d'octobre, aux environs d'Alger, par M. J. Pou-
pillier , sur des fleurs d'artichauts sauvages, en compagnie
des Tillus transversalis et Larinus Scolymi. Elle paraît voi-
sine et se rapprocher du X. cylindricus, Germ., mais elle
est de moitié plus petite, et son corselet offre à la place
ordinaire de l'angle antérieur un petit repli subrectangu-
laire relevé et un peu tourné en dehors.
23. Xyletinus sulcicollis, affîois Xy. serricorne, f., sed plus duplo
major, ovatus, fuscus, pubebrevissimacinereaindutus; capite valde
convexo; oculis pallide bruoueis; thorace subtriaogulan postice
convexo, autice declivo, sulco marginali traosverso ; scutdlo ro-
tundato; elytris obsolète lineatis et costatis, infra humerum an-
gulose productis, callo humerali nitido ; pedibus pallidis. —
L., 3 3/4j 1., 1 2/3 m.
Cet insecte a tout à fait la forme d'un Catorama et ren-
trera peut-être dans ce genre. Très-court, convexe et ova-
laire, d'un brun clair, entièrement revêtu d'une courte
pubescence cendrée. Tête large, très-convexe. Yeux d'un
brun pâle. Corselet subtriangulaire, abaissé au devant,
très-convexe en arrière, à bords antérieur et postérieur
réunis en dessous sur le côté en angle obtus; le premier
est évasé cylindriquement et étroitement rebordé , le
TRAVAUX inkihts. 77
deuxième très-arqué à l'extrémité sur le dehors de l'épaule;
une impression latérale et transverse s'étend jusque vers
le milieu. Ecusson petit, arrondi. Elytres en ovale court,
de la largeur du corselet à la base seule, près de 3 fois
aussi longues, subparallèles vues en dessus, avancées en
angle prolongé en marge au-dessous de l'épaule, offrant
de faibles lignes à peine distinctes et 3 ou 4 côtes longi-
tudinales et obsolètes. Calus humerai bombé et lisse. Ab-
domen cendré. Pattes d'un jaunâtre pâle.
Cet insecte, très-voisin du X. serricornis, F., est de 2 à
3 fois plus grand; il s'en distingue par l'impression trans-
verse du corselet, les petites lignes des élytres, etc. Il m'a
été envoyé par M. Poupillier comme trouvé par lui aux
environs d'Alger.
24. Salpingus nitidus, alatus, œneo-obscurus, nitidus, affinis &\
atro, Pak., sed regulariter acupunctus et striatus; antenuis, clava
excepta, pedibusque rufis. — L., 2-3 ; I., 0 3/4, 0 1/2 m.
D'un bronze obscur brillant, couvert d'une ponctuation
moyenne, assez serrée, profonde et régulière. Tête large,
convexe, marquée, en avant, de deux fossettes séparées
par une petite côte lisse. Rostre court, large, tronqué. An-
tennes ferrugineuses, à massue un peu obscure. Yeux la-
téraux, arrondis, noirs. Corselet subconique, élargi et
déprimé transversalement en avant, arrondi sur les côtés,
tronqué aux extrémités. Ecusson ponctiforme. Elytres
planes, 2 fois aussi larges que le corselet à la base, près
de 3 fois aussi longues, élargies et régulièrement arrondies
au sommet, transversalement élevées, puis déprimées vers
la base, couvertes de 7 à 8 stries nettement ponctuées.
Pattes ferrugineuses.
Je possède 2 exemplaires de cette espèce; l'un acheté
chez M. Paruzdahky, et l'autre m'a été envoyé par
M. J. Poupillier, qui l'a pris au vol , vers les 4 à 5 heures
du soir, aux environs d'Alger, dans le courant de sep-
tembre dernier.
2"). Prncas Lethievryi, niger,cinereo-pilosus, creberrime punctatus;
78 rev. et mag. de zoologie. [Février 1860.)
antennis pedibusque rufis et pilosis ; thorace trausverse quadrato,
piano ; elytris trausverse graaulosis, sulcato-striatis. L., 7 1/2;
1..3 m.
Cette espèce ressemble un peu au P. Saulcyi, Reich.,
mais elle est plus petite, et sa villosité est plus longue, et
d'un cendré uniforme, noir pour le fond et couvert d'une
ponctuation très-serrée et granuleuse. Tête convexe-ar-
rondie. Rostre presque aussi long que le corselet, aplani,
d'égale largeur, un peu renflé et arqué vers le sommet.
Mandibules avancées, planes, de la largeur du rostre et
simulant un petit bec. Antennes ferrugineuses. Yeux ar-
rondis, noirs. Corselet en carré un peu transverse, plan,
droit en avant, cintré sur le dehors de la base. Elytres
plus larges que le corselet, 2 fois 1/2 aussi longues , sub-
parallèles, arrondies conjointement en se rétrécissant in-
sensiblement vers le sommet, à stries sillonnées, assez
larges et profondes; interstices assez convexes, couverts
d'une ponctuation coriacée, disposée transversalement, et
d'une pubescence grise. Pattes ferrugineuses poilues.
Des environs de Biskra ; reçue de M. Lethierry, auquel je
la dédie et qui a enrichi ma collection d'espèces intéres-
santes d'Algérie.
26. Cathormiocerus muricalus, oblongo-ovatus , squamosus et
setosus; thorace cinereo-trilineato, punctis seabris; elytris pla-
niusculis, ovalibus, cinereo-variegatis, striatis; iaterstitiis seriatim
hispido-setosis. — L., 4; 1., 2 1/4 m.
D'un brun noirâtre. Tête et rostre d'un gris obscur avec
le sommet noir et lisse ; front déprimé, couvert de quel-
ques poils roides et noirs. Rostre plus court, aplani, di-
laté, rebordé sur les côtés, échancré triangulairement en
avant. Antennes à scapus grand, épais, arqué; 1er et 2e Ar-
ticles coniques, 3e à 7e moniliformes ; massue petite, ova-
laire, triarticulée, brune. Yeux enfoncés, arrondis, noirs.
Corselet un peu plus long que large, régulièrement ar-
rondi sur le côté et convexe en dessus, droit aux extrémi-
tés, couvert de points scabreux et comme tuberculeux,
orné de trois lignes d'un gris obscur, celle médiane étroite,
TRAVAUX INÉDITS. 79
les latérales du double plus larges. Place scutellaire noi-
râtre. Elytres subaplanies, régulièrement ovalaires, d'un
brun noirâtre, parsemées de petites taches d'un gris
obscur, à stries étroites et légères; interstices garnis de
soies pilifères disposées en séries. Cuisses assez robustes.
Jambes un peu arquées, élargies sur l'extrémité. Tarses
petits, 3e article transversalement bilobé. Crochets minces
Des environs de Bone. Reçu de M. Lucien Lethierry.
27. Peritelus sinuatus, cretaceo-argenteus, anguste oblongus ; fo-
veola frontali tenui, clava antennaruni fusca ; oculis nigris; tho-
race vix longiore latitudine, antice recto, postice arcuato, vage
punctato , punctis rimosis ; elytris in margine versus abdomen
valde sinuosis, punctato-striatis. — L., 5 1/2, 6; 1., 2 1/2 m.
Cet insecte ressemble au P. necessarius, Sch., mais il
est plus petit, étroitement ovalaire et d'une couleur cré-
tacée légèrement brillante, argentée et tant soit peu ver-
dâtre. Tête et rostre, dans leur ensemble, de la longueur
du corselet et subconiques. Front marqué d'une légère
fossette allongée et étroite. Antennes à scapus épais, arqué,
atteignant le quart antérieur du corselet, couvert d'écaillés
vertes, allongées et poilues; funicule de moyenne et égale
grosseur, à 1er et 2e articles longs, 3e moitié plus court
que les précédents, les 4 suivants moniliformes ; massue
étroite, ovalaire, brune. Yeux petits, oblongs, noirs, pré-
sentant un sillon transversal et arqué en avant. Corselet
un peu plus large que la tête, à peine plus long que large,
droit en avant, légèrement cintré en dehors sur la base,
offrant une ponctuation moyenne, peu serrée et comme
crevassée. Ecusson très-petit. Elytres étroitement oblon-
gues, présentant chacune 8 stries ponctuées (les points,
bien que petits et régulièrement impressionnés, débor-
dant un tant soit peu ces stries) ; leur bordure, à la hau-
teur des hanches postérieures, est fortement sinueuse;
suture béante à l'extrémité chez le mâle , conjointement
arrondie chez la femelle. Abdomen présentant sur le
Ier segment une ligne déprimée et arquée. Cuisses assez
80 rrv. et mag. de zoologie. {Février 1860.)
fortement renflées vers le sommet. Jambes élargies, ar-
quées et crochues à l'extrémité. Tarses assez dilatés,
3° article longuement bilobé. Crochets petits.
Des environs d'Oran. Reçu de M. Prophette.
28. Oliorhynchus inlersetosus Ot. affabro S. similis, griseus, pla-
Diusculus, antennis crassiusculis, tarsisque piceis ; capite rostro-
que conjunctim subconicis, fovea frontali ; thorace planiusculo,
modice convexo, lateribus rotundato, minute granuloso ; elytris
elongato-ovatis, plauiusculis, punctato-striatis; interstitiis seriatim
albido-setosis ; femoribus simplicibus. — L., 4 1/3; 1., 1 2/3 m.
Voisin de YOt. ajfaber, S. gris. Tête ruguleuse, allant
en s'amincissant coniquement sur l'extrémité du rostre,
déprimée et marquée d'une petite fossette sur le front.
Trompe courte, sillonnée au milieu, subcoriacée de chaque
côté. Antennes d'un brun ferrugineux, brièvement poi-
lues, à scapus arqué, atteignant le tiers antérieur du cor-
selet, 1er et 2e articles du scrobe allongés, suivants monili-
formes; massue ovalaire acuminée, composée de 3 articles.
Yeux petits, enfoncés,"arrondis. Corselet allongé, arrondi
sur les côtés, coupé droit aux extrémités, subdéprimé,
bien qu'un peu convexe, couvert de petits tubercules et
d'un poil noir assez dense. Elytres en ovale allongé, dé-
primées en dessus, conjointement échancrées sur le milieu
de la base et régulièrement arrondies à l'extrémité, or-
nées, chacune, de 9 stries ponctuées et sillonnées; inters-
tices présentant chacun une série de soies blanches, plus
évidentes vers l'extrémité et sur les côtés. Cuisses modé-
rément renflées, simples. Jambes droites, toutes d'un blanc
saie grisâtre. Tarses légèrement ferrugineux.
Cet insecte a été rencontré aux environs d'Alger, dans
les mois de septembre et octobre, par M. J. Poupillier de
qui je l'ai reçu.
29. Larinus basalis, alatus, elongatus, pube lutea, dense indutus;
rostro, thorace in lateribus, elytrisque (obsolète punctato-striatis,
in apice declivis) ad basin maculis quatuor flavis, primo tricari-
nato, secundo cariua longitudinali postice abbreviata ; abdomiue
(punctis nigris) pedibusque cinereis. — L., 12; 1., 5 m.
TRAVAUX INÉDITS. 81
Cet insecte a la forme allongée du Lixus pollinosus, Gr.,
et paraît ressembler au Larinus inquinatus d'Olivier, qui
est originaire de Barbarie. Couvert d'une indumentation
d'un gris-jaunâtre un peu ocracé. Rostre subconique,
presque aussi long que le corselet, tricaréné en dessus,
d'un jaune-blanc, avec l'extrémité et le front gris foncé.
Antennes à articles serrés; massue grande, épaisse et cen-
drée. Yeux étroits, oblongs, noirs. Corselet resserré sur
le tiers antérieur, arrondi ensuite sur les côtés ; ceux-ci
offrent une bande jaune arquée en avant. Carène longitu-
dinale partant du bord antérieur aux 2/3 de la longueur,
et vers sa limite se voient quelques gros points légère-
ment réticulés. La place del'écusson est enfoncée. Elytres
étroites, déclives sur le 5e postérieur, évasées anguleuse-
ment sur le sommet de la suture, à stries distinctement
ponctuées ; la base présente, de chaque côté, deux taches
jaunes, et celle externe est 3 fois plus grande que l'interne.
Pattes cendrées; abdomen de même couleur, parsemé de
points noirs épais.
Cette espèce m'a été offerte par le capitaine Gaubil,
qui l'a rencontrée aux environs de Constantine.
30. Larinus subrolundatus, crassus, minute et dense granulosus,
cinereoobscurus, rostro obscuriori quinque carinato ; elytris sub-
rotundatis simpliciter striatis. — L., 18; 1., 9 m.
Cet insecte ressemble aux L. Onopordi pour la forme
et au Scolymi par sa couleur presque uniforme ; très-fine-
ment granuleux, d'un gris obscur. Rostre à peu près de la
longueur du corselet, aplati, légèrement arqué, muni de
5 carènes longitudinales. Corselet biarqué sur la base,
ayant son milieu arrondi et avancé, déprimé en dessus
du lobe, transversalement comprimé sur le 5e antérieur ;
avancé, arrondi au delà sur le côté, mais oblique jusque
sur l'angle postérieur, qui est assez prononcé sans être
avancé- Elytres régulièrement convexes, à stries simples,
peu profondes. Corps, en dessous, d'un gris plus obscur
qu'en dessus ; côtés de l'abdomen jaunâtres. Les quatre
2e série, t. xii. Année 1800. 6
8*2 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
cuisses postérieures sont bordées, en arrière, d'une villo-
site assez dense et allongée.
Des environs de Batna ; reçu de M. Lucien Lethierry.
Sur un nouveau genre et une nouvelle espèce d'Oiseau
de l'Afrique occidentale, par D. S. Hartlaub.
Cassin-a, n. g. Uostrum breviusculum, subtriquetrum, basi dila-
tatodepressum, deotatum, apice maxillœ parum deflexo, culmine
distincte cariuato, vibrissis nonnullis breviusculis, debilibus, na-
ribus apertis.
Alœ médiocres, caudaj basin superantes, dimidium vero non at-
tingentcs; rémige prima spuria, tertia et quinta sub;equalibus
quarta parum brevioribus.
Cauda longiuscula, subrotundata.
Pedes débiles. Tarsus subbrevis. Digiti médiocres, graciles, un-
guibus parvis, debilibus, internusexterno brevior.
C rubicunda, Hartl. Supra brunneo-rufescens, capite magis in-
fuscato ; tergo, uropygio et supra caudalibus, laetissime rufis ; subtus
dilutior, intense vulpino-rufa, gula nonnihil albido-variegata ; re-
migibus fuscis, pogouio externo dimidii basalis margine rufescen-
tibus, omnibus, excepta 1-2, macula magna pallide fulva versus ba-
sin pogonii interni notatis ; tectricibus alarum dorso concoloribus ;
subalaribus fulvo-variis; rectricibus quatuor inediis nigro-fuscis ,
scapis nigris, reliquis dilute rufis, scapis rufis; subcaudalibus ru-
fis; rostro nigricante, pedibus pallidis. Fœm., parum minor, colo-
ribus non diversa.
Long, tôt., 7"; — rost. a fr., 5'"; — rost. a rict., 8'"; — al., 3" 8"';
— caud. a bas., 3" 4'"; — tars., 8'"; — dig. med., 8'" 1/3.
Habitat, les fleuves Musis et Camma, l'intérieur du
Gabon.
Cette curieuse espèce est une des nombreuses découvertes
de l'intrépide voyageur Pierre Beloni du Chailla. Elle
ressemble un peu, sous le rapport des couleurs, au genre
brésilien Hirundinea, et doit trouver sa place, dans la
série ornithologique, près du genre Megabias. Je dédie ce
genre intéressant à M. Jean Cassin, l'ornithologiste le plus
distingué de l'Amérique du Nord.
SOCIÉTÉS SAVANTKS. 83
II. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie des sciences de Paris
Séance du 23 janvier 1860. — MM. Lorry et Pillet
adressent une note ayant pour titre : Sur lu présence des
Nummulites dans certains grès de la Maurienne et des
Hautes-Alpes. Ce travail est renvoyé à une commission.
M . Gagnât adresse des Réflexions sur les Vers à soie et
M. Malhol une note intitulée : Examen de quelques faits
relatifs aux Vers à soie et à la gattine. Ces travaux sont
renvoyés à la commission des Vers à soie.
Séance du 30 janvier 1860. — Elle est entièrement con-
sacrée à la distribution des prix.
Séance du 6 février 1860. — M. Duméril donne quelques
explications sur le retard apporté à la publication de son
Entomologie analytique.
M. Pasteur lit un travail intitulé : Expériences relatives
aux générations spontanées.
M. Kaufmann adresse une note. Sur un procédé qui
permet de distinguer la bonne de la mauvaise graine de Vers
à soie.
« Les recherches que j'ai faites-, écrit-il à M. le secré-
taire perpétuel , sur les moyens de reconnaître la bonne
et la mauvaise graine de Vers à soie du mûrier, m'ont
démontré, à l'évidence, que, en soumettant la graine à l'é-
bullition dans l'eau, la première prend une teinte parti-
culière que la mauvaise graine ne présente pas.
« Cette teinte est le lilas foncé; les autres teintes que
l'on observe, après avoir fait bouillir une certaine quantité
de graines mélangées, appartiennent à des graines mau-
vaises. »
Nous avons eu l'honneur de voir M. Kaufmann le
3 mars, et il a bien voulu faire ses expériences en notre
présence. Nous lui avons fait quelques objections et posé
quelques questions, pour savoir ce qu'il entendait par ces
84 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
mots : graines mauvaises; s'il voulait simplement dire que
ces graines étaient mortes, ou si, étant vivantes, elles don-
neraient des Vers qui mourraient de la gattine.
Pour juger une telle question, la vue de l' expérience
de M. Kaufmann ne suffit pas à un tiers. Des expériences
très- délicates sont nécessaires sous le double point de vue
scientifique et pratique, et de telles expériences ne peu-
vent être faites efficacement que dans un laboratoire séri-
cicole bien organisé et qui n'existe nulle part en France.
Séance du 13 février 1860. — M. Ch. Robin présente un
Mémoire sur la constitution et le développement des gouttières
dans lesquelles naissent les dents des Mammifères.
Ce travail est renvoyé à l'examen d'une commission.
M. Eudes-Deslongchamps adresse un opuscule sur le
Serresius galeatus, Bonap., et sur le squelette de cet Oiseau;
Et un Mémoire sur les Brachiopodes du Kelloway-rock ou
zone ferrugineuse du terrain callovien et une note sur ce
terrain.
M. Kuchenmeister écrit de Dresde, le 1er février, que,
le 20 janvier, il a découvert le cysticerque du Ténia me-
diocanellata. Ce cysticerque habite le tissu cellulaire du
Porc, au milieu des Qyst. cellulosa. M. Kuchenmeister a
fait avaler, au mois de novembre 1859 , des embryons de
Ténia mediocanellata à un Porc qui sera tué vers la fin de
février. Il informera l'Académie des résultats de cette ex-
périence.
Séance du 20 février 1860. — M. Kolenati , de Vienne,
adresse, avec trois opuscules qu'il a publiés sur divers
points d'Entomologie, une collection des espèces types
accompagnée d'un catalogue méthodique. Ces objets sont
renvoyés à l'examen de M. Milne-Edwards.
Séance du 27 février 1860. — M. Magitot présente un
Mémoire sur la genèse et la morphologie du follicule den-
taire chez l'Homme et les Mammifères.
M. Owsjannikow adresse des Recherches sur le système
nerveux.
ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 85
M. le Ministre de l'instruction publique transmet un
exemplaire de la Monographie des Brachiopodes fossiles du
terrain crétacé supérieur du duché de Limbourg , par
M. Bosquet.
M. le maréchal Vaillant transmet un opuscule de
M.Berti sur les Insectes qui perforent les conduits enplomb.
MM. Desormeaux et Gervais adressent un travail Sur
un fœtus humain monstrueux devant for mer un genre à part
sous le nom de pseudocéphale.
M. Tigri adresse une note Sur les globules caducs de
l'humeur du thymust du mucus et de la lymphe.
III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Monographie des Picidés ou histoire naturelle générale
et particulière , comprenant : dans la première partie ,
l'origine mythologique, les mœurs, les migrations, l'a-
natomie, la physiologie, la répartition géographique,
les divers systèmes de classification de ces Oiseaux
grimpeurs zygodactyles, ainsi qu'un dictionnaire al-
phabétique des auteurs et des ouvrages cités par abré-
viation ; dans la deuxième partie, la synonymie, la
description en latin et en français, l'histoire de chaque
espèce, ainsi qu'un dictionnaire alphabétique et syno-
nymique latin de toutes les espèces. — Par Alfred Mal-
herre, conseiller à la cour impériale de Metz, membre
de diverses académies et sociétés savantes, etc., etc. —
Grand in-folio, avec planches coloriées. lre livraison.
Metz, 1859. — Paris, Klincksieck.
On ne peut rien voir de plus beau que l'ouvrage de
M. Malherbe, et l'on peut dire hardiment qu'il dépasse,
comme perfection dans son exécution, tout ce qui a été
fait de mieux jusqu'à présent en France et à l'étranger.
Si les planches sont magnifiques, et surtout d'une exac-
titude et d'une vérité de formes et de coloration des Oi-
seaux, qu'on ne trouve pas souvent dans les plus luxueux
ouvrages de nos voisins, le texte n'a pas moins de mérite,
86 rev. kt mag. de zoologie. (Février 1S()0.)
car il est écrit avec un ordre et une méthode admirables,
et avec ce profond savoir que M. Malherbe avait déjà
montré, depuis longtemps, dans plusieurs publications
par lesquelles il a préludé à celle-ci, savoir qui était si
bien apprécié par l'illustre prince Charles Bonaparte, qui
honorait M. Malherbe de toute son estime.
Dans la seconde partie de la Monographie des Picidés,
dont la première livraison est sous nos yeux, on trouvera
la description exacte de toutes les espèces classées suivant
une méthode propre à l'auteur. Chaque genre contiendra
l'indication complète des caractères sur lesquels il est
basé, et la synonymie avec les autres méthodes. L'article
concernant chaque espèce contient une description en
latin, précédée de la synonymie classée par ordre chro-
nologique, avec l'indication, pour chaque citation, de la
date de publication, méthode consciencieuse que nous
nous glorifions d'avoir inaugurée, le premier, dans notre
Species et Iconographie générique des animaux articulés , dès
1843. La discussion des textes avec le résultat des re-
cherches bibliographiques destinées à corriger les erreurs
commises par les auteurs, au sujet de chaque espèce, n'est
pas la partie la moins importante de cette monographie.
Vient ensuite l'histoire des mœurs de ces Oiseaux, puis
une description étendue des formes et des couleurs de
chaque sexe et des divers états de l'Oiseau aux principales
époques de sa vie, et jusqu'à l'indication des collections
dans lesquelles il se trouve.
La première livraison, composée de la préface, feuille a,
des feuilles 1 à 6, avec les planches I à IV, contient l'his-
toire des espèces du genre Mégapic, et la figure des Me-
gapicus imperialis, magellanicus, Boiei, robustus et albi-
rostris.
La Monographie des Picidés, tirée seulement à 80 exem-
plaires, formera deux volumes de texte et deux atlas,
composés de 15 planches coloriées, comprenant de 6 à
700 figures. Elle sera publiée en 25 livraisons de 5 plan-
ANALYSES d' OUVRAIS NOUVEAUX. 87
ches et de (> ou 7 feuilles d'impression , au prix de 18 fin
la livraison.
Il est fâcheux qu'un ouvrage aussi bien fait et aussi
utile à l'avancement de l'ornithologie prenne, par le petit
nombre d'exemplaires tirés, le caractère d'un livre de
grand luxe, qui ne pourra figurer que dans un très-petit
nombre de bibliothèques privilégiées. Espérons que l'au-
teur, avec ce zèle qui l'a toujours distingué, voudra bien
en faire une édition économique in-8°, avec des planches
réduites, pour que tous les amis de l'ornithologie puissent
profiter d'un ouvrage qui sera regardé par eux comme
un vrai modèle dans son genre.
Nous rendrons compte des livraisons qui se succéde-
ront, dès qu'elles nous seront parvenues. (G. M.)
Richesses ornithologiques du midi de la France , ou
description méthodique de tous les Oiseaux observés
en Provence et dans les départements circonvoisins :
par MM. J. B. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye.
Gr. in-4°, pi. col., 2e et 3e fascicules, 1859-1860.
Nous avons annoncé ce bel ouvrage dans cette Revue
(1859, p. 370), et nous avons fait connaître le plan adopté
par ses savants auteurs, et la perfection consciencieuse
avec laquelle ils le suivent. Aujourd'hui nous recevons les
2e et 3e livraisons, accompagnées de belles planches. Dans
ces livraisons, les auteurs s'occupent des sous-ordres des
Rapaces nocturnes et de l'ordre des Passereaux. Les
groupes sont nettement caractérisés, les espèces très-bien
décrites ; mais ce qui donnera à cet ouvrage un cachet
d'intérêt plus général , c'est le soin et le talent avec les-
quels ses auteurs ont fait connaître les curieuses particu-
larités des mœurs des Oiseaux dont ils s'occupent. Nous
ne pouvons résister au plaisir de citer un des plus curieux
passages relatif à J'Étourneau.
« Leur nourriture se compose principalement d'in-
88 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
sectes, de Limaçons, de fruits et de graines. Dans les lo-
calités où les olives se cueillent tard, ils en font une énorme
consommation. Dans les environs de Saragosse, en Es-
pagne , où les Étourneaux sont très-nombreux en hiver,
on a quelquefois la plus grande peine à sauvegarder cette
récolte. Un petit pays dont le nom m'échappe en ce mo-
ment en tire, par exemple, un singulier profit : traqués
de tous les côtés par les cultivateurs dont ils font le dé-
sespoir, ces Oiseaux ont pris l'habitude de s'emparer fur-
tivement du bien qu'on leur dispute : c'est au point du
jour et jusqu'au lever du soleil qu'ils descendent par nuées
dans les champs d'oliviers, s'emparent en toute hâte de
quelques fruits, ordinairement deux ou trois, un dans
chaque patte et l'autre au bec, et s'envolent vers une barre
de rochers rangés en esplanade, qui domine la ville ;
c'est là qu'ils les déposent précipitamment pour s'en re-
tourner faire au moins deux ou trois voyages. Le fait est
tellement connu, que l'administration municipale met an-
nuellement aux enchères l'exploitation de ces rochers,
dont le prix varie suivant que la récolte, d'après le nombre
des Étourneaux, paraît devoir être plus ou moins bonne ;
c'est à celui à qui reste l'adjudication qu'appartient la
cueillette. Chaque jour, un homme est mis en observation
pour suivre les manœuvres des Oiseaux ; aussitôt qu'il
s'aperçoit que ceux-ci , après quelques voyages , s'apprê-
tent à commencer le festin, un signal est donné C'est
ordinairement un coup de feu destiné à mettre subite-
ment en fuite toute la troupe On monte alors avec des
corbeilles que l'on remplit en quelques minutes. »
Au sujet des mœurs du Corbeau, MM. Jaubert etBarthé-
lemy racontent un des faits les plus singuliers que l'on
puisse imaginer; fait dont nous avons tous été témoins,
disent-ils, et qui dénote chez cet Oiseau un très-haut degré
de ruse, que beaucoup appelleraient de l'intelligence.
Un de ces animaux, vivant en domesticité, fut un jour en-
fermé dans une cage pour certains méfaits (il avait mangé
ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 89
de jeunes poulets) commis dans la basse-cour. Quelques
jours après, ayant remarqué qu'une diminution quoti-
dienne continuait à se faire dans le nombre des petits
poulets, on en chercha la cause, et le coupable fut bientôt
trouvé. On le surprit à l'affût. Il avait préalablement pra-
tiqué, au bas de sa cage et contre le sol, un trou où sa
tête pouvait facilement s'engager. C'est là, qu'après avoir
armé d'un morceau de viande son énorme bec, dont il
ne laissait sortir qu'un tout petit bout, il attendait pa-
tiemment que les petits poulets l'eussent aperçu. Sa peine
était rarement perdue, car il ne se passait pas de jour
qu'elle ne lui procurât, à peu de frais , le régal convoité.
Mais la mèche une fois éventée, le drôle dut y renoncer.
I! était cependant facile de voir que toute son attention
restait portée de ce côté, et qu'il imaginerait bien , un
jour ou l'autre, quelque moyen de prendre une revanche.
Ces échantillons montrent suffisamment l'intérêt qui
s'attache à ce livre. On voit qu'en conservant un caractère
très -scientifique il est cependant susceptible d'être lu
avec plaisir par les personnes qui cherchent à connaître
les faits si curieux de la vie et des mœurs des Oiseaux. On
y trouve aussi des considérations remarquables sur le rôle
que les Oiseaux jouent dans notre agriculture, et nous
avons vu avec plaisir, au chapitre qui traite des Moineaux,
que ses auteurs partagent nos idées sur l'utilité de cet
Oiseau, que nous avons soutenue dans cette Revue, 1854,
p. 700.
Les planches, lithographiéeset coloriées avec un grand
soin, sont en tous points dignes du beau livre qu'elles ac-
compagnent; elles représentent des espèces rares qui
n'ont pas encore été figurées ou qui l'ont été jusqu'à pré-
sent très-imparfaitement. (G. M.)
Mollusques nouveaux décrits par M. Isaac Lea, membre
de l'Académie des sciences naturelles de Philadelphie.
90 rev. et mag. de zooi.ogie. (Février 1860.)
— (In-8. Extrait des Proceedings de cette Académie,
1859.)
Nous recevons à l'instant ce fascicule, qui est la réunion
de onze communications faites par l'auteur et portant
onze titres sur la couverture. L'indication de ces titres suf-
fira pour appeler l'attention des malacologistes sur ces
travaux du savant américain.
1. Description de 27 nouvelles espèces d'Unio de Géor-
gie.
2. Remarques sur les Unionidae du territoire de Ne-
braska.
3. Description de nouvelles espèces d'Hélix et Pla-
norbes.
4. Description de 8 espèces d'Unio du Tennessee, etc.
5. Remarques sur les fossiles du terrain parmien.
6. Remarques sur une énorme production des Unio-
nidae.
7. Description de 4 nouveaux Mollusques d'eau douce
du détroit de Darien et de Honduras.
8. Remarques sur quelques Unionides.
9. Description de 7 espèces de Margaritana et de 4 Ano-
donta.
10. Description de 12 nouvelles espèces d'Uniones des
États-Unis.
11. Remarques sur le Green Sand, formation du New-
Jersey.
Essai monographique sur la famille des Throscides, par
M. H. de Ronvouloir, membre des Sociétés entomo-
logiques de France et de Rerlin. — In-8, avec 5 pi.
coloriées. Paris, Deyrolle. 1859.
Ce petit travail, qui est le premier essai de M. de Ron-
vouloir, peut, à juste titre, être regardé comme un tra-
vail de maître. C'est une étude complète d'un groupe très-
difficile à étudier, et le meilleur éloge qu'on puisse en faire,
c'est de désirer que beaucoup d'entomologistes imitent
ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 91
l'autour et suivent l'excellente méthode qu'il a adoptée pour
fixer la synonymie des genres et des espèces, et pour les
caractériser d'une manière précise.
Insectes et Mollusques ennemis de la vigne dans le dépar-
tement de la Gironde, etc., par M. Aug. Peitt-Lafitte,
professeur d'agriculture, etc. — ln-8, fig. Bordeaux,
1856.
Nous ne faisons que signaler ce mémoire intéressant,
parce qu'il date déjà de plusieurs années et qu'il doit être
bien connu des agriculteurs et des entomologistes. M. Pe-
tit-Lafitte, en le rédigeant, a fait preuve de connaissances
étendues et solides sur son sujet, et il a rendu un véritable
service à la viticulture.
Nouveau guide de l'amateur d'Insectes, comprenant des
généralités sur leur division en ordres, l'indication des
ustensiles et les meilleurs procédés pour leur faire la
chasse : les époques et les conditions les plus favorables
à cette chasse, la manière de les préparer et de les con-
server en collections; par plusieurs membres de la So-
ciété entomologique de France.
I vol. in-12, Paris, 1859. Chez Deyrolle, rue de la Mon-
naie, 19.
Ce petit, mais très-utile traité en est à sa seconde édi-
tion, et tient complètement tout ce que son titre promet.
Du reste, il n'en pouvait être autrement quand on voit
que ses diverses parties ont été rédigées par plusieurs de
nos entomologistes les plus distingués, tels que MM. L.
Fairmaire, Signoret, de Sélys-Longchamps, de Barneville,
Sichel, Bellier de la Chavignerie, Stainton, Fologne, Bi-
got, etc.
II est certain que ce manuel rendra un vrai service à
l'entomologie en dirigeant mieux les études sur cette utile
branche de la zoologie, et qu'il doit être mis entre les
mains de tous les amis de cette branche de la science.
92 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
Gênera des Coléoptères d'Europe , comprenant leur
classification en familles naturelles, etc., etc., par
M. Jacquelin du Val, et M. J. Migneaux pour les fig.
— Grand in-8, fig. Paris, Deyrolle, 1859.
Cet ouvrage, dont nous avons déjà entretenu nos lec-
teurs à plusieurs reprises, se continue avec régularité. Le
fascicule que nous annonçons, le dernier paru jusqu'à ce
jour, contient les Colydiides, Pléganophorides, Rhyzo-
dides, Passandrides, Cucujides, Cryptophagides, Telma-
tophilides , Mycétophagides, Mycétéides , Murmidiides,
Corylophides, Sphériides, Lathridiides, Thorictides, Der-
mestides, Byrrhides, Géorissides, Parnides et Hétérocé-
rides.
L'Annuaire des Entomologistes pour 1860, par M. Stain-
ton. 1 vol. in-12. Londres, 1860.
Tous les ans nous avons le plaisir d'annoncer cette in-
téressante publication qui témoigne du zèle de son au-
teur , l'un des entomologistes les plus distingués de
l'Angleterre.
Dans ce volume, précédé d'une jolie planche, on trouve
d'abord la liste des entomologistes de l'Angleterre, qui
sont aujourd'hui au nombre de 1224; un synopsis des
Phryganides d'Angleterre, par M. Hagen; des observa-
tions sur les Hyménoptères, par M. Fr. Smith ; des notes
de M. Janson, sur des Coléoptères nouveaux pour l'An-
gleterre; de M. Schaum, sur la nomenclature des Cara-
biques établie dans le catalogue de M. Waterhouse ; et
des notes et observations du plus haut intérêt de l'auteur
lui-même, sur diverses questions relatives aux Lépidop-
tères.
Nous ne saurions trop féliciter M. Stainton du dévoue-
ment qu'il montre pour les progrès de l'entomologie de
son pays. (G. M.)
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 93
Des larves de Diptères développées dans les sinus
frontaux et les fosses nasales de l'homme, à Cayenne;
par le Dr Ch. Coquerel. — Extr. des Arch. gén. de
médecine, numéro de mai 1858.
M. Coquerel rapporte d'abord cinq cas de maladies
graves occasionnées par la présence, dans les sinus fron-
teaux, de nombreuses larves de Diptères, et il constate
que quatre ont été mortels. Il traite ensuite la question en
médecin et en naturaliste instruit, et, ayant obtenu l'In-
secte parfait qui dépose ainsi ses nombreux œufs à l'entrée
des fosses nasales des hommes endormis, il a reconnu
que c'est une espèce nouvelle de Mouche du genre Lu-
cilia, dont le type est la Mouche dorée de nos pays [Lu-
cilia Cœsar), et il la décrit sous le nom de Lucilia homini-
vora, en en donnant une bonne figure coloriée.
Dans le numéro de juin 1859 du même journal mé-
dical, M. Coquerel, en faisant connaître un nouveau cas
de mort produite par le développement de larves de la Lu-
cilia hominivora dans le pharynx , décrit avec soin la
larve de ce Diptère dangereux.
Essai d'une classification générale et synoptique de l'or-
dre des Insectes Diptères, par M. J. Bigot. — In-8.
Extr. des Ànn. de la Soc. eut. de France, 3e série, t. IV,
p. 569. 1858.
M. Bigot s'est placé à la tête des entomologistes qui
s'occupent spécialement de l'étude des Diptères, et ses
travaux en sont la preuve, malgré les critiques injustes
qui en ont été faites par quelques entomologistes alle-
mands : nous les signalons donc aux savants consciencieux
qui veulent sérieusement étudier ce groupe intéressant
d'Insectes.
Dans le t. VII , p. 115 du même recueil , on trouve un
autre mémoire du même savant dans lequel il donne
d'excellentes descriptions de Diptères de Madagascar.
94 rev. et mag. dr ZOOLOGIE. (Février 1860.)
Ajoutons que c'est à lui que nous devons la description
des Diptères de Cuba qui a paru dans le volume dont la
rédaction nous a été confiée par M. Ramon de la Sagra,
dans son grand ouvrage sur l'histoire politique et natu-
relle de l'île de Cuba. (G. M.)
IV MÉLANGES ET NOUVELLES.
Nous trouvons, dans les lettres si intéressantes que
nous adresse quelquefois le savant docteur Sacc, de Wes-
serling, le passage suivant que nous croyons devoir pu-
blier, espérant qu'il nous pardonnera cette petite indiscré-
tion au moyen de laquelle nous donnons aux ornithologistes
un fait oologique intéressant.
« Le travail du savant M. Moquin-Tandon m'intéresse
beaucoup, et l'observation qu'il y rapporte sur le grand
nombre d'œufs pondus par le Moineau femelle de ma-
dame Guérin-Méneville me rappelle que, étant enfant en-
core, j'avais résolu de découvrir combien un de ces
oiseaux pondrait d'œufs en une saison , si on les lui
enlevait à mesure qu'il les pondait. Dès que, dans un
nid placé sous le toit d'un poulailler , le 5e œuf fut
pondu, j'en enlevai quatre; puis, chaque jour, un, jus-
qu'au 35e, où, ayant effarouché la pondeuse, elle quitta
le nid pour n'y plus revenir. Voici donc la preuve que, à
l'état sauvage, un Moineau peut pondre, sans interruption,
35 œufs en autant de jours, si on les lui soustrait à me-
sure qu'il les dépose. C'est là le secret de l'énorme mul-
tiplication de ces Oiseaux qui rebâtissent leur nid dès
qu'on le leur a enlevé, en sorte que leurs couvées peuvent
se continuer pendant toute la bellesaison. Jecrois, du reste
aussi, que chaque paire fait plusieurs pontes par an; car,
parmi ceux qui se nourrissent dans ma basse-cour par
centaines, j'ai vu souvent, en été, des jeunes de plusieurs
âges, et cela de juin jusqu'en septembre. »
MÉLANGES ET NOUVELLES. 95
Le Père Montrousibr, missionnaire mariste français
à la Nouvelle-Calédonie, qui a étudié l'histoire natu-
relle de cette île et à qui l'on doit une publication in-
téressante sur l'entomologie de ces contrées, nous a en-
voyé la Note suivante sur l'existence d'une espèce de
Serpent qu'il y a observée. Le zélé missionnaire rapporte
cet Ophidien au genre Boa et le décrit ainsi :
Boa australis, mihi. (L., 0m,8 à 1 mètre. — L. de la
queue, 0m,l.) Brun. Dessous du corps jaune. Sur les côtés
quelques taches foncées qui s'étendent sur l'abdomen de
manière à former des demi-anneaux incomplets et irré-
guliers.
La tête, beaucoup plus large que le cou, est aplatie. Mâ-
choire supérieure avancée, coupée en biseau rentrant par
devant, ayant cette partie antérieure formée d'une seule
plaque et couverte d'écaillés à peu près semblables à celles
du corps, mais moins carénées. Elle offre, entre et un peu
avant les yeux, une dépression en fer à cheval, et, depuis
cette dépression jusqu'au bout du museau , elle a des
écailles un peu plus grandes, surtout vers le milieu et au-
tour de la mâchoire supérieure. Les écailles du corps sont
uni-carénées sur le limbe; les crochets voisins de l'anus
très sensibles, arqués, jaunes. Le corps est un peu com-
primé ; la queue assez courte, obtuse au bout.
Les naturels appellent ce Serpent Un ; ils n'en redoutent
pas la morsure et le mangent. Il vit dans les bois.
Les Ophidiens de l'Océanie sont si peu connus (si l'on
excepte ceux de l'Australie), que je pense qu'on sera bien
aise d'en avoir la description, quelque incomplète qu'elle
soit et quoique non accompagnée de figures.
En attendant la publication, avec une figure, du nou-
veau genre de Coléoptère longicorne auquel M. Chevrolat
donne le nom d'ApATOPHYSis, nous croyons devoir in-
sérer de suite la diagnose qui contient ses caractères es-
sentiels.
96 rev. et mag. de zoologie. (Février 1860.)
Ce nouveau genre est très-curieux en ce que le mâle
ressemble à un Toxotus et la femelle à un Prionien.
M. Chevrolat caractérise ainsi l'espèce.
Apatophysis toocotoides. — Mâle, tomenteux, gris, sem-
blable au Toxotus meridianus. Femelle, d'un brun de poix,
à élytres élargies en arrière , très-finement pointillées,
avec de faibles côtes longitudinales. — Habite le Sahara
algérien.
Exposition de zoologie, paléontologie, géologie et miné-
ralogie, à Montpellier, du 1er avril au 30 juin 1860. —
Commission présidée par M. E. Doumet.
Cette exposition viendra compléter le concours auquel
les huit départements de la région du Sud-Est se prépa-
rent, et l'administration, dans sa généreuse sollicitude
pour les intérêts scientifiques du Midi, a décidé que des
médailles d'or, d'argent et de bronze seraient décernées,
suivant le mérite, aux exposants dont les envois offriront
le plus d'intérêt.
TABLE DES MATIERES.
Page.^
0. des Murs. — Sur l'adénisation de M. le docteur Cornay. 49
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 53
A. Moquin-Tandon.— Considérations sur les œufs des Oiseaux. 57
Ch. F. Dubois. — Notes nido-oologiques. 62
J. R. Bourguignat. — Aménités malacologiques. 65
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 75
D. S. Hartlaub, — Nouvelle espèce d'Oiseau de l'Afrique
occidentale. 82
Académie des sciences . 83
Analyses. 85
Mélanges et nouvelles. 94
PARIS. — 1MP. DE *me Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — MARS 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Troisième article. (Voir p. 53.)
FAMILLE DES MURIDES.
Tribu des Hespéromyens, ou Rats du nouveau continent.
(Sigmodontes, Baird.)
Molaires f, diminuant de grandeur de la Ve à la 3%
munies de racines, à lames compliquées, offrant, avant d'être
usées, deux rangées longitudinales de tubercules (1).
Le Mexique nourrit, comme les parties plus septentrio-
nales de l'Amérique, de nombreuses espèces de Rats indi-
gènes. Celles de ces espèces que nous faisons connaître
ici rentrent toutes strictement dans les genres, tels que
Sp. Baird les a définis (2), qui servent à classer les Hes-
péromyens des États-Unis. Sous le rapport des petits Mam-
mifères, la Faune du Mexique offre, en général, une analo-
gie remarquable avec celle des États-Unis, tandis que par les
grands elle rappelle plutôt celle de l'Amérique méridionale.
G. Hesperomys, Waterh.
Les espèces que nous a fournies le Mexique rentrent
toutes dans le sous-genre Hesperomys proprement dit de
Baird (1. c, p. 458), qui est caractérisé par la longueur de
la queue, par des ongles peu propres à fouir, et par l'ab-
(i) Chez les Rats de l'ancien continent, on trouve trois rangées
longitudinales de tubercules.
(2) Explorations a Surveys for a railroad route from Missis-
sipi riv. to the Pacific oçean, etc., VIII, 445.
2* sérib. t. xu. Année 1860. 7
98 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mars 1860.)
sence de crête osseuse au bord supérieur des orbites. Le
tableau suivant facilitera la détermination de ces espèces.
I. Plante des pieds postérieurs nue; queue grêle, écail-
leuse, peu poilue, de la longueur de la tête et du corps,
ou plus courte; poil doux, mais long et hérissé, couleur
en dessus mélangée de brun et de jaunâtre; ventre blanc
ou plombé ; moustaches très-courtes. . . toltecus.
II. Plante des pieds garnie de poils jus-
qu'au dernier tubercule, queue grêle, écail-
leuse, peu poilue, ne se terminant pas par
un pinceau de longs poils.
1 . Queue plus longue que la tête et le corps,
ventre jaunâtre fulvescens.
2. Poil velouté, gris, avec un peu de roux
sur les côtés meœicanus.
3. Poil velouté, roux-orangé, avec le dos
brunâtre aztecus.
III. Queue assez grosse, plus longue que
le corps et la tête, terminée par un pinceau
de poils longs et abondants. Couleur ferru-
gineuse, ou brunâtre sur le dos ; poils du
ventre blancs jusqu'à la base Sumichrasti.
Chez les espèces septentrionales, on remarque la ten-
dance à prendre les pieds blancs, et souvent même les
pattes antérieures tout entières. Celles du Mexique offrent,
au contraire, la tendance à avoir la couleur brune du dos
prolongée sur la face externe des pattes antérieures et
même sur les pieds jusqu'à l'origine des doigts.
Ier Groupe. Plante des pieds postérieurs nue; queue nue,
peu poilue. Pelage long. Moustaches très-courtes. (Deile-
mys(l).)
H. toltecus, pi. ix, fig. 3a.— Subhispidus, pilis elongatis, fusco-ni-
grescentibus, apice flavesceatibus; corpus fuscum, flavo tessella-
tum ; pedes postici supra ejusdem coloris ; venter et corpus subtus
(1) Aê/XM, nç, crépuscule ; — fj.vç, Rat.
TRAVAUX INÉDITS. 99
albicantia ; auriculae parvae , cxtus subnudaj, intus valde pilosœ ;
cauda bicolor, par corpori longitudiae; myataces brevissimi.
Cette espèce est plus grande que Y H. mexicanus, mais
sensiblement plus petite que le Rat noir (Mus rattus).
Elle offre exactement les mêmes caractères que YH.
mexicanus pour la conformation des pieds et pour la ma-
nière dont le museau est garni de poils. Mais les oreilles
sont plus petites, non-seulement à proportion, mais même
absolument parlant; elles sont beaucoup plus cachées
dans le poil, où elles disparaissent en grande partie. Les
incisives sont aussi beaucoup plus fortes et plus larges
que chez l'espèce citée. Tout le corps, y compris la tête,
est couvert de longs poils qui lui donnent un air hérissé
(hispidus). Cependant la fourrure n'est pas rude au tou-
cher, mais la longueur exceptionnelle des poils fait qu'ils
ne sont pas très-bien couchés, et leurs pointes un peu
relevées les font ressembler à des soies roides. La couleur
est un brun-noiràtre mêlé de jaunâtre ou de brun-jaunâ-
tre. Toutes les parties supérieures,«y compris la tête, sont
presque bicolores; la couleur générale est brune, et le
jaunâtre forme un tiqueté plus pâle sur le brun. Cette
apparence tient à ce que les poils sont noirâtres, avec la
pointe.assez longuement jaunâtre, et, comme ils sont plus
allongés que fournis, les pointes jaunes ne suffisent pas
pour masquer le noir de leur base. Sur le dos, les deux
couleurs se balancent presque, quoique le noir domine ;
sur les flancs, le jaunâtre domine beaucoup et devient
pâle; sur les fesses, il domine et devient générale-
ment plus roux. Le ventre et les parties inférieures, le
menton et le dessous de la tête, à partir de l'angle de la
bouche, sont blancs; mais ici aussi la couleur de la base
des poils se mêle au blanc, parce que ceux-ci sont longs
et peu abondants. Ces poils sont d'un gris peu foncé,
avec la pointe longuement blanche. Du mélange de ces
deux couleurs il résulte un blanc-grisâtre peu foncé (vu la
teinte peu foncée de la base des poils). Le blanc du ventre
100 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
ne se fond nullement avec le brun des flancs ; la ligne de
démarcation des deux couleurs est, au contraire, nettement
accusée. Les pattes de devant ont toute leur face externe
brune, mêlée de fauve et de poils' blancs ; mais les pieds
en dessus sont gris-brun moucheté de jaunâtre et non
blancs comme chez la plupart des Hesperomys. Les pattes
postérieures sont fortes ; le» pieds sont grisâtres en des-
sus, garnis de poils bruns, par-dessus lesquels sont des
poils blancs longs et couchés. La queue est longue, mais
moins à proportion que celle de r/ST. meœicanus ; sa
longueur est égale à celle du corps sans la tête (ou même
un peu plus considérable) ; elle est écailleuse et distincte-
ment bicolore, les poils de sa face dorsale étant bruns et
ceux de la face inférieure gris. Les moustaches sont très-
courtes; elles n'atteignent que jusqu'à l'oreille, et sont
composées de poils bruns très-fins. A leur face interne, les
oreilles paraissent nues, sauf près de leur bord antérieur,
où elles sont revêtues de poils noirâtres distincts ; leur face
externe, au contraire, est fortement poilue, garnie, dans
toute son étendue, de longs poils bruns, à pointe fauve,
assez semblables à ceux qui couvrent les pattes antérieures
près du pied.
Variétés. Certains individus ont les poils moins longs,
moins roides et d'un brun plus marron, avec une teinte
grise. D'autres, au lieu d'être d'un brun- noirâtre mou-
cheté de jaunâtre, passent au blond un peu fauve (1). La
face supérieure des pieds antérieurs est tantôt de la cou-
leur du corps, tantôt parsemée de poils blancs. Parfois
les flancs deviennent gris-brun clair, ou bjen ils tirent au
fauve, mais sans aucune teinte rougeâtre, comme celle qui
se voit chez Y H. meœicanus.
Voici les mesures comparatives de quatre individus
empaillés :
(1) Le crâne que j'ai étudié appartient à un de ces individus qui
ne me paraissent pas différer spécialement.
TRAVAUX
INÉDITS.
1(
N°»
Tête et corps.
Queue.
Pied postérieur.
Portion libre
de
l'oreille (1).
1
0n',130
0m,094
0m,035
0ra,011
2
0 ,123
0 ,090
0 ,030
0 ,010
3
0 ,120
0 ,095
0 ,027
0 ,010
4
0 ,107
0 ,027
Habite la Cordillère de la province de Véra-Cruz.
Cet Hesperomys me semble devoir se rapprocher du
sous-genre Oryzomys, Baird, par la longueur de ses poils,
la petitesse de ses oreilles, et la plante presque nue des
pieds postérieurs ; mais le bord des orbites ne forme pas
de crête ; les tubercules des pieds antérieurs sont grands,
et je n'ai pas trouvé le très-grand sixième tubercule des
pieds postérieurs, qui est un des caractères des Oryzomys.
Il se distingue facilement de VH. mexicanus et de la
plupart des autres espèces : 1° par ses oreilles petites et
très- poilues en dedans; 2° par ses poils très-longs, son
aspect hérissé et les deux couleurs de son pelage, qui for-
ment une espèce de moucheture vague sur le corps et sur
toute la tète ; 3° par sa plus grande taille ; 4° par la couleur
de ses poils, qui ne sont ardoisés qu'à la base, puis noi-
râtres et enfin jaunâtres au bout; 5° par ses moustaches
beaucoup plus courtes; 6° par ses pattes antérieures moins
blanches en dessus; 7° par la teinte assez uniforme de
ses parties supérieures, sans trace de ferrugineux et sans
bande fauve ou ferrugineuse sur les flancs. — La brièveté
des moustaches de ce Rat suffirait, du reste, pour le faire
distinguer de toutes les espèces suivantes.
II0 Groupe. Plante des pieds garnie de poils jusqu'au tu-
bercule postérieur. Queue grêle, écailleuse, peu poilue, ne se
terminant pas par un pinceau. Moustaches Ipngues . (Hespe-
romys.)
Chez toutes les espèces de ce groupe, la longueur des
doigts se gradue comme chez YH. leucopus. Le 3e est le
(1) Mesurée à sa face postérieure.
102 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1860.)
plus long, puis vient le 4e, puis le 2e. Aux pieds posté-
rieurs, l'ordre de grandeur des orteils est le même ; tou-
tefois les orteils 2-4 sont presque d'égale longueur, surtout
le 3e et le 4e. Le premier orteil est très-petit ; il n'atteint
pas la 2e phalange du 2e orteil. La paume de la main a
cinq tubercules, et la plante du pied postérieur est munie
de tubercules disposés comme Y H. leucopus. Le dessous
du pied postérieur est garni de poils jusqu'au niveau du
tubercule postérieur et même au delà. — Le pouce de la
main est rudimentaire, et porte un ongle plat assez sem-
blable à celui de l'homme, comme cela se voit chez tous
les Hesperomys de l'Amérique septentrionale.
H. fulvescens. — Fulvescens; supra fusco-fulvescens, in lateribus
fulvescens, subtus albido-fulvescens ; caput subtus albidura.
Cauda corpore et capite longior. Pedes albidi, subfulvescentes ;
postici graciles, elongati, cake fusca.
Seulement de la grandeur de la Souris d'Europe. For-
mes grêles; pattes postérieures très-longues; pieds posté-
rieurs grêles et allongés, ainsi que les doigts. Queue très-
longue, plus longue que le corps et la tête pris ensemble.
— Le pelage de cette petite espèce est long, doux, mais
un peu hérissé, non velouté, comme chez les H. leucopus
et meœicanus. Sa couleur est un brun-fauve roussâtre sur
le dos, et cette couleur résulte d'un mélange de brun et
de roux-fauve. Sur les côtés, la teinte devient graduelle-
ment plus pâle et plus fauve et finit par passer à la couleur
fauve-pâle qui couvre toutes les parties inférieures. II n'y
a pas de ligne de démarcation entre la couleur du ventre
et celle des flancs ; ces couleurs se fondent. Le dessous
de la tête seul est blanchâtre. Le dessus de la tête tire lé-
gèrement au grisâtre. Les pattes sont d'un fauve pâle, tant
en dehors qu'en dedans, et les pieds sont blanchâtres,
tout en conservant une teinte fauve. La plante des pieds
est garnie de poils jusqu'au tubercule postérieur, mais le
talon est gris-brun. La queue est grise, écailleuse, peu
poilue, et, pour cette raison, indistinctement bicolore ;
TRAVAUX INÉDITS. 103
néanmoins on voit que les poils de la face inférieure sont
blanchâtres. Les moustaches sont assez longues, noirâtres,
avec quelques poils gris. Les oreilles, assez petites, sont
garnies de poils bruns peu abondants. La base de tous les
poils du corps est ardoisée, mais la pointe devient longue-
ment rousse ou fauve. — Longueur du corps et de la tête,
0m,071; de la queue, 0m,092; des pieds postérieurs,
0m,021.
Habite le Mexique.
Cette espèce sera facile à reconnaître à la couleur fauve
de ses parties inférieures. Pour la couleur, elle se rappro-
che beaucoup de i'H. Nuttali, Harl., mais elle a la queue
plus longue ; ses oreilles ne sont pas ferrugineuses et la
couleur du poil paraît être un peu plus foncée.
H. mexicancs, pi. ix, fig. 1, la. — Velutinus, griseus, murinus; in
lateribus paulum fulvescens, fréquenter subferrugineus ; subtus
albidus, pectore et mento fulvescentibus ; pedes antici albidi ; au-
culae permagnae; cauda corpore lonjgior ; mystaces elongati.
Cette espèce est d'une taille intermédiaire entre celle
de la Souris et du Rat noir. Elle est couverte d'une four-
rure bien fournie, dont les poils sont doux et veloutés. La
tête est conique, allongée ; la lèvre supérieure est fendue
jusqu'au nez ; le museau est pointu et garni de poils jus-
qu'au bout du nez, en sorte qu'il ne reste de nu que le
septum. Les oreilles sont très-grandes, très-larges, mais
plus hautes que larges, arrondies, quoique le milieu de
leur bord supérieur fasse un peu saillie. La queue est
longue ; elle a presque la longueur du corps et de la tête
pris ensemble (quelquefois elle est seulement plus longue
que le .corps). Les pattes sont très-longues, surtout les
postérieures, et l'animal est haut sur jambes. Le pelage
est d'un gris de Souris brun-noirâtre, avec une teinte ar-
gentée, très-légère, sur le dos, qui tient à ce que Y extrême
pointe des poils est d'un gris-fauve (1). La tête est un peu
1) Ce u'est que l'extrême bout du poil qui offre cette teinte.
104 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
moins foncée et les joues deviennent gris ferrugineux. La
teinte fauve du corps devient toujours plus prononcée sur
les côtés. Vus par leur reflet , ceux-ci paraissent gris
fauve; ils contiennent aussi plus ou moins de fauve. Les
pattes sont de ce même gris-fauve à leur face externe.
Les lèvres et le menton sont d'un gris-fauve pâle, et toutes
les parties inférieures sont d'un blanc grisâtre, qui paraît
plombé, à cause de la couleur ardoisée de la base des
poils. Le blanc du ventre est assez nettement séparé du
gris-fauve des flancs. La poitrine et le devant de l'épaule
sont lavés de fauve. Les pieds antérieurs sont blancs (ou
grisâtres) ; les postérieurs sont bruns, avec l'extrémité et
les orteils blancs. — Les poils du corps sont tous d'un
gris-ardoisé obscur ; ceux du ventre se terminent par une
assez longue pointe blanche; ceux des flancs deviennent
obscurs, puis fauve pâle au bout ; ceux du dos deviennent
bruns, avec l'extrême pointe d'un fauve argenté. Dans le
nombre, il s'en trouve qui sont entièrement bruns. Les
oreilles sont en apparence nues, quoique couvertes de
poils ras. Le bord antérieur de la face externe n'offre aussi
si que des poils ras. La queue est écailleuse, fort peu garnie
de poils; ceux-ci sont noirs à la face dorsale, blancs à la
face inférieure. Les moustaches sont très- longues, noirâ-
tres; elles atteignent ou dépassent l'épaule.
Variétés. D'autres individus offrent un pelage plus fauve.
Les côtés du corps deviennent ferrugineux, et cette cou-
leur est très-prononcée sur les flancs à la séparation du
blanc et du brun, où elle forme presque une bande oran-
gée, pâle. Les côtés et le dessous de la tête, ainsi que la
poitrine et l'épaule, sont fortement lavés de fauve ferru-
gineux. Chez d'autres, au contraire, la couleur ferrugi-
neuse est très-peu prononcée.
Mesures de deux individus.
Tête et corps 0m,109 0m,097
Queue 0,108 0,077
Pied postérieur 0 ,026 0 ,025
TRAVAUX INÉDITS. 105
Hauteur des oreilles à leur face externe. ... 0 ,015 0 ,013
Habite les mêmes régions que les précédents.
Cet Hesperomys est facile à distinguer de Y H. toltecus.
Il en diffère : 1° par sa plus petite taille ; — 2° par son
pelage doux, à poils courts et serrés; — 3° par la couleur
ferrugineuse dont ses flancs sont lavés et qui , parfois,
forme presque une bande; — 4° par la grandeur de ses
oreilles qui paraissent être nues en dedans ; — 5° par
la longueur des moustaches, par ses pieds antérieurs
blancs, etc.
Il diffère de Y H. aztecus par son pelage beaucoup
moins roux, car, quoique ses flancs soient un peu lavés de
ferrugineux, cette couleur est très-peu apparente. La cou-
leur générale est assez celle de la Souris, c'est elle qui
domine, et le fauve des flancs lui est très-subordonné.
H. aztecus, pi. ix, fig. 4. —Supra fusco-ferrugineus, dorso medio
fuscesceote, lateribus ferrugineis, capite fusco-rufescente; subtus
albidus; pedes albidi, postici grisescentes, basi fusci ; cruscula an-
tica extus rufescentia, postica rufo-fusca, apice fuscescentia; cauda
perlooga; obscure-bicolor ; auriculae magnae.
De la taille de Y H. leucopus. Un peu plus petit que Y H.
meœicanus et lui ressemblant par ses oreilles grandes et
nues. — Le pelage, en dessus, d'un brun lavé de roux,
assez brun au milieu du dos et devenant toujours plus
roux sur les côtés. Les joues, les épaules et les flancs d'un
roux-cannelle un peu orangé ; le dessus de la tête passant
au roux. La lèvre supérieure, et toutes les parties infé-
rieures d'un blanc pur, paraissant plombé, vu la couleur
grise de la base des poils. La séparation entre le blanc et
le roux formant une ligne parfaitement nette. Face externe
des pattes, ferrugineuse ; aux pattes antérieures cette cou-
leur s'arrêtant un peu avant le pied, lequel est blanchâtre
(quelquefois gris). Les pattes postérieures plus brunâtres;
le pied blanchâtre, avec le premier tiers brun-gris en
dessus. La plante du pied postérieur fortement garnie de
poils jusqu'au premier tubercule. Le bord des yeux sou-
vent plus brun que lesjoues. La queue longue, écailleuse,
106 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [MùTS 1860.)
garnie de poils couchés, bruns en dessus, blanchâtres en
dessous. Les moustaches longues, brunes. — Tous les
poils du corps sont ardoisés à la base, avec la pointe
brune, ferrugineuse ou blanche, selon la région qui les
porte. Souvent la couleur brune du dos est assez pronon-
cée pour dessiner presque une bande ; souvent aussi le
pied postérieur est gris-brun jusqu'aux doigts et mêlé de
poils blancs. — Longueur de la tète et du corps, 0m,095;
de la queue, au moins (1) 0m,090; du pied postérieur,
0m,022 ; des oreilles mesurées en dehors, 0m,01:2.
Même patrie que les précédents.
Var. Le roux des flancs est quelquefois très-vif; d'autres
fois il est plus pâle et plus gris.
Sur une simple description cette espèce pourrait être
confondue avec Y H. mexicanus, mais elle s'en distingue
par sa plus petite taille, par son pelage d'un brun roux et
non d'un brun-marron noirâtre ; par ses flancs qui sont
d'un ferrugineux cannelle ainsi que la face externe des
pattes antérieures. Cette couleur est très-prononcée : elle
s'étend jusque sur le dos, sur les joues, et se mêle au brun
du crâne , tandis que chez Y H. mexicanus la teinte rousse
n'est qu'un simple lavé. — L'H. mexicanus est un Rat gris,
tandis que Y H. aztecus est plutôt un Rat roux.
IIIe Groupe. — Plante des pieds garnie de poils, jusqu'au
tubercule postérieur. Queue très longue, épaisse, poilue et
terminée par un pinceau de longs poils. Le 4e orteil le plus
long [Nyctomys] (2).
Cette section a été indiquée par Baird, et comprend
déjà deux espèces septentrionales qui ont la queue bico-
lore.
Il n'en est pas ainsi chez le représentant mexicain de ce
groupe, dont je donne ici la description :
Celui-ci a la queue très-poilue et distinctement unicolore.
De plus, il offre ce caractère remarquable que le 4e orteil
(1) Elle a perdu son extrémité terminale chez nos trois individus.
(2) Nvg, vvktqç, nuit; — pïç, Rat.
TRAVAUX INÉDITS. 107
est un peu plus long que le 3% et que le 5e est très-grand,
aussi long que le 3e. La queue est très-grosse (1).
H. Sumichrasti, pi. ix, fig. 2, 3. — Rufus, subtus albus; auriculœ
elongatae; mystaces elongati, nigresceutes ; cauda perlonga, cor-
pore cum capite lougior, uuicolor, fusco-rufopilosa, apice hirsuta,
peniculo pilorum elongatorum ; pedes antici albidi, postici obscu-
riores, digito 4° maximo, 5° elongato.
La taille de cette espèce est un peu inférieure à celle de
Y H. mexicanus. La tête est large, mais le museau est très-
pointu. Les moustaches sont très-longues ; elles dépassent
l'épaule. Les oreilles sont longues, mais pas très-larges ;
leur hauteur est bien plus considérable que leur largeur.
La queue est assez grosse, cylindrique, plus longue que la
tête et le corps. Les pieds postérieurs sont courts, larges,
et leur plante est garnie de poils dans leur première moi-
tié ou leur premier tiers. Les orteils sont longs, le 4e est le
plus long; puis viennent le 3e et le 5e, puis le 2e, et enfin le
premier, qui est très-court. Les pieds de devant sont con-
formés comme chez les autres Hesperomys. Le poil est
doux et bien fourni ; sa couleur est un roux-bai isabelle,
ou orange pâle uniforme, seulement un peu plus clair sur
les flancs et au museau. Toutes les parties inférieures, ainsi
que le menton et le bas des joues, en arrière des mous-
taches, sont d'un blanc pur. Ce blanc ne se fond pas avec
le roux, mais les deux couleurs se terminent brusquement.
Le museau est d'un roux pâle, garni d'un duvet blanchâtre,
mais tout ce qui dépend de la mâchoire inférieure est
blanc. Le roux descend le long de la face antérieure des
pattes de devant, et devient toujours plus étroit jusqu'à
l'origine de la main , où il s'arrête. Les mains ainsi que
(1) Le faciès de l'espèce qui suit rappelle beaucoup celui des Pe-
rognathus, à cause de la queue poilue, terminée par un pinceau de
poils hérissés. Le pelage lui-même ressemble à celui des Rongeurs
de ce groupe, car les poils du ventre sont blancs jusqu'à la base, sans
aucune teinte ardoisée, comme cela se voit chez plusieurs Perogna-
thus. Il semble donc qu'il y ait, chez les Hesperomys du 3« groupe,
une certaine tendance vers ce genre, quoique leur dentition+j de mol.
leur assigne incontestablement leur place parmi les Hespéromyens.
108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGUE. (Mars 1860.)
les orteils sont gris blanc ; mais le pied postérieur est, en
dessus, d'un brun-roux pâle. Les poils des parties infé-
rieures sont entièrement blancs jusqu'à la racine ; ceux des
parties dorsales sont couleur d'ardoise, avec la pointe
assez longuement rousse. La queue est assez abondam-
ment garnie de poils bruns, ou brun roux ; ces poils sont
plus rares et plus couchés à la base; ils deviennent de plus
en plus abondants et plus longs; dans le dernier tiers, ils
sont hérissés, et, au bout, ils forment une espèce de pin-
ceau allongé, qui rappelle le faciès des Perognathus et des
Loirs ( Myoxus ). Les oreilles sont, comme la queue, d'un
brun roux, en apparence nues, surtout en dedans ; à
leur face externe, leur tiers antérieur est tapissé de poils
soyeux. Les moustaches sont noirâtres.
Variété. Un second individu a le pelage brun-roux, tant
sur la tête que sur les parties dorsales ; ce n'est que sur les
flancs qu'il offre une teinte franchement rousse ou orangée.
La queue est un peu plus brune. La face dorsale des pieds
est d'un brun-grisâtre ; les doigts de la main et la dernière
phalange des orteils sont seuls blancs. La lèvre supérieure
est blanche. On voit devant et derrière l'œil une tache
brune qui borde l'orbite. Voici les mesures de deux indi-
vidus : n° 1. N° 2.
Tête et corps environ 0m,100 0m,088
Queue avec ses poils terminaux 0 ,130 0 ,106
Pied postérieur 0 ,023 0 ,023
Hauteur de l'oreille à sa face externe 0 ,013 0 ,012
Largeur 0,010 0,010
Habite le versant oriental de la Cordilière.
Pour la grandeur et le faciès , cette espèce ressemble
beaucoup à Y H. aztecus, mais elle s'en distingue facile-
ment par les poils entièrement blancs de son ventre, par la
grosseur de sa queue, etc.
G. Reithrodon, Waterh.
Ce type, très-intéressant parmi les Rats du nouveau
continent, est caractérisé par ses incisives supérieures,
TRAVAUX INEDITS. 109
dont la face antérieure est partagée par un sillon longi-
tudinal. — Comme l'a bien montré Baird, on peut diviser
les espèces de ce groupe en deux catégories, savoir :
1° celles de l'Amérique méridionale ayant un faciès de
lapin; — 2° celles de l'Amérique septentrionale ressem-
blent plutôt aux Rats, quoiqu'elles offrent une tête plus
bombée. L'espèce qui suit vient confirmer cette distinc-
tion, car, quoique vivent sous un climat tropical, elle a
des formes murines, comme les espèces propres aux Etats-
Unis. Ce Reithrodon est le plus grand de ceux que l'on
connaît déjà dans l'Amérique septentrionale (1); il se rap-
proche surtout du R. longicauda, mais il a la queue encore
plus longue à proportion.
R. mexic4nus. — Mûris silvalici staturœ; supra griseo-fulvescens,
subtus albicans; auriculœ permagnae; cauda nigrescens, perlonga,
corpore longior, apice valde pilosa , attamea nullomodo hirsuta ;
pedes uutici et digiti postici albidi.
La taille de cet animal est assez exactement celle du
Mulot d'Europe ( Mus sihaticus ), quoique ses formes
soient un peu plus trapues. Les sillons des incisives supé-
rieures partagent leur face antérieure en deux parties
égales. Les oreilles sont très-grandes, très-élevées, arron-
dies, plus hautes que larges, et elles sont revêtues de poils
ras ; mais, dans la portion antérieure de leur face externe,
elles sont couvertes de poils plus longs. Le museau est
pointu, entièrement garni de poils jusqu'aux narines. La
lèvre supérieure est fortement fendue. Le pouce est rudi-
mentaire, armé d'un ongle plat, comme chez les espèces
du Nord. Les pattes ressemblent à celles des Hesperomys ;
la plante des pieds postérieurs est garnie de poils jusqu'au
niveau des tubercules. La queue est très-longue, car elle
dépasse la longueur du corps et de la tête. La couleur du
pelage est un brun-fauve, qui devient tout à fait fauve sur
les côtés, ou même fauve-orangé. Plus bas, le fauve dé-
fi) Sa longueur a été indiquée plutôt trop faible, car elle a été
prise sur un individu empaille placé dans une position ramassée.
Etendu, le corps atteindrait ou dépasserait 0œ,083.
110 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
vient pâle, là où il est en contact avec le blanc du ventre.
Les lèvres, le bas des joues, le menton, la gorge et toutes
les parties inférieures sont d'un blanc assez pur, un peu
lavé de fauve par places, surtout à la poitrine et à la gorge.
Le pelage est doux, assez fourni. Les poils sont d'un gris
ardoise, avec le bout seulement roux ou blanc. Les oreilles
sont brunes; les moustaches longues et abondantes, brunes
avec quelques poils gris à la rangée inférieure. Les pieds
antérieurs sont blancs, sauf en dessus, jusqu'à l'origine
des doigts, où ils sont gris. Les pieds postérieurs sont
obscurs, avec les orteils blancs. La queue est noirâtre,
écailleuse, unicolore et garnie de poils gris assez obscurs;
elle est surtout poilue vers le bout; à sa base, les poils
sont rares et très-courts ; mais ils deviennent plus longs
vers son extrémité.
Longueur du corps et de la tête, 0m,068 ; de la queue,
0m,092; du pied postérieur, 0m,019. — Hauteur des oreilles
à la face externe, 0m,011 ; — largeur des oreilles, 0m,010.
Habite les montagnes de la province de Véra-Cruz.
Nota. — Dans la pi. i, qui accompagne le premier article, le pe-
lage du Bassaris est sensiblement trop moucheté.
Observations au sujet des Considérations sur les œufs
des Oiseaux, de M. Moquin-Tandon, par M. O. des
Murs.
Première observation. — 15 février 1860.
M. Moquin-Tandon vient satisfaire, en partie, au vœu
que nous émettions, à son insu, en imprimant notre Traité
d'Oologie, à propos de « ses descriptions si minutieuse-
« ment exactes des oeufs des Oiseaux d'Europe (1). »Nous
y disions en effet : « Nous ne lui dissimulons pas cepen-
« dant que nous eussions mieux aimé, avec l'autorité
« que lui donne sa haute position scientifique, lui voir
« employer tout le temps qu'il y a consacré, et qu'il y
« consacrera sans doute encore, à une application de ses
(1) Lesquelles sont réduites à quelques espèces du midi de la
France.
TRAVAUX INÉDITS. 111
« connaissances oologiques, plus sérieuse et plus profita-
« ble à la science (1). »
Certes, si nous nous sommes exprimé ainsi il y a un an
à peine, M. Moquin-Tandon n'ayant encore publié sa des-
cription qu'en 1857 et 1858, c'est que nous avions foi en
ses lumières venues de si haut, et en un savoir et une in-
dépendance d'opinion dont l'honneur de siéger au sein
de l'Institut paraissait comme le gage et la consécration.
Il ne s'étonnera donc pas aujourd'hui qu'il reprend en
sous-œuvre, et une à une, chacune des divisions et des
propositions de notre premier travail, qui remonte, comme
publication, à 1842 et 1843 (et par conséquent est loin
d'être récent, puisqu'il date de dix-huit ans), que nous le
suivions pas à pas dans cette voie que nous essayons d'ou-
vrir à une science encore à ses débuts, et qui ne peut se
constituer qu'à l'aide d'études et d'observations sérieuses,
et aussi d'une critique calme et éclairée.
Notre Livre ne serait pas imprimé, à l'heure qu'il est,
que nous nous empresserions de l'enrichir de quelques-uns
des aperçus de M. Moquin-Tandon, quoiqu'à notre grand
regret il ne s'attache exclusivement qu'aux œufs des Oi-
seaux d'Europe, bien insuffisants pour établirtdes considé-
rations générales en oologie.
Il lui arrive cependant, parfois, d'exposer nos proposi-
tions, ou celles de nos prédécesseurs, en mettant les uns
et les autres en présence, sans conclure et sans faire con-
naître son opinion personnelle, lorsqu'elle n'est pourtant
pas indifférente en pareille matière, ou même de contes-
ter ici ce qu'il aura admis ou paru admettre plus loin.
Nous n'en citerons qu'un exemple entre autres.
Signalant la relation que nous avons tenté d'établir et
de démontrer entre la forme de l'œuf et celle de l'Oiseau :
« Je ne chercherai pas, dit M. Moquin-Tandon, à en
« expliquer la véritable cause. » Mais pourquoi, lorsque
(1) Traité général (Zoologie ornithologiquey p. 54 et 5(>, et que
nous avons renouvelé p. 491*
112 rev. et mag. de zoologie. [Mars 1860.)
l'on annonce à ses lecteurs vouloir traiter de ces considé-
rations générales si importantes, selon nous, d'oologie,
ne pas oser donner une explication , et se faire, de la
moindre exception, un argument de doute ou de néga-
tion? ou, si on trouve apparemment la chose trop oiseuse,
pourquoi s'en occuper? Noblesse oblige.
« Aussi, continue-t-il, je ne dirai pas, avec un auteur mo~
« derne, que la longueur des pattes de l'embryon influe
a sur la figure de l'œuf de YEchasse, et que, chez d'autres
« espèces, cette forme est déterminée par l'extension du
« cou, ou par la saillie du sternum, parce qu'au moment
« de la formation de Vœuf l'embryon (ou la cicatricule) ne
« présente ni pattes, ni cou, ni sternum (1). »
L'objection paraîtrait puérile, si elle n'était faite sérieu-
sement; car, d'habitude, entre hommes de science comme
entre hommes de lettres, on se comprend à demi-mot.
Qu'est-ce à dire? Aperçoit-on dans l'ovule d'une semence
la tige, la feuille et les racines de la plante qui en doit
sortir? C'est une idée qui n'est jamais venue et ne vien-
dra jamais en tête à personne.
Nous pensons, à cet égard, que M. Moquin-Tandon,
avec un peu de complaisance, et venant par son esprit en
aide à la lettre, devait, ainsi que nous l'avons constam-
ment pratiqué, voir dans ce passage, comme dans toutes
les démonstrations analogues du même auteur, tout autre
chose que ce qu'il a l'air d'y avoir vu, et qui se réduit à
une simple manière ou habitude de raisonner, ou de tour-
nure de phrase, substituant le plus souvent l'image à
l'exactitude et la cause à l'effet, mais n'en trouvant pas
moins son explication toute naturelle et dans les dévelop-
pements qui précèdent et dans ceux qui suivent.
Qu'a voulu dire, après tout, cet auteur moderne ? et
que soutenons-nous encore nous-mème jusqu'à preuve con-
traire , sinon qu'en général la forme de l'œuf, ou du moins
de son tégument calcaire, lui était donnée, non en vue,
(1 ) Rev. et mag. de zoologie, j aimer "1860.
TRAVAUX INÉDITS. 113
directement, des organes qu'il renferme, puisqu'ils n'y
existent qu'à l'état de germe , mais en vue du développe-
ment et de la forme que devront y prendre ces mêmes organes ?
Ce qui, du reste, est conforme à deux des lois établies,
dès 1818, par Buhle : « 1° que la grosseur de l'œuf est en
« rapport avec le degré de développement que le fœtus
« acquiert dans l'œuf; 2° que la forme de l'œuf est en rap-
« port avec la configuration de l'Oiseau qui se développe dans
« l'œuf, nommément avec la longueur du tronc, avec la
« grosseur de la tête, et avec la longueur et la vigueur des
« jambes, par exemple la forme ronde des Hiboux, le
« corps long et étendu et le cou allongédes Grèbes, etc. (1): »
lois que n'a pas encore détruites l'honorable contradic-
teur, et que rien ne pourra infirmer à l'avenir.
Toute notre théorie, en un mot, justifiée par l'observa-
tion des faits, se réduit à cet axiome : que de la forme de
l'Oiseau, dans son ensemble comme dans ses détails orga-
niques principaux, s'induit nécessairement celle de son œuf,
et de la forme de l'œuf celle de l'Oiseau. Tel a été le fonde-
ment de toutes les Considérations oologiques que nous avons
publiées, et que nous publions encore, depuis près de
vingt ans ; considérations que, loin de les en isoler, nous
avons toujours fait marcher de pair avec l'étude la plus
approfondie de l'ornithologie.
Mais alors, pourquoi, dans le chapitre précédent, le
second, p. V76 (2), avoir dit : « M. des Murs donne pour
« raison de la grosseur des œufs la forme de l'Oiseau.
« Je suis bien loin de ne pas admettre cette cause; mais je ne
« repousse pas, pour cela, celle du volume des organes.
« Ainsi , chez les Gallinacés , l'épaisseur du corps et la
« grandeur du sternum doivent s'ajouter au développe-
« ment avancé de toutes les parties. Chez les Échassiers,
« la longueur des jambes, celle du cou, la forme du sternum
« y sont pour beaucoup, comme l'avance M. des Murs...»
(1) Eier der Vogel Deutschlands, etc.
(2) Hev. et mag. de zoologie, novembre 1859.
2e série, t. xu. Aimée 1860. 8
114 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
Disons d'abord que M. Moquin-Tandon a mal saisi
l'exposé de notre système. Nous avons, en effet, toujours
distingué deux choses : le volume relatif de l'œuf dans cer-
tains ordres ou sous-ordres seulement, tels que celui de
nos Urinatores, ou Plongeurs ; et sa forme dans tous. A la
grosseur de Vœuf, nous avons assigné pour cause le volume
ou la masse des organes ; à la forme de l'œuf, au contraire,
nous avons assigné pour cause la forme même de l'Oiseau
et de ses éléments organiques.
A part, toutefois, cette rectification de fait, ou nous nous
trompons fort, ou il nous semble qu'il existe, entre ies
deux passages que nous venons de citer, sinon une con-
tradiction, du moins l'apparence d'une contradiction fla-
grante, dont il est permis de demander ou la conciliation,
ou l'explication à l'auteur. Ou il partage notre opinion,
ou il en conteste le fondement. Nous sommes loin, assuré-
ment, de prétendre qu'en elle repose la seule cause de ce
rapport ; mais enfin c'est celle à laquelle nous nous sommes
le plus attaché et nous avons reconnu le plus d'impor-
tance. Il n'en demeure pas moins évident que la conces-
sion faite, et l'adhésion restreinte donnée par M. Moquin-
Tandon à notre système, en 1859, sont complètement dé-
truites, en 1860, par son argumentation contre ïauteur
moderne.
Quels changements ont donc subis son esprit et sa logi-
que dans l'intervalle de novembre 1859 à janvier 1860?
Pourquoi refuser, comme source de la forme de l'œuf, l'in-
fluence des organes, sur ce motif qu'ils ne sont pas encore
développés, et admettre cette même influence comme
cause de la grosseur , alors que l'une et l'autre proposition
procèdent du même mode de raisonnement ou de rédac-
tion, et qu'il n'y a pas plus de raison d'admettre ou rejeter
l'une que l'autre?
Et nous nous demandons encore laquelle des deux pro-
positions exprime le mieux l'opinion du savant auteur des
Considérations sur les œufs des Oiseaux. Car, dans l'ordre
1
TRAVAUX INEDITS. 115
d'idées môme où il se place : de conclure à la grosseur de
l'œuf d'après le volume des organes, il n'y a pas loin de
conclure, d'après la forme de ces organes, à la forme de
l'œuf, et réciproquement ; ce que nous croyons être la
vérité et ce qui fait la base de toute notre théorie.
Si nous insistons autant sur ce point et de cette ma-
nière, ce n'est pas par un vain sentiment d'amour-propre,
puisqu'ici nous prenons encore plus la défense de l'auteur
moderne cité que celle de nos propres opinions, et que
d'ailleurs nous avons professé de tout temps et proclamé
ce principe, que la discussion amène toujours la lumière ;
mais uniquement, nous l'avouons en toute naïveté, parce
que nous avons vécu sans cesse sur cette idée et dans
cette conviction, que les corps savants n'étaient constitués
que pour faire progresser la science; qu'en eux résidait
ou devait résider la source de toutes les connaissances que
l'on refuse assez ordinairement à ceux qui s'en occupent
ou la cultivent en dehors de leur influence ou de leur di-
rection. Et il nous en coûterait de déchoir d'une opinion
qui a longtemps été comme notre religion ou article de
foi scientifique.
Deuxième observation.
En examinant la question de savoir par laquelle de ses
deux extrémités, aiguë et obtuse, l'œuf sortait du corps de
la femelle chez les Oiseaux, nous nous étions cru fondé,
dans le temps (1) , d'après quelques-uns des faits que
nous avions été à même d'observer au milieu de nos
études expérimentales, à admettre que l'œuf sortait par
son bout obtus (ainsi que vient de le rappeler fort exacte-
ment M. Moquin-ïandon) (2). Toutefois la presque una-
nimité des auteurs à établir le contraire (MM. Duméril
père, le Dr John, H. Geoffroy Saint-Hilaire et Gerbes, sans
parler de Thieneniann et de de Blainville) nous avait fait
recourir à de nouvelles expériences, et nous rencontrâmes
(1) 1842-1843.
{*) Rev. et mag. de zoologie, janvier 1860.
116 REV. ET MACr. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
en effet alors, en grande partie, le fait contraire à celui
que nous avions pensé pouvoir établir, c'est-à-dire que
c'est par le bout aigu que sort l'œuf : cas offert depuis à nos
yeux, en 1857, dans le corps d'une femelle de Pie-Griè-
che-Écorcheur (Lanius collurio), dont l'œuf figure dans
notre collection.
Si, dès ce temps-là comme après, nous n'avons pas
ajouté le mot toujours^ ce n'est pas sans intention , nos
travaux ne discontinuant pas ; c'était également, avouons-
le, parce qu'il nous en coûtait quelque peu de renoncer à
une observation basée sur des expériences personnelles
auxquelles nous pensions avoir apporté tout le soin dési-
rable. Aussi bien avons-nous fait, le temps étant venu ré-
compenser notre persévérance et nos efforts. Car, dans le
cours de 1858 et de 1859, et par conséquent au milieu de
notre travail, nous avons rencontré plusieurs cas faisant
exception et rentrant dans notre manière de voir, dont
(en mettant de côté, comme beaucoup moins concluants ,
puisqu'il s'agissait d'œufs unicolores, ceux qui regardent
la Poule) l'un chez la femelle d'un Merle commun, l'autre
chez une de Serin de volière. Dans les deux cas, la masse
colorée des taches distinctives de ces œufs, tout prêts à'
sortir du vagin et s'y présentant par leur bout obtus,
était reportée vers le bout aigu. Ce qui rentre complète-
ment, en la rendant plus facile, dans l'explication que
nous avons donnée de l'inégale répartition de la couleur à
la surface de la coquille. Il devient évident, dès lors, que, si
la couronne de taches, chez les œufs maculés, se présente
plus souvent au gros bout, c'est que le plus ordinaire-
ment l'œuf sort par la pointe , et que si cette couronne ou
ceinture se trouve reportée vers la pointe, ce qui est le
cas, nous ne dirons pas le plus rare (ce qui serait trop
dire), mais le moins ordinaire, c'est qu'alors l'œuf est
sorti par son bout obtus.
Le fait a été, au surplus, affirmé de la façon la plus
claire, la plus nette et la plus positive bien avant nous,
TRAVAUX INÉDITS. 117
puisqu'il y a aujourd'hui trente ans, par Purkinje, qui a
fait un si complet et si beau travail sur la formation et les
développements de l'œuf en ces termes :
« Situm oviy dum adhuc in utero recens est, semper talem
« inveni, ut pars acutior vaginan, obtusior basin spectaret ;
« in ovo vero penitus formato, ubi jam nisum ad partum
« expertum est, nunc obtuso, nunc acuto fine vaginœ oribus
« appositum referi. Fors tune sub nisu ad partum ovum sœ-
« pius volvitur donec situm commodum ncquirat (1). »
Ce qui semble indiquer, en effet, que l'œuf, prêt à sortir,
chez l'Oiseau, est soumis ou exposé, comme l'enfant chez
la femme, à plusieurs évolutions sur lui-même.
Il en résulte que la conclusion tirée par les divers au-
teurs que nous avons cités à cet égard pour et contre doit
être prise et adoptée, non d'une manière générale et abso-
lue, mais relativement seulement à l'époque du dévelop-
pement de l'œuf et de sa marche dansl'oviducte, à laquelle
chacun d'eux a fait ses observations.
Nous réservions cette notice pour l'insérer dans un au-
tre travail devant faire suite à celui que nous publions en
ce moment (2), sous le titre d'Oogénèse des Oiseaux, que
nous nous décidons à lui retirer, et auquel nous renon-
çons quant à présent, le pensant mieux applicable au der-
nier qu'au premier. Mais les Considérations de M. Mo-
quin-Tandon nous l'ont fait sortir prématurément de nos
cartons, pour la faire profiter delà publicité et de l'actua-
lité qu'elles reçoivent, en y apportant un élément nouveau
de discussion et, par conséquent , un supplément de lu-
mières.
Nous terminons par une simple réflexion toute person-
nelle.
Pour donner, sans doute, à ses savantes Considérations
une apparence de nouveauté, il a plu à M. Moquin-ïan-
don, quand il a bien voulu citer notre nom, de se servir
(1) Symbolœ ad ovi Avium historiam ante incubalionem.
(2) Traité général d'Oologie ornithologique, etc.
118 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [MafS 1860.)
de ces termes : « Tout récemment (1), M. des Murs a cher-
ce ché à démontrer, etc., etc. » Or comment, en bonne
conscience et en saine critique, donner, en janvier 1860,
la qualification de tout récent à des Mémoires d'oologie
qui remontent à 1842 ! Ce serait induire en erreur les
nombreux lecteurs de la Revue; et il nous importe, en re-
levant cette expression inexacte, de les prévenir que ces
Mémoires ont paru dans le Magasin de Zoologie que diri-
geait alors l'honorable M. Guérin-Méneville» et dont peu
des abonnés de la Bévue actuelle, dans laquelle est venu
se confondre cet ancien recueil, doivent avoir connais-
sance.
Observation d'un mode particulier de parasitisme offert
par un Mollusque gastéropode du genre St>jlifer, par
M. Hupé, aide- naturaliste au muséum d'histoire natu-
relle de Paris.
Ayant eu l'occasion, tout récemment, d'examiner un
Echinoderme, du genre Gidaris, le C. imperialis, Lamarck,
nous remarquâmes que, parmi les épines ou baguettes
dont le corps de ces espèces est ordinairement pourvu, il
y en avait deux qui présentaient un développement tout à
fait anormal, et différaient beaucoup, par leur forme et
leur aspect, de toutes les autres; ces dernières, en effet,
sont longues, cylindriques, un peu acuminées vers leur
extrémité libre, et leur surface est couverte de stries lon-
gitudinales, plus ou moins rugueuses, tandis que les deux
épines en question se présentent avec une forme globu-
leuse, irrégulièrement sphéroïdale, ressemblant, jusqu'à
un certain point, à de petites noisettes, et rappelant aussi,
par leur aspect ces galles produites par lesCynips sur les
feuilles de certains végétaux.
Après avoir examiné avec soin la surface extérieure de
ces ^3ingulières épines, nous vîmes qu'elle était plus lisse
que celle des mêmes organes à l'état ordinaire ; puis nous
(1) Rev. et may. de zoologie, janvier 1800, p. 10.
TRAVAUX INÉDITS. 119
aperçûmes, à leur base, deux petites fentes verticales, en
forme de boutonnières, parfaitement circonscrites et pla-
cées de chaque côté, sur les faces opposées. La présence
de ces ouvertures, dont on ne voit aucune trace sur les
épines ordinaires, jointe à la forme toute particulière de
ces deux baguettes, nous fit penser qu'il y avait là quelque
mystère à dévoiler. Nous fîmes alors une section de l'une
d'elles, à l'aide d'un instrument tranchant et d'un petit
coup de marteau. Quel ne fut pas notre étonnement
de trouver logées, dans une cavité intérieure, deux petites
coquilles, que nous reconnûmes aussitôt appartenir au
genre Stylifer.
La cavité qui renfermait ainsi ces deux coquilles a
environ un centimètre de diamètre ; ses parois sont lisses,
et on aperçoit, vers la base, les deux ouvertures en bou-
tonnières, dont nous avons déjà parlé ; seulement leur
pourtour est lisse de ce côté interne, tandis que, du côté
opposé, il est comme rugueux, et participe, jusqu'à un
certain point, de l'ornementation extérieure des épines.
Encouragé par ce résultat, nous résolûmes de tenter une
nouvelle épreuve sur la deuxième épine que nous avions
à notre disposition; nous répétâmes donc la petite opéra-
tion, et nous trouvâmes le même fait, absolument dans
les mêmes conditions, c'est-à-dire deux individus de la
même espèce, renfermés également dans une cavité inté-
rieure de la baguette ; nous y trouvâmes même quelque
chose de plus significatif, car avec eux existaient un cer-
tain nombre de petites coquilles embryonnaires à peine
formées. Nous avions là sous les yeux toute une génération
nouvelle de ces petits Mollusques. Cette observation, qui
nous paraît entièrement nouvelle, permet, ce nous semble,
de tirer les conséquences suivantes : 1° que les Stylifers
vivaient en parasites dans l'intérieur de ces épines du
Ciduris imperialis,L.; — 2° qu'ils étaient arrivés à leur
état adulte ; — 3° qu'ils paraissent dioïques; — 4° enfin
qu'ils sont très-probablement vivipares.
120 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
Ce fait, d'une espèce du genre Stylifer, vivant en para-
site sur un Echinoderme, est, d'ailleurs, assez conforme à
ce que l'on connaît déjà des mœurs et des habitudes de ces
petits Gastéropodes. On sait, en effet, que plusieurs es-
pèces du même genre ont été trouvées, soit sur des Our-
sins, soit sur des Astéries ou Etoiles de mer; seulement,
chez ces dernières, c'est dans la cavité buccale elle-même,
ou dans l'épaisseur des membranes qui l'enveloppent,
qu'elles ont été rencontrées : il y a donc là une différence
très-notable, et cette condition particulière , dans leur
mode d'existence, soulève plus d'une difficulté pour bien
concevoir et expliquer de quelle manière le phénomène
se produit. Et d'abord, comment ces animaux peuvent-ils
ainsi pénétrer ou se trouver enfermés dans l'intérieur des
épines? Puis, par quels moyens peuvent-ils y continuer
leur existence?
Pour répondre à la première question, il est nécessaire
de se rappeler le mode de développement de ces épines,
et surtout la forme qu'elles affectent dans certaines espè-
ces, et notamment chez les Cidaris annulifer, Lamck. , Cida-
ris tubaria, Lamck., et enfin le Cidaris geranioides, Lamck.
(Goniocidaris, Agassiz), ainsi que dans quelques espèces
que l'on ne trouve plus qu'à l'état fossile.
Le développement des épines, chez les Echinodermes,
paraît avoir lieu par l'addition de couches successives de
matière calcaire, se recouvrant les unes les autres, de
telle sorte qu'en faisant une section transversale de ces
épines on voit que les couches forment des zones con-
centriques plus ou moins épaisses, se distinguant souvent
entre elles par une coloration un peu différente et plus ou
moins intense.
D'autre part, nous remarquons que, dans les diverses
espèces que nous venons de citer, on voit souvent un
certain nombre de leurs baguettes terminées, à leur extré-
mité, soit par une partie plane, soit par une dépression
ou sorte de cupule plus ou moins prononcée. On peut
TRAVAUX INÉDITS. 121
donc très-bien concevoir la possibilité que certains ani-
maux s'établissent dans ces dépressions; on voit, en effet,
assez souvent des Huîtres de petite dimension ainsi fixées
sur ces parties. Or, lorsque ces Huîtres ou autres espèces
se sont ainsi établies avant le développement complet
des épines, on remarque que celles-ci ont une tendance
à les envelopper par suite de leur accroissement, de telle
sorte que le parasite ne tarde pas à être débordé et que
son extension se trouve limitée et, pour ainsi dire, arrêj
tée ; nous avons surtout constaté ce fait sur une espèce
fossile, le Cidaris cyathifera, Agassiz, dont on trouve les
épines dans les terrains crétacés supérieurs, laquelle, peut-
être, ne doit son nom spécifique qu'à une particularité de
forme déterminée par la présence du parasite qui en oc-
cupe l'extrémité, et, de même que pour le Cidaris impe-
rialis dont nous nous occupons plus particulièrement ici,
nous avons constaté que la présence du corps parasite
détermine une modification notable dans l'ornementation
de la surface de la baguette, car, au lieu de continuer à
se couvrir de saillies et d'aspérités, ainsi que cela se voit
dans leur partie inférieure, elles deviennent plus lisses,
ou du moins ne portent plus que des stries longitudinales,
mais sans aspérités.
Enfin le Cidaris clavigera, Kœnig, du même étage géo-
logique, vient encore nous offrir une particularité qui
peut, jusqu'à un certain point, nous venir en aide dans
l'explication du phénomène que nous cherchons; chez ce
Cidaris, en effet, lorsque les épines sont encore peu déve-
loppées, elles sont comme tronquées à leur extrémité, et
même un peu concaves ; mais à mesure qu'elles s'accrois-
sent, elles se comblent, pour ainsi dire, vers cette partie,
et deviennent tout à fait arrondies.
De tous ces faits, il nous paraît résulter que les Mollus-
ques dont il est ici question ont dû s'établir, alors qu'ils
étaient encore jeunes, dans une dépression de l'extrémité
de l'épine du Cidaris ; puis que cette dernière, continuant
132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( ?*«r* 1860.)
à se développer par couches successives et superposées, a
peu à peu fini par envelopper les parasites, lesquels gros-
sissaient et se développaient, pour ainsi dire, simultané-
ment.
Nous avons dit que la présence des Stylifers, dans les
épines du Cidaris, soulevait une autre difficulté relative à
l'explication des moyens à l'aide desquels ils pouvaient
vivre dans ces conditions toutes particulières. C'est ici le
lieu de rappeler les deux petites ouvertures en forme de
boutonnières, dont nous avons constaté la présence à la
base de chaque épine; on nepeut douter, en effet, qu'elles
ne fussent destinées à assurer l'existence de ces petits êtres
en permettant soit l'accès des matières alimentaires, qui,
dans ce cas, doivent consister en particules d'un volume
peuconsidérable, soit l'expulsion, au dehors, des matières
excrémentitielles, ainsi que des produits de la génération;
seulement, tout cela admis, il reste à expliquer comment
ces ouvertures si essentielles sont établies. Le sont- elles
parles animaux eux-mêmes? cela est plus que probable :
mais, dans ce cas, quels sont les organes ou les instru-
ments qui concourent à leur exécution ? Enfin sont-elles
le résultat d'un travail actif de la part de l'animal, ou
bien, au contraire, n'y concourt-il que d'une manière
passive ?
Rien, dans l'organisation générale des Mollusques, ne
nous autorise à penser que c'est par une action directe
et active que le Stylifer pratique ainsi deux ouvertures
aussi régulières, si ce n'est peut-être à l'aide de son appareil
lingual. On sait, en effet, que certains Mollusques gasté-
ropodes pratiquent des trous par ce moyen dans des
corps assez durs, tels que des coquilles. En est-il de même
pour celui qui nous occupe en ce moment? c'est ce que le
défaut de certains détails sur l'organisation de l'animal
du Stylifer ne nous permet pas de décider. Pour nous,
d'ailleurs, en présence de ces ouvertures d'une forme si
complètement différente de celles auxquelles nous faisions
TRAVAUX INÉDITS. 123
allusion ci-dessus, nous avouons pencher pour la négative,
et nous croyons plus volontiers qu'elles sont bien le fait
de l'animal lui-même, mais qu'il ne concourt à leur for-
mation que d'une manière passive. Ainsi, de même que le
fait seul de la présence des jeunes Mollusques à l'extré-
mité d'une épine est l'occasion de la formation d'une
cavité propre à les renfermer, par suite d'un développe-
ment anormal de cet organe, de même nous croyons que
la présence de quelque partie de l'animal vers le lieu où
se formera l'ouverture servira de détermination, ou plu-
tôt sera la cause occasionnelle de celle-ci. Il resterait
maintenant à dire quelle est cette partie, ou plutôt quel
est l'organe qui joue ce rôle passif: est-ce le pied? 11 y
aurait, en effet, quelque motif de le supposer, car on sait
que cet organe, chez les Stylifers, est pourvu, à la partie
antérieure, d'une languette assez prolongée. Ou bien en-
core serait-ce quelque appendice du manteau, lequel, for-
mant une sorte de prolongement, serait destiné à mettre
l'organe respiratoire de l'animal en communication plus
directe avec le milieu ambiant? Ici cependant l'analogie
nous ferait défaut, car les Mollusques qui possèdent ainsi
ces gouttières ou tubes respiratoires ont, sur leur coquille,
des indices de ces organes : ils s'y traduisent ordinaire-
ment, soit par une échancrure, soit par un canal. Nous le
répétons de nouveau, le peu que nous connaissons de
l'organisation des Stylifers ne nous permet pas d'aller au
delà dans l'interprétation de ces faits aussi étranges que
nouveaux.
L'observation que nous venons de faire connaître nous
paraît avoir un certain intérêt, d'abord au point de vue
de l'organisation générale et de la physiologie des Mol-
lusques, puis à celui de leurs mœurs et habitudes.
Mais il en est encore un autre qui nemanquepas d'impor-
tance, c'est qu'elle peut venir en aide dans la détermina-
tion des corps vivants et surtout fossiles qui, en devenant
ainsi l'habitation parasitiquedecertainsanimaux, prennent
124 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
une apparence et des caractères qui les font souvent mé-
connaître; il n'est pas rare, en effet, de trouver des épines
de Cidaris, à l'état fossile, dont les formes, plus ou moins
bizarres, ne se rapportent que très-imparfaitement à celles
des épines ordinaires; peut-être sont-elles le résultat de
modifications analogues ; nous avons déjà cité le Cidaris
cyathifera comme étant dans ce cas.
Après avoir fait connaître les particularités de l'habitat
de nos Stylifers, il nous reste maintenant à les déterminer
spécifiquement.
Le genre Stylifer ne renferme, jusqu'à présent, qu'un
petit nombre d'espèces; c'est à peine si l'on en compte
cinq décrites ou défigurées par les différents auteurs;
parmi elles, il en est une établie, par M. Petit de la
Saussaye, dans le journal de conchyliologie, 1851, p. 25,
pi. 2, f. 8-9, sous le nom de S. Mittrei Petit, à laquelle
nous avions tout d'abord songé à rapporter notre espèce,
tellement elle en est voisine ; mais un examen plus appro-
fondi nous a bientôt révélé qu'il existe entre elles des dif-
férences assez notables pour légitimer l'établissementd'une
nouvelle espèce,
Comme le Cidaris sur lequel vivait notre Stylifer fait
partie de la belle collection paléontologique de feu M. d'Or-
bigny, acquise par l'Etat pour le muséum d'histoire natu-
relle de Paris, nous nous faisons un devoir et un plaisir
de la consacrera la mémoire de ce savant illustre, dont la
science regrette la perte.
Stylifer Orbignyanus (1). Testa ovato-abbreviata, inflata, pellu-
cida, nitidissima, albido-ci trina; anfractibus septis, rotundatis, con-
vexioribus primis, exiguis, prominentibus, suturisprofundis; spira
mucrooata-exserta ; apertura subrotundata ; columella regula-
riter arcuata, labro dextro tenui acuto. PI. x, fig. 1, 2, 3.
Coquille ovale, raccourcie, renflée, formée de sept tours,
dont les premiers, très-petits, constituent une sorte de pe-
tite pointe qui termine la spire ; les deux derniers tours
(1) Voyez journal [Institut du 28 décembre 1859, p. 417.
TRAVAUX INÉDITS. 125
sont très - développés , très -convexes , principalement
auprès de la suture ; celle-ci est profonde et bien mar-
quée.
L'ouverture est arrondie ; la columelle est arquée et se
continue inférieurement, sans interruption, avec le bord
droit, lequel est mince et tranchant.
Dimension : 1., 6; 1., 5 mill.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, cette espèce est
très- voisine du Stylifer Mittrei Petit ; mais elle s'en dis-
tingue par une forme plus raccourcie, plus ventrue ; l'ex-
trémité de la spire forme une. pointe moins saillante en
même temps que les tours sont plus convexes ; enfin l'ou-
verture est également plus circulaire. — Habite la Nou-
velle-Hollande.
Note sur un genre nouveau de Gastéropode : G. Galé-
ropside, par M. Hupé, aide-naturaliste au muséum.
Malgré la répugnance extrême que nous ressentons pour
une multiplicité trop grande des coupes génériques, voie
dans laquelle on paraît vouloir entrer beaucoup trop de
nos jours, nous avons dû nous décider à instituer celle-ci,
dans l'impossibilité où nous sommes de rapporter la co-
quille qui fait le sujet de cette étude à aucun genre déjà
existant. Nous croyons, en effet, que, dans ce cas particu-
lier, il y aurait plus d'inconvénient à forcer les rapports
qui doivent nécessairement exister entre toutes les espèces
d'un même genre, en y introduisant une forme qui ne s'y
rallie que très-imparfaitement, qu'il n'y en a de former
une coupe générique nouvelle ; car la première méthode a
nécessairement pour résultat d'infirmer les genres déjà
acceptés de tout le monde, et d'en dénaturer les carac-
tères, en affaiblissant leur valeur par une extension arbi-
traire et forcée. C'est là, en effet, ce qui arriverait certaine-
ment pour la coquille dont il est ici question. On ne peut
nier, à la vérité, qu'elle n'ait quelque affinité avec cer-
126 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
taines espèces du genre Pourpre, telles que P. Monodon,
P. Madieporarium, lesquelles, par suite de leurs habitudes
de vivre enfoncées dans les Madrépores, contractent des
apparences et des déformations insolites. C'est avec elles et
quelques autres plus ou moins semblables, que MM. Adams
ont formé leur genre Coralliophagc, mais si, d'une part,
une étude approfondie et, pour ainsi dire philosophique,
nous permet d'arriver à constater ces affinités, il n'en est pas
moins vrai, d'autre part, que la somme des différences est
telle, qu'il y aurait une sorte de témérité à consacrer ces
affinités par une assimilation aussi complète. D'ailleurs ,
ainsi que le prouvera surabondamment cette étude, l'ana-
logie que nous indiquons à l'égard des Pourpres peut
être invoquée avec autant de raison à l'égard des Galyp-
trées, Cabochons et groupes voisins ; c'est cette dilution ou
plutôt cette divergence dans les rapports signalés ci-des-
sus qui nous semble le plus militer en faveur de l'opinion
que nous exprimons ici, à savoir la nécessité de l'établis-
sement d'une nouvelle coupe générique.
La coquille typique de notre genre Galéropside se trouve
à l'état fossile : malheureusement nous n'en connaissons
pas exactement le gisement; mais nous avons tout lieu
de croire qu'elle provient des terrains tertiaires, proba-
blement de l'étage des faluns, du bassin de la Gironde.
Son aspect général est celui d'un Cabochon , c'est-à-
dire qu'elle est piléiforme, très-convexe en dessus, con-
cave en dessous. Seulement, si l'on examine la première
portion de la spire, on voit qu'à cette époque de la vie de
l'Animal la coquille avait une forme plus régulière, qui
se rapprochait évidemment de Celle des Pourpres. On y
trouve même des traces de côtes transversales, sorte d'or-
nementation que l'on trouve dans la plupart des espèces
de ce genre ; mais, au delà de cette première partie, la
coquille s'évase ou se dilate extrêmement, et les stries d'ac-
croissement, qui témoignent de la forme de l'ouverture,
montrent que les bords de celle-ci offraient une irrégula-
TRAVAUX INKDITS. 127
rite qui n'a fait que persister en s' exagérant même, puisque
les bords actuels du péristome sont fortement flexueux ;
circonstance qui tient très-probablement à l'habitude
qu'avait l'Animal de vivre fixé sur des corps étrangers,
irréguliers dans leur forme.
Il résulte de ce que nous venons de dire que la place
des Galéropsides, dans la nombreuse série des Gas-
téropodes, paraît devoir être dans le voisinage du
genre Pourpre , dans la petite famille instituée par
MM. Adams, sous le nom de Coralliophagides, en com-
pagnie des genres Rhyzocheilus, Coralliophila et Pedicu-
laria. Cette famille, bien entendu, rentre dans celle des
Purpuridées ; car il ne nous paraît pas démontré qu'il y
ait nécessité d'en créer une particulière pour les quelques
genres que nous venons d'énumérer. En indiquant ainsi
les rapports de notre nouveau genre, nous sommes heu-
reux de pouvoir invoquer l'opinion de M. Deshayes, à
l'examen duquel nous l'avons soumis ; nous saisissons cette
occasion pour remercier ce savant illustre de ses conseils
aussi bienveillants que désintéressés.
Caractères génériques.
Coquille capuliforme, à spire courte, à peine distincte;
dernier tour très-grand, convexe en dessus ; ouverture
très-ample et très-dilatée, à bords continus, flexueux;
columelle large, aplatie, un peu concave au milieu, pour-
vue, à sa base, d'une saillie dentiforme ; point de canal,
mais un simple sinus à peine marqué.
Galeropsis Lavenayanus. Testa capuliformi , subconica, superoe
couvexa, inferue eoucava; spira brevissima, obtusa, ultimo anfractu
ampliori, trausversim obsolète subcostato, striis tenuioribus om-,
nine lirato. Apertura subovata, valde dilatata; peristomate inlegro,
flexuoso; columella excavata, basi leviter siouosaque uoideutata.
PI. x, fig. 4.
Coquille capuliforme, subconique, convexe en dessus,
formée de deux tours de spire, dont le premier, extrême-
ment petit, constitue un tortillon à peine marqué; le
dernier tour, au contraire, très-grand, forme à lui seul
128 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
presque toute la coquille; sa surface est couverte de stries
transversales, extrêmement fines et rugueuses ; il porte,
vers sa partie moyenne, deux côtes transversales obtuses,
qui s'effacent en approchant de la périphérie. Des stries
longitudinales d'accroissement sont fortement indiquées
de distance en distance par des sillons irréguliers et
flexueux. L'ouverture est très-grande, évasée ; les bords
en sont continus et très-sinueux.
La columelle est légèrement arquée dans sa longueur,
concave au milieu, et relevée extérieurement en un bord
gauche, lequel se confond, sans interruption, avec celui
du côté opposé, soit en haut, soit en bas. Cette columelle
est, d'ailleurs, pourvue, à sa base, d'une saillie denti-
forme, auprès de laquelle existe un léger sillon vertical,
qui est comme l'indice d'un canal.
Dimension hauteur de la coquille, 35 millimètres ; h. de
l'ouverture, 34 ; largeur, 30 millim.
Localité. — Fossile des terrains tertiaires, probablement
de l'étage des faluns de Bordeaux.
Cette coquille nous a été communiquée par M. Léon
de Lavenay, amateur distingué de conchyliologie, qui
met à profit les loisirs que lui laisse une carrière adminis-
trative, pour former une collection de coquilles soit vi-
vantes , soit fossiles, qu'il a su rendre intéressante, en
s' occupant plus particulièrement des espèces de petite di-
mension.
Nous nous faisons un plaisir d'attacher son nom à cette
nouveauté malacologique, en le priant d'accepter cette dé-
dicace comme un faible témoignage de notre haute con-
sidération.
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie ( Curcu-
lionites) ; par M. A. Chevrolat.
31. Rhynchites cuprinus, affinis certe R. megacephalo, G. (con-
stricto, Schr.), alatus, eupreus, crebre et minute punctatus, pube
fulva leniter pilosus; rostro breviter arcuato, autenuis, oculis,
TRAVAUX INÉDITS. 129
pectore, abdomiue pedibusque nigris ; capito quadrato, subconvexo;
thorace elongato, sulcato longitudine; elytris amplius punctato-
striatis. — L.,2 3/4; 1., 1 1/4.
Même forme que le R. megacephalus, G., d'un vert cui-
vreux, finement, densément, assez profondément ponctué
et revêtu d'une légère pubescence grise un peu inclinée.
Trompe, antennes, yeux, poitrine, abdomen et pattes
noirs. Ces dernières ont une teinte verdàtre sur les côtés.
Tête carrée, ou peu convexe, comprimée transversalement
en arrière, à points moyens, rapprochés, assez profonds.
Trompe de la longueur du corselet, subitement arquée à
partir de l'insertion des antennes, ponctuée, verte unica-
rénée au milieu sur sa base. Yeux ronds, situés sur les
côtés antérieurs de la tête. Corselet étroit, allongé, droit
aux extrémités, un peu aminci en avant, arrondi sur les
côtés postérieurs, finement ponctué, marqué d'un sillon
longitudinal assez large, interrompu vers le haut. Ecusson
petit. Elytres une fois 1/2 aussi larges que le corselet,
2 fois 3/4 aussi longues, arrondies et un peu élargies au
sommet, offrant chacune onze stries formées de gros points,
celle près de l'écusson courte ; interstices 4e, 5e et latéraux
relevés en côtes étroites. La massue antennaire est com-
posée de 3 gros articles.
Des environs d'Alger, envoi de M. J. Poupillier.
32. Auletes subplumbeus, alatus, crassiusculus, nigro-plumbeus, seu
virescens, subnitidus pube brevi subtiliore canescente, creberrime
punctatus amplius in capite et in thorace ; antennis versus et ante
médium rostri insertis j oculis, rostro pedibusque nigris (rostrum
longius est quam caput et thorax conjuncta).— L., 4 5/6, 4 1/3; J.,
1 1/2, 2 1/4 m.
c? D'un noir plombé ou verdàtre P , un peu brillant,
couvert d'une ponctuation serrée, assez profonde, un peu
réticulée sur ses bords et d'une courte pubescence blan-
châtre. Tête en carré transverse, convexe. Trompe noire,
à peu près de la longueur de la tête et du corselet réunis
chez le cf , un quart plus longue chez la £> , à peu près
d'égale grosseur, cependant un peu élargie au sommet,
2e skrib. t. xii. Aunée 1860. 9
130 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
faiblement arquée, transversalement sillonnée et aplatie à
sa base, avec quelques rides fines sur le milieu. Chez la
JP sa base offre une petite côte longitudinale, qui devient
sillonnée au-dessous de l'insertion des antennes et s'étend
un peu au delà. Antennes noires, massue triarticulée. Cor-
selet coupé droit aux extrémités, un peu rétréci et étroi-
tement atténué en avant, arrondi sur les côtés, convexe
sur le disque , plus étroit et plus allongé chez la p .
Ecusson petit, semi-arrondi. Elytres une fois 1/2 aussi
larges que le corselet à la base, presque quatre fois aussi
longues, un peu plus élargies et conjointement arrondies
au sommet (n'offrant qu'une strie suturale). Pattes entiè-
rement noires.
Alger, mars, d" et £> envoyés par M. J. Poupillier.
Elle a la forme et la dimension des A. Ilicis, basilaris et
politus; mais ces 3 espèces sont noires, tandis que la nou-
velle est de couleur plombée à courte pubescence cendrée ;
la vP a la trompe mince et plus longue, et son corselet est
beaucoup plus étroit qu'aucune des trois ci-dessus dési-
gnées.
33. Sciaphilus sulcirostris punctatus, niger, squamulis viridi-
uitentibus tectus; rostro lateribus compresso, antice dilatato, sulco
longitudinali impresso ; thorace paululum latiore quam longiore,
extremitatibus recto, lateribus modice rotuudato; elytris subglo-
bosis, siugulatim ad apicem obtuse rotuudatis, punctato-striatis ;
anteunis, tibiis, tarsisque ferrugineis. — L., 3 3/4; 1., 1 1/2 m.
Très-finement ponctué, noir, couvert de petites écailles
rondes d'un beau vert brillant. Têle arrondie, convexe.
Trompe courte, comprimée sur les côtés, relevée sur ses
bords, dilatée à l'extrémité, impressionnée d'un sillon
étroit, profond à la limite qui a lieu entre et au-dessus des
yeux : ceux-ci sont arrondis, noirs. Antennes assez épais-
ses, plus longues que le corselet, ferrugineuses, à massue
oblongue brunâtre. Corselet court, un peu plus large que
long, faiblement arrondi sur le milieu des côtés, ordinai-
rement, mais faiblement dénudé sur le disque, et offrant
une ligne marginale assez large, veile ; le milieu longitu-
TRAVAUX WKDFTS. 131
dînai paraît un peu élevé? El y 1res suborbiculaires, con-
jointement arrondies au sommet, présentant chacune neuf
séries également distantes de points rapprochés, relative-
ment gros et profonds; interstices larges, convexes, char-
gés d'un poil court d'un gris verdâtre, en forme de soies.
Corps en dessous et cuisses renflées, de couleur verte.
Jambes et tarses ferrugineux.
De toutes les espèces décrites jusqu'à présent, c'est
peut-être l'une des plus petites. On la rencontre aux en-
virons d'Alger, et je l'ai reçue de MM. Poupillier, Pro-
phette et Gehin.
M.Tanymechusbrevisà\âtus,latxisf plamusculus,griseo-tomentosus;
rostro subconico, piano, antice medio breviter costato, punctulato;
thorace confertim punctato, denudato, lateribus rotundatis, cine-
reis, medio subcarinato, aotice arcte constrieto posticeque recto ;
elytris ad apicem pone suturam angulose productis, striato-punc-
tatis. — L., 8 1/2; 1., 3 2/3 m.
Court, large, déprimé, peu convexe, d'un gris tomenteux,
très-finement et serrement ponctué. Tête convexe. Rostre
large, conique, plan, ponctué, offrant en avant une petite
côte médiane. Antennes moliniformes, brunâtres. Corselet
un peu plus long que large , transversalement comprimé
en avant, droit aux extrémités , arrondi et grisâtre , ou-
vert sur les côtés, dénudé, légèrement convexe, couvert
d'une ponctuation serrée et finement tuberculeuse en des-
sus, milieu longitudinal, élevé en forme de carène. Ecusson
petit, allongé. Elytres plus larges que le corselet, évasées
en cintre sur la base, 2 fois 1/2 aussi longues, élargies aux
2/3, prolongées en angle près de la suture ; leur surface est
faiblement convexe ; chaque étui offre 10 stries étroites,
assez profondes, ponctuées, les 2-3e% 4-5e% 6e et 7e sont
géminées ; le calus est situé entre les 3e et 7e sur leur
jonction. Cuisses assez renflées, comprimées circulaire-
ment au sommet, évasées en dessous ; elles sont, ainsi que
le corps, densément poilues.
Unique. Des environs d'Alger.
35. Tanymechus submaculatus, alatu^, elongatus, minute punctatus,
132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
cretaceo-obscuroque varius ; rostro fere latitudine capitis (utroque
aequali), antice barbato, carinula média; thorace in lateribus an-
ticis rotunde ampliato, liueis tribus brunneis, duabus basi ad-
nexis média subintegra antice arcuatim ampliata, scutello albido
parvo. Elytris débiliter nebulosis, cretaceo-maculatis, striato-
punctatis, ad apicem conjunctim rotundatis. Antennis oculisque
nigris. — L., 6 1/3; 1. 2 1/2 m.
Cette espèce a la taille, la forme du T. sparsus, S.; mais
elle est plus étroite, plus déprimée et surtout plus allongée
que cette dernière, d'un gris crétacé, mélangé de nébu-
leux. Tête convexe, couverte de petits tubercules, à peine
plus large que la trompe : celle-ci est en carré long, poilue
en avant, marquée d'une carène médiane qui, entre les
yeux, est traversée d'un étroit sillon. Antennes noires,
annelées de blanc. Yeux noirs. Corselet un peu plus long
que large, arrondi et élargi aux côtés antérieurs, droit en
avant, faiblement cintré en dehors et en arrière, offrant
trois lignes obscures, 2 vont de la base jusqu'au delà du
milieu, médiane presque entière dilatée en demi-cercle
près du bord antérieur. Ecusson ponctiforme, blanc.
Elytrcs près du double plus larges que le corselet à sa
base, 2 fois 1/2 aussi longues, coupées obliquement sur le
dehors de l'épaule, parallèles et conjointement arrondies
à l'extrémité, à stries ponctuées légères, à fond faiblement
obscur avec taches allongées d'un gris blanchâtre. Corps
en dessous et pattes crétacés. Cuisses ornées, vers le som-
met, d'un anneau blanc.
Des environs d'Alger. Envoi de M. J. Poupillier.
36. Cleonus fimbriatus affinis Cl. costato sed major, oblongus, cras-
sus, convexus, griseus, rubiginosus vel fusco-niger ; rostro cari-
nato, utrinque sulcato, oculis nigris, supra et infra albo vel flavo
limbatis ; thorace subconico, lateribus albidis, costa média aliquo-
ties albo-limbata ; elytris saepe unicoloribus, basi subcostatis albi-
doque liueolatis, margine cinereo-irroratis, tenue vel fortius punc-
tato-striatis j abdomine maculis nigris adsperso. — L., 12 1/2, 17;
L, 3 3/4, 6 1/2.
Cette espèce, qui se trouve sur toute la côte de Barbarie
(au Maroc, en Algérie et à Tunis), représente nos C. costa-
TRAVAUX INÉDITS. 133
tus et cinereus ; elle est plus forte, de couleur fauve, cen-
drée ou rouille, très-finement rugueuse. Tête arrondie.
Trompe deux fois aussi longue, tricarénée et bissillonnée ;
un trait blanc ou jaune existe au-dessus et au-dessous des
Yeux : ceux-ci sont noirs. Antennes brunes, à massue en
partie cendrée. Corselet coupé droit en avant, largement
lobé en dessous et bordé d'un duvet jaune ou blanc,
échancré en demi-cintre en dehors de la base, subconi-
que, marqué latéralement d'une ligne étroite, blanche ou
jaune, qui s'abaisse en se courbant sur le devant; les côtés
inférieurs sont couverts de gros points excavés ; le milieu
offre en dessus une côte longitudinale lisse, épaisse en
avant, qui n'atteint pas la base : elle est quelquefois étroi-
tement frangée de blanc. Elytres oblongues, plus ou moins
élargies vers le milieu, à séries de points obsolètes, ou
moyens, assez profonds et régulièrement espacés ; la base
a de chaque côté 3 petites côtes entremêlées de lignes
blanches raccourcies, la marge est tiquetée de gris. Le
corps, en dessous, reproduit d'une manière plus vive la
couleur du dessus, et Yabdomen est chargé de mouche-
tures noires, ponctuées et grises au centre-
Cette espèce doit se retrouver aussi dans le midi de
l'Espagne. Je possède une variété très-remarquable, pro-
venant des environs de Tanger, dont le corselet est chargé,
en dessus, de fortes nervures longitudinales, transversales
en dessous et très-excavées au centre.
37. Phytonomus carinirostris, apterus, niger, pube brevi griseo-
nigra, umbriua, infra aureo-mixtus ; rostro longitudine ihoracis,
subcylindrico, modice arcuato, oigro ; cariaa média, antice bifida,
intus foveata ; thorace eloagato, lateribus anticis subito obliquis,
dein rectis, obscuro, crebre ruguloso in disco retis subtubercu-
latis, lineis tribus cinereis , média angusta canaliculata ; elytris
obovalibus , singulo striis decem punctatis fere geminatis , inter-
stitiis seriatim fusco, griseo et cervioo maculatis, convexis, 5° ebasi
ad médium subcostato. — L., 10; 1., 5 m.
Cette espèce a la taille et la même forme que le P. philan-
thus et est noire, doucement ponctuée et cor iacée, revêtue
134 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
d'un poil ras, serré, noirâtre, mélangé de brun, de fauve,
et quelque peu doré en dessous et sur les pattes. Tête ar-
rondie, convexe, grise. Trompe delà longueur du corselet
sur le côté, noire, cylindrique, faiblement arquée, un peu
épaissie au sommet, présentant au milieu une carène lon-
gitudinale, bifide en avant avec un petit canal en dedans.
Antennes noires, base du scapus faiblement ferrugineuse.
Yeux noirs. Corselet allongé, évasé cylindriquement, vu
en avant, à peine lobé près des yeux, largement arqué
sur le dehors de la base, subitement coupé en oblique au
côté antérieur, droit ensuite, noirâtre, inégal, fovéolé,
trois lignes longitudinales grises : médiane étroite, canali-
cuîée, chaque latérale du double plus large, arquée et im-
pressionnée en avant, quelques gros points épars en des-
sous. Ecusson très-petit, triangulaire. Ely très obo val aires,
arrondies, offrant chacune 10 séries de points, rapprochées
par deux, interstices convexes, 3e et 5e surtout, relevés en
côte à partir de la base vers le milieu ; leur surface est
d'un gris noirâtre avec des taches plus ou moins bien
formées, blanchâtres, noires, fauves; la suture sur le quart
apical et les côtés sur la partie qui forme la courbure la-
térale sont d'un blanc grisâtre. Cuisses transversalement
comprimées vers le sommet et comme annelées de gris et
de noir. Tarses d'un cendré bleuâtre, poilu.
Cette espèce a été trouvée aux environs de Philippeville,
par M. L. Lethierry, et je lui dois l'exemplaire que je pos-
sède.
38. Otiorhynchus aquilus, affinis Ot. hirsuticorni, Hst, brunneo-
rufus, obJongus, punctatus; rostro inaequali usque ad verticem
profonde sulcato. lateribus earinato; thorace rotundato, rugose vel
munde puuctato, Jinea média laevi ; elytris elongato-oblongis, sub-
parallelis, anticc posticeque rotuudatis, obscuro fuscoque uebu-
losis, punctato-striatis, pube brevi inflexa dense hirsutis. Femori-
bus clavatis, simplicibus albido biannulatis. — L., 5-7; 1., 2 1/2,
3 m.
Roux. Trompe saillante, comme sciée à sa base, profon-
dément sillonnée au milieu jusqu'à l'occiput, relevée de
TRAVAUX INÉDITS. 135
chaque côté, du double plus longue que la tête : celle-ci
est couverte d'écaillés hérissées rousses et grises, son con-
tour supérieur est noir, glabre, ruguleux au milieu, lisse
en arrière des yeux et tuberculeux en dessous. Sa mandi-
bule gauche est brune, avancée, presque droite, quoiqu'un
peu arquée. Antennes assez épaisses, brunes, à 1er art.
du funicule conique, suivants moniliformes. Massue ova-
laire aiguë, de 4 articles, 1er et 2e étroitement au sommet,
et les 2 derniers entièrement cendrés. Yeux petits, arron-
dis, enfoncés, noirs. Corselet aussi large au milieu que haut,
droit en avant, mais un peu cintré sur le milieu, avancé
en cintre sur le dehors de la base, côtés régulièrement ar-
rondis sur le milieu, à ponctuation peu nette, inégale et
légèrement réticulée sur ses bords ; une ligne médiane
lisse part du sommet jusqu'aux 2/3 delà longueur. Elytres
en ovale long, subparallèles à la hauteur des pattes inter-
médiaires jusqu'aux 3/4, arrondies sur l'épaule et conjoin-
tement sur le sommet, offrant chacune dix séries de points
moyens, réguliers, assez profonds et un peu allongés; sur-
face d'un roux mélangé d'obscur et de fauve. Pattes gra-
nuleuses, recouvertes d'écaillés poilues, Cuisses simples,
assez renflées, comprimées circulairement et biannelées
de blanc vers l'extrémité. Jambes élargies des deux côtés
à leur terminaison, antérieures cambrées. Tarses d'un
brun de poix, revêtus, en dessus, de poils grisâtres.
Je possède un individu <^ plus petit qui présente les
différences suivantes : trompe moins saillante, n'étant pas
sciée sur la base, à sillon plus raccourci, à tête transver-
salementconvexe, finement coriaeée, à corselet plus aplati,
plus arrondi sur le côté, ayant une ponctuation nette à
surface plane, la ligne unie du milieu plus prolongée en
arrière. Enfin la place scutellaire est noire.
Le & et la p m'ont été donnés par M. Lethierry, qui a
trouvé cette espèce aux environs de Bone.
39. Oliorhynchus furinus, similis Ot. affabro, Bhn., eloDgatus,
uigro-ciuereus, bruimco vel griseo setulosus ; rostro lougitudine
136 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
capitis, recto, usque ad frontem, posticeque transverse sulcato ;
thorace oblongo, supra convexo, antice recto, postice oblique truo-
cato, anterius angustiore, lateribus augulose rotundatis, punctis
irregularibus, in interstiis dorsalibus punctato; elytris dorso planis,
profunde punctato-striatis , interstitio tertio 5°que elevato ; pe-
dibus scabris fuscis ; femoribus simplicibus albo biannulatis. —
L., 5; 1., 1 2/3 m.
Allongé, noir, couvert de petites écailles rondes d'un
gris noirâtre terreux. Trompe droite de la longueur de la
tête, sillonnée au milieu jusque sur le front et transversa-
lement entre les yeux et en avant. Antennes brunes, poi-
lues; scapus droit, faiblement renflé, atteignant le milieu
du corselet, chargé de petites soies cendrées, funicule à
1er article conique, 2° moitié plus court, suivants monili-
formes; massue oblongue, de 4 art., 1er luisant, suivants
grisâtres. Corselet aussi large au milieu que long, convexe,
droit et aminci en déclivité sur la tête, coupé obliquement
de chaque côté de la base sur le milieu, arrondi subangu-
leusement sur le milieu latéral couvert de points moyens,
assez profonds, plus espacés sur le disque ; les intervalles,
vus avec une forte loupe, paraissent pointillés. Elytres
ovalaires, planes sur la région dorsale, convexes sur la
déclivité postérieure, coupées obliquement sur le dehors
de l'épaule, parallèles au delà et arrondies conjointement
sur le sommet ; chaque étui présente 8 stries formées de
points réguliers assez profonds : ces stries sont réunies par
deux en dessus, mais la lre se joint à la dernière sur le
sommet, et toutes suivent la mêrçe marche : les 5e et 6e
en forment le centre et sont, par conséquent, plus courtes ;
les 2 stries suturales ont les points plus forts; les interstices
ont des séries de poils noirs et de soies grises; le 2e sur-
tout, le 3e et le 5e sont élevés. Pattes écailleuses, brunes,
couvertes de soies. Cuisses épaisses, simples, circulaire -
ment comprimées et biannelées de blanc près du sommet.
Jambes antérieures élargies et crochues au sommet.
Un exemplaire m'a été envoyé par M. Lethierry, qui a
rencontré cette espèce près deBone.
TRAVAUX INÉDITS. 137
40. Dryophthorus brevirostris, alatus, eloogatus, rufo-branneus,
rostro longitudine capitis, in mare breviori et crassiusculo, in fe-
miua subterete, plauiusculo, ambo rugulosis , vix distincte punc-
tatis, sulco loogitudinali et transversali ioter et supra oculos;
thorace longiore quam latiore, antice posticeque recto, sccundum
marginem antcriorem acute constricto et late marginato, tuberculis
spinulosis comprrsso, sulco basali lato; elytris parallelis, costatis
et inter costas seriatira tuberculatis, ad apicem rotuadatis et re-
flexis. — L., 3; 1., 1 m.
Plus petit que le D. lymexylon^Y^ d'un brun rougeâtre.
Tête et rostre scabreux et peu distinctement ponctués,
égaux en longueur, turbines dans leur ensemble, plus
courts, plus arrondis, et ordinairement sillonnés en travers
chez le d" , un peu plus longs, un peu aplatis et sillonnés au
milieu chez la femelle. Antennes à scapus court, funicule
à articles serrés, massue à peine plus épaisse. Yeux en-
foncés, étroits, oblongs, bruns. Corselet un peu plus long
que large, droit aux extrémités, fortement resserré et lar-
gement rebordé en avant, faiblement et régulièrement
arrondi sur le côté et comme denticulé, couvert de petits
tubercules aigus. Elytres à peine plus larges que le corse-
let, 2 fois aussi longues, parallèles, arrondies et légère-
ment relevées sur l'extrémité, offrant chacune 10 côtes, y
compris la suturale et la marginale ; chaque interstice
offre une rangée de petits tubercules modérément dis-
tants. Pattes scabreuses. Cuisses assez épaisses. Jambes
plus courtes. Tarses étroits, resserrés, dernier article al-
longé. Crochets excessivement petits et courts.
Un exemplaire, des environs de Béziers, m'a été donné
dans le temps par M. le cape Gaubil, et 5 autres m'ont été
envoyés par M. J. Poupillier, comme ayant été pris, au
mois de mars, aux environs d'Alger, sur le bois de figuier
qu'il perce en état parfait. Sa larve se nourrit du même
bois.
138 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
II. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 5 mars 1860. — M. Milne-Edwards présente
la 2e partie du 5e volume de son ouvrage sur la Physiolo-
gie comparée de l'homme et des animaux. Dans ce fascicule,
l'auteur traite des organes de la digestion chez les ani-
maux invertébrés.
M. Flourens lit un remarquable Mémoire ayant pour
titre : Nouvelles expériences sur la formation du cal.
M. Lacaze-Duthiers lit un Mémoire sur la Pourpre. —
L'auteur ayant remarqué le peu de précision qui existe
dans la détermination de l'organe qui fournit la matière
tinctoriale et l'incertitude où sont laissés les peintres
quand il s'agit de fixer la nuance des draperies pourpres,
s'est livré à des recherches qui l'ont conduit à mieux pré-
ciser, anatomiquement, l'organe de la matière colorante.
Ses études ont porté sur des espèces bien définies, et il
démontre que la matière à pourpre est primitivement une
substance incolore, produite par une partie assez res-
treinte du manteau des Rochers et des Pourpres.
Après avoir décrit avec soin cet appareil et avoir établi
qu'il se trouve dans la plupart des Gastéropodes, il dit
que le liquide qu'il sécrète, incolore dans tous, n'est in-
fluençable par le soleil que chez les vrais Mollusques à
pourpre. Par des expériences variées il a vu que l'influence
du soleil développe les couleurs dans l'ordre suivant :
jaune, bleu et rouge produisant ensuite le vert et le
violet, résultat du mélange. En faisant l'expérience à
la lumière diffuse , c'est-à-dire lentement, on observe
très-nettement la succession des couleurs. Mais, tandis
que le jaune disparait quand l'action se prolonge, le bleu
reste toujours en quantité notable, ce qui fait que jamais,
naturellement du moins, le rouge ne se trouve seul; aussi
la nuance de la pourpre est toujours, au fond, plus ou
moins violette.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 139
Si, primitivement, la pourpre fut violette, ses tons et
ses nuances changèrent avec les exigences de la mode et
des goûts; ainsi l'on teignit deux fois les étoffes pour avoir
une couleur plus riche, plus vive : ce fut la pourpre di-
baphe [purpura dibapha). Les mélanges des espèces con-
tribuaient aussi à modifier les tons. Avec le Murex trun-
culus, on obtient du bleu seul presque sans rouge, comme
aussi du violet. Tant que la matière animale des Mollus-
ques fut employée, la pourpre dut être certainement d'un
violet plus ou moins foncé, toujours cependant plus voi-
sin du rose que du bleu.
Ajoutons, en terminant, que cette intéressante question
de la pourpre a été traitée d'une manière remarquable
dans cette Revue, 1856, p. 34, par M. Grimaud de Caux,
à qui l'on doit aussi d'avoir appelé l'attention sur les
beaux travaux que le savant docteur Bizio, de Venise, a
publiés sur ce sujet.
M. Béclard présente un Mémoire ayant pour titre : De
la chaleur produite pendant le travail de* la contraction
musculaire.
Séance du 12 mars 1860. — M. I. Geoffroy Saint-Hi-
laire présente, de la part de M. E. Blanchard, aide d'en-
tomologie au muséum , des Recherches sur le système
dentaire des Oiseaux.
En présentant ce travail, M. I. Geoffroy Saint-Hilaire
rappelle que son illustre père avait démontré la présence
des dents, sur le fœtus d'un Perroquet, dès 1806, et qu'il
avait admis, à cette époque, qu'il existait chez les Oiseaux
un système dentaire temporaire.
M. Blanchard a confirmé cette découverte en trouvant
aussi des traces de dents à l'état rudimentaire chez une
très-jeune Perruche ondulée, et, comme le grand zoolo-
giste dont il ambitionne de suivre les traces, il a trouvé
aussi que ces rudiments de dents étaient en nombre
impair.
En choisissant ce sujet d'étude, M. Blanchard n'a pas
140 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Mars 1860.)
seulement prouvé qu'il était un habile zoologiste, il a
montré encore qu'il était plein de cœur, et qu'il gardait
un pieux souvenir des travaux du grand naturaliste dont
nous nous glorifions tous d'avoir été les disciples. Il ne
pouvait ainsi que mériter toutes nos sympathies, et sur-
tout celles du digne fils du célèbre naturaliste dont il ve-
nait confirmer l'une des plus intéressantes découvertes.
Séance du 19 mars 1860. — M. de Quatrefages commu-
nique une Lettre de M. J. B. Dufour sur la culture du
mûrier sauvageon en Turquie.
Ce mode de culture consiste à planter de jeunes mûriers
de deux ans et non greffés. A trois ou quatre ans d'âge, ces
mûriers sont recepés au moment de l'éducation, et l'on
donne ces rameaux aux vers, comme nous l'avons vu pra-
tiquer dans quelques localités de l'Italie, et particulière-
ment près de Montebelluno , chez M. Guillion, le 21 juin
1852. M. Dufour pense que cette manière de cultiver les
arbres produit, à superficie égale, 25 p. 0/0 de feuille de
plus que par le système européen.
M. Dufour cherche ensuite à démontrer la supériorité
de la feuille de sauvageon sur celle du mûrier greffé.
Nous ne le suivrons pas dans son raisonnement, attendu
que tout le monde est de son avis depuis plus de cent ans.
Toute la question est de savoir si l'on pourrait, en France,
dans les locaux restreints où Ton élève les vers à soie,
employer la méthode de la nourriture par rameaux, qui
prend beaucoup plus de place, ainsi que je l'ai remarqué
en Italie.
M. de Quatrefages ajoute qu'il a déjà préconisé l'éle-
vage par rameaux, ainsi que l'avait fait M. Dumas, dans
son très-remarquable rapport. Suivant lui, nos séricicul-
teurs (déjà si forts dans leur spécialité) devraient adopter
la méthode turque Alors ils seraient tous forts comme
des Turcs.
Le même académicien présente les conclusions de
Notes et observations sur les vers à soie en 1859, par M, Ma-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 141
rès. Cet agriculteur distingué annonce que la même mala-
die s'est rencontrée dans toutes ses éducations, soit que
ses graines aient été saines, soit qu'elles aient été plus ou
moins attaquées. Il a remarqué, entre autres, que sur les
vers provenant de graines malades l'effet des matières
étrangères à la feuille , répandues sur elle et entrant
dans l'alimentation des vers, est à peu près nul ; un effet
favorable de ces matières (sucre, fécule, soufre, charbon)
ne se fait remarquer que sur les vers issus de graines
saines ou peu attaquées.
Les moyens de combattre la pébrine manquent encore,
ajoute-t-il. Les règles hygiéniques, suffisantes pour mener
à bien les Vers des graines saines dans les pays placés sous
l'influence de la pébrine, sont insuffisantes pour les sous-
traire à l'influence de cette maladie, puisqu'ils en portent
les signes, et il est à présumer que les œufs qui en pro-
viendront donneront encore de mauvais produits en 1860.
Depuis une série d'années, poursuit-il, j'observe le
Bombyx dispar , qui fait de grands dégâts dans certaines
parties de nos bois de chênes verts ; c'est une larve très-
vigoureuse et très-vorace, d'aussi grande taille parfois
que le Bombyx mori, et sur lequel j'ai vu de nombreuses
maladies, quoiqu'il vive à l'état sauvage. Vous voyez,
cette année, que je mentionne qu'il a été atteint de gras-
serie; cette maladie était même intense, car certains pe-
tits arbres étaient couverts de Vers pendus et décompo-
sés ; mais jusqu'à présent je n'ai pas vu qu'il ait été
attaqué d'une maladie qui se communiquât à ses œufs.
M. de Quatrefages fait observer que les faits cités par
M. Mares et les conclusions qu'en a tirées ce séricicul-
teur éclairé concordent de tout point avec les faits expo-
sés par lui à diverses reprises devant l'Académie et avec
les conséquences qu'il en avait déduites.
Nous devons ajouter aussi que l'observation de la ma-
ladie des chenilles sauvages concorde de tout point avec
les faits que nous avons exposés depuis trois ou quatre
142 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
ans, quand nous disions que l'épidémie s'est portée sur
tous les insectes phytophages, et que, depuis quelques
années, les entomologistes collecteurs ont remarqué que
les Lépidoptères, surtout, ne se montraient pas en quan-
tités aussi grandes qu'antérieurement. Du reste, Mme Bour-
nay, directrice de la filature de la Société d'agriculture de
Lyon, a fait la même remarque à peu près à la même
époque.
En présentant, de la part de M. Millet, député de Vau-
cluse, des cocons vivants, nous avons adressé à M. Geof-
froy Saint-Hilaire une Lettre dont il a été inséré un
extrait aux comptes rendus sous ce titre : Educations hâ-
tives de Vers à soie; extrait d'une Lettre de M. Guérin-Mé-
neville.
Malheureusement, les suppressions et changements faits
à notre Lettre portent juste sur ce qu'elle contenait de
neuf et d'utile et en changent complètement le sens et la
portée pratiques, car il n'y a rien de miraculeux à pré-
senter des cocons vivants, et nous ne nous serions pas
permis d'écrire à l'Académie pour cela seulement. Il im-
porte donc de rétablir cette trop longue Lettre dans son
véritable sens pratique en la donnant ici en entier :
« J'ai l'honneur de vous adresser, de la part de M. Mil-
let, député de Vaucluse, des échantillons vivants de Co-
cons du Ver à soie du mûrier provenant des éducations
hâtives de l'établissement de MM. Jouve, Chabaud et Mé-
riton de Cavaillon, où l'on fait l'essai des graines de Vers
à soie, afin de distinguer à l'avance celles qui doivent être
considérées comme de bonne qualité. Dans cet établisse-
ment, subventionné par la chambre de commerce de Lyon,
on a des mûriers en serre pour avancer leur végétation,
comme dans les cultures forcées, en sorte qu'ils sont cou-
verts de feuilles dès le mois de février. On peut élever avec
ces feuilles les Vers à soie, de nombreux échantillons de
graines dont on a hâté l'incubation, et l'on sait, dès le
commencement de mars, assez longtemps avant l'époque
SOCIÉTÉS SAVANTES. 143
de la mise des graines à l'incubation dans la grande cul-
ture, quelles sont celles qui offrent des chances de réus-
site et celles qu'il conviendrait peut-être de rejeter.
« En admettant que les phénomènes qui ont lieu dans
ces éducations hâtées, et pour ainsi dire contre nature,
soient semblables à ceux qui se produisent à l'époque
normale de la végétation des arbres et de l'éclosion des
Vers à soie, ce qui est loin d'être démontré, il est à crain-
dre que cet établissement ne puisse rendre tous les ser-
vices qu'on en attend. En effet, les négociants en graines,
qui fournissent la majorité de celles qu'on emploie dans
la grande culture , voudront-ils s'exposer à des pertes con-
sidérables sur ces indications, dont on peut toujours con-
tester l'exactitude et la portée? Je ne le crois pas. Des.
faits positifs du refus de s'exposer à une telle chance se
sont produits récemment devant moi et viennent à l'ap-
pui de mes doutes.
« Quoi qu'il en soit, il est intéressant de constater
qu'au moyen de ces mûriers forcés en serres l'on peut
avoir des cocons dès le commencement de mars.
« Si les négociants qui font le commerce des graines de
Vers à soie, même les plus honnêtes, ne peuvent raison-
nablement s'exposer à de grandes pertes en se soumet-
tant à ces essais, les agriculteurs qui ont fait leur provi-
sion de graines feront peut-être bien de s'en servir pour
avoir, au moins, des indications qui les engagent à s'en
procurer d'autres, ou qui, s'ils n'y sont plus à temps, les
détermineront à ne pas employer leurs feuilles et l'énorme
main-d'œuvre que nécessite l'éducation des Vers à soie,
s'ils sont à peu près certains d'avoir de la mauvaise
graine.
« Les papillons qui se trouvent dans une case de la boîte
que je vous prie de faire passer sous les yeux des honora-
bles membres de l'Académie étaient vivants quand cette
boîte est arrivée à Paris le 8 mars, ce qui montre que
l'établissement de Cavaillon a eu des cocons vers le mi-
144 rev. et mag. de zoologie. (Mars 1860.)
lieu, peut-être, du mois de février. Ce sont des femelles
non fécondées, car les œufs pondus n'ont même pas la
couleur jaune franche des premières heures. Cette cou-
leur, passant par l'orangé , le vineux et le violet obscur,
devient gris bleuâtre, pour demeurer ainsi jusqu'aux ap-
proches de l'éclosion, comme on peut le voir dans les fi-
gures ci-jointes, qui sont demeurées inédites avec les autres
dessins relatifs à mes observations de onze ans sur les Vers
à soie en santé et en maladie, à cause des dépenses que
nécessiterait leur publication. »
III. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Nos abonnés se rappellent qu'une souscription a été
ouverte, par les zoologistes de tous les pays, pour faire
frapper une médaille en l'honneur du grand naturaliste
dont la science déplore la mort prématurée, du prince
Ch. Bonaparte. Cette médaille a été distribuée aux sous-
cripteurs, et il en a été tiré quelques exemplaires en plus
pour les savants qui n'auraient pas été informés à temps
de cette souscription. On peut" s'adresser (franco) pour
en faire la demande au bureau de la Revue. — La médaille
de bronze est de la valeur de 5 fr.; celle d'argent, de 20 fr.
Un portrait du prince, propre à être placé en tête de ses
ouvrages, soit in-4, soit in-8, a été fait d'après nature par
un de nos plus habiles dessinateurs, M. Bocourt, et il a
été photographié. Ce portrait, le plus ressemblant que
nous connaissions, se trouve chez M. Potteau, au muséum
d'histoire naturelle de Paris.
TABLE DES MATIERES.
Page,.
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 97
0. des Murs. — Observations au sujet des Considérations
sur les œufs des Oiseaux, de M. Moquin-Tandou. 110
Hupé. — Observation d'un mode particulier de parasitisme offert
par un Mollusque gastéropode du genre Sty lifer . 118
Hupe. — Note sur un genre nouveau de Gastéropode : G. Galé-
ropside. 125
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 128
Académie des sciences . 138
Mélanges et nouvelles. 144
PARIS. — IMI». DE Mme Ve ROUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — AVRIL 1860
I. TRAVAUX INEDITS.
Notes sur Y Antilope Addax — le Meh'a des Arabes ,
par M. H. Aucapitaine.
L'historien Berber Ben Khaldoun (1), Jean Léon dit
l'Africain , le compilateur Dappert , l'Espagnol Marmol
Carvajals, parlent d'un animal nommé Lam't* dont ce der-
nier donne une description exacte sous quelques rapports,
et qui mérite surtout d'être reproduite parce qu'elle relate
une fable répandue par l'esprit crédule et fantastique des
Arabes, récit qui a contribué sans doute pour beaucoup
à accréditer les croyances de quelques érudits à l'exis-
tence de la licorne (2). « Le Dantey que les Africains
« nomment Lampt, est de la forme d'un petit bœuf; mais
(1) « Lorsque Zein ben 'Atia fut devenu maître de Tlemcen et des
« États environnants, il annonça sa conquête à son maître par un ca-
« deau de deux cents Chameaux de race, cinquante Chameaux m'hara
« d'une vitesse extraordinaire, mille boucliers en peau de Lam't,
« quelques Civettes, une Girafe (Djemel el R'al, zerafa), quelques
« Larri'ts, et plusieurs autres Animaux sauvages du désert. »
Ben Khaldoun, Histoire des Berbers et des dynasties musulmanes,
t. III, p. 263. C'est un curieux spécimen des cadeaux fréqueuts de ce
genre que s'adressaient entre eux les princes et émirs de l'Afrique
septentrionale.
(2) Voyage au Dâr-foûr du chiq'r Moh'ammed-et-Tounci, tra-
duction du docteur Perron, édité et annoté par les soins érudits de
M. Jomard, consul. Introduction. — Lettre sur certains Quadrupèdes
réputés fabuleux, Journal asiatique, mars 1844. — Deuxième lettre,
journal V Institut, mars 1845 (travail de Fulgeuce Fresnelj; et une
Lettre de M. Ed. Ruppel, t. XI, p. 270 de la Correspondance astro-
nomique du baron de Zach. Partout la description de la Licorne se
rapporte au Lam't ou Meh'a, sauf une corne de moins.
2e sème. t. xn. Année 1860. 10
146 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 18G0)
« il a les jambes courtes et le col fort long. Ses oreilles
« ressemblent à celles des chèvres ; il a une corne noire au
« milieu de la tête, qui se courbe en rond comme un
« anneau et est façonnée. Il est blanchâtre et a les ongles
« des pieds fort noirs et fendus. Du reste, il est si vite,
« que nul animal ne peut l'atteindre, si ce n'est peut-être
« un barbe. On les prend plus aisément en été, qu'il use
« ses ongles sur les sablons brûlants à force de courir,
« et la douleur les arrête tout court, comme elle fait les
« cerfs et les daims de ces déserts. Il y a quantité de ces
« animaux dans les déserts de Numidie et de Libye, parti-
ce culièrement aux terres des Morabitains, et Ton fait de
« leurs peaux de belles rondaches, dont les meilleures
« sont à l'épreuve des flèches ; aussi sont-elles fort chères,
« et on les blanchit avec du lait aigre. La chair de cet
« animal est très-bonne, et les Maures en emplissent des
« saloirs ; elle a le goût de chair de bœuf, hormis qu'elle
« est un peu plus douce (1) »
Cet animal est l' Antilope Àddax de d'Orbigny, signalé
dans les déserts de la Nubie; il caractérise la faune toute
spéciale de cette large zone saharienne qui, partant de la
Nubie, s'étend au sud des États barbaresques jusqu'aux
sables de l'océan Atlantique (2). Les Arabes le connais-
sent sous le nom d'El Meh'a; il n'est foule de récits exa-
gérés qu'ils ne débitent sur son compte. Voici le plus ré-
pandu : le chasseur qui se laisse tomber à la chasse est
perdu, car le Meh'a revient sur lui avant qu'il n'ait pu se
relever, le transperce de ses cornes et promène ainsi le
cadavre jusqu'au moment où il tombe en putréfaction. Le
(1) V Afrique de Marmol Carvajas, 1. 1, p. 52, édit. in-4. Paris,
1667. On doit avoir, dans le pays des Morabitains, l'oasis des Beni-
M'zabs, et celles du Touat et du Gourara, si riches en Animaux de
tous genres.
(2) Avec le Rhinolophus tridens d'Isidore Geoffroy, le Vulpes
Fennec, si commun entre Touggourth et R'damès, le Lepus isabel-
linus, trouvé, par MM. Mares et de Colomb, dans le Sahara oranais,
et le F élis Margaritœ, des dunes d'Ouargla.
TRAVAUX INÉDITS. 147
Meh'a en agit ainsi avec ses rivaux au moment des luttes
amoureuses. C'est ce môme ruminant que les noirs du
Soudan désignent sous le nom de Klaboy et les Touàrêgs
sous celui d'Ezcm. Sa peau, très-épaisse, est fort recher-
chée pour, étant appliquée sur des moules, confectionner
des grands plats (guessâ), des outres. Les Berbers Imou-
char' viennent en acheter dans les k'sours pour se con-
fectionner des tentes, et, comme au temps de Marmol, de
larges boucliers. La viande de cet animal, coupée et des-
séchée, se vend au détail sous le nom de Khelea ou Ka-
dyd : c'est un aliment d'un grand secours pour les cara-
vanes qui se rendent des k'sours sahariens au pays des
noirs. Aussi la chasse du Meh'a est-elle une véritable res-
source pour les pasteurs nomades qui errent dans les
rares pâturages de ces mystérieux pays. Beaucoup de
Chaamba n'ont pas d'autre profession que celle de chas-
seurs de Meh'a.
On le trouve surtout dans la région saharienne, où il
vit en famille sur les dunes sablonneuses au sud d'Ouar-
gla, de Touggourth, du pays des Béni M'zabs, régions
désolées, constamment remuées par les vents, et dont il
partage les vastes steppes avec quelques Touaregs er-
rants.
Le commandant supérieur de Geryville (1), M. de Co-
lomb, vient, dans une récente tournée d'exploration, de
rapporter un magnifique Antilope Addax, qui est, en ce
moment, préparé et monté au musée Bab-Azoun.
Cet officier a donné les curieux détails suivants sur cet
animal « Il vit en troupes nombreuses sur les 1,500
« lieues carrées de sables qui s'étendent de l'Oued Zer-
« goun à l'Oued Messaoura Il est rare qu'il s'aventure
« au loin sur les terrains rocailleux que les Arabes appel-
ce lent El Hemed et qui se partagent avec les Arêgs les
(1) Dernier poste français à la lisière du Sahara, dans la province
d'Oran.
148 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Âwil 18C0.)
« immenses solitudes sahariennes (1). Lacorne trop molle
« de ses pieds ne lui permet pas d'y courir pendant long-
« temps. Il doit vivre sans boire; car, pendant l'été, sur
« une surface d'environ 20,000 lieues carrées, au centre
c( de laquelle se trouvent les sables qu'il habite, il serait
« impossible de trouver une goutte d'eau autrement que
« dans des puits profonds ou sous les murs des oasis »
Les zoologistes nous sauront peut-être quelque gré
d'avoir reproduit ces remarquables particularités.
La faculté possédée par le Meh'a de passer un long es-
pace de temps sans boire, faculté commune à plusieurs
autres animaux de ces contrées, trouve une explication
plausible dans la flore locale, exclusivement composée de
hautes plantes, grasses et aqueuses, nourriture spéciale
des Antilopes et des Gazelles du Sahara (2).
Description de deux nouvelles espèces d'Alouettes dé-
couvertes dans le Sahara algérien par le commandant
(1) Disons, en passant, que le Sahara est loin d'être, comme on se
le figure généralement, une vaste surface plane; c'est, au contraire,
un pays déchiré et profondément raviné, qui présente, comme aspect
général, un réseau inextricable de torrents desséchés, dont les hautes
falaises se dressent à pic en dessinant parfois de véritables chaînes
de montagnes.
On marche des jours entiers dans les lits de ces fleuves, qui ne rou-
lent plus d'eau, mais dont le dessèchement semble se rapporter à
une époque peu éloignée. Certaines traditions sahariennes racontent
des faits indubitablement récents sur la ruine de quelques osasis et
l'époque où les sables n'avaient pas «ncore recouvert la sombre ver-
dure des palmiers dont on voit, çà et là, les troncs desséchés.
(2) Cette flore, étudiée récemment avec le plus grand soin par
MM. les docteurs Cosson et Reboud, comprend principalement les
espèces suivantes :
Certhraterumpungens, — Caroxylon articulalum, — Troganum
nudalum, -— Salsola vermiculata, — Limonastrum Guyonanum,
— Genista Saharœ, — Helianthemum sessiflorum, — Anabasis
articulala.
Toutes plantes grasses propres aux diverses régions sahariennes de
Tripoli, Tunis, l'Algérie et le Sahara marocain.
TRAVAUX INÉDITS. 149
Loche, directeur du muséum d'histoire naturelle
d'Alger.
1° Calandrella Reboudia, Loche (pi. xi, f. 1), Catalo-
gue des mammifères et des oiseaux de l'Algérie (1858),
p. 83, sp. 158. — Bec court, un peu conique, comprimé
sur les côtés, légèrement arqué en dessus; tarses médio-
cres, doigts courts, ongle du pouce de la longueur de ce
doigt; taille, 14 centimètres.
Parties supérieures d'un roussâtre- clair varié de brun
au centre des plumes ; gorge et haut du cou d'un blanc
pur formant une espèce de demi-collier; bas du cou et
poitrine d'un blanc teinté de roussâtre et marqué de nom-
breuses taches longitudinales brunes, flancs lavés de fauve
et variés de longues stries brunâtres; bas de la poitrine,
abdomen et sous-caudales blancs; une bande étroite d'un
roussâtre pâle recouvre la base du bec, les yeux et le méat
auditif; joues blanchâtres, circonscrites par un trait bru-
nâtre qui, descendant des commissures du bec, se rend à
l'occiput; rémiges brunâtres, bordées de roux clair; pennes
caudales brunes; les médianes, brunes au centre, sont lar-
gement bordées et terminées de roussâtre; la plus latérale
est d'un blanc pur extérieurement, la suivante est seule-
ment lisérée de cette couleur en dehors; bec brun en
dessus et à la pointe , jaunâtre en dessous et sur les côtés;
pieds jaunâtres, ongles bruns, iris brun clair.
Très-voisine de la Calandrella brachydactyla , Temm.;
l'espèce qui nous occupe en diffère par la coloration du
dessus de la tête, qui, chez cette dernière, est parsemée de
taches brunes beaucoup plus étendues; toute la poitrine
de la C. reboudia est, en outre, variée de taches longitudi-
nales brunes fort distinctes les unes des autres et non
confluentes, et seulement placées sur les côtés du cou et de
la poitrine, comme chez la Calandrella brachydactyla; la
penne externe de la queue est, chez cette dernière, d'un
roussâtre sale, tandis que chez notre espèce elle est d'un
blanc pur et brunâtre seulement sur les barbes internes..
150 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.)
Cette espèce est assez répandue dans tout le Sahara
algérien, où, après les nichées, elle se réunit en petites
bandes; elle affectionne les terrains nus et arides, et,
comme elle est très-farouche, elle s'y laisse difficilement
surprendre ; sa nourriture consiste en insectes et en pe-
tites graminées.
Elle niche à terre, dans un petit enfoncement, à l'abri
d'une pierre ou d'une petite touffe; sa ponte est de quatre
à cinq œufs arrondis, d'un blanc roussâtre, recouverts
d'une multitude de petites taches et de points brunâtres.
Grand diamètre, 1 cent. 7 mill.; petit diamètre, 1 cent.
6 millimètres.
Nous avons dédié cette nouvelle espèce de Calandrelle
à notre ami, le docteur Reboud, dont le concours actif et
dévoué nous a si souvent secondé dans nos recherches.
2° Galerida Randoni, Loche (pi. xi, f. 2), Catalogue des
Mammifères et des Oiseaux de l'Algérie (1858), p. 85, sp. 168.
Bec de la longueur de la tête , assez fort , un peu fléchi
vers la pointe ; tête surmontée d'une huppe ; tarses longs,
ongles courts; celui du pouce plus long que ce doigt;
taille, 21 centimètres.
Parties supérieures d'un roussâtre-clair varié de taches
brunâtres plus ou moins apparentes ; la huppe, peu four-
nie, est composée de quelques plumes allongées, acumi-
nées, d'un brun-noirâtre bordé de roussâtre; gorge blan-
che; cou et poitrine d'un blanchâtre fauve semé de taches
brunes ; flancs roussâtres variés de longues stries longitu-
dinales brunâtres peu apparentes; abdomen et sous-cau-
dales d'un blanc sale; un petit trait d'un blanc roussâtre
part de la base du bec , passe au-dessus des yeux, et s'é-
tend au delà du méat auditif; région auriculaire brunâtre;
rémiges et rectrices brunes, bordées de roussâtre; bec brun
en dessus, jaunâtre en dessous ; tarses et pieds rougeâtres;
iris brun.
Presque semblable à la Galerida cristata, Boie ex Linn.,
par son système de coloration. Il est néanmoins impossi*
TRAVAUX INÉDITS. 151
ble de rapporter à cette dernière l'espèce qui nous
occupe; sa grande taille et l'énorme développement de
son bec qui rappelle celui des Sirlis, Certhilauda, Sw., nous
auraient même porté, n'était notre extrême répugnance
à multiplier les genres, à le considérer comme le type
d'un genre intermédiaire aux Galerida et aux Certhilauda,
des caractères desquelles elle participe également; tous
les nombreux sujets que nous avons été à même d'exami-
ner nous ont présenté cette remarquable conformation
du bec qui est aussi apparente chez le jeune que chez
l'adulte. Nous avons fait hommage au muséum d'histoire
naturelle de Paris de deux exemplaires de ce magnifique
oiseau ; l'un est mâle adulte, l'autre un jeune sujet en pre-
mier plumage; le bec de ce dernier, presque aussi étendu
que celui du mâle adulte, est si sensiblement plus long que
celui des Galerida cristata, chez lesquelles cet organe a
acquis le plus grand développement, qu'à la plus simple
inspection il est impossible de ne pas être frappé de cette
dissemblance.
La Galerida Randoni est d'un naturel farouche et, dans
les localités où se rencontre aussi la Galerida cristata, elles
se livrent de furieux combats. C'est dans le Sahara algé-
rien, dans des plaines où croît abondamment le Stipa tena-
cissimay Linn., que se plaît cette singulière espèce; son
nid, qu'elle cache sous des touffes d'Alpha, est difficile à
découvrir; sa ponte est de quatre à cinq œufs allongés,
d'un blanc verdâtre, recouverts d'une multitude de petites
taches d'un brun roussàtre.
Grand diamètre, 2 centimètres 10 millimètres; petit
diamètre, 1 centimètre 11 millimètres.
C'est à M. le maréchal, comte Randon, gouverneur gé-
néral de l'Algérie , à la bienveillance duquel nous avons
du de pouvoir explorer fructueusement le sud de l'Algérie,
que nous avons dédié cette belle espèce.
152 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.)
Notice sur un nouveau Poisson du groupe des Cténolabres^
par M. Al. Guichenot.
L'examen comparatif que nous avons fait des espèces
de Cténolabres nous a conduit à parler du poisson que
M. Valenciennes a considéré comme une espèce distincte
qu'il décrit, dans 1 'Histoire naturelle des Poissons (qu'il a
publiée avec Cuvier, t. XIII, p. 240), sous le nom de Cte-
nolabrus flagellifer, et à reconnaître aussi que cette es-
pèce devait constituer un groupe particulier, comme l'a-
vait déjà pressenti, du reste, le savant ichthyologiste que
nous venons de nommer.
Nous appellerons ce nouveau genre Labrastre (expres-
sion destinée à rappeler les affinités marquées du Poisson
qu'elle sert à désigner avec les vrais Labres), en conser-
vant toutefois à l'espèce la dénomination que M. Valen-
ciennes a cru devoir lui consacrer.
Des caractères particuliers justifient pleinement, il nous
semble, la séparation générique que nous établissons
entre ce genre et celui des Cténolabres. En effet, le La-
brastre est un poisson singulier, reconnaissable aux pro-
longements ou appendices filiformes de la membrane qui
unit les premiers rayons de la nageoire du dos. Les
très-grandes écailles qui recouvrent l'opercule, l'intero-
percule et le sous-opercule, et qui dépassent, comme une
membrane festonnée, comme s'exprime M. Valenciennes,
le bord de la fente des ouïes, ne sont pas moins caracté-
ristiques. La forme très-comprimée du corps, assez haute
et ovale , et aussi très-particulière au Poisson dont nous
parlons, sert à le distinguer du groupe dans lequel on
l'avait d'abord placé.
Néanmoins, si les Labrastres et les Cténolabres sont sé-
parés les uns des autres par plusieurs particularités nota-
bles de leur organisation extérieure, ils se rapprochent
pourtant entre eux de la manière la plus évidente par
leurs lèvres épaisses et charnues, leur dorsale unique,
soutenue en avant par des rayons épineux, et leur ligne
TRAVAUX INÉDITS. 153
latérale non interrompue : les Poissons de ces deux gen-
res se ressemblent encore par leurs pièces operculaires
sans épines et couvertes d'écaillés, ainsi que la joue; par
leurs mâchoires qui portent de grandes dents coniques et
fortes qui bordent une bande de dents en velours, par les
dentelures en peigne de leur opercule, et aussi par les
trois rayons épineux de leur anale. Ces deux derniers ca-
ractères surtout les rapprochent des Crénilabres, près des-
quels il convient de les placer dans la grande famille des
Labroïdes, ainsi qu'a cru devoir le faire M. Valen-
ciennes.
Maintenant que nous avons fixé les caractères généri-
ques du Poisson auquel nous réservons le nom de La-
brastre, rappelons, pour l'espèce unique qui lui a servi de
type, notre Labrastrum flagelliferum, ou, pour les ichthyo-
logistes qui voudraient conserver le nom de M. Valen-
ciennes, le Ctenolabrus flagellifer, que sa forme est, comme
nous l'avons déjà indiqué plus haut, ovalaire, assez haute,
courte, comprimée, ce qui donne une physionomie toute
particulière à ce poisson et différente de celle des vrais Cté-
nolabres. Il a le museau pointu, la nuque relevée : son œil
est grand ; l'orbite est creusé sous l'angle fait par le mu-
seau avec la ligne ascendante de la nuque. La crête surci-
lière est assez élevée. La bouche est largement fendue,
mais non protractile. Les dents de ce Poisson rappellent, à
la forme près, ce que l'on observe chez les Ctènolabres.
La mâchoire supérieure porte en avant quatre dents for-
tes, saillantes, en crochets, dont les deux mitoyennes sont
les plus petites, et de chaque côté de celles-ci en sont
d'autres coniques et droites, mais plus petites et qui dé-
croissent de grandeur à mesure qu'elles sont plus près de
l'angle de la bouche, où il y a des dents plus fortes et di-
rigées en avant. La mâchoire inférieure est également ar-
mée de quatre dents en crochets, mais les deux intermé-
diaires sont beaucoup plus petites, et de chaque côté il y
a une rangée de petites dents coniques et droites, sem-
154 iiev. et mag. de zooi.og[E. (Avril 1860.)
Diables à celles de la mâchoire inférieure qui leur corres-
pondent. Les dents du rang interne sont un peu mousses.
La dorsale, pour nous servir des expressions de M. Valen-
ciennes, a de fortes épines assez longues, et la membrane
qui unit les trois premiers rayons se prolonge, près du
premier et du second, en un filet mou plus long que le
rayon. La hauteur des autres prolongements membraneux,
bien que notable encore, est cependant moins considé-
rable; la portion épineuse de cette nageoire se termine
en pointe aiguë. L'anale offre une disposition semblable.
Les ventrales sont très-pointues. La pectorale est petite et
arrondie au bout, ainsi que l'anale, dont les rayons sont
assez allongés. La ligne latérale est fortement courbée
sous la fin de la dorsale. Les écailles du corps sont plus
grandes et plus larges dans cette espèce que dans les Cté-
nolabres.
Nous ne savons rien de la couleur de ce curieux Poisson,
dont le muséum d'histoire naturelle de Paris ne possède
encore qu'un seul individu décoloré. — On ignore quelle
est sa patrie. Il est long de 12 centimètres.
AMÉNITÉS MALACOLOGIQUES;
par M. J. R. Bourguignat.
Suite de l'article LXXXIII, — Catalogue des coquilles
européennes appartenant au groupe des Hélix pomatia, li-
gatat etc.... — (Voyez ci-dessus, p. 71 et suivantes.)
Hélix lucorum.
Hélix lucorum, Linnœus, Syst. nat. (Ed. X), p. 773.
1758.
. — — MiMer, Verm. Hist., II, p. 46. 1774.
Hélix mutata (pars), Lamarck, An. s. vert. t. VI (2e partie),
p. 67. 1822.
Cette espèce se rencontre typique en Italie aux environs
de Rome, de Florence, etc.
Habite également dans la Turquie d'Europe, dans la
Russie méridionale.
TRAVAUX INÉDITS. 155
Hélix straminea.
Hélix straminea, Uriganti (père), Descriz. di duo nuovi
Elici, etc.. in : atti reale Accad. délie
scienze, etc., Borbonica, etc..., vol. 11
(2e partie), p. 172, pi. 2. 1825.
Testa subobtecte imperforata, magna, globosa, vel couica; — irregu-
lariter sordideque striatula. zonulis 2, vel 3 aut 4 castaneis cingu-
iata ; — spira obtusa, vel laoceolato-cooica ; -— aufractibus 5 1/2
convexis, celeriter crescentibus ; ultimo ac penultimo veatricosis
ac globulosis; — ultimo ad aperturam paululum descendente;
— apertura magoa, lunato-rotundata ; peristomate simplice, pau-
lulum rellcviusculo; — columellari reflexo, perforationem obte-
geute.
Coquille grande, globuleuse ou d'une forme conique,
suivant les variétés. Test irrégulièrement et grossièrement
strié, d'une couleur blanchâtre, orné de 2, 3 ou k zones
plus ou moins larges, d'une teinte marron. Spire plus ou
moins conique, à sommet lisse et obtus. Tours convexes
au nombre de 5 1/2, s'accroissant rapidement. Avant-der-
nier tour excessivement ventru et globuleux. Dernier tour
également globuleux et descendant doucement vers l'ou-
verture. Celle-ci est grande, à peine oblique, échancrée
et arrondie. Le péristome est simple, peu réfléchi, si ce
n'est vers la partie columellaire, où il recouvre la perfora-
tion ombilicale.
Hauteur, — 50 millimètres ;
Diamètre, — 53 id.
Nous avons vu, dans la collection de M. Oronzio Costa,
de Naples, un individu de cette espèce possédant 62 mil-
limètres en hauteur et 68 en diamètre.
Cette espèce varie beaucoup dans sa forme et sa taille.
Ainsi l'on rencontre assez souvent dans les montagnes des
Abbruzzes une variété assez conique, à bandes plus fon-
cées. Nous avons donné la représentation de cette variété
dans les planches qui accompagnent ce travail sous l'ap-
pellation d'Hélix straminea, variété Elongata.
L'Hélix straminea n'a été recueillie jusqu'à présent que
156 REV. ET MA(T. DE ZOOLOGIE, (,4m/ 18C0.)
dans les montagnes des Abbruzzes (royaume de Naples),
où elle est assez commune.
Confondue jusqu'à ce jour avec Y 'Hélix lucorum, lastra-
minea s'en distingue par sa taille plus considérable ; par sa
forme plus ventrue et plus globuleuse; par ses tours de
spire s' accroissant avec moins de rapidité que ceux de la
lucorum ; par son sommet plus obtus ; par son péristome
moins réfléchi ; surtout par son ouverture plus haute que
large, ce qui est l'inverse chez la lucorum; enfin princi-
lement par son avant-dernier tour, qui est démesurément
globuleux par rapport aux autres, proportion gardée.
Hélix Mahometana.
Hélix castanea (1) , Olivier , Voy. dans l'emp. ott., I,
p. 22k,t. XVII, f. 1. 1801.
Hélix muta ta (2) (pars), Lamarck, An. s. vert., IV (2« par-
tie), p. 67. 1822.
Hélix lucorum, Bourguignatt Cat. rais. Moll. orient,
p. 13. 1853. —Et in: Amén. malac,
tom. I, p. 108. 1855.
Tous les conchyliologues ont confondu cette espèce
avec Y Hélix lucorum de Linnaeus. Nous-même, en 1853
et 1855, dans deux de nos travaux, nous avons commis la
même faute que nos maîtres et devanciers.
Depuis nous avons reconnu que l'espèce de Constanti-
nople était une coquille spéciale et toute différente; c'est
pour ce motif que nous l'inscrivons maintenant sous la
nouvelle appellation de Mahometana.
Si nous avons créé ce nouveau vocable pour cette Hé-
lice, c'est que nous n'avons pu adopter celui créé par
(1) Non Hélix castanea, Millier, Verm. Hist., II, p. 67, 1774, qui
est une espèce de l'île de Sumatra; — Hélix castanea, Muhlferldt
(d'après Anton), qui serait une espèce à rapporter à l'Hélix arbusto-
rum de Linnœus, Syst. nat. (éd. X), p. 771. 1758.
(2) Non Hélix mutata de Hartmann, in Sturm's fauna, 1829, qui
est une espèce à rapporter à la véritable Lucorum de Linnœus. Nec
Hélix mutata de Gould, Exped. Shells, p. 19, 1846, qui est une espèce
du Brésil.
TRAVAUX INKD1TS. 157
Olivier, attendu qu'il existait un autre Mollusque (Hélix
eastanea do Mùller), décrit en 1774 sous cette même dé-
nomination.
Nous avons indiqué, avec un point do doute, la syno-
nymie de Lamarck (Hélix mutata), attendu qu'il nous pa-
raît plus que douteux que cet auteur ait eu en vue l'espèce
d'Olivier. Lamarck cite bien, il est vrai, Olivier, mais il
indique également des figures de Férussac, qui repré-
sentent toute autre chose. Quant à la description de son
Hélix mutata, eïïe convient à Y Hélix lucorum par les ca-
ractères qui y sont signalés.
Le nom de mutata de Lamarck n'a donc pu non plus
être adopté par nous.
L'Hélix Mahometana vit dans les environs de Constan-
tinople, à Ghemleck (Olivier), et notamment dans la car-
rière de Daoud-Pacha (Raymond, de Saulcy).
Voici la description de cette espèce :
Testa imperforata, globosa, solida, irregulariter striata, albidula,
zonulis 2, vel 3, aut 4 uniformiter castaneis, vel irregulariter fusco-
nigris, cingulata; — anfractibus 6 convexiusculis , rcgulariter
crescentibus; — ultime- parum inflato, antice ad aperturam sat
descendente ; — apertura obliqua, lunato subtetragooa, parvula;
peristomatc castaneo, ad insertionem labri eiterni acuto, recloque,
— basali subincrassato ac valide reflexiusculo, — columellari in-
crassato, perdilatato, adspresso ; — margiuibus sat approximatis ac
tenui callo castaneo juoetis.
Coquille imperforée , globuleuse, à test solide, assez
grossièrement strié, d'une couleur blanchâtre et orné or-
dinairement de 2, 3 ou k zones plus ou moins larges, d'une
teinte marron assez prononcée (1). 6 tours convexes s'ac-
croissant avec régularité. Le dernier est plus ventru, et
descendant d'une façon assez forte vers l'ouverture. Celle-
ci est oblique, échancrée, subtétragone, petite, comme res-
serrée. Péristome simple, aigu vers l'insertion du labre
extérieur, devenant un peu épaissi et réfléchi vers sa base,
(1) Quelquefois ces zoues se trouvent interrompues et irrégulière-
ment fasciées.
158 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.)
tandis que sa partie columellaire est plus épaissie et for-
tement réfléchie et recouvre entièrement la partie ombi-
licale. Bords marginaux assez rapprochés, réunis par une
faible callosité, d'une teinte marron foncé.
Hauteur, — 40 millimètres ;
Diamètre, — 49 id.
L'Hélix Mahometana ne peut être rapprochée que des
Hélix lucorum et straminea.
Cette espèce se distingue de la lucorum par son test plus
épais, par ses stries plus saillantes et plus irrégulières, par
ses tours de spire s'accroissant régulièrement, par son
dernier tour moins ventru, moins globuleux et descen-
dant plus vers l'ouverture; surtout par son ouverture plus
oblique, subtétragone et non ovale-arrondie ; par son pé-
ristome plus réfléchi vers la base, et plus épaissi, plus
droit vers la columelle ; enfin par son ouverture plus pe-
tite, plus rétrécie, et ses bords marginaux plus rapprochés.
L'Hélix Mahometana se distingue également de la stra-
minea par sa taille moindre ; par son test plus épais,
moins globuleux, moins ventru dans toutes ses parties ;
par ses tours de spire plus réguliers; par son dernier tour
prenant une marche descendante très-prononcée vers
l'ouverture et beaucoup moins ventru ; par son ouverture
plus petite ; par son péristome plus épaissi et plus réfléchi
vers sa partie basale et columellaire ; enfin par son ouver-
ture oblique et non presque droite comme chezla straminea.
Hélix ligata.
Hélix ligata, Millier, Verm. Hist , II, p. 58. 1774.
— — Itossmasslcr, Iconog., V, p. 3, f. 289. 1837.
Pomatia ligata, Beck., Ind. Moll., p. 43. 1837.
Hélix cincta (1), L. Pfeiffer, in : Chemnitz et Martini,
Conch. Cab. (2e éd.), Hélix, p. 38.
Cœnatoria ligata, Held., in : Isis, p. 910. 1837.
Hélix secernenda, Rossmassler, in : Zeitschr. f. Malack.,
p. 164. 1847.
(1) Non Hélix cincta de Millier, qui est la Grisea de Linnœus.
TRAVAUX INEDITS. 159
Cette Hélice habite la Dalmatie, la Turquie d'Europe,
la Russie méridionale, l'île de Chypre et l'Anatolie.
Hélix asemnis.
Hélix solida, Ziegler, Mss. (1).
Testa imperforata, solida, crctacea, albida vcl zonulis castaneis 2-3
obscure cingulata, sordide striata; — anfractibus 5 couvexius
culis, celeriter crescentibus; — ultimo magno, dilatato; — aper-
tura albida, lunato-rotundata, parum obliqua ; peristomate sim-
plice, acuto, candido, columellari reflexo, adspresso; marginibus
sat approximatis, callo albido teiiui junctis.
Coquille imperforée, solide, crétacée, blanchâtre quel-
quefois, ceinte de 2 ou de 3 zones, d'une teinte marron
pâle presque effacée. Test irrégulièrement et grossière-
ment strié. 5 tours convexes s'accroissant rapidement.
Dernier tour très-grand, descendant un peu vers l'ouver-
ture. Celle-ci est blanche, peu oblique, échancrée, arron-
die, à péristome blanc, simple et aigu, et seulement réflé-
chi sur la perforation ombilicale. Bords marginaux assez
rapprochés, réunis par une faible callosité blanchâtre.
Hauteur, — 40 millimètres ;
Diamètre, — 40 id.
Habite le mont Taurus, dans l'Anatolie.
Cette espèce, voisine de la ligata, se distingue de cette
Hélice par son test plus épais, plus crétacé, d'une teinte
ordinairement blanchâtre uniforme ; par son sommet plus
obtus ; par son péristome plus fort ; par son ouverture
moins haute, un peu plus oblique ; enfin par ses tours
de spire s'accroissant avec moins de rapidité.
Hélix albescens.
Hélix albescens, Jan. , in : Rossrnassler, ïconogr., IX,
p. 10, fig. 585-586, 1839.
Habite le nord de l'Italie.
Cette espèce, classée à tort jusqu'à présent parmi les
variétés de YHelix ligata, s'en distingue sous tous les rap-
ports.
(1) Non Hélix solida de L. Pfeiffer, in : Proceed. zool. Soc, 1851,
qui est une espèce différente de TOctanie.
160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.)
Hélix grisea.
Hélix grisea (1), Linnœus, Syst. nat. (éd. X), p. 773.
1758.
— cincta (2), Millier, Verm., Hist. II, p. 58. 1774.
Pomatia cincta, Beck., Ind. Moll., p. 43, 1837.
Cœnaloria cincta, Ileld., in : Isis, p. 910, 1837.
Espèce très-commune en Lombardie , en Turquie, en
Grèce, ainsi que dans la plupart des îles de l'Archipel, etc.
Se trouve également dans l'île de Chypre et jusqu'en
Syrie.
Hélix obtusalis.
Hélix obtusalis, Ziegler, Mss.
— obtusata (3), Ziegler, in : Rossmassler, Iconogr., V,
f. 288. 1837.
— Philibinensis (4), Parreyts, in : Rossmassler, Icon.,
IX, f. 582. 1839.
Espèce assez commune en Grèce et dans la Turquie
d'Europe.
Hélix vulgaris.
Hélix vulgaris, Parreyss, in : Rossmassler, Iconogr, IX,
f. 581.1839.
— bicincta, Dubois, in : Mousson, Coq. Bell, orient.,
p. 21. 1854.
Cette hélice, remarquable par le renflement insolite de
son sommet, se rencontre dans la Russie méridionale,
surtout en Crimée.
Habite également les contrées situées au sud du Cau-
case.
(1) Non Helit grisea de Gmelin.
(2) Non Hélix ciucta de Lea, Perry, Sheppard, Hartmann (teste
Charpentier), etc.
(3) Non Hélix obtusata de Marcel de Serres, in : Ann. se. nat., I.
1824. — C'est par erreur que, dans la planche qui accompagne ce
travail, nous avons laissé à cette espèce le nom d'obtusata, c'est ob-
tusalis qu'il faut lire.
(4) Non Hélix philibensis de Frivaldsky, qui est une espèce dif-
férente.
TRAVAUX INEDITS. ICI
Cette espèce est ordinairement ornée de cinq zones
brunes, qui quelquefois se réunissent pour n'en former
qu'une seule. Lorsque les zones intermédiaires manquent,
c'est alors la variété nommée Hélix bicincta.
Hélix Pollini.
Hélix Pollini, Da Campo, in : Mem. Accad., XXIII,
p. 113.
— cincta, var. Albina, De Betta, sulla Hélix Pollinii,
p. 4. 1852.
— grisea, var. D. L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., III,
p. 181. 1853.
Habite aux environs de Vérone en Italie.
Espèce complètement distincte de la grisea, avec la-
quelle elle a été confondue jusqu'à présent.
Hélix Gussoneana.
Hélix Gussoneana, Shutlleworth, Mss. in : L. Pfeiffer,
Symb. Helic, III, p. 71. 1846.
— melissophaga , Or. Costa , fauna di Napoli , Hélix,
p. 12, tav. 1, f. 3, A. B. C. (1).
1848.
Coquille commune aux environs de Naples. — Nous
avons recueilli également cette espèce à la cascade de
Terni, dans les États romains.
Cette Hélix est celle qui sert de nourriture à tous les
lazzarones de Naples.
Hélix lutescens.
Hélix lutescens, Ziegler, in : Rossmassler, Iconogr., V,
p. 4, f. 292. 1837.
Pomatia lutescens, Beck., Ind. Moll., p. 43, 1837.
Cœnatoria lutescens, Held.y in : Isis, p. 910. 1837.
Hélix cinerascens, Âudrzejski, teste Krynicki, in : Bull.
Moscou, IX, p. 153.
Habite en Gallicie.
(1) Figures des plus mauvaises et exécutées d'après un échantillon
non adulte.
2e gKRiE. t. m. Année 1860. Il
162 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.)
Hélix Nordmanni.
Hélix Nordmanni, Parreyss, in : Mousson, Coq. Bell., etc.,
or., p. 20. 1854.
— — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., IV,
p. 167. 1859.
Habite en Asie dans le Somketh, l'Imereth et l'Arménie.
Cette espèce se distingue surtout par le bord columel-
laire, non coloré, qui s'applique en large cône, très en
avant sur l'avant-dernier tour. Ce qui laisse apercevoir
un ombilic assez large.
Hélix pathetica.
Hélix pathetica, Parreyss, Mss.
— — Mousson, Coq. Bell, or., p. 20. 1854.
L. Pfeiffer (Monogr. Hel. viv., IV, p. 167. 1859) a tort
de rapporter cette espèce à l'Hélix Gussoneana de Shuttle-
worih.
U Hélix 'pathetica, d'après Mousson , est une coquille
Réprimée. Le dernier tour est renflé en travers. Le bord
columellaire, toujours blanc, se réfléchit sur la perforation
sans s'y appliquer complètement. — Le test est blanchâ-
tre, orné de zones faiblement tracées.
Cette espèce habite l'Asie Mineure.
Hélix Philibensis (1).
Hélix Philibensis , Frivaldszky , Mss. in : L. Pfeiffer*
Monogr. Hel. viv., IV, p. 161. 1859.
Habite la Roumélie.
Hélix Engaddensis.
Hélix Engaddensis, Bourguignat, Test, nov., p. 11, 1852,
et Cat. rais. Moll. or., p. 15, t. 1,
f. 42-43. 1853.
Habite aux environs de la mer Morte en Syrie.
La variété blanche dont nous donnons la représenta-
tion se trouve aux environs de Nazareth et de Jérusalem.
Hélix pachya.
Testa imperforata, globosa, crassa, ponderosa, cretacca, candida, vel
(1) Non Hélix Philibinensis de Parreyss.
TUA VAUX INÉDITS. 103
zonulis castaueis obscuro eingulala, striata; — spira conica, apicc
levi, obtusiusculo ; — anfractibus 5 convexiusculis, ccleritcr cres-
centibus; ultimo sordide striato, ventricoso, crasso, ad aperturana
vix vel non descendente; — apertura parura luuata, rotundata ; —
< peristomate intus candido-incrassato, simplice non reflexo; colu-
mella calloso-incrassata ; — marginibus sat approximatis , callo
valido, crasso, candidoque junctis.
Var. B. — Elongala. — Testa majore, spira clato-conica ; zonulis
castaneis 5 cingulatis.
Coquille imperforée, globuleuse, épaisse, pesante, cré-
tacée, régulièrement striée ou ornée çà et là de rides gros-
sières et irrégulières. Test blanchâtre, ou quelquefois
présentant une surface ceinte de 3 à 5 bandes, d'une teinte
marron , presque effacée. — Spire assez développée, à
sommet lisse et un peu obtus. 5 tours peu convexes, s'ac-
croissant avec une grande rapidité. Dernier tour assez
grossièrement strié, ventru, épais, ne descendant pas ou
à peine vers l'ouverture. — Celle-ci est peu échancrée,
arrondie , à péristome blanc , intérieurement épaissi,
simple et non réfléchi. Columelle calleuse. Bords margi-
naux assez rapprochés , réunis par une callosité blanche
et épaisse.
Hauteur, 30 — 35 millimètres ;
Diamètre, 28 — 32 id.
Espèce commune dans les contrées arides de la Syrie,
notamment dans les environs du lac de Tibériade. — Cette
Hélice habite aussi en Egypte, dans la régence de Tunis,
ainsi qu'en Algérie, dans les environs de Constantine.
L'Hélix pachya offre quelques variétés de forme ; l'une
des plus intéressantes (voy. fig. 8) diffère du type par les
caractères suivants :
Var. B. Elongata. — Coquille plus grande, à spire plus
élevée, plus conique, et dont le test se trouve orné de
3 zones d'une teinte marron assez bien prononcée. —
Haut., 44; — diam., 38 millimètres.
Cette variété se trouve aux environs de Tibériade.
164 REV. ET MAC DE zoologie. (Avril 1860.)
Hélix figulina.
Hélix ligata, Var. £ Fcrussac, Hist. Moll., t. XX, f. 3.
Pomatia orientalis (1), Beck., Ind. Moll., p. 43. 1837.
Hélix figulina, Parreyss, in : Rossmassler, Iconogr., IX,
p. 9, f. 580. 1839.
— — (excl. Var. B.) L. Pfeiffer, Monogr. Hel.
viv., I, p. 237, 1848.
— — Bourguignat , Cat. rais. Moll. d'Orient,
p. 15 (exclus. Var. B.). 1853.
Cette espèce se rencontre dans les îles de Rhodes, de
Chypre, etc., dans presque toute la Grèce et la Turquie
d'Europe, enfin surtout en Syrie.
Hélix cavata.
Hélix figulina, var. B, Bourguignat, Cat. rais. Moll. d'O-
rient, p. 15, tab. I, fig. 44-45. 1853.
Hélix cavata, Mousson, Coq. d'Orient, p. 21. 1854.
— — Roth, Spicileg. Moll. or., p. 15. 1855.
— — L. Pfeiffer, Monog. Hel. viv., IV, p. 160.
1859.
Très-abondante sur les collines qui avoisinent la mer
Morte, notamment à Mar-Saba.
MM. Mousson et Roth indiquent également cette espèce
des environs de Jérusalem.
Hélix pycnia.
Testa imperforata, ventricoso-globosa, crassa, cretacea, albida, irre-
gulariter striata ; anfractibus 4 1/2 convexis, celeriter crescentibus;
ultimo ac penultimo raaxirais , globosis ; ultimo ad aperturam
paululum descendente; apertura lunata, fere rotundata ; peristo-
mate caadido, incrassato, non reflexo, acuto; columellaincrassata;
— marginibus callo crasso albidoque junctis.
Coquille imperforée, ventrue, globuleuse, crétacée,
épaisse , blanchâtre , irrégulièrement et grossièrement
striée. 4 tours 1/2 convexes, s'accroissant avec la plus
grande rapidité. Les 2 premiers tours sont petits et exigus,
tandis que les 2 derniers sont énormes et très-ventrus. Us
forment à eux seuls presque la totalité de la coquille.
(1) Non Hélix orientalis de Gray, 1825.
TRAVAUX INÉDITS. 165
Dernier descendant un peu vers l'ouverture; celle-ci est
échancrée et presque arrondie. Le péristome est blanc ,
intérieurement épaissi, aigu, non réfléchi. Bords margi-
naux réunis par une forte callosité blanche.
Hauteur, — 32 millim.;
Diamètre, — 33 id.
Habite en Syrie, aux environs de Nazareth.
Hélix pomacella.
Hélix pomacella, Parreyss, in : Mousson, Coq. d'Orient,
p. 19. 1854.
Charmante espèce, un peu plus globuleuse que la figu-
lina, à test un peu plus fragile, et orné de stries fines et
élégantes. Ouverture presque circulaire. Péristome forte-
ment réfléchi vers la columelle, et cachant la perforation
qui existe toujours au jeune âge.
Nous connaissons deux variétés de cette espèce. L'une
est ornée de 5 zones brunes, dont les 3 premières sont
presque nulles ; l'autre est entièrement blanche.
La première variété habite les environs de Galipoli ; la
seconde provient de l'île de Rhodes.
L'Hélix pomacella est assez commune dans toutes les lo-
calités voisines du Bosphore.
Hélix Cyrtolena.
Hélix ambigua (1), Parreyss, Mss.
— - — Mousson, Coq. Schlœfli, p. 5 et 28.
1859.
Habite en Grèce, en Thessalie, dans l'île deCorfou, etc.
Hélix melanostoma.
Hélix melanostoma, Draparnaud, Tab. Moll., p. 77.
1801. — Et Hist. Moll. France,
p. 91, t. V, f. 25. 1805.
Pomatia melanostoma, Beck., Ind. Moll., p. 43. 1837.
Cœnatoria melanostoma, Held., in : Isis, p. 910. 1837.
Hélix rugosa (2), Anton, Verz. conch., 34. 1839.
(1) Non Hélix ambigua, Adams, Cont. to Conch., n° 3, p. 35. 1849.
(2) Nou Helk rugosa de Chcmnilz, Ziegler, Aradas, etc.
166 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.)
Cette Hélice se rencontre dans presque toutes les con-
trées du bassin méditerranéen, aussi bien en Asie, en Afri-
que, qu'en Europe, où elle est assez commune.
Hélix nucula.
Hélix nucula, Parreyss, Mss.
Hélix figulina, var. nucula, Mousson, Coq. Bel. or., p. 21.
1854.
Hélix nucula, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., IV, p. 161.
1859.
Commune en Egypte aux environs d'Alexandrie, ainsi
que sur toute la côte africaine jusqu'à Tunis.
Se rencontre également dans la partie méridionale de
l'Anatolie, ainsi que dans l'île de Chypre.
Espèce voisine de l'Hélix melanostoma.
Observations sur les Tychius qui se trouvent aux envi-
rons de Paris, et description d'une nouvelle espèce et
d'un Sibijnes, par M. Henri Brisout de Barneville.
Outre les Tychius 5 punctatus, venustus , sparsutus,
hœmatocephalus , tomentosus , on trouve, aux environs de
Paris, d'autres espèces qui n'y ont pas encore été signa-
lées, \esjunceus, fîavicollis, hœmatopus, Mdiloti, lineatulus,
tibialis, et une nouvelle espèce que je décris sous le nom
de pygmœus, c'est la plus petite de nos espèces connues.
Le Junceus, pris à Paris, Schonh., vu, 303, 20> aies squa-
mules d'un jaune d'ocre assez dense, bordées, à la suture
et latéralement, de blanchâtre : cette coloration disparaît
parfois à la suture; il varie au jaune cendré. Le bec est peu
à peu rétréci de la base à l'extrémité, chez la femelle plus
visiblement encore que chez le mâle ; les cuisses posté-
rieures sont munies d'un fascicule dentiforme.
Le Fîavicollis, Schonh., vu, 304, 21, ne se distingue du
précédent que par un bec généralement plus long et des
squamules généralement jaune cendré ou d'un blanchâtre
argenté, moins épaisses, mais cachant le fond ; les cuisses,
même les antérieures, sont munies d'une petite dent ré-
TItÀVAUX INÉDITS. 167
duite parfois au fascicule. Du reste, il offre des différences
si peu essentielles avec le Junceus, qu'on peut à bon droit
le regarder comme une variété de cette espèce.
Si l'on s'en rapporte à un type envoyé par Schonherr à
M. Chevrolat, on trouverait dans nos environs YHœmato-
pus, Schonh., 111, 302, 14; il vit principalement sur le
Lotus comiculatus et n'est pas rare. Le bec est brusque-
ment atténué à partir de l'insertion des antennes, plus
atténué dans la femelle que dans le mâle. Les squamules
des élytres sont assez denses, ocracées ou jaunâtres ou
même blanchâtres, offrant les mêmes variations de colo-
ration que le Junceus; les cuisses offrent aussi quelquefois
un fascicule dentiforme. Son bec, brusquement atténué, le
fera aisément distinguer du Junceus ; il est de la taille du
Tomentosus.
Les mâles des T. lineatulus, Schonh., vu, 311, 42, et
tibialis, Schonh., vu, 310, 41, ont les jambes antérieures
munies d'une petite dent au côté interne, comme dans le
Meliloti. Le Lineatulus se trouve à Paris sur le Trifolium
rubens; la suture des élytres est souvent seule visiblement
blanchâtre, leurs stries sont distinctes et percent la pu-
bescence qui est d'un gris soyeux ; les antennes sont ferru-
gineuses, la massue obscure ; le bec est assez épais, à peine
atténué à l'extrémité ; les pieds sont testacés, avec la base
des cuisses noire. »
Le T. Meliloti se reconnaît à son bec rétréci, presque en
forme d'alêne, à ses cuisses noires, à sa coloration cen-
drée ou jaune cendré, et au caractère particulier au
mâle ; les stries des élytres percent la pubescence comme
dans le Tomentosus; il est soumis aux mêmes variations de
coloration.
Tychius pygmœus. — L., 1/2 à 2 m. — Angustus, Miccotrogo pici-
rostri simillimus, at minor, supra cinereo-pubescens, rostro tenui
linoari, non atteuuato, apice vix rufescente, prothorace, ut iu Mic-
cotrogo picirostri, constructo, sed minus convexo, antennarum
basi, tibiis» tarsisque ferrugineis, tibiis auterioribus in mare intus
168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Av/7 1860.)
denticulo armatis, nonnuDquam solum dilatatis. —Habit, tota
Gallia.
Très-semblable au Miccotrogus picirostris , s'en distin-
gue par le funicule de sept articles, le bec un peu plus fin,
et surtout par sa taille beaucoup plus petite; il ressemble
aussi au Tibialis; mais celui-ci est plus grand et a le bec
beaucoup plus long.
Sibynes cretaceus. - L., 2 1/2 à 3 m. - Elongatus, indumento
cretaceo albo, nonnunquam brunnescente immixto, tectus, rostro
longo, prothorace loogiore, ferrugiaeo, subtiliter striato, protho-
race antice constricto, basi bisinuato, lobo scutellari mediocriter
producto, elytris prothorace triplo longioribus, abdomen non te-
gentibus, apice dehiscentibus ibique intus truncatis , setis brevis-
simis albis seriatis, sutura albicante, antennis, tibiis tarsisque fer-
rugineis. — Mas rainor, rostro breviore distinguitur. — Habit.
Lutetia, in genista scoparia, in locis apricis.
Cette espèce doit ressembler beaucoup au Sibynes
sodalis, Schonh., vu, 327, 28; mais la diagnose qu'il en
donne est tellement courte, qu'il est impossible d'avoir
sur son identité une certitude complète.
IL SOCIETES SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 26 mars 1860. — M. Aucapitaine adresse une
Note sur la question de V existence d'Ours dans les montagnes
de V Afrique septentrionale.
« Les naturalistes ont longtemps discuté sur l'exis-
tence de l'Ours brun [Ursus arctos, Lin.) dans les monta-
gnes de l'Afrique septentrionale.
« Hérodote et Strabon, plus tard Virgile, Juvénal et
Martial, ont affirmé la présence de ce mammifère dans le
Tell africain. Aussi la science moderne accueillit-elle avec
une certaine confiance les relations de plusieurs voyageurs,
tels que Dappert et Shaw qui confirmaient l'opinion des
anciens, tout en avouant que cet animal devait être fort
rare.
« De tous les témoignages, celui de l'abbé Poiret est ce-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 169
lui qui a été le plus fréquemment invoqué, car il dit avoir
vu... Voici ce passage : « Pendant mon séjour chez Ali-
ce Bey, à la Mozoule, un Arabe apporta la peau d'un
« Ours qu'il avait tué à la chasse ; il me montra une bles-
« sure qu'il avait reçue à la jambe, poursuivi, disait-il,
« par cet Ours » C'est véritablement énigmatique. Si
Poiret n'affirmait, quelques lignes plus loin, que ces ani-
maux sont carnassiers, on pourrait admettre (et je le sup-
pose quand même) qu'il n'a vu qu'un morceau de la peau
d'un de ces grands et vieux Singes si communs dans les
montagnes boisées de l'Algérie et surtout de la région
moyenne de la Kabylie. L'indigène poursuivi et blessé
justifierait assez mon hypothèse...
« Cuvier rejeta formellement ce fait, qui n'en resta pas
moins à l'état de doute pour beaucoup de zoologistes ;
puisque dans les Instructions pour les voyageurs, rédigées
par MM. les professeurs-administrateurs du muséum, la
question de l'existence de l'Ours dans les régions monta-
gneuses de l'Afrique est très-spécialement recommandée
aux explorateurs.
« On avait encore pu observer quelques doutes jusqu'à
la conquête de la haute Kabylie. La soumission du pays
djurjurien donne raison à l'opinion de Cuvier.
« J'ai parcouru en tout sens et à plusieurs reprises cet
âpre pays; j'ai exploré les cimes neigeuses du Djurjura et
longtemps séjourné dans les hameaux perchés sur les der-
nières limites habitables de cette plus haute chaîne mon-
tagneuse de l'Algérie. J'y ai acquis, non-seulement par
moi-même, mais en interrogeant les gens du sol, la certi-
tude que l'Ours n'existe pas dans les vastes et difficiles
massifs composant les grande et petite Kabylies.
« Les Berbers ont des noms spéciaux pour tous les Mam-
mifères, les Oiseaux et même les animaux les plus infimes.
Le Lion, qui n'existe plus que dans les régions circon-
voisînes, se nomme Izem. La Panthère, rencontrée assez
souvent dans les plaines étroites et accidentées de cet
170 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avi'U 1800.)
abrupt pays, est connue sous le nom d'Ar'ilas jusque chez
les montagnards du haut.
« Seul l'Ours n'a pas sa dénomination dans cet idiome
mille fois séculaire ; on doit en conclure que non-seulement
il n'existe pas, mais encore qu'il n'a jamais existé; car,
dans ce dernier cas, son nom s'y trouverait comme celui
de bien d'autres animaux moins remarquables qui ne vi-
vent plus dans le pays. »
Séance du 2 avril 1860. — M . Milne-Edwards présente
le troisième et dernier volume de son Histoire naturelle
des Coralliaires. Cet ouvrage contient la description et la
classification des espèces récentes et fossiles de Polypes
et de Polypiers appartenant à la classe des Coralliaires,
d'après la méthode adoptée par l'auteur et feu Jules Haime
dans une série de mémoires spéciaux communiqués à
l'Académie de 1848 à 1852.
Communication de M. Dumèril concernant son Ento-
mologie analytique :
« Je dépose sur le bureau, afin qu'il en soit fait men-
tion dans les Comptes rendus, une notice historique impri-
mée, qui est relative à mon dernier ouvrage sur les
insectes formant le tome XXXI de nos Mémoires.
ce C'est aux membres de la Société entomologique de
France, dont j'ai l'honneur d'être le président honoraire,
que j'ai cru devoir m'adresser, comme aux juges les plus
compétents pour cette branche spéciale de la zoologie ,
afin qu'il soit bien établi et bien reconnu, comme j'ai
cherché à le démontrer, que je suis le premier zoologiste
qui aie distribué en familles naturelles toute la série des
insectes.
« Les principaux classificateurs, par ordre de date, étant
Geoffroy, de Degéer, Linné et Fabricius, il résulte des
faits consignés dans la notice mise sous les yeux de l'Aca-
démie que mes travaux , dans cette série chronologique,
doivent prendre rang après ceux de ces entomologistes.
«Je n'insisterais pas sur ces faits tout personnels, si les
SOCIÉTÉS SAVANTES. 171
naturalistes qui ont écrit l'histoire de la science n'avaient
négligé de les rappeler. »
Nous n'avons pas le temps de faire les recherches né-
cessaires pour rétablir les faits relatifs à la réclamation du
vénérable et savant doyen actuel des entomologistes;
nous nous bornerons donc à dire que notre premier maî-
tre, le célèbre Latreille, a appliqué la méthode naturelle
aux insectes, dès l'année 1793, et qu'il termine ainsi la
préface de cet ouvrage, devenu fort rare aujourd'hui.
« Vous qui m'avez communiqué si généreuse-
ment vos richesses entomologiques, G. C. Bosc, Cuvier,
Duméril, je vous regarderai toujours comme mes colla-
borateurs. »
Séance du 9 avril 1860. — M. Hollard lit un Mémoire
étendu ayant pour titre : Des caractères fournis par l'étude
du squelette des Plectognathes et des conséquences qu'on peut
en déduire pour la classification de ces Poissons,
« Je me suis appliqué, dans une série de travaux mono-
graphiques, à rechercher et à faire ressortir l'intérêt que
présente l'étude du squelette des Poissons pour détermi-
ner la place encore douteuse d'un grand nombre de ces
vertébrés dans la classe dont ils font partie. Mes recher-
ches ont porté successivement sur ces familles plus ou
moins étranges dont Artedi avait formé son ordre des
Branchîostéges, que de Blainville nommait Hétérodermes,
en considération du caractère exceptionnel de leur écail-
lure, et que Cuvier, en limitant leur nombre, réunissait
sous le nom ordinique de Plectognathes, pour exprimer
le fait de la soudure du maxillaire au prémaxillaire. Le
travail que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à
l'Académie complète et résume l'ensemble de mes études
sur l'ostéologie de cette série de groupes qui comprend
les Balistides, les Ostracionides et les Gymnodontes. Les
squelettes de ces familles que j'ai comparés soit avec ceux
de types plus ordinaires, soit entre eux, m'ont conduit,
comme les caractères fournis par l'écaillure, à conserver
172 rev. et mag. DE zoologie. (Avril 1860.)
le groupe créé par Cuvier, malgré les objections dont il a
été l'objet ; mais en même temps cette comparaison m'a
permis de déterminer la place de ce groupe, en complé-
tant sa caractéristique, et d'en coordonner les éléments
avec quelque précision, en faisant ressortir les distances
relatives qui les séparent les uns des autres et les analo-
gies qui les enchaînent dans un ordre sériai.
ce Cet ordre sériai, qui exprime les véritables relations
zoologiques des Plectognathes, comme on va le voir, achève
de nous mettre à l'aise sur la question de la réunion de
ces Poissons en un même groupe. Il nous donne des ter-
mes subordonnés, composés eux-mêmes d'autres termes
subordonnés, qui se décomposeraient à nos yeux jusqu'à
la série des genres, si nous en poursuivions l'analyse,
comme nous l'avons fait précédemment pour les ïétrodo-
niens. En définitive, le mot groupe exprime mal la rela-
tion des familles Plectognathes. Elles représentent sous
une caractéristique générale et typique un ensemble de
types de divers degrés, des séries générales composées
de séries partielles. Le tableau suivant résume cette coor-
dination, mais il ne saurait en donner que l'aspect le plus
extérieur.
Distribution des Plectognathes.
Sous-ordres.
Sclérodermes.
Familles.
Balistides.
Tribus.
Triacanthieus.
Plectognathes.
Ostracionides.
Gymnodontes./ Sphérosomes.
Balistiens.
Monacanthiens.
Aracaniens.
Ostraciens.
Loganiocomes ou Triodoniens.
Tétrodoniens.
Diodoniens.
Ellipsosomes ou Ortbagoriscieos. »
SOCIÉTÉS SAVANTES. 173
M. de Quatrefages présente à l'Académie un certain
nombre de capsules envoyées par M. Mitifiot, et fait res-
sortir ce que le procédé de ce sériciculteur, fondé sur le
principe de la ponte solitaire, présente de rationnel et de
pratiquement utile.
M . P. Montegazza envoie de Milan une indication des
parties sur lesquelles il désire appeler l'attention dans un
travail sur la vitalité des zoospermes de la Grenouille et la
transplantation des testicules d'un animal à l'autre.
L'ouvrage qu'il analyse dans sa lettre n'est pas encore
parvenu à l'Académie.
M. E. Blanchard adresse une note intitulée : De la fé-
condation et du liquide séminal chez les Arachnides.
« Depuis une quinzaine d'années que je poursuis des
recherches sur l'anatomie et la physiologie des Arach-
nides, j'ai eu l'honneur d'en présenter successivement à
l'Académie les principaux résultats. Aujourd'hui j'appro-
che du terme d,e la tâche que je me suis imposée relati-
vement à l'étude des animaux de cette classe, dont l'orga-
nisation si complexe et si variée à certains égards m'a
paru offrir un véritable intérêt à plus d'un point de vue.
Certains faits concernant les types les plus dégradés,
d'autres touchant les dispositions du système nerveux
dans les Holètres et les Acariens, et quelques remarques
sur les organes de la génération et la fécondation , me
semblent avoir encore assez d'importance pour en faire
l'objet d'une mention spéciale. Ces remarques sur la fé-
condation forment le sujet de la présente note.
« Les organes de la génération sont constitués dans les
Arachnides d'après un plan particulier que nous voyons
se reproduire, avec des modifications médiocres, chez
presque tous les types de cette classe d'animaux.
« Les organes femelles se composent de tubes membra-
neux présentant, sur leur trajet, des vésicules ou loges, en
quantité plus ou moins considérable, dans lesquelles se
développent les œufs. Ces tubes, terminés en cœcum,
174 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Awil 1860.)
ordinairement au nombre de deux, ont généralement une
grande ampleur; c'est le cas pour les Aranéides et pour
les Tétracères {Galeodes). Chez les Holètres [Phalangium
et Chelifer), ils se réunissent par leur partie postérieure de
manière à former un cercle. Chez les Scorpionides , ils
ont une disposition propre, assez connue pour que je ne
m'y arrête pas. Mais, dans tous les cas, ils servent à la
fois d'oviductes et de réservoirs du liquide séminal. C'est
une observation de ce genre et diverses expériences qui
m'ont permis, en une autre circonstance, de montrer que
c'était à la conservation de la semence du mâle dans les
conduits ovariques qu'il fallait attribuer la faculté signa-
lée à l'égard d'Araignées captives, de demeurer fécondes
pendant plusieurs années sans accouplement, et non pas
à une parthogénèse, comme on l'avait supposé. Les œufs
se développent dans les vésicules ou loges constituées par
des expansions des conduits ovariques; les vésicules
étant comme étranglées à leur origine, le liquide séminal
n'y pénètre point; c'est seulement lorsque les œufs, par-
venus à maturité, vont passer dans l'oviducte qu'ils se
trouvent imprégnés. Chez les Arachnides vivipares, comme
les Scorpions, où les embryons se développent dans les
loges ovariques, l'imprégnation n'a lieu encore qu'à un
moment déterminé ; c'est celui où l'œuf est devenu assez
gros pour dilater suffisamment les parois de sa loge et li-
vrer ainsi passage au liquide fécondateur. Chez les Holè-
tres [Phalangium et Chelifer), l'appareil femelle se com-
plique davantage ; il existe un véritable -utérus dans
lequel les œufs doivent séjourner avant d'être expulsés
au dehors.
« L'appareil femelle de beaucoup d'Aranéides, des
espèces notamment dont la vie ne dure pas au delà d'une
saison, consiste simplement dans les tubes ovariques réu-
nis près de l'orifice, de façon à former un court oviducte
commun ; mais chez les Aranéides dont l'existence se pro-
longe durant plusieurs années et dont la fécondité doit
SOCIÉTÉS SAVANTES. 175
persister après un seul accouplement (Ségestries, Dysdè-
res, etc.), il y a un réservoir spécial, une sorte de poche
copulatrice à parois fibreuses, s'ouvrant au dehors avec
l'oviducte commun et disposée ainsi pour recevoir direc-
tement la liqueur du mâle pendant la copulation.
« Chez ces mêmes Aranéides, le liquide séminal m'a
offert un caractère remarquable. Tandis que dans les
Arachnides en général, Aranéides, Scorpionides, Phalan-
giides, on [voit, nageant dans ce liquide, des spermato-
zoïdes filiformes et les petites vésicules dans lesquelles
se constituent les spermatozoïdes, comme on le sait de-
puis les observations de MM. Kolliker, Rud, Wagner et
de divers autres micographes, on trouve, chez les Séges-
tries, les Dysdères, etc., des corps en forme de sphère
aplatie, très-réguliers et d'une grosseur telle, qu'en répan-
dant sur une lame de verre une gouttelette de liquide on
aperçoit à la vue simple une foule de petits grains. Ces
grains ou plutôt ces capsules dont je viens de donner une
représentation dans l'ouvrage que je publie sous le titre
de Y Organisation du règne animal (Arachnides, PI. XX,
fig. 10) ont de 1/100 à 1/50 de millimètre. Sous un gros-
sissement de 300 à 400 diamètres, on distingue nettement
dans leur intérieur une immense quantité de spermato-
zoïdes filiformes disposés régulièrement du centre à la
circonférence. En comprimant une de ces capsules à
l'aide d'une lame de verre mince, on la fait éclater, et
alors les spermatozoïdes se répandent animés de mouve-
ments qui ne peuvent laisser aucune incertitude sur leur
nature.
« Les petites vésicules ordinaires dans lesquelles se
forment les spermatozoïdes continuent ici à se développer
en augmentant considérablement de volume et deviennent
en quelque sorte des spermatophores.
« Ces corpuscules se rencontrent tous dans le même état
durant une grande partie de l'année, dans les réservoirs
séminaux des femelles aussi bien que dans les testicules et
176 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Avril 1860.)
que dans l'article des palpes des mâles, conformé en or-
gane copulateur. A l'époque où les œufs doivent être fé-
condés, les petites capsules spermatophores se rompent,
et alors, les spermatozoïdes devenus libres, le liquide sé-
minal présente son aspect ordinaire. »
Séance du 16 avril 1860. — M. Pouchet adresse un tra-
vail ayant pour titre : Moyen de rassembler, dans un espace
infiniment petit, presque tous les corpuscules normalement
invisibles contenus dans un volume d'air déterminé.
« L'instrument imaginé par M. Pouchet consiste en un
tube de cristal fermé hermétiquement, à ses deux extré-
mités, par des viroles en cuivre. La virole supérieure, qui
est fixe, reçoit un tube en cuivre terminé, à l'extérieur, par
un très-petit entonnoir, et, à l'intérieur, par une extré-
mité très-finement étirée et dont l'ouverture n'a pas plus
de 0,50 de diamètre. — Par la virole inférieure on intro-
duit dans l'appareil un verre plan circulaire, que Ton
place à 0m,001 de la pointe effilée du tube ; on ferme l'ap-
pareil, et l'on met ensuite son intérieur en communication
avec un aspirateur, à l'aide d'un tube qui traverse la vi-
role inférieure.
« Lorsque l'aspirateur agit, l'air environnant, étant as-
piré, passe par le tube et, en sortant de l'extrémité effilée
de celui-ci, vient frapper la lame de verre et dépose, à sa
surface, tous les corpuscules atmosphériques qu'il con-
tient, absolument parle même mécanisme que l'appareil
de Marsh étend sur une lame de porcelaine les particules
de métal qui en sortent. Les corpuscules les plus volumi-
neux s'amassent tous en un petit tas central, qui n'a guère
plus de 0m,001 de diamètre, et les autres seulement rayon-
nent un peu plus loin. »
III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Traité général d'oologie ornithologique au point de vue
de la classification, par M.O. des Murs, 1 vol. in-8, 1860.
Nous avons lu avec le plus vif intérêt le nouveau livre
ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 177
que vient de publier M. des Murs. Après ua examen at-
tentif de ce travail, nous nous sommes demandé comment
l'idée d'un ouvrage si utile au point de vue qui nous
occupe ne s'est point déjà présentée à l'esprit du grand
nombre de savants qui se sont livrés à l'étude et à la des-
cription des œufs des oiseaux. Suppléant à l'indulgence
de l'auteur, qui, se faisant la même question, ne se l'est
expliquée que par l'indifférence dont ce produit ovarien
était frappé (ne l'a-t-on pas considéré pendant longtemps
comme un simple objet de curiosité?), nous dirons que le
véritable motif de cet abandon est que tous ceux qui se
sont occupés d'oologie ne l'ont fait qu'en dehors de
toutes connaissances nécessaires et de toute étude anté-
rieure sérieuse et spéciale en ornithologie, et même n'ont
pu en faire qu'au point de vue étroit de l'ornithologie
européenne.
Il fallait, comme M. des Murs, avoir fait de l'étude des
Oiseaux l'objet constant de ses travaux et de ses plus chères
distractions pendant sa longue carrière studieuse, pour
entreprendre avec fruit cet important traité d'oologie;
important, disons-nous, plus encore par la valeur des
notions et des observations neuves qu'il renferme que par
son étendue, car il est impossible d'être en même temps
plus concis et plus substantiel. En lisant M. des Murs, on
retrouve l'homme qui, après avoir conçu une idée, après
l'avoir envisagée sous toutes ses faces, l'avoir approfon-
die dans ses détails les plus intimes et les plus minutieux,
maître enfin de lui-même et de son sujet, n'a qu'à présen-
ter le simple exposé de ce sujet pour être compris, et qu'à
soumettre l'application de ses idées pour convaincre de
la réalité de ses aperçus et de la justesse de ses proposi-
tions ; ceux qui liront l'œuvre de M. des Murs verront,
comme nous, qu'il a complètement réussi.
Nous croyons qu'un des grands mérites de M. des Murs,
c'est de continuellement s'effacer devant la priorité des
écrits tout en citant les auteurs. Ainsi il pouvait, sans eon-
V sKttiE. t. xii. Auucc 1800. 12
178 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.)
teste, se donner l'avantage et l'honneur d'avoir su décou-
vrir, dans l'œuf des oiseaux, de nouveaux caractères, carac-
tères assez importants pour être pris en considération par
les ornithologistes; eh bien, il répudie cette pensée! il lui
suffit d'avoir trouvé, dans ses longues et pénibles recher-
ches, le germe, même informe, de la même idée chez un
autre pour qu'il s'empresse de le faire connaître et de
citer les termes dans lesquels cette idée a été exposée, par-
fois même entrevue.
C'est d'après ces principes que M. des Murs a établi
son intéressante Bibliographie ornithologique, qui n'existe
dans aucun pays, et qui lui a demandé la traduction d'une
infinité d'ouvrages étrangers, principalement allemands
et anglais ; son but avoué étant de faire , avec la plus
grande impartialité, l'historique, en quelque sorte, delidée
d'utilité des caractères oologiques, cette idée à laquelle
il a si heureusement réussi à donner un corps en l'élevant
au rang de science.
Le nouvel ouvrage de M. des Murs nous paraît con-
courir à faire sortir l'ornithologie de l'ornière dans la-
quelle elle s'est constamment traînée depuis son origine,
en dépit même du talent de ceux qui l'enseignent sur les
caractères morphologiques externes, sans penser à secouer
le joug de l'habitude et du préjugé.
11 est donc évident que l'on doit s'affranchir mainte-
nant de cette règle insuffisante qui faisait ressortir la place
d'une espèce dans le genre (1), ou celle du genre dans la
série, de la forme du bec, de celle des pieds, et des carac-
tères exclusivement extérieurs.
Nous reconnaissons pour notre part, et nous le profes^
sons depuis bien des années, qu'avant tout le fondement
le plus solide de la classification naturelle est l'étude et la
(1) Genre (ou progression spécifique du docteur J. E. Cornay,
voyez l'article de V acceptation du mot genre en physiologie, par J.
E. Cornay, Journal mensuel des travaux de V Académie nationale
agricole, etc. (1858), cahier de mai et juin, p. 342 à 347).
ANALYSES 1) OUVRAGES NOUVEAUX. 179
connaissance des mœurs des oiseaux, ce dont nous avons
convaincu, en l'aidant dans le travail de son Conspectus
avium, le savant et, par cela, si regrettable Charles Bona-
parte.
Cependant nous admettons que le sternum, trop vanté
par de Blainville, peut donner quelques caractères secon-
daires (1821, Journal de jj/ujsiquc), (l'Herminier, idem), que
l'os palatin antérieur (1), au contraire, dont les caractères
ont été si habilement développés par le docteur J. E. Cor-
nay, est réellement, comme il le dit, un os important de
contrôle. M. Cornay divise cet os en corps proprement
dit, en extrémité et en lames ; la configuration du corps
et des lames nasales, palatine et latérale fournit à la clas-
sification , comme tous les anatomistes peuvent s'en con-
vaincre, et avant tous les autres os du squelette, les carac-
tères les plus utiles de contrôle vis-à-vis des autres carac-
tères tirés des organes chez les Oiseaux ; voici ce que
M. Cornay a parfaitement démontré.
Il en sera de même des œufs des Oiseaux, dont les carac-
tères vont devenir un nouveau Critérium omithologique,
c'est-à-dire une nouvelle marque apportée à la connais-
sance de la vérité pour la classification naturelle, ainsi
que l'a si bien dit M. des Murs, auquel la science doit la
révélation des caractères oologiques.
Désormais, il existe donc un lien indissoluble qui rat-
tache l'étude de l'oologie à celle de l'ornithologie; c'est ce
que l'auteur démontre avec une merveilleuse évidence.
Les éléments principaux de ce travail nous étaient con-
nus, depuis longtemps, par les mémoires si intéressants
publiés d'abord par M. des Murs, dès 1842, dans le Maga-
sin de zoologie, avec planches, puis dans la Revue zoologi-
que de la Société Cuvierienne, et enfin dans la Revue et Ma-
il) Revue zoologique, novembre 18*7, Considération sur la classi-
fication des Oiseaux fondée sur l'o$ palatin antérieur, par le doc-
teur J. F.. Cornay.
180 rev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.)
gasiti de zoologie d'aujourd'hui, journal qui n'est que la
réunion et la continuation des deux premiers. Nous de-
vons dire, à ce propos, que ce n'est pas sans un vif senti-
ment de surprise que nous avons vu certaines personnes
traiter les mêmes matières alors qu'elles connaissaient les
travaux si persistants de M. des Murs sur l'oologie des
Oiseaux. Si encore, nous voyions les résultats de M. des
Murs mis en relief et en lumière; mais non, il semble
qu'il y ait parti pris de taire la valeur de ces travaux, ou
de n'en parler qu'avec une discrétion calculée en omettant
quelquefois le nom des travailleurs.
Quoi qu'il en soit, le Traité d'oologie ornithologique, tout
en reproduisant les divers mémoires de M. des Murs, en
est l'intelligent développement; ce qui ne retire rien de
leur mérite particulier comme idée première et comme
invention.
La partie incontestablement la plus curieuse est celle
où l'auteur fait l'application , à la classification, de ses
connaissances oologiques spéciales. Nous ne saurions aussi
trop recommander à ses lecteurs , entre autres passages,
le résumé historique des mœurs des Coucous. Là tout est
nouveau, les inductions les plus intelligentes, les aperçus
les plus vrais se font jour, sur ce sujet connu, que M. des
Murs a cependant su rajeunir, en posant d'utiles jalons
aux observateurs pour les découvertes à faire sur les
mœurs mystérieuses, et peut-être si simples, de cette tribu
des Cuculidés.
Après ce juste hommage rendu à la conception d'utiliser
les caractères oologiques, ce que nous appelons Vidée mère
du livre de M. des Murs, nous allons examiner rapidement
l'application pratique qu'il a le premier su faire de ces
caractères oologiques à la classification.
Pour ce qui est de l'œuvre en elle-même, l'auteur l'a
divisée en trois parties. Dans la première, consacrée à la
Bibliographie oologiquc, il fait voir, par l'énumération des
ANALYSES d'OUVKAGES NOUVEAUX. 18t
ouvrages et des auteurs qu'il analyse et qu'il cite, que
l'œuf des Oiseaux a toujours été l'objet d'observations
plus ou moins scientifiques, et a sans cesse attiré sur lui
la curiosité. «Or, dit M. des Murs, de la curiosité à la
science il n'y a qu'un pas; c'est l'histoire de la boîte de
Pandore. »
La bibliographie, cette partie toute neuve du livre, et
qui manquait à la science, est complète; elle pourra en
apprendre aux savants du monde, comme aux savants
officiels, puisque ces mots sont consacrés.
Dans la seconde partie, réservée à l'exposé des carac-
tères oologiques, l'auteur prouve, par l'indication et par
l'étude des caractères particuliers à l'œuf dans son tégu-
ment calcaire , qu'il en découle effectivement des règles
assez fixes pour servir de base à toute une série de pro-
positions scientifiques dont les principales sont les sui-
vantes, qu'il formule ainsi :
« 1° Si la forme des œufs est plus généralement ovée,
elle subit cependant des modifications qui se retrouvent
constantes dans certains groupes : par exemple, 1° la
forme ovalaire chez les Tinamous ; 2° la forme elliptique
chez les Grèbes, les Cormorans et les Pélicans ; 3° la forme
ovoïconique chez les Pingouins, les Guillemots et la plu-
part des Gralles ; et 4° la forme cylindrique chez les Méga-
podes et les Gangas. »
Nous répétons ici, en passant, que cette division et ces
dénominations de la forme oologique appartiennent pres-
que toutes à M. des Murs , et que c'est en vain que quel-
ques critiques intéressés chercheront à l'en déposséder, en
y apportant de prétendues modifications qui sentent plus
la logomachie que la science.
« 2° Les oiseaux aquatiques ou nageurs ont généralement
la surface de leurs œufs peu luisante et lustrée, cette qua-
lité n'étant propre, dans des degrés infiniment variés,
qu'aux œufs des Oiseaux terrestres, chez les Passereaux et
les Gallinacés par exemple.
182 rev. et mag. de zoologie. (Avril 18G0.)
« 3° La couleur des œufs ne varie en aucune manière,
dans la même espèce , d'un climat à un autre, ce qui est
loin de ce que soutient encore de nos jours un auteur
dans des publications récentes.
« 4° Le mode de coloration, tout en variant indéfini-
ment d'une espèce à une autre, est cependant constant
dans plusieurs groupes, chez les espèces qui les compo-
sent; ainsi, blancs chez les Pigeons, les œufs sont unis et
sans taches chez les Faisans et chez les Tinamous, quelle
que soit la couleur de ces œufs.
« 5° Enfin la forme générale des taches, à part la cou-
leur de celles-ci, est également constante dans plusieurs
groupes, par exemple chez les Bruants, les Quiscaies et
la plupart des ïctéridés. »
Dans la troisième partie l'auteur fait l'application des
caractères oologiques à la classification des Oiseaux; il
traduit les faits et les indications en les'amenant à figurer
un nombre positif d'éléments sur lesquels s'appuie la mé-
thode pour arriver au classement.
Cette dernière partie de son livre a été, pour M. des
Murs, l'occasion d'accumuler des notions neuves sur les
mœurs de certaines familles ornithologiques , qui lui sont
toutes personnelles, et il a exposé, dans un chapitre, des
considérations des plus savantes; ce travail vraiment
original est l'œuvre de l'auteur, il lui appartient donc en
entier et paraît devoir fixer les incertitudes et les opinions
flottantes qui se sont fait jour jusqu'à présent au sujet des
Cuculidés.
II en est de même du chapitre relatif aux Calaos, à la
Huppe, au Cincle, aux Furnaridés, et, en dernier lieu, aux
Ptiloptères.
Ces principaux passages font voir, en effet, tout le parti
que l'ornithologiste ami du progrès est appelé à tirer de
l'étude du produit ovarien ; mais pour obtenir cet avantage
il faut, comme M. des Murs, réunir à cette étude la con-
naissance approfondie des mœurs des Oiseaux, et ne pas
ANALYSES d'OUVUAGES NOUVEAUX. 183
se borner, à l'instar de certains auteurs, à couver amou-
reusement les œufs qu'on possède.
Une grande qualité que nous nous plaisons à reconnaître '
à M. des Murs, comme nous l'avons déjà fait pressentir,
c'est qu'il est impartial, qu'il sait s'effacer devant toute
antériorité ou toute priorité, au risque même de s'amoin-
drir, et par conséquent il sait loyalement discuter; nous
le disons exprès en songeant à ces critiques plus ou moins
directement adressées à l'auteur sur ses premiers Mémoires
d'orographie ornithologique, qui font la base et le point de
départ de l'ouvrage dont nous nous occupons.
Nous ne saurions entrer plus avant dans l'examen des
mérites du Traité d'oologie ornithologique, sans dépasser
les limites qui nous sont fixées pour les travaux de la Revue
et Magasin de zoologie ; nous nous réservons cependant
d'y revenir à l'occasion.
Tout ce que nous voulions constater aujourd'hui,
comme l'ont déjà proclamé, avant nous, MM. le docteur
l'Herminier de la Guadeloupe , Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire, et M. Hardy de Dieppe, c'est que M. des Murs a
bien mérité de la science. J. P. Verreaux.
Malacologie terrestre de l'île du château d'If, près de
Marseille, par M. J. II. Bourguignat.— In-8, fig. Paris,
1860.
Comme le dit l'auteur en débutant, voici un travail qui
va bien étonner certains malacologistes ; je parle de ceux
qui connaissent Marseille et ses environs. Il existe donc
des Mollusques au château d'If ! — Mais cette île n'est
qu'un rocher sur lequel s'enlacent d'immenses fortifica-
tions Il ne se trouve là qu'un seul endroit où les mu-
railles forment un petit retrait et laissent ainsi à décou-
couvert un petit coin de terre de 80 pieds de long sur 20
de large tout au plus. Cet espace exigu, que les ingénieurs
n'ont point jugé utile de comprendre dans le périmètre
184- rev. et mag. de zoologie. {Avril 18G0.)
des constructions, est donc cette localité, ajoute M. Bour-
guignat, où, le 10 janvier 1858, pendant trois heures envi-
ron, je me suis livré à quelques recherches malacologiques.
Il serait difficile, ajoute-t-il, de se faire une idée exacte
de mon lieu d'exploration, si je ne disais que le sol y est
des plus tourmentés. Là un rocher se dresse abrupt et dé-
nudé ; ici une large fente, une profonde fissure où crois-
sent quelques graminées, quelques choux maritimes; enfin
çà et là des débris de briques et de poteries, des frag-
ments de cailloux, voire même de nombreux immondices
que les gardiens du fort ne se font pas faute de lancer du
haut des murailles.
Hé bien ! dans ce petit coin isolé, desséché et salé,
M. Bourguignat a trouvé 18 espèces différentes, apparte-
nant à 6 genres , et , qui le croirait? 2 espèces nou-
velles, et il a pu en faire le sujet d'une belle brochure
accompagnée de deux excellentes planches dues au crayon
si exact de M. Levasseur, l'un de nos plus habiles dessina-
teurs et lithographes.
Les espèces observées par M. Bourguignat sur ce petit
coin de terre sont les suivantes :
1, Zonites lucidus ; 2, Blauneri; 3, Hélix melancstoma ;
4, vermiculata; §,pisana; 6, catocyphia, espèce nouvelle
ainsi caractérisée : testa parvula, rimato perforata, supra
planulata, subtus conveœa, carinata; omnino albida, cre-
tacea,striata; anfractibus k 1/2 sat celeriter et 'es centibus, su-
pra planulatis, sutura lineari separatis; — ultimo magnoy
acutd carinato, supra piano, subtus dilatato, convexo, ad
aperturam non descendente ; apertura lunala, subangulata,
in ventre penultimi, tuberculo cretaceo, ornata; peristomate
simplice , acuto, intus paulum incrassato; labro columel-
lari reflexiusculo, perforationem subobtegente : — haut., 6 ;
diam., lOmill.; 7, Hélix apicina ; 8,neglecta; 9, pseuden-
halia, espèce nouvelle ainsi caractérisée : testa anguste
umbilicata, semiglobosa, crctacca, solida, sordide candida,
ANALYSES 1)' OUVRAGES NOUVEAUX. 185
striatula; — spira convcxo-turbinata, apice obtuso, lœvi,
corneo; — anfractibus 6 convcxis, rcgulariter crescentibus,
sutura mediocri separalis; ultimo rotundato, vix descendente;
aperlura obliqua, vix lunata , exacte rotundata; peristo-
mate recto, acuto, in tus valide rosaceo vel luteolo, incrassato;
marginibus approximatis : haut., 8-9; diam., 10-11 mill.;
10, IJelix numidica ; 11, conoidea ; 12, Bulimus decollatus ;
13, Ferussacia Gronoviana {regularis, folliculus, Vescoi,
ajoutées comme terme de comparaison, mais non prises
dans l'île); 14, Clausilia solida; 15, Pupa quinquedentata ;
16, amicta; 17, granum; 18, umbilicata.
Ce mémoire curieux n'a été tiré qu'à 100 exemplaires,
et va devenir certainement une rareté bibliographique.
_____ (G. M.)
Filum amadneum , methodus conckyliologicus denomina-
tionis sine quo chaos, par M. J. R. Bourguignat. (In-8.
Paris, 1860.)
Voilà un ouvrage qui est, dès son apparition, une-
rareté bibliographique, car M. Bourguignat ne Ta fait
tirer, comme le précédent, qu'à cent exemplaires.
Il a d'abord traité une question capitale de zoologie, la
nomenclature et les règles qui doivent guider les malaco-
logistes dans son application , et il a suivi celles qui ont
été tracées par l'immortel JLinné, ce dont on ne saurait
trop le louer.
Pour donner une idée suffisante de son travail et de
l'esprit dans lequel il est fait, il nous suffira de reproduire
les quelques phrases qui en forment l'introduction.
« La science malacologique repose sur une double base :
la disposition et la dénomination (Linnaeus).
« La disposition a pour but les divisions et les rapports
des Mollusques les uns à l'égard des autres.
« La dénomination a pour objet les appellations scienti-
fiques.
« Celte seconde partie fondamentale de la science, la
186 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1860.)
seule dont nous allons nous occuper, a été de tout temps
une des plus négligées, une de celles qui ont été le plus
soumises à l'arbitraire.
« Depuis l'immortel Linnaeus, le père de la science, s'il
s!est rencontré des ignorants et des charlatans, il s'est
trouvé heureusement de ces savants consciencieux pour
qui les règles scientifiques avaient force de loi, et qui, par
l'observance des principes, ont retiré la nomenclature du
désordre et de la confusion où l'avaient plongée l'igno-
rance et le charlatanisme. Ces savants ont bien compris
qu'une science, avant tout, devait s'appuyer sur des rè-
gles, et que, sans elles, toute méthode n'était que chaos,
filum ariadneum, methodus sine quo chaos (Linn.).
« Or ces règles, reconnues et sanctionnées par ces
hommes intègres et ennemis de l'arbitraire, ont été réu-
nies, par nous, dans ce volume. »
Entrant en matière, M. Bourguignat examine, "dans
14 chapitres, les règles qui doivent guider dans la forma-
tion des noms de classes et d'ordres, de familles, de genres
et d'espèces; il traite des noms de fausses localités, mal
latinisés, des désinences, des mots pseudo et sub, de la
désinence en oides, de la variété, des noms de sections ou
de groupes, des doubles emplois, de l'antériorité et de la
synonymie, et , à la fin d'une note additionnelle très-
curieuse, il termine ainsi :
« Nous croyons utile d'avertir que les citations em-
pruntées à Linnaeus, et qui se trouvent en notes dans le
cours de cet ouvrage , sont exactes , bien que l'on y ren-
contre les mots de concha, maiacologia ou conchyliologi-
cus, etc., à la place as planta, botanica ou botanicus, etc.
« Nous avons cru devoir faire subir aux phrases lin-
néennes ces petites modifications de forme qui ne déna-
turent en rien le sens fondamental, afin d'approprier d'une
manière plus convenable les règles de Linnaeus au sujet
traité dans ce volume. »
Ce travail, destiné à servir de règle aux naturalistes qui
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 187
s'occupent de Mollusques, pourra tout aussi bien servir à
ceux qui traitent des autres branches de la zoologie, cl
nous regrettons que M. Bourguignat en ait fait tirer un si
petit nombre d'exemplaires. (C. M.)
A Catalogue of catalogue des Insectes Lépidoptères
du musée de la compagnie des Indes ; par MM. Th.
Housfield, directeur de ce musée, et Frédéric Moore,
assistant. — Vol. 1er, in-8°, 1857.
Ce magnifique ouvrage, imprimé par ordre de la cour
des directeurs, nous a été adressé, de la part de ces hono-
rables fonctionnaires, par les auteurs, et nous ne saurions
trop remercier les uns et les autres de la satisfaction qu'ils
nous ont procurée en nous donnant ce témoignage de leur
estime. Ce catalogue forme un beau volume in-8° de plus
de 300 pages, accompagné de 18 excellentes planches
coloriées, représentant une foule de Chenilles, de Chry-
salides et de Lépidoptères des Indes orientales , observés
et dessinés, d'après le vivant, par le savant M. Horsfield
et par d'autres entomologistes.
Après avoir donné une liste systématique des genres et
des espèces contenus dans ce premier volume, les auteurs
offrent, dans le catalogue proprement dit, la synonymie
des genres et des espèces, en suivant la méthode que nous
avons introduite le premier dans notre Gênera et Species
des Insectes dès 1843, de placer la date de la publication
de tous les genres et espèces à la suite de la citation des
ouvrages. Les premiers états de beaucoup de Lépidoptères
indiens, dont on ne connaissait que le Papillon, sont dé-
crits et figurés , et l'on est étonné des formes singulières
et des couleurs variées offertes par ces insectes. Beaucoup
d'espèces nouvelles sont décrites et figurées par M. Moore.
Ce premier volume contient les Diurnes et les Crépus-
culaires. Dans les premiers, il y a 595 espèces mention-
nées ou décrites; dans les Crépusculaires, on en compte
50 : ce qui fait pour ce volume un total de 6V5 espèces
188 rev. et mag. de zoologie. (Avril 18G0.)
indiennes , composant actuellement le musée de la com-
pagnie.
Il est probable que le second volume complétera la
série, ce qui formera un très-utile et très-bel ouvrage dû
à la munificence éclairée des honorables directeurs de la
compagnie, qui ont toujours montré un grand zèle pour les
progrès des connaissances humaines. G. M.
IV. MELANGES ET NOUVELLES.
Les lettres que nous adresse le savant docteur Sacc, de
Wesserling, sont toujours pleines d'intérêt non-seulement
pour nous personnellement, mais pour la science et ses
applications. Nous voudrions pouvoir les publier toutes,
car elles intéresseraient au même degré nos abonnés.
Nous croyons donc leur être agréable en prenant à l'une
de ces lettres un passage relatif à la Poule de Nankin (an-
cienne Poule cochinchinoise), sur laquelle M. Sacc nous
promet un article qui paraîtra dans un de nos prochains
numéros.
« La question des Poules a toujours été importante pour
l'alimentation des villes; elle est devenue très-grande de-
puis que l'industrie a utilisé l'albumine pour la fixation
des couleurs. Cela a décuplé la consommation des œufs
et en rend le prix de plus en plus élevé, et cela à tel point,
que nous payons, en ce moment, 16 fr. le kilog. d'albu-
mine, que l'on ne cotait, l'an dernier, que 10 fr. 50 c. à
11 fr. au maximum. Pondeuse régulière autant que fé-
conde, la Poule de Nankin répondra seule aux besoins
domestiques et industriels. Telle a été la conviction qui a
guidé mon travail. »
Dans cette même lettre, M. Sacc ajoute :
« Vous apprendrez avec plaisir que le Kanguroo de
Bennet vient de mettre bas au jardin zoologique de Franc-
fort , où cette robuste espèce est restée toute l'année en
plein air. Le petit est resté trois mois entiers dans la poche
MÉLANGES ET NOUVELLES. 189
abdominale, qu'il refuse toujours de quitter, mais au de-
hors de laquelle il passe quelquefois sa tête encore nue. »
K La plante dont les faisans mangent la racine
pendant l'hiver est la Ficaria ranunculoides.
M. Grimaud de Caux donne dans Y Union les détails
suivants concernant une des plus grandes magnaneries du
Midi : Elle se trouve dans la vallée de l'Ergue, où nous
comptons déjà des éducateurs distingués, tels que MM. Ben-
jamin et Victor Rouquet, Mareoud, Fortanier, Rouch et
Lavit, qui tous élèvent des Vers à soie sur une assez grande
échelle.
Les observations faites par M. Grimaud de Caux méri-
tent toute la confiance des sériciculteurs, non-seulement
parce que c'est un observateur éclairé et indépendant, en
même temps qu'un écrivain consciencieux et renommé
dans la presse scientifique, mais surtout parce qu'il a étu-
dié de près les questions de sériciculture et qu'il a souvent
pris la parole avec autorité toutes les fois que ces ques-
tions ont été portées devant l'Académie des sciences.
« Il y a quelques jours à peine , le 1er avril, je visitais
sur les bords de l'Ergue , à Brignac , dans la vallée de
l'Hérault, une magnanerie où l'on fait 40 onces de graines.
Cette magnanerie a été fondée, en 1843, par mademoi-
selle Santy, et inaugurée par une éducation de 25 onces.
En 1852, on en mettait à l'éclosion 45. Les années suivan-
tes, le chiffre de 40 onces a été adopté comme le plus en
rapport avec la proportion de la feuille que la localité
peut fournir. J'ai compulsé le journal de 17 années tenu
par la jeune et habile fondatrice; c'est dune exactitude,
d'une netteté, d'une sagacité, d'un discernement qui fe-
raient honneur à des observateurs de profession : rien
de futile et rien de négligé, les circonstances notées sont
toutes dignes d'attention et parfaitement caractéristiques.
En parcourant cette histoire de 17 années et en y suivant
190 iiev. et MAf,. de zoologie. [Avril 1860.)
avec attention les phases diverses de chaque éducation
annuelle, on ferait un cours complet de magnanerie pra-
tique, plus utile cent fois que tous les traités théoriques,
les rapports académiques et les dissertations qui me sont
passés sous les yeux.
« Sur ces 17 années, 3 seulement ont été improductives.
En 1849-50-51, la feuille manquant complètement, made-
moiselle Santy ne fit point d'éducation. Les 14 années
restantes ont toujours donné un produit rémunérateur,
dont la somme constituerait dans le pays une belle dot.
« Mais voici qui est digne d'attention , et que je recom-
mande à M. Guérin-Méneville, et même à M. de Quatre-
fages, sur qui me paraît porter maintenant tout le poids
des destinées de l'infortunée commission séricicole de
l'Académie des sciences. En 1852, la feuille ayant reparu,
mademoiselle Santy mit à l'éclosion 45 onces. Un violent
orage fit périr la plus grande partie de ces intéressantes
petites bêtes. En 1853, la gattine et la muscardine enva-
hissent les chambrées.
« Le mal est là, quelle en est la cause? Le journal n'hé-
site pas, mademoiselle Santy s'aperçoit que la feuille est
rouillée ; elle appelle cette rouille l'oïdium du mûrier.
Plus tard, en résumant les faits de la saison, elle signalera
aussi l'humidité qui a régné pendant toute la durée de
l'éducation.
ce L'année suivante (1854), grâce à un redoublement de
bons soins et à un choix scrupuleux de la feuille, l'éduca-
tion réussit et donne un résultat rémunérateur qui dépasse
celui de toutes les années précédentes.
« L'année 1857 donne le plus gros bénéfice.
« L'année 1858 peut servir de contrôle . Des circonstances
particulières empêchent mademoiselle Santy de diriger
l'éducation ; elle afferme pour la saison sa magnanerie et
ses mûriers ; un produit des plus médiocres est le résultat
d'une recrudescence de la muscardine et d'une mauvaise
direction.
MÉLANGES ET NOUVELLES. 191
« Enfin, en 1859, la magnanerie de Brignac, reprise et
dirigée par sa fondatrice , enregistre un succès unique
là, où, dans l'espace de quelques kilomètres carrés, j'ai
pu signaler au moins sept grands éducateurs.
« J'ai hâte de tirer de ces faits quelques conclusions
pratiques.
« 1° Il est maintenant hors de doute que la feuille du
mûrier a été malade. Le journal de mademoiselle Santy,
pour l'année 1854, signale le fait dans toute sa simplicité.
Depuis, l'opinion à cet égard s'est si bien accréditée dans
le Midi, qu'un éducateur de Lunel, M. Nourrigat, propose
maintenant de soufrer le mûrier comme on soufre la
vigne, sans s'inquiéter des analogies. M. de Quatrefages
avait soutenu l'avis contraire dans son rapport du 21 mars
de l'année dernière. S'il ne revient pas à de meilleurs
sentiments, c'est qu'il est résolu à mourir dans l'impéni-
tence finale.
« 2° On a donné le conseil de faire des éducations sur
une petite échelle et d'élever, par exemple, 4 onces de
graines au plus, afin d'éviter les résultats pernicieux de
l'encombrement. J'avoue qu'en voyant les grands ateliers
de mademoiselle Santy j'ai pensé tout de suite aux effets
de l'accumulation. Je n'ai été rassuré qu'en parcourant
son journal, et en y remarquant que les alternatives de
réussite et d'insuccès s'expliquent parfaitement : les unes,
par les orages, la feuille rouillée et l'absence de soins;
les autres, par une direction des plus intelligentes et une
expérience consommée. D'où je conclus que les éduca-
teurs habiles peuvent très-bien tenir moins compte du
précepte qui condamne les grandes éducations et en
retenir seulement cette circonstance qui en constitue toute
la valeur, savoir qu'il ne faut pas accumuler les élèves
dans des locaux relativement trop petits.
« 3° Enfin , pour ce qui concerne la culture des arbres,
on a dit qu'il faut abandonner les mûriers greffés pour
recourir aux sauvageons. Il n'y a pas un seul sauvageon
19*2 kev. et mag. de zoologie. (Avril 1860.)
parmi les milliers de mûriers étalant leurs branches dans
la belle plaine de l'Ergue qui fait face à Brignac, et dans
laquelle mademoiselle Santy fait cueillir la nourriture de
ses Vers à soie.»
M. L. W. Schaufuss, négociant d'histoire naturelle de
Dresde (Saxe), se rend en Espagne pour y faire des ré-
coltes d'animaux de toutes les classes. Il s'occupe surtout
d'ornithologie, de malacologie et d'entomologie, et les
catalogues d'objets qu'il offre aux amateurs nous ont paru
fort riches en espèces, et celles-ci nous semblent cotées à
des prix très-modérés.
Il nous a remis un échantillon d'un intéressant Lépi-
doptère espagnol du genre Polyommate, découvert depuis
peu en Espagne, et publié en 1857-1858 sous le nom de
Lycœua Mieggii, par M. Vogel (naturhistoriche zeitung
der gesellschaft Isis). C'est une espèce encore fort rare
dans les collections et que l'on peut lui demander par
lettres affranchies, à cette adresse : MM. Schaufuss et
E. Klocke, naturalistes à Dresde (Saxe).
TABLE DES MATIERES.
Page,.
H. Aucapitaine. — Notes sur l'Antilope addax, — le Meh'a des
Arabes. 145
Loche. — Description de deux nouvelles espèces d'Alouettes
découvertes dans le Sahara algérien. 148
A. Guichenot.— Notice sur un nouveau Poisson du groupe des
Cténolabres. 152
J. R. Bourguignat. — Aménités malacologiques. 154
H. Brisout de Barneville. — Observations sur les Tychius
qui se trouvent aux environs de Paris, et description
d'une nouvelle espèce et d'unSibynes. 166
Académie des sciences. 168
Analyses. 176
Mélanges et nouvelles (31. Sacc, sériciculture, etc.). 188
TARIS. — IMP. DE M""8 Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — MAI 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Considérations sur les oeufs des oiseaux ,
par A. Moquin-Tandon.
Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859,
p. 414 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11, 57.
Chapitre V. — De la couleur des oeufs.
§ 1. — OEufs blancs. — Parmi les Oiseaux d'Europe, il
en est un certain nombre qui pondent des œufs d'un blanc
pur (1). La statistique de ma collection m'a donné (31 dé-
cembre 1845) 45 espèces sur 319, par conséquent un peu
plus du septième. En calculant avec les figures des œufs
d'Europe, publiées par M. Thienemann (2), j'avais trouvé
le huitième (3). Ce calcul est opposé à la loi signalée par
Buffon. Ce grand naturaliste a posé en principe que le
blanc est toujours la couleur dominante des œufs; que c'est
celle que la nature y a répandue avec le plus de profusion (4) .
Le rapport de 1 à 7 ou de 1 à 8 s'applique, bien en-
tendu, aux Oiseaux d'Europe seulement. Je suis tenté de
croire que, pour l'ensemble des Oiseaux, la proportion
des œufs blancs se trouve un peu moins forte. Voici sur
quoi j'établis cette présomption : le nombre des Oiseaux
connus est de 8,850, suivant le prince Charles Bonaparte.
Or nous savons que les Colibris, les Perroquets et les Pi-
(t) Quœdam sunt albi coloris sicut ova columbarum, Albert
Magn., Opéra, t. VI, p. 189.
(2) System. Darst. VôgelEuropas. Leipzig, 1825, in-4.
(3) Ma collection s'est beaucoup augmentée depuis 1845. J'ai refait
le calcul ci-dessus, et je suis arrivé à peu près au même résultat.
Je n'ai pas cru devoir changer mes chiffres (1er septembre 1859).
(4) Hisl. nat., article Coq.
2e skrib. t. xii. Année 1860. 13
194 REV. ET MaG. de zoologie. (Mai 18G0.)
geons décrits jusqu'à ce jour s'élèvent, les premiers à 322,
les seconds à 330, et les troisièmes à 300. En tout, 952. Si
nous supposons que les Rapaces nocturnes, les Martinets,
les Pics, les Guêpiers, les M ar tins -Pêcheur s, les Pétrels et
les autres Oiseaux à œufs blancs donnent un chiffre à peu
près égal, nous aurons 1,800 espèces, par conséquent un
peu moins du cinquième du nombre total. Ce résultat sera
encore plus éloigné de la loi formulée par Buffon.
On a remarqué que les œufs blancs des Oiseaux euro-
péens sont généralement déposés et cachés dans des trous
de muraille ou de rocher, ou d'arbre. En effet, ces œufs
appartiennent aux Oiseaux de proie nocturnes (1), aux Pics,
au Torcol, au Grimpereau de muraille, au Rouge-Queue, au
Rollier, au Guêpier, au Mar tin- Pêcheur, à Y Hirondelle de
rivage, aux Martinets, aux Pigeons
Le Cincle et le Remitz semblent faire exception à cette
règle; mais leurs œufs sont enfermés dans des nids cou-
verts, et par conséquent aussi bien cachés que s'ils étaient
dans un tronc d'arbre ou dans un mur.
Il n'y a d'exception vraie que pour la Tourterelle, le
Flamant et plusieurs Oies.
Les Grèbes doivent la teinte blanche de leurs œufs à
l'enduit particulier qui les recouvre; ils sont, en réalité,
verdâtres. (La teinte roussâtre ou rousse qu'ils présentent
quelquefois est étrangère à la coquille.)
M. de la Fresnaye pense que cette uniformité de blanc,
dans les œufs cachés, leur a été attribuée par la nature,
afin qu'ils puissent être aperçus plus facilement par la cou-
veuse, dans un lieu obscur, où ils eussent été moins invisi-
bles et susceptibles d'être cassés par elle-même, s'ils eussent
été d'une couleur foncée (2). M. l'abbé Vincelot a émis,
(1) Klein voudrait savoir pourquoi le Créateur a donné aux Hiboux
et aux Chouettes une coque très-blanche , symbole de Yinnocence
(innocentiœ signum)\
(2) Lapierre avait déjà soutenu, relativement aux Oiseaux de nuit,
que le blanc est plus facile à distinguer pour des Oiseaux qui
couvent et vivent dans l'obscurité.
TRAVAUX INÉDITS. 195
tout récemment, une opinion semblable. Ne pourrait-on
pas renverser cette proposition et dire que les Oiseaux
dont les œufs sont d'un blanc pur ont généralement l'in-
stinct de les cacher ? Du reste, quelle que soit l'explica-
tion de ce fait, la Tourterelle, le Flamant et plusieurs
Oies feront toujours une exception!
J'ai montré ailleurs que la Perdrix de mer ne produisait
pas des œufs blancs, ainsi qu'on l'a supposé dans plu-
sieurs ouvrages.
Tous les œufs même les plus colorés commencent par
être blancs.
La face intérieure de la coque (1) offre toujours la teinte
blanche, excepté cependant chez les Aigles et les Buses,
où elle paraît très-légèremetit verdàtre. (Vincelot.)
Dans un genre donné, peut-il exister en même temps
des œufs blancs et des œufs colorés? On doit répondre
que non généralement. En effet, sauf un très-petit nom-
bre d'exceptions, tous les œufs d'un même groupe natu-
rel sont ou tous blancs ou tous colorés. Ainsi les œufs
sont blancs dans tous les Strix, les Picus, les Columba, les
Puffinus, les Thalassidroma Les genres à une seule
espèce, en Europe, qui pondent des œufs blancs, sont
Coracias, Yunx, Merops, Âlcedo, Phœnicopterus, Pelecanus;
mais plusieurs de ces genres ont des représentants à
l'étranger, et ces représentants nous offrent des œufs
exactement semblables, quant à leur livrée, à ceux de nos
espèces indigènes.
Quelques Oiseaux à œufs blancs, qui faisaient partie
anciennement de groupes à coquille plus ou moins colo-
rée, en ont été retirés par les progrès de la science ; tels
sont les Cypselus, les Cinclus, le Tichodroma
Des exceptions nous sont offertes par le Rouge-Queue
dans les Rubiettes, par Y Hirondelle de rivage dans les
(1) Ova autem omnium, si exterior cortex delibretur , alba
sunt, Willughb., Ornith., p. 8.
196 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
Hirondelles, et par la Penduline dans les Mésanges (1).
§2. — Œufs unicolores. — Les œufs unicolores, c'est-
à-dire uniformément colorés ou sans taches, sont un peu
plus nombreux que les œufs blancs. J'en ai compté, dans
ma collection européenne (1845), 65 sur 319; ce qui
ne donne pas tout à fait le cinquième. Si l'on ajoute à
ces œufs les 45 blancs dont j'ai parlé plus haut, on aura
110 œufs non tachetés, ce qui est un peu moins du tiers.
Les œufs unicolores pourraient être groupés en cinq
séries :
1° Les œufs très-légèrement jaunâtres. (Fuligula his-
trionica, Degl.)
Les jaunâtres. (Perdix cinerea, Briss.)
Lesjaunes d'ocre plus ou moins vif. (Podiceps auritus (2),
Lath.)
2° Les œufs couleur de chair. (Certains Canards.)
Les rougeâtres pâles. (Certaines variétés de Falco pere-
grinuSy Briss.)
Les rouges de brique. (Ceîtia Cetti, Degl.)
3° Les œufs très-faiblement olivâtres. (Fuligula ferrinat
Keys. et Blas.)
Les café au lait clair. (Fuligula marila, Bp.)
Les olive foncé ou couleur de bronze. (Erithacus Lusci-
nia, Degl.)
4° Les œufs très-légèrement verdâtres. (Phalacrocorax
cristatus, Bp.)
Les verdâtres. (Fuligula glacialis, Degl.)
Les Verts. (Otis tetrax, Linn.)
5° Les œufs très-faiblement azurés. (Circaetus Gallicus,
Vieill.)
Les azurés. (Saxicola œnanthe, Mey. et Wolf.)
Les bleus. (Accentor modularis, ïemm.)
Parmi ces œufs, les jaunâtres sont les plus nombreux ;
(1) Ces exceptions n'existent plus, si l'on admet les genres Eri-
thacus, JEglthalus et Cotyle.
(2) Cette couleur n'eiiste qu'après un certain temps d'incubation.
TRAVAUX INÉDITS. • 197
ils forment à peu près la moitié des œufs unicolores de
l'Europe (1). Puis viennent les œufs olivâtres ou verdâ-
tres ; puis les bleus, et enfin les rougeâtres.
Les œufs bleus sont certainement les plus remarqua-
bles et les plus jolis parmi les unicolores. Il y en a une
quinzaine d'espèces en Europe. Les plus brillants sont
ceux des Accenteurs, du Rossignol de muraille et du Merle
bleu.
La teinte de certains œufs unicolores se montre si pâle,
que la coquille diffère à peine des œufs blancs. Lorsqu'elle
a été exposée quelque temps à la lumière, sa nuance s'af-
faiblit graduellement et finit par disparaître. C'est ainsi
que les œufs des Cigognes, du Blongios, de certaines Oies
ont été décrits comme blancs, parce qu'ils avaient été
étudiés dans des collections où ils étaient depuis long-
temps.
L'influence de la lumière sur l'affaiblissement des cou-
leurs a été constatée par tous les ornithologistes. Les
œufs qui ne sont pas enfermés perdent peu à peu la viva-
cité de leurs nuances. Ce sont surtout les espèces à teintes
légèrement azurées qui éprouvent cette modification. Les
œufs bleus [Mouchet] deviennent d'un azuré très-pâle. Les
œufs lilas clair ou gris léger de certains Tinamous se dé-
colorent avec une rapidité remarquable. (F. Prévost.)
Mais ce qui est digne d'être cité, c'est que l'œuf du Ca-
soar, qui est d'un vert intense assez brillant au moment
de la ponte, devient foncé, presque noirâtre, au bout d'un
certain temps.
On a beaucoup écrit sur les couleurs des œufs. Fabrice
d'Aquapendente imaginait qu'elles étaient produites par
le tempérament des oiseaux. Mais pourquoi le tempéra-
ment donne-t-il des coques tantôt rougeâtres ou jaunâtres,
tantôt roses ou bleu de ciel ? D'autres ont fait dépendre la
(1) Quœdam sunt viridia declinantia ad cUrinUatem, sicut
ova , Anatum., Albert Magu., Opéra, t. VI, p. 189.
198 REV. ET MaG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
couleur de l'alimentation. Buhle croit que les excréments
et l'urine y sont pour quelque chose !
Les couleurs uniformes, celles dont il s'agit présente-
ment, sont des couleurs sécrétées par des organes spé-
ciaux. (Manesse (1), Carus) (2). Ces organes sont des pa-
pilles ou glandules, variables par le nombre et par le
volume, qui tapissent la surface interne de la partie de
l'oviducte qui avoisine le cloaque.
Quelques auteurs pensent qu'il ne serait pas impossible
qu'une petite quantité de sang décomposé ou délayé ne
fournît à certains œufs l'élément ou une partie de l'élé-
ment de la coloration. Cette proposition est fort dou-
teuse.
M. Florent Prévost a examiné l'oviducte d'une femelle
de Casoar morte à l'époque de la ponte ; il a trouvé les pa-
rois de ce canal tapissées, dans une partie de son étendue,
de cryptes nombreux, gorgés d'une matière, colorante,
d'un vert pâle. M. Prévost a recueilli des portions de cette
matière , et a remarqué qu'elle devenait foncée par l'ex-
position à l'air.
Les œufs unicolores sont couverts, au moment de la
formation de la coque, d'un enduit comme gélatineux,
qui donne à la matière calcaire une plus grande soli-
dité ; voilà pourquoi , suivant la remarque récente (3) de
M. Thienemann, les coquilles non tachetées sont généra-
(1) L'abbé Manesse a laissé en mauuscrit un ouvrage assez étendu
sur les œufs des Oiseaux , intitulé Oologie (2 vol. in-4 , avec un atlas
de même format composé de 38 planches peintes à l'huile). Cet ou-
vrage, important sous beaucoup de rapports, se trouve aujourd'hui
dans la riche bibliothèque du muséum d'histoire naturelle; j'aurai
l'occasion de le citer plusieurs fois.
(2) « Les couleurs uniformes semblent tenir à une sécrétion par-
ticulière qui a lieu pendant la formation de la coquille. » Carus.
(3) Je dois rappeler que ce mémoire de M. Moquin-Tandon a été
rédigé en grande partie, comme le précédent, pendant l'hiver de
1817, de manière que plusieurs ouvrages ou faits cités comme récent»
remontent au delà de treize années. (G. M.)
TRAVAUX INÉDITS. 199
lement plus dures que celles des œufs pourvus de taches;
elles sont aussi plus lisses et plus lustrées.
La couleur déposée pénètre plus ou moins profondé-
ment. Dans un œuf de Tinamou que j'ai sous les yeux, elle
atteint presque la moitié de l'épaisseur; dans celui du
Casoar, elle dépasse un peu cette limite.
La matière colorante semble sécrétée avec rapidité, et
chaque œuf paraît l'objet d'une sécrétion particulière.
J'ai ouvert un Merle femelle , quelques instants après la
ponte du premier œuf de sa couvée ; je n'ai trouvé, dans
son oviducte, aucune trace de couleur bleuâtre ni rous-
sâtre. Dans la partie supérieure de cet organe, on voyait
un second œuf, assez gros, mais encore sans coquille.
J'ai prié mon ami, M. Ch. Leconte, professeur agrégé à
la faculté de médecine, d'examiner la nature chimique de
la couleur de plusieurs coquilles. Je lui ai remis des frag-
ments d'œuf de Casoar et un certain nombre d'œufs de
Grive et de Mouchet.} 'étais tenté de croire, d'après l'ori-
gine de la teinte verte ou bleue de ces coquilles, que les
couleurs sécrétées devaient offrir un principe immédiat.
L'analyse est venue confirmer cette supposition. M. Le-
conte a découvert, en effet, dans les œufs dont il s'agit,
une matière organique particulière très-curieuse.
Voici, du reste, en entier le mémoire de M. Leconte.
Je saisis cette occasion, pour remercier cet habile et con-
sciencieux chimiste du concours qu'il a bien voulu me
prêter, avec une obligeance parfaite , dans mes travaux
oologiques.
Recherches chimiques sur la couleur de quelques œufs
d'Oiseaux, par M. Ch. Leconte.
Ces recherches ont été faites principalement avec l'œuf
du Casoar. Cet œuf a fourni une quantité de matière colo-
rante verte suffisante pour en étudier les propriétés. Les
réactions obtenues avec les coquilles bleues de la Grive et
du Mouche t permettent de conclure que, dans les trois
cas désignés, la matière colorante est de même nature.
200 UEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
Pourtant il est bon de noter que toutes les expériences
qui suivent ont été faites avec l'œuf du Casoar.
Extraction de la matière colorante. — Après avoir essayé
en vain d'enlever la matière colorante à l'aide de l'alcool
et de l'éther, je m'arrêtai au procédé suivant qui m'a tou-
jours donné de bons résultats : 50 grammes de coquilles
d'oeufs de Casoar furent introduits dans une fiole avec une
certaine quantité d'eau distillée; puis j'y versai peu à peu
de l'acide chlorhydrique, ayant soin d'attendre que l'effer-
vescence ait presque cessé, avant d'ajouter d'autre acide.
Je n'avais ainsi qu'une petite quantité d'acide libre, dont
la chaux du carbonate s'emparait rapidement.
Dans ces conditions, la liqueur ne prend qu'une teinte
colorée insignifiante, et l'on ne perd que des traces de
matière colorante. Chose remarquable, à mesure que cette
dernière abandonne la chaux , avec laquelle elle semble
former une combinaison, elle se fixe sur les parties orga-
niques de la coquille et vient colorer en beau vert la mem-
brane interne. On sait que cette membrane, à l'état nor-
mal, est d'un blanc éclatant.
Lorsque l'acide chlorhydrique ne produit plus d'effer-
vescence, je rejette la liqueur contenant le chlorure de
calcium, et, après avoir lavé plusieurs fois les matières
organiques colorées, je les traite, à l'aide d'une douce
chaleur, par l'acide acétique cristallisable , qui dissout la
matière colorante en donnant une liqueur d'un très-beau
vert. En même temps l'acide attaque un peu les matières
organiques dont la majeure partie reste à peine colorée
après quelques traitements par l'acide acétique.
En abandonnant à Tévaporation spontanée la liqueur
acétique, on obtient des écailles sèches d'un vert telle-
ment foncé, qu'elles semblent presque noires. La face en
contact avec la capsule prend l'éclat d'un miroir; la face
supérieure est terne.
La matière colorante ainsi obtenue constitue un mélange
assez complexe et suriout fort peu homogène. Les parties
TRAVAUX INÉDITS. 201
déposées sur les bords de la capsule sont presque pures ;
les parties du fond renferment une quantité notable de
matières grasses et de substances organiques étrangères.
On enlève facilement les matières grasses, en faisant
bouillir à plusieurs reprises le principe colorant, préalable-
ment pulvérisé, avec de l'éther rectifié. Il faut s'assurer
que cet éther ne renferme pas d'acide et que la substance
colorante elle-même a été bien privée d'acide acétique
par la dessiccation ; car, s'il en était autrement, l'éther dis-
soudrait une quantité de couleur d'autant plus considé-
rable que la dose. d'acide serait plus grande.
Lorsqu'on prend les précautions que je viens de signa-
ler, l'éther ne dissout que les matières grasses, demi-soli-
des et non cristallisables, qu'il abandonne par l'évapora-
tion spontanée.
La poudre, ainsi débarrassée des matières grasses, est
traitée par l'eau distillée acidulée par l'acide acétique, à
l'aide d'une douce chaleur. On obtient de cette manière
des liqueurs dont la teinte va en diminuant, à mesure que
le nombre des lavages augmente, et il reste, à la fin , des
matières qui ne conservent qu'une légère teinte verte. Les
liqueurs filtrées et réunies sont additionnées d'un mélange
d'alcool et d'éther, puis agitées fortement à diverses re-
prises. L'éther vient surnager en entraînant la matière
colorante de l'alcool et de l'acide acétique. On sépare la
liqueur éthérée, et l'on traite de la même manière la
liqueur aqueuse, si le premier traitement ne l'a pas com-
plètement décolorée.
Les liqueurs éthérées , abandonnées à l'évaporation
spontanée, laissent la matière colorante avec des proprié-
tés analogues à celles qui ont été décrites plus haut.
Propriétés. — La matière colorante des coquilles d'oeufs
de Casoar est d'un vert excessivement foncé, vue en masse.
Elle représente à peu près un demi-millième du poids de
la coque. Bien sèche, elle n'offre ni odeur ni saveur.
Chauffée dans un tube, elle se boursoufle et dégage de
202 REV. ET MÀG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
l'ammoniaque. La présence de cet alcali devient très-
facile à constater, si avant de chauffer on a mêlé la ma-
tière avec de la chaux sodée.
L'eau, l'éther et l'alcool ne la dissolvent pas sensible-
ment à froid ; mais l'eau et l'alcool se colorent légèrement
à l'ébullition. Lorsqu'on verse dans les liquides précédents
un peu d'acide acétique, ils dissolvent alors facilement la
matière colorante. Il en est de même pour l'acide chlor-
hydrique.
Si nous ajoutons à ces faits que l'alcool, l'éther et l'eau
n'enlèvent pas à la coquille sa couleur, nous sommes con-
duit à conclure que cette substance forme avec la chaux
une combinaison insoluble, tandis qu'avec les acides
elle donne naissance à des combinaisons solubles. Ainsi
cette matière colorante semble jouer le rôle d'acide avec
les bases et celui de base avec les acides. Cette double
propriété nous permettra d'expliquer le rôle de ce corps
dans l'organisme des Oiseaux.
Les réactifs chimiques ne se comportent pas tout à fait
de la même manière avec la matière colorante pure et
avec la combinaison de cette substance avec la chaux.
1° Réactions sur la matière colorante pure, c est- à-dire
isolée de la coquille. — Toutes les réactions suivantes ont été
exécutées à l'aide d'une solution de matière colorante
dans l'eau distillée légèrement acidulée par l'acide acé-
tique.
La potasse, la soude et l'ammoniaque communiquent à
la matière colorante une teinte jaune terne qui disparaît
rapidement et laisse un liquide incolore.
Les carbonates alcalins se comportent de la même ma-
nière.
Les acides chlorhydrique, sulfurique étendu et acétique
ne modifient pas sa couleur.
L'acide azotique lui fait prendre une teinte violette qui
passe bientôt au rouge, lequel persiste à froid, si l'on a
TRAVAUX INÉDITS. 203
employé une quantité convenable d'acide. Mais toutes ces
teintes disparaissent sous l'influence de la chaleur.
Les acides sulfureux et sulfhydrique ( en dissolution )
font passer la liqueur du vert au jaune-citron. La nuance
fournie par le premier de ces acides est surtout remarqua-
ble par sa vivacité qui rappelle celle des plumes du Serin
des Canaries domestique. Un excès de cet acide ne déco-
lore pas la liqueur.
L'hypochlorite de soude , ajouté au liquide, préalable-
ment saturé par la potasse, le décolore rapidement.
2° Réactions sur la matière colorante fixée à la coquille.
— L'alcool, l'éther et l'eau ne dissolvent pas la combinai-
son calcique. Il en est de même du sulfure de carbone et
du chloroforme.
L'acide chlorhydrique, étendu d'eau, dissout le carbo-
nate de chaux, tandis que la matière colorante reste non-
seulement adhérente aux parties externes des membranes,
mais vient encore s'appliquer à la surface interne de ces
dernières. La liqueur acide ne prend qu'une teinte insi-
gnifiante.
L'ammoniaque, étendue d'eau, ne dissout ni ne modifie
la couleur.
La potasse, plus ou moins concentrée, ne dissout pas la
matière colorante, mais lui donne une teinte jaune assez
vive.
L'hypochlorite de soude, très-concentré, ne décolore pas
la coquille sur laquelle a agi la potasse , même lorsqu'on
porte le liquide à l'ébullition, il lui rend, au contraire, la
belle couleur verte que la potasse avait fait passer au
jaune.
L'acide sulfureux agit assez énergiquement ; en un quart
d'heure il communique à la couleur verte une teinte d'un
jaune vif.
L'acide sulfhydrique, en solution saturée, n'influe que
lentement sur la matière colorante de la coquille, il lui
donne cependant peu à peu une teinte jaune analogue à
204 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
celle que produit l'acide sulfureux. Je reviendrai un peu
plus loin sur ce sujet qui présente un intérêt tout spécial.
On voit donc que , si la plupart des réactifs se compor-
tent de la même manière sur la matière colorante dont il
s'agit, soit libre, soit combinée avec la chaux, il en est cepen-
dant quelques-uns, tels que la potasse et l'hypochlorite de
soude, qui se conduisent d'une manière bien différente,
puisque la potasse, qui décolore la matière pure en disso-
lution, fait seulement virer sa teinte au jaune lorsqu'elle est
combinée avec la chaux, et que l'hypochlorite, qui déco-
lore la substance pure, n'altère pas la teinte de sa combi-
naison.
Considérations générales. — Avec M. Moquin-Tandon,
je proposerai de nommer chromine la matière colorante
dont je viens de tracer l'histoire. Ce nom, qui n'implique
aucune propriété colorante spéciale, nous semble très-
convenable pour désigner une substance qui paraît être
l'origine de la plupart des couleurs que présentent les
Oiseaux.
Cette substance, d'un vert foncé dans le Casoar, passe
au bleu clair dans la Grive et dans le Mouchet. Ce pas-
sage a lieu par simple transformation isomérique, puisque
j'ai pu constater plusieurs fois une belle teinte bleue dans
des solutions acétiques de cette matière fournie par l'œuf
du Casoar , amenées à un certain degré de concentration.
Je n'ai pu, du reste, séparer par aucun moyen la matière
verte dont il est question en substance bleue et en sub-
stance jaune.
La couleur jaune dérive de la chromine par l'action des
corps réducteurs, comme l'indique l'action des acides sul-
fureux et sulfhydrique.
La couleur rouge, au contraire, résulte de l'action de
certaines substances oxydantes, ainsi que le démontrent
les réactions de l'acide azotique.
D'après cette manière de voir, les substances désignées
sous les noms de zooxanthinc et de zooérythrine , par
TRAVAUX INEDITS. 205
M. Bogdanow, dans son intéressant travail sur les causes
de la coloration des Oiseaux, ne seraient que des dérivés,
par réduction ou par oxydation, de notre chromine, la-
quelle, comme je l'ai dit plus haut, possède la propriété de
fournir les trois couleurs primitives et, par suite, toutes les
teintes des œufs uniformément colorés. On a vu, ailleurs,
que M. Moquiri-Tandon distingue quinze nuances princi-
pales, qu'il groupe sous cinq types généraux. Je ferai ob-
server que, parmi ces nuances, on ne trouve pas de jaune
brillant ni de rouge vif.
Je n'ai pas besoin d'insister pour faire comprendre que
la nature n'emploie pas des procédés de réduction ou
d'oxydation semblables à ceux dont jai fait usage; mais
les faits ont, depuis longtemps, démontré que des phéno-
mènes du même ordre s'accomplissaient constamment dans
l'organisme.
Je n'ai pas cru devoir faire l'analyse élémentaire de la
chromine, car aucun caractère un peu important ne m'a
pu permettre de la considérer comme une substance bien
définie.
Malgré les soins apportés à sa préparation, l'acide acé-
tique dont j'étais obligé de faire usage a toujours dissous
une certaine quantité de matières étrangères qui n'ont
pas été complètement éliminées par l'éther.
En résumé, la couleur verte ou bleue des coquilles, dans
les œufs des Oiseaux, n'est pas due à des substances miné-
rales telles que le phosphate de fer, comme l'ont avancé
quelques auteurs, ni à du sang modifié, comme l'ont pré-
tendu plusieurs autres; elle résulte d'une matière orga-
nique azotée particulière. Cette matière est la source des
différentes teintes que présentent les œufs colorés; elle
paraît être aussi l'origine des couleurs variées qu'on ob-
serve dans les plumes.
206 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1860.)
Description d'un Oiseau nouveau, par M. J. Verreaux.
Micropalama tacksanowskia. — Supra rufa : scapulo rufo-nigres-
cctite ; uropygio albo nigro-fasciato. Subtus rufo-dealbata : rachidc
alarum candido; crisso albido nigro-liaeato. — (PI. xiv.)
Dessus de la tête et du cou d'un roux clair, avec des
raies longitudinales d'un brun foncé au centre des plumes,
plus étroites sur l'occiput et le haut du cou ; haut du dos
et scapulaires d'un brun noirâtre, chaque plume bordée
latéralement de roux et de blanchâtre ; bas du dos et cou-
vertures sus-caudales d'un blanc pur avec des bandes
transversales noires; un trait brun varié de roux entre le
bec et l'œil ; reste de la tête , cou, poitrine et flancs du
même roux clair que le reste ; quelques zébrures brunes
sur le thorax et les flancs ; ventre et bas-ventre roux plus
pâle, mélangé de blanc ; couvertures sous-caudales blan-
ches, lavées de roux et barrées de noir; ailes brunes,
petites tectrices légèrement bordées de plus clair et de
blanchâtre : les plus grandes bordées de blanc plus pur,
rémiges primaires brun noirâtre avec le rachis blanc, les
plus courtes bordées, sur les deux tiers de leur longueur,
de blanc chiné de brun ; toutes les secondaires bordées
de blanc à l'extérieur, et largement traversées de la même
couleur sur les barbes internes ; tectrices inférieures blan-
ches , ainsi qu'une grande partie des rémiges à partir de
leur base; celles qui bordent le contour de l'aile marquées
d'un vert noirâtre ; rectrices brun noirâtre, traversées par
des bandes blanches. Bec très-long, plus haut que large,
comprimé au centre et dilaté vers le bout, qui en est obtus.
Cette partie en est réticulée , et offre, en cela , beaucoup
d'analogie au bec des Bécassines; il est sillonné le long de
la mandibule supérieure. Tarses aussi longs que dans la
Barge rousse, avec laquelle cet oiseau a beaucoup de res-
semblance quant au port et au plumage. Doigts : médian
plus long que dans celle-ci; palmés à leur base, et cette
palme un peu plus étendue sur la partie externe. — Ailes
longues, atteignant presque l'extrémité de la queue, à pre-
TRAVAUX INÉDITS. 207
mière et seconde rémiges les plus longues, les scapulaires
descendant très-loin, ne laissant que 8 millimètres de dis-
tance jusqu'au bout : queue moyenne, presque carrée.
Long, tôt., 0,38 cent.; du bec, 0,086; de l'aile fermée,
0,172; de la queue, 7; du tarse, 5; du doigt médian sous
l'ongle, 3.
Nous dédions cette intéressante espèce à notre ami et
savant collègue, M.Tacksanowski, attaché au musée d'his-
toire naturelle de Varsovie, comme un témoignage de
reconnaissance, non-seulement pour l'amitié qui nous lie,
mais encore pour la part active qu'il prend à tout ce qui
se rattache à l'étude de l'histoire naturelle, et principale-
ment à l'ornithologie; aussi nous empressons-nous de
relater ici les détails qu'il nous communique sur cet
Oiseau.
<c II vient, dit-il, de la Daourie, partie orientale de la
Sibérie, située de l'autre côté de la chaîne des montagnes
Jabtonne, et qui touche par sa limite méridionale au Pays
d'Amour : ce dernier est moitié montagneux, moitié step-
pes; il est très-différent de toute la Sibérie en fait de ses
productions , aussi la flore en est-elle toute particulière.
Au reste, le pays est très- bien décrit par Gmelin aîné,
Pallas, ainsi que les divers auteurs qui l'ont visité. Un de
mes amis , comme moi attaché au musée de Varsovie, et
qui a passé dix-neuf ans dans le pays, a tué cette espèce;
il m'assure qu'elle fréquente les prairies qui bordent les
eaux, là où il y a de la verdure , mais qu'elle ne s'y cache
jamais. Le mâle ne diffère en rien de la femelle en ce qui
concerne la coloration de son plumage ; la seule différence
qui soit particulière au premier est l'extrême dilatation
du cou, comme cela s'observe dans l'Outarde. Elle se nour-
rit de vermisseaux et de petits mollusques fluviatiles. »
208 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
41. Julodis chrysœsthes, alata, brevis, chrysea, crebre punctulata,
retis aeneis, laevibus, saepe punctatis ornata; capite postice rugato,
costula média ; clypeo anguloseproducto, acuto; thorace tricostato;
costa média elc-Qgata, duabus basalibus brevibus, externe foveatis;
in singulo elytro seriebus 4" foveolarum oblongarum intus aureis,
crebre punctatis, costa submarginali hinc inde nervosa; corpore
infra lanugine flava pedibusque crebre punctatis , viridi-aeneis. —
L., 27; L, 12 1/2 m.
Cette espèce viendra se placer près du /. speculifer et
proxima, Gy., Lap.; courte, large, subcylindrique, do-
rée, couverte d'un pointillé serré et rehaussé de fortes
nervures et de réseaux bronzés , polis et quelque peu
ponctués. Tête arrondie, déprimée en avant, chargée, sur
le vertex, de rides longitudinales et au milieu d'autres
illégales et dont la centrale est allongée. Chaperon étroit,
anguleux et avancé en pointe. Antennes un peu plus lon-
gues que le corselet, à articles triangulaires et serrés, d'un
blanc sale, avec la hanche supérieure noirâtre. Yeux d'un
blanc-verdâtre étroitement cerclé de noir. Corselet trans-
verse, droit, déprimé en avant, un peu avancé vers les
angles antérieurs qui, sur ce bord et aussi sur le côté,
sont excavés et remplis d'une poussière jaune ; la base est
fortement sinueuse et s'arrondit carrément sur les élytres;
les côtés sont modérément arrondis et un peu plus étroits
en avant ; leur fond est doré, finement pointillé ; de fortes
nervures, quelque peu ponctuées, glabres et bronzées en
ressortent, ainsi que 3 côtes : première médiane allongée,
2e et 3e basales, excavées en dehors. Élytres un peu plus
larges que le corselet, 2 fois 3/4 aussi longues, un peu
élargies au-dessous des genoux postérieurs, offrant cha-
cune quatre séries de taches arrondies ou oblongues,
ayant leur fond doré et finement ponctué, de plus une
côte près de la marge quelque peu ramifiée; rehaussées
(1) Voir la Rev. et mag. zoologique, 1859, p. 298 à 304 , 380 à
389 ; 1860, p. 75 à 82 , 182 à 137.
TRAVAUX INKDITS. . 209
d'un réseau quelque peu ponctué et transverse. Corps, en
dessous, bronzé, à légère pubescence jaune, grossière-
ment réticulé sur le corselet, grossièrement ponctué sur
la poitrine , grossièrement tuberculeux sur l'abdomen,
à segments glabres sur leurs bords postérieurs; bords la-
téraux finement pointillés. Pattes à ponctuation profonde
et rapprochée, d'un vert foncé. Tarses couverts d'un poil
blanchâtre un peu plus épais.
Cette belle espèce est propre au Sahara algérien
oriental, et m'a été donnée par M. Laurent Degousée.
42. Julodis chalcosligma. — iEueo-obscuro-metallica, albo-vilJosa ;
capite cupreo, minute tuberculato; tuberculis elongatis, costula
ceutrali bifida iulus strigosa ; thorace longe piloso, retis aliquot
dorsalibus interruptis, glabris et cupreis; in singulo elytro serie-
bus quinque ( marginali parva ) foveolarum elongatarum, intus
aereo-cupreis, alboque villosis; abdomine cupreo micanti, minute
punctato, plagis glabris et melallicis undique teeto; pectore, pedi-
bus albo-villosis. — L., 23; 1., 10.
D'un bronzé obscur un peu brillant, revêtu d'une lon-
gue villosité blanche. Tête cuivreuse, marquée de petites
rides longitudinales presque en forme de tubercules. Au
centre existe une côte bifide ridée à l'intérieur. Antennes
ayant les 4 premiers articles d'un métallique noirâtre,
suivants assez épais, resserrés, dentés, de couleur de
boue et n'offrant qu'une bordure supérieure métallique.
Yeux d'un brun clair. Corselet cuivreux, longuement pu-
bescent, présentant sur le milieu du disque quelques ner-
vures lisses, plus brillantes, une longitudinale au milieu
plus forte, et d'autres arrondies ou brusquement inter-
rompues. Elytres un peu plus larges que le corselet,
3 fois 1/2 aussi longues, régulièrement ovalaires, d'un
bronzé obscur, à points presque disposés en lignes, or-
nées chacune de cinq séries de fossettes allongées, cui-
vreuses et finement pointillées au fond et remplies, la plu-
part surtout, vers les côtés et l'extrémité, d'un duvet co-
tonneux blanc; la série marginale est interrompue à la
base et formée de petites taches. Pattes, poitrine et bord
2' skrie. t. m. Année 1860. 14
210 REV. ET MACx. DE ZOOLOGIE. (Mai 18G0.)
latéral de Yabdomen revêtus de poils blancs; le dernier est
d'un cuivreux métallique brillant, glabre en partie. Cha-
cun des segments présente une plaque latérale assez po-
lie, assez grande, et le 5e est fortement déprimé sur la
longueur ; toutes sont précédées d'un point blanc. Ces
segments ont, en outre, d'autres élévations irrégulières,
glabres et polies, et les intervalles sont cuivreux et fine-
ment ponctués. P
Cette espèce devra se placer près du J.Onopordi, Linné
(Sommeri, Kust.) ; elle m'a été adressée par M. Lejeune
comme ayant été trouvée à Lalla Maghrnia (Maroc).
43. Anthicus OEdipus punctatus, niger, nitidus; thorace elongato, la-
teribus anticis rotunde ampliato; elytris pube tenui ciuerca ves-
titis; tibiis melleis, tarsis fuscis. — L., 3; 1., 1 1/3 m.
Noir, densément ponctué. Tête large, arrondie, con-
vexe, tronquée en arrière. Col mince. Corselet une fois
et demie aussi long que large, arrondi et élargi sur le
bord antérieur, rétréci au delà, droit sur la base. Ecusson
semi-arrondi. Elytres trois fois aussi larges que le corselet
à la base, quatre fois aussi longues, arrondies rectangu-
lairement sur l'épaule, allant en s'amincissant à partir
des hanches postérieures jusqu'au sommet, couvertes d'une
légère pubescence grise. Jambes d'un jaune miel, posté-
rieures renflées, arquées, évasées en dedans avec un an-
gle au sommet de l'échancrure. Tarses brunâtres.
Femelle inconnue. Le mâle de cette intéressante espèce
m'a été envoyé par M. J. Poupillier, qui l'a trouvé dans
la saison d'hiver, en février, aux environs d'Alger.
44. Anthonomus Juniperi alatus, cervinus, pube tenue prostrata
grisea tectus; rostro cyliadrico, modice arcuato , nitido; oculis
nigris albo cinctis; thorace triangulari couvexo ; elytrorum fascia
abbreviata média alba, fusco limbata, postice angulata, striis obso-
letis. — L., 3; 1., 1 1/4 m.
Ailé, testacé, revêtu d'une légère pubescence d'un gris
blanchâtre qui est abaissée et plus épaisse sur la tête et
sur le corps en dessous. Rostre de la longueur de la tête
et du corselet réunis, mince, cylindrique, arqué, luisant,
TRAVAUX INÉDITS. 211
obscur sur le sommet. Antennes pâles. Tête convexe, ar-
rondie, amincie en avant, finement ridée au milieu et en
avant des yeux. Ceux-ci sont assez rapprochés, ronds,
noirs et entourés d'un poil blanc plus épais en dessous.
Corselet subconique, convexe au-dessus, droit en avant et
en arrière, ayant les angles postérieurs aplatis, un peu
avancés et coupés obliquement en dedans. Elytres ova-
laires, subparallèles quoique un peu élargies au delà du
milieu, convexes, arrondies, conjointement à l'extrémité,
à stries fines et minces, marquées, au milieu, d'une bande
blanche assez large, oblique, anguleuse en arrière et qui
est limitée à la 4e strie suturale. Cuisses antérieures ar-
mées, en dedans, de 3 épines, et dont l'interne est la plus
ongue.
Trouvé aux environs d'Alger, dans le courant de mars,
en battant des Juniperus Phœnicœ en fleurs, par M. J.
Poupillier.
45. JEraphilus nasutus, aflinis videtur JE. elongato, Ghl., et flli-
formi, Rhr., sed latior, minus elongatus, paruin convexus, alatus,
subdeprcssus ; fuscus , setis parvis griseis, tectus; capite valde
protenso, angulato, conico, piano, lateribus rcflexo , rugis elon-
gatis; thorace asperato, setuloso, ovali, antice posticeque recto,
lateribus rotundato, serrato; elytris pilosulis, oblongis, raulti-
costatis, transverse rugatis ; antennis versus apicem subelevatis,
art. ultimo piriformi, fulvo; pedibusque brunneis. — L., 3; 1.,
1/2 m.
Intermédiaire entre les JE. elongatus etfiliformis, plus
large, moins allongé, plus régulièrement arrondi et mo-
dérément convexe; brun, rugueux et hérissé de petites soies
grises. Tête prolongée en pointe brusque, plane, dépri-
mée et relevée ensuite sur les côtés, scabreuse avec des
plis longitudinaux sétifères. Antennes grossissant un peu
vers le sommet; dernier article piriforme plus pâle. Cor-
selet ovalaire, coupé droit aux extrémités, régulièrement
arrondi vers le milieu latéral et offrant, sur son bord, de
fines dents dues à l'agglomération de petits tubercules
dont est chargée sa surface. Elytres oblongues, marquées
212 REV. ET MACr. DE ZOOLOGIE. (J/fl/18G0.)
de petites côtes bien séparées, lesquelles sont traversées
de nervures. Tarses pâles.
Cette espèce a été prise dans la saison d'hiver, aux en-
virons d'Alger, et m'a été envoyée par MM. Poupillier et
Prophette.
[La suite prochainement.)
Échinides nouveaux ou peu connus, par M. G. Cotteau.
3e article.
13. Hemicidaris pulchella, Cot;, 1860 (pi. xii, fig. 1, 4). —
Haut., 7 mill.; diam., 13 mill.
Espèce de petite taille , circulaire , renflée en dessus,
plane en dessous. Interambulacres larges, garnis de deux
rangées de tubercules principaux , très-gros à la face su-
périeure et vers l'ambitus, presque nuls près du sommet,
diminuant insensiblement de volume aux approches de
la bouche. Ces tubercules, au nombre de cinq par série,
ont le mamelon perforé et à la base quelques traces de
crénelures. Les plus gros sont espacés, entourés d'un scro-
bicule distinct et d'un cercle très-régulier de granules
mamelonnés; l'espace intermédiaire est occupé par d'au-
tres granules plus fins , homogènes , épars. Ambulacres
très-flexueux, étroits au sommet, s'élargissant un peu vers
l'ambitus, garnis, à la base, de deux rangées de petits tu-
bercules perforés et à peine crénelés , au nombre de cinq
à six par série, et qui, à la face supérieure, diminuent
brusquement de volume et cessent d'être perforés, sans
cependant se confondre avec les granules qui les accom-
pagnent. Pores simples , se dédoublant un peu vers la
bouche. Appareil apicial , subcirculaire , solide, saillant,
granuleux; plaques génitales largement développées; pla-
ques ocellaires étroites, subtriangulaires, les unes et les
autres visiblement perforées. Péristome grand, circulaire,
médiocrement entaillé, relevé sur les bords, s'ouvrant à
fleur de test.
Rapports et différences. — V Hemicidaris pulchella, re-
TRAVAUX INÉDITS. 213
marquable par sa petite taille, ses ambulacres très-flexueux
et sa face supérieure dégarnie de gros tubercules, offre,
au premier aspect, beaucoup de ressemblance avec YHemi-
pedina minor que nous décrivons plus loin ; mais il s'en
distingue par ses ambulacres plus étroits et plus flexueux,
par ses granules moins nombreux, moins serrés et moins
homogènes, et surtout par ses tubercules crénelés. Il se
rapproche également des Ilemicidaris Sarihacensis de la
grande volite et Meryaca du Coral-rag ; il diffère cepen-
dant du premier par ses ambulacres plus étroits et plus
flexueux, ses tubercules beaucoup moins fortement créne-
lés et ses granules interambulacraires plus rares. Quant à
YHemicidaris Meryaca, il sera toujours facilement recon-
naissable à ses tubercules plus serrés et plus nombreux,
à ses ambulacres très-étroits près du sommet et garnis, à
la base, de tubercules relativement très-développés.
Loc. — Valfin (Jura). Rare. Coral-rag. Coll. Guiraud.
ExjjL des fig. — PI. xn, fig. 1, Hemicidaris pulchella,
vu de côté; fig. 2, le même vu sur la face sup,; fig. 3, le
même vu sur la face inf. ; fig. 4, ambulacre et interambu-
lacre grossis.
14. Cidaris Martini, Cot., 1860 (pi. xn, fig. 5).
Radiole grêle, très-long, cylindrique, marqué de gra-
nules allongés, serrés, le plus souvent épars, quelquefois
disposés, notamment vers le sommet du radiole, en séries
régulières, s'atténuant et disparaissant aux approches de
la collerette. Ces granules, comme l'espace qui les sépare,
sont partout recouverts de stries fines, longitudinales, vi-
sibles seulement & la loupe. Collerette distincte, médiocre-
ment développée, un peu étranglée, séparée du corps du
radiole par un petit bourrelet oblique, et garnie également
de stries fines et longitudinales. Bouton plus gros que la
collerette; anneau saillant, finement strié; facette articu-
laire fortement crénelée.
Rapports et différences. — Celte espèce a quelques rap-
ports avec les radioles de notre Rhabdocidaris Moraldina
214 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
du lias moyen d'Avallon, mais elle s'en distingue par des
granules plus nombreux, plus serrés et affectant une
forme et une disposition toutes différentes. — L'aspect grêle
et aciculé de ce radiole aurait pu faire penser qu'il appar-
tient à l'une des espèces d'Hemipedina qu'on rencontre au
même horizon , mais les ornements qui le recouvrent et
surtout les fortes crénelures de sa facette articulaire s'op-
posent à ce rapprochement et le placent certainement
parmi les Cidaris. C'est la première fois que ce genre est
signalé dans les assises inférieures du lias.
Loc. — Semur (Côte-d'Or). Très-rare. Étage sinému-
rien, zone à Ammonites Burgundiœ. Coll. Martin.
Expl. des fig. — PI. xn, fig. 5, radiole du Cidaris Mar-
tini.
15. Cidaris Schmidlini, Desor, 1855 (pi. xn, fig. 6,7). —
Cidaris Schmidlini, Des., Synopsis des Ech. foss.y p. 29,
pi. iv, fig. 4, 1854.
Radiole assez gros , renflé , glandiforme , arrondi au
sommet, garni, sur toute sa surface, de granules inégaux,
aplatis et épars, présentant cependant souvent, aux appro-
ches du bouton, une disposition linéaire très-prononcée.
Ces granules servent de centre à de petites côtes subondu-
leuses qui s'unissent transversalement les unes aux autres,
et sont, en outre, partout marqués de stries longitudinales
fines, serrées, régulières, visibles seulement à la loupe.
Collerette tout à fait nulle. Bouton court, épais; anneau
saillant, garni de sillons très-prononcés; facette articu-
laire lisse ou à peine crénelée.
Rapports et différences. — M. Desor, qui le premier a
signalé cette espèce, l'a figurée dans le Synopsis, mais les
ornements si curieux et si compliqués qui la recouvrent
lui ont échappé. Ayant à notre disposition, grâce à l'obli-
geance de M. Jaubert, des échantillons parfaitement con-
servés, nous avons jugé utile d'en donner de nouveau la
description et la figure. — Nous connaissons déjà, parmi
les radioles glandiformes, une espèce appartenant à ce
TRAVAUX INÉDITS. 215
type : c'est le Cidaris Roissyi, Desor, si remarquable par
les côtes rayonnantes qui entourent chacun de ses granu-
les; mais les deux espèces, bien qu'on les rencontre à peu
près au même horizon, sont très-distinctes, et le Cidaris
Schmidlini sera toujours reconnaissable à ses granules plus
irrégulièrement disposés et entourés de petites côtes hori-
zontales et onduleuses , aux stries fines et longitudinales
qui les recouvrent, à l'absence complète de collerette et à
la structure toute différente du bouton.
Loc. Le Puget (Var). Oolithe inférieure. Vésulien de
Frickthal (Argovie). Abondant. Coll. Jaubert, Schmidlin, ma
collection.
ExpL des fig. — PI. xn, fig. 6, radiole du Cidaris Schmid-
lini, fig. 7, granules grossis.
16. Cidaris 'Guirandi, Cot., 1860, pi. v, fig. 8.
Radiole épais, court, trapu, cylindrique, subglandi-
forme, étroit à la base, évasé au sommet, garni de stries
longitudinales nombreuses, fines, régulières, apparentes
sans le secours de la loupe. Les stries longitudinales abou-
tissent jusqu'au bouton, aussi la collerette est-elle tout à
fait nulle. Bouton court, relativement peu développé;
anneau saillant, fortement strié ; facette articulaire cré-
nelée.
Rapports et différences. — Cette espèce appartient à la
division des radioles glandiformes; son aspect général la
rapproche un peu de certaines variétés des Cidaris ovifera
et piriformis, mais elle s'en distingue par sa forme plus
courte et plus épaisse, les stries fines et longitudinales qui
garnissent la tige, la collerette nulle, le bouton relative-
ment petit et cependant surmonté d'un anneau très-sail-
lant. Elle offre également quelque ressemblance avec le
Cidaris conoidea, Quenstedt, duCoral-rag de Nicolsburgen
Moravie. Cependant cette dernière espèce me paraît con-
stituer un type à part que caractérisent sa forme conoïde
brusquement tronquée au sommet et son bouton excessi-
vement petit.
216 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1860.)
Loc. — Valfin (Jura). Coral-rag inf. Rare. Coll. Guirand,
ma collection.
Expl. des fig. — PI. xii, fig. 8, radiole Cidaris Guirandi.
17. Pseudopedina Babeaui, Cot., 1860 (pi. xii, fig. 9, 10).
— Haut., 13mill.; diam., 29mill.
Espèce de taille moyenne, subcirculaire, légèrement pen-
tagonale, un peu renflée en dessus, presque plane en des-
sous. Test fragile , peu épais. Interambulacres garnis de
deux rangées de tubercules principaux saillants, perforés
et non crénelés, au nombre de huit à neuf par série, espa-
cés et médiocrement développés à la face supérieure, plus
petits et plus serrés aux approches de la bouche. Tuber-
cules secondaires, beaucoup moins gros que les tuber-
cules principaux, encore plus espacés, sensiblement alter-
nes, formant, au milieu des interambulacres, deux rangées
apparentes, surtout vers l'ambitus, et qui disparaissent à la
face supérieure. Granules intermédiaires peu abondants,
inégaux , épars, parfois mamelonnés , se confondant , aux
approches de la bouche, avec quelques petits tubercules
secondaires placés sur le bord des zones porifères. Ambu-
lacres étroits près du sommet, s' élargissant un peu à l'am-
bitus, garnis de deux rangées de tubercules très-espaces,
alternes, plus petits que les tubercules principaux, et plus
gros cependant que les tubercules secondaires qui occu-
pent le milieu des interambulacres. Zones porifères com-
posées de pores rangés par triples paires fortement obli-
ques vers l'ambitus et à la face inférieure, mais qui se
redressent d'une manière sensible en se rapprochant du
sommet. Appareil apicial pentagonal. Péristome assez
grand, décagonal, marqué d'entailles profondes, s'ouvrant
à fleur du test. Radioles inconnus.
Rapports et différences. — Par sa taille et la disposition
de ses tubercules cette espèce se rapproche de notre Pseu-
dopedina Nodoti; elle s'en distingue bien nettement par la
petitesse de ses tubercules secondaires; ce même carac-
tère sert également à la distinguer du Pseudopedina Smithii
TRAVAUX INÉDITS. 217
(Pedina Forbes), figuré par M. Wright dans sa Monogra-
phie des Échinides oolithiques d'Angleterre (pi. lin, fig. 2).
Le genre Pseudopedina, lorsque nous l'avons établi, ne
renfermait que deux espèces; aujourd'hui nous en con-
naissons cinq : les Pseudopedina Nodoti et Divionensis de
la Côte-d'Or, l'espèce que nous venons de décrire, et deux
autres d'Angleterre , les Pseudopedina Smilhii et Bakeri.
Cette dernière espèce avait été placée par M. Wright dans
les Hemipedina; mais, depuis, l'auteur ayant eu à sa dispo-
sition des échantillons beaucoup plus gros et mieux con-
servés, a reconnu que ses pores ambulacraires étaient tri-
géminés comme ceux des Pédines; elle appartient dès lors,
au genre Pseudopedina. Ces cinq espèces sont propres à la
grande oolithe, et bien qu'elles présentent des caractères
distincts, toutes sont remarquables par l'identité de leur
physionomie et confirment pleinement la valeur d'un genre
voisin, il est vrai, des Pédines, mais qui s'en distingue cer-
tainement par la grandeur de son ouverture buccale, le
développement et la disposition de ses tubercules.
Loc. — Mandres (Haute-Marne). Partie inférieure de
l'étage bathonien. Très-rare. Collection Babeau.
Exp. des fig. — PI. xn, fig. 9, Pseudopedina Babcauif vu
de côté ; fig. 10, le même vu sur la face sup.
18. Rhabdocidaris crassissima, Cot., 1860 (pi. xm, fig. 1).
Modèle en plâtre, C. 7.
Radiole de grande taille, cylindrique, très-épais, clavi-
forme, arrondi au sommet, orné, sur toute sa surface, de
granules nombreux, inégaux, tantôt épars, tantôt disposés
en séries longitudinales assez régulières. A la base du
radiole, quelques-uns de ces granules se changent en
épines très-grosses, inégales, allongées, subtriangulaires.
Rapports et différences. — Par les ornements qui la re-
couvrent, cette espèce rappelle le Rhabdocidaris copeoides;
mais elle en diffère par son épaisseur énorme , sa tige cy-
lindrique, claviforme, arrondie au sommet. Nous avons eu
sous les yeux plusieurs centaines de radiolcs appartenant
218 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
au Rhabdocidaris copeoides, et parmi les nombreuses va-
riétés de cette espèce nous n'en avons trouvé aucune
qu'on puisse rapprocher du Rhabdocidaris qui nous
occupe.
Loc. — Environs de Lons-le-Saulnier (Jura), Tramayes
(Saône-et-Loire). Étage bajocien. Rare. Coll. du frère Ogé-
rien, ma collection.
Expl. des f,g. — PI. xm, fig. 1, radiole Rhabdocidaris
crassissima.
19. Hemipedina Ferryi, Cot., 1860 (pi. vi, fig. 2, 5).
Haut., 6 mill.; diam., 12 mill. 1/2.
Espèce de petite taille, circulaire, très-légèrement renflée
en dessus, presque plane en dessous. Interambulacres
garnis de deux rangées de tubercules perforés et non cré-
nelés, au nombre de six à sept par série, scrobiculés et
largement développés à la face supérieure, beaucoup moins
gros et plus serrés en se rapprochant du péristome. Quel-
ques tubercules secondaires très-petits, mais cependant
visiblement mamelonnés et perforés forment, au milieu de
l'interambulacre, une rangée subsinueuse. Granules inter-
médiaires assez abondants, inégaux, se confondant avec
les plus petits des tubercules secondaires et disposés en
cercles réguliers autour des tubercules principaux de la
face supérieure. Ambulacres étroits , garnis de deux ran-
gées de petits tubercules perforés et non crénelés, s'espa-
çant et diminuant de volume à la face supérieure. Gra-
nules intermédiaires rares, épars, inégaux. Pores simples,
formant une ligne subflexueuse et se multipliant un peu vers
la bouche. Péristome médiocrement développé, subdéca-
gonal, marqué de légères entailles , s'ouvrant à fleur du
test.
Rapports et différences. — Cette espèce nous paraît se
distinguer de ses congénères par ses tubercules interam-
bulacraires très-gros à la face supérieure, par la présence
de quelques tubercules secondaires au milieu de l'inter-
ambulacre, et par la structure de ses ambulacres qui rap-
TRAVAUX INEDITS. 219
pellent ceux de YHemipedina Guerangeri du Coral-rag, de
la Sarthe. C'est un type de plus à ajouter aux espèces déjà
si nombreuses et si variées qui composent le genre Hcmi-
pedina.
Loc. — Mandres (Haute-Marne). Partie inférieure de
l'étage bathonien. Très-rare. Collection Babeau.
Eœpl. des fig. — PI. xm, fig. 2, Hemipedina Ferryi, vu de
côté; fig. 3, le même vu sur la face sup. ; fig. 4, le même
vu sur la face inf. ; fig. 5, plaques ambulacraires et inter-
ambulacraires grossies.
20. Hemipedina minor, Cot., 1860 [Hemicidaris, Ag.,
1840). — PL vi, fig. 6, 7.
Hemicidaris minor, Agassiz , Catal. syst. Echin. foss.,
p. 9, 1840. — Id., Agassiz et Desor, Cat. rais, des Ech.
Ann. se. nat., 3e sér., t. VI, p. 339, 1846. — Acrosalenia
rarispina, M' Coy, on some new mesozoic radiata (Ann. of
nat. hist., 2e sér., vol. II, p. 411). — Hemicidaris minor,
Ag., Wright, on New spec. of Echin., p. 5, pi. xi, fig. 3,
1852. — Acrosalenia rarispina, M' Coy, Morris, Catal. of
Brit. foss., 2e éd., p. 70, 1854. — Hemicidaris minor, Ag.,
Desor, Synops. des Ech. foss., p. 56, 1855. — Id., Morris,
Catal. of Brit. foss., 2e éd. Add. sp. of Echinod. — Id.,
Wright, Monog. Brit. foss. Echin., p. 80, pi. m, fig. 5,
1856.
Nous ne reviendrons pas sur l'ensemble- des caractères
de cette espèce mentionnée pour la première fois avec une
simple diagnose dans le catalogue raisonné de MM. Agas-
siz et Desor, mais décrite et figurée depuis avec le plus
grand soin par M. Wright. Elle sera toujours facilement
reconnaissable à sa petite taille, à sa forme hémisphérique,
à ses ambulacres flexueux et garnis, à la base, de petits tu-
bercules qui ne dépassent pas l'ambitus, à ses tubercules
interambulacraires fortement mamelonnés, scrobiculés,
rares , espacés à la face supérieure et accompagnés de
granules serrés et homogènes. Si nous avons fait figuier
cette espèce, c'est afin d'appeler l'attention sur un carac-
220 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 18G0.)
tère important relatif à la structure des tubercules, et qui a
échappé jusqu'ici à l'observation : placée dans l'origine
parmi les Hemicidaris, elle y a été maintenue par tous les
auteurs, et aucun de ceux qui l'ont étudiée ne semble
douter que les tubercules ne soient pourvus de crénelures
comme ceux des véritables Hemicidaris. Ayant eu tout ré-
cemment à notre disposition des échantillons parfaite-
ment conservés, recueillis par M. Babeau dans les assi-
ses supérieures de la grande oolithe de Perrogney (Haute-
Marne), nous les avons soumis à un fort grossissement, et
nous avons acquis la certitude que tous les tubercules de
cette espèce, aussi bien que ceux qui garnissent la base,
que ceux qui se montrent à la face supérieure , sont cer-
tainement dépourvus de crénelures. Le mamelon, très-dé-
veloppé, repose sur une base relativement étroite, mais
que nous croyons parfaitement lisse. Cette opinion est
contraire à celle de M. Wright, qui considère les tuber-
cules de cette espèce comme légèrement crénelés, faintly
marked crenulations (1). Ne serait -il pas possible que
M. Wright ait pris pour des traces naturelles de créne-
lures quelques-unes de ces stries accidentelles qui mar-
quent parfois le col des tubercules? Ce qui nous porterait
à le penser, c'est que, dans toutes les figures qu'il donne
de cet Hemicidaris dans les Annales des sciences natu-
relles, comme- dans la Monographie des Echinides oolithi-
ques, les tubercules grossis, vus de face ou de profil, sont
représentés comme dépourvus de crénelures. -Pour nous,
cette structure des tubercules nous a paru constante dans
tous les exemplaires que nous avons étudiés, et ne permet
plus de laisser cette curieuse espèce parmi les Hemicidaris ,
dont les tubercules sont toujours crénelés : nous la plaçons
parmi les Hemipédines, tout en reconnaissant qu'elle forme
un type spécial , remarquable notamment par ses ambu-
lacres flexueux , garnis, à la base, de semitubercules, et
(1) Monograph of the lirilish foss. Echinod., p. 82.
TRAVAUX INEDITS. 221
pour lequel il serait peut-être nécessaire d'établir une
<*oiipe générique à part.
Loc. — Langrune (Calvados), Perrogney (Haute-Marne),
Hampton près Bath. Étage bathonien. Assez rare. Coll.
Babeau, ma collection.
Eœpl. des fig. —PI. xm, fig. 6, Hemipedina minor vu de
do côté ; fig. 7, plaque grossie.
21. Pseudodiadema Trigeri, Cot., 1860 (pi. xm, fig. 8, 10).
Haut., 12 mill. ; diam., 30 mill.
Espèce de taille moyenne, sensiblement pentagonale,
subdéprimée à la face supérieure , presque plane en des-
sous. Interambuîacres garnis de deux rangées de tuber-
cules principaux, saillants, crénelés et perforés, au nom-
bre de neuf ou dix par série. Scrobicules subcirculaires,
se touchant par la base. Tubercules secondaires très-petits,
crénelés et perforés , formant à la face inférieure, dans
chaque interambulacre, quatre rangées irrégulières, deux
sur le bord des zones porifères et deux au milieu des ran-
gées principales. Ces tubercules secondaires disparaissent
complètement vers l'ambitus et à la face supérieure, et sont
remplacés par une granulation fine , abondante , serrée,
homogène, qui remplit la zone miliaire et donne au test
un aspect chagriné. Ambulacres larges, un peu renflés,
garnis de tubercules à peu près identiques à ceux des
interambuîacres. Seulement ces tubercules au-dessus de
l'ambitus diminuent brusquement de volume et sont ré-
duits à de très-petits mamelons crénelés et perforés, mais
presque microscopiques. Quelques tubercules secondaires
se montrent ordinairement à l'angle des plaques de la face
inférieure, et sont remplacés, aux approches du sommet,
comme dans les interambuîacres, par des granules fins,
abondants et homogènes. Pores simples, séparés par un
petit renflement granuliforme. Appareil apicial très-déve-
loppé, pentagonal à en juger par les trous qu'il a laissés.
Péristome grand, décagonal, médiocrement entaillé, Cou-
vrant à fleur du test.
222 REV. ET MAC DE zoologie. (Mai 1860.)
Rapports et différences. — Ce Pseudodiadème présente
quelque ressemblance avec les Pseudodiadema Lucœ et
Rhodani, Desor; il paraît-surtout voisin du premier, qu'on
rencontre également dans l'étage aptien ; il s'en distingue
cependant assez nettement, par sa forme plus déprimée,
plus pentagonale , par ses tubercules secondaires plus
abondants à la face inférieure , par son péristome plus
grand et marqué d'entailles plus profondes, et surtout par
ses ambulacres garnis, vers le sommet, de petits tubercules
microscopiques. Quant au Pseudodiadema Rhodani-, qui
caractérise, du reste, un horizon plus élevé, il sera toujours
facilement reconnaissable à sa forme plus épaisse et plus
renflée , à ses tubercules principaux plus nombreux et
moins saillants.
Loc. — La Clape. Rare. Étage aptien. Coll. Triger.
Expl. des figures, — PI. xm, fig. 8, Pseudodiadema Tri-
geriy vu de côté; fig. 9, le même vu sur la face sup.;
fig. 10, ambulacre grossis.
22. Salenia Pellati, Cot, 1860. — PL xm, fig. 11-14.
Haut., 3 mill. 1/2; diam., 6 mill.
Espèce de très-petite taille, circulaire, peu élevée, légè-
rement renflée en dessus, presque plane en dessous. Inter-
ambulacres larges, garnis de deux rangées de tubercules,
au nombre de quatre à cinq par série, fortement crénelés
et surmontés d'un mamelon saillant et imperforé. Ces tu-
bercules sont très-inégaux ; un ou deux seulement par
série, placés au-dessus de l'ambitus, sont largement dé-
veloppés. Granules peu abondants, inégaux, épars, quel-
quefois mamelonnés, formant au milieu de l'interambu-
lacre une double ligne subsinueuse. Ambulacres très-
étroits, non flexueux , garnis de deux rangées de petits
granules, au nombre de onze à douze par série, alternes,
un peu espacés et accompagnés de quelques verrues inter-
médiaires. Pores simples, s'ouvrant à la base d'un petit
renflement granuliforme. Appareil apicial, relativement
très- étendu, composé, comme dans toutes les Salénies, de
TRAVAUX INÉDITS. 223
cinq plaques génitales et de cinq plaques ocellaires per-
forées et d'une plaque sous-anale imperforée; ces plaques
sont marquées de sillons nombreux et rayonnants qui leur
donnent un aspect digité très- remarquable. Anus excen-
trique en avant, triangulaire, légèrement renflé sur les
bords. Péristome déprimé, un peu moins grand que l'ap-
pareil apicial, subdécagonal, assez fortement entaillé.
Rapports et différences. — * Cette Salénie se rapproche de
quelques-unes des espèces qu'on rencontre dans le terrain
crétacé, et notamment du Salenia scutigera; elle s'en distin-
gue cependant par sa taille plus petite , ses tubercules
ambulacraires plus saillants, son disque apicial plus large
et marqué de sillons plus apparents et plus allongés, son
péristome relativement plus grand. Sa petite taille lui
donne, au premier aspect, quelque ressemblance avec le
Salenia minima de la craie supérieure de Maestricht et de
Ciply; cependant cette dernière espèce est plus renflée,
ses tubercules sont moins saillants, son disque apicial
presque lisse et son péristome moins ample.
La présence d'une Salénie dans des couches tertiaires
parfaitement caractérisées est un fait d'une grande impor-
tance au point de vue zoologique. La famille des Saléni-
dées, si remarquable par la structure de son appareil api-
cial et l'excentricité de son anus, commence à se montrer
avec le terrain jurassique ; elle y est représentée par deux
genres à tubercules perforés , les Àcrosalenia et les Pseu-
dosalenia.Eïïe atteint un grand développement dans le ter-
rain crétacé et y compte quatre genres, les Goniophorus, les
Peltastesy les Hyposalenia et les Salenia , tous à tubercules
imperforés; mais elle n'avait offert jusqu'ici aucune espèce
dans les terrains tertiaires. La découverte de la Salénie de
Biarritz modifie nos idées sur ce point et nous démontre,
une fois de plus, combien il est difficile, dans l'état actuel
de la science, de préciser les règles que la nature organi-
que, à ces époques reculées, a suivies dans le développe-
ment de ses types.
224 rev. et mag. de ZOOLOGIE. (Mai 18G0.)
Nous sommes heureux de dédier cet intéressant Echi-
nide à M. Pellat, qui a recueilli lui-même et nous a com-
muniqué les deux seuls exemplaires que nous connaissons.
Loc. — Biarritz (rocher du Goulet) ; associé au Cidaris
serrata, à YHemiaster verticalis, aux Pygorhynchus ellipsoi-
dalis, SopitiamiS) etc. Très- rare. Terrain nummulitique
inf. Coll. Pellat.
Expl. des fig.->-V\. xm, fig. 11, Salenia Pellati vu de
côté; fig. 12, le même vu sur la face sup.; fig. 13, le même
vu sur la face inf.; fig. 14, ambulacre et interambulacre
grossis.
II. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 23 avril 1860. — M. de Quatrefages présente
de Nouvelles recherches sur les maladies actuelles du Ver à
soie.
Nous ne reproduisons pas la longue analyse de ce tra-
vail qui a paru aux comptes rendus. Il en résulte deux
conclusions capitales, qui consistent à recommander les
moyens hygiéniques et à confirmer ce que nous avons an-
noncé depuis trois ans, alors qu'il était plus difficile de le
discerner qu'aujourd'hui, que l'épidémie est entrée dans
sa période décroissante.
M. F. de Castelnau adresse une Note sur les Poissons de
l'Afrique australe.
L'auteur a constaté déjà que la faune ichthyologique des
côtes et des eaux douces de ce pays se compose de 157 es-
pèces de Poissons osseux, parmi lesquelles il y en a 38
d'eau douce; sur ce nombre, il pense qu'il y en a 69 qui
n'avaient pas encore été signalées, parmi lesquelles 6 for-
ment des genres nouveaux.
M. Valade-Gabel adresse une Note intitulée, Distribu-
tion des insectes en familles naturelles; remarques à l'occa-
sion d'une communication récente de M. Duméril.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 225
M. Valade-Gabel, neveu et héritier de notre illustre
maître Latreille, montre, par des dates certaines, que c'est
en 1795 qu'il a commencé à classer les Insectes suivant un
ordre naturel. Il cite un passage de la Zoologie analytique
de M. Duméril, dans lequel ce savant parle, en 1806, des
travaux de Latreille sur la classification, ce qui implique
qu'ils étaient antérieurs à un Mémoire sur le même sujet
lu par M. Duméril à la Société philomathique en 1800.
M. Lartet adresse une Addition à la Note sur l'ancien-
neté géologique de l'espèce humaine présentée le 19 mars 1860.
M. Max-Schultze adresse un travail intitulé, Sur une
nouvelle espèce d' Eponge (Hyalonema) prise pour un Polype.
M. Gray a décrit cette production, qui provient des
mers du Japon, sous le nom de Hyalonema Sieboldii
(Proceed. Zool. Soc, Lond., 1835), et l'a rangée dans les
Zoophytes. M. Brandt a publié nn travail complet sur ce
sujet à Saint-Pétersbourg en 1858. Il distingue plusieurs
espèces qu'il considère comme de nature polypeuse et en
fait une famille des Byalochactides. M. Schultze, ayant pu
examiner un certain nombre de ces productions au musée
de Leyde, s'est assuré que ce sont des Éponges et non des
Polypes, et il propose de les classer à côté des Alcyoncel-
lum de Quoy et Gaimard.
Séance du 30 avril 1860. — M. Duméril lit une Réponse
à des remarques de M. Valade-Gabel sur la Notice concernant
l'Entomologie analytique.
L'éminent zoologiste soutient que Latreille n'ayant pas
donné de noms aux familles qu'il avait établies dans le
Précis des caractères génériques, publié en 1796 ou 1797
(an V), c'est à lui qu'appartient l'initiative de la dénomi-
nation de ces groupes naturels en 1799, et depuis dans la
Zoologie analytique.
Nous n'avons pas le temps de faire les recherches néces-
saires pour établir l'histoire de cette question; mais nous
pensons que l'application de la méthode naturelle à la
classification des animaux articulés a été faite à peu près
2« 8ÉRIB. t. xu. Année 1860. 15
226 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
à la même époque par trois grands zoologistes, Cuvier,
Latreille et Duméril. Ils étaient tous les trois sous l'in-
fluence des idées de Jussieu, et il n'est pas étonnant qu'ils
aient songé, chacun de leur côté, à les appliquer aux ani-
maux dont ils s'occupaient. Quel a été le premier à publier
le premier essai de cette application, sans oser encore
donner des noms aux familles? C'est, évidemment, La-
treille, ainsi que l'établit M. Duméril dans ses Considéra-
tions générales sur la classe des Insectes (1823), page 259,
quand il dit de Latreille : « L'auteur a, le premier, eu l'idée
de ranger les insectes par familles auxquelles il n'avait
pas donné de noms, etc. »
Quant à Cuvier, ainsi que le dit M. Duméril [id.t p. 262),
« il a, le premier, indiqué un grand nombre de familles,
4 en considérant les genres de Linnaeus comme types primi-
tifs et en ayant le plus grand égard aux métamorphoses
d'après Swammerdam, et aux organes de la mastication et
de la déglutition d'après Fabricius.
« Dans son premier ouvrage, publié en l'an VI (1798),
les Crustacés, etc., etc. »
Quant à M. Duméril, il dit encore (id., p. 264) : « J'ai
inséré dans le premier volume de YÀnatomie comparée de
M. Cuvier, en 1800, les premières tentatives que j'ai faites
de la classification, par familles naturelles, des genres
d'Insectes; etc., etc. »
M. P. Gratiolct lit une Note sur l'encéphale du Gorille.
Le savant anatomiste rappelle que, dans un Mémoire
sur les plis cérébraux des Singes, il y a dix ans, il avait
déjà établi que le Gorille est très-inférieur au Chimpanzé
et plus semblable aux Cynocéphales qu'à tout autre groupe
de Singes.
Aujourd'hui, l'étude qu'il vient de faire d'un cerveau de
Gorille, donné au muséum par M. le lieutenant de vais-
seau de Sennal, vient confirmer ce qu'il avait établi d'a-
près l'examen d'empreintes de la cavité crânienne.
M. Gratiolet donne, à l'appui de ses idées, une de ces
SOCIÉTÉS SAVANTES. 227
descriptions, comme il sait les faire, et de bons dessins
de ce cerveau, qu'il compare à celui de l'homme, de l'O-
rang-Outang, des Gibbons, etc., etc., et il termine l'ex-
trait de ce travail par ces paroles : « Or ces caractères
font du Gorille, malgré sa taille et sa force, le dernier, le
plus dégradé de tous le3 Singes anthropomorphes, et les
faits anatomiques, éclairés par l'idée féconde des séries pa-
rallèles, nous conduisent à voir en luil'Orang des Cynocé-
phales, de même que le Troglodyte nous semble être celui
des Macaques, et le Satyrus celui des Gibbons, des Sem-
nopithèques et même des Guenons. »
M. de Quatrefages présente, au nom de M. le maréchal
Vaillant, une Note de M. Porro sur la maladie des Vers à
soie en Lombardie.
Séance du 1 mai 1860. — M. Pasteur y présente un Mé-
moire ayant pour titre, De l'origine des ferments* wo«-
velles expériences relatives aux générations dites spontanées.
M. Osimo s'étonne du silence gardé par la commission
des Vers à soie relativement à la manière de reconnaître
si les œufs sont malades et à quel degré.
Séance du 14 mai 1860. — M. Jules Cloquet lit d'inté-
ressantes observations sur l'existence d'un calcul salivaire
chez un nouveau-né.
Séance du 21 mai 1860. — M. Seguin aîné a renfermé, il
y a dix ans, des Crapauds vivants dans du plâtre, et il de-
mande à l'Académie si elle voudrait l'autoriser à lui en-
voyer deux de ces blocs pour les faire ouvrir en présence
d'une commission. Cette proposition est acceptée.
M. CL Bernard communique, de la part de M. Botkine,
des expériences sur les matières colorantes des globules
du sang et de la bile.
M. Eschricht, professeur à l'université de Copenhague,
lit un Mémoire sur les Baleines franche* du golfe Biscayen,
On sait que, dans le moyen âge, les Baleines franches
furent très-communes dans l'Atlantique septentrionale ; la
pêche de ces animaux, à l'aide du harpon, a même pri?
228 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
origine dans le golfe Biscayen. Dans les deux derniers siè-
cles, cependant, ce n'est que très-rarement qu'on en a
trouvé des individus dans ces parages, et enfin, de nos
temps, les Baleines franches y ont paru, soit exterminées,
soit chassées, aux mers boréales. De quelle espèce furent
ces Baleines franches de l'Atlantique septentrionale? Cu-
vier et ses successeurs se sont déclarés en faveur du Mys-
ticetus, mais M. Eschricht s'est persuadé que cette hypo-
thèse doit être erronée, puisque le Mysticetus, d'après les
renseignements que M. Eschricht et M. le professeur Rein-
hardt, de Copenhague, ont reçus des colonies danoises, en
Groenland, sur les mœurs et les migrations de cette es-
pèce, est un animal exclusivement boréal, qui ne quitte
et n'a jamais quitté les mers encombrées de glace. Aux
yeux des anciens Islandais et des pêcheurs de Baleines des
siècles précédents, en un mot de tous ceux qui avaient eu
l'occasion d'observer la Baleine de l'Atlantique à côté, pour
ainsi dire, du Mysticetus, elle fut toujours un animal diffé-
rent. Les marins hollandais l'appelèrent Nordkaper, et,
tout en opposition de l'hypothèse de Cuvier, ils crurent la
retrouver dans les Baleines australes, de sorte que celles-ci
aussi furent, pour eux, des Nordkapers. M. Eschricht avait
été frappé de voir qu'en effet toutes les descriptions plus
ou moins exactes qui ont été données de quelques indivi-
dus isolés observés dans l'Atlantique septentrionale, encore
dans le xvme siècle, sont assez applicables à la Baleine du
Cap, jamais au Mysticetus. M. Eschricht avait même in-
cliné, il y a vingt ans, à adopter l'hypothèse des pêcheurs
hollandais en opposition de celle de Cuvier, mais il avait
dû en revenir, par suite des observations recueillies par
M. le capitaine Maury aux États-Unis sur les mœurs et les
migrations des Baleines australes. Il en était résulté que
ces Baleines n'entrent jamais dans les mers tropicales, de
sorte que toute la zone entre les tropiques reste toujours
dépeuplée de Baleines franches, et il serait contre toute
analogie de présumer que des animaux tellement séparés
SOCIÉTÉS SAVANTES. 229
les uns des autres fussent de même espèce. Ainsi il n'était
resté pour M. Eschricht qu'une troisième hypothèse, sa-
voir que les anciennes Baleines franches de l'Atlantique
septentrionale aient différé , en espèce , de la Baleine du
Cap aussi bien que du Mysticetus.
Un accident de 1854 avait présenté une occasion très-
favorable pour mettre en épreuve ces trois hypothèses sur
la nature des Baleines franches de l'Atlantique septentrio-
nale. Une Baleine franche s'était hasardée, avec son balei-
neau, dans le port de Saint-Sébastien, et le Baleineau
avait été pris, son squelette apporté au muséum da Pam-
pelune. Pour l'examiner, M. Eschricht s'y rendit en 1858,
et le résultat de son examen du squelette fut parfaitement
en faveur de la troisième hypothèse. Le squelette du Ba-
leineau de Saint-Sébastien n'appartient ni à un Mysticetus
ni à une Baleine du Cap, mais à une troisième espèce que
M. Eschricht proposa d'appeler Balœna biscayensis. Ce-
pendant cette espèce nouvelle de Baleine franche se
rapproche beaucoup plus de la Baleine du Cap que du
Mysticetus, et voilà comment s'expliquent les idées des an-
ciens pêcheurs hollandais.
M. Eschricht, ayant reçu le fœtus d'une Baleine franche
capturée aux côtes du Kamstchatka, en a profité pour
comparer aussi les Baleines franches de la Pacifique sep-
tentrionale avec la baie du Cap, et le résultat de cet exa-
men a été parfaitement en accord avec celui de l'examen
précédent. Dans cette Baleine des parages duKamtschatka,
M. Eschricht a aussi reconnu une espèce distincte, mais
appartenant toujours au même groupe que l'Australis et
que la Biscayensis, en opposition au Mysticetus. Voilà
donc que la distribution géographique des Baleines fran-
ches se présente d'une manière tout autre que jusqu'ici.
Les deux espèces cuviériennes, le Mysticetus et la Baleine
du Cap, resteront comme types de deux groupes diffé-
rents ; mais, au lieu de faire du Mysticetus le représentant
des Baleines en deçà, et de la Baleine du Cap celui de
230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
celles au delà de Téquateur, le Mysticetus, dorénavant,
sera le représentant des Baleines franches dans les mers
glaciales, la Baleine du Cap sera celui des Nordkapers,
c'est-à-dire des Baleines franches dans les mers tempérées,
soit au nord, soit au sud, soit à l'ouest ou à l'est.
MM. Joly et Musset adressent de Toulouse de nouvelles
expériences sur les générations spontanées.
III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
ErçusiEBATio specierum Piscium hucusque in Archipelago
indico observatarum adjectis habitationibus citationi-
busque, ubi descriptione earum recentiores reperiun-
tur, nec non speciebus musei Bleekeriani Bengalensi-
bus, Japonicis, Capensibus Tasmanicisque , auctore
Petro Equité a Bleeker., 1 vol. in-4°, Batavia, 1859.
La publication de ce grand ouvrage enrichit la Zoologie
d'une manière notable et fera époque en Ichthyologie. On
peut dire que c'est une espèce de monument dans son
genre, car il contient l'énumération la plus complète et la
mieux faite des nombreuses richesses des pays les plus
riches en Poissons remarquables.
Pour donner une idée, en peu de mots, de l'importance
de ce grand et savant catalogue, il nous suffira de dire
qu'il contient 2,199 espèces, dont 1,168 sont nouvelles et
ont été décrites par M. Bleeker dans diverses publica-
tions.
Dans sa préface, le savant zoologiste donne d'abord le
détail de ces résultats, et il indique le plan qu'il a adopté
dans sa publication. Il présente ensuite un tableau com-
plet de sa classification qu'il a combinée avec celle du cé-
lèbre zoologiste français, le prince Charles Bonaparte. Ce
tableau synoptique occupe 26 pages et conduit le lecteur
jusqu'à l'indication des genres. Vientensuite l'énumération
de toutes les espèces, accompagnée de la synonymie com-
plète de chacune, de tous les lieux où elle a été prise et
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 231
des divers noms de pays sous lesquels elle est connue, ce
qui facilitera beaucoup les recherches des voyageurs qui
voudront se procurer ces mêmes espèces.
M. Bleeker a divisé ce catalogue en deux parties dis-
tinctes. Dans l'une (p. 1 à 238), il s'occupe des Poissons de
l'Archipel indien seulement, et dans l'autre, intitulée Ap-
pendice (p. 239 à 272), il examine les espèces appartenant
aux mers et aux eaux douces du Bengale, de la Chine, du
Japon, de Diemen, etc., à l'exclusion de celles qui se re-
trouvent dans l'Archipel indien.
A la fin de chacune de ces grandes divisions l'on trouve
de grands tableaux faisant connaître, pour chaque genre,
le nombre d'espèces contenues dans le musée de M. Blee-
ker et le nombre d'espèces connues, avec d'autres rensei-
gnements non moins intéressants, et un autre tableau
intitulé Synopsis specierum contractior, terminé par des
totaux qui donnent immédiatement, pour chaque famille,
des renseignements précis sur le nombre de genres dont
elle est composée, le nombre d'espèces, etc., etc. Enfin
l'ouvrage est terminé par un index generum adoptorum
catalogo enumeratorum, qui renvoie aux pages où chaque
genre est traité dans les deux parties.
On ne saurait trop féliciter M. Bleeker pour l'achève-
ment d'un aussi long et aussi difficile travail, qu'il a effec-
tué avec le plus grand talent et présenté dans un ordre
remarquable. Il est évident qu'en donnant au monde sa-
vant un livre aussi utile il a bien mérité de la science.
G. M.
Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Mexique,
des Antilles et des États-Unis , par M. H. de Saussure.
1er livre Crustacés (in-4<>, fig., Genève et Paris, 1858).
Dans ce travail, M. de Saussure décrit 5i espèces de
Crustacés présumées nouvelles, et dont il a donné de trop
courtes phrases diagnostiques, en 1857, dans cette Revue.
Nous n'avons pas le temps de comparer ses descriptions
232 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. [Mai 1860.)
et ses figures aux espèces de Cuba, que nous avons fati
connaître dans le grand ouvrage de M. de la Sagra [His-
toire naturelle, t. VII, 1857). Mais nous craignons des dou-
bles emplois , car nous remarquons que M. de Saussure
semble n'avoir pas connu notre travail. Ce qui nous fait
craindre qu'il ait procédé avec un peu trop de précipita-
tion , c'est de voir que M. Stimpson a reconnu que son
Pagurus cubensis n'est que le Clibanarius sclopelarius de
Herbst., et qu'il n'a pas non plus connu notre Porcellio
Poeyi, publié et figuré il y a longtemps dans divers ou-
vrages (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1837,
p. 132 ). Il en résulte que M. de Saussure, voulant dédier
une espèce au savant zoologiste de la Havane , a donné
son nom à une espèce différente de celle à laquelle nous
l'avions donné nous-même dix ans auparavant, et qu'une
autre espèce , qu'il a publiée et figurée sous le nom de
Porcellio Cotillœ, est notre vrai Poeyi.
Du reste, nous devons ajouter que les diagnoses que
M. de Saussure a données dans cette Revue étaient trop
abrégées pour faire reconnaître ses espèces, et que les
descriptions qu'il y a jointes dans le fascicule que nous
annonçons ne nous semblent pas de nature à les compléter
suffisamment. Heureusement que des figures viennent
aider dans les recherches qu'il faudra faire pour établir la
synonymie de toutes ces espèces , dont cinq portent le
nom d'Aztecus et six celui dAmericanus. G. M.
Notes on the Notes sur les Crustacés de l'Amérique,
par M. Williams Stimpson, in-8°, 1859. Nev-York. Eœtr.
des Annals ofthe Lyceum ofnat. History. March, 1858.
Dans ce travail , dont les principaux matériaux ont été
puisés dans le musée de l'Institution Smithsonienne ,
M. Stimpson passe en revue un certain nombre de Crusta-
cés déjà décrits par d'autres ou par lui dans un travail
qu'il a publié antérieurement. (Crust. and Echinod. Pacific
coast of N. Am.)
ANALYSES û' OUVRAGES NOUVEAUX. 233
Beaucoup d'espèces nouvelles y sont décrites pour la
première fois avec un grand soin , plusieurs genres son t
fondés et caractérisés par lui , et nous remarquons qu'il
fait connaître une nouvelle espèce de notre singulier
genre Hypoconcha, provenant de la Caroline du Sud et de
l'île Saint-Thomas.
L'intéressant travail de M. Stimpson est accompagné
d'une bonne planche lithographiée, dans laquelle sont re-
présentés son genre Speocarcinus, et plusieurs autres espè-
ces décrites par lui. G. M.
On the Sur le développement des Crustacés Décapo-
des; par C. Spence Bâte, communiqué par M. W. Snow
Harris. (In-4°, fig., Extr. des Trans. de la Soc. royale
de Londres. Lu le 18 juin 1857, publié en 1858.)
C'est un excellent travail , dans lequel le savant zoolo-
giste anglais démontre, en étudiant les nombreuses formes
par lesquelles le Carcinus mœnus passe depuis sa sortie de
l'œuf, que ces singuliers Crustacés, publiés sous le nom de
Zoés, ne sont que les premiers états de ces vulgaires Déca-
podes.
Dans une série de très-belles planches qui accompa-
gnent son texte, l'auteur fait suivre au lecteur les diverses
métamorphoses de ces Zoés, ayant d'abord un grand rostre
et une longue épine sur le dos, avec une plus longue
queue, puis le rostre et l'épine du dos de plus en plus rac-
courcis ; puis tout cela disparaît en passant par la forme
dont on a fait le genre Megalopa, muni encore d'une queue
étendue, mais diminuée déjà considérablement, et se re-
pliant ensuite sous le corps dans la forme qui suit, et
dans laquelle on commence à discerner quelque ressem-
blance avec les Décapodes brachyures. Plus tard, enfin,
la forme du Carcinus se manifeste de plus en plus par l'é-
largissement de la carapace, les dents de ses bords anté-
rieurs, etc.
Ce beau mémoire complète ce que l'on avait entrevu
234 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
relativement aux métamorphoses si remarquables des Dé-
capodes macroures, et fait le plus grand honneur à son
auteur ; nous ne saurions trop le recommander à l'étude
des carcinologistes. G. M.
Coléoptères du gouvernement Jakoutsk, recueillis par
M. Pavlofski ; par M. Victor de Motschoulski. — In-8°,
Extrait des Mélanges biologiques, t. III. Avril, 1859.
C'est un catalogue des espèces capturées dans ce gou-
vernement par le savant voyageur, lesquelles sont au
nombre de 120. Parmi ces Coléoptères 19 espèces sont
décrites comme nouvelles par des diagnoses assez éten-
dues et en français.
Études entomologiques, par Gustave Levrat,
in-8°, Lyon, 1859. — 1er cahier.
Ce fascicule se compose de plusieurs notices présentées
à la Société Linnéenne de Lyon et extraites du recueil
publié par cette société.
La lre a pour titre , De l'utilité de la science entomolo-
gique ; — la 2e, Souvenir du mont Pilât; -— la 3e, Descrip-
tion d'une nouvelle espèce du genre Pimelia ; — la 4e, Stro-
phes prononcées au banquet de la Société Linnéenne du
28 décembre 1852 ; — la 5e, Descript. de 3 Coléoptères nou.
veaux; — la 6e, Descript. d'un Pœcilus; — la 7e, Descript-
de quelques Coléoptères nouveaux; — la 8e, Descript. d'un
Longicorne nouveau; — la 9e, Descript. d'un Buprestide nou-
veau;— la 10e, Descript. d'une Pimelia; — la 11e, Descript.
d'un Carabique; — la 12e, Note sur le Dryops femorata; —
la 13e, Causes de détérioration chez les Coléoptères ; — la 14e,
Emploi de Véther comme moyen de dissoudre l'oléine irans-
sudante chez les Coléoptères ; — la 15e, Enumération des
insectes Coléoptères du mont Pilât.
Toutes ces notices sont écrites avec élégance et les des-
criptions d'espèces paraissent très-bien faites.
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 235
Memorias, etc Mémoires de la commission de la carte
géologique d'Espagne, année 1855. — Partie zoologique,
par le docteur D. Mariano de la Paz Grills. — Petit
in-folio avec pi. col. Madrid, 1858.
Le savant zoologiste espagnol, rendant compte des tra-
vaux de la section sur la faune espagnole , arrive à ceux
qui ont plus particulièrement trait aux animaux articulés,
dont il s'est spécialement occupé dans ce travail , qui se
compose d'un catalogue méthodique des insectes Coléop-
tères de l'Espagne, et de travaux relatifs aux métamor-
phoses de certaines espèces et à la description de celles
qui lui ont paru nouvelles, Le commencement du catalo-
gue se compose de l'énumération des Cicindélides et des
Carabides. Les autres travaux sont des études sur les mé-
tamorphoses des Mordelles, de la Lagria lata. Il décrit un
genre nouveau de Mélyrides sous le nom (XAllotarsus
et 53 espèces de Coléoptères appartenant à presque tous
les groupes de l'ordre.
A la fin de ce fascicule , composé de 111 pages et de
7 planches, on trouve la description du mâle de la magni-
fique Saturnia Isabellœ, que M. Grsells a décrite pour la
première fois en 1849 dans cette Revue; celle de la larve
de YAcontia Grœllsii, Lépidoptère décrit en 1837 par
M. Feisthamel, laquelle vit sur la Lavateça arborea, et
aussi sur YÂlthœa officinalis et les Malva silvestris et rotun-
difolia, et enfin les divers états d'une Carpocapsa qu'il
nomme Gallarum, parce que sa larve vit dans l'intérieur
des] galles du Quercus tozzai formées par le Diplolepis
penicillata. G. M.
Nouvelles excursions dans les grandes Landes, 3e lettre
adressée à M. Mulsant par M. Ed.Perris. (Eœtr. desAnn.
de la Soc. Linnéenne de Lyon, nouv. série, t. IV, 1857).
Grand in-8° de 100 pages.
Quoique ce travail date déjà d'assez loin, nous ne pou-
236 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1860»)
vons résister au désir de le signaler au moins à nos lec-
teurs, car c'est un modèle dans son genre, et il sera lu avec
un vif intérêt par tous les Entomologistes qui auront la
bonne fortune de se le procurer. Écrite avec verve et
beaucoup d'esprit, comme tout ce que l'on doit à M. Per-
ris, cette relation vous fait assister aux sensations si vives
de chasseurs échappés de leur cabinet de Paris , étudiant
sur place ces Insectes aux mœurs si merveilleuses, et fai-
sant des captures qui les comblent de joie.
Nous voudrions pouvoir citer de nombreux passages de
cette relation , mais ils perdraient de leur originalité par
leur isolement. Nous nous bornerons donc à dire que cette
attachante relation est suivie d'un catalogue des Insectes
observés dans les Landes, dans lequel on trouve de bonnes
descriptions des espèces que M. Perris a reconnues nou-
velles. On trouve aussi, dans ce travail, d'intéressantes
observations sur les métamorphoses de plusieurs espèces
dont les premiers états étaient inconnus. (G. M.)
The Transactions, etc. Transactions de la Société
entomologique de Londres. Nouvelle série, t. IV, 1858.
Nous avons reçu, il y a peu de temps, les livraisons 7, 8
et 9 complétant le volume V, et nous pouvons dire que
ce riche recueil des travaux des Entomologistes les plus
distingués de l'Angleterre continue de mériter les éloges
que nous lui avons toujours donnés dans cette Revue.
C'est une riche mine, dans laquelle on trouve les docu-
ments les plus variés et les plus utiles à l'étude de ces
innombrables Insectes répandus à profusion dans toutes
les contrées du globe. Comprenant bien qu'une société
scientifique aussi renommée ne doit pas se borner au seul
enregistrement des espèces, plusieurs membres se sont
occupés, comme nous ne cessons de le faire, à la Société
entomologique de France, de l'étude des Insectes utiles et
nuisibles, afin de montrer que l'Entomologie aussi est sus-
ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 237
ceptible de rendre des services réels aux intérêts maté-
riels des populations.
Il serait impossible de donner une idée des excellents
travaux consignés dans ce volume, qui est plein des ob-
servations de MM. Westwood, Lubbock, Stainton, Pascœ,
Newman, Saunders, Wollaston, Smith, Walker, Wallace,
Baly, etc., etc. Ajoutons, en terminant, qu'il est enrichi
de belles et nombreuses planches , dont plusieurs sont
dues à l'habile pinceau de notre savant ami Westwood ,
ce qui en garantit l'élégance et surtout l'exactitude scien-
tifique. G. M.
Description d'une série d'Hyménoptères nouveaux de la
tribu des Scoliens, par H. de Saussure, in-8°, pi. col.
(Extr. de la Gazette entomologique de Stettin, 1859, p. 171
à 192, et p. 260 à 269.)
Ce petit travail fait suite à un autre, que l'auteur a pu-
blié dans les Annales de la Société entomologique de France
sur le même sujet : il y donne la description de 42 espèces
appartenant à divers pays, et représente, dans une jolie
planche coloriée, des Liacos Sichelii, Scolia nigripennis et
Walbergii, et Y Elis Suelleni.
[onograp. of, etc. Monographie du genre Adolias, de la
famille des Nymphalides; par M. Fréd. Moore, aide-
naturaliste au musée de la compagnie des Indes. [Extr<
des Trans. entom. Soc. Lond., vol. 5, 1859).
C'est un travail complet sur ce groupe de Lépidoptères
liurnes, appartenant tout entier aux Indes orientales.
M. Moore, qui s'est si honorablement fait connaître par
magnifique travail qu'il a fait, en collaboration avec
[. Thomas Horsfield, sur les Lépidoptères de la collection
du muséum de la compagnie des Indes (vol. 1er, Lond.,
1857), avait déjà mentionné ou décrit dans ce catalogue
32 espèces de ce groupe. Aujourd'hui, grâce aux coramu.
238 REV. ET MAG. DE zoologie. [Mai 1860.)
nications qui lui ont été faites par les musées et les divers
Entomologistes, il a porté ce nombre à 52 espèces, appar-
tenant au continent et aux îles de l'Inde, sauf 5 dont l'ha-
bitat lui est inconnu, mais qui ne peuvent appartenir qu'à
cette grande région.
Toutes les descriptions d'espèces nouvelles sont en an-
glais et nous semblent d'une étendue suffisante. Les figures,
contenues dans neuf planches, sont parfaites et représen-
tent le plus souvent le mâle et la femelle. On ne saurait
trop encourager M. Moore à passer ainsi en revue tous les
groupes de ce bel ordre des Lépidoptères. G. M.
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Ver a soie du vernis du Japon.
Depuis la fin de l'année dernière, je poursuis des expé-
riences sur cette nouvelle espèce de Ver à soie pour obte-
nir des matériaux susceptibles de guider les agriculteurs
qui se livrent déjà ou vont se livrer à la culture de ce nou-
vel insecte domestique.
Il résulte de ces expériences , faites dans mon appar-
tement et dans la ménagerie des Reptiles du muséum,
qu'on peut avancer ou reculer l'éclosion des Papillons,
soit de pur sang, soit des métis, en tenant les cocons, pen-
dant l'hiver, dans des milieux plus ou moins échauffés.
Dans mon appartement, les métis qui avaient passé l'hiver
dans le cabinet, chauffé, le jour seulement, jusqu'à 16 à
18 degrés centigrades, ont donné leurs premiers Papillons
au commencement de mai, tandis que les mêmes, tenus
dans une pièce sans feu, n'ont commencé à éclore que le
11 du même mois.
Les premiers pur sang, dans le cabinet chauffé, ont ap-
paru le 23 mai, tandis que ceux des cocons gardés dans la
salle sans feu ne se montrent pas encore (28 mai).
Dans la ménagerie du muséum, qui est échauffée, nuit et
jour, pour les Reptiles, et dont la température est mainte-
MÉLANGES ET NOUVELLES. 239
nue, tout l'hiver, entre 18 et 22 degrés centigrades, il y a eu
des éclosions beaucoup plus tôt, tant dans les métis que
dans les pur sang ; mais cela est inutile pour la grande pra-
tique, attendu que les feuilles des allantes n'apparaissent
que dans les premiers jours de mai.
Actuellement, j'ai organisé quelques expériences pure-
ment scientifiques, pour continuer les recherches que j'ai
commencées, l'année dernière, sur le croisement de l'es-
pèce à 2 générations du Ver chinois de l'ailante , avec
l'espèce à 5 ou 6 générations du Ver indien du ricin. Les
premiers résultats de ce croisement avaient été très-cu-
rieux en ce que tous les produits tenaient beaucoup plus
du Ver de l'ailante (le moins civilisé , le plus fort) que de
celui du ricin. Depuis, ces métis, accouplés entre eux, ont
donné des produits très-variables, tenant tantôt des deux
espèces, tantôt de ceux du vernis, tantôt de ceux du ri-
cin, mais dont la majorité tenait plutôt du Ver du vernis.
Dans ce moment, après 3 ou 4 générations de métis
entre eux, je fais des essais tendant à retourner à chaque
type. Ainsi j'ai allié des femelles métisses, possédant
presque tous les caractères du Ver du vernis pur sang ,
avec des mâles pur sang, afin de voir si leurs descendants
I reprendront le caractère pur de l'espèce du vernis. Je fais
l'expérience contraire sous diverses formes, et je pense
qu'il sortira de là quelques faits utiles pour l'avancement
de la physiologie.
Des expériences semblables sont instituées aussi à la
ménagerie des Reptiles et dans la serre de mon confrère,
M. Année, à Passy. Chez M. Année, les résultats obtenus
me sont fidèlement conservés, et je n'ai pas à craindre
qu'il se laisse jamais pousser à regarder comme siennes
des recherches pour lesquelles il veut bien me prêter un
concours amical et dévoué depuis que je les ai commen-
cées en 1858.
240 BEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1860.)
Jardin zoologique de Rotterdam.
Il y a trois ans à peine, le jardin zoologique de Rotter-
dam, qui fait à juste titre l'admiration des étrangers, ne
présentait qu'une surface de marais incultes ou inondés.
Aujourd'hui, des constructions d'un bon style, des massifs
de verdure, des kiosques bien dessinés, des allées déli-
cieuses, les plantes exotiques les plus rares, un lac, des
bassins, forment un ensemble où le regard s'arrête en-
chanté et surpris. Ce phénomène de création rapide est
une des gloires de Rotterdam ; tous les règnes de la nature
y sont largement représentés.
Pour les Mammifères, c'est un Lion d'Afrique, le plus
remarquable que j'aie vu par sa taille et la beauté de sa
crinière. Viennent ensuite trois Tigres royaux, l'un des-
quels , tiré de l'amphithéâtre du dernier roi d'Oude, n'a
pas son pareil, des Panthères, des Léopards, un Éléphant,
des Lamas, des Kanguroos et une trentaine de Singes
appartenant aux espèces qui s'acclimatent le plus diffici-
lement dans nos zones tempérées.
Parmi les Oiseaux, je citerai l'Ara noir des Moluques,
le seul vivant qui soit peut-être en Europe.
Enfin une Salamandre du Japon ajoute encore à tous
ces trésors si variés de la science. de Saussure.
TABLE DES MATIERES.
Page».
A. Moquin-Tandon.— Considérations sur les œufs des Oiseaux. 193
J. Verreaux. — Description d'un Oiseau nouveau. 206
A, Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 208
G. Cotteau. — Échinides nouveaux ou peu connus. 212
Académie des sciences. 224
Analyses. 230
Mélanges et nouvelles (Ver à soie du vernis du Japon). 238
PARIS. — 1MP. DE Mmt Ve EOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — JUIN 1860
Il TRAVAUX I\EDITS.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Quatrième article (1). (Voir p. 97.)
Famille des Cervidés.
Genre Cervus.
Jusqu'à présent on avait bien constaté au Mexique
l'existence d'un seul Cerf seulement, savoir du C. mexi-
canus, qui n'est probablement lui-même qu'une variété
du C. virginianus. On trouvera ci-dessous la description
d'une seconde espèce et l'indication de deux autres présu-
mables dans ce pays. Comme je ne supposais pas que ces
Cerfs fussent nouveaux, j'ai négligé d'en conserver les
peaux, que leur volume rendait fort embarrassantes. Du
reste, la tête suffit, à la rigueur, pour faire reconnaître les
espèces, sinon pour en donner une description complète.
En cherchant à comparer ces types avec ceux déjà con-
nus et consignés dans l'excellent travail de M. Pucheran
sur le genre Cervus (2), j'ai regretté de ne pas trouver,
dans cette monographie, des détails plus nombreux, rela-
tifs aux caractères différentiels des espèces, particulière-
îent pour ce qui concerne les squelettes et surtout les
crânes. Les caractères que l'on peut tirer des pièces
osseuses sont d'une importance supérieure à ceux que
(1) Errata du précédent article. — Page 98, Hesperomys tollecus,
la citation des figures est incomplète: la fig. 3, pi. ix, représente les
molaires supérieures d'un individu très-adulte ; la fig. 3a les mêmes
molaires d'un individu vieux, à dents très-usées. — Page 107, H. Su-
michrasli, retranchez de la citation la fig. 3.
(2) Archives du muséum, VI. 1852.
V 16111. t. m. Année 1860. 16
242 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.)
fournissent les apparences extérieures du pelage, et il au-
rait été utile de les faire entrer en ligne de compte. Une
exacte comparaison des crânes des Cerfs daguets de
l'Amérique serait d'un grand secours pour arriver à la
séparation précise de ces espèces, encore mal connues et
peut-être plus nombreuses qu'on ne l'a soupçonné jus-
qu'ici.
Voici maintenant l'énumération des Cerfs que j'ai ren-
contrés au Mexique et aux Antilles. Les deux premiers
appartiennent au sous-genre Elaphus, Smith, et au groupe
des Mazames de Smith et de Sundevall (1) (ou du C. virgi-
nianus), caractérisé ainsi que suit :
Bois n'étant pas bifurques dès la base; à perches courbées
en avant, portant un ou plusieurs andouillers sur leur con-
vexité; pas de canines.
N° 1. Cervus mexicanus. Ce Cerf est très -commun dans
toutes les parties boisées du Mexique.
Voici les mesures de la tête osseuse prises sur deux
crânes qui ont appartenu à des sujets d'un et de deux
ans.
Longueur du crâne mesuré en dessous 0m,245 à 0m,250
Sa largeur, mesurée entre les orbites et les
prolongements frontaux 0m,086
Sa plus grande largeur 0m,105
Distance du bout de l'incisif à l'angle interne
de l'orbite 0»,130
La suture des frontaux forme dans ses deux tiers pos-
térieurs une crête marquée.
Les jeunes individus d'un an portent de simples dagues
assez longues (0m,140), bien divergentes, fortement ar-
quées dans les deux sens (à double courbure) et à cou-
ronne forte et noueuse. Le crâne de ces jeunes, comparé
à celui d'individus âgés de deux et trois ans, offre une
(l)Dans le travail de J. E. Gray, intitulé Synopsis of the species
of Deer (Ceryina), etc. (Annah a Magaz. of nat. hist., IX, 1852,
p. 413), et qui a vu le jour la même année que celui de Pucheran,
le groupe des Mazames porte le nom de Cariacus.
TRAVAUX INÉDITS. 243
identité presque parfaite, si ce n'est qu'il est un peu plus
petit.
Il me semble évident que le premier des Cerfs figuré
par Hernandez (pag. 324), et auquel Sundevall a donné
le nom de Mazama, est bien le C. mexicanus avec ses bois
de seconde année, et point le Guazuti d'Azara, comme
le veut F. Cuvier, que tous les auteurs ont copié. C'est ce
qu'a fort bien montré M. Pucheran par l'analyse patiente
des synonymes dont il a donné le résultat dans sa belle
monographie des Cerfs (1). Je ferai observer, en passant,
que le nom de Mazama a été fort mal choisi, attendu
que ce mot n'est que le terme aztèque par lequel les In-
diens désignent, d'une manière générale, tous les rumi-
nants indigènes du Mexique, et que, par conséquent, les
naturels l'appliquent indifféremment, non-seulement à
tous les Cerfs du pays, mais même aux ruminants à cornes
creuses, comme le prouve l'analyse des noms (2). Le nom
de Mazame a donc une signification plus que générique,
et Sundevall aurait mieux fait de prendre celui de Ma-
zatl, qui paraît s'appliquer exclusivement aux Cerfs (3).
(1) Ce travail est malheureusement très-laborieux à consulter,
faute d'une table des matières. Une table analytique des espèces et
de leurs synonymes aurait beaucoup ajouté à son utilité. J. E. Gray
a copié l'erreur de F. Cuvier, et a fait plusieurs autres fautes syno-
nymiques; ainsi il décompose en deux espèces le C. {macrotis, Say)
columbianus, Rich., et il méconnaît les C. nemoralis, Smith., et
gymnoiis , Wiegm., espèces très-distinctes qu'il place, avec le C.
mexicanus, en synonymes du C. virginianus.
(2) Ainsi le teuhllal Mazame, nom dont la traduction est le Ma-
zame des déserts poudreux, des prairies, ne peut être qu'une Antilo-
capra ou un Aplocerus. (Voyez la note 3, relative au n° 4.)
Rafinesque a employé le nom de Mazame pour les geures AplO'
cerus et Anlilocapra (American monthly Magaz., II, 44. 1817), et
il a été imité, en cela, par Ogilby. On aurait pu conserver ce nom,
attendu que certaines Mazames sont certainement des Antilopes.
(3) Parce qu'il appartient à la langue azetèque, que l'on ne parle que
dans les districts qui ne nourrissent aucun Ruminant à cornes creuses
indigène.
2U rkv. et mag. de zoologie. (Juin 1860.)
Hernandez donne les noms spécifiques d'un grand
nombre de Cerfs ou ruminants qu'il dit peupler le Mexi-
que, par exemple le Quauhtlamazame, le Tlalhuicama-
zame, etc. La faculté dont jouissent les langues mexi-
caines de former des mots composés fait qu'on ajoute, en
général, au nom spécifique de chaque objet le nom géné-
rique de la catégorie auquel il appartient. Ainsi chaque
mot renferme une définition complète du genre et de
l'espèce, et le nom spécifique devient, pour ainsi dire,
le qualificatif du nom générique.
Ainsi le mot Quauhtlamazame signifie le ruminant
QuaukUa, 'l'espèce est donc désignée parle nom Quauhtla,
et non par celui de Mazame. Il est, du reste, naturel, une
fois qu'on a choisi celui de Mazama comne nom spécifi-
que, de l'appliquer à l'espèce la plus commune du Mexi-
que, et la seule connue des auteurs modernes qui se sont
les premiers servis de ce nom, c'est-à-dire au Cervus mecci-
canus. Ces explications suffiront, je pense, pour montrer
que le Cerf Mazame d'Hernandez ne peut être que le C.
meœicanus, car ce nom, tiré de la langue mexicaine, ne
saurait s'appliquer, à un Cerf du Paraguay, mais seule-
ment à un animal du Mexique.
Hernandez a évidemment trop multiplié le nombre des
Cerfs mexicains. Il est probable qu'il a compulsé plu-
sieurs des noms locaux que les Indiens donnaient aux
ruminants peu nombreux du pays :
a Les plus grands, dit-il, sont ceux que l'on nomme
Aculliames (1), et qui ressemblent à ceux d'Espagne; puis
viennent les Quauhtlamazame (2), qui attaquent l'homme
lorsqu'ils sont blessés; puis les Tlalhuicamazame (3), qui
sont tout à fait semblables, si ce n'est qu'ils sont plus ti-
(1) Nom dont j'ignore Tétymologie.
(2> Ou Mazames des forêts; évidemment des Cerfs. C'est le Cervus
mexicanus par excellence.
(3) Ce devrait être probablement tlalhuia Mazame, ou le Mazame
qui lauce la terre (soit avec les pieds en courant, soit avec les cornes)?
TRAVAUX INÉDITS. 245
mides ; enfin les Temamrizame (J), qui sont les plus petits. »
Les trois premières de ces prétendues espèces rentrent
probablement dans le C. mexicanus, car l'auteur ajoute
que ces animaux portent des cornes renflées à leur sortie,
rondes et divisées en rameaux aigus. Du reste, Hernan-
dez ayant rédigé son livre d'après les récits des Indiens ,
plus encore que d'après ses propres observations, il est
naturel que cet ouvrage soit plein d'erreurs et de confu-
sion (2). Il faut cependant prendre en considération sa
variété albine ou les Yztacs Mazames (Cerfs blancs), que
les Indiens nomment Tlamacazquemazalt (3), et qu'ils di-
sent être le roi des Cerfs (4).
N° 2. C. Cariacus (le Cariacou, Buff.)
J'ai rapporté de Trie de Cuba des bois assez semblables
à ceux du Cervus mexicanus, ne possédant qu'un andouiller
supérieur, mais de taille plus grande et surtout beaucoup
plus massifs. La partie inférieure de ces bois, les perches
et les andouillers sont presque deux fois plus épais que
chez les bois de même âge, de l'espèce qui habite la côte
ferme (Mexique). La partie de bois comprise entre la cou-
ronne et le maître andouiller n'est pas cylindrique, mais
assez comprimée transversalement, quoique très-noueuse.
Le maître andouiller, au lieu d'être dirigé en haut comme
chez le C. mexicanus, où les deux maîtres andouillers sont
à peu près parallèles, est ici très-grand et gros, dirigé en
hant, en dedans et eu avant. Il naît aussi plus en avant que
chez l'espèce citée, étant demi-antérieur. La partie de la
perche située entre cet andouiller et la fourche est beau-
coup plus droite et plus épaisse que chez l'espèce du
(1 ) Le Mazame qui se baigne, dont nous parlerons plus bas.
(2) Ainsi, plus bas, il dit que la Nouvelle-Espagne abonde en Cerfs
et eu Chamois identiques à ceux de l'Espagne; il confond, sans doute,
les Aniilocapra avec des Isars, ne les connaissant que pour en avoir
entendu parler. Il s'occupe, du reste, bien plus des boules que con-
tient l'estomac de ces auimaui que de la distinction des espèces.
(3) Ce mot signifie le Cerf qui a des serviteurs.
(4) Hernandcz parle encore des Mazames que 1rs Espagnols nom
246 REV. El MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.)
Mexique ; l'empaumure est moins aplatie, la perche est
beaucoup moins courbée; la partie qui dépasse l'an-
douiller supérieur est de même grandeur que ce dernier,
et elle est bien moins longue et moins recourbée; elle re-
garde beaucoup plus en haut, tandis que chez le C. mexi-
canus le bout de la perche revient en avant, de façon à
surplomber ou à dépasser les couronnes des bois, ce qui
est loin d'avoir lieu chez le Cariacou.
L'épaisseur et la pesanteur de ces bois, ainsi que le
morceau du crâne auquel ils sont attachés, indiquent qu'ils
appartenaient à un animal de taille supérieure au C. mexi-
canus, et le Cariacou, savons-nous, est, en effet, plus
grand. Ce sont , sans doute, des bois de 4e année, aussi
grands qu'ils peuvent devenir avant de prendre le second
andouiller supérieur. ,
Comme le Cariacou n'a pas été bien distingué du Mazame
ou Cerf mexicain, jusqu'au moment où M. Pucheran en
eut débrouillé la synonymie, il ne sera pas inutile de don-
ner ici les dimensions des bois que j'ai sous les yeux.
Distance de la couronne au bout de la perche,
en ligne droite. 0œ,190 à O^IO
Distance de la couronne au bout du maître
andouiller, environ 0m,130
Distance de la couronne à la naissance du
maître andouiller 0œ,050 à 0ffl,055
Longueur de la perche entre le maître an-
douiller et la fourche mesurée dedans 0m,098 à O^US
Longueur du maître andouiller 0m,075 à 0m,080
Largeur du bois entre la couronne et le maître
andouiller 0m,045
Largeur de la perche au-dessus du maître an-
douiller 0m,038
J'ajouterai, en terminant, qu'il me paraît tout à fait
probable que le C. nemoralis, H. Smith, soit le même que
ment bigarrés (berrendos), qui sont couverts de poils blancs et de
fauves, mais avec le ventre et les côtés blanchâtres. Selon Berlandier,
les Mexicains modernes appelleraient encore ainsi ÏAnlilocapra ame
ricana (Baird. loc. cit.).
TUAVAUX 1NKDITS. 247
le Cariacou de Buffon. Cette identité semble d'autant plus
évidente que H. Smith nous apprend que son C. nemoralis
vit dans le Honduras, portion de la côte ferme très-
voisine de Cuba. Comme Baird ne parle pas de ce Cerf
dans sa faune des Mammifères des États-Unis (R. R. Rep.
I. c), il est bien probable que les individus que H. Smith
croyait venir de Virginie ne venaient pas de là, quoiqu'il
n'y ait rien d'impossible à ce que l'espèce se continue de
Cuba en Floride, et même plus loin.
N° 3. Cervus toltecus (pi. 15 fig. 1).
Rami minuti récurrentes, vix divergentes, vit arcuati ; prope coro-
nam ex interno margine surculum triaugularem , valde compla-
uatum, et prope apicem, alterum surculum acuminatum, margine
externo emittentes.
La taille de cet animal doit être à peu près la même
que celle du Cervus rufus, ou même un peu inférieure, à
en juger par la comparaison des crânes. Le crâne est
plus petit que celui du C. rufus et sa portion antérieure
est moins étroite.
Comparé à un autre crâne, que je crois être celui du
C. nemorivagus, il est plus court et plus large, point
comprimé comme celui dont il est question. Les prolon-
gements frontaux qui supportent les bois sont forts et
assez courts, comme chez le C. mmoravigus ; non grêles
comme chez le C. rufus. La symphyse des frontaux forme-
une ligne élevée dans sa moitié postérieure. L'ouverture
placée entre l'os lacrymal et les nasaux est grande, large
et prolongée en bas à son angle antérieur. On trouve entre
le pariétal et l'occipital un grand os vormien en carré
large (ayant 22 millim. de largeur et 12 de longueur). Les
bois sont courts, presque droits, assez aplatis et dirigés
obliquement en arrière, mais cependant moins incliné»
que chez le C. rufus, car ils ne continuent pas la ligne
du chanfrein, mais se relèvent un peu plus. Ils ne diver-
gent presque pas vers le bout. Leur couronne est très-
forte, renflée, très-noueuse et découpée. Les perches, au
2^8 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. '[Juin 1860.)
contraire, sont lisses, seulement avec quelques arêtes en
dessous. La perche gauche, qui est la seule bien déve-
loppée, est fortement aplatie, presque palmée, et elle émet
au quart de sa longueur à son bord interne un andouiller
aplati, en forme de dent triangulaire, presque perpendi-
culaire à la perche et placé dans le plan des bois [a). La
perche est ensuite légèrement arquée en dedans, tordue,
puis tronquée, et se termine subitement par une palmure
rudimentaire qui regarde en dedans et offre deux saillies,
dans lesquelles on pourrait voir les vestiges d'une bifurca-
tion (b). Immédiatement avant cette terminaison, la perche
émet, par son bord externe, un petit andouiller conique
qui continue la direction de la perche et qui termine le
bois par une pointe (c). La perche droite est anomale; elle
n'est pas aplatie et n'offre que des vestiges d'andouiller ;
c'est une simple dague un peu arquée, aplatie, obtuse et
mamelonnée au bout. Il est probable que l'individu que
nous décrivons n'était arrivé qu'à ses deuxièmes bois.
Peut-être ceux-ci prennent-ils une plus grande empau-
mure près du bout chez les vieux individus ; mais il me
semble assez douteux qu'il puisse en être ainsi, attendu
que la direction presque parallèle des deux perches fait
que les andouillers se rencontreraient s'ils acquéraient
quelque grandeur. C'est peut-être pour cette raison que
l'un des bois est mal développé ; en effet, si le maître
andouiller du bois droit était aussi grand que celui du
gauche, ils se toucheraient par leurs pointes, ou se croi-
seraient même. L'étroitesse de l'espace qui reste entre les
bois fait que, durant la période de croissance, les bran-
ches d'arbre qui s'introduisent entre eux doivent léser
ou détruire facilement la peau de l'un ou de l'autre, ce
qui doit amener l'avortement de l'andouiller de l'un des
côtés.
Longueur totale du crâne 0m,i73
Longueur jusqu'à l'origine des bois 0a,148
Longueur jusqu'à l'angle interne de l'orbite. . . 0m,088
TRAVAUX INEDITS.
249
Distance entre les deux orbites (angle interne). 0œ,0i3
Distance entre les prolongements frontaux . . . 0m,034
Distance entre le bout des deux perches Om,055
Longueur des frontaui 0B,070
Largeur du crâne en arrière des orbites 0,n,060 à 0,061
Longueur des bois 0",i20
Largeur des bois avec l'andouiller inférieur. . . 0m,030
Ce petit Cerf habite le Mexique. Je n'en ai entendu par-
ler que dans la Cordillère, voisine du golfe. Je l'ai vu à
Cordova, et le crâne provient des environs d'Orizaba.
Il appartient, sans doute, à la catégorie des Élaphus
qui ne prennent pas plus d'un ou deux andouillers, mais il
semble former un petit groupe, caractérisé par le fait que
l'andouiller supérieur naît sur le bord externe du mer-
rain (1) et par l'aplatissement palmaire du maître an-
douiller. A en juger d'après (es descriptions, il me semble
se rapprocher beaucoup du C. gymnotis, mais il en diffère
par la forme spéciale des bois, plus aplatis et tout droits,
nullement recourbés en avant.
Ce Cerf ne rentre dans aucun des sous-genres de M. Gray.
Explication de la figure. — Bois gauche du C. toltecus vu com-
plètement par devant et montrant son unique courbure. (Vu de profil,
ce bois paraîtrait tout droit.)
N° 4. Le Tema. — Je dois à l'obligeance de M. Sarto-
rius, planteur au Mirador, près Huatasco (province de
Véra-Cruz), un autre crâne, très-voisin de celui qui vient
d'être décrit (n° 3), mais qui ne porte que de simples
dagues.
Plus tard, des chasseurs de la Cordilière m'en ont pro-
curé un second. Ce crâne peut être celui du Cervus tolte-
cus, jeune d'un an, quoique ses dagues soient parfaitement
droites; mais il ne serait pas impossible qu'il appartînt à
une autre espèce, daguette même à l'état parfaitement
adulte, comme les C. rufus et nemorivagus. Les Indiens
distinguent ce Cerf daguet du précédent, et ils le pren-
nent, à tort ou à raison, pour un autre animal.
(1) Comme chez les C. hippelaphus et Pcronii, mais le maître
andouillcr n'a aucun rapport avec celui de ces espèces.
250 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.)
Les différences que Ton remarque sur son crâne, com-
paré à celui du C. toltecus, sont les suivantes :
Le crâne n° 4 est plus court et plus large. Le front est
bombé et convexe dans ses deux tiers postérieurs, et la
symphyse des frontaux ne forme pas une ligne saillante.
Il n'y a pas d'enfoncement à la partie postérieure du pa-
riétal, et l'on ne voit pas trace de l'os vormien pariéto-
occipital. L'ensemble du crâne est plus court et plus large.
Les crêtes latérales de l'occipital sont moins fortes, etc.
Les prolongements frontaux sont dirigés plus en haut, en
sorte que les dagues sont un peu moins couchées que les
bois du C. toltecus, par conséquent moins aussi que les
dagues du C. rufus. De plus, elles sont très-courtes, nul-
lement divergentes, grosses et fortement noueuses, pres-
que jusqu'au milieu ou même au delà, ensuite fines et
grêles. La grosseur et la nature noueuse de leur moitié
inférieure font qu'il n'y a pas de couronne bien dessinée.
Toutes ces différences rentrent dans celles que produit
l'âge ; mais ce qui me frappe surtout, c'est d'abord la lar-
geur du crâne, puis le fait que les deux têtes du n° 4 sont
parfaitement identiques ; qu'elles n'offrent pas trace du
grand os vormien si net chez le n° 3 (C. toltecus), et enfin
que leurs dents sont plus usées, • ou pour le moins plus
obtuses que celles de ce dernier, tandis que le contraire
devrait avoir lieu si le n° 4 était le jeune du n° 3. L'ouver-
ture lacrymale est plus large chez le n° 4, en forme de tra-
pèze ou de carré arrondi, et son angle antérieur ne se
prolonge pas en bas d'une manière aussi marquée.
Longueur des frontaux. 0m,063
Largeur du crâne derrière les orbites. ...... 0m,060 à 0n,061
Longueur de la tête osseuse 0m,165
Longueur jusqu'à l'angle interne des orbites. 0m,082
Longueur jusqu'à l'origine des bois 0m,140
Longueur des dagues 0m,068 et 0Œ,061
Distance entre l'angle interne des deux or-
bites 0B,040
Distance entre les bouts des deux perches 0B,050
TRAVAUX INÉDITS. 251
Distauce eutre les prolongements frontaux. . . 0B,038
Largeur du crâne aux arcades zygomatiques. 0ffl,081
La largeur du crâne, mesurée derrière les orbites, à
l'origine des bourrelets des prolongements frontaux, est
presque équivalente à la longueur des frontaux, comme le
montrent les mesures qui suivent :
Largeur du crâne immédiatement eu arrière des orbites. 0m,064
Longueur des frontaux O^OôS
tandis que chez le n° 3 ce rapport est comme 6 : 7. (Voyez
les mesures.)
Notre Cerf n° 4 est très-probablement le Temama-
zame (1), aussi nommé Mazatl chichiltic (*2), qu'Hernan-
dez a figuré page 325 de son ouvrage, et qu'il décrit
comme ayant des cornes très-courtes et très-pointues, un
pelage brun fauve, blanchâtre en dessous; en ajoutant
qu'il le classerait plutôt parmi les Chevreuils (3), ainsi que
(1) Ou plutôt le Tema, puisque Mazame, qui forme la seconde
partie du mot, est seulement un nom de famille. Temamazame si-
gnifie le Mazame qui aime à se baigner (Cerf des marais ou aqua-
tique).
(2) Ce qui signifie Cerf rougeâtre.
(3) lnter capreos , cela pourrait devoir être inler capreas,
parmi les Chèvres sauvages (Antilopes). En effet, selon Berlandier, le
Teuhtlamazame serait YAntilocapra americana, Ord. (Baird., R.
R. Rep., 666), ce qui coïncide bien avec la signification du nom
mexicain, dont la traduction serait Mazame des steppes ; donc, évi-
demment, un des Ruminants à corne creuse qui peuplent les prairies
du Mexique septentrional. Rafinesque a même fait du Temamazame
une nouvelle espèce d'Antilope, qu'il décrit ainsi que suit, unique-
ment d'après les quelques mots qu'en a dit Hernandez : Mazama
tema, brun fauve en dessus, blanchâtre en dessous, cornes cylin-
driques, droites et lisses. — Mais il n'est pas douteux qu'il se soit
trompé, attendu que la figure, aussi bien que le second nom de cet
animal, montre suffisamment qu'il s'agit d'un Cerf, le mot mazatl
servant toujours à désigner des Cerfs ou des Chevreuils. Si Hernandez
a voulu classer ce Cerf daguet parmi les Chèvres, c'est sans doute à
cause de la ressemblance de ses dagues avec les cornes des jeuues
Chèvres. Ceci est d'autant plus probable que les Espagnols ont établi
la même comparaison à propos de notre n» 5, qu'ils ont nommé Cerf
corne de Chèvre. Voyez ci-dessous.
252 REV. ET MAC. DE zoologie. (Juin 1S60.)
le Feuhilamazame. Ce dernier est évidemment un Rumi-
nant à cornes creuses; mais le premier ne peut être que
notre daguet, vu l'extrême brièveté de ses cornes.
Si le Cerf dont il vient d'être question était reconnu
comme espèce, je proposerais de lui donner le nom de
Cl Sartorii, en l'honneur de la personne qui m'en a, en
premier lieu, révélé l'existence en m'en donnant le crâne.
N° 5. J'ai encore rencontré au Mexique un Cerf de la
taille du C. meœicanus, ou même plus grand, rougeâtre
en dessus, blanchâtre en dessous, et armé de grandes da-
gues arquées, mais je n'ai pu le voir qu'à la course et n'ai
pu réussir à l'abattre. Au moment où je l'aperçus, je le
pris pour un daguet de Cerf mexicain, mais sa taille
m'ayant frappé, aussi bien que la longueur de ses bois,
j'en parlai aux chasseurs du pays, et j'appris par eux qu'il
ne s'agissait pas d'un jeune Daguet, mais que ce Cerf était
bien connu, et qu'on le désignait du nom de Venado
cuernicabra , ou Chevreuil cornes de Chèvre. On le dit
rare, et l'on prétend qu'il ne prend jamais d'andouiller.
Comme les bois de ce Cerf sont petits et qu'ils par-
lent peu à la vue, on ne les conserve pas pour en faire des
ornements ou des trophées. Aussi le seul débris de cet
animal que j'aie pu me procurer est un bois de droite,
attaché à un morceau du crâne, et qui trahit des diffé-
rences sensibles avec les mêmes pièces du C. meœicanus
encore daguet (1). Ce bois est beaucoup plus long (il me-
sure 0m,200, selon la corde de sa courbure) ; il est très-
divergent, très-arqué, et n'a qu'une seule courbure qui
regarde en haut et en dedans; sa base est très-noueuse, sa
couronne médiocre, et la seconde moitié de la corne est
comprimée, assez épaisse. De plus, ce bois n'est pas grêle,
comme les dagues des jeunes; il a plutôt le caractère de la
vieillesse. Le trou supra-orbitaire est grand, et la fossette
située en arrière du trou est longue et très-profonde, ce
qui semble indiquer un animal vieux. Si cette espèce était
(1) Cette pièce a été déposée au musée de Genève.
TRAVAUX INÉDITS. 523
reconnue, je proposerais qu'on lui appliquât le nom tra-
duit de l'espagnol, de Cervus capricornis.
Peut-être quelques naturalistes voudront-ils voir dans
ce Cerf un état anomal du C. mexicanus. En 'effet, on a
observé, dans les ménageries, quelques cas où le C. virgi-
nianus, arrivé à un âge avancé, reprenait de simples da-
gues, au lieu de bois à andouillers, et Ton suppose que
cette anomalie se produit aussi à l'état sauvage, parce
qu'on a observé, aux États-Unis, de vieux daguets dont
les chasseurs font une espèce, qu'ils désignent sous le nom
de Spring Buck deJersay (1), et qui ne sont probablement
que des individus anomaux du C. virginianus. Il y a donc
une certaine chance pour que notre n° 4 ne soit qu'un
vieux C. mexicanus sur le retour.
La station des Cerfs dans le Mexique est une question
qui n'a pas même été abordée. C'est dans les forêts de la
côte et dans la Cordilière, qui forme le versant oriental
du plateau, que j'ai vu ces animaux le plus communément.
En d'autres termes, ils m'ont paru surtout abondants dans
toute la zone à climat tropical. La Cordilière chaude
nourrit les quatre types mexicains dont il est parlé ci-
dessus; ils habitent les mêmes forêts. Dans la région cô-
tière, je n'ai jamais rencontré que le C. mexicanus bien
caractérisé, mais il est tout à fait probable que les autres
types y vivent également. Le C. mexicanus est si com-
mun dans les forêts de ces contrées, qu'on en voit des
troupes dans presque toutes les clairières un peu isolées.
J'ai aussi rencontré le C. mexicanus au mont Jorullo, dans
une vallée très-chaude, située sur le versant occidental
du plateau, à 25 lieues de l'océan Pacifique. Le plateau
étant un pays nu et sablonneux, les Cerfs n'y ont point
élu domicile, mais on les retrouve dans les collines boi-
sées, situées plus haut encore, et à une altitude de 7 à
9,000 pieds, dans les forêts des conifères qui ombragent
(1) Pucheran, l.c, p. 315.
254 rev. et mag. de zoologie. (Juin 18G0.)
le pied des montagnes élevées. Quoique ayant, à plusieurs
reprises, vu courir ces animaux au milieu des forêts des
grands volcans, je n'ai jamais eu l'occasion d'en abattre
dans ces régions, et comme les habitants du plateau ne sont
pas chasseurs, il ne m'a pas été possible de me procurer
les bois du Cerf des montagnes. Néanmoins je ne mets
pas en doute que celui-ci ne soit le C. mexicanus, car il est
tout à fait probable que des animaux du genre des Cerfs
vivent également bien sur la côte et sur le plateau, et qu'ils
supportent aussi bien le froid que la chaleur. Humboldt
dit, il est vrai, qu'il n'a rencontré les grands Cerfs de l'Amé-
rique du Sud que jusqu'à une altitude de 2,000 pieds (1);
mais il est probablement dans l'erreur, lorsqu'il suppose
que ceux-ci ne s'élèvent pas plus haut, car sous la zone tor-
ride, les régions qui n'ont que 2,000 pieds d'altitude sont
encore tout à fait tropicales et ne modifient en rien les
conditions biologiques des grands animaux. D'ailleurs le
C. mexicanus est une espèce si voisine du C virginianus
(sinon une simple variété de celui-ci), qu'il n'y a rien
d'étonnant à ce qu'il supporte le climat relativement tem-
péré des montagnes du plateau. Toutefois il serait inté-
ressant de bien étudier la question des Cerfs du Mexique
et de leur station, car il pourrait se faire que l'espèce qui
habite les forêts des collines du plateau et des montagnes
froides fut le Cervus virginianm, ou une variété intermé-
diaire entre lui et le mexicanus, qui "fournirait la preuve
de l'identité des deux espèces, et qui expliquerait les dif-
férences de ces deux types par de simples influences lo-
cales et physiques.
Description de nouvelles espèces de Mélanies, par M. A.
Brot, docteur-médecin. — (PI. 16-17.)
Le genre Melania a pris depuis Lamarck, et surtout
dans ces dernières années, une telle extension, qu'il riva-
(1) Tableaux de la nature I. — L'espèce de Cerf en qnestion est
très-problématique.
TRAVAUX INÉDITS. 255
lise presque, pour la richesse, avec le genre Hélix, et, au
lieu d'une douzaine d'espèces (vivantes) qu'il renfermait
dans l'origine, il en compte aujourd'hui plus de 600. Ces
espèces sont malheureusement assez difficiles à obtenir,
au moins des échantillons authentiques, et, d'un autre
côté, les descriptions sont disséminées dans une foule de
publications diverses, revues scientifiques , comptes ren-
dus de sociétés savantes, voyages, etc., qui ne se rencon-
trent pas habituellement dans les bibliothèques particu-
lières. Elles sont, d'ailleurs, généralement très-courtes et,
rarement accompagnées de figures. Il en résulte une très-
grande incertitude dans la détermination, ce dont on peut
aisément se convaincre en visitant les collections publi-
ques et particulières, et il devient assez difficile de déci-
der, dans un cas donné, si une espèce est nouvelle ou
non. Cependant, comme je me suis occupé spécialement
de la famille des Mélaniens de Lamarck, et cela depuis
plusieurs années, et que, outre une collection de plus de
300 espèces de Mélanies proprement dites, j'ai pu réunir
une bibliographie assez étendue, puisqu'elle comprend la
description ou les figures de près de 550 espèces. Je crois
être bien placé pour présenter comme nouvelles les
espèces suivantes. Elles sont, pour la plupart, depuis
longtemps dans ma collection, et je n'ai pu les identifier
avec aucune des espèces qui me sont connues ; elles m'ont
paru, du reste, bien caractérisées, et j'ai d'autant moins
hésité à les faire connaître que je pouvais joindre à ma
description des figures exactes qui seront toujours les bien-
venues dans un genre dont les espèces sont aussi difficiles
à définir d'une manière claire et intelligible.
1. Hippocastànum (pi. 16, fig. 1). Testa turrita, spinosa, subcrassa,
castanea, strato nigro tenui induta, apice truncata.
Anfractus incolumes 6 ; supremi inermes convexi, subsquales ,
sequentes superne angulati, angulo spinis subtriquetris, divergeu-
tibus instructo ( 6 in ultimo anfractu ). Spinae in costas obliquas
deorsum productœ; anfractus omnes lineis spiralibus undulatis,
25G KEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juin 18G0.)
elevatis, cxilissimis, ornati, in basi anfractus ullimis, magts coa-
spicuis, geminatis. Sutura impressa, undulata.
Aperturasubquandrangula, basi late effusa, intus fusca; margo dexter
haud sinuatus, intus leviter crenulatus; columella incrassata,
aJba tortaque. — Opercul. ?
Long., 33mill.; lat., 15 mill.— Apert. long., 13 mill.; lat., 5 1/2 nriill.
— Diamet. truncat., 2 mill. (1).
Patria. — Nouvelle-Calédonie (Petit).
Très -caractérisée par le contraste entre les tours supé-
rieurs, lisses, convexes, subcylindriques, et les suivants
anguleux et épineux. Les épines sont fortes,. pointues,
subtrigones, toutes dirigées régulièrement en dehors, et se
prolongent en côtes saillantes jusqu'à la base du tour. Les
stries décurrentes sont peu apparentes à l'œil nu sur les
tours supérieurs, mais à la base du dernier elles deviennent
très-marquées, et sont accouplées deux à deux. Les épines
se correspondent assez exactement d'un tour à l'autre, ce
qui donne à la coquille l'apparence d'une pyramide hexa-
gonale.
Cette espèce a les plus grands rapports avec le M. Win-
teri. Elle en diffère par la coloration , par la forme
des tours supérieurs qui semblent indiquer dans notre
espèce une spire très-atténuée, enfin par la forme de l'ou-
verture qui est moins allongée, et dont le bord droit ou
de profil est sinué dans le Winteri et parfaitement verti-
cal dans notre espèce. La base de l'ouverture est exacte-
ment la même dans les deux espèces.
2. Chocolatum (fig. 2). Testa elato-turrita, solida, tuberculato-pli-
cata, intense castanea, decollata ; anfractus incolumes 5, convexi,
sutura undulata, impressa divisi ; omnes longitudinaliter plicati,
transversi iuaequaliter et grosse sulcati, superne série uniea tuber-
culorum promincntium ornati.
Apertura ovata, fusca, basi effusa ; margo dexter sinualus, versus
basin late productus, intus crenulatus; columella subrecta, sub-
truncata. — Opercul. ?
(1) Diameler truncalurae. J'entends par là le diamètre de la coquille
à l'endroit où elle est tronquée.
TRAVAUX INEDITS. 257
Long., 27 m.; lat., 13. — Apert. long., 11; lat., 6 m. — Diamot.
truucat., 3 1/2 m.
Patria. — Ceylan (Bcrnardi).
Cette espèce est couverte de grosses cordelettes saillan-
tes, noueuses, au nombre de quatre sur l'avant-dernier tour,
entre lesquelles on en découvre deux ou trois plus fines.
Elles sont croisées par des côtes onduleuses grossières, ce
qui fait paraître la surface tuberculeuse. La seconde des
cordelettes tranverses, à partir du haut des tours, est plus
proéminente, caréniforme et garnie de tubercules accou-
dés très-saillants. Il y a environ dix côtes longitudinales
sur les derniers tours.
Mon ami M. Dohru, auquel j'avais communiqué cette
espèce il y a quelques années, m'écrit qu'il Ta baptisée
M . Brotiy Dohrn., et qu'elle est connue sous ce nom en An-
gleterre depuis trois ans. Cette dénomination, n'étant ap-
puyée par aucune description, ne me paraît pas devoir
être acceptée.
3. Myurus (fig. 3). Testa elato-convexo-turrita, tenuis, spinulosa,
virescens, sparsim et indistincte fusco-maculata, sub strato nigro
tenui adhaerente, apice truncâta.
Anfractus incoluines 7, convexi, superni angulati, supra angulum
concayi ; plicati, plicis rectis, versus basin anfractuum evauidis,
superne ad angulum in spinas brèves, angustas, incurvas, pro-
ductis ; striis spiralibus et incrementi subaequalibus decussatis.
Apertura ovata, intus caerulescens, inferne eflusn. Marge- dexter
superne sinuatus, deinde regulariter convexus, inferne productus.
Columella subtorta , incrassata , alba. Marge- basalis oblique re-
tusus. — Opercul. ?
Long., 25 m.; lat., 9 m. — Apert. long., 10 m.; lat., 4 m.—
Diamet. truncat., 1 1/2 ru.
Patria. — Java (Petit).
Spire élevée, convexe, garnie de plis verticaux termi-
nés par de petites épines recourbées vers la spire, très-
régulières ; environ douze sur l'avant-dernier tour. La
sculpture rappelle la M. spinulosa; elle consiste en des
stries alternantes fines plus développées à la base des
tours. Elles sont en partie masquées par la croûte noire
qui recouvre toute la coquille, sauf le dernier tour. Celui-
2« série, t. xii. Aunée 1860. 17
•258 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.)
ci n'offre que des traces rudimentaires de plis et d'épines,
et des stries fines, irrégulièrement alternantes, croisées par
des stries d'accroissement.
Le M. cochlea, Léa est l'espèce la plus voisine ; elle a
également uue spire élevée, convexe, et des côtes épi-
neuses qui disparaissent sur le dernier tour, mais les côtes
sont obliques, terminées par des épines aiguës. Quant à l'ou-
verture, elle est trop brièvement décrite pour qu'on puisse
établir une comparaison. Cependant, si j'en juge d'après
des échantillons^d'une collection, que je considère comme
étant la M. cochlea, et qui présentent exactement les carac-
tères de la spire indiquée par M. Lea, elle serait toute
différente de la nôtre, analogue à celle de la M. spinulosa,
Lam., subcanaliculée à la base, à columelle droite sub-
tronquée et à bord droit non dilaté inférieurement; tandis
que dans la M. Myurus le bord; droit descend plus bas
que la columelle, et cette dernière est tordue et épaissie,
ce qui rend le bord basai largement échancré et rétréci.
4. Litigiosa ( fig. 4 ). Testa elevato-turrita, clavœfbrmis, solida,
ponderosa, transverse sulcata, olivacea, sub strato nigro.
Anfractus 10 (apex ipse deest), superni planulati, pallidiores,
nonnunquam maculis fusco-rubris seriatim picti ; sequentes sub-
convexi, sulcis spiralibus exarati, ultimus magous inflatus, minus
regulariter sulcato-striatus, striis incrementi variciformibus, irre-
gularibus, distantibus prœditus.
Apertura ovato-acuta, intus caerulesccns , basi effusa; margo
dexter regulariter areuatus, versus basiu sensim productus. Colu-
mella haudtorta, arcuata, iocrassata, alba. — Opercul. ?
Long., 52 m.; lat. 17 m.— Apcrt. long., 18 m.; lat. (intus), 8 m.
Patria. — ?
Les tours supérieurs sont subitement atténués, ce qui
donne à la coquille une forme de massue ; ils sont dépour-
vus d'épiderme, lisses, de couleur claire quelquefois avec
des rangées de points bruns. Les trois tours qui précè-
dent le dernier sont régulièrement et profondément sil-
lonnés de manière à présenter environ six cordelettes
élevées, de largeur égale à celle des sillons qui les sépa-
rent. Sur le dernier tour, les sillons sont beaucoup plus
TRAVAUX INÉDITS. 259
nombreux et moins profonds (environ 28); ils s'étendent
jusqu'à la base ; les stries d'accroissement, invisibles sur les
premiers tours, sont assez fines et serrées sur les suivants,
très-marquées et éloignées sur le dernier, où elles sont la
trace des péristomes successifs de la coquille. L'ouverture
est grande, assez aiguë au sommet. Sur un échantillon
imparfait, les cordelettes saillantes se prolongent jusque
sur le dernier tour et sont élégamment articulées de rouge
brun sur un fond vert olive.
J'ai vu souvent dans la collection cette espèce sous le
nom de M. aculeus, Lea ; mais elle n'appartient pas à ce
groupe, à cause de la forme de sa columelle. Ses proches
voisines sont M. albescens, Lea, et mindorensis, Léa. La
M. albescens, Lea, est à peu près lisse, et sa spire est régu-
lièrement atténuée; son ouverture est beaucoup plus
allongée, plus aiguë au sommet, moins élargie à la base ;
enfin elle est, en général, moins solide. — La M. mindo-
rensis ressemble davantage à notre espèce. Cependant
elle me paraît moins épaisse, moins ventrue au dernier
tour, et elle ne présente, pas plus que la M. albescens, la
spire subitement atténuée, qui donne un faciès particulier
à la M . litigiosa.
5. Semiornata ( fig. 5 ). Testa conico-turrita , subsolida , superne
costata, fusco-comea, nitida, maculis rubris passim et praesertim
ad suturam ornata.
Anfractus 9 (apei ipse deest) convexi, sutura impressa et margi-
nata divisi , superni regulariter costati , liucis impressis', regula-
ribus, crebris decussati, ultimus laevigatus politus.
Apertura ovata, basi latc effusa, intus cajrulesccns, submargari-
tacea; margo dcUcr leviter sinuatus, inferuc late productus; colu-
mella subtorta, alba. — Opercul. ?
Long., 35 in.; lat., 12. — Apert. long», 11 1/2 m.; lat., 7 m.
Patria. — Java (relit).
Cette espèce est remarquable par le poli de son épi-
derme, les côtes élégantes qui ornent ses 6 ou 7 pre-
miers tours , croisées par des stries délicates régulières.
Cette sculpture disparaît vers le dernier tour; les côtes
deviennent d'abord des plis réguliers bornés à la partie
460 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.)
supérieure des tours, puis s'effacent entièrement. Les stries
décurrentes se perdent à l'avant-dernier tour, et le der-
nier tour n'en présente plus qu'une qui borde la suture,
outre quelques lignes très-distinctes autour de la base. Je
ne connais pas d'autre espèce à laquelle je puisse la com-
parer.
6. Dcmorpha ( fig. 6 ). Testa ovato-conica, subsolida, lœvigata, oli-
vacco-viridis , strato nigro tenuissimo obscurata/intus saepius
brunneo-fasciata, apice erosa vel truncata.
Anfractus incolumes 3-4 (circa 4 1/2 in speciminibus integris),
planulati, sutura appressa , filiformis, sublacera, divisi ; ultimus
maguus inferue subangulatus, inflatus, superne subconslrictus.
Apertura magna, ovato-biangulata, intus caerulescens, fasciis
brunneis latis ornata. Margo dexter acutus, haud productus, regu-
lariter arcuatus; columella subrecta incrassata, alba; margo ba-
salis inangulum obtusum productus, subcanaliculatus.
Operculum (6c) ovato-piriforme, profunde intrans, unispiratum,
radiatim striatum, nucleo basali, marginali, sinistro.
Long., 20 m.; lat., 12. — Apert. long., 12 m.; lat., 5 1/2 m.
Patria. — Gabon (Verreaux).
Cette espèce se présente sous deux formes assez diffé-
rentes au premier coup d'oeil, mais inséparables si on les
examine avec attention. J'ai figuré les deux extrêmes.
L'une (6 a) est carrément tronquée à l'extrémité; l'autre
(6 b) est seulement rongée et laisse voir la suture jusqu'au
sommet, de sorte qu'on peut compter les tours au nom-
bre de 4 et 1/2. Ces deux échantillons, qui, vus de face,
paraissent assez différents, présentent, vus de dos, la plus
complète identité pour la forme du dernier tour, la colo-
ration, la nature de l'épiderme. L'opuscule est identique
dans les deux formes. La troncature de la spire n'est donc
ici, comme dans beaucoup d'autres espèces, qu'un cas
accidentel dépendant uniquement des circonstances dans
lesquelles les individus ont vécu.
La M. dimorpha est lisse, et seulement à la loupe on
distingue des lignes spirales excessivement fines et ser-
rées, visibles surtout sur les tours supérieurs, où l'épiderme
est plus à découvert. La base est lisse sans aucune strie
TRAVAUX INÉDITS. 261
crculaire. Le haut des tours est, en général, de couleur
plus claire. L'ouverture laisse voir, à l'intérieur, des fascies
brunes qui n'atteignent pas le bord droit. Il y en a, en
général une large au milieu du tour, une plus étroite près
de l'angle supérieur, et une troisième étroite aussi près
du bord basai. Ces fascies sont quelquefois décomposées
en linéoles fines, quelquefois elles ne sont visibles qu'au
fond de l'ouverture.
La M. dimorpha appartient au groupe de la M. nigri-
tina, Morelet. Elle a tout à fait la même ouverture que cette
espèce ; la forme des tours est analogue, ainsi que les fas-
cies intérieures qui ornent quelquefois la M. nigritina.
L'opercule doit être semblable, à en juger par la descrip-
tion qu'en donne M. Petit dans son journal de conchylio-
logie. Notre espèce diffère par son petit nombre de tours,
ses proportions toutes différentes et son épiderme uni et
non finement granuleux comme dans la M. nigrilina. En
outre, elle ne présente point de traces de lignes saillantes
à la base.
7. Vittata (pi. 17, fig. 7). Testa turrita, elongata, lœvigala, subte-
nuis, brunneo-violacea, sub epidermide olivacea, luto atro tenuis-
simo obscurato.
Anfractus novem (apex ipse deèst) convexi, sutura profunda di-
visi; ultimus ad peripheriam compressus, fascia alba intus con-
spicua ornatus; apertura arapla ovata, basi effusa ; margo deiter
tenuis, inferne late productus; columella alba tortaque. — Oper-
cul. ?
Long., 37; lat., 11m — Apert. long., 11 m.; lat., 7 m.
Patria. — Philippines (Edmuller).
Cette espèce est bien caractérisée par ses tours convexes,
à l'exception du dernier qui est aplati à la périphérie, par
sa columelle très-tordue et la large fascie blanche qui se
trouve au tiers inférieur du dernier tour. Elle paraît lisse
à l'œil nu ; mais vue à la loupe, elle présente quelques li-
gnes imprimées décurrentes, irrégulières, croisées, çàetlà
par des stries d'accroissement simulant une sorte de fron-
262 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jlltn 1860.)
cernent de la surface. Ces lignes disparaissent complète-
ment sur les deux derniers tours.
Par sa forme élevée et sa columelle tordue, elle se rap-
proche du groupe de la M\ aculeus, Léa, et en particulier
de la M. lancea, Léa.
8. Beryllina (pi. 17, tig. 8). Testa turrita-subulata, stria ta, tenuis,
subpellucida, lœte viridis, maculis rubris, raris, indistinctis or-
nata, apice pallida.
Anfractus 12 (apex, ipse deest) convexi, sutura impressa divisi,
striis spiralibus regularibus ornati, superiores longitudinaliter
plieati, plicis versus parteni inferiorem anfraetum evauidis.
Apertura ovata, intus caerulesceus, basi effusa ; margo dexter
siuuatus, ad basin late productus; columella crassa, torta, alba,
— Opercul. ?
Long., 36 m.; lat., 10. — Apcrt. long., 10 m.; lat., 6 m.
Patria. — Pondichéry (Petit).
Cette espèce offre, au premier coup d'oeil, les plus
grands rapports avec la M. tuberculata, Mull. (fasciolala,
Oliv.). Elle a la même forme générale et une sculpture
analogue. Elle s'en distingue par la forme de l'ouverture
très-évasée à la base et la forte torsion de la columelle,
caractères qui semblent la rapprocher plutôt du groupe
de la M. aculeus, Léa ou de la M. lancea, Léa.
Les premiers tours de la coquille sont très-régulièrement
treillissés par des lignes élevées décurrentes et longitudi-
nales qui forment un petit tubercule à leur point de croise-
ment , et laissent entre elles des enfoncements réguliers.
Les stries longitudinales deviennent, sur le cinquième ou
sixième tour, des plis longitudinaux qui n'occupent que
les deux tiers de la hauteur des tours. Les derniers tours
en sont complètement dépourvus et ne présentent plus
que les stries décurrentes et quelques stries d'accroisse-
ment irrégulières.
La coloration de cette coquille est assez spéciale ; elle
est d'un vert qui rappelle la couleur du Béryl.
9. Obscura (pi. 17, fig. 9). Testa turrita, elongata, striata, striis in-
crementi irregularibus decollata, olivacea, sub strato tenui fusco-
ferrtigineo.
TRAVAUX INÉDITS. 263
Anfractus 11 (apex ipsc deest), rapide crescentes, couvexiusculi,
sutura impressa divisi, ultimus basi subangulalus , superui striis
spiralibus elevatis, coufertis oruati, interstitiis sub lente impresso-
puuctatis ; inlermedii striis impressis decrescentibus in ultimo an-
fractus distantibus, basi nullis, ornati.
Apertura ovata basi effusa, intus fuscescens. Margo dexter le-
viter siuuatus, iuferne late produclus. Columella alba, subtorta.—
Opercul. ?
Long., 32 m.; lat., 10 1/2 m. — Apert. long., 10; lat., 5.
Patria. — ? (vend. Landaner).
Le caractère distinctif, de cette espèce consiste dans sa
sculpture. Les tours supérieurs présentent des lignes dé-
currentes, élevées, très-régulières, dont les intervalles sont
très-élégamment guillochés par des stries d'accroissement
bien marquées, simulant des points enfoncés ; sur les
tours suivants, on ne trouve que des lignes imprimées dé-
currentes, serrées, qui, devenant graduellement plus écar-
tées, finissent par n'occuper que le dernier tour et le voi-
sinage de la suture, ce qui donne à cette dernière une
apparence marginée ; la base du dernier tour en est com-
pltéement dépourvue et n'offre que les stries d'accrois-
sement.
La M. luzoniensis, Lea, semble présenter une sculpture
analogue, mais ses dimensions sont différentes. — Cette
espèce, par sa forme subulée et sa columclle peu tordue,
appartient au même groupe que la M. Newcombii, Léa,
avec laquelle elle a quelques rapports de forme générale ;
mais elle en diffère tout à fait par la suture qui n'est pas
canaliculée, par ses tours moins convexes et par sa sculp-
ture.
10. Petechialis (pi. 17, fig. 10). Testa turrita, lœvigata, crassa, oli-
vaceo-lutea, maculis rufo-fuscis irregulariter aspersa, apice trun-
cata. — Anfractus 8 incolumes, subconvexi, sutura appressa sub-
marginate divisi, sub lente striis spiralibus exilissimis, creberrimis,
et striis incremeuti parum conspicuis sculpti, superne ad sutu-
ram tenuissime plicatuli; ultimus iuflatus, ascendens, basi lineis
subimpressis undulatis circa 6 circumdatus.
Apertura ovata, fusco-ferrugiueo-tincta, fauces cajrulcscentes,
maculis fusco-rubris pallesceutibus. Margo dexter inferue oblique
264 rev. et mag. de zoologie. (Juin 1860.)
procédons, incrassatus, augulus superior aperturae perincrassatus,
callosus, anguste canaliculatus; columella incrassata, subtorta, in
margiuem basalem productum angulatim transiens. — Opercul. ?
Long., 46 m.; lat., 17 m.— Apert intus long., 13 m.; lat., 8 1/2 m.
Patria. — ? (vend. Edmuller).
Cette espèce fait évidemment partie du groupe remar-
quable de Mélanies de l'Amérique du Sud, que MM. H. et
A. Adams nomment Donjssa dans leur Gênera, et qui com-
prend les espèces suivantes :
M. atra, Rich.; brevior, Trosch; chlori*, Trosch; rnacaya,
J. Moris; ventricosa, J. Moris; circumsulcata, Hohmackeri,
Phil.; bullata, Léa; tuberculata, Wagn. (?). Ce groupe est
nettement caractérisé par l'épaisseur des bords de l'ouver-
ture, la présence d'une callosité à l'angle droit supérieur
de l'ouverture, la direction ascendante du dernier tour, et
l'angle prononcé que forme la columelle avec le bord ba-
sai avancé. — La M. petechialis est la seule qui soit lisse
dans toute sa surface. M. Hohmackeri, Phil., qui paraît être
très-voisine, en diffère par la présence de seize sillons sur
le dernier tour, la disposition imbriquée des tours, des di-
mensions inférieures, et une ouverture blanche intérieu-
rement.
L'épiderme a un aspect gras qui est dû à la présence de
stries fines et visibles seulement à la loupe.
11. Saussurei (pi. 17, fig. 11). Testa pyraniidata, laevigata, subso-
lida, cornea vel fusco-cornea, strato calcareo praesertim apud api-
cem obtecta. — Anfractus 10 (apex ipse deest) convexi, sutura im-
pressa, undulata divisi, ad partem superiorem plicati et lineis
volventibus, elevatis tribus cincti. Anfractus superiores lœvigati,
ultiraus basi lineis 3 vel 4 parum conspicuis circumdatus ; aper-
tura ovata, basi angulatim producta, intus concolor; margo dexter
subincrassatus, fusco-limbatus, haud sinuatus ; columella torta
violaceo-rubra.
Operculum ovatum, quadrispiratum, spiris rapide crescentibus,
nucleo subcentrali, columellae subapproximato.
Long., 26 m.; lat., 9 m. — Apert. long., 8 m.; lat., 5 m.
Patria. — Mexique, route de Tampico à Mexico, bois du Rio
Grande (de Saussure, mus. Gen.).
Cette espèce a été rapportée par M. de Saussure de son
TRAVAUX INÉDITS. 265
voyage au Mexique. Elle appartient évidemment au groupe
des Pachychilus et se rapproche surtout de la Schicdeana,
Phil. La forme générale et l'ouverture sont identiques;
mais le M. Saussurei est moins solide et présente constam-
ment (sur 20 individus que j'ai pu examiner) ses trois
lignes noduleuses à la partie supérieure des tours, la
partie moyenne et inférieure, ainsi que les quelques pre-
miers tours de spire restant parfaitement lisses. M, plu-
ristrîata Say., également de Mexico, paraît être aussi
très-voisine, mais elle est complètement couverte de lignes
élevées, nombreuses.
La coquille est revêtue d'un encroûtement calcaire gri-
sâtre, qui est particulièrement épais à l'apex, où il forme
un renflement notable (comme cela se voit aussi dans la
M. nigrata, Poey); la spire s'y trouve exactement conser-
vée, mais elle se brise toujours quand on veut la dégager.
Je crois que la coquille intacte aurait 13 tours environ.
La base du dernier tour présente quelquefois une vague
indication de deux ou trois lignes saillantes.
12. Bicolor (pi. 17, fig. 12). Testa turrita, castanea, infra suturam
pallidior, decollata. — Anfractus incolunaes 5, convexiusculi, infra
suturam leviter coarctati, striis incrementi crebris, tenuissimis or-
nati. Specimina juniora, jam decollata, lineas impressas, irregu-
lares, spirales praebens. Sutura canaliculata. — Apertura ovato-
piriformis, basi subeffusa, intus fusca. Margo dexter simplex, ad
basin late subproductus. Columella subtorta, arcuata, pallide
fusca. Margo parietalis in adultis callo nitido caerulescenti obtec-
tus. — Operculum oblongo-piriforme , unispiratum , radiatim
striatum ; nucleus basalis submarginalis siuistrorsus.
Long., 40 m.; lat., 16.— Apert. long., 16 m.; lat., 8 m.— Diamet.
truncat.,6m.
Patria. — Taïti (Petit, coll. mea.).
Je possède de cette espèce une série d'individus de dif-
férents âges, qui tous sont tronqués à l'extrémité. Les plus
jeunes, qui comptent de i à 5 tours (long., 17 m.; larg.,
8 m.; diamètre troncat., 2 m.), présentent tous des stries
décurrentes, imprimées, distantes, plus ou moins régulières,
prononcées. Un échantillon plus grand de 7 tours et 1/2
266 rev. et mag. de zoologie, (Juin 1860.)
(long., 34 m.; larg., 11 m., diam. truncat, 2 m.) est cou-
vert de stries imprimées, distinctes, régulièrement espa-
cées, dans l'intervalle desquelles la surface de la coquille
est comme froncée par places. Tous ont une suture cana-
liculée et une coloration bleu-verdâtre clair. — Les indi-
vidus adultes, tels que celui que j'ai figuré, sont couleur
marron, et présentent quelquefois des lignes imprimées au
tour supérieur, point sur les suivants. Ils portent, le long
de la suture, des érosions semi-lunaires assez particulières.
La coquille est franchement entamée comme avec un em-
porte-pièce , de manière à découvrir une partie du tour
précédent avec son épiderme intact. La cassure est blan-
che. Il y a, à la base , quelques lignes spirales saillantes
très-indistinctes.
Cette espèce, que j'ai rencontrée, dans presque toutes les
collection, sous toutes sortes de noms qui ne peuvent pas
lui convenir, ne me paraît p^s avoir été décrite et surtout
figurée. Elle est très-voisine de »a M. divisa, Phil. [Zeitschr.
Malac, 1851, p. 81). Il ne serait pas impossible que ce
fût la même. Dans ce cas, je crois qu'il faudrait lui réunir
aussi la M. humilis, Phil., décrite immédiatement après.
Les trois espèces ne diffèrent que par la coloration et la
présence ou l'absence des lignes imprimées. Or, comme
on le voit dans ma description, mon espèce en possède
dans le jeune âge et en est dépourvue à l'état adulte.
Depuis que ces lignes ont été écrites, j'ai pu me procu-
rer la description de la M. corporosa, Gould (Proc. Boston
S. N. H. 1847), qui provient également de Taïti. Cette
espèce a les plus grands rapports avec la M. bicolor, et
pourrait bien être la même. Cependant l'auteur ne men-
tionne pas la stricture que présente le haut des tours, et
de plus sa phrase caractéristique renferme les expres-
sions « striis minimis decussata, apertura angusta, colu-
mella albida, sutura marginata, » qui ne paraissent pas
s'accorder avec notre espèce.
13. Cerea fpl. 17, fi£. 13), Testa ovato-turrita, subcrassa, spiuulosa,
TRAVAUX INÉDITS. 2G7
lutesccns. — Anfractus 7 (apex ipsc dccst), sutura profuuda caua-
liculata divisi, supcruc angulali, supra angulum coneavi, iufra
convexiusculi, angulo spinis brcvibus deorsum in costas obliquas
usque ad suturam infcriorera productas, oruati. — Anfractus ul-
timus spinis destitutus, magnus, inflatus, superne ad suturam
constrictus; anfractus omncs spiraliter et inaequaliter striati, lineis
incrcmeuti deaissati.— Apertura elongato-clliptica, basi subcanali-
culata, ad angulum superiorem angustata; margo dexter tcnuis,
superne sinuatus; columella subtruncata, alba, incrassata, sub-
torta. — Opercul. ?
Long., 24 m.; lat., 12 m. — Apert. long., 11 1/2 m.; lat., 6 1/2 m.
Hab. ?
Toute la coquille est couverte de lignes saillantes, ser-
rées, inégales, de sorte qu'il s'en trouve deux ou trois plus
fines entre deux fortes, comme cela s'observe dans presque
toutes les espèces du groupe de la M. spinulosa, Lam. Ces
lignes sont croisées par des stries d'accroissement serrées
de manière à former sur le dernier tour un réseau assez
régulier. Cette espèce ressemble un peu, au premier abord,
à la M. Herklotzi, Petit, mais elle se rapproche réellement
de la M. Scabra, Fér. Elle se distingue également de la
première par des stries serrées, et de la seconde par son
épaisseur plus considérable, sa couleur jaune clair uni-
forme et la forme de sa suture.
COLEOPTERA CHILENSIA A L. FaIRMAIRE et GERMAIN
descripta.
Modialis. — N. G. Rutelidarum, sed Anoplognathis
affine. Caput magnum, clypeo maximo, reflexo, antennis
10 articulatis, 6° et 7° minimis, clava elongata ; scutellum
médiocre; elytra striata, postice deplanata; clava pro-
sterni elongata ; pedes sat elongati, sat graciles.
M. prasinella. — Long., 22 mill. — Oblongo-ovata, antice
attenuata, supra fulvo-virescens, nitida, subtus viridis;
tibiis tarsisque rufis; clypeo antice fere truncato, reflexo;
prothoracc fere laevî, linea média impressa; elytris obso-
lète sulcatis, interstitiis alterne angustis, L'éviter elevatis;
268 REV. ET MAG. DE zoologie. (Juin 1860.)
abdomine vitta marginali aîbido-villosa. — Valdivia.
Lacris. — N. G. Macrophyllis proximum. Caput médio-
cre, clypeo transverso, sat fortiter reflexo, antennis 8 ar-
ticulâtes, 1° magno, 5° brevi, elongato, clava valde elon-
gata, recta ; scuteilum sat magnum ; elytra convexa ; pedes
médiocres ; mento leviter convexo, utrinque valde sul-
cato. — L. dilutipes. — Long., 10 mill. — Supra nigro-
brunnea, nitida, capite prothoraceque metallico-micanti-
bus; subtus brunnea, longe griseo-villosa, antennis, palpis
pedibusque pallide flavo-testaceis. — Chillan.
Tribostethus punctatus. — Long., 17 mill. — Brunneo-
viridi-aeneus, subtus cum antennis pedibusque pallide
castaneo-rufus ; capite prothoraceque grosse punctatis;
scutello dense lanoso ; elytris striatis, interstitiis leviter ru-
goso-punctatis. — Valdivia.
Aphodius fulviventris. — Long., 10 à 11 mill. — Niger,
sat nitidus, elytris sericeis, tenuiter striatis ; abdomine
rufo; capite prothoraceque punctatis, hoc lateribus valde
rotundato et reflexo, angulis posticis obtusis, margine
postico utrinque valde sinuato ; scutello punctato. — Chili.
Anthaxia Paulsenii. — Long., 5 mill. — Cylindro-conica,
cupreo-aenea, parum nitida, variolosa, pilis brevibus sor-
dide vestita ; prothorace antice incrassato, medio subsul-
cato, basi tripunctato ; elytris profunde striato-punctatis,
utrinque vittis 2 luteis, apice conjunctis, apice oblique
truncato. — Santiago.
Adelocera vitticollis. — Long., 15 mill. — Elongata,
subparallela, antennis prothorace haud brevioribus, fusco-
nigra, supra opaca; capite sulcato et prothoracis lateri-
bus cinereo-fulvo-sericeis, angulis posticis rufescentibus;
elytris densissime punctatis ac parce sericeis ; infra punc-
tatissima, nitidior; tarsis rufescentibus. — Conception.
Elater insignitus. — Long., 19 à 20. — Oblongus, ater,
subopacus, grosse punctatus; elytris tenuiter punctatis, ru-
bris macula magna apicali, communi, nigra; prothorace
convexo, antice tantum angustato ; tarsis simplicibus, bre-
TRAVAUX INÉDITS. 269
vibus, unguibus haud serratis; genus dubium, G. Elaleri
facie simile, sed antennis prothorace valde brevioribus,
coxis posticis angustioribus abhorrens. — Santiago.
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
46. Phytœcia grisescens, affiois P. virescenli. Alata, griseo-vires-
cens, punctulata, pilis albidis dense tecta; palpis, mandibulis, la-
bro, oculisquc nigris; antennis corporis longitudine, nigricantibus,
infra cinereis ; thorace antice recto, postice biarcuato et sulcato,
lineis tribus obsolète albidis, média subelevata ; scutello lato, seri-
caute-albido ; elytris planiusculis, unicostatis, intus dcpressis, ad
apicem anguste rotundatis, mas. — L., 11 1/2; 1., 3 m
Très-voisine de la P. virescens, d'un gris lavé de ver-
dàtre, couverte d'une pubescence épaisse en dessous et
sur les côtés et qui, sur le dessus, est abaissée et mélan-
gée de poils noirs, bien moins nombreux et non hérissés
comme on le remarque dans la P. virescens. Tête d'un
gris noirâtre, étroitement sillonnée au milieu. Palpes,
mandibules et yeux noirs ; ceux-ci sont entourés de poils
blancs. Antennes noirâtres sur leur tranche supérieure,
grises en dessous; le 1er article est presque conique, d'un
gris noirâtre un peu métallique pour le fond. Corselet
un peu plus long que large, à peine plus étroit que la tête
en arrière, droit et marginé en avant, légèrement biarqué
et transversalement sillonné en arrière, un peu avancé
en pointe sur l'écusson; côtés modérément arrondis sur le
milieu, trois lignes longitudinales blanchâtres faiblement
indiquées. Médiane élevée. Ecusson grand, presque carré,
d'un blanc soyeux. Elytres une fois 1/2 aussi larges que le
corselet, quatre fois aussi longues, allant en s'amincissant
de l'épaule au sommet; lre saillante, obtusément rectan-
gulaire, 2e étroitement arrondi ; une côte longitudinale
externe, avec toute l'étendue de l'étui depuis cette der-
nière jusqu'à la suture, déprimée. Corps en dessous, et
(1) Voir la Rev. et mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à
389 ; 1860, p. 75 à 82, 128 à 137, 208 à 212.
270 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.)
cuisses d'un blanc gris soyeux. Jambes et tarss noirâtres.
Crochets assez forts, recourbés en dedans, doubles.
Deux mâles m'ont été envoyés par M. L. Lethierry, qui
a trouvé cette espèce dans les environs de Blidah ; elle a
des rapports de forme avec la P. Cobaltina.
47. Pylhœcia cobaltina, alata, sat valida, vage punctata, plumbea,
pube albida brevi, dense aut longiori sparse vestita, palpis, man-
dibulis, oculisque nigris; antennis pedibusque cinereo-nigris ;
thorace subcylindrico, antice recto, posticc biarcuato et transverse
sulcato, pube albaiuduto, in medio longitudinis subcostato; scu-
tello lato albido; elytris planiusculis, parallelis, ad apicera anguste
rotundatis. Fœm. — L., 10; 1., 3 m.
Forme de la P. cylindrica, F., assez forte, d'un noir
bleuâtre plombé, à pubescence cendrée, courte, dense ou
longue, à ponctuation au-dessous de la moyenne, plus ou
moins espacée. Tête assez grande, arrondie, noirâtre, pu-
bescente, vaguement et finement ponctuée, sillonnée au
milieu. Palpes, mandibules, chaperon et yeux noirs; ceux-
ci sont entourés de poils recourbés, blanchâtres. Anten-
nes un peu plus courtes que le corps, noirâtres, recouver-
tes d'un poil court, grisâtre. Corselet à peine plus long que
large, droit en avant, bicintré et transversalement sil-
lonné en arrière, avancé en pointe sur l'écusson, légère-
ment arrondi sur le côté, et coupé en oblique sur sa partie
postérieure , élevé en carène sur le milieu longitudinal ;
sa surface offre une pubescence d'un blanc grisâtre qui
est courbée et assez épaisse, de petits points apparaissent
à travers cette villosité. Ecusson grand, arrondi, blan-
châtre, un peu déprimé et obscur au centre. Elytres plus
larges que le corselet, 3 fois 3/4 aussi longues, planes,
parrallèles, un peu atténuées sur l'extrémité même qui est
arrondie et seule frangée d'une légère bordure blanche.
Corps en dessous et pattes d'un bleu noirâtre et brillant,
à fine pubescente grise; son fond est couvert d'un poin-
tillé serré peu distinctement granuleux , il est un peu
plus fort et plus espacé sur la poitrine. Jambes et tarses
un peu plus obscurs.
TRAVAUX INÉDITS. 271
Une seule femelle m'a été donnée par M. L. Lethierry,
qui a découvert cette espèce aux environs de Bone ; elle
vit sur un Echium.
Observations sur les Busileras ou Fourmis à miel du
Mexique (Myrmecocystus melligcrus) ; par M. H. Lucas,
aide-naturaliste au muséum d'histoire naturelle.
Nous ne recherchons pas avec assez de soin en France,
et généralement en Europe, les ouvrages scientifiques qui
se publient à l'étranger et, par suite, de cette sorte d'in-
différence que je condamne, quoique je m'en reconnaisse
franchement coupable, il nous arrive de signaler des
espèces et même d'établir des coupes génériques avec des
insectes que l'on a déjà décrits longtemps avant nous.
C'est ce qui a lieu pour un genre de Formicide que le sa-
vant M. Wesmaèl a fait connaître, en 1838, sous le nom
de Myrmecocystus mexicanus, et qu'un entomologiste mexi-
cain, le docteur don Pablo de Llave, avait décrite, en
1832, sous celui de Formica melligera. Le titre de l'ou-
vrage dans lequel cette curieuse espèce a été décrite pour
la première fois porte le nom de Registro trimestre o col-
lection de Memorias de Historia litteratura , ciencias y
artes (Mexico 1832). Comme ce travail renferme des obser-
vations très -curieuses sur la Formica melligera, j'ai cru
devoir faire traduire ce mémoire, qui m'a été obligeam-
ment communiqué par M. Salle, afin d'en extraire, pour
la Revue et Magasin de Zoologie, les faits les plus intéres-
sants touchant les mœurs de cette Formicide.
C'est en juillet 1832 que le docteur don Pablo de Llave
publiait son travail, et c'est en octobre de la même année,
c'est-à-dire cinq ans avant la publication de celui de
M. Wesmaël, qu'a paru le mémoire de l'entomologiste
mexicain, ayant pour titre : Sur les Busileras ou Fourmis
mellifères. Le docteur don Pablo de Llave s'exprime ainsi
au sujet de la Formica melligera :
272 REV. ET MAC DE zoologie. (Juin 18G0.)
Ayant entendu dire, il y a quelques années, qu'il existait,
aux environs de Mexico, des Fourmis produisant du miel,
je formai le projet que si ces hyménoptères venaient un
jour à être découverts par moi, j'en ferais le sujet de mes
observations. Ayant acquis un certain goût pour l'histoire
naturelle pendant mon séjour en Europe, je me mis à la
recherche de ces insectes, excité, et par tout ce que j'en
avais entendu dire, et parce qu'il ne me paraissait pas
possible que ces hyménoptères pussent appartenir au
genre Formica.
Une personne habitant la ville de Dolores, observant
parfaitement, et dans les environs de laquelle se trouvent
de ces fourmilières, me dit que, par curiosité, elle avait fait
fouiller quelques-uns de ces nids, que l'on désigne, dans
le pays, sous le nom de Ensileras. Elle m'assura que les
habitants de ces nids étaient une espèce de petite Fourmi
qui ne formait pas un amas de terre à l'entrée de son habi-
tation, et qu'en suivant la mine et en extrayant la terre on
arrive à une espèce de galerie à la voûte de laquelle on
rencontre des Busileras suspendues, serrées les unes contre
les autres, couvrant cette voûte, ainsi que les parois de la
galerie. Elle me dit aussi que les femmes et les enfants de
la campagne connaissent parfaitement ces nids; qu'ils les
recherchent avec soin, dans le but d'en recueillir le miel;
et que si c'était pour faire quelques cadeaux, ils les pre-
naient avec délicatesse, en ayant soin de leur enlever la
tête et le thorax, et les plaçaient ensuite sur une assiette ;
mais que si c'était seulement dans le but de manger le
miel, à mesure qu'ils s'en emparaient, ils en suçaient la
partie sucrée et rejetaient ensuite le reste. En leur enle-
vant la tête et le thorax, c'était, à ce qu'on m'a assuré,
pour empêcher que ces Fourmis ne se blessassent; car,
quoiqu'elles ne puissent plus marcher, à cause du volume
prodigieux de leur abdomen, en les plaçant sur une as-
siette, elles se remuent, s'accrochent les unes aux autres,
se déchirent et finissent ensuite par se dégonfler. En effet,
TRAVAUX INÉDITS. 273
Ja peau de l'abdomen qui lie les segments entre eux est si
mince et surtout si distendue, à cause de la prodigieuse
quantité de miel qu'elle renferme, que la moindre bles-
sure suffit pour les faire dégorger. On ajouta que quand
on ne fait pas cette opération, c'est-à-dire d'enlever la tête
et le thorax, le miel diminue et, comme disent les habi-
tants de la campagne, les Fourmis le mangent.
Un ouvrier de la ville de Dolores, à qui je demandais
des renseignements sur ce sujet, m'a répondu qu'étant en-
fant et se trouvant dans une ferme il se réunissait à d'au-
tres enfants de son âge, et qu'ils s'exerçaient à fouiller les
fourmilières, afin de manger le miel contenu dans l'ab-
domen de ces hyménoptères. Lui ayant fait différentes
questions, je remarquais que ses réponses étaient sembla-
bles, et qu'elles confirmaient toutes les informations que
l'on m'avait données. Cependant, de mon côté, et mal-
gré tous ces renseignements, j'étais plus que jamais con-
vaincu que cet insecte ne pouvait pas appartenir au genre
Formica; car, ce que je trouvais étrange, c'étaient l'obésité
et l'immobilité de ces insectes qui seulement peuvent être
suspendus, anomalie qui ne peut même s'expliquer, en
supposant que ce fussent de vraies Fourmis.
En effet, quand arrive cette replétion énorme? Est-ce
avant de monter sur les parois et à la voûte de la galerie ?
Mais cela ne peut pas être ainsi, parce que le volume de
l'abdomen et sa forme orbiculaire les empêchent de se ser-
vir de leurs organes de la locomotion et leur enlèvent, par
conséquent, tout mouvement. Elles ne montent peut-être,
où elles ne se suspendent, que quand leur abdomen n'est
pas encore très-développé, ce qui leur permet de mar-
cher. Mais alors qui produit cette superabondance de
matière sucrée? Seraient-ce des Pucerons? Mais, en outre
de cela, suivant les informations que j'ai prises, on ne ren-
contre jamais de Pucerons dans les nids. Dans tous les
cas, il se présente toujours une autre difficulté, c'est que
les Fourmis qui se nourrissent de la liqueur sucrée des
2* série, t. xii. Année 1860. 18
274 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, (Juin 1860.)
Pucerons, ce n'est pas parce que ceux-ci viennent cher-
cher la Fourmi pour lui procurer la nourriture, mais, au
contraire, parce que la Fourmi excite le Puceron, par le
mouvement de ses antennes, à laisser couler la liqueur
sucrée. Quelquefois je pensais que les insectes suspendus
aux galeries et à la voûte étaient des femelles à l'état de
gestation, mais des nids ne renfermant que des femelles
et en si grand nombre ne pouvaient pas être une habita-
tion ou un essaim dans lequel les neutres sont ordinaire-
ment en plus grande quantité.
Telle était ma manière de voir au sujet de ces nids,
quand Son Exe. M. le comte del Penasco m'envoya des
Busileras dans l'alcool avec deux individus desséchés con-
tenus dans du coton. On distinguait dans ces flacons des
Busileras à différents états, les unes ayant l'abdomen pro-
portionné au reste du corps et les anneaux s'emboîtant
les uns dans les autres, comme cela a lieu chez les insectes;
d'autres ayant la région abdominale plus renflée et les
segments désemboîtés et distendus ; d'autres encore dans
lesquelles on reconnaissait seulement de petites ceintures,
derniers vestiges des segments; et d'autres enfin qui sont
celles qui se suspendent ayant l'abdomen sphérique, et
sur lequel il ne reste plus aucune trace de segments; dans
cet état, cet organe est transparent comme du cristal, et
à travers la membrane abdominale on ne distingue ni
intestin ni vaisseaux biliaires, sinon une transparence
uniforme. Le liquide contenu dans l'abdomen varie du
blanc cristallin à la couleur du vin de Xérès, et on m'a
assuré que le miel de cette dernière couleur est d'un sucré
net, tandis que dans l'autre on distingue une saveur acide
bien accusée, mais dont je n'ai pu m'assurer, parce
qu'ayant peu d'individus à ma disposition, je n'ai pas
voulu en sacrifier un, et aussi parce que j'étais convaincu
que l'alcool devait altérer ou modifier la saveur du miel.
Un des points sur lequel je désirais me fixer était le genre
auquel appartenait cet insecte, et, malgré ma prévention
TRAVAUX INÉDITS. 275
contraire, il me fut impossible de ne pas le considérer
comme étant une Fourmi.
La grandeur des individus qui sont à l'état normal rap-
pelle celle de la Fourmi loca, ou tient le milieu entre
celles que l'on appelle en terre chaude Formica soldado et
viscochera, c'est-à-dire d'une grandeur moins que moyenne.
Sa couleur dans l'alcool est d'un gris noirâtre. Les yeux
sont petits; les antennes entre les yeux forment une espèce
de coude ou do cassure; de l'angle vers la base, elles
paraissent lisses; mais de là à l'extrémité, elles sont arti-
culées.
L'abdomen est pédicule, de cinq segments et terminé en
pointe. Chez les Busileras que l'on trouve suspendues,
l'abdomen est de plusieurs fois plus grand que la tête
et le thorax réunis. Dans l'alcool, ces Fourmis ressem-
blent à de petites bouteilles dont le goulot serait repré-
senté par la tête et le thorax. L'abdomen est de la gros-
seur d'une groseille ou d'un petit grain de raisin. Je lui ai
donné le nom de Formica melligera.
Pour ce qui reste à résoudre de ce problème entomolo^
gique , il sera nécessaire que d'autres observations le dé-
veloppent, et un des motifs que j'ai eu pour parler de ce
fait, c'est afin d'exciter ceux qui auront l'occasion d'étu-
dier cette espèce à éclaircir son histoire et à faire connaî-
tre les mœurs de cette Formicide, qui mérite, à tous égards,
d'attirer l'attention des entomologistes hyménoptéro-
philes.
Voici l'énumération abrégée des caractères spécifiques
de cette nouvelle espèce de Formicide :
Formica melligera, Llave. — Corpore orizae grano subaequali : ca-
pite, thoracc pedibusque rufidulis, abdomine nigrescenti, aotennis
capiti concoloribus, fractis mcdietate superion articulatis; abdo-
mine in quodam statu, corpore multoties majori, globoso, pellu-
cido, mêle repleto.
Habitat sub terra, ditione Guanajuatcasi, ubi uominc busilera dis-
tinguer, et multis aliis in locis.
Mexico, julio 21 de 1832. — Ll,
276 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Juin 1860.)
Dans la séance du 13 juin 1855, j'ai communiqué à la
Société entomologique (3e série, tom. 3, Bullet. p. liv),
plusieurs individus de cette espèce, et, ne sachant pas
que cette Formicide avait été l'objet d'un mémoire tout
spécial qui a été publié au Mexique dans un journal scien-
tifique, je l'ai rapportée au genre Myrmecocystus de
M. Wesmaël, et, adoptant la dénomination spécifique du
savant entomologiste belge, je l'ai désignée sous le nom
de meœicanus.
Cinq ans après cette communication, notre collègue,
M. Salle, me montra un journal dans lequel se trouvait
décrit le Myrmecocystus meœicanus de M. Wesmaël, et cet
entomologiste voyageur ayant eu la complaisance de me
traduire les principaux passages de ce travail, j'ai cru de-
voir, dans l'intérêt de la science, en donner un extrait à
la Revue et Magasin de Zoologie.
Malheureusement M. le docteur don Pablo de Llave n'a
pas étudié lui-même sur place cette Formica, et tous les
faits que j'ai rapportés touchant les mœurs de cette cu-
rieuse espèce ne proviennent que de renseignements. Ce-
pendant, comme elle est commune et surtout très-connue
des habitants de la campagne, à cause de la quantité de
miel assez grande fournie par l'abdomen de certains indi-
vidus, aucun doute, je crois, ne doit être émis sur la va-
leur des divers faits excessivement intéressants rapportés
par le docteur don Pablo de Llave.
En 1838, M. Wesmaël, bien connu des entomologistes
par ses excellents travaux sur les Hyménoptères, a publié
sur cette Formicide un mémoire ayant pour titre : Sur une
nouvelle espèce de Fourmi du Mexique, travail qui est
accompagné d'une planche.
M. Wesmaël, comme le docteur don Pablo de Llave,
n'a connu que des ouvrières : chez les unes, l'abdomen
était conforme comme d'ordinaire; chez les autres, cette
partie du corps a la forme d'une grosse sphère presque
diaphane, résultant d'une distention énorme de la por-
TRAVAUX INÉDITS. 277
lion membraneuse tics segments, tandis que leur portion
écailleuse restée dans les dimensions normales apparaît
sous forme d'autant de petites bandes transversales brunes
diminuant successivement d'étendue.
D'après la description que je viens de donner, on voit
que M. Wesmaèl a eu à sa disposition des individus nor-
maux et des individus à abdomen excessivement dilaté.
M. de Normann, qui a communiqué ces individus à
M. Wesmaèl, a étudié lui-même cette Fourmi, et il dit
que cette espèce se construit des habitations souterraines,
d'où ne sortent jamais les individus à abdomen vésicu-
leux. Là, condamnés à une immobilité presque complète,
leur unique fonction serait d'élaborer une sorte de miel,
qui serait ensuite dégorgée dans des réservoirs spéciaux
analogues aux alvéoles en cire des abeilles.
Malheureusement M. de Normann n'a pu voir qu'un
fragment de ces espèces de gâteaux et trop déformé pour
qu'il pût s'en faire une idée bien exacte.
D'après ce passage , on voit que M. de Normann a
poussé beaucoup plus loin ses recherches que le doc-
teur don Pablo de Llave; il a observé la construction
de ces singulières habitations, et il est le premier qui ait
signalé des réservoirs rappelant les alvéoles en cire des
abeilles, et dans lesquels est déposé le miel par les ou-
vrières à abdomen vésiculeux. Cette observation, excessi-
vement curieuse, qui vient compléter celles faites par le
docteur don Pablo de Llave, est une conséquence, dit
M. Wesmaèl, presque nécessaire de la conformation de
ces singulières Fourmis. Comment, en effet, supposer les
habitudes actives de leurs congénères, à des individus
dont tous les mouvements seraient entravés par le volume
et le poids de leur abdomen, et qui, à la rencontre des
moindres aspérités, risqueraient d'en déchirer les minces
parois. D'un autre côté, ces Fourmis, en leur qualité d'ou-
vrières, ayant les ovaires oblitérés, le volume de l'abdo-
men ne peut être attribué qu'à un développement excessif
278 rev. et mag. de zoologie. [Juin 1860.)
des organes digestifs qu'il renferme, développement qui
doit avoir sa source dans une surabondance de nourri-
ture apportée à ces Fourmis sédentaires par les autres
ouvrières; or celles-ci ne dépenseraient pas leur temps
et leurs peines à fournir une copieuse quantité d'aliments à
leur compagnes ventrues, s'ils ne devaient pas tourner au
profit de toute la société. Ainsi les individus à abdomen
très - développé ne doivent être considérés en quelque
sorte que comme remplissant les fonctions de nourrices.
On serait assez porté, dit M. Wesmaël, à se demander
si, dans ces populations de Fourmis mexicaines, les indi-
vidus à abdomen développé sont déjà tels au moment oit
ils quittent l'état de nymphe : en l'absence de rensei-
gnements positifs à cet égard, on pourrait croire qu'il ne
serait pas impossible que le développement excessif de
l'abdomen fût uniquement le résultat d'une suralimenta-
tion jointe à une inactivité non interrompue. On sait que,
chez notre propre espèce, certains individus, arrivés à
l'âge où les organes sexuels ont perdu leur activité, ga-
gnent, au sein du repos et de l'abondance, une ampleur
abdominale quelquefois énorme; on sait encore que les
mêmes causes produisent les mêmes effets chez les ani-
maux domestiques que nous engraissons après les avoir
soumis à la castration. Quoi qu'il en soit, il est bon de
remarquer que, chez nos Fourmis, cet abdomen vésiculeux
ne contient aucun organe ; ou plutôt il n'est lui-même
qu'un vaste sac stomacal qui commence au second seg-
ment et se termine à la partie anale.
Chez celles de ces Fourmis dont l'abdomen est intact,
et que je n'ai pu observer, n'en ayant pas eu à ma dispo-
sition, on aperçoit, dans l'intérieur, une matière solide,
qui y change de place selon la position de l'abdomen, de
manière à en occuper toujours la partie la plus déclive.
C'est une substance pulvérulente, d'un gris blanchâtre,
que l'alcool n'a pu dissoudre ou qu'il aura précipitée. Ne
connaissant ni les mâles ni les femelles de ces Fourmis, on
TRAVAUX INÉDITS. 279
ne peut fixer que d'une manière bien incomplète les ca-
ractères de l'espèce. Cependant les dimensions et la
forme des palpes maxillaires, qui sont au moins aussi
longs que la tête, avec le troisième et le quatrième arti-
cle, très-allongés et arqués, sont des caractères qui les
éloignent du genre Formica proprement dit de Latreille,
et si, à cette considération on joint celle de l'état vésicu-
leux de l'abdomen chez certains individus, on comprend
que M. Wesmaël a eu raison de créer avec ces singulières
Fourmis une nouvelle coupe générique qu'il a désignée
sous le nom de Myrmecocystus.
Je propose donc, pour ce genre, qui doit être adopté,
la synonymie chronologique suivante au sujet de l'unique
espèce représentant cette remarquable coupe générique.
Genus Myrmecocystus , Wesmaël , Bullet. de VÂcad.
roy. des se. et belles-lettres de Bruxelles, tome V, p. 770
(1838).
Palpi maxillares capite toto fere lingiores, subsetacei, hirti, articule
tertio et quarto praelongis, arcuatis; abdomen operariorum quo-
rumdam maximum, globosum, pcllucidum.
Myrmecocystus [Formica) melligerus, Llave, colleccion
de Memorias de Hist. litt., cienc. y art., n° 4, p. 463 (octo-
bre 1832).
Myrmecocystus mexicanus, Wesmaël, Bullet. de VAcad.
roy. des se. et belles-lettres de Bruxelles, tome V, p., 770,
pi. 19, fig. 1 à 4 (1838). Lucas, Ànn. de la Société entom.,
3e série, tom. III, Bullet., p. lix(1855).
M. testaceus, fronte vertice et thoracis dorso plus minus fuscis.
Individua agilia, vagabunda.
Longit. 7 mill.
Abdomine sericeo-fusco, corneo, forma et magnitudine normalibus.
Individua inertia, reclusa.
Longit., 13 mill.; lat., 8 mill.
Abdomine maximo, globoso, membranaceo, pellucido, albido, basi et
ano, fasciisque tribus dorsalibus valde remotis corneis, totidern-
. que ventralibus, fuscis.
Les individus neutres qui m'ont servi à faire ces di-
verses observations appartiennent aux riches collections
280 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Jllin 1860.)
entomologiques du muséum. Au Mexique, où cette espèce
a été rencontrée par M. Dugès , ces singuliers hymé-
noptères sont désignés sous les noms de Fourmis à miel
(Hormigas mieleras), ou à poche [Mochileras). Le miel con-
tenu dans l'abdomen de ces Fourmis, et qui doit leur être
apporté par des individus neutres, agiles, est assez agréa-
ble. Elles vivent dans la terre et habitent les environs de
Guanajuato.
Oiseaux de la Nouvelle-Calédonie ; espèces nouvelles
décrites par MM. J. Verre aux et O. des Murs.
1. Cyanoramphus Saisseti. — 2. Trichoglossus Deplanchii.
— 3. Eopsaltria flavigastra. — 4. Pachycephala Morariensis.
— 5. Pachycephala assimilis. — 6. Campephaga analis. —
7. Lalage Montrosieri. — 8. Leptornis Aubryanus. — 9. Gai-
lirallus Lafresnayanus. — 10. Rhynochetos jubatus.
•Genre nouveau d'Ardéidé.
Nous donnerons les diagnoses et les descriptions de ces
espèces dans le numéro prochain.
TABLE DES MATIERES.
Ta
S'-
il, de Saussure. — - Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 241
A. Brot. — Description de nouvelles espèces de Mélanies. 254
L. Fairmaire et Germain. — Coleoptera chîlensia. 267
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 269
H. Lucas. — Observations sur les Busileras ou Fourmis à miel
du Mexique. 271
PARIS. — UIP. DE M™ Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — JUILLET 1860,
I. TRAVAUX INÉDITS.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Cinquième article. (Voir p. 241.)
Famille des Vespertilionides.
Tribu des Vespertilioniens (1).
Pouce libre, queue longue, enveloppée jusqu'au bout,
ou dépassant à peine la membrane fémorale.
Genre Vespertilio, Lin.
L'espèce qui suit, envisagée d'après ses parties molles,
rentrerait bien dans le sous-genre Vesperugo, Kaiserl.
et Blas., caractérisé comme suit :
Bord inférieur de l'oreille prolongé en avant jusqu'au delà
de l'oreillon ; bord supérieur bifurqué à sa base , le feuillet
interne se dirigeant vers Vœil. Le dernier article rudimentaire
de la queue seul libre. Plante des pieds ridée, dépourvue de
bourrelets.
Mais son système dentaire le classe dans les Vesperti-
lions murinoïdes, Fr. Cuv., qui sont caractérisés par la
présence de 38 dents ; peut-être faudrait-il le placer dans
le sous-genre Myotis, Kamp. Gerv., auquel il serait bon
de conserver le nom de genre Vespertilio, car ce nom a
fini par être totalement banni de la tribu.
Le système dentaire de notre espèce se formule ainsi
(1) Comprenant les Nycticiens et les Vespertilionins de M. Ger-
vais. Les premiers ne se distinguent des seconds que par le fait qu'ils
ne possèdent que deux incisives supérieures au lien de quatre ; mais,
chez certains Phyllostimidesy on observe le même fait lors de la
seconde dentition, où ces très-petites incisives latérales supérieures
tombent ou sont expulsées par les grandes médianes.
2e SKiiiE. t. m. Année 1860. 19
282 rev. et mag. de zoologie. [Juillet, 18C0.)
que suit : 38 dents. Incisives, f-f ; prémolaires, f-f; mo-
laires, H . En haut et en bas, les deux premières prémo-
laires sont rudimentaires ; la troisième est longue et poin-
tue, surtout en haut. — Le crâne est court, moins large
entre les canines qu'entre les orbites.
Le sous-genre se subdivise, à son tour, en deux sections
de la manière suivante :
1 . Tragus élargi ; membranes des ailes s' étendant jusqu' au
tarse, densément poilues en dessous.
2. Tragus étroit; ailes larges, nues en dessous, s' étendant
jusquà la base des orteils. — C'est dans cette section que
vient se placer le Vesperlilion qui suit :
V. mexjcanus. Parvulus ; supra fusco-auratus, subtus albido-cine-
rascens; auricula; ovatae, elongatœ, apice subangustœ; margine
externo supra recto, subtus incurvo, in basi in lobum crassum, os
versus productum; antitragus elongatus, apice linearis; cauda
11-articulata.
Tête assez aplatie. Narines regardant latéralement.
Oreilles grandes, assez étroites et longues , mesurant
0m,011 à leur face postérieure, presque égales aux 3/4 de
la longueur de la tête ; de forme ovoïde ; leur bout ar-
rondi, mais étroit, offrant au bord externe, avant l'arron-
dissement terminal , un vestige d'échancrure. L'angle
inférieur du bord interne, formant un lobe subaigu, mais
arrondi au bout et séparé du repli qui va s'insérer au-
dessus de l'œil. Le bord externe, presque droit dans sa
moitié supérieure, devenant plus convexe dans l'infé-
rieure ; — au bas, il est séparé par une fissure d'un lobule
épais (antitragus), qui s'étend vers la bouche et qui passe
au-dessous de l'oreille. On voit parallèlement au bord
externe de l'oreille un pli fibreux, et le pavillon offre des
stries transversales. L'oreillon a 6-6 1/2 millim. de lon-
gueur; il est très-grêle, long et très-étroit, et il s'élève
jusqu'au milieu de la hauteur du pavillon ; son bord in-
terne est droit ; l'externe est convexe et porte deux petites
crénelures vers le bas ; le tiers supérieur de l'oreillon est
TRAVAUX INÉDITS. 283
en forme de lanière. La queue se compose de onze vertè-
bres, les deux dernières étant rudimentaires. L'aile s'in-
sère à la base des orteils. La couleur du pelage est peu
distincte (l'individu ayant séjourné longtemps dans l'al-
cool) ; elle paraît être, en dessus, d'un brun doré ; les poils
étant bruns à la base, d'un brun plus fauve dans le reste
de leur étendue ; en dessous, grisâtre ou pâle ; les poils
étant gris foncé, presque noirâtres à la base, blanchâ-
tres dans leur quart ou leur tiers terminal.
Longueur du corps et de la tête étendue O^.OSO
Longueur jusqu'au sommet de la tête 0",140
Longueur de la tête 0m,014
Longueur de l'avant-bras 0m,033
Longueur de la queue 0m,033
Longueur de l'éperon 0m,015
Habite les parties chaudes du Mexique. J'ai pris ce Ves-
pertilion dans les terres chaudes de la province de Mexico.
Tribu des Molossiens.
Queue dépassant de beaucoup la membrane interfémo-
rale.
Genre Molossus, Geoffr.
On a classé les espèces de ce vaste genre en deux caté-
gories, selon que les oreilles sont ou non réunies sur le
vertex. Mais le système dentaire permet aussi d'y établir
deux divisions, et j'ignore si celles-ci correspondent à
celles auxquelles donne lieu le plus ou moins grand déve-
loppement des oreilles (1).
Ire division. — Nictinomus. Prémolaires, f-f-; molaires,
r-f • (Museau large, lèvres renflées; oreilles très-grandes ,
soudées ensemble sur le milieu de la tête.)
M. mexicanus. (PI. 15. fig, 2, 2a.) Supra fuscus, subtus fusco-cine-
rascens; auriculae magnae, nasum superantes, in vertice subsepa-
ratae. Caudae longitudo, 13 1/3 lin.; pars libéra, 5 1/2 lin.
Oreilles grandes, dépassant le nez d'un millimètre lors-
(1) Pendant que cette note était sous presse, j'ai pu consulter le
beau travail de M. Gervais sur les Chéiroptères américains (voyage
de Castelnau). — Cette division correspond parfaitement à son genre
yyciinomus.
284 rev. et mag. de zoologie. {Juillet 1860.)
qu'on les renverse en avant, très-larges, plus ou moins
carrées, quoique très-largement arrondies, offrant en ar-
rière de l'œil une forte crête verticale qui se termine par
une ligne arquée, laquelle va rejoindre le bord supérieur.
En dedans de cette crête, le pavillon se prolonge jusque
sur la base du nez et du front, où il se soude à son con-
génère en dessinant une forte échancrure, de sorte que,
vues par devant, les oreilles n'ont pas l'air d'être soudées,
tandis que, vues par derrière, elles le sont d'une manière
évidente. Bord inférieur des oreilles très-développé, garni
de replis de la peau et se prolongeant presque jusqu'à
l'angle de la bouche. Nez assez large, à narines latérales.
Lèvre supérieure plissée en zigzag. Oreillon tronqué car-
rément, quadrangulaire. Membrane fémorale et pieds lon-
guement velus ; ces derniers surtout, laineux et garnis de
longs poils gris, ayant une forme large et courte. Éperons
larges et très-longs, occupant presque les trois quarts du
bord inférieur de chaque moitié de la membrane fémo-
rale. Aile s'insérant à 2 ou 3 millimètres au-dessus du
tarse, en devant du tibia. Queue enveloppée dans ses cinq
premières vertèbres, libre dans ses cinq dernières (la cin-
quième rudimentaire). Couleur, en dessus, d'un brun uni-
forme ; en dessous, cendré brunâtre. Les poils sont de
couleur uniforme dans toute leur étendue, assez longs et
bien fournis. Chez ce Molosse, le crâne est assez allongé;
sa partie faciale est aplatie, dépourvue de crête, et offre
même un enfoncement longitudinal. La première prémo-
laire supérieure est rudimentaire ; la deuxième est très-
longue, grande, et offre un fort talon ; la première infé-
rieure est plus petite que la seconde.
Longueur du corps et de la tête étendue .... 0m,060
Longueur des oreilles à leur face externe. . 0m,012
Largeur des mêmes 0m,014
Longueur de l'avant-bras 0œ,041-42
Longueur de la queue 0m,031
Longueur de sa portion libre 0m,0125
Longueur de l'éperon 0,n,014
TRAVAUX INÉDITS. 285
Habite le plateau du Mexique et les hautes montagnes.
J'en ai tué un individu sur le Coffre de Perote, à 13,000 pieds
d'altitude; d'autres individus ont été pris à Ameca, au
pied du Popocatepetl, à une altitude de 8,500 pieds.
Un très-jeune individu n'a pas de poil au corps ; ses
membres sont courts et trapus ; les pieds sont plus gros
que chez l'adulte.
IIe division. — Molossus. Prémolaires, ~~\ molaires,
-*—*. (Lèvres peu renflées, museau triangulaire, oreilles sépa-
rées et médiocres.)
M. aztecus. (PL 15, fig. 3, 3a.) Supra obscure fuscus, subtuspal-
lidior; auricuJae triangulares, médiocres, ia fronte coutiguae at
non continuai, antitrago quadrato, maximo, trago minimo, vix.
distincto; os haud incrassatum ; cauda elongata, in dimidia libéra.
Oreilles assez petites, beaucoup moins grandes que chez
le D. mexicanus, à peu près triangulaires, quoique arron-
dies au sommet, arrivant jusque sur la ligne médiane,
mais ne se soudant pas. Leur pli intérieur, très-prononcé,
offrant au bas, à l'entrée du méat, un très-petit lobule
étroit qui représente le tragus. Le pavillon ne se prolon-
geant pas, au bas, vers la bouche, mais venant se souder
à la base d'un grand lobe quadrangulaire, qui forme l'an-
titragus, tout en ayant la forme du tragus du D. mexica-
nus. Museau petit, triangulaire, n'offrant pas d'épaissis-
sèment prononcé, n'étant pas large; lèvres peu char-
nues, point prolongées en bas. Avant-bras très-arqué.
Ailes très-grêles, poilues en dessous, autour du corps, et
parallèlement à l'avant-bras, mais la zone poilue séparée
de l'avant-bras par une bande glabre. Queue longue et
forte, enveloppée dans sa première moitié, libre dans la
seconde. Aile s'insérant le long du tibia, et ne s'en sépa-
rant guère qu'au milieu de ce dernier.
Le pelage est en dessus d'un brun marron foncé; en
dessous, d'un gris brunâtre. Les poils sont plus pâles à la
base qu'au bout. Comparée au D. mexicanus, cette espèce
est notablement plus foncée.
286 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
Longueur du corps et de la tète , 0m,065
Longueur de la queue 0m,037
Longueur de l'avant-bras 0,n,036
Hauteur des oreilles mesurées par derrière. 0m,008
Habite le plateau du Mexique. Tué à Amecameca , au
pied du Popocatepetl.
Ce Molosse est plus grand de corps que le Mexicanus,
mais ses oreilles sont bien plus petites, son avant-bras
plus court, etc.
Le crâne est plus étroit entre les orbites que la dis-
tance qui sépare le bord externe des deux canines supé-
rieures; sa partie faciale est obtuse, et porte entre les
orbites une crête qui se prolonge sur le front.
Tribu des Noctilioniens.
Membrane interfémorale grande, dépassant la queue ;
l'extrémité de celle-ci libre, reposant sur la membrane
interfémorale. Pouce enveloppé à la base.
Cette tribu comprend les tribus des Noctilionins et des
Emballonurins de M. Gervais , auxquels il faut ajouter le
groupe des Mormopsins. La réunion de ces trois types
forme un groupe naturel (1) qu'il me paraît utile de con-
server.
Sous -tribu des Mormopsins.
Face couverte de nombreux replis membraneux. Mo-
laires offrant des replis d'émail en forme de W. Mem-
brane interfémorale très-grande. Queue longue, envelop-
pée, supère à l'extrémité, et de beaucoup dépassée par la
membrane interfémorale.
Genre Mormops, Leach.
Formes grêles ; pattes postérieures très-longues, enfer-
mant une membrane interfémorale très-grande (2). Tête
(1) 11 le serait encore plus sans la nécessité d'y faire rentrer les gen-
res Mormops et Chilonycteris, qui ont la queue disposée de la même
manière et qui, à cause de cela, ne peuvent figurer que dans cette
tribu.
(2) Lorsque les membranes sont étendues, l'étroitesse des ailes et
TRAVAUX INÉDITS. 287
grosse et globuleuse, portant, en dessus, des replis mem-
braneux, appliqués et poilus ; au menton, un écusson ver-
ruqueux, et, dessous, d'autres replis nombreux et compli-
qués. Oreilles assez courtes, mais à très-grande ouverture ;
oreillon épais et difforme. Ailes insérées au tibia et sur
l'éperon. (PI. 15, fig. 5.)
Jusqu'à présent, le genre Mormops n'a pu être classé
avec précision, et cela tient à ce qu'il est un de ces types
intermédiaires qui servent de lien entre plusieurs groupes,
plutôt qu'ils ne rentrent bien dans aucun d'eux.
Après l'excellent travail que Peters a fourni sur ce
genre, il serait superflu d'en donner une description dé-
taillée ; mais comme les conclusions que nous déduisons
de l'examen de nos individus ne s'accordent pas avec les
siennes, il est nécessaire de reprendre brièvement la dis-
cussion des caractères, dans le but d'établir les affinités
naturelles de ces animaux.
L'auteur allemand cherche surtout à établir que les
replis membraneux de la face des Mormops sont l'analo-
gue de la feuille nasale des Phyllostomes, et il compare
les autres caractères pour montrer que ceux-ci ne sont
point en désaccord avec ceux de ces animaux. — Les
dents des Mormops ont la plus grande analogie avec celles
des Chilonycteris (genre que je ne connais pas) , et l'émail
en forme de W des grandes molaires rappelle un peu
celles des Noctilio. Le crâne ne ressemble point à celui
des Taphozous et des Emballonura, types dont on avait
rapproché les Mormops ; mais il rappelle, au contraire,
celui des Phyllostomes, des Chilonycteris et des Noctilio
par son os incisif, qui est soudé aux maxillaires, etc. La
face très-courte, le front élevé subitement, presque à an-
gle droit , le crâne globuleux et séparé de la face par une
fossette, ainsi que la forme des arcades zygomatiques, rat-
la longue saillie de la membrane interfémorale donnent à l'animal
une ligure tout exceptionnelle; le patagium caudal ressemble presque
à une large queue d'oiseau.
288 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
tachent encore les Mormops aux Chilonycteris. Le reste du
squelette, en particulier la largeur des côtes, rapproche-
rait ce type des Phyllostomes, quoiqu'il offre cependant
quelques rapports avec celui des Noctilio. La langue est,
comme chez les Phyllostomes, verruqueuse et garnie de
papilles découpées, qui se terminent par deux ou trois
pointes. Les organes respiratoires rappellent, d'une part,
ceux des Chilonycteris par la structure de la trachée-ar-
tère, dont les anneaux intermédiaires sont soudés en-
semble postérieurement, tandis que les inférieurs sont
incomplets en arrière ; d'autre part, ceux des Phyllostoma,
par la segmentation du poumon droit en quatre lobes.
L'auteur conclut de ses recherches que le genre Mor-
mops ne peut continuer à figurer dans la famille des
Vespertilionides (Gymnorina), mais qu'il doit être classé,
ainsi que le genre Chilonycteris, son proche parent, dans
la famille des Phyllostomides, et former un petit groupe
sous le nom de Mormopina. Ce groupe serait une subdi-
vision des Vampiriens ( Phyllostomes dont les molaires
offrent un double repli en émail qui ressemble à un W), et
il formerait la transition aux Desmodus et aux Brachy-
phyllum.
Il ne nous est pas possible d'adopter ces conclusions,
basées surtout sur le fait que M. Peters considère les re-
plis membraneux de la face comme l'équivalent de la
feuille nasale des Phyllostomides, en supposant que cette
feuille est ici partagée par le milieu. En effet, ces replis
ne sont pas nus et glanduleux comme chez les Phyllo-
stomes, mais couverts de longs poils, et ils s'appliquent
sur la tête de façon à tapisser et à couvrir de poils la par-
tie supérieure de la face, qui est nue. Ils présentent, il est
vrai, la tendance à former une feuille nasale; mais il ne
s'agit encore que d'une tendance à cela, en sorte que,
sous ce point de vue, les Mormops ne sont que des Ves-
pertilionides, commençant à offrir les caractères des Phyl-
ostomides.
TRAVAUX INÉDITS. 280
Pour ce qui concerne le crâne, je trouve que celui-ci
est bien plutôt un crâne de Vespertilion ou de Molosse
que de Vampire, vu la brièveté du museau, le relèvement
du front et l'aplatissement de sa partie maxillaire; mais
les formes du crâne sont très variables et peu propres à
fournir des caractères précis. Quant aux dents, je ne puis
m'empècher de penser que M. Peters ne se soit tout à fait
mépris. Les dents des Mormops n'appartiennent nulle-
ment au type des Phyllostomes. Ces derniers ont toujours
des dents assez fortes et médiocrement aiguës (sauf chez
les Glossophages), tandis que chez les Vespertilionides elles
sont très-aiguës et plus insectivores. Or, chez les Mormops,
le faciès des dents est tout à fait celui des dents des Ves-
pertilionides. Ainsi les canines sont arquées plutôt au
dehors qu'au dedans et ont une forme tout épineuse que
n'offrent pas les Phyllostomes. On trouve, de plus, chez
les Mormops, le vide entre la canine supérieure et l'inci-
sive latérale où vient se loger la canine inférieure, ce qui
est un caractère de Vespertilionide, jamais de Phyllosto-
mide. Enfin l'émail des molaires, disposé en forme de W,
que l'auteur allemand invoque comme ressemblant à une
disposition analogue chez les Vampires, est encore un ca-
ractère de Vespertilionide ; il se retrouve dans presque
tous les genres de cette famille, tandis qu'il ne se rencon-
tre presque que comme une exception dans la famille des
Phyllostomides, qui est beaucoup moins insectivore que
celle des Vespertilionides, plus frugivore, donc moins
sujette à offrir des dents hérissées de pointes compliquées.
Les membranes compliquées de la face ne sont pas un
caractère suffisant pour conclure à l'intime parenté des
Mormops et des Phyllostomides, car on rencontre des
feuilles nasales chez les Rhinolophides (Megaderma), tan-
dis qu'on les voit manquer chez certains Phyllostomides
(Desmodus); enfin les Molosses, les Nocti lions , etc.,
offrent, parmi les Vespertilionides, des bourrelets faciaux
et un développement des membranes auriculaires, qui
290 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [JuilM 1860.)
indiquent une tendance à cette complication de la face
que les Phyllostomides offrent à un si haut degré.
On peut ajouter que le troisième doigt de la main n'of-
fre, chez les Mormops, que trois phalanges, comme chez
les Vespertilionides, non quatre, comme chez tous les
Phyllostomides, et que la quQue, libre au bout, quoique
dépassée par la membrane interfémorale, est un indice
tout naturel que ce genre appartient à la tribu des Nocti-
lioniens, ce qui est complètement confirmé par l'analogie
du système dentaire avec celui du genre Noctilio.
Il nous semble donc 1° que sortir le genre Mormops de
la famille des Vespertilionides, c'est aller contre tous ses
caractères, malgré des affinités évidentes ; 2° que le réu-
nir à celle des Phyllostomides, c'est décaractériser entiè-
rement cette dernière, en y introduisant un élément
étranger.
Nous pensons donc que les genres Mormops et Chilo-
nycteris doivent former un petit groupe dans la famille
des Vespertilionides, groupe qui sert de transition aux
Phyllostomides, mais tout en restant du côté des Vesper-
tilionides. On pourrait, à la rigueur, en former une tribu
séparée, mais la tribu des Noctilioniens est si bien indi-
quée par le caractère commun à tous ses représentants de
l'extrémité de la queue libre et reposant sur la membrane
interfémorale, qu'on éprouve quelque répugnance à la
partager.
Mormops Blainvillii , Leach, Tram. Lin. Soc, XIII, 77,
tb. 7. — Peters, Àbhandl. de K. Acad. de W. z. Berlin,
1857, 287, tb. /. (PI. 15, f. 5.)
Formes grêles, élancées ; pattes postérieures très-lon-
gues et grêles ; les cuisses surtout, qui sont aussi longues
que les tibias. Membrane fémorale très-grande, soutenue
par de très-grands éperons. Queue atteignant le milieu
de cette membrane ; son petit bout, composé de trois ver-
tèbres rudimentaires, libre en dessus; la partie envelop-
pée, composée de cinq vertèbres. Corps grêle. Tête glo-
TRAVAUX INÉDITS. 291
buleuse. Poils très-longs et très-abondants, d'un brun-
bai uniforme, soyeux et couchés, point laineux ; ceux du
dos ayant la pointe brune. Membranes brunes, longue-
ment et abondamment poilues le long des flancs, à la face
inférieure. Le bas de l'aile, enveloppant le bas du tibia,
et venant s'insérer le long de l'éperon jusqu'au milieu de
sa longueur. — Les lèvres supérieures sont bordées de
poils très-longs qui forment comme des moustaches, les-
quelles vont en augmentant de longueur du nez à l'angle
de la bouche, où elles se terminent par une espèce de
pinceau. Les membranes très-compliquées de la tête exi-
gent une description spéciale, car elles sont si fortement
garnies et bordées de longs poils, qu'elles disparaissent
chez les individus desséchés, et la tête est si poilue, tant
en dessus qu'en dessous, qu'on a souvent peine à les
retrouver.
Ces replis nombreux de la ligure correspondent, chez
nos individus, assez exactement à ceux que Peters a figu-
rés. Les oreilles sont très-larges, mais le pavillon est court;
il se prolonge sous la forme d'un large repli qui contourne
la joue en dessous et qui gagne l'angle de la bouche, pour
se continuer ensuite le long de la lèvre supérieure. Sous
l'œil, il donne naissance à un lobe prononcé qui corres-
pond à l'antitragus. Son bord est tellement enfermé dans
les poils qui le garnissent, que sa forme est difficile à sai-
sir. Le bord supérieur interne du pavillon est échancré,
de façon à dessiner un petit lobe ; un peu plus bas il offre
une seconde échancrure, qui est suivie d'un grand lobe
très-poilu, soudé au pavillon, et qui se continue sous la
forme d'un feuillet oblique jusqu'à la base du nez. Mais,
avant de l'atteindre, il forme un lobule transversal qui
s'en détache à moitié, et qui se trouve juxtaposé au lobule
symétrique situé de l'autre côté de la face. Les sinuosités
de cette membrane affectent quelquefois l'apparence trom-
peuse de plusieurs crêtes successives. On voit encore
dans le pavillon de l'oreille un pli oblique qui part de
292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1860.)
l'angle supérieur interne de ce dernier, et qui se dirige
vers le tragus, mais sans l'atteindre; cette membrane est
presque nue. L'oreillon est très-compliqué : étroit à sa
base, puis très-dilaté ; il se termine par trois lobes, dont
l'antérieur petit; le mitoyen plus grand, obtus ; le posté-
rieur allongé (plus que sur la figure citée). Ces lobes ne
sont pas placés tout à fait dans le même plan. Le pavillon
des oreilles est passablement nu, ou garni de poils ras,
ainsi que l'espace situé en arrière de l'œil, et que l'oreille
peut recouvrir ; mais la face externe des oreilles, sauf leur
extrémité supérieure, et les membranes, sont longuement
poilues, littéralement cachées sous les poils qui y adhè-
rent. Les deux prolongements membraneux qui partent
des oreilles, et qui s'étendent jusqu'à la base du nez, peu-
vent ou se relever ou se coucher, et s'appliquer sur la face
supérieure de la tête; en se couchant, ils se touchent par
leur bord interne (ou supérieur). La portion du crâne que
ces replis poilus tapissent, lorsqu'ils se couchent, est com-
plètement nue. Les appendices du menton sont comme
chez l'individu figuré par Peters, mais un peu moins
larges. On trouve d'abord un écusson verruqueux, échan-
cré à son bord inférieur et bilobé ; puis un grand repli
membraneux, dépourvu de longs poils, fendu au milieu,
largement bilobé, et qui se soude sur les côtés avec des
lobules multiples; enfin, en dessous, ou en arrière, on
trouve encore un troisième repli médian arqué, point
échancré et garni de longs poils, comme le reste du men-
ton. Le nez porte divers petits bourrelets qui sont défor-
més chez nos individus desséchés; on voit seulement,
chez ceux-ci, que les narines sont percées dans des renfle-
ments piriformes.
Longueur du corps et de la tète 0m,066
Longueur de l'avant-bras 0m,051
Longueur du fémur 0m,025
Longueur de la queue , . 0m,024
Longueur de l'éperon 0m,021
Longueur de la membrane fémorale 0m,042
TRAVAUX INÉDITS. 293
Habite les parties chaudes du Mexique. Nos individus
ont été tués près d'Uvero.
Observations au sujet des Considérations sur les œufs
des Oiseaux de M. Moquin-Tandon, par M. O. des
Murs.
Troisième observation (J).
Il arrive parfois à M. Moquin-Tandon de faire, soit dans
le cours de ses Considérations, soit en note ou en renvoi ,
à ceux dont il passe en revue les propositions, des ques-
tions brusques, telles que celle-ci :
« Quel rapport peut-il exister entre les habitudes et la
forme ovoïde? » (Rev. de 1860, ch. III, § 1, p. 12.)
Rétablissons la vérité des termes : ovalaire, avons-nous
dit, et non pas ovoïde. Car c'est au début d'une science
qu'il faut être d'accord sur les mots, pour parler comme
tout le monde (ou sur la glossologie, pour parler comme le
savant professeur), et ne pas en laisser refaire le langage
par chacun de ceux qui viendront successivement s'en
occuper. Rons ou mauvais , du moment qu'ils existent et
ont pris date, on les doit conserver : c'est une règle assez
généralement suivie pour qu'il ne soit pas nécessaire de la
rappeler à un botaniste aussi distingué que M. Moquin-
Tandon.
Mon Dieu! la réponse, si simple qu'elle soit, est assez
difficile à faire à une question posée de la sorte ; car elle
existe plus dans la pensée et dans l'intelligence que dans
les mots, aurait dit notre regrettable prince Ch. Rona-
parte; en d'autres termes, ce sont de ces choses qui se
comprennent plus aisément qu'elles ne s'expriment.
Ce Rapport, ainsi tombé de notre plume, est plutôt un
de ces rapprochements qui échappent à ceux qui traitent
longtemps le même sujet, qu'un rapport réel dans le sens
logique et scientifique du mot.
(1) Rev. et Mag. de zoologie, 1860, p. 110 et 115.
294 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
Nous devons cependant à la vérité de dire , en répon-
dant à l'interpellation, qu'en signalant cette coïncidence
au courant de la composition elle nous paraissait inté-
ressante, en ce sens que, de même que l'on a remarqué
que les intestins, surtout les appendices cœcaux, étaient
conformés en raison du mode ou des habitudes de vivre
et de se nourrir des Vertébrés, notamment les Oiseaux (1) ;
de même on pouvait supposer une conformation relative
et harmonique semblable pour l'oviducte de ces derniers,
ainsi que l'ont fait ressortir d'une manière remarquable
les beaux travaux anatomiques d'Eyton. De là se présen-
tait naturellement à la pensée, pour l'œuf, le rapport de
sa forme, si essentiellement soumise aux caprices de cet
organe, de l'aveu même de M. Moquin-ïandon.
Si l'on admet , en effet , cette relation proportionnelle
entre les dimensions des appendices cœcaux et celles de
l'oviducte, et s'il est reconnu, comme l'admet positive-
ment M. Moquin -Tandon, « que ce canal est très-court ou
« très-lâche chez les Oiseaux dont les œufs sont sphériqucs, »
le rapport que nous avons indiqué entre les habitudes de
gloutonnerie des Rapaces et des Palmipèdes, dont l'œuf
se trouve être également ovalaire, n'a donc rien ni de si
étrange ni de si incompréhensible, et en devient même,
au contraire, une conséquence toute naturelle.
Mais, et sans rien infirmer de ce que nous venons de
dire, nous le répétons, cette relation , que nous qualifie-
rions tout au plus d'ingénieuse, si nous parlions d'un autre
que de nous-même, n'a jamais été qu'un jeu de notre es-
prit , sorti de l'inspection du tableau de la répartition des
formes oologiques dans notre système.
(1 ) Ainsi, très-longs dans les Oiseaux qui vivent de substances vé-
gétales, comme les Poules, les Faisans, les Paons, etc., les Oies, les
Cygnes; plus courts dans les Chouettes, les Grues, les Bécasses, etc.;
plus courts encore dans les Pigeons, les Corbeaux, les Pies-Grièches,
les Moineaux, etc.; très-courts enfin dans les Accipitres, etc., etc-
(Tiedemann, Oken, Carus, etc.).
TRAVAUX INEDITS. 295
Quatrième observation .
Nous venons de répondre sérieusement à cette question
de M. Moquin-Tandon : « Quel rapport peut-il exister
« entre les habitudes et la forme ovoïde? »
Recourant à un mode de raisonnement ou de discussion
qu'il semble affectionner, nous eussions pu nous borner
à le (aire, en lui rétorquant l'argument par cette autre
question :
Quel rapport peut-il exister entre le volume de l'œuf et
l'incubation (1) ?
C'est une proposition propre à M. Moquin-Tandon , et
elle s'appuie sur un raisonnement si laborieusement ex-
posé, que ce n'est pas sans une certaine fatigue d'esprit
que l'on parvient à en saisir, sinon le véritable sens, du
moins le sens probable.
Que veut prouver l'auteur? une chose toute simple:
que les œufs les plus gros sont ceux qui offrent le moins
de surface relativement à leur volume , et que les œufs les
plus petits sont ceux qui en offrent, au contraire, le plus.
Proposition paradoxale en apparence, mais reposant sur
une vérité mathématique ou géométrique dont il ne fau-
drait cependant pas exagérer la portée.
De là, de la part de l'auteur, l'exemple des deux ex-
trêmes, en fait d'œufs : celui des œufs de Guillemots et de
Pingouins, et celui des œufs de Passereaux, notamment
des Colibris;
Puis, cette démonstration : « Qu'on les expose (ces œufs)
« à la même chaleur, on verra que, dans un temps donné,
ce le plus petit tombera à une température plus basse que
« le plus grand; »
Et enfin, cette conclusion : « Par conséquent, les œufs
« ont d'autant plus besoin d'être protégés contre le refroi-
« dissement par rayonnement, qu'ils ont un volume plus
« faible. »
(1) Rapport du volume de l'œuf avec l'incubation, Rev. et Mag. de
zoologie, 1859, chap. H, § 2, p. 47fi.
296 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
Si vrai que soit le principe posé par M. Moquin-Tandon ,
il ne saurait suffire seul à la démonstration qu'il en pré-
tend tirer, et ne satisfait à aucune des conditions les plus
indispensables à la solution de la question oologique qu'il
soulève. Il oublie de faire entrer en ligne de compte deux
éléments importants, qui viennent singulièrement modi-
fier son principe dans l'application : d'une part, la com-
position intime des matières organiques renfermées dans
l'œuf, lesquelles varient selon les divers ordres oologiques ;
d'autre part , la nature et la constitution de la coquille ou
du test calcaire qui renferme ces matières.
Ce raisonnement si subtil peut bien , en effet, être invo-
qué à la rigueur pour les œufs de la plupart des Passereaux.
Mais que prouve-t-il pour les œufs des Guillemots et des
Pingouins? Certes, il est loin de se prêter à expliquer la
facilité avec laquelle leur contenu résiste aux rigueurs de
la température à laquelle ils sont exposés. On ne peut ad-
mettre que la différence relative de leur surface avec leur
volume ait seule cette influence , surtout en l'absence de
tout nid.
Reste, sur ce point, à discuter la valeur des raisons que
nous avons données, il y a dix-huit ans, ce que, de parti
pris, ne fait point l'auteur, puisque, sur deux de ces rai-
sons, l'une, celle relative à la composition des matières
organiques que renferment ces œufs , lui paraît sans im-
portance, et l'autre, relative à la constitution du test cal-
caire, il n'en dit mot.
Nous ne voyons donc encore ici , pour en revenir à notre
point de départ, rien qui implique un rapport logique
quelconque du volume de l'œuf avec Vincubation ; tout au
plus y trouverions-nous un rapport entre ce volume et le
calorique de l'air ambiant.
Nous comprendrions même encore mieux , par les dé-
veloppements que lui a donnés l'auteur, et la conclusion
qu'il a paru vouloir en tirer, que cette proposition tendît
à établir un rapport entre le volume de l'œuf et le mode
TRAVAUX INÉDITS. 297
do nidification. Car, en définitive, c'est à quoi il semble
conclure, puisque, dans toute sa démonstration, il ne fait
rien intervenir qui rappelle en quoi que ce soit, ou l'acte
de l'incubation en lui-même, ou rien qui s'y rapporte, de
près ou de loin. Nous laisserons, au surplus, selon notre
habitude, s'exprimer l'auteur, car nous n'aimons pas à
tronquer nos citations :
« C'est pourquoi tous les œufs petits, à latitude égale,
« sont généralement placés dans des lieux bas et abrités,
« dans des trous de mur, dans des creux d'arbre et dans
« des nids ou profonds ou épais, composés de substances
« plus ou moins chaudes. »
Ce raisonnement , auquel paraît s'attacher l'auteur, ne
lui sera assurément contesté par personne. Seulement
c'est y mettre, par tout ce qui le précède, une forme un
peu solennelle pour la conclusion fort simple qui en res-
sort; à savoir : que les œufs ont d'autant plus besoin d'être
protégés contre le refroidissement par rayonnement, qu'ils
ont un volume plus faible. Pour nous, c'est la question par
la question. Les œufs de Pitpits (Anthus), qu'ils soient
couvés dans les régions boréales ou sous les latitudes mé-
ridionales, se trouvent constamment déposés dans des
nids d'herbe ou de mousse, au niveau du sol ; il en est de
même des œufs de Merles (Turdus), dont les nids ne chan-
gent ni de forme ni de façon, sous quelque latitude qu'ils
se trouvent : les matériaux seuls varient, en raison des
ressources de la localité , mais le nid n'en est ni moins ni
plus chaudement tapissé.
Ce qui est vrai ici pour les corps, en physique, est d'une
importance excessivement secondaire, pour ne pas dire
nulle, en oologie ; parce que, ainsi que nous l'avons déjà
dit, en 18i2 et 1843, la nature a pourvu aux inconvénients
de ce refroidissement par uue modification infinie de la
structure du test : tantôt en le revêtant d'un aspect réfrac-
taire, tantôt, au contraire, d'un aspect mat, et tantôt
2° srrik. t. xii Année 1860. 20
298 rev. et mag. de zoologie. [Juillet 1860.)
d'une seconde couche plus ou moins crétacée ou sédi-
menteuse.
Mais cela ne prouve aucunement que le mode de pro-
tection qu'emploient les Oiseaux pour préserver les œufs
de ce refroidissement varie en raison de l'abaissement ou
de l'élévation de la température des lieux où ils couvent :
ce qu'il faudrait prouver, et ce à quoi ne suffit pas cette
assertion de l'auteur, trop vague pour la généralité qu'il
lui donne, et en l'absence de tous faits ou de toute preuve
à l'appui :
« Que l'on a remarqué que les œufs d'égale grosseur
« sont déposés souvent dans des nids mieux abrités ou
« mieux construits dans le Nord que dans le Midi. »
Il nous est, au contraire, bien démontré, quant à nous,
et c'est là un de nos principes les plus solidement arrêtés
en ornithologie, que l'instinct des Oiseaux ne s'exerce en
aucune façon, au profit en plus ou moins de développe-
ment ou de conservation de chaleur de leurs œufs : l'acte
brut, matériel et automatique de l'incubation, dont la-
nature de leur organisation a fait tous les frais, suffit, et
de reste, à cet égard.
Leur instinct ne s'exerce véritablement, et n'est admi-
rable, qu'en ce qui concerne la conservation de l'espèce.
Tous ont conscience de l'ennemi qui menace chacun d'eux ;
et c'est en cela qu'ils développent une richesse d'imagina-
tion ou de ruses, à peine croyable, pour conjurer le dan-
ger ; et c'est alors aussi que, selon la nature du pays, plutôt
que sa latitude (qu'ils ne consultent guère que pour les be-
soins de la nourriture, puisque les faunes botaniques va-
rient en raison des climats), on les verra prendre, relati-
vement, plus ou moins de précautions au midi qu'au nord,
et vice versa. Mais, nous le répétons, il ne s'agit toujours
pour eux que d'une question de conservation, et jamais
d'une question de température.
Ce serait donc une erreur de croire que la plupart des
Canards, qui , comme l'Eider, enfouissent leurs œufs dans
TRAVAUX INÉDITS. 299
le fin duvet dont ils les recouvrent pendant leur absence
du nid , agissent ainsi afin de les empêcher de se refroidir :
c'est uniquement pour les soustraire à la vue de leurs en-
nemis, dont les plus nombreux et les plus acharnés sont
les Oiseaux de proie et les Corbeaux.
Pense-t-on donc que, sans les quantités de Singes et
autres Quadrumanes grimpeurs, ou de Reptiles qui peu-
plent les régions chaudes du globe, on verrait tant de
familles diverses de Passereaux employer pour leurs nids
le mode de suspension, si ingénieux, en usage chez les
Tisserins et les Troupiales, etc., etc.?
Et puis, est-ce que l'Oiseau-Mouche, qui attache d'une
façon tout aérienne la coupe du sien au revers ou à l'ex-
trémité d'une feuille, aux arbustes des régions tropicales
les plus basses, ou à l'aspérité d'un rocher des cimes nei-
geuses du Chimborazo ou du Pichincha, varie le mode ou
les ressources de sa délicate architecture en raison des
différences de latitude ou d'altitude où il demeure? Non :
ce ne sera jamais qu'en vue de son ennemi le plus redou-
table ou le plus habituel de ces localités; en aucun cas,
en vue de préserver ses œufs du refroidissement par rayon-
nement.
Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette,
accompagné de notes explicatives et de quelques idées
sur la pisciculture marine, par M. Doumet.
I- ♦
L'ichthyologie, nous ne craignons pas de le dire, est, et
sera probablement encore longtemps, une des branches les
plus obscures de la science zoologique ; pourtant, dans les
temps anciens comme de nos jours, elle n'a pas été né-
gligée des naturalistes : les œuvres d'Aristofe, de Pline, de
Belon, de Salviani, de Rondelet, d'Aldrovande, deGouan,
de Willughby, de Linné et de tant d'autres sont là pour
témoigner de l'intérêt que ces éminents auteurs y ont at-
taché, et si, mettant de côté tout ce qui regarde ces ani-
300 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
maux fabuleux que l'ignorance et le peu de moyens de vé-
rification de l'époque forçaient presque à admettre, si, dis-
je, nous examinons les observations personnelles de chacun
d'eux, nous voyons que leurs études furent si sérieuses, si
consciencieuses, que beaucoup sont encore aujourd'hui à
la hauteur de la science. Plus tard, et de nos jours, Bloch,
Lacépède, Risso, Bonnelli, Rafinesque, Delaroche, Cuvier
et son continuateur Valenciennes, Bonaparte, etc., nous
ont donné des travaux importants par lesquels ils ont
cherché à déchirer autant que possible, le voile épais qui
couvre encore en partie l'histoire de cette belle branche
du règne animal.
La cause de cette obscurité persistante doit donc se
trouver dans le peu de facilités que l'on a généralement
pour étudier les êtres de cette classe : en premier lieu, en
effet, l'élément qu'ils habitent, obstacle insurmontable
pour l'homme , et qui lui cache le plus souvent dans des
profondeurs effrayantes, les trésors qu'il recèle. Tel est
néanmoins pour l'homme, le besoin de pénétrer les se-
erets de la création, que, soit pour les utiliser, soit par
pure curiosité, il ne craint pas d'affronter l'élément terri-
ble pour lui arracher quelques lambeaux de ses richesses;
de frêles esquifs sur lesquels s'aventurent quelques débiles
créatures, des filets, des hameçons, des engins de toutes
sortes ont été inventés par son intelligence, et chaque jour
il puise à pleines mains dans cette mine de trésors incon-
nus et vient étaler aux yeux de ses semblables le résultat
de ses luttes contre les eaux.
Parmi les êtres divers arrachés ainsi à l'élément liquide,
les Poissons occupent la première place ; les masses trou-
vent en eux une partie de leur alimentation ; certains y
trouvent des mets savoureux qui satisfont leur goût diffi-
cile et usé ; le naturaliste cherche à y découvrir des êtres
nouveaux ou à surprendre quelque secret de cette nature
infinie dont il s'efforce de tracer l'histoire en en rassem-
blant les matériaux épars. Passons sous silence la perse-
TRAVAUX INÉDITS. 301
vérance, les peines, les déceptions qu'entraîne inévitable-
ment toute étude scientifique; tout cela disparaît pour le
naturaliste passionné devant les jouissances que lui cause
chaque découverte intéressante qu'il peut faire de temps à
autre, car ce n'est souvent qu'après des mois, des années
même de recherches assidues et infructueuses qu'il arrive
à un résultat.
L'ichthyologiste surtout trouve de la difficulté dans
ses études : les Poissons, auxquels, en les arrachant à leur
élément, on vient de faire subir une mort équivalente à
celle d'être noyés pour les animaux pulmonés, en un mot,
que l'on vient de noyer dans l'air, perdent en mourant, la
majeure partie des belles couleurs dont ils sont parés.
Peu après, leurs formes s'altèrent aussi, et ils sont d'autant
plus difficiles à conserver par la préparation, que beau-
coup d'entre eux sont munis d'une peau infiniment mince
ou recouverte le plus souvent, d'écaillés qui tombent au
simple contact des doigts. Bien heureux est encore celui
qui peut étudier les Poissons sur l'animal frais, malgré ces
premiers inconvénients, car, si l'on se trouve, comme
tant d'autres, éloigné des bords où on les pêche, on se
voit obligé de se contenter d'exemplaires soit préparés,
soit conservés dans l'alcool, et qui, les uns et les autres,
ont perdu non-seulement leurs couleurs, mais aussi la plu-
part de leurs caractères. De là des descriptions incom-
plètes, des traits caractéristiques inaperçus, des mœurs
passées sous silence, des dessins inexacts, des couleurs
renversées ou qui n'existent parfois que dans l'imagina-
tion du peintre auquel on n'a donné pour guide que des
indications verbales et sans précision aucune. Ajoutons à
cela le nombre ordinairement restreint, des sujets que les
ichthyologistes ont à leur disposition, et nous aurons sans
doute, énuméré les causes principales du peu de clarté ré-
pandue jusqu'à présent sur la classe des Poissons, malgré
les importants travaux dont elle a été l'objet.
[La suite au prochain numéro.)
302 uev. et màg. de zoologie. (Juillet 1860.)
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
48. Phytœcia Echii, <?, alata, mgro-opaca, subnitida, vage pnnctata,
pilis griseis hirta; capite globoso , anguste sulcato; thorace vix
longior latitudine, subgloboso , antice posticeque recto; elytris
▼ersus apicem modicc augustatis singulatùn obtuse rotundatis et
bicostatis, impressioue punctorum elongata.
2 latiora, plana, indumento cinereo dense vestita ; thorace lineis
tribus albidis antice obsoletis ; elytris planiusculis ad apicem obli-
que iutus truncatis. — L., 5 1/2, 6 1/2; lat., 1 1/3, 2 m.
Hérissée, dans les deux sexes, de poils gris moyens as-
sez denses, d" d'un noir légèrement teinté de grisâtre, plus
luisant sur la tête et sur le corselet. Tête arrondie, dé-
primée sur le front, vaguement ponctuée, étroitement sil-
lonnée. Mandibules d'un noir profond ; la gauche est plus
grande, régulièrement allongée, élargie, droite, arquée
et aiguë au sommet; toutes deux ont leur côté interne
tranchant. Yeux ronds, noirs. Antennes noirâtres, à courte
pubescence grise, 1er article subconique, d'un noir verdâtre
métallique pointillé. Corselet un pou plus long que large,
globuleux, droit et un peu rebordé aux extrémités; un petit
sillon au milieu rapproché de la base. Ecusson aux 3/4 ar-
rondi, d'un blanc grisâtre. Elytres plus larges que le
corselet, trois fois 1/2 aussi longues, subparallèles, s'amin-
cissant très-légèrement vers le sommet, subarrondies, un
peu anguleuses près de la marge et faiblement tronquées
sur le devant de la suture, offrant des points allongés
presque disposés en lignes, 2 côtes, et dont l'interne
n'est que basale et l'externe droite un peu en dedans de
l'épaule.
Lafemellese distinguede l'autre sexe paruneindumenta-
tion grise très-dense, par une forme plus large, plus aplatie,
une ponctuation, en général, plus serrée relativement. Pal-
pes, mandibules, chaperon et yeux noirs. Corselet plus trapu,
aussi haut que large, sillonné et rnarginé aux extrémités,
(1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à
389 ; 1860, p. 75 à 82 , 128 à 137, 208 à 212.
TUAVAUX INÉDITS. 303
offrant 3 1 ignés blanchâtres allant de la base an milieu;
médiane plus courte. Elytres plus larges, déprimées entre
la côte et la suture sur les 5/Gcs de la longueur; leur tron-
cature oblique, un peu plus large et plus nette. Corps, en
dessous, d'un gris blanchâtre , cotonneux. Pattes révolues
d'une courte villosité grise.
Le c? et la p de cette espèce m'ont été adressés par
M. L. Lethierry, de Lille, qui l'a capturée aux environs de
Bone; elle vit sur un Echium : nous le placerons près de
i'uncinata de Redtenbacher.
49. Phytœcia chlorizans, alata, angustata, viridi-metallica , crebre-
rime punctata, punctis rugosis, pilis nigris hirsuta ; palpis, raandi-
bulis oculisquc nigris ; thorace subcylindrico, costa longitudinali
subpilosa-alba ; scutello leucophœo; elytris ad apicem anguste
rotuudatis, albido vît fimbriatis. — L., 6 3/4,8; L, 1 5/4 m.
Ailée, svelte, d'un vert métallique foncé assez brillant,
revêtue de poils noirs entremêlés de blancs, droits ou
inclinés, et d'une ponctuation profonde, serrée, rugu-
leuse sur ses bords. Tête vue de face, arrondie, marquée
d'un sillon longitudinal, étroit et profond. Palpes, mandi-
bules et yeux noirs; ces derniers ont leurs contours gar-
nis de poils blancs recourbés, plus épais à leur partie in-
férieure. Antennes un peu plus courtes que le corps,
noirâtres, chargées d'un poil ras cendré, frangées, en des-
sous, de poils noirs; le 1er article à teinte verdâtre est fi-
nement ponctué. Corselet cylindrique, à peine plus étroit
que la tête, droit aux extrémités, impressionné d'une pe-
tite côte longitudinale, légèrement pubescente et blan-
châtre. Ecusson arrondi, assez large, blanchâtre. Ely-
tres plus larges que le corselet, 3 fois 1/2 aussi longues,
planes, légèrement convexes vers le bout, parallèles, étroi-
tement arrondies à l'extrémité. Marge sillonnée et étroi-
tement bordée, ainsi que la suture, d'un duvet blanchâtre.
Corps et pattes à villosité cendrée, plus épaisse sur ces
dernières.
Trouvée par M. L. Lethierry de Lille aux environs de
304 rev. eï mao. de zoologie. (Juillet 1860.)
Bone, qui a bien voulu m'envoyer 2 exemplaires de cette
nouvelle espèce.
Elle est très-voisine de la P. molybdena, Gr., et n'en
est peut-être qu'une variété. Cependant elle est d'une
taille un peu plus grande, plus svelte chez le d\ plus élar-
gie chez la P ; sa couleur est verte et non d'un bleu noi-
râtre ou verdâtre, et la bordure des étuis est plus nette-
ment blanche.
bO.Apalophysis toxotoides{i), c?,toxotiformis,alatus,griseo-rubidus,
punctulatus; autennis planis, art. 7 ultimis elongatis, pedibusque
pallidioribus ; oculis lateralibus, nigris; thorace utrinque ante mé-
dium angulato, nodulis 48r dorsalibus ; elytris usque ad apicem
attenuatis et anguste rotundatis.
2, prioniformis, piceus, rugulosus; palpis, antennis brevioribus,
tarsisque ferrugineis; elytris amplioribus, subparallelis, ad apicem
latioribus atque rotundatis , acutius vage punctatis, singulatim
bicostatis. — L., ô , 16; 1., 5 m. ? . L. 19; 1., 6 m.
Le c? ressemble au Toxotus meridianus. Sa couleur est
d'un gris cendré avec les antennes, et les pattes légère-
ment ferrugineuses. Tête étroitement sillonnée en arceau
sur le devant, et longitudinalement au milieu. Palpes fer-
rugineux. Labiaux de 4 art., les 3 premiers subconiques,
le 2e est grand, 4e de la longueur du 2e, subcylindrique,
aplati en dessus, tronqué au sommet. Mandibu les moyennes,
arquées, assez larges à la base, vues de côté, tranchantes
en dedans, noires à l'extrémité. Lèvre en carré trans-
verse, ponctuée. Chaperon coupé droit, sillonné et relevé
près du bord antérieur. Yeux latéraux, grands; arrondis,
noirs, un peu plus espacés en dessus qu'en dessous. An-
tennes un peu plus longues que le corps, planes, de onze
articles, 3e et 4e de moitié au moins plus courts que les 7
suivants. Corselet guère plus long que large, avancé sub-
anguleusement sur le milieu du bord antérieur, large-
ment cintré sur le dehors du postérieur, étroitement mar-
giné aux extrémités, transversalement resserré en avant,
muni d'un angle latéral noir au sommet, situé un peu
(1) AVctT©, je trompe; qveif, sexe.
TRAVAUX INÉDITS. 305
avant le milieu, et de quatre tubercules dorsaux, obliques,
rapprochés des côtés. Ecusson semi-arrondi , incliné en
devant, sillonné au milieu. Elytres à épaules saillantes et
arrondies, s'atténuant jusqu'au sommet : celui-ci est étroi-
tement arrondi, pointillé fin, allongé, obsolète à partir du
milieu. Cuisses de la longueur des jambes, peu épaisses,
évasées étroitement à leur sommet inférieur. Jambes droi-
tes, minces, terminées par deux ergots droits d'égale lon-
gueur. Tarses antérieurs ayant les 3 premiers articles
étroits; le 1er est allongé, le 2e court, tous deux presque
coniques, 4e très-petit, 5a très-grand, muni de deux ongles
grêles, longs et aigus.
La fi est de couleur de poix, finement coriacée. Tête
rougeâtre, plus large. Antennes à articles plus étroits,
moins longs et n'atteignant que les 2/3 de l'étui. Corselet
à angle latéral plus prononcé, placé vers le milieu; bords
antérieur et postérieur droits; peu resserré aux extré-
mités; seulement deux tubercules postérieurs. Ecusson
plus grand, sillonné transversalement en avant. Elytres
longues , subparallèles, un peu plus élargies sur le tiers
apical et régulièrement arrondies chacune au sommet, à
pointillé mieux indiqué , offrant 3 côtes longitudinales
rapprochées, limitées aux 2/3. Corps, en dessous, brillant,
très-finement coriace. Sternum rougeâtre, subtriangulaire,
fendu en arrière, plus petit chez le d* . Pattes assez rap-
prochées à leur insertion, un peu plus espacées chez lap .
Cette espèce, des plus intéressantes, ressemble assez à
un Monodesmus; mais, comme elle n'a que onze articles et
non douze aux antennes, je pense que sa place doit venir
à côté des Toxotus. Le rf a le faciès d'une Lepturète et
la p celui d'un Prionite. Originaire du Sahara algérien
oriental. J'ai reçu le d" de M. Laurent Degousée et la &
de M. H. de Bonvouloir.
306 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [J Utile l 1860.)
II. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 28 mai 1860. — M . Duméril lit une Note rela-
tive aux pluies de Crapauds trouvés vivants dans des cavités
closes; Remarques à l'occasion d'une communication ré-
cente de M. Seguin.
M. Flourens annonce, à cette occasion, que les blocs de
plâtre envoyés par M. Seguin au muséum , conformément
à la proposition qu'il en avait faite, ont été ouverts en
présence d'une commission : les deux animaux renfermés
dans le plâtre, en 1852 , une Vipère et un Crapaud , étaient
morts et depuis longtemps.
Séance du 4 juin 1860. — M. Valenciennes lit des Obser-
vations sur les espèces de Madrépores en Corymbes.
M. Flourens lit une Note sur la coloration des os du fœtus
par l'action de la garance mêlée à la nourriture de la mère.
M. Coste expose ses Observations relatives à l'hérédité,
présentées à l'occasion de la précédente communication.
M. Chevandier présente V observation d'un fœtus de Vache
mort dans l'utérus, et y ayant séjourné huit mois après sa
mort.
M. Pucheran adresse un travail intitulé, des Caractères
zoologiques des Mammifères dans leurs rapports avec les
fonctions de locomotion.
Séance du 11 juin 1860. — M. J. C loquet lit un Rapport
sur un Mémoire de M. Peney intitulé, Études sur la phy-
siologie, l'anatomie et les maladies des races du Soudan.
M. de Quatrefagcs entretient l'Académie de la couleur
des cicatrices chez les hommes de race blanche, dans les
régions tropicales de l'Afrique et de l'Amérique. Ces re-
marques sont faites à l'occasion du Rapport précédent.
Madame Maria Henry, de Nîmes, présente des considé-
rations sur la maladie des Vers à soie, et sur un moyen
qu'elle a imaginé pour en arrêter le développement, d'a-
près la cause qu'elle lui supposait, moyen qui, dans un
SOCIÉTÉS SAVANTES. 307
premier essai, a semblé réussir pleinement, et qu'elle dé-
sirerait voir soumis à des expériences faites sur une plus
grande échelle.
Séance du 18 juin 1860. — M. Lecoq adresse des Obser-
vations sur une grande espèce de Spongille du lac Pavin
(Puy-de-Dôme).
M. Pouchet adresse des Recherches sur les corps intro-
duits par Vair dans les organes respiratoires des animaux.
M. Joly fait connaître un nouveau cas de polydactylie
chez un Mulet.
M. F. Anca adresse un travail très-intéressant sur deux
nouvelles grottes à ossements fossiles découvertes en Sicile
en 1859.
M . Pappenheim envoie un Mémoire sur la part des Tri-
chosomes dans la production de la tuberculose des poumons.
M. Sauvageon adresse, de Valence, une Note sur les
résultats qu'il a obtenus de l'emploi de Vèlectricité dans
l'éducation des Vers à soie.
C'est une expérience intéressante qu'il sera bon de re-
nouveler, en la faisant d'une manière comparative, c'est-
à-dire qu'il faudra prendre, dans une magnanerie notoi-
rement infectée, un assez grand nombre de vers que l'on
divisera en deux catégories égales, dont l'une sera sou-
mise à l'électrisation et l'autre laissée dans le même local,
nourrie des mêmes feuilles, mais non électrisée.
Dans l'expérience actuelle, rien ne dit que les 53 vers
retirés de la grande magnanerie, placés dans un autre lo-
cal et nourris à part, n'ont pas été guéris parce fait seul.
On a vu tant d'exemples de guérison de vers malades,
placés dans des circonstances analogues, jetés dehors et
exposés à la pluie, etc., que l'on peut penser que la gué-
rison de ces 53 vers pourrait bien ne tenir simplement
qu'à quelque chose de semblable.
M. Bénard, du Havre, adresse des remarques sur le
même sujet.
Après avoir rappelé ce qu'a dit l'abbé Bertholon, dans
308 iœv. et mag. de zoologie. (Juillet 4860.)
son livre intitulé V Electricité des végétaux, concernant
l'effet favorable de l'électricité sur le développement des
œufs de vers à soie, et rappelé également les expériences
de M. Achard, consignées dans les Mémoires de V Académie
de Berlin pour l'année 1779, il en vient à celles de Chaus-
sier, sur lesquelles il donne les détails suivants :
« Ce savant a soumis à l'électricité des graines de vers à
soie, et il a continué ce procédé pendant leur accroisse-
ment, leur accouplement et la ponte. Des vers éclos de la
même graine, élevés dans la même chambre, à la même
exposition, avec des soins égaux, servaient de point de
comparaison , et il a observé : 1° que les vers à soie étaient
plus forts, qu'ils supportaient les mues sans être languis-
sants, qu'ils ont acquis une grosseur plus considérable,
que dans leur nombre à peine y en a-t-il eu de malades,
tandis que, parmi ceux qui n'avaient pas été électrisés, le
nombre des malades fut assez considérable ; 2° qu'ils ont
commencé leur soie au moins trente-six heures avant les
autres; 3° que les papillons avaient plus d'activité et de
force, ce qu'on désigne ordinairement par l'expression de
plus vivaces; 4° enfin que, l'année suivante, la graine pro-
venant de ces vers électrisés est éclose spontanément plus
tôt, que les vers qui en sont provenus étaient sensiblement
plus vigoureux, plus forts et plus gros, et qu'il y en a eu
très-peu de malades dans le cours de la seconde géné-
ration. »
L'expérience de Chaussier, rapportée par M. Bénard ,
est une vraie expérience scientifique et comparative, et
ses résultats sont de nature à faire penser que l'électricité
a pu jouer un rôle dans celle de M. Sauvageon. Espérons
que ce sériciculteur la recommencera l'année prochaine, et
qu'il suivra l'exemple de Chaussier.
M. Pouchet adresse des Observations sur V épidémie de la
peau de la main d'un nègre.
Séance du 25 juin 1860. — M. Lecoq adresse des Obser-
SOCIETES SAVANTES. 309
cations sur les corps reproducteurs et sur l'état d'agrégation
d'une grande espèce de Spongille du lac Pavin.
M. Balbiani adresse des Observations et expériences sur
les phénomènes de reproduction fissipare chez les infusoires
ciliés.
Séance du % juillet 1860. — M. Lecoq présente des Obser-
vations sur le degré d'animalité et sur les espèces de Spon-
gillesy et particulièrement sur la grande espèce du lac Pavin.
M. Virchow adresse une Note sur le Trichina spiralis.
C'est une continuation des intéressantes communications
que ce savant a faites sur le même sujet.
M. Lemaire présente un Mémoire intitulé, Emploi du
Coal-tar saponiné pour la destruction des insectes.
Les expériences de M. Lemaire sont d'un grand intérêt
pour les personnes qui font des collections d'histoire natu-
relle et pour les agriculteurs, et il est à désirer qu'elles
soient répétées. Pour ces expériences, il s'est servi de
boîtes en carton de 6 centimètres de diamètre, percées, à
l'aide d'une épingle, de nombreux trous sur toutes leurs
faces. L'intérieur de ces boîtes a été imprégné de teinture
de coal-tar saponiné, de manière à ce que leur surface ne
présentât point de liquide qui pût toucher au corps de ces
animaux. Quelques-uns meurent en cinq minutes, d'autres
un peu plus tard; enfin, après une demi-heure de séjour,
tous étaient morts. J'ai répété ces expériences avec de
l'émulsion de coal-tar au cinquième, avec de l'acide pyro-
ligneux chargé des principes du goudron, et avec du phé-
nate de potasse. Ces deux dernières substances les tuent
rapidement, un peu moins vite cependant que la teinture;
mais l'émulsion agit avec beaucoup moins d'énergie. J'ai
déjà expérimenté sur cinquante de ces animaux, au moins,
appartenant aux Mollusques, aux Insectes et aux animaux
rayonnes, toujours avec le même succès.
« J'ai fait, avec la terre de jardin réduite en
poudre grossière et le goudron de houille, une sorte de
terreau qui contient environ k pour 100 de goudron, et
310 KEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1860.)
dont le prix de revient serait à peu près celui du terreau.
Mes expériences ont été faites sur deux carrés de salades
(romaine, laitue), sur des dahlias et des reines-marguerites
récemment plantées, en tout trente pieds. J'ai entouré ces
plantes d'une couche de 25 centimètres d'étendue et 2 cen-
timètres d'épaisseur de terre goudronnée, et, dans l'inter-
valle, je laissai de ces mêmes plantes dans l'état ordinaire,
afin de pouvoir comparer. Aucun de ces végétaux entourés
de la terre protectrice n'a été visité par les limaces ; tandis
que les autres, depuis six jours que l'expérience est com-
mencée, ont été constamment attaqués par un grand nom-
bre de ces animaux et par des insectes
ce La terre coal-tarée, placée sur une fourmilière qui avait
plus d'un mètre carré à son centre, a fait disparaître en une
nuit tous ces animaux. Depuis quatre ans mon jardinier
avait essayé, par divers moyens, de les détruire, sans y être
parvenu. C'était la fourmi noire ; il y en avait certainement
plusieurs milliers.
« Pour les arbres, je me suis servi de pinceaux propor-
tionnés à leur volume pour les débarrasser des pucerons.
Pour le tronc et les branches, le coal-tar saponiné réussit,
mais, pour les feuilles et les boutons de fleurs, ce n'est pas
praticable; l'action de cette substance les colore en jaune
et les rend malades. Le phénate de potasse et le goudron
dissous dans l'acide pyroligneux exercent une action ana-
logue. Celle de l'émulsion au cinquième n'a pas autant
d'inconvénients, mais elle est beaucoup moins énergique.
Pour les espaliers, on peut appliquer le coal-tar saponiné
sur le mur.
« Pour éloigner le charançon ou autres insectes des gre-
niers où les grains sont déposés, je pense qu'il suffira d'é-
tendre sur le sol et sur les murs une couche de coal-tar
saponiné. »
M. Pappenheim envoie une Note ayant pour sujet la
découverte des vaisseaux lymphatiques dans les oreillettes du
cœur et les lymphatiques de la dure-mère du cerveau.
SOCIKTÉS SAVANTES. 311
Séance du 9 juillet 1860. — M. le marèetial Vaillant pré-
sente, au nom de M. le colonel Coffin, une Note accompa-
gnant une collection de coquilles recueillies par lui dans
la Nouvelle-Calédonie.
M. Beaudouin présente des Études physiologiques et éco-
nomiques sur In toison du mouton.
Séance du 16 juillet 1860. — M. A. Courbon , chirurgien
de la marine, fait connaître sommairement les résultats re-
latifs à l'histoire naturelle obtenus dans le cours d'une explo-
ration de la mer Rouge.
M. Courbon s'est occupé de géologie, de botanique, de
zoologie et de médecine. « En zoologie, dit-il, je n'ai pu,
à cause du temps , recueillir que peu de chose. Toutefois
je rapporte 6 espèces de Poissons, dont deux surtout pré-
sentent des particularités intéressantes ; 2 Sauriens, dont
un paraît nouveau; 3 Arachnides, dont un Scorpion ; une
espèce d'Iule, et 284 Insectes, représentant 101 espèces,
qui se classent dans les six ordres suivants : Coléoptères, 65;
Orthoptères, 6; Névroptères, 1; Hyménoptères, 5; Hémi-
ptères, 23; Diptères, 1.
M. Àlph. Edwards adresse une Note sur les Crustacés
fossiles des sables de Beauchamp.
M. Edwards a exploré avec soin les sables de Beauchamp,
dans la sablière de Gué-à-Avesnes, près de Meaux, et, en
outre du Portunus Hericarti de Desmarest, il y a trouvé les
débris d'une Callianassa nouvelle, qu'il nomme Heberti9
d'un nouveau genre de la famille des Ocypodiens, inter-
médiaire entre les Grapses et les Métoplax, et qu'il propose
de décrire sous le nom de Psammograpsus parisiensis; et
une espèce du genre Pagure, à laquelle il donne le nom
de Pagurus arenarius.
Séance du 23 juillet 1860. — Nous avons donné lecture
de la Lettre suivante, adressée à M. le secrétaire perpétuel :
« J'ai déjà eu l'honneur d'entretenir l'Académie des tra-
vaux que je poursuis, depuis quatre ans, pour introduire
dans la grande pratique la culture' de l'Ailante et de son
312 rrv. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
ver à soie. Grâce à une auguste protection, aux encoura-
gements de la Société impériale zoologique d'acclimata-
tion et au concours d'un grand nombre de propriétaires,
j'approche tous les jours davantage de mon but, car les
essais pratiques se multiplient et démontrent, de plus en
plus, que cette culture est possible sur beaucoup de points
de la France, et que c'est avec juste raison que ce produc-
teur d'une matière textile (que je propose de nommer ai-
lantine ou cynthiane) a été considéré comme une nouvelle
source de richesse pour la France et l'Algérie [Moniteur du
24 mars 1859).
Désirant montrer aux personnes qui ne peuvent s'éloi-
gner de Paris la facilité avec laquelle on peut élever ce
ver à soie en plein air (malgré les orages et les abaisse-
ments de température) et presque sans main-d'œuvre, ce
qui le distingue de celui du mûrier, qui nécessite l'emploi
de nombreux ouvriers, j'ai organisé une expérience pra-
tique dans le bois de Boulogne, grâce à l'obligeance de
M. Alphan, autorisé par M. le préfet de la Seine, et l'on
peut y voir cet insecte domestique paissant en pleine liberté
sur des allantes et y construisant ses cocons.
Cette expérience est certainement dans des conditions
moins favorables que celles qu'il m'a été possible d'orga-
niser dans les départements, et notamment chez M. le
comte de Lamote-Baracé, qui possède, dans le départe-
ment d'Indre-et-Loire, plusieurs hectares de plantations
d'ailantes disposés en ligne comme des vignes. Mon expé-
rience est placée au milieu d'un bois, sur des rejetons dis-
persés çà et là et ne se touchant pas. Elle est exposée aux
attaques de nombreux oiseaux, et nécessite une garde dont
la dépense ne sera pas en rapport avec la petite étendue
de cette éducation; mais mon but n'est pas d'obtenir là
des éléments pour apprécier le rendement (par hectare) de
cette culture, comme le fait en ce moment M. de Lamote-
Baracé, et comme je le ferai, l'année prochaine, avec la
plantation du domaine impérial de Lamotte-Beuvron.
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 313
Je crois que ce fait d'application de l'entomologie est de
nature à intéresser l'Académie, qui a toujours encouragé
les travaux de science pure et appliquée, et j'ai pensé que
ses illustres membres accueilleraient avec bienveillance
l'invitation que j'ai l'honneur de leur faire de visiter mon
expérience dans le bois de Boulogne, route d'Auteuil à
Boulogne, premier chemin à droite (chemin à angle droit
avec la route de Boulogne et allant à la porte des Princes;.
L'éducation est indiquée par une tente dressée à deux ou
trois cents pas de la route de Boulogne, après la pépi-
nière d'arbres verts.
Guérin-Méneville.
P. S. Ne serait-il pas possible de renvoyer ces travaux
à la commission des arts insalubres, comme l'Académie
l'a fait antérieurement pour des recherches ayant pour
objet de détruire l'alucite des blés?
III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Traité d'Oologie ornithologique , par M. O. des Murs. —
Réflexions sur cet ouvrage, par le docteur Joseph-Emile
CORNAY (1).
Livre attachant, phrase facile, doux sujet. Voici l'ou-
vrage de M. des Murs que nous venons de parcourir, où
tout invite à la méditation ; les aperçus, les observations,
les moyens, les caractères, l'application, le but y devien-
nent des êtres qui sollicitent notre jugement. Les œuvres
de la nature sont si belles de leur harmonie, si sages par
leurs lois, si cachées dans leur évolution, pour notre fai-
ble esprit, qu'elles excitent toujours notre intérêt, qu'elles
piquent sans cesse notre curiosité. Mais, lorsque ces
œuvres jusqu'alors indéfinies se trouvent tout à coup dé-
(1) Une analyse de ce remarquable et savant traité a déjà été pu-
bliée dans cette Revue, p. 176 à 183. Elle occupe 7 pages et donne
une idée suffisante de la haute portée de cette œuvre, qui ne saurait
être appréciée convenablement par aucune analyse, quelque étendue
qu'elle fût. (Voir p. 328.) G. M.
2e srrib. t. xn. Année 1860. 21
314 KEV. ET MAC*. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1860.)
voilées, notre surprise heureuse augmente encore l'amour
que nous avons pour elles. Attrayante étude, qui porte à
la paix du cœur et au délassement de l'esprit ; oologie ,
nouveauté qui charme, tu es sortie en pleine puberté des
mains sincères de ton savant fondateur !
Admirons la sincérité !
Lorsqu'on se fait professeur, soit par des révélations
écrites , soit par des divulgations orales, de faits dans
l'ordre des sciences, la loyauté des citations est le plus bel
apanage et le plus saint devoir du philosophe.
A l'exemple de M. des Murs, loin de nous tout abus de
pouvoir académique, toute omission volontaire, tout mu-
tisme littéraire intéressé ; la vulgarisation de l'œuvre
même du plus petit et sa propre élévation ne doivent-
elles point glorifier notre patrie?
Ayons de la loyauté !
Ne considérons point les sanctuaires ouverts aux savants
pour la controverse de la science comme des bourses de
trafiquants destinées à la satisfaction de nos intérêts
égoïstes et de notre misérable orgueil ; cela ne pourrait
durer. La tromperie scientifique et littéraire a des degrés
dont on sera forcé de codifier les punitions, dans un but
de protection de la propriété intellectuelle.
Mais, en attendant, que Dieu fasse que l'invention puisse
fuir de la cervelle de tous les forbans et qu'ils soient cou-
lés bas par les amis de la vérité.
Les travaux des savants laissés comme direction à de
pareilles mains deviendraient pour l'aplatissement intel-
lectuel d'une nation ce que serait pour le ventre du sol-
dat l'administration des vivres d'une armée abandonnée
à celles de misérables sophistiqueurs.
Ne faut-il pas expliquer, répandre et faciliter de son
pouvoir toutes les œuvres nouvelles de ses concitoyens?
Pratiquons donc la confraternité scientifique.
Le 1er de ce mois, jour ordinaire de fausses démarches
que l'on fait faire aux autres sous le nom de poisson
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX* 31 5
d'avril, et l'on en connaît qui se le font courir à eux-
mêmes, fut pour nous celui d'une surprise si agréable,
par la réception du livre de M. des Murs, que nous ne
pûmes rien entreprendre avant d'en avoir terminé la lec-
ture, c'est-à-dire que son Oologie est une étude sérieuse
et forte, qui nous a d'autant plus intéressé que nous nous
occupons de la physiologie des œufs et de leur couleur
depuis 1845, comme le témoignent nos vieux manuscrits.
Le frontispice, agréablement dessiné par Ath. Gard,
représente les six formes primordiales des œufs, ainsi que
les Oiseaux qui les produisent, distribués sur* un fond
d'herbages et de plantes formant un délicieux paradis,
dont le calme facilite la douce méditation sur le traité
d'oologie ornithologique, de la gracieuse personnification
de la science, dont la main droite tient un burin qui vient
de tracer sur la banderole dont elle est enveloppée le
titre des trois chapitres du livre :
Bibliographie oologique. — Caractères oologiques. —
Classification, c'est-à-dire application des caractères
oologiques.
Après avoir reconnu que la nature se plaît à répandre
dans ses ouvrages une diversité originale, et même dans
le produit animé des Oiseaux, l'œuf, l'auteur annonce
qu'il a étudié avec soin, toute sa vie, ce produit si délaissé
jusqu'à nous, et qu'il a révélé à la science depuis 1842,
dans la Revue Cuvierienne, par de nombreux mémoires,
ses observations, destinées à faire adopter comme moyens
de classification les caractères qu'il a su tirer de la forme
et de la couleur des œufs. C'est, en effet, à ses publica-
tions que nous devons le réveil oologique des savants.
Après avoir posé que ce travail lui appartient, nous
pouvons dire que ceux des oologistes qui ne l'ont point
cité nominativement depuis la publication de ses mé-
moires ont eu le tort de s'exposer à passer aux yeux de
tous pour des plagiaires.
A l'introduction, l'auteur parle de ce que les théogo-
3l6 RF.V. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1860.)
nies, dans leur côté idolâtre, ont tiré de l'existence
aérienne des Oiseaux. Il semblait aux premiers hommes
que l'appareil de vol des Oiseaux faisait participer ces
êtres au privilège d'approcher de plus près la Divinité,
puisqu'ils pouvaient s'élever jusqu'au delà des régions de
la foudre ; il indique les symboles matériels de l'Aigle de
Jupiter, du Paon de Junon, de la Chouette de Minerve,
du Cygne de Léda, et l'Enfant ailé, symbole de l'amour,
donc! Il fait pressentir que l'œuf chez les Égyptiens était
celui de l'univers.
Ce sont les connaissances réelles des mystères de la na-
ture qui détruisirent ces fables ou ces habitudes qui em-
barrassaient l'esprit humain.
Il y a plus de vingt-cinq années que M. des Murs a
entrepris son travail, et, comme il connaît aussi bien que
qui que ce soit Uornithologie , il peut bien dire que les
caractères tirés du bec, du pied, de la nourriture, des
organes du vol, de l'insertion des plumes, de la précocité
des Oiseaux à courir, du parallélisme, etc., sont encore
impuissants à établir la classification ; il en déduit que
ceux que fournissent les œufs des Oiseaux ne peuvent
qu'être favorables et que devenir de bons et de nouveaux
renseignements, et il a raison l
Un certain nombre d'auteurs s'étant occupés des œufs
d'une manière relative, il est bien de recueillir les notions
qui pourraient être utiles dans leurs ouvrages si défec-
tueux au point de vue de l'oologie. C'est ce qu'il fait dans
son tableau bibliographique raisonné et son histoire des
progrès de l'oologie.
Il commence à Aristote et à Pline, cite Belon (1555),
Gesner, Aldrovande, passe au xvine siècle, indique que
les collections d'oeufs, objets de pure curiosité jusqu'à
nous, ne se font jour que vers la première moitié du
xviue siècle. Le premier ouvrage important est de Marsi-
gli, traité tout à fait local des Oiseaux des bords du Da-
nube. Nous ne pouvons entrer dans tous les détails inté-
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 31?
ressants qu'il nous donne ici sur la bibliographie; il est
nécessaire de les lire et môme de les étudier attentive-
ment. L'auteur affectionne, au milieu du grand nombre
d'auteurs qu'il cite, l'ouvrage manuscrit de Manesse, qui
semble avoir été fait avec conscience, et revient souvent
avec intérêt sur ses travaux. Ce sont ensuite Muller, Nau-
mann et Buhle, Schinz et Thienemann.
Quoique Naumann et Buhle aient essayé, sans en tirer
de déductions pour obtenir des caractères oologiques, de
donner quelques dénominations à la forme des œufs (ainsi
ils disent que la forme ronde est la principale, que toutes
les autres formes en dérivent, agissant, sans doute, sui-
vant des idées et des vues trop éloignées de géométrie ;
ils indiquent la forme ovée ou ovale, la forme oblongue,
la forme arrondie ou courte, ou bien encore les formes
ventrue ou transitoire : il est facile de comprendre que
toutes ces expressions ne sont point de nature à servir la
science), il fallait cependant une nomenclature exacte et
très-expressive. Nous trouvons que M. des Murs a très-
bien exprimé les six formes primordiales des œufs par les
dénominatifs suivants : Formes cylindrique, sphérique ,
ovoïconique, ovalaire, ovée et elliptique; en sorte que la
forme ovée de Naumann et Buhle ne peut point à elle seule
représenter les formes ovalaire, ovoïconique et elliptique
de M. des Murs, qu'il a parfaitement su caractériser, sui-
vant la physionomie de l'œuf, des progressions d'Oiseaux
correspondantes. Enfin la nomenclature oologique posi-
tive et son application appartiennent à M. des Murs; cette
partie de la morphologie normale de l'œuf restera donc
sa propre étude.
Nous avons constaté nous-même que les œufs variaient
suivant la longueur de leurs diamètres, depuis celui du
Trochilus minimus jusqu'à celui de l'OEpyornis, savoir : de
11 millimètres sur 7 (ïrochilus), à 31 centimètres sur 24
(QEpyornis); en faisant la somme de ces deux diamètres,
pour le Trochilus 18 millimètres, pour rOEpyornis 55 çen-
318 rev. et mag. de zoologie. (Juillet 1860.)
timètres, on voit que l'œuf de l'OEpyomis pourrait conte-
nir plus de 8,000 œufs de Trochilus minimus. Entre ces
diamètres extrêmes du plus petit et du plus gros des
œufs connus, viennent se distribuer les diverses séries des
œufs qui démontrent la variété des voies et des moyens
de la nature.
On conçoit que les diamètres de l'œuf variant suivant
la conformation future de l'Oiseau, et par conséquent
suivant aussi les principes constituants et formateurs de
l'œuf, M. des Murs soit arrivé avec bonheur à découvrir
des étalons ou des types à chacune des séries de formes
oologiques. La forme de l'œuf, de même que les autres
formes dans l'espèce, est coïncidente à celles de l'espèce
dont elle dérive; loi de coïncidence que nous avons éta-
blie dans nos éléments de morphologie. C'est donc un
beau fait d'application de notre loi trouvé par l'auteur.
Tout a été créé avec substance, force et mesure ! Voici
les principes qui nous ont servi à établir nos lois physio-
logiques d'ordre universel que nous avons exprimées
ainsi :
1° Centralisation et décentralisation des espèces et dans
les espèces ;
2° Progression et proportion des espèces et dans les
espèces ;
3° Coexistence et coïncidence des espèces et dans les
espèces.
Les attributs ou plutôt les propriétés physiques, forme,
couleur, consistance, saveur, composition intime, contex-
ture, physionomie; enfin tout ce que M. des Murs a si
bien étudié chez l'œuf, découle de ces lois, dont on peut
suivre l'explication dans nos ouvrages sur la forme nor-
male ou naturelle.
Pour contrôler les formes semblables et les formes dis-
semblables des œufs entre elles, formes si bien caractéri-
sées dans leurs types par la nomenclature de M. des Murs, il
est nécessaire, suivant nous, d'en connaître exactement,
ANALYSES u'OUVRAGES NOUVEAUX. 319
par centimètres et millimètres, les principaux diamètres,
savoir : le grand diamètre pris suivant la longueur de
l'œuf, le diamètre oblique obtenu par l'intermédiaire
d'un quadrilatère, et le petit diamètre passant par le point
d'intersection des deux premiers, suivant la largeur de
l'œuf. La forme de l'œuf est coïncidente avec la longueur
des trois diamètres et s'en déduit toujours. Les diamètres
longitudinal et oblique doivent être tracés sur le dessin
avant le diamètre transversal. On s'en rendra un compte
exact en dessinant sur le papier la silhouette de l'œuf à
étudier ; on enveloppera cette figure, plus ou moins ovoïde,
d'un quadrilatère rectangulaire ; on tracera le grand dia-
mètre dans le sens de la longueur de l'œuf; on obtiendra
le diamètre oblique réel en tirant une ligne oblique de
deux angles opposés du quadrilatère ; le petit diamètre
sera passé par le point d'intersection du grand diamètre
et du diamètre oblique, suivant la largeur de l'œuf. On
peut se servir, pour mesurer les diamètres des œufs, d'un
compas, d'épaisseur et d'une portion du mètre gradué en
centimètres et millimètres, ou bien encore d'un quadrila-
tère rectangulaire ou oomètre, formé de quatre tiges mé-
talliques graduées, et pouvant prendre toutes les dimen-
sions des œufs par l'effet de curseurs placés aux quatre
angles. Il est nécessaire aussi d'avoir un ootype à tiges
mobiles pour prendre l'ovoïde exact des œufs et les dessi-
ner facilement sur le papier.
On mesurera les différents diamètres sur la figure de
l'œuf, et l'on aura alors leur longueur positive. Les lon-
gueurs respectives des trois diamètres des œufs seront
d'une grande importance dans les comparaisons oolo-
giques.
Nous pensons qu'il serait utile, pour établir notre ca-
ractère oogéométrique d'une manière simple, d'exprimer,
par un seul chiffre, la somme des longueurs des trois dia-
mètres. Ce caractère oogéoinélrique sera la source d'une
foule d'observations importantes, que M. des Murs pourra
320 rev. et mag. de zoologie. [Juillet 1860.)
faire peu à peu, et que nous lui avons démontrées (1).
M. des Murs nous parle de la mauvaise définition de
l'œuf par Aristote, et de celle de M. Moquin-Tandon,
qui ne peut servir. L'auteur, il faut bien le dire, approche
lui-même, autant qu'il est possible, de la vérité dans sa
description particulière.
Quant à nous, qui avons des travaux sur cette question,
nous donnons à l'ovule fécondé le nom de zoomorphe, et
au contenu vivant de l'œuf pondu celui d'oozoone; ces
distinctions sont des plus utiles en physiologie. L'œuf des
Oiseaux sera donc le fruit de ces animaux qui, après avoir
passé, par la fécondation, de l'état d'ovule à celui de
zoomorphe, est expulsé de l'oviducte des femelles à l'état
d'oozoone, sous une forme particulière à l'espèce, se rap-
prochant des six formes types de M. des Murs, recouvert
alors d'une enveloppe calcaire glutineuse blanche ou co-
lorée, renfermant un rudiment embryonnaire muni d'un
vitellus, le tout étant baigné de fluides électro-organiques
vitaux propres, et qui, sous l'influence de la chaleur et de
l'électricité qu'il polarise, venant de cause externe, peut
s'organiser et se développer en un animal de l'espèce
dont il provient, ou qui, sans pouvoir se développer en
animal par le manque de fécondation, peut encore avoir
sa forme et sa coquille plus ou moins ovoïdes et spéci-
fiques.
Les trois choses principales à examiner dans l'œuf con-
sidéré au point de vue ornithologique, dit M. des Murs,
sont la forme, la nature et la couleur de la coquille qui
le distingue. Il se borne à la physiologie de l'enveloppe
calcaire, et en effet cela seul peut l'intéresser pour son
gigantesque travail. Il fait une étude des plus instructives
sur la forme normale et sur la forme anormale de l'œuf.
Pour l'auteur, les monstruosités de forme proviennent de
(1) Mes caractères oogéométriques et les caractères morphologi-
ques de M. des Murs se contrôlent les uns par les autres.
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 321
quatre causes différentes qu'il discute avec un talent dont
on doit lui tenir compte.
Nous passerons ses monstruosités de forme dues à une
lésion intérieure de l'oviducte, ses monstruosités pédicu-
laires-ovariennes, ses monstruosités occasionnées par le
contact d'objets extérieurs, bien qu'il y en ait qui doivent
se produire dans le cloaque par la compression de corps
étrangers et de corps non digérés sur l'enveloppe calcaire
de l'œuf encore molle. Mais, à l'occasion de ses monstruo-
sités par addition, nous dirons que les oeufs à double
jaune sont l'indice et le produit de la greffe de deux zoo-
morphes ou ovules fécondés, ce qui est dû probablement,
comme l'avance fort à propos M. des Murs, à la nourri-
ture trop excitante. A l'article des monstruosités en moins,
l'auteur dit de très-bonnes choses sur les petits œufs nains,
œufs imparfaits, nommés œufs de Coq. Nous lui ferons
savoir que ces petits œufs, trouvés parfois dans des amas
de branchages ou de paille, près de petites Couleuvres,
sont appelés, par les paysans de Rochefort-sur-Mer, Co-
quatrix et Coquards, ou œufs de Serpents. Ces hommes
simples prétendent qu'ils sont le produit du mariage
malencontreux d'une Poule et d'un Serpent, comme, au
reste, l'auteur le dit lui-même.
M. des Murs fait ressortir avec vérité les rapports de la
forme de l'œuf avec celle du squelette de l'Oiseau qu'il
doit contenir ; l'œuf presque ovoïconique du secrétaire
lui en fournit le plus évident témoignage parmi tous les
œufs ovalaires des rapaces diurnes. Mais, comme les œufs
des Oiseaux ont bien leur forme respective avant que les
Oiseaux ne soient organisés, ce fait est pour nous une
preuve certaine de notre loi de coïncidence organique ;
tout coïncide donc dans l'espèce, même la forme de l'œuf
avec celle du squelette.
La forme de l'œuf, quelle qu'elle soit, est toujours dis-
posée d'après les règles des voûtes en cintre, pour résis-
ter aux chocs, à la pesanteur et au piétinement des Oi-
322 rkv. et mag. de zoologie. [Juillet 1860.)
seaux, et il affecte la disposition plus ou moins sphérique,
afin d'agir intérieurement, comme un miroir réflecteur,
en concentrant dans le vitellus, pour y déterminer un
travail de circulation vitale, les rayons chimiques de la
lumière du calorique et de l'électricité organiques. L'en-
veloppe de l'œuf est sèche et calcaire, et obtient, par cela
même, un effet isolant et non conducteur.
Pour nous encore, par intussusception , le jaune, le
blanc, la coquille et les principes de sa couleur, tout l'œuf
enfin est sécrété par la membrane externe à la membrane
zoomorphale par l'intermédiaire de son pédicule ovarien
et de la circulation qui s'y produit.
A la manière du périoste des os, cette membrane
externe ou caduque sécrète la pâte calcaire, à rayons con-
centriques, plus ou moins colorée de la coquille, mêlée de
gluten, qui devient, sans être celluleuse comme le tissu
des os, par sa dessiccation et sa cristallisation, la cellule
osseuse de l'œuf, après avoir laissé celte membrane ova-
rienne, que l'ovule fécondé a de plus en plus distendue
en se développant, et qui constitue une sorte d'alvéole,
qui reste au fond de l'oviducte, attachée à l'ovaire où elle
se cicatrise. La pâte calcaire se forme donc comme le dé-
pôt métallique dans l'action galvanoplastique, par la cir-
culation électro-vitale; ce qui le prouve, ce sont les petits
tubercules externes analogues à ceux du dépôt galvano-
métallique et les autres incrustations externes que l'on
remarque sur certains œufs, dont quelques-uns présentent
même une nouvelle couche calcaire en nappe recouvrant
la coquille colorée, couche nouvelle qui annonce un mou-
vement alternatif de sécrétion dans la membrane externe
à la membrane zoomorphale.
A mesure que la sécrétion calcaire se produit, la cou-
leur de la pâte augmente de dedans en dehors, la mem-
brane externe ou caduque sécrète donc tout, et si elle se
crève par la fécondité, ou dans une poursuite de l'ani-
mal, avant que ce dernier travail soit fait, l'œuf sort sans
ANALYSES DOUVUAGES NOUVEAUX. 323
coquille. Lorsque la rupture de la membrane arrive à sou
temps, la pâte calcaire encore molle se trouve en rapport
avec des liquides. Soit dans l'oviducte, soit dans le cloa-
que, elle se durcit alors et se minéralisé, d'après les prin-
cipes des sels insolubles dans les liquides, et la dessiccation
de la partie glutineuse à l'air complète l'œuvre. Les sels
des urines agissent aussi sur le principe de la couleur. De
cette manière, les secrets de l'oogénèse sont en partie dé-
voilés.
Quoi qu'il en soit, M. des Murs, lui aussi, nous fournit
sur ce point ses propres observations avec un talent tou-
jours en rapport avec le sujet qu'il traite ; il discute éga-
lement celles des auteurs, et sa dissertation sur tout ce
qui se rattache à l'incubation des Oiseaux est très-bien
(étudiée.
A propos des monstruosités, il faut se pénétrer que
toutes sont le résultat de la cause accidentelle (Morpholo-
gie, pages 7, 8, 9, etc.); qu'un ovule une fois fécondé par
le sperme devient un zoomorphe, c'est-à-dire une forme
de la matière organique qui a son existence propre, et
que tout zoomorphe a la propriété de se greffer n'importe
où et sur quoi dans l'utérus, pour y suivre une vie para-
sitique, si une irritation ne l'en empêche pas : il peut se
greffer même sur un autre zoomorphe déjà greffé, parce
qu'il y a là déjà aussi une circulation sanguine. Mainte-
nant toutes les invaginations d'oeufs dans les oeufs, les
œufs doubles avec ou sans jaune, proviennent de la greffe
des zoomorphes et de leur vie parasitique. Sont exceptés
les œufs à double coquille qui tirent leur origine, à n'en
pas douter, d'un double et même travail, fruit de l'acti-
vité et d'un mouvement alternatif de sécrétion de la mem-
brane externe à la membrane zoomorphe, cette membrane
externe de tout le produit ovarien.
L'absence de jaune démontre l'absence de la membrane
et des vaisseaux propres producteurs de ce corps vi-
tellin.
324 rev. et mag. de zoologie. {Juillet 1860.)
On trouvera les causes de la coloration de la coquille
expliquées dans un mémoire (1) que nous avons publié, le
1er mai 1860 (2), à l'occasion de la publication du livre
d'oologie de M. des Murs, et qui renferme toutes les expé-
riences nécessaires à faire connaître la contexture de la
couche calcaire de l'œuf, que nous avons soumise à l'ac-
tion des acides au foyer même du microscope, où se voit
le dégagement du gaz carbonique, la disposition plus ou
moins granuleuse du mucus coloré, granulation occasion-
née par l'acide de l'expérience , enfin l'entre-croisement
des cristaux calcaires ; mais n'allons pas plus loin dans nos
observations particulières, et revenons au livre si intéres-
sant de M. des Murs.
Après ses nombreuses considérations sur la coquille de
l'œuf, l'auteur bien inspiré comprend la nécessité où il se
trouve d'établir un systema oologicum qu'il fonde sur l'or-
dination suivante des principaux groupes d'Oiseaux, sa-
voir : les Rapaces, les Zygodactyles, les Passereaux, les
(1) Nous avions fait ce travail vers 1845; oublié dans nos cartons
à cause des publications de physiologie que nous avons faites, ce fut
le Traité cToologie de M. des Murs qui nous décida à le publier. Nos
droits spnt établis dans son ouvrage, page 499 et suivantes, et par le
permis d'imprimer du ministère du 27 avril 1860. Les idées de notre
mémoire ayant été usurpées, sans citation d'auteur, par M. Moquin-
Tandon, dans le n° 5, 1860, de la Rev. et Mag. de zoologie, nous nous
réservons le droit de défense de notre propriété littéraire, ne voulant
pas faire saisir le numéro de la Revue, à cause de la banne amitié qui
nous lie à M. Guérin-Méueville.
(2) Cette question d'antériorité ne nous regarde pas. Nous devons
dire, cependant, que le manuscrit du travail de M. Moquin-Taudon,
qui a paru dans le mois de mai de cette Revue (n° 5, p. 193), était
entre nos mains depuis près de deux mois. Ces retards arrivent con-
stamment dans ces sortes de publications, car il nous est impossible
de faire paraître immédiatement tous les manuscrits qui nous sont
remis, et nous pourrions en citer qui sont demeurés plus de six mois
dans nos cartons.
Il eût donc été impossible à M. Cornay de faire opérer la saisie de
notre numéro pour un semblable molif, et sous le prétexte d'une
usurpation qui n'existe pas. (Guérin-Méneville.)
MÉLANGES ET NOUVELLES. 325
Gallinacés, les Struthiones, les Gralles, les Nageurs, les
Ptiloptères.
Il fournit, sur ses ordres, ses tribus et les espèces, des
observations précieuses, en soumettant toujours ce qu'il
avance et ce qu'en ont dit les auteurs à la controverse la
plus sévère, de laquelle découlent des déductions utiles.
On peut juger que les mœurs privées et communes, natu-
relles et accidentelles ou passagères des Oiseaux, l'ensem-
ble et les détails de leur organisation physique, et surtout
la forme, la nature et la couleur des œufs, lui sont entiè-
rement connus.
Il faut lire les 280 pages sur Y Application des caractères
oologiquesy et l'on verra que sous ce titre modeste l'auteur
expose toutes les connaissances qu'il a puisées dans une
pratique longue et pénible, comme chasseur, observateur
et travailleur érudit ; non-seulement les habitudes des
Oiseaux sont dévoilées, mais les mystères de leur nidifica-
tion et de leur couche nuptiale sont aussi la source de
bien des observations exactes que nous avons nous-même
parfois vérifiées dans nos études, dans nos nombreuses
chasses et nos courses fréquentes d'histoire naturelle.
(La suite prochainement.)
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Le Ver à soie de VAilante au concours général et national
d'agriculture de 1860.
Divers naturalistes et des agriculteurs, qui ont compris
l'utilité de cette introduction , ayant été étonnés de voir
qu'elle ne nous avait valu aucune récompense à ce grand
concours, il est utile qu'ils sachent que cela tient à ce que
nous avons cru prudemment devoir nous abstenir de con-
courir. En effet, étant membre du jury, avec tous nos
confrères de la Société impériale et centrale d'agriculture
de France, parmi lesquels nous comptons beaucoup d'amis
326 rev. et mag. de zoolocie. [Juillet 18G0.)
pleins de dévouement et pas de jaloux , nous aurions craint
que la malveillance u'attribuât à l'amitié ou à la confra-
ternité la haute récompense qu'ils auraient pu nous voter.
C'est dans cette crainte que nous avons adressé la lettre
suivante à M. le président du jury des produits, le 20 juin
1860, jour du vote définitif.
« L'assentiment unanime que mon introduction du Ver
à soie de l'ailante a obtenu du public, venant se joindre
d'une manière éclatante à l'approbation de S. M. l'Empe-
reur, juge si éclairé et si impartial , a comblé tous mes
vœux en me prouvant que j'ai eu le bonheur de donner à
l'agriculture et à l'industrie une source de richesse [Moniteur
du 2i mars 1859). Comme ces jugements sont la plus haute
récompense que puisse ambitionner un homme qui a cher-
ché toute sa vie à se rendre utile au pays, je vous prie de
vouloir bien informer le jury des produits que je me retire
du concours.
« J'ai l'honneur, etc. »
En présence de la cruelle épidémie qui fait plus ou moins
complètement manquer les récoltes de cocons du mûrier,
beaucoup d'agriculteurs ont voulu faire des expériences
pour s'assurer de la possibilité d'élever en plein air le Ver
à soie de l'ailante. Nous nous sommes prêté avec empres-
sement à leur désir, en leur envoyant des œufs de cette
espèce produits dans notre appartement de Paris, ce qui
a absorbé tout notre temps depuis plus de deux mois. En
leur faisant cet envoi gratuitement, nous leur adressons
une instruction et une circulaire dont voici le principal
passage :
« Pour répondre à la sollicitude de l'Empereur, qui m'a
exprimé le désir de voir cette nouvelle industrie se déve-
lopper en France, je vous fais don de cette espèce, et ne
vous demande qu'un rapport sur les résultats que vous
obtiendrez et l'engagement de la répandre le plus que
vous pourrez.
« J'ai l'honneur, etc. »
MKL\Nf,ES KT NOUVELLES. 327
Aujourd'hui, après avoir satisfait à la demande de plus
de 150 agriculteurs, tous les œufs provenant de la pre-
mière génération de printemps sont expédiés, et nous ne
pourrions plus répondre à de nouvelles demandes avant
la seconde génération , celle d'automne, qui va commencer
vers le milieu d'août.
Cependant, comme, dès le début, nous nous sommes em-
pressé de donner des reproducteurs de ce Ver à soie à la
Société impériale d'acclimatation , pour qu'ils soient ré-
pandus parmi ses nombreux membres de tous les pays, et
que nous n'avons cessé d'en faire faire des éducations,
d'après la mission qu'elle nous en a donnée, dans la mé-
nagerie des reptiles du muséum d'histoire naturelle, de
nombreux envois d'oeufs sont faits par les soins de M. A. Du-
méril et de M. Vallée, l'habile gardien de cette ména-
gerie, que nous avons initié, depuis trois ans, à la pratique
de l'éducation des Vers à soie domestiques et sauvages.
Nous ne saurions trop remercier la Société impériale
zoologique d'acclimatation de son empressement à nous
encourager et à nous seconder dans cette importante
circonstance, et nous ne devons pas oublier de témoigner
notre gratitude à MM. A. Duméril et Vallée, qui sont allés
au-devant de nos vœux, en faisant, même sans que nous
leur en ayons adressé la demande, une large et active distri-
bution d'œufs de cette espèce, répondant ainsi à notre plus
vif désir, la rapide propagation d'un insecte domestique
dont l'introduction et l'acclimatation nous ont coûté déjà
près de quatre ans de travaux incessants et des plus pé-
nibles. (G. M.)
Papillons exotiques par Cramer.
Un de nos abonnés désirant se défaire de deux exem-
plaires du bel ouvrage de Cramer sur les Papillons exoti-
ques, les a déposés au bureau de la Revue, où l'on pourra
s'adresser (franco) pour les voir ou traiter.
328 rev. et mac. de zoologie. (Juillet 1860.)
L'un des exemplaires se compose de 4 vol. in-4% 2 de
texte et 2 de planches. Il y a juste 400 planches, ce qui
constitue l'ouvrage complet de Cramer.
Le second exemplaire, semblable au premier, est ac-
compagué du supplément par Stoll.
Ce supplément, beaucoup plus rare, est composé de
42 planches, représentant surtout beaucoup de Chenilles
des Papillons exotiques. Il forme 2 petits volumes in-4°,
texte et planches;
Note très-essentielle.
L'étendue limitée de notre journal ne permettant pas de
consacrer un grand espace aux analyses d'ouvrages nou-
veaux, nous devons nous borner à les signaler le plus briè-
vement possible. Il nous faut réserver la place pour des
faits, car ceux-ci avancent plus la science que les plus
longues dissertations sur des traités imprimés que chacun
peut lire et apprécier comme il lui convient.
En conséquence, nous ne consacrerons jamais plus
d'une à trois pages, au maximum, à l'analyse d'un livre
imprimé, et nous n'admettrons qu'une seule analyse du
même ouvrage. (Voir p. 313.)
TABLE DES MATIERES.
Page».
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 281
0. des Murs. — Observations au sujet des Considérations
sur les œufs des Oiseaux de M. Moquin-Tandon. 293
A. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés
à Cette, suivi de quelques idées sur la possibilité de
réempoissonner le golfe de Lyon. 299
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 302
Académie des sciences. (Verde l'ailante.) 306
Analyses. 313
Mélanges et nouvelles (Ver à soie du vernis du Japon). 325
PARIS. — 1MP. DE Mmo V* BOUCUARD-HUZARD , RUE DE l/ÉPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — AOUT 1860.
I. TRAVAUX INEDITS.
Essai sur les Poules de Nankin dites de Cochinchine, par
le docteur Sacc. (PL 18 et 19.)
Origine.
Cette belle et grande espèce, qu'on trouve dans les par-
ties chaudes du centre de la Chine, a été importée, en
184-4-, en Angleterre, où S. M. la reine Victoria s'empressa
de la répandre avec le zèle qu'elle et son royal époux ap-
portent à tout ce qui est utile à l'humanité.
En 1846, M. l'amiral Cécile en importa, en France,
quelques paires qui furent déposées au muséum d'histoire
naturelle, et dont les administrateurs mirent généreuse-
ment les œufs à la disposition de beaucoup d'amateurs, en
tète desquels se trouve l'habile et persévérante Mme Passy.
C'est à elle que revient tout l'honneur de la diffusion des
Poules de Nankin, puisque c'est elle qui, la première, en a
fait connaître les inappréciables avantages et a enseigné
les soins à leur donner.
Description.
Le plumage est d'un jaune plus ou moins vif, constam-
ment plus foncé sur le dos que sous le ventre ; les plumes
effilées du cou et du croupion sont, chez le Coq, légère-
ment dorées; celles de la queue sont courtes, réunies en
un bouquet assez touffu , et noires avec des reflets d'un
vert très-brillant. La Poule offre une coloration analogue,
mais sa queue est d'un jaune plus foncé que celui du reste
du corps, souvent un peu lavée de noir, et on remarque
fréquemment quelques taches noires au bout des plumes
du camail, et aux grandes pennes des ailes.
La crête est simple , profondément dentelée et d un
2e geais, t. xii. Année 1860. 22
330 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
rouge très-vif, comme les barbillons, énormément déve-
loppés et flasques, qui s'allongent sous le cou du coq, en
une espèce de fanon qui descend jusqu'au milieu de la
poitrine. La tête est remarquablement petite, les yeux
gros, brillants et défendus par une arcade sourcilière
assez proéminente.
Le bec est fort, assez long et recourbé ; la voix rauque
et puissante. Les ailes sont attachées très-haut; faibles et
courtes, elles s'enfoncent totalement dans les plumes
molles et laineuses qui garnissent les flancs et le derrière
d'un volumineux duvet assez relevé pour que, vus par
derrière, ces Oiseaux paraissent aussi larges que hauts,
ainsi que le montre la figure jointe à ces lignes.
Les jambes sont hautes, grosses et fortes, bien garnies
de plumes jusqu'au bout des doigts, qui sont très-allongés,
sauf l'externe, et garnis d'ongles forts et droits. Comme
ces Poules ne grattent que peu la terre, il est probable
que la nature ne les a dotées d'une base aussi remarqua-
blement large que pour leur permettre de courir aisément
sur les sables mouvants des déserts à la frontière desquels
on les rencontre.
Les Coqs atteignent une hauteur de 0m,70, et pèsent de
4 à 5 kilog. au moins ; nous en possédons un qui pesait
4 kilog. à huit mois, sans avoir été engraissé. Les Poules
n'ont que0m,60 de haut et pèsent généralement 3 à 4 kilog.
mais elles arrivent au double quand elles sont bien en
chair. Une poule de deux ans a pesé, après avoir été plu-
mée, 6\500, et a fourni 760 gr. de graisse accumulée seu-
lement autour des intestins.
L'âge est facile à reconnaître à la couleur des pattes, dont
le devant est jaune jusqu'à deux ans et passe au blanc
sale à quatre ans , à mesure que les écailles des jambes
s'épaississent.
La taille se développe jusqu'à deux ans, où elle s'achève,
les éperons des Coqs ont alors 0m,03 de long sur 0,u,02 de
TRAVAUX INÉDITS. 331
large; ils ne s'allongent jamais autant que ceux des Coqs
communs et sont beaucoup plus épais.
Les Coqs sont en pleine valeur jusqu'à six ans et les
Poules jusqu'à quatre, pourvu qu'on ne les fasse pas
couver plus de deux fois par an ; dans le cas contraire,
elles sont usées à deux ans déjà.
Les œufs, parfaitement elliptiques, sont d'un beau
nankin foncé tirant sur l'orange : il arrive souvent qu'ils
sont marqués de taches foncées qui les font ressembler
aux œufs des Dindes. La coquille est épaisse. Les œufs
des Poules d'un an pèsent, en moyenne, 57 gr., et ceux
des Poules de deux ans 63 gr.
La constitution molle, lymphatique de ces Oiseaux les
rend éminemment aptes à prendre la graisse et leur fait
craindre tous les exercices violents ; aussi n'aiment-ils
ni à courir ni à percher; on les voit presque constamment
couchés dans le sable ou sur la paille. Leur naturel con-
fiant et doux permet d'en tenir beaucoup dans un espace
relativement petit, et facilite grandement les soins qu'on
leur donne, surtout lorsqu'ils sont jeunes.
Un Coq ne suffit qu'à douze Poules, pour lesquelles il est
rempli d'égards et qu'il défend avec fureur, en frappant
l'agresseur du bec et surtout des pieds, avec lesquels il
donne de véritables coups d'assommoir.
Les Poules sont si excellentes couveuses, qu'elles meu-
rent de faim sur leurs œufs, si on ne les en enlève pas
chaque jour, pour les faire boire et manger. Elles soignent
fort bien leurs petits jusqu'à deux semaines, époque où
elles les quittent pour recommencer à pondre ; il faut alors
les donner à une autre couveuse, qui les adopte aisément
lorsqu'on les glisse sous elle à la tombée de la nuit. Sans
cette précaution, les Poulets prennent une faiblesse des
jambes qui les fait périr les uns après les autres, et ne
vient que du froid qu'ils éprouvent.
En été, les Poules pondent tous les. jours pendant dix-
sept à vingt jours, puis demandent à couver pendant un
332 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Août 1860.)
temps égal ; en hiver, elles ne pondent que de deux jours
l'un, et ne demandent à couver que tous les trente ou
quarante jours.
Avantages et inconvénients.
Les Poules de Nankin sont les meilleures pondeuses qui
existent; elles pondent et couvent pendant toute l'année,
sans jamais être arrêtées que par la mue, ou par des
froids très-vifs , ainsi que le montre le tableau suivant
indiquant la ponte de cinq Poules pendant l'année 1858 :
Janvier 80 œufs.
Février 76
Mars 34 mue.
Avril 75
Mai 72
Juin 55 incubation.
Juillet 39 incubation.
Août 63
Septembre 62
Octobre 70
Novembre 38 mue.
Décembre 68
732 œufs.
Soit 146 œufs par Poule et par an.
Elles sont faciles à engraisser et atteignent plus de poids
qu'aucune autre espèce ; enfin , grâce à leur douceur
elles sont très-faciles à garder, même dans les plus petii
enclos.
Le seul et véritable défaut de cette belle espèce est si
paresse, qui la rend peu apte à chercher sa nourriture el
l'expose au croisement avec toutes les espèces plus forte
et plus agiles qu'elle, ce qui explique son abâtardissemei
partout où on la laisse se mêler avec les Poules communes.
La Poule de Nankin ne sera donc jamais la Poule des
paysans; mais elle est une ressource inappréciable poui
tous les petits ménages des villes, ainsi que des villages,
qui, ne disposant que d'un espace restreint, ne peu-
vent loger des Poules communes, et tiennent cependant
TRAVAUX INÉDITS. 333
à avoir une alimentation saine et abondante qui ne leur
manquera jamais avec cette précieuse espèce.
Les Poules de Nankin craignent énormément l'humidité
et redoutent les froids vifs ; elles succombent rapidement
dans les poulaillers humides et périssent lorsqu'on ne les
défend pas contre les grandes gelées; mais il en arrive de
même aux espèces communes, qui sont cependant moins
délicates qu'elles.
Enfin cette intéressante espèce est d'une pureté de sang
telle que je n'en ai jamais eu des individus malades, et que
tous leurs œufs éclosent, pour ainsi dire, au même instant,
comme ceux des Oiseaux sauvages. Aucune espèce n'est
plus robuste que la Poule de Nankin, qui ne redoute abso-
lument que l'humidité et le froid vif.
Logement.
Pour garantir les Poules contre l'humidité, on met à
leur disposition, dans la basse-cour, un hangar couvert en
planches et garni de sable fin dans lequel elles aiment à
se plonger jusqu'au cou pour se débarrasser des poux qui
se multiplient rapidement dans leurs plumes molles et
soyeuses. Comme on les enferme dans le poulailler toutes
les fois qu'il gèle, il faut qu'il soit assez vaste, sec, bien
aéré et garni de planches.
Pour vingt-quatre Poules et deux Coqs, le poulailler aura
5 mètres de large sur 3 de haut et 10 de long ; il sera par-
tagé, au milieu et sur toute sa hauteur, par une cloison en
planches munie d'une porte à claire-voie.
La partie tournée vers la basse-cour est le poulailler
proprement dit, servant de pondoir et de juchoir, tandis
que l'autre, qui, seule est bien éclairée, sert, en hiver, de
promenoir et, en été, de couvoir et de salle d'éducation
pour les Poulets. Le poulailler s'ouvre sur le sol de la
basse-cour par un guichet haut et large de (V,75 et garni
d'une forte porte en chêne, afin d'empêcher les rats d'y
pénétrer. A droite s'élève le perchoir placé sous un angle
de 45 degrés et garni de planchettes larges de 0m,10 et
33k REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (AoÛl 1860.)
épaisses de 0m,03, sur lesquelles les Poules se couchent à
plat, car elles ne peuvent pas percher sur des baguettes
arrondies et étroites comme celles qu'on donne aux Poules
communes.
On ne fait pas de nids; mais on garnit le sol du pou-
lailler d'une couche de paille molle profonde de 0m,30 à
0m,40 , dans laquelle on creuse , du côté opposé au
perchoir, quelques trous arrondis où l'on dépose un œuf
de craie qui attire aussitôt les pondeuses. En hiver, on
garnit le sol du promenoir d'une couche de paille épaisse
de 0m,25, dans laquelle les Poules aiment à se tenir enfon-
cées quand le froid est vif, ce qui les garantit des rhuma-
tismes qui paralysent les jambes de celles qu'on laisse
courir dehors lorsqu'il gèle. Deux fois par semaine on
ajoute de la paille fraîche à la première pour ne l'enlever
qu'au printemps, en sorte qu'il s'y établit une fermenta-
tion douce qui tempère, dans le poulailler, l'influence du
froid de l'atmosphère. En été, par contre, on doit changer,
tous les trois jours, la paille du poulailler, afin d'empêcher
la multiplication de la vermine. Dans un coin du prome-
noir, on place une caisse de 2 mètres carrés, profonde de
0m,30, qu'on remplit de sable fin et de petits graviers dans
lesquels les Poules aiment à se vautrer.
Il est essentiel d'aérer le poulailler, toutes les fois que
le temps le permet; il faut, en été, y maintenir, pendant
le jour, un courant d'air continuel ; en substituant aux
fenêtres du promenoir des châssis garnis en toiles métal-
liques.
Une cour de 500 mètres carrés suffit à vingt-cinq Poules;
elle doit être inclinée vers le sud ou le levant, de manière
à ce que l'eau n'y séjourne jamais. C'est dans la partie
basse qu'on établit le fumier sur lequel les Poules se tien-
nent presque constamment. Les arbres ne valent rien
dans la basse-cour, à laquelle ils enlèvent l'air et la lumière;
de plus, ils servent de logement aux moineaux pillards, et
souvent aussi d'embuscade aux oiseaux de proie. Il est
TRAVAUX INÉDITS. 335
essentiel que le sol de la basse-cour reste nu, afin que ses
habitants puissent le gratter et y courir sans se faire mal
aux pattes, ce qui arrive infailliblement lorsqu'on le pave
ou qu'on le dalle.
Nourriture.
On alimente les adultes avec de l'avoine, du maïs, du
sarrasin , du son et des pommes de terre cuites, auxquels
on ajoute, en été, de la verdure en abondance. L'avoine
seule peut tenir lieu de toute autre nourriture , parce
qu'elle échauffe et fortifie les volailles sans les déranger
comme le maïs et surtout l'orge.
La verdure à préférer est la laitue et l'oseille, puis aussi
le mouron blanc ; il faut éviter avec soin les épinards, qui
causent une diarrhée difficile à arrêter. En hiver, on rem-
place le vert par quelques poignées de regain , sur lequel
les poules se jettent avidement.
Pour vingt-cinq Poules, on donne, chaque matin, un
grand baquet de 0m,35 de diamètre sur 0",15 de profon-
deur, plein de gros son et de pommes de terre cuites
broyées avec le moins d'eau possible, de manière à faire
une pâte épaisse et consistante. A midi, on donne un ba-
quet de même grandeur plein d'avoine et cinq ou six lai-
tues, ou un poids égal de feuilles d'oseille quand il fait
chaud. Aux mêmes heures, on renouvelle l'eau des ba-
quets, qu'on a soin d'abriter contre la chaleur et la pous-
sière, afin qu'elle reste aussi fraîche et aussi pure que pos-
sible.
Dans les pays où le sol n'est pas calcaire, on donne aux
Poules cette terre, indispensable à la formation de leurs
os, ainsi que de la coquille de leurs œufs ; il leur en faut,
pour vingt-cinq têtes, t kilog. par mois. On emploie, dans
ce but, de la craie, qu'on concasse en morceaux de la
grosseur d'une lentille, qu'on jette dans le sable, d'où elles
les tirent avec le plus grand soin.
Multiplication
Dans l'Europe centrale, il n'est pas prudent de mettre
336 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
couver avant le mois de mai ni après celui de juin, parce
que les Poulets souffrent du froid ; ils ne se développent
jamais aussi bien qu'au milieu de l'été, et ne donnent pas
des adultes robustes et bien conformés. Pour l'incuba-
tion , il est essentiel de choisir des œufs de la semaine ;
tous éclosenl alors; il en manque un tiers au moins quand
ils ont quinze jours, et on n'est plus sûr de rien quand ils
sont plus âgés ; les jeunes qui en proviennent restent, d'ail-
leurs, toujours chétifs. Chaque Poule est posée doucement
sur 12 œufs rangés au fond d'une large corbeille bien
garnie de foin tassé et dressé de manière à ce qu'il y
forme une surface bien molle et presque plane. Tous les
jours, à midi, on enlève les couveuses de dessus leurs
œufs, afin qu'elles boivent, mangent, se vident, et sur-
tout se roulent dans le sable , afin de se débarrasser des
poux qui les tourmentent beaucoup, aussi longtemps que
dure l'immobilité provoquée par l'incubation. Elles rega-
gnent le nid dix à quinze minutes après qu'on les en a
enlevées.
L'éclosion a lieu du dix-neuvième au vingt et unième
jour; elle est presque instantanée pour les œufs de la se-
maine; elle commence vers le soir et s'achève pendant la
nuit. On enlève les coquilles d'œufs dès qu'elles sont li-
bres, et on évite soigneusement d'aider les Poulets lors
de l'éclosion, tant dans la ciainte de les blesser que
parce que ceux qui n'ont pas la force de rompre leur co-
quille trahissent une faiblesse constitutionnelle qu'ils con-
servent toute leur vie.
Dès le lendemain, on dispose à terre un lit de foin bien
mou et très-plat, sur lequel on transporte, aussi délicate-
ment que possible, la Poule et ses petits, auxquels on
donne, douze heures après leur naissance, un œuf cuit
dur et haché fin, auquel on ajoute, dès la première se-
maine de leur vie, de la mie de pain. A partir de la troi-
sième semaine, on supprime peu à peu l'œuf dur, qu'on
remplace par du millet, du pain trempé dans du lait, et,
TRAVAUX INÉDITS. 337
plus tard, par une épaisse bouillie de son et de pommes
de lerre, accompagnée de froment et de sarrasin, ou
d'avoine.
Les Poulets grandissent très-vite ; mais, comme ils ne
s'emplument que lentement, on ne les laisse sortir qu'à
un mois accompli, et seulement durant les beaux jours.
Nous rappellerons ici qu'il faut changer la mère au quin-
zième jour, afin qu'ils ne prennent pas cette faiblesse des
jambes qui les fait périr.
Variétés.
Si la Poule de Nankin pure a une robe jaune nankin, les
faisandiers ont trouvé moyen d'offrir aux amateurs des
Poules dites de cette espèce, de toutes couleurs; il
y en a de blanches, de maillées, de grises et de noires ;
ces dernières sont les plus belles et les plus fertiles de
toutes. Toutes ces couleurs n'appartiennent pas à la Poule
de Nankin ; elles proviennent de croisements ; aussi dégé-
nèrent-elles rapidement. C'est avec un Coq de Nankin pur
sang et une Poule commune blanche qu'on obtient les
nankins blancs; les noirs avec une Poule de la Flèche, les
maillés avec une Poule maillée, et ainsi de suite. Nous ne
saurions trop mettre en garde les amateurs sérieux con-
tre ces croisements qui, vendus à des prix fabuleux, peu-
plent les basses-cours de Poules dégénérées, et quelque-
fois peu fécondes.
Maladies.
Depuis trois ans que nous étudions ces Poules, nous ne
connaissions que cette faiblesse des jambes, qui attaque
les Poulets lorsqu'à la deuxième semaine la mère les
quitte, et qu'on n'a pas la précaution de la remplacer par
une autre. Quelquefois cependant il arrive qu'un Poulet a
l'air triste et abattu ; il suffit de lui faire avaler trois grains
de poivre pour le rétablir aussitôt.
Ennemis.
Outre les Oiseaux de proie, contre lesquels il n'y a de
remède que le fusil, les Poules de Nankin n'ont d'ennemis
338 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Août 1860.)
que les Rats, qui font, dans les basses-cours, d'incalculables
ravages ; aussi ne saurait-on leur faire une chasse assez
active. Pour donner une idée de leur voracité, nous di-
rons que les 9 Poulets qui manquent dans notre Balance
ont été mangés par un seul Rat, qui en enleva une nuit 1,
la nuit suivante 3, puis 3, et enfin 2. Ce brigand fuyait et
les chats et les pièges; qu'y faire? A force de chercher,
nous découvrîmes la cachette où il avait entassé le corps
des 9 Poulets dont il n'avait mangé que les intestins; nous
en ôtâmes 8 et saupoudrâmes l'intérieur du dernier avec
une pincée de nitrate de strychnine en poudre fine; le
lendemain matin, le surmulot était étendu roide mort sous
le bec même de la pauvre mère, à laquelle il cherchait à
faire un nouveau vol. Les Rats sont les plus terribles en-
nemis des volailles , aussi ne saurait-on trop les traquer et
les détruire; mais l'usage du poison, qui en est le plus
sûr et le plus actif moyen de destruction, est tellement
dangereux, que je n'oserais jamais le conseiller à des
hommes peu habitués à manier d'aussi terribles sub-
stances.
Balance.
Pendant l'année 1858, 5 Poules et 1 Coq ont consommé,
avec les 39 poulets, ceux ci seulement pendant 3 mois,
soit en 5,700 jours :
244 kilog. de son 39 fr. 05 c.
378 kilog. d'avoine 86 00
22 kilog. de millet 17 60
319 kilog. de sarrasin 60 50
160 kilog. de pommes de terre 9 00
84 œufs (1) 4 20
Loyer du poulailler 6 00
Total 222 35
Elles ont produit
732 œufs à 60 centimes la douzaine 36 fr. 60 c.
39 poulets à 5 francs l'un 195 00
Ensemble 231 60
(1) Sur ces 84 œufs, 48 ont été couvés et 36 out servi à l'alimen-
tation des Poulets.
TRAVAUX INÉDITS. 339
Ce qui laisse un bénéfice net de 9 fr. 25 c.
Conclusion.
Dans son excellent Traité de la Basse-cour, M. le baron
Peers fixe à 100 grammes d'avoine, par tête et par jour, la
ration de production de la Poule commune ; en conver-
tissant en leur équivalent d'avoine tous les aliments four-
nis à nos Poules, nous trouvons que la ration de produc-
tion des Poules de Nankin est exactement double, c'est-à-
dire qu'elle est, en moyenne, de 200 grammes par tête et
par jour.
Considérations sur les oeufs des oiseaux ,
par A. Moquin-Tandon.
Voir le commencement de ce travail, vol. XI, 1859,
p. 4-14 et 469, et vol. XII, 1860, p. 11, 57.
Quand on examine au microscope les teintes variées des
œufs unicolores, on reconnaît que la matière colorante
von pure est composée d'un grand nombre de cellules
extrêmement petites. Ces cellules paraissent un peu allon-
gées. Elles m'ont offert, dans le Héron pourpré, environ
0,nm,i2 de grand diamètre, et dans le Rossignol, environ
0mm,28. Leur volume est donc beaucoup plus grand que
celui des globules sanguins de la Poule (1).
On voit très-bien ces cellules en raclant légèrement un
œuf, en plaçant la poussière obtenue sous l'objectif d'un
bon microscope et en mettant dessus une goutte d'acétique.
La matière calcaire est aussitôt dissoute et les cellules se
montrent isolées.
Dans l'intérieur des cellules dont il s'agit, on découvre
des granules d'un diamètre extrêmement petit. N'ayant
pas de micromètre sous la main, je n'ai pas pu les mesurer.
§ 3. Œufs tachetés (2). — Les œufs tachetés sont plus
nombreux que les blancs et les unicolores réunis. On l'a vu
plus haut.
(1) Ces globules, dans la Poule, présentent, en moyenne, 0m'",0i22.
(2) Quœdam sunl picta, tel ova Pirarum et Cornicum, Albert
Magn., opéra, t. VI, p. 189.
340 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
La quantité de taches qui les couvrent paraît extrême-
ment variable; elle n'est en rapport avec le volume de la
coque que d'une manière très-générale ; car il existe des
œufs très-grands, peu tachetés, et des œufs petits à taches
fort nombreuses. Par exemple, celui du Larus argentatus,
qui a près de 8 centimètres de grand diamètre, ne pré-
sente quelquefois qu'une vingtaine de maculations; tan-
dis que celui du Tetrao lagopus, qui dépasse à peine la
moitié de ce même diamètre, peut en offrir plus de mille.
La grosseur des taches augmente ordinairement avec le
volume de l'œuf; cependant il existe des coques grandes
à mouchetures très-petites ( Fulica atra) et des coques pe-
tites à maculations très-grandes {Strepsilas collaris).
Tout le monde sait que chez les Mammifères, au mo-
ment de la reproduction, le sang se porte en si grande
abondance vers les organes génitaux, qu'il en résulte un
suintement ou écoulement plus ou moins appréciable.
Chez les Oiseaux, à la même époque, il y a aussi un afflux
de sang très-prononcé. Leur oviducte se trouve dans une
sorte d'état quasi inflammatoire. On a cru que l'excès de
ce fluide, déposé sur l'œuf, dans les derniers temps de sa
formation et lors de sa ponte, produisait les taches qui
ornent ce dernier. On a dit que ces taches n'étaient autre
chose que du sang veineux devenu inutile. Voilà pourquoi,
a-t-on ajouté, elles ne présentent que des teintes qui
naissent toutes soit de la dessiccation du sang ou de son
mélange avec de la matière calcaire ou de la mucosité,
soit de sa décomposition, c'est-à-dire de sa conversion en
humeur putride, en ichor et même en véritable pus (Carus).
Le sang dont il s'agit passe du pourpre au brun-foncé,
au brun-noir, au brun-clair, au jaune-roux, au jaune pâle,
au vert-jaunâtre, au vert-bleuâtre, au vert-obscur. On a
expliqué ainsi comment toutes les couleurs primitives sont
exclues; car on ne trouve jamais de taches d'un rouge
pur, d'un jaune pur, ni d'un bleu pur!
Guettait!, Manesse, Parkinje et, plus lard, MM. Carus,
TRAVAUX INÉDITS. 341
Thienemann et des Murs ont appelé l'attention des orni-
thologistes sur cette origine de la coloration des œufs,
laquelle, du reste, paraît fort ancienne ; car mon savant
ami M. J. Geoffroy-Saint-Hilaire me Ta montrée dans
Aristote. Ce grand naturaliste a écrit : Color (ovorum) se-
cernitur à sanguine (1) (!).
Cette théorie de la maculation des œufs, au premier
abord, paraît très-ingénieuse et très-vraisemblable. Cepen-
dant elle ne repose que sur une apparence. Dans l'état
actuel de la science, on ne saurait la soutenir. Déjà, du
reste, on avait émis quelques doutes à son égard (Gerbe);
on l'avait même regardée comme une hypothèse ( Berge ).
1° J'ai examiné, au microscope, plusieurs taches, parti-
culièrement celles dont la couleur ressemble le plus au
sang desséché. Je n'y ai point trouvé de globules sanguins!
(Les globules des Oiseaux sont, comme on sait, asez gros
et d'une forme ellipsoïde). M. Leconte, qui s'est livré,
dernièrement, à la même recherche, n'a pas été plus heu-
reux que moi; il a obtenu aussi un résultat négatif.
Immédiatement après la ponte, on voit, parfois, sur les
œufs tachetés ou non tachetés (même sur les blancs), des
impressions linéaires plus ou moins sinueuses, d'un rouge
pourpre assez vif. Ces dépôts sont formés par du sang
pur, suivant la juste remarque de M. Thienemann; ils
ont été faits au moment même de l'accouchement et par
suite des efforts de l'organe traversé. J'ai étudié trois de
ces stries ; la première sur un œuf de Guillemot^ la seconde
sur un œuf de Perdrix et la troisième sur un œuf de Poule.
Dans toutes, j'ai reconnu, plus ou moins nettement, quoi-
que déformés parla dessiccation, les globules caractéristi-
tiques des oiseaux.
L'absence des globules dont il s'agit dans les taches
ordinaires suffirait seule pour renverser la théorie de la
maculation par du sang veineux extravasé.
2° M. Scriba a découvert un procédé nouveau très-
(1) De generalione, III. 1.
34*2 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
simple, publié par M. Virschow, pour reconnaître la nature
du sang desséché. Ce procédé consiste à faire bouillir les
taches, supposées sanguines, avec de l'acide acétique
cristallisable et à évaporer ensuite à la température de
-h 40° à 50°. On obtient ainsi des cristaux d'une matière
colorante particulière (hémine) dont l'existence est un des
caractères du fluide sanguin.
M. Leconte a bien voulu, à ma prière, examiner les
taches de plusieurs œufs; il n'a jamais réussi à obtenir des
cristaux.
3° M. Leconte a traité la matière colorante des taches
comme celles des œufs unicolores. Il a opéré sur des
coques de Ganga, de Caille et de Crécerelle.
L'action de l'acide acétique sépare d'abord de la coque
les taches grandes et petites sans les déformer ; on les
voit flotter dans le liquide.
Ces taches, soumises ensuite au même traitement que la
couleur des œufs unicolores , ont donné des résultats
identiques. Le principe colorant s'est séparé de la matière
albuminoïde avec laquelle il est combiné et s'est présenté
comme un corps soluble, dont il a été possible de modifier,
de changer la teinte et puis de la rétablir (Leconte .
Il est donc permis de conclure que, comme les teintes
unicolores, les taches sont composées de chromine, mais
d'une chromine plus abondante, plus foncée et déposée
par portions circonscrites, plus ou moins inégales.
Cette découverte de M. Leconte me parait d'une grande
importance.
Lorsque l'œuf traverse l'oviducte, il presse, en chemi-
nant, les cryptes gorgées de matière colorante qui tapissent
ses parois et détermine ainsi la formation des taches. On
a vu, dans le paragraphe précédent, qu'un enduit comme
gélatineux s'oppose à ce dépôt, dans les œufs unicolores
( du moins dans une grande partie ). Les gouttelettes de
substance sécrétée s'impriment d'autant mieux sur la co-
TRAVAUX INÉDITS. 343
r
quille que celle-ci est plus mate, plus poreuse et plus
perméable (des Murs).
La grosseur et le nombre des gouttelettes, la force et
l'inégalité de la pression, la lenteur ou la rapidité du pas-
sage, le mouvement en ligne droite ou en zigzag, doivent
exercer une influence prononcée sur l'étendue des taches,
sur leur quantité, sur leur intensité et sur leur forme.
La figure dominante de ces maculations est la figure
irrégulièrement arrondie. On dirait une goutte ou goutte-
lette de liqueur colorée un peu épaisse, écrasée et souvent
un peu refoulée d'avant en arrière. On a comparé ces dé-
pôts tantôt à des éclaboussures, tantôt à des larmes dont
la pointe serait constamment dirigée vers le gros bout
(des Murs). Ces deux comparaisons sont fort exactes
dans un grand nombre de cas. M. Leconte a remarqué
que les bords des maculations, dans celles qui sont fon-
cées, comme dans les pâles, paraissent presque toujours
nettement accusés. Ils ne sont pas effacés, dans un sens
ou dans un autre, comme le serait une goutte de liqueur
colorée, déposée sur un corps solide qui subirait la pres-
sion et le frottement d'un autre corps. Sur l'œuf du Pin-
son, les taches semblent souvent fondues, mais tout au-
tour, c'est-à-dire pas plus en arrière qu'en avant. Il est
aisé de reconnaître que le frottement n'y est pour rien.
M. ïhienemann distingue trois degrés différents de
maculation, les taches pâles, les taches médiocrement co-
lorées et les taches très-foncées. Ce savant oologiste re-
garde ces taches comme répondant à trois périodes dans
le dépôt de la couleur.
Les taches les plus faiblesont été déposées les premières.
Leur couleur paraît grisâtre, cendrée, bleuâtre ou viola-
cée. Celte teinte est due, en partie, à une légère couche
de matière calcaire qui les recouvre et les affaiblit. Aussi
peut-on rendre ces taches plus vives et plus foncées en
les grattant légèrement, c'est-à-dire en enlevant l'enduit
déposé par-dessus (Thienemann).
34-4 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
Je viens de racler avec un canif, sur un œuf de Draine,
plusieurs des taches pâles, d'un gris violacé, qui le carac-
térisent ; elles ont pris la teinte marron foncé des autres
taches du même œuf.
Lors de l'apparition des secondes taches, la matière de
la coque est encore assez impressionnable et la couleur peut
s'y fixer avec solidité. Celles-ci ne sont pas recouvertes
par un enduit calcaire; aussi conservent- elles une partie
de leur vivacité.
Quant aux troisièmes taches, elles sont produites lors-
que la coque a acquis tout son développement et toute sa
consistance ; elles pénètrent fort peu dans la substance de
la coquille ; et, sur certains œufs, elles sont tellement su-
perficielles, qu'on peut les enlever en les frottant légère-
ment, surtout si l'on agit avec un linge mouillé. Ces der-
nières taches sont d'un brun plus ou moins sombre, tirant
quelquefois sur le noir (1). M. Fairmaire a constaté que
les petites taches assez foncées des œufs du Loriot sont
fort peu adhérentes à la coque. L'abbé Manesse prétend
que, sur les échantillons couvés, les taches s'enlèvent plus
rapidement.
On peut laver ces taches avec facilité quand l'œuf vient
d'être pondu, il n'en est pas de même lorsqu'il est déjà
ancien; mais on y réussit alors en employant l'eau chaude
( Guillemots, Pingouins). On assure que les grosses taches
presque noires de la Mouette rieuse et du Vanneau dispa-
raissent quand on les frictionne avec de l'eau chaude et
du sable fin (Berge).
On a remarqué que les taches les plus faibles sont dues
quelquefois à une quantité moins abondante et plus dé-
layée de matière colorante (des Murs), laquelle produit
de fausses taches. D'où il résulte que certaines empreintes
fauves, roussâtres, jaunâtres et nankin se trouvent à la
surface, comme les noirâtres ou les brunes. Cela est très-
(i) Variis pterumque coloribus vel super ficiariis vel in fundo
subsidentibus et mixtis, Klein, Ova avium, p. 4.
TRAVAUX INÉDITS. 345
exact. Mais les taches violacées, les bleuâtres, les cendrées,
les grises et les grisâtres sont généralement des dépôts de,
matière colorante, recouverts par une mince couche de
chaux, ou bien mélangés avec cette dernière. En grattant
plusieurs de ces taches, ainsi que je l'ai rapporté plus
haut, on fonce leur nuance. D'un autre côté, j'ai réussi à
reproduire artificiellement ces taches faibles, en déposant,
sur du papier coloré avec du bistre ou du brun rouge,
une certaine quantité de plâtre fin. J'ai mêlé aussi du
blanc de plomb ou du blanc d'argent avec ces mêmes cou-
leurs et obtenu des résultats exactement semblables. Je
pense donc que le dépôt de la matière colorante a lieu
généralement en plusieurs périodes ; le plus souvent en
trois, comme l'admet M. Thienemann. Je reconnais seule-
ment que ce ne sont pas uniquement les taches très-fon-
cées qui appartiennent au dernier dépôt. Il y en a aussi
de faibles ou dégradées, appliquées en même temps que
les brunes ou les noirâtres et, par conséquent, superfi-
cielles comme ces dernières.
Dans la forme des taches (1), on peut signaler trois types
principaux : les maculations ou taches larges, les traits ou ta-
ches étroites, et les points ou taches extrêmement petites.
Les maculations sont arrondies ou anguleuses, le plus
souvent irrégulières et groupées confusément (Mouettes ).
Quelques-unes présentent une certaine étendue. Dans
l'œuf du Pluvier doré, leur grand diamètre atteint déjà
8 millimètres; dans le Pingouin ordinaire, il en acquiert
jusqu'à 10; dans le Gypaète, il dépasse 12. J'en ai mesuré
une, dans un œuf de ce dernier oiseau, qui en offrait près
de 15. J'en ai vu une autre, dans un œuf de Grus leuco-
geranos, qui en mesurait 24.
Les maculations de grandeur moyenne, du moins dans
les œufs tachetés d'Europe, présentent un grand diamètre,
de 2 à 3 millimètres. Quand elles sont plus grosses, cela
(1) Mirabiliter picta, maculata, marmorata, lineata, punc-
lala, Klein, Ova avium, p. 4.
2» sérik. t. xii. Année 1860. 23
3kt) REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
tient presque toujours à ce qu'il y en a deux ou trois et
même quatre de fondues ensemble.
Les traits sont des lignes plus ou moins fines, d'épais-
seur égale ou inégale dans toute leur étendue. Ces lignes
sont rarement droites, mais arquées, sinueuses ou dispo-
sées en zigzag [Bruants). L'œuf le plus remarquable, à ma
connaissance, sous le rapport de leur nombre, est celui du
Jacana commun, oiseau de l'Amérique australe, particu-
lièrement de la Guyane et du Brésil. Qu'on se figure un
lacis inextricable de lignes nombreuses entortillées, qui
semblent faites à la plume.
Les traits ne paraissent pas fort longs. Il est, du reste,
assez difficile de les mesurer, parce que, comme je viens
de le dire, ils ne sont presque jamais en ligne droite.
Chez le Proyer, ils atteignent au plus 5 ou 6 millimètres.
Chez YUria Kringvia, j'en ai trouvé qui en avaient une
vingtaine. M. Thienemann a publié la figure d'un œuf
de ce dernier oiseau, sur laquelle on observe une ligne
(peut-être exagérée) qui en offre plus de 30. Dans un œuf
de grand Pingouin, qui faisait partie de la collection de
feu Thiébaut de Berneaud, j'ai remarqué un zigzag bru-
nâtre qui, déroulé, aurait offert près de 50 millimètres.
Dans un œuf de Plongeon imbrim, à fond très-clair, re-
présenté par M. Thienemann (1), on voit un autre trait
qui, étendu, serait plus long que l'œuf.
On a regardé les impressions sinueuses comme les traces
des vaisseaux producteurs. Cette explication ne peut être
admise. Je suis tenté de croire qu'elles sont l'effet de la
marche tortueuse de l'œuf dans l'oviducte.
Les points sont plus ou moins petits, tantôt pâles, tan-
tôt foncés; quelquefois si rapprochés, qu'ils laissent à peine
apercevoir le fond de la coquille (Alouette); d'autres fois,
au contraire, si distincts, qu'ils font ressortir la coloration
de ce dernier [Foulque).
(1) Fortpflanzungsgesch., Vog., pi. VIC, tig. 3a.
TRAVAUX INÉDITS. 347
Chez certains Oiseaux, les points ressemblent à des
taches de rousseur (1) ; chez plusieurs, ils sont réduits
à un quart ou à un cinquième de millimètre de diamètre.
J'en ai vu qui pouvaient passer pour microscopiques.
Sur quelques œufs, les points sont produits par une
certaine quantité de matière colorante, qui s'est accumu-
lée dans les pores très-ouverts de la coquille. Je citerai,
comme exemple, l'œuf de la Pintade. Dans un échantillon
de cet œuf, de taille ordinaire, un de mes élèves a compté
1,257 points. Les plus gros avaient à peu près un demi-
millimètre de diamètre.
Les trois sortes de taches que je viens de décrire varient
sons le rapport du nombre et de la distribution. Elles sont
généralement accumulées vers le gros bout, où elles pro-
duisent quelquefoisuneespècedeguirlande ou de couronne.
Cette guirlande forme un cercle à l'endroit du plus grand
diamètre vertical. La partie de l'œuf correspondante a
pressé plus fortement dans son passage les parois et les
cryptes colorantes del'oviducte (2). C'est à cause de cela
que, sur les œufs allongés ou cylindroïdes(ceux de Gangas,
par exemple (3) ), il existe si rarement une couronne. C'est
pour cela encore qu'on ne trouve presque jamais de taches
aux deux pôles de l'œuf, surtout au milieu du gros bout.
Les maculations, les lignes et les points peuvent exister
simultanément dans le même œuf. Sur un échantillon de
Larus fuscus, j'ai compté 88 maculations (de 2 à 10 milli-
mètres de grand diamètre) et 64 points (de 1 millimètre de
(1) Willughby décrit de la manière suivante les œufs de la Poule
d'Inde : Ova alba sunt, maculis ex flavo sordide rubentibus, cre-
brisvelut lentigine quadam aspersa. Ornith., p. 113.
(2) La couronue est ordinairement un peu en arrière de la partie
bombée; elle s'est appliquée, par conséquent, non pas au moment
même de la pression, mais immédiatement après qu'elle a eu lieu.
(3) Sur 19 œufs de Plerocles selarius , apportés d'Algérie par
MM. Hutin, L. Raymond et Mares, un seul offrait une couronne im-
parfaite. Sur 29 de la même contrée, donnés par M. Delage à M. Flo-
rent Prévôt, on n'en voyait aucune.
348 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
diamètre et au-dessous). Sur un œuf de Lumme, il y avait
49 maculations (de 2 à 8 millimètres) et 39 points (de 1 mil-
limètre et au-dessous). Dans une coque de Milan, j'ai
observé 46 maculalions (de 3 à 5 millimètres), 11 traits
un peu épais (de 3 à 8) et 27 points ( de 1 millimètre et au-
dessous). Enfin, dans un œuf de grand Plongeon, j'ai vu
49 maculations ( de 2 à 15 millimètres), 36 lignes assez
grêles (de 8 à 35) et 5 points (de 2 et au-dessous).
Les maculations, les lignes et les points se recouvrent
plus ou moins, surtout quand ils sont nombreux; mais on
observe alors, presque toujours, qu'ils appartiennent à des
ordres de coloration différents, c'est-à-dire que ceux du
second dépôt empiètent sur ceux du premier, et que ceux
du troisième passent par-dessus ceux du premier et du
second (1); souvent, tous ces dépôts sont si abondants et
les taches si rapprochées, que ces dernières se confondent
et que la coloration tend à devenir uniforme. Je possède
un œuf de Catharte, orné de mouchetures brunes, fines,
si nombreuses et si serrées, que l'œil le plus exercé aurait
beaucoup de peine à les compter. Il y a des Oiseaux, chez
lesquels cette demi-fusion est à peu près habituelle. Tels
sont le Hobereau, YÉmerillon, la Crécerelle, la Crécerine,
le Geai, la Poule d'eau Bâillon...
Les taches des œufs reposent tantôt sur un fond blanc,
tantôt sur un fond coloré. Dans le premier cas, ces taches
sont ordinairement peu nombreuses et assez faibles (Spa-
tule). Parmi les Oiseaux d'Europe, nous trouvons cependant
le Loriot, qui présente une exception à cette règle. Ses
œufs sont blancs, avec de petites mouchetures d'un brun
noir.
Dans le second cas, la couleur du fond ressemble plus
ou moins à celle des œufs unicolores ; elle est produite,
comme chez ces derniers , par une sécrétion particulière
et non par du sang déposé ; mais alors, je le répète, l'en-
(1) Cet empiétement confirme ce qui a été dit plus haut sur le dépôt
des taches en plusieurs périodes.
TRAVAUX INÉDITS. 349
doit glutineux dont j'ai parlé plus haut n'existe pas, et la
coque est toujours plus ou moins mate.
Les œufs les plus foncés des oiseaux d'Europe sont ceux
des Plongeons, dont le fond est chocolat (l).
Les derniers œufs d'une ponte présentent des taches
plus faibles que les premiers, la matière colorante s'épui-
sant peu à peu. Lapierre fait observer, très-justement,
que les œufs des Rapaces qui tirent sur le rouge dimi-
nuent de teinte à proportion qu'ils sont pondus; de sorte
que quelquefois le dernier est simplement roussàtre ou
bien blanchâtre, piqueté de rouge clair. Cela est très- vrai,
surtout pour la Crécerelle. Ses premiers œufs sont rouges,
maculés de brun, à taches plus ou moins confondues;
ceux qui viennent après n'ont plus que des taches cou-
leur de rouille, déjà moins rapprochées ; enfin ceux qui
suivent sont blanchâtres, mouchetés de roussàtre. J'ai vu
un œuf de Catharte presque blanc. On sait que sa livrée
normale est à peu près celle de l'œuf de la Crécerelle.
M. des Murs a reconnu que, chez les Oiseaux qui don-
nent plusieurs pontes par année, les œufs de la dernière
sont moins colorés que ceux des précédentes.
Le Moineau femelle, élevé en domesticité, par madame
Guérin-Méneville, dont j'ai parlé ailleurs, qui a pondu dans
quatre saisons 147 œufs clairs, offrait les mouchetures vio-
lacées habituelles, plus petites que d'ordinaire. Dans un
quart de ces œufs, dans 37, le nombre de ces mouche-
tures était moins considérable et leur couleur très-affaiblie.
Dans les collections un peu anciennes, les taches se mo-
difient. Les plus rouges deviennent d'un brun sale, plus ou
moins grisâtre. Ce changement est très-remarquable dans les
œufs du Catharte, de la Crécerelle (2) de YEmerillon, du Ho-
(1) Maculé de brun noir.
(2) Les œufs de la Crécerelle représentés par Polydore Roux, dans
son Ornithologie provençale, 1. 1, pi. C, fig. 4, sont des œufs auciens.
Il en est de même des œufs de Balbuzard et d'Epervier figurés par
M. Thienemann, System. Darst. Forlpfl., pi. 11, fig. 3, 5.
350 rev. et mâg. de zoologie. (Août 1860.)
bere.au, du Faucon à pieds rouges. Quand ces Oiseaux
viennent de pondre, leurs coquilles sont d'un brun rouge
assez brillant. Insensiblement cette nuance se ternit, et,
au bout d'un certain temps, elle passe au bistre clair.
C'est, du reste, ce qui arrive toujours aux gouttes de sang,
sur un papier ou sur un linge; circonstance qui semblait
confirmer la fausse idée de la formation des taches par
exsudation sanguine.
Les taches sont assez constantes dans chaqueespèce, quant
au nombre, à la grandeur, à la figure et à la teinte, pour
qu'il soit possible, le plus souvent, de déterminer à quel
oiseau appartient un œuf donné. Lorsqu'elles s'éloignent
du type , c'est presque toujours dans des limites assez
restreintes. Toutefois il est des œufs dont les couleurs
varient assez pour embarrasser , dans certains cas, les
ornithologistes les plus habiles. Tels sont ceux de l' Huîtrier,
du Pierre Garin, du Guillemot
M. Schinz a représenté six types de coloration apparte-
nant aux œufs de la Caille. Ces types avaient été choisis sur
une centaine d'échantillons des environs de Montpellier.
Comme il m'est passé par les mains un très-grand nombre
d'œufs de cet oiseau, j'ai pu étudier presque toutes leurs
variétés de coloration. J'ai distingué les onze modes prin-
cipaux suivants :
1° Toutes les taches petites, ponctiformes ;
2° La plupart des taches arrondies et ponctiformes ; les
autres médiocrement grandes;
3° La plupart des taches petites et irrégulières; les
autres assez grandes ;
4° La plupart des taches grandes et irrégulières, rap-
prochées ; les autres ponctiformes ;
5° Toutes les taches plus ou moins grandes et irrégu-
lières, presque confondues ;
6° Taches peu nombreuses, très-grandes et irrégulières ;
7° Deux ou trois maculations grandes, généralement
vers le gros bout ;
TRAVAUX INÉDITS. 351
8° Trois ou quatre points petits et pâles ;
9° Ni taches ni points; fond roussâtre ;
10° Ni taches ni points ; fond jaunâtre sale;
11° Ni taches ni points; fond blanchâtre.
Un autre oiseau qui présente beaucoup de variations
dans la couleur de ses œufs, c'est le Coucou. Ici, ce sont
non-seulement les taches qui se modifient, mais encore
le fond. Cet oiseau pond des œufs blanc verdâtre, ver-
dâtres, bleuâtre clair, gris sale, gris roussâtre, brun vi-
neux. Us sont tantôt unicolores, tantôt parsemés de pe-
tits points ou de traits légers, cendrés, terreux, violets,
roussâtres, bruns et même noirâtres. Quelques-uns de ces
œufs ressemblent à ceux des Alouettes Calandre ou Co-
chevis, d'autres à ceux du Proyer ou delà Rousserolle. On
s'est demandé si la nature n'avait pas permis ces modifi-
cations et ces ressemblances, pour que la femelle du Cou-
cou pût tromper plus facilement les mères auxquelles elle
confie ses œufs (Vincelot). Cette raison est malheureuse-
ment une cause finale. En histoire naturelle, on ne doit
pas repousser absolument les explications de ce genre,
mais il faut les employer avec beaucoup de réserve !
La matière colorante des taches non pure, c'est-à-dire
avant sa séparation de la sécrétion albuminoïde, paraît
formée, comme celle des œufs unicolores, d'une multitude
de petites cellules. M. Leconte a découvert cette curieuse
organisation et m'a mis sur la voie de trouver des cellules
analogues dans les œufs du Rossignol et du Héron. M. Le-
conte a étudié les taches de la Caille, de la Draine et de
YÈcorcheur. Les cellules de ces taches varient de 2 à
6 centièmes de millimètre de diamètre. Les granulations
colorées qui les remplissent offrent un diamètre de 2 à
3 millièmes de millimètre.
Quand on traite les cellules par l'acide chlorhydrique,
la matière colorante brune se dissout, en donnant une
liqueur verte, dans laquelle on voit les granulations en
partie décolorées.
352 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (ÂOÛt 1860.)
Dans les différents œufs examinés, les granulations
dont il s'agit ont présenté la même taille (Leconte).
Post-scriptum. — La première partie de ce chapitre sur
la coloration des œufs était imprimée (mais non publiée),
lorsque M. Lemercier, sous-bibliothécaire au muséum
d'histoire naturelle, m'a remis une dissertation toute ré-
cente, traitant du même sujet, composée par M. le doc-
teur Joseph-Emile Cornay, intitulée, Mémoire sur la colo-
ration des œufs des oiseaux et des parties organiques végé-
tales et animales (Paris, in-8°, 1er mai 1860). Cinq jours
après , M. le docteur Cornay lui-même a bien voulu
m'adresser, à l'Institut, un exemplaire de son intéres-
sante brochure.
J'ai lu, avec attention, ce nouveau mémoire oologique,
mémoire très-remarquable à beaucoup d'égards.
Au premier abord, nous paraissons, M. Leconte et moi,
nous être rencontrés sur plusieurs points avec M. Cornay;
mais, en comparant attentivement les recherches et les
conclusions de ce savant naturaliste avec les nôtres, on
reconnaît bientôt qu'il existe entre elles une complète di -
vergence.
Du reste, si dans mon travail ou dans celui de M. Le-
conte on découvre quelque fait ou quelque réflexion qui
se trouve en même temps dans la dissertation de M. Cor-
nay, nous nous inclinons l'un et l'autre devant la loi de
l'antériorité ; car la date des découvertes grandes ou pe-
tites doit être toujours invariablement fixée par celle de
leur publication.
Le mémoire de M. Cornay se divise très-nettement en
deux parties, l'une de détails chimiques, dans laquelle
l'auteur examine l'action de quelques réactifs sur la ma-
tière colorante des œufs; l'autre, qu'on pourrait appeler
spéculative, dans laquelle il établit un certain nombre de
propositions.
La première partie présente des expériences curieuses.
M. Cornay a employé surtout le vinaigre, comme élé-
TRAVAUX INÉDITS. 353
ment d'analyse ; M. Leconte s'est servi de l'acide acétique
concentré (1). L'un et l'autre ont vu les taches soulevées,
d'une seule pièce, par suite de la combinaison de l'acide
avec le calcaire sous-jacent. Tous deux ont obtenu un cer-
tain nombre de réactions identiques, et il ne pouvait guère
en être autrement. Mais M. Cornay a toujours opéré sur
la matière colorante fixée à la coquille, ou détachée et res-
tée insoluble; il ne l'a pas séparée ; tandis que M. Leconte
est parvenu à Visoler complètement. Il l'a séparée non-seu-
lement du carbonate de chaux et des membranes de la
coque, mais encore de la matière albuminoïde qu'elle ren-
ferme. Il l'a obtenue ainsi à l'état de pureté. Puis, à l'aide
de réactifs oxydants ou réducteurs, il a réussi à la faire
passer du vert au rouge, au bleu, au jaune..., et a conclu de
ces faits que les différentes couleurs que présentent les
Oiseaux sont dues, sans doute, à une seule et même matière,
\achromine. Ce résultat important juge donc, d'une manière
complète et définitive, une question débattue sans succès
depuis les premiers ornithologistes jusqu'à nos jours.
Dans la seconde partie de son mémoire, M. Cornay est
arrivé aux conclusions suivantes :
1° La matière colorante des œufs est de nature orga-
nique et non de nature minérale ( p. 10 et 18 ).
2° Les végétaux préparent la chlorophylle, et, avec la
chlorophylle , le foie des oiseaux élabore la couleur des
œufs (p. 6, 7 et 19).
3o La couleur des œufs est sécrétée par la membrane
ovarienne, qui retient l'œuf attaché à l'ovaire (p. 6).
4° Cette couleur et celle du sang ont une même origine,
Yhépatisme[p. 13, 14 et 18).
5° La couleur des œufs est sans granules ( p. 10).
6° La matière glutineuse, la matière colorante et la pâte
calcaire proviennent de la sécrétion simultanée, et quel-
quefois alternative, de la membrane ovarienne (p. 12).
La première conclusion est la seule sur laquelle nous
(1) Il est bon de remarquer que l'acide acétique cristallisante jouit
de propriétés bien différentes du même acide étendu d'eau.
354 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (ÂOÛt 1860.)
nous soyons rencontrés avec M. Cornay ; mais cette pro-
position n'est pas nouvelle; elle appartient à tous les na-
turalistes qui ont admis ou qui admettent que la couleur
des œufs n'est autre chose que du sang desséché ou modifié.
Sur tous les autres points nos conclusions sont tout à fait
différentes :
Nous n'avons pas parlé une seule fois de la chlorophylle.
Nous n'avons rien dit ni de l'élaboration du foie ni de
la sécrétion de la membrane ovarienne.
Suivant nous, la matière colorante est produite par des
cryptes qui tapissent l'oviducte, à une grande distance de
l'ovaire (1).
Nous regardons la couleur des œufs et le fluide sanguin
comme d'origines différentes; nous avons déterminé la
nature de cette couleur, d'abord micrographiquement,
puis physiquement et enfin chimiquement.
Nous avons vu la matière colorante composée de cel-
lules et de granules.
Nous avons trouvé dans cette matière un principe par-
ticulier, qu'on peut isoler et obtenir à l'état de pureté, et
qui offre alors des propriétés différentes de celles qu'il
avait, lorsqu'il adhérait à la coquille.
Enfin nous croyons que la matière colorante n'est pas
sécrétée par les mêmes organes qui fournissent les autres
éléments de la coquille.
D'après ce qui précède, on voit facilement que le tra-
vail de M. Cornay et le nôtre sont bien éloignés d'être
identiques, et que si M. Leconte s'est occupé, comme ce
savant oologiste, du même genre d'analyse, il est arrivé
à des résultats entièrement différents (2).
Maintenant, M. Cornay me permettra-t-il de lui adres-
ser quelques objections ?
Si le foie des oiseaux herbivores transforme la chlo-
(1) Nous ne donnons pas cette opinion comme nouvelle.
(2) Je me plais à répéter que les découvertes, dans la matière colo-
rante des œufs, de cellules remplies de granulations et d'un principe
particulier appartiennent en propre à M. Leconte.
TRAVAUX INÉDITS. 355
rophylle en matière colorante, comment cette fonction
peut-elle s'exercer chez les Oiseaux de proie qui ne man-
gent pas de chlorophylle? Faut-il admettre que le foie
des herbivores dont ces derniers se nourrissent a déjà
préparé ce changement pour leur compte?
Et les Invertébrés privés de foie, comment font-ils?
Quel est l'organe des Polypes qui modifie la chlorophylle
et qui sécrète, par exemple, la couleur rouge du corail?
M. Cornay a prévu cette dernière difficulté, puisqu'il
dit, dans un endroit de sa dissertation (page 8), que chez
les animaux inférieurs le colorisme est produit par l'action
chimico-vitale seule ; mais si cette action peut donner seule
la couleur, dans une classe d'animaux, pourquoi n'opère-
t-elle plus de même dans une autre classe ?
Le vitellus est donné par l'ovaire et la coque formée
par l'oviducte. Tous les physiologistes sont d'accord sur
ces deux points. Est-il exact de dire que la membrane
ovarienne qui retient Vœuf attaché à V ovaire sécrète à la
fois la pâte calcaire, le gluten de cette pâte et la couleur
de l'œuf?
Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette,
accompagné de notes explicatives et de quelques idées
sur la pisciculture marine, par M. Doumet. (V. p. 299.)
II.
Parmi le grand nombre de faunes marines qui ont été
plus ou moins étudiées, celle de la Méditerranée, et sur-
tout des bords septentrionaux de cette belle mer inté-
rieure, semble de tout temps avoir eu le privilège d'atti-
rer particulièrement l'attention des historiens. La raison
de cette prédilection apparente s'explique tout naturelle-
ment par sa proximité de la plupart des observateurs, plu-
tôt que par sa richesse ; car, sans aller chercher les mers
d'Amérique et d'Océanie, celles de Bourbon et des Indes,
dont les faunes ichthyologiques étonnent antant par le
nombre des espèces que par la variété et le brillant de
356 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
leurs couleurs, et qui étaient du reste totalement incon-
nues des anciens, les îles Fortunées et la côte ouest d'Afri-
que avec lesquelles les relations datent de l'antiquité, of-
frent des réunions plus nombreuses et plus élégantes que
la faune méditerranéenne. N'oublions pas non plus que la
Grèce fut la patrie d'Aristote, que les sciences naturelles
se propagèrent de là en Italie, où Pline et d'autres les fi-
rent briller d'un nouvel éclat , et que ces pères illustres
ayant étudié tout d'abord les êtres qui se trouvaient le
plus à leur portée, c'est la faune méditerranéenne qui est
devenue pour leurs commentateurs, la base principale de
leurs ouvrages.
L'ichthyologie paraît pourtant avoir été délaissée avec
toute l'histoire naturelle, depuis le commencement du
christianisme jusque vers le xvie siècle, et l'on trouve
à peine pendant cette longue période, deux ou trois
auteurs, au premier rang desquels on doit citer Albert
le Grand et Vincent de Beauvais. Mais à cette époque,
une nouvelle ère semblant s'ouvrir pour les sciences,
nous voyons les poissons reparaître en première ligne,
pour ainsi dire, dans les ouvrages qui traitent de la nature.
Gyllius d'abord, Belon, Salviani et Rondelet ensuite, les
tirèrent de l'oubli où ils étaient. Rondelet surtout, auquel
on pourrait donner le titre de père de l'ichthyologie, en
consacrant plusieurs livres à leur description, aida puis-
samment à éclaircir l'histoire de ceux qui nous occupent.
Le nombre des espèces qu'il décrit, bien qu'inférieur de
beaucoup à celui qu'on en connaît aujourd'hui, étonne
comparativement à ses devanciers, et beaucoup de ses cha-
pitres sont d'une si frappante vérité, que l'on a recours à
son ouvrage dans tous les auteurs modernes. Pour nous
un intérêt plus grand s'attache à ce précieux document,
en ce que Rondelet, comme on le sait, habitait Montpel-
lier où il était attaché à la faculté de médecine, et consé-
quemment la plupart de ses descriptions ont dû être faites
sur des individus provenant des mêmes bords où s'effec-
TRAVAUX INÉDITS. 357
tuent nos propres recherches depuis bientôt dix années;
il était donc tout au moins curieux de confronter nos ré-
sultats à ceux de cet éminent ichthyologiste.
La voie nouvelle ouverte par Rondelet aux amis de la
nature, fut bientôt suivie par beaucoup d'entre eux; aussi
les écrits sur l'ichthyologie méditerranéenne abondent-ils
depuis lui, et nous n'avons pas la prétention de les énu-
mérer ici. Nous arriverons tout de suite aux derniers au-
teurs qui ont traité ce sujet et que nous avons naturel-
lement compulsés pour notre travail. Citons donc au mi-
lieu de tant d'autres, Ylchthyologie marseillaise de Brun-
nich, les mémoires de Delaroche et de Rafinesque Schmaltz,
les ouvrages de Risso qui donna, d'abord dans son Ichthyo-
logie de Nice et plus tard dans son Histoire naturelle des
productions méridionales, une grande quantité de Poissons
nouveaux; malheureusement, voulant trop en étendre le
nombre, ce naturaliste a pris beaucoup de variétés pour
des espèces et conséquemment apporté une grande con-
fusion dans la science, quand d'un autre côté il donnait
des indications pleines d'intérêt sur les mœurs de certains
d'entre eux. Viennent ensuite Cuvier et Valenciennes,
qui ont placé en tête de leurs genres, dans Y Histoire des
Poissons, ceux de la Méditerranée; enfin, le prince Charles
Bonaparte, enlevé trop tôt à la science, et qui, dans Y Ico-
nographie de la faune italienne, leur a consacré deux volumes
ornés d'excellentes planches : il est à regretter que ce bel
ouvrage n'ait pas été étendu à toutes les espèces, ce qui
eût donné le moyen d'établir une bonne nomenclature des
poissons méditerranéens, chose impossible tant qu'on
n'aura que des descriptions non accompagnées de fi-
gures.
III.
Malgré ces nombreux et importants travaux, l'ichthyo-
logie de nos côtes, il faut le dire, est encore trop peu con-
nue pour pouvoir déterminer les espèces avec certitude
sans de longues recherches; quant aux mœurs du plus
358 RF.V. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860)
grand nombre, elles sont encore, pour ainsi dire incon-
nues, et il serait très -important que les personnes à portée
d'étudier cette faune intéressante missent au jour leurs
observations, afin de combler peu à peu les lacunes qui
peuvent y exister. C'est cette pensée qui nous conduit
aujourd'hui à publier un premier travail sur le résultat
des recherches auxquelles nous nous livrons assidûment à
Cette depuis dix ans.
Par la liste que l'on va voir, nous ne prétendons pas
mettre en lumière un grand nombre de faits nouveaux; ce
n'est pas après un laps de temps aussi court qu'il est pos-
sible d'ajouter beaucoup à une science sur laquelle on a
déjà tant fait; nous espérons seulement grossir le nombre
des documents exacts, et nous nous estimerons heureux
si nous apportons quelques facilités aux ichthyologistes
dans leurs études. Plusieurs d'entre eux nous ayant fait
demander déjà la liste des espèces que l'on prend sur
notre côte, nous pensons leur répondre ainsi plus ample-
ment que par une simple liste faite à la hâte, de mémoire
ou sur une collection. Nous le répétons encore, ce n'est
pas un travail complet et approfondi que nous publions;
nous ne nous permettrions pas de l'entamer encore, et
d'ailleurs il serait indispensable de l'accompagner d'un
nombre de figures qui dépasserait de beaucoup le cadre
de cette publication; c'est seulement une liste locale pré-
cédée de quelques notes pour lesquelles nous réclamons
toute l'indulgence des savants.
Nous avons suivi la classification de Cuvier , telle
qu'elle se trouve dans le règne animal publié par les pro-
fesseurs du muséum, et pour la nomenclature, nous avons
cherché à nous rapprocher de celle de Y Histoire des Pois-
sons de Cuvier et Valenciennes. Cependant, pour certaines
familles où nous avons cru remarquer quelque confusion
dans cet ouvrage, nous avons pris dans Risso ou Bona-
parte le nom de l'espèce dont la description se rapportait
le plus à la nôtre. Dans beaucoup de cas du reste nous
TRAVAUX INÉDITS. 369
avons inscrit à côté du nom adopté par les premiers, la
synonymie des seconds , regardant ces deux auteurs
comme ceux qui ont fourni les meilleurs renseignements
sur richthyologie du nord de la Méditerranée, et sans les
ouvrages desquels il est presque impossible de bien étu-
dier les poissons qu'elle comprend.
Nous avons fait suivre la nomenclature scientifique,
des noms patois donnés dans le pays par les pêcheurs
ou les marchandes , convaincu de rendre plus facile par
ce moyen la recherche de nos espèces , et regardant
comme intéressante la comparaison de nos noms vulgaires
avec ceux des autres parties du littoral. On y trouvera des
écarts souvent considérables, et qui vont jusqu'à donner
le même nom à des poissons entièrement différents, ap-
partenant même à des familles ou des genres éloignés.
Enfin, nous avons désigné par une abréviation entre pa-
renthèses, le degré de rareté ou de vulgarité de chaque
espèce, de façon à ce qu'un seul coup d'oeil suffise pour
s'en rendre compte.
IV.
Peut-être sera-t-on surpris de voir le nombre relative-
ment restreint des espèces portées sur notre catalogue. En
effet, nous nous arrêtons au numéro 231, tandis que Risso
arrive au chiffre de 375, et que Bonaparte atteint même
celui de 404. Ceci n'a rien d'étonnant, vu le court espace
de temps qui a servi à nos recherches, et tout naturaliste
habitué lui-même à récolter sur les côtes de la mer sait
que passé un certain nombre de Poissons qui se pren-
nent habituellement, les autres n'apparaissent plus que
par hasard, à des intervalles souvent fort éloignés. Il est
donc naturel que nous n'ayons pas encore rencontré
toutes les espèces signalées par Risso, qui avait fait des
recherches toute sa vie, et qui d'ailleurs, comme nous l'a-
vons dit plus haut, a souvent élevé à ce rang de simples
variétés, ou par Bonaparte, lequel dans son énumération
des Poissons de la Méditerranée, paraît en avoir inscrit
360 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
beaucoup qu'il a trouvé mentionnées dans divers auteurs,
mais qu'il n'avait pas observées lui-même. Nous ferons re-
marquer en outre, que ce dernier dans ses 404 espèces,
en comprend un nombre, restreint il est vrai, dont
l'habitat paraît ne pas s'étendre au dehors de la mer
Adriatique. D'ailleurs, à côté des listes de ces deux au-
teurs, nous pouvons mettre celles de Brunnich et de Ron-
delet qui se rapportent à des côtes plus voisines de la
nôtre, et nous aurons le tableau suivant :
Rondelet 170 à 180.
Brunnich 101.
Risso 375.
Bonaparte 404.
Notre liste 231.
Cette dernière dépasse, comme on le voit, celle faite à
Marseille par Brunnich, de 130 espèces, et celle de Ron-
delet faite en partie à Montpellier, d'une cinquantaine
environ. Il est bon d'insister aussi sur le fait, qu'à deux
ou trois exceptions près nous n'avons inscrit que ce que
nous avons observé réellement par nous-même. Nous ne
prétendons pas pour cela être à l'abri des erreurs que
doit entraîner inévitablement la détermination sur des
descriptions sans figures, quelque soin du reste que l'on
y apporte.
Pour certains genres, tels que les Gobies et les Blennies,
nous sommes persuadé que beaucoup, peut-être même
assez communs, nous ont échappé jusqu'à présent, soit
parce que leur peu de valeur les fait rejeter à la mer par les
pêcheurs avant de débarquer, soit parce que leur habitat
le long des rochers ne permet de les prendre qu'à l'ha-
meçon, après quoi ils sont presque toujours, par mépris,
jetés à l'eau de nouveau. Mais, si dans ces deux genres
nous sommes encore au-dessous du nombre des espèces
qui habitent notre côte, il en est d'autres que nous regar-
dons comme complets et où nous avons même retrouvé
des types dont on doutait encore. Nous ferons donc pré-
TRAVAUX INÉDITS. 361
céder notre liste des quelques observations qui s'y ratta-
chent, en passant en revue chacune des familles.
V.
Les Percoïdes nous offrent en première ligne, le La-
braœ Lupus, très-commun dans nos étangs salés, et l'un
des meilleurs Poissons de table ; c'est le Bar des côtes de
l'Océan, mais nous croyons qu'il offre quelques différences
avec celui-ci, lequel nous paraît plus plat et plus élevé en
proportion de sa longueur. Les Âpogons ne nous ont pas
encore apparu, pas plus que le singulier Pomatomus teles-
copium.
Viennent ensuite les Serrans, encombrés par Risso
d'espèces douteuses, parmi lesquelles Y Argus nous paraît
rentrer dans le Scriba, et le fasciatus pourrait bien n'être
qu'une variété du Cabrilla; quant au S. flavus, Riss.,
nous le regardons comme constant et distinct du der-
nier. Bien que les Anthias ne soient pas rares sur nos côtes,
nous n'avons pas encore observé le Buphthalmos figuré
par Bonaparte, mais il pourrait avoir échappé à nos re-
gards, parce que les Poissons de ce genre que nous avons
vus, avaient pour la plupart, les nageoires brisées. Le
grand Mérou de la Méditerranée n'a point encore été pé-
ché, à notre connaissance du moins, depuis que nous
collectons les Poissons, et ceci s'accorde assez avec Ron-
delet qui n'en fait pas mention dans son ouvrage. Quant
au Polyprion cernium, Cuv., nous n'en avons encore eu
qu'un exemplaire et d'une taille assez petite.
Nous avons pu comparer les grandes Vives de la Médi-
terranée et nous assurer que les caractères du nombre des
rayons donnés par certains auteurs sont complètement
erronés. C'est ainsi que YAraneus, Riss., auquel Cuvier
assigne 7 rayons pour la première dorsale, n'en a que 6,
comme l'indique Risso; tandis que le nombre des rayons
pour les autres nageoires diffère d'avec ceux donnés par
l'un et l'autre. Voici ce que nous avons observé sur deux
individus pris en même temps :
2e BÉRiB. t. xii. Année 1860. 24
362 KEV. ET MAfx. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
D. 6-29. A. 30. V. 1-16. P. 16. C. 16.
Le Radiatus de Cuvier nous a également offert des dif-
férences dans le nombre de ses rayons, et en voici la pro-
portion :
D'après Cuvier, D. 6-25. A. 1-26. P. 16. V. 1-6. C. 13.
D'après nous, D. 6-27. A. 28. P. 15. V. 1-5. C. 13
ou 14.
Nous avons cru reconnaître le Vipera, Cuv., dans de pe-
tits individus pris le long de la plage, et qui nous sem-
blent différer du Draco ; mais peut-être n'étaient-ce que
des jeunes, et nous avons besoin de les observer encore
pour supprimer le point de doute dont nous accompagnons
cette espèce.
Le Sphyrœna vulgaris, que l'on dit commun sur les
plages de l'Italie, paraît au contraire rare dans nos pa-
rages, et les Paralepis ne nous sont pas encore parvenus.
Les Mulles nous ont offert les trois espèces indiquées par
Risso, en supposant que le fuscus en soit réellement une
distincte, vu sa couleur d'un rouge plus lie de vin que
le barbalus. Le Surmuletus est beaucoup moins commun
que ce dernier, et se reconnaît à une taille généralement
plus grande et à des teintes toujours plus claires.
La grande famille des Joues cuirassées est largement re-
présentée sur nos côtes, d'abord par les Trigla, qui abon-
dent sur nos marchés où ils sont cependant moins esti-
més que sur ceux de Paris ou des côtes de l'Océan ; il faut
dire qu'ils atteignent des proportions moins considéra-
bles que dans cette mer, ce qui pourrait bien contribuer
à les rendre moins délicats. Nous avons distingué dix es-
pèces dans ce genre, dont deux ne sont point représen-
tées dans la belle monographie des Trigles méditerra-
néens de Bonaparte; ce sont : le Microlepidota, Riss.,
que nous regardons comme très-distinct du Corax, Rond.,
et dans lequel nous avons cru reconnaître le Pœcilop-
tera, trouvé par M. Valenciennes dans les flaques d'eau
de la Manche; et le Cucnlut de Bloch, confondu peut-
TRAVAUX INÉDITS. 363
être par Bonaparte avec le Milvus de Rondelet, et qui pa-
raît se rapporter en tous points au Gournaud rouge de Cu-
vier et Valenciennes Quant au Grondin gris ou Gurnar-
dus de nos côtes, ayant eu dernièrement l'occasion de le
comparer avec une assez grande quantité d'individus de
l'Océan venus directement de Bayonne , nous croyons
qu'il en diffère, et que c'est tout au moins une variété. Il
est, du reste, beaucoup moins commun d'une certaine
taille que le Gournaud rougeàlre et que toutes les autres
espèces.
Uaspera est assez commun sur nos marchés, mais nous
ne l'avons jamais entendu nommer Cavillone, tandis qne
le Milvus porte le nom de Cabiouna. Ces faits et bien
d'autres que nous avons été à même de constater en étu-
diant le genre Trigla, nous portent à croire que malgré
tout ce qui en a été dit, il a encore besoin d'être tra-
vaillé.
Nous avons inscrit les deux Peristedion signalés par
Risso, vu les grandes différences qu'ils présentent et qui ne
nous permettent pas de les regarder comme le même ,
sans un examen plus approfondi auquel nous comptons
pouvoir nous livrer facilement, ces poissons étant pris
assez communément.
Ici vient prendre place le curieux Dactyloptère pirapède,
dont nous avons eu la chance de posséder un exemplaire
très-frais, ce qui nous a permis de jouir de la magnificence
des couleurs bleue, violette, rouge, lie de vin, qui cha-
marraient son corps, et des magnifiques taches d'un bleu
d'outremer dont étaient parées les grandes ailes de ce
poisson rare sur notre côte.
Nous avons été à même d'observer un assez grand nom-
bre de fois le Scorpœna lutea de Risso, regardé comme
une variété du Scrofa par certains auteurs. Quant au Se-
bastes imperialis, Cuv., et à YHoplostetus mediterraneus,
signalé une seule fois par Risso et Viviani, nous n'en avons
jamais eu connaissance, mais il ne serait pas impossible
36 fc REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
qu'ils vécussent à des profondeurs où les filets et les pa-
langres de nos pêcheurs ne vont jamais.
Passant à la famille des Sciénoïdes, nous trouvons les
trois espèces méditerranéennes, dont deux confondues
sous le même nom par nos marchandes (la Sciœna aquila,
Cuv., et YUmbrina vulgaris, Guv.), atteignent des dimen-
sions qui, avec l'excellence de leur chair, les font recher-
cher pour les repas de cérémonie. Le Corvina nigra est
beaucoup moins commun et moins estimé que les deux
précédents.
La famille des Sparoïdes nous offre d'abord les espèces
du genre Sargus, assez difficiles à distinguer à première
vue, et dont deux nous donnent même quelque embarras
à déterminer. L'une de celles-ci rentre peut-être dans le
Charax puntazzo, Cuv., que nous n'avons pas encore eu
positivement. Il nous manque aussi le Chromis casta-
neus, que l'on prend, dit-on, souvent à Marseille.
L'excellent Chrysophrys aurata abonde, sous le nom de
Saouquèna, dans nos étangs et nos canaux où on le pêche
surtout en hiver, et justifie pleinement la réputation que
Cuvier fait à ceux de Cette et des Martigues ; mais, parmi
le nombre infini d'individus que nous avons été à même
de voir, jamais nous n'avons distingué le crassirostris,
signalé, du reste, comme très-rare par Bonaparte.
Le Pagrus vulgaris, Cuv., n'est pas très-commun, et
nous crayons avoir vu YOrphus, mais jamais YHurta.
Les Pagels, qui viennent ensuite, sont généralement
péchés en assez grande quantité, sauf le Centrodontus,
Cuv., que nous accompagnons d'un point de doute, n'é-
tant pas bien certain de son identité. Le Mormyrus est
souvent pris par bandes, et le Bnguaraveo, Cuv., abondele
long des rochers du port, où il fait le désespoir des pê-
cheurs à la ligne, dont il mange continuellement et inuti-
lement l'amorce, et qui lui donnent le nom de Bou-
grabèou.
Les Dentex sont de très-beaux poissons que l'on prend
TRAVAUX INÉDITS. 365
assez souvent ; nous avons reconnu le Cetti, Riss. , dans
un individu du poids de 15 livres, qui présentait au bas
de l'opercule une grande tache jaune soufre s'étendantsur
la majeure partie de la joue.
Nous n'avons pas encore eu les Cantharus griseus et
brama de Cuvier. Uorbicularis, orné à l'état frais, de
bandes transversales plus foncées à l'instar du Sargue
vulgaire, mais plus larges , et le vulgaris n'apparaissent
sur nos marchés que par intervalles et ordinairement par
une vingtaine à la fois.
Cette belle famille est enfin complétée par le Box vul-
garis, qui se joue en troupes nombreuses dans les eaux
limpides du port, par la Saupe [Box salpa) aux belles
bandes d'or, et par Yoblata melanura, très-commune le
long des jetées avancées et des récifs.
La famille des Mœnides, moins nombreuse en espèces
que la précédente, est représentée par deux Mœna, le
vulgaris et YOsbeckii, et par d'innombrables Smaris qui
remplissent les filets, principalement en hiver, de leurs
individus chamarrés de jaune, de bleu et de vert sur un
fond d'argent ; il nous en manque cependant une partie,
et entre autres les Mœna vomerina et jusculum, et les Sma-
ris insidiator et Maurii. Le Smaris vulgaris est un des
moins communs.
Un seul exemplaire du Brama Rayi nous a servi de re-
présentant pour la famille des Squammipennes ; il fut pris
à la main ; en automne le long de la plage ; sa chair était
littéralement entrelardée de vers filamenteux, le Mon/
stoma filicolle de Rudolphi probablement, qui attaque sur-
tout ces poissons.
Nous croyons inutile de dire que nous n'avons pas en-
core récolté le Chœtodon capistratus, pris à Nice, suivant
Risso, et qui n'a plus jamais été signalé, comme de juste,
dans la Méditerranée.
La belle famille des Scomberoïdes , si utile sous le rap-
port de l'alimentation, manque dans notre catalogue,
366 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (ÂOÛt 1860.)
d'une partie des grandes espèces, ce qui peut s'expliquer
par l'absence de Madragues sur notre côte. En tête des
plus nécessaires à l'homme doit se placer le Scomber
Scombrus, qui nous visite par légions innombrables tous
les ans, mais qui n'atteint jamais la taille du Maquereau
de l'Océan. Nous voyons aussi le Scomber Colias, beau-
coup moins commun et auquel nous ne connaissons, pas
plus qu'au Maquereau vulgaire, le nom d'Auriol qu'on
leur donne, dit-on, à Marseille, mais bien celui de Gros
yol (gros œil), qui pourrait avoir été mal compris par
certains auteurs.
Nous conservons le nom de Mediterraneus , Riss., au
Thon le plus commun, dans le doute que ce soit bien le
même du vulgaris de l'Océan. Le Thunnina et YAla-
longa, beaucoup moins communs, sont les seuls autres
que nous ayons vus. Le Pelamys sarda, Cuv., dont le dos
est élégamment orné de bandes obliques, vient quelque-
fois en troupes assez nombreuses et est vendu sous le nom
de Bonitou, ce qui pourrait le faire confondre avec la Bo-
nite proprement dite, que nous n'avons encore jamais
rencontrée.
Les Xiphias ou Espadons sont communs de toutes les
tailles, et, bien que nous ne portions pas le Tetrapterus
belone, Raf., sur notre catalogue, nous croyons cependant
l'avoir vu une fois seulement sans le reconnaître.
Les Pilotes [Naucrates ductor) nous arrivent tous les ans
avec les navires terre-neuviers , c'est-à-dire aux mois
d'août et septembre, et se jouent quelquefois par sept ou
huit dans le port où on les pêche, au trident le plus sou-
vent.
Il nous a été donné de recueillir deux espèces de Li-
ches, quoique ces poissons soient rares, surtout le glau-
cus, dont la forme élégante, la couleur bleue d'outremer
et les belles taches noires font une des jolies espèces de
nos bords. Nous n'avons jamais eu connaissance du Va-
digo, figuré pourtant dans Rondelet.
TRAVAUX INÉDITS. 367
Près des Liches vient se placer le Caranx trachurus,
très-commun et qui n'atteint jamais la taille de 2 pieds
citée par certains auteurs. Quant au Suareus, Riss., s'il
est distinct du précédent, nous ne l'avons pas encore vu.
Une grande partie des espèces si brillantes de couleurs
ou si élégantes de formes de cette famille, nous manquent
encore ; de ce nombre, sont le Citula imperialis, Riss. ;
le Seriola Dumerilii, Cuv. ; les Coryphena, qui habitent
probablement la haute mer ; le Centrolophus ovalis, Cuv.
et Val.; le Schedophilus medusophagus ; Y Astrodermus ele-
gans, Cuv. (genre Diana de Risso) ; le Luvarus de Rafi-
nesque; le Seserinus microchirus, Cuv. et Val.; le Ruvettus
pretiosus de l'iconographie italienne, qui sont pour la
plupart, d'une assez grande rareté. Mais, si cette belle sé-
rie nous manque, nous avons pu recueillir deux individus
du Centrolophus pompilus, Cuv., et trois du Slromateus
microchirus, Rp., auquel nous conservons ce nom, dans
le cas où il différerait réellement du Fiatola. Nous ne dé-
sespérons pas non plus de recueillir un jour le beau Lam-
pris guttatus, Retz., que nous savons avoir été péché près
de la Nouvelle.
Celte nombreuse famille se termine par les singuliers
Zeust fort communs sur nos marchés, où nous avons sou-
vent vu des individus à tubercules beaucoup plus forts
que les autres, comme l'indique Valenciennes, et parais-
sant différer aussi de forme, ce qui nous a conduit à in-
scrire \epungio, Val., sur notre liste ; enfin le Capros aper,
Lacép., dont il n'existe peut-être pas une bonne figure,
nous arrive assez souvent.
Les Tœnioides ne sont pas très-rares, étant souvent jetés
sur nos plages, mais presque toujours dans un état qui
rend difficile leur détermination, sans parler de la confu-
sion qui semble régner encore dans leur nomenclature.
Nous avons pourtant été assez heureux pour posséder vi-
vant, pendant quelques heures, un individu de moyenne
taille d'un Trachypterus, que nous rapportons au Faix de
368 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (AoÛtiMO.)
Valenciennes, et nous avons pu ainsi jouir de sa belle pa-
rure d'argent et de la délicatesse de ses nageoires roses
qu'il ne cessait de faire onduler gracieusement.
Le Cepola rubescens, Lin., l'espèce la plus facile à re-
connaître dans cette famille et la seule que nous ayons vue
de ce genre, est assez commune sur nos marchés.
L'immense étendue des étangs et des canaux qui nous
entourent nous a fourni le moyen d'étudier à loisir les
Muges dont on prend, surtout l'hiver, des quantités in-
nombrables, et, bien que cela soit toujours très-difficile,
nous sommes cependant parvenu à distinguer toutes les
espèces de Cuvier, dont quatre surtout sont très-bien sé-
parées par les marchandes de Poisson. Malgré que le Te-
tragonurus Cuvieri ait été figuré par Rondelet et paraisse
se prendre dans le golfe du Lion, nous ne l'avons pas en-
core vu.
Les Athérinides abondent à certaines époques, et éblouis-
sent les yeux par leur argent éclatant rehaussé, chez YHep-
selus, d'une belle bande violette ; mais nous n'en avons
encore trouvé que trois espèces.
En quittant cette famille, nous tombons dans celle des
Gobioïdes, aussi confuse qu'est grand le nombre de ses es-
pèces. D'abord les Blennies dont sept, à notre connais-
sance, habitent notre côte, ne quittant jamais les bords, à
l'exception du très-commun Blennius ocellaris. Nous avons
inscrit ïlnœqualis sur la foi de M. Valenciennes qui l'a-
vait reçu de Cette.
Les Gobies, dont la totalité nous est sans doute incon-
nue, viennent ensuite; parmi eux, le Capito atteint d'assez
grandes dimensions, et les Jozo, L., et longiradiatusy Riss.,
habitent en grand nombre au large. Le Tripterygion na-
sus, Riss., a peut-être échappé à nos recherches. Les sin-
guliers Callionymes, aux nageoires dorsales élevées et cha-
marrées, terminent cette famille. Le Cithara, Cuv. (Macu-
latus, Bp.; Lyra, Risso), est peu rare et paraît vivre en
TRAVAUX INÉDITS. 369
petites troupes; mais nous n'inscrivons le Belenus, Riss.,
qu'avec doute.
La famille des Lophioïdes est représentée par ses deux
espèces méditerranéennes, le Piscatorius, très-commun et
recherché comme aliment, et le Budegassa, Bp., très-dif-
ficile à reconnaître par ses vrais caractères, mais que l'on
distingue plus facilement à sa couleur plus roussàtre que
celle du Piscatorius.
La belle famille des Labroïdes nous fournit d'abondants
spécimens dont les nuances dépassent tout ce que l'ima-
gination pourrait créer comme assemblage et comme
éclat. Malheureusement ce sont peut-être les Poissons les
moins connus, et conséquemment les plus difficiles à
déterminer. Aussi voit - on que sur les quinze espèces
portées sur cette liste, c'est à peine si la moitié en est
dénommée avec sécurité, et il en est d'autres, comme le
Luscus, L., et le Viridis, L., que nous croyons encore de-
voir redescendre au rang de simples variétés. Pour l'ob-
servateur des bords de la mer, cette confusion dans les
Labres régnera tant que l'on ne possédera pas une bonne
monographie accompagnée de dessins faits sur les lieux,
et après avoir examiné un grand nombre d'individus de
chaque espèce, qui varie presque toujours à l'infini, tant
dans les teintes que dans la disposition de ses couleurs;
on ne serait plus exposé alors, comme nous l'avons con-
staté dans la grande Histoire des Poissons de Cuvier et Va-
lenciennes, à donner pour type du Labrus mixtus, par
exemple, la figure d'une variété jaune, tandis que le vrai
type est du plus beau rouge, et que les individus jaunes
sont une très-rare exception. L'antériorité de description
nous a fait conserver le nom de Trimaculatus, Gmel.,
changé par Risso en Quadrimaculatus, bien que celui de
Carneus, Ascan., indique beaucoup mieux cette espèce,
que l'on prend assez souvent avec la troupe des Turdus,
Mœrula, Cœruleus et autres.
Nous avons observé plusieurs fois un Ctenolabrus qui
370 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
ressemble beaucoup à Ylris figuré par Bonaparte, mais
que nous n'avons pas voulu y rapporter, ayant toujours
remarqué que la tache noire de la queue n'était pas située
au même endroit. Pour le Coricus rubescens, Riss,, la
description de cet auteur est si peu explicite, que c'est
avec doute que nous donnons ce nom à une petite
espèce de couleur rougeâtre avec les nageoires jaunes et
une bande jaunâtre sur les flancs, et que nous avons eue
une seule fois sous le nom de Sublaïre. Nous ne som-
mes pas non plus assez sûr d'avoir rencontré YAcanthola-
brus Palloni, pour nous permettre de l'inscrire sur notre
catalogue, et nous n'avons jamais vu le Julis pavo de
Riss.; il n'en est pas de même du Julis speciosa, Riss.,
contesté par Bonaparte; nous l'avons reconnu dans un
individu de ce genre, tenant le milieu entre le Giofredi,
Riss., et le Vulgaris, que, soit dit en passant, nous som-
mes étonné de voir aussi mal représenté dans l'ouvrage
de Cuvier et Valenciennes. Pour clore cette famille si at-
trayante, nous dirons que le Rason [Xyrichthys cultratus),
signalé par Rondelet à Montpellier, ne nous est jamais
apparu jusqu'à ce jour.
Enfin, le singulier Centriscus Scolopax, seul représentant
de la famille des Fistulaires qui termine les Acanthoptéry-
giens, est commun sur nos marchés, sous le nom de Pois-
son trompette, et vient le plus souvent en compagnie du
Capros aper, déjà cité.
[La suite au prochain numéro»)
II ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Traité d'Oologie ornithologique, par M. O. des Murs. —
Réflexions sur cet ouvrage, par le docteur Joseph-Emile
Cornay. (Voir p. 313.)
Les caractères oologiques qu'il a déterminés par fa-
milles d'Oiseaux, aux pages 63 à 66 de son ouvrage, se
trouvent donc mis en application dans la troisième partie
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 371
de son traité; aussi maintenant, en voyant un nid garni
d'oeufs sphériques, pour ne citer qu'un exemple, ceux qui
connaîtront le travail de M. des Murs pourront dire de
suite que ces œufs appartiennent aux Oiseaux rapaces
nocturnes; puis par les caractères particuliers de la cou-
leur, du grain, de la pâte calcaire, de la transparence, de
la contexture, de la nidification, de l'habitation, ainsi que
par le caractère oogéométrique des diamètres que nous
avons trouvé nous-même, ils reconnaîtront bientôt l'espèce
d'Oiseaux de laquelle ils proviennent.
Les œufs, comme tout produit organique particulier,
ne peuvent donner que des caractères limités à la possi-
bilité ; tous les savants le comprendront ; cela ne détruit
pas l'utilité de ces caractères! L'application à l'espèce, à
la série, à l'ordre qu'en a su faire M. des Murs ne peut
être mieux exécutée, et si le travail n'est point complet re-
lativement au grand nombre d'Oiseaux que l'on connaît,
et que M. des Murs dit être de 8,300 espèces, il nous a
semblé voir que cela ne tenait qu'à la pauvreté des col-
lections d'œufs qui sont encore peu riches de matériaux.
Mais on peut être sûr que le traité de M. des Murs va
pousser les ornithologistes à collectionner les œufs d'Oi-
seaux et leurs nids, comme l'ont déjà fait ses nombreux
mémoires publiés dans la Revue Cuvierienne. Nous espé-
rons que ce travail sera continué par ses soins, et, s'il y
avait quelques rectifications de détail à faire à ce qui est
déjà fait, que l'on veuille bien les indiquer à l'auteur,
dans l'intérêt de la science; nous croyons qu'il est homme
à les recevoir, à les peser et à les reproduire avec plaisir
sous le nom même des observateurs.
Dans son livre, M. des Murs a payé un juste tribut
d'éloges à beaucoup de personnes savantes ou utiles, et il
a bien agi en n'oubliant pas M. Jules Verreaux, le voya-
geur naturaliste, qui a fait, de visu, les plus rares et les
plus curieuses observations sur les habitudes d'une foule
d'animaux et d'Oiseaux dans les différents continents, qui
372 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
a rapporté de ses voyages les plus brillantes collections,
où se trouvaient de nombreuses espèces nouvelles, et dont
personne n'a su récompenser dignement, c'est-à-dire d'une
manière réellement française les trop durs labeurs.
Les 44 pages de notes placées à la fin des chapitres
sont très importantes par les observations judicieuses
qu'elles renferment. L'ouvrage se termine par un catalo-
gue des Oiseaux d'Europe, et par des tables alphabétiques
des auteurs cités et des ouvrages consultés.
Le traité d'oologie ornithologique est une œuvre gran-
diose dans sa conception, sage dans sa prévoyance de
nouvelles additions et des travaux des successeurs, brève
et claire par la phrase, riche d'expérience, d'expérimenta-
tions, de citations, d'aperçus, d'observations, d'analyses ;
utile, comme tout travail encyclopédique, philosophique,
en ce qu'elle détruit les croyances fabuleuses et les idées
erronées sur les productions ornithologiques, tout en fai-
sant rentrer l'ovographie dans le cadre de la science; en-
fin scientifique, en s'appuyant sur la bibliographie, qui
renferme tous les travaux de savants prédécesseurs et des
contemporains.
Il faut posséder certainement un bien puissant amour
de la science pour produire par ses seules forces une
œuvre aussi considérable et d'une aussi longue haleine
que le traité d'oologie que nous venons d'analyser bien
succinctement dans cette revue malheureusement trop li-
mitée.
En terminant, nous nous plaisons à féliciter sincère-
ment M. des Murs, le très-savant auteur de ce travail, lui
qui a reconnu le premier l'utilité des caractères oologi-
ques et l'importance, en l'exécutant lui-même, d'une no-
menclature précise indiquant, d'une manière positive, les
formes fixes et primordiales de l'œuf dans les différentes
progressions spécifiques des Oiseaux. Les vrais ornitho-
logistes seront heureux de consulter cet ouvrage de phy-
siologie et de morphologie, et de concourir désormais, par
MÉLANGES ET NOUVELLES. 373
leurs collections et par leurs observations, à son progressif
développement.
En lisant M. des Murs , on sera tellement frappé de
la grandeur du didactisme , qu'on se sentira forcé
d'admirer ses connaissances et de s'incliner avec respect
devant son œuvre; mais nous, en voyant toutes les belles
productions intellectuelles de nos concitoyens, nous
sommes obligé de dire : France, tu n'es plus une réunion
d'hommes enfermés dans les bornes d'un territoire ; ton
nom qualifie à jamais l'idée dans sa forme collective et
sans limites.
Quant à l'exécution matérielle du livre qui ne demande
pas peu d'intelligence et de goût, nous la devons aux
bonnes presses et au talent si connu de M. Gouverneur,
imprimeur à Nogent-le-Rotrou. La pureté de la lettre, la
parfaite distribution des titres, des tables et du texte de
ce beau volume de 640 pages, grand in-8° jésus, est une
preuve certaine que M. Gouverneur est appelé à de nou-
veaux et nombreux succès.
III MÉLANGES ET NOUVELLES.
Nous recevons de notre savant confrère et ami, M. le
docteur Sacc, la lettre suivante que nous nous empressons
de publier.
« Votre n° 7 de la Revue de Zoologie m'apporte une
série d'éloges critiques de l'oologie du savant autant que
patient M. des Murs. Autant d'auteurs, autant d'opinions
différentes ; donc, impossibilité d'établir une relation entre
les caractères extérieurs des œufs et les caractères an ato-
miques, ou les fonctions biologiques des Oiseaux qui les
ont produits. Si, passant de l'apparence des œufs, on
arrive à l'examen de leur contenu, il en est tout autrement;
car, d'après le peu d'espèces dont j'ai pu observer les
œufs, il est constant que le rapport du vitellus à l'albu-
men est d'autant plus considérable, que la durée de Fia-
374 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
cubation est plus longue. Je n'ai examiné que les œufs du
Serin des Canaries, dont l'incubation dure 12 jours, celui
de la Poule commune, qui les couve 21 jours ; de la Dinde
et de la Cane, qui les couvent 28 jours, et de la Cane
musquée ou de Barbarie, qui les couve 35 jours ; puis,
enfin, ceux du Pigeon commun, qui les couve J 6 jours, et
ceux du Pigeon romain, qui les couve 19 jours. Eh bien,
j'ai trouvé que le poids du jaune va sans cesse en aug-
mentant, à mesure que la durée de l'incubation se pro-
longe, et précisément dans le même rapport qu'elle, c'est-
à-dire qu'en prenant pour point de départ l'œuf de Poule,
dans lequel nous admettons que le jaune est au blanc
: : 3 : 1 , ces parties seront dans l'œuf de Dinde et de Ca-
nard : : 4 : 1, et dans celui du Canard musqué : : 5 : 1, et
ainsi de suite.
Sans repousser absolument la classification des œufs
basée sur leur forme, vous me permettrez bien de vous
observer que, dans une même basse-cour peuplée avec
la même espèce de Poules , il n'y en a pas deux qui
pondent des œufs exactement de la même forme ; car les
uns sont sphériques, les autres ovoïdes , d'autres, enfin,
elliptiques, ou autrement; ce qui provient évidemment de
la conformation de l'oviducte, puisque chaque individu
pond constamment des œufs de la même forme.
J'attribue, par contre, une immense valeur à la cou-
leur et à l'enduit des œufs : ainsi, parmi les Rapaces, tous
les œufs des diurnes sont colorés, tous ceux des nocturnes
sont blancs ; tous les Canards ont les œufs blancs à co-
quille lisse , toutes les Oies font des œufs à coquille blan-
che, mais rugueuse. Parmi les Gallinacés, les Tétras,
Perdrix, Gelinottes et Cailles ont des œufs brun clair
ponctué de brun foncé ; tandis que les Poules , les Fai-
sans et les Pigeons ont des œufs blancs , assez légèrement
teintés de jaune; enfin les Corvidés et les Becs-fins ont
tous des œufs bleus ou vert-bleu pointillé de brun. Par la
MÉLANGES KT NOUVELLES. 375
couleur des œufs, les Cigognes se distinguent des autres
échassiers , et l'Autruche d'Afrique de tous les autres
coureurs.
Je m'arrête ici en priant MM. les oologistes de bien
vouloir étendre à d'autres espèces l'observation que j'ai
faite sur les Oiseaux domestiques , à savoir que le jaune
est d'autant plus gros, relativement au blanc, que l'incu-
bation est plus prolongée.
Ver a soie de l'ailante.
Grâce à la bienveillance de M. Alphand, ingénieur des
parcs et promenades de la ville, autorisé par M. le préfet,
j'ai pu instituer dans le bois de Boulogne, pour les per-
sonnes qui ne peuvent quitter Paris, une expérience agri-
cole susceptible de leur montrer une éducation du nou-
veau Ver à soie faite en plein air, et presque sans main-
d'œuvre, sur des buissons d'ailantes ou faux vernis du
Japon.
Des milliers de visiteurs, parmi lesquels il s'est trouvé
beaucoup d'agriculteurs venus exprès des départements,
des membres de l'Institut, des Sociétés impériales d'accli-
matation, d'agriculture de France, d'horticulture, etc., et
beaucoup de personnages haut placés qui s'intéressent aux
progrès de notre agriculture, ont bien voulu m'encourager
en visitant cette expérience publique et gratuite, et en me
témoignant leur approbation de vive voix ou par écrit.
Parmi ces marques de sympathie, que je conserve
comme un titre précieux, et dont je ne saurais trop re-
mercier les signataires, je reproduirai seulement les sui-
vantes comme spécimen :
« J'ai hâte d'être initié, par votre bienveillance,
aux mystères de ce que vous me permettrez d'appeler votre
création, d'un des plus utiles services rendus à l'humanité. »
Général baron de Béville, aide de camp de
l'Empereur.
S. Exe. M. le maréchal Vaillant a ajouté à sa signature :
« Avec ses compliments les plus sincères sur la persévé-
rance de M. et Mme Guérin-Méneville. 25 avril 1860. »
M. Geoffroy Saint Hilaire , directeur du muséum,
376 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1860.)
président de la Société impériale d'acclimatation, etc., a
ajouté à la sienne, « qui félicite M. et Mme Guérin-Méneville
de cette belle expérience. »
Aujourd'hui, les feuilles des ailantes de cette localité du
bois de Boulogne étant consommées, je n'ai pu y entre-,
prendre la seconde éducation, celle d'automne, et je la
fais dans mon appartement de la rue des Beaux-Arts, 4.
Ce sont les cocons provenant de cette éducation qui pas-
seront l'hiver sans éclore et donneront leurs papillons et
les œufs nécessaires à la première éducation de 1861, vers
le commencement de juin prochain.
Outre cette éducation en chambre, j'ai pu organiser des
expériences dans le jardin naissant de la Société d'accli-
matation , grâce à l'obligeance de MM. Rufz de Lovisson
et Albert Geoffroy Saint-Hilaire, directeurs de ce bel éta-
blissement. Là aussi j'ai institué, comparativement avec les
essais entrepris chez moi, de petites éducations ayant pour
objet d'alimenter le Ver à soie chinoisquej'ai introduit avec
le chêne, le fusain, le ceanothus, etc., et j'ai tout lieu d'es-
pérer une réussite, car des Vers naissants, placés sur ces
végétaux, s'y sont parfaitement développés jusqu'à pré-
sent, et sont aujourd'hui (1er septembre) arrivés à leur pre-
mière mue.
*
Si je parvenais à nourrir ce Ver à soie avec les feuilles
de nos chênes, ce serait une nouvelle conquête pour notre
industrie et pour celle de l'Europe.
TABLE DES MATIERES.
Pages
Sacc. — Essai sur les Poules de Nankin dites de Cochin-
chine. 329
A. Moquin-Tandon. — Considérations sur les œufs des Oi-
seaux. 339
A. Dodmet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés
à Cette, suivi de quelques idées sur la possibilité de
réempoissonner le golfe de Lyon. 355
Analyses. 370
Mélanges et nouvelles (Oologie, Ver à soie du vernis du Japon). 373
PARIS. — IMP. DE Mœe Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 5.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — SEPTEMBRE 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Sixième article. (Voir p. 282.)
Famille des Phyllostomides.
Quatre phalanges au doigt du milieu. Narines percées
dans un écusson membraneux, en forme de fer à cheval ,
surmonté d'une feuille membraneuse, ou s'ouvrant au mi-
lieu de divers replis et bourrelets qui couvrent une par-
tie de la face.
Les Chauves-Souris qui appartiennent à cette famille,
examinées au point de vue de leurs dents, permettent de
distinguer trois types dans la forme des molaires. Les unes
ont une couronne large, excavée et prolongée , à leur
bord externe, en une lame tranchante et très-saillante.
D'autres offrent des molaires plus ou moins compliquées,
garnies des replis de l'émail, qui dessine en général un W.
Enfin les Phyllostomides de la troisième catégorie ont
des molaires très-comprimées, très-allongées dans le sens
antéro-postérieur; leurs prémolaires affectent la forme de
dents de Squales et sont espacées ; leurs vraies molaires
sont couvertes de tubercules aigus, mais n'offrent pas de
replis réguliers de l'émail.
Les incisives des Phyllostomides se présentent sous
deux formes principales. Chez la plupart des espèces, elles
sont serrées les unes contre les autres ; à la mâchoire
supérieure, les moyennes sont grandes et forment, par
leur réunion, une lame saillante. Chez les autres espèces,
les incisives sont petites, espacées, souvent lobées.
2e skrib. t. xii. Année 1860. 25
378 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 4860.)
De ces différentes variétés de dents, il résulte cinq com-
binaisons, qui donnent lieu à autant de tribus (1).
Tribu des Centurioniens.
Dents molaires appartenant au premier type, c'est-à-
dire à couronne large, excavée et terminée en dehors par
une lame tranchante. Incisives supérieures petites et espa-
cées. Aucune feuille nasale, ni fer à cheval autour des na-
rines, mais la figure couverte de bourrelets et de replis
membraneux compliqués. Face très-raccourcie. La mâ-
choire, incapable de se fermer à sa partie antérieure, res-
tant largement entr'ouverte derrière les lèvres (quand
même les molaires inférieures appuient contre les supé-
rieures) et donnant issue à une langue courte et papil-
leuse.
Genre Centurio, Gray.
Tête aplatie; face extraordinairement raccourcie, à
peau nue et formant des replis très-compliqués , qui
donnent à l'animal une figure grimaçante. Oreilles com-
pliquées, à pavillon bilobé. Dents au nombre de 28. In-
cisives, * V * ; canines f-j-; prémolaires, f-f; molaires -f-f.
Queue nulle; membrane fémorale petite, échancrée; ailes
offrant entre le quatrième et le cinquième doigt des bandes
transversales subtransparentes.
Ce genre curieux est encore assez peu connu pour que
nous croyions utile d'en donner la description détaillée.
La tête est globuleuse, aplatie de haut en bas , aussi
large que longue, à face extraordinairement large ou ob-
tuse (2). Sa peau est nue, sauf à l'occiput, et forme des
(J) Nous ne nous occupons pas ici de celle des Desmodiens, que
nous n'avons pas rencontrée au Mexique.
(2) La face rappelle un peu la physionomie grimaçante des Singes
à figure aplatie. Lichtcnstein et Peters remarquent avec raison que
cette Chauve-Souris est, de tous les Mammifères, celui quia la tête
la plus courte et la plus obtuse. La partie faciale du crâne est ex-
traordinairement petite, comparée à la partie encéphalique ; mais la
figure est placée sur un plan horizontal qui se continue avec le sora-
TRAVAUX INÉDITS. 379
replis compliqués et difformes, dont les principaux sont :
une éminence carrée, épaisse, placée au-dessus de la
lèvre supérieure entre les narines; en dehors de celle-ci,
de chaque côté, un bourrelet arqué, avec trois verrues.
Du sommet de ce renflement médian part un canal placé
entre des bourrelets compliqués (1) et qui aboutit, plus en
arrière, contre un repli membraneux, transversal, relevé,
arrondi, presque trilobé. Plus en arrière, on voit un grand
repli membraneux, circonscrit au premier, tenant aux
oreilles et, plus en arrière encore, un troisième pli mem-
braneux élevé. Les lèvres sont verruqueuses, comme chez
les Stenoderma, et le menton offre, en dessous, trois ou
quatre grands replis compliqués de la peau. Les oreilles
offrent, à leur base, sur leur bord externe un lobe presque
séparé et, à leur angle supérieur, un grand lobe séparé en
forme de fève allongée, placé au-dessus du tragus. Le pouce
a ses deux phalanges libres : l'index possède une phalange ;
le doigt du milieu, trois. La queue est nulle et la membrane
interfémorale peu développée, mais aussi, peu échancrée
La peau des ailes offre, entre le quatrième et le cinquième
doigt, une structure particulière, qui consiste en bandes
transversales où la peau est transparente ; ces bandes sont
elles-mêmes traversées par de petites fibres longitudinales.
On voit un petit espace qui offre la même structure en
deçà du cinquième doigt et au delà du quatrième. Les
dents sont placées sur un arc qui est plus large que long ,
vu la forme extraordinairement obtuse du museau. Les
incisives supérieures sont très-écartées , les inférieures
serrées ; les canines ont leur face externe qui regarde en
avant ; non latéralement comme chez les autres Chauves-
Souris, ce qui tient encore à la forme extraordinairement
large et obtuse de la bouche. Les canines et les prémo-
met de la tête (un peu comme chez les Grenouilles) non sur un plan
vertical.
(1) L'analogue des éminences verruqueuses des Phyllostomes,
comme l'indiquent bien les auteurs cités.
380 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
laires inférieures ont leur face externe taillée comme si
elles s'usaient par cette face ; il en est de même de la pre-
mière prémolaire supérieure.
Le système dentaire des Centurio offre une frappante
analogie avec celui des Artibalus, car les vraies molaires
supérieures ont leur bord externe comprimé, en forme de
lame tranchante, et la couronne est fortement creusée,
au lieu d'offrir des replis en forme de W ou des pyra-
mides diverses. Cette analogie est péremptoire et elle suf-
fit pour isoler les Centurio de toutes les autres Chauves-
Souris. Elle se complète encore par la largeur de la mâ-
choire, si constante chez les Sténodermiens ; seulement
ici ce caractère est exagéré. Enfin, lorsque les deux mâ-
choires sont serrées l'une contre l'autre, la bouche n'est
pas fermée ; il reste un vide entre les incisives supérieures
et inférieures, comme chez les Artibalus; mais ici ce vide
est bien plus grand, car même l'extrémité des canines in-
férieures reste encore très-éloignée des incisives supé-
rieures.
Le crâne a une forme très-singulière; sa partie faciale
est extraordinairement raccourcie, à tel point que le con-
duit acoustique s'ouvre au milieu de la longueur du crâne.
La mâchoire inférieure est plus large que longue, et le
sommet de la tête est parcouru par une très-forte crête.
La langue est très-courte et triangulaire. La partie supé-
rieure de la trachée-artère est renflée en forme de fuseau.
MM. Lichtenstein etPeters, du mémoire desquels nous
avons extrait la plupart des observations qui précèdent,
attendu que leur travail laissait peu de choses à ajouter,
ont montré avec évidence que le genre Centurio ne pou-
vait prendre place que dans la famille desPhyllostomides.
M. Gray, déjà, avait laissé entrevoir ce rapprochement,
en se basant avec justesse sur la présence de la troisième
phalange au doigt du milieu, caractère spécial aux Phyl-
lostomes (1). D'ailleurs, il suffit de jeter un coup d'oeil sur
(1) les auteurs allemands ont, à tort, rejeté ce caractère, qu'ils
TRAVAUX INÉDITS. 381
la dentition, pour voir que les molaires tranchantes rap-
pellent exactement celles des Phyllostomides de la tribu
des Sténodermiens, type qui ne se retrouve dans aucune
autre famille des Chéiroptères.
MM. Lichtenstein et Peters montrent que le renflement
carré qui domine le milieu de la lèvre supérieure est
l'analogue de la feuille nasale des Phyllostomes; mais,
quand même cela ne serait pas, je crois qu'il n'y aurait
pas là une raison suffisante pour séparer les Centurio des
Phyllostomides, puisque la feuille nasale se retrouve dans
d'autres familles et qu'elle n'est pas un caractère exclusif
des Phyllostomides.
Le genre Centurio établit une espèce de liaison entre les
Phyllostomides et le genre Mormops par la complication
de ses membranes crâniennes et jugulaires, et par celle de
ses oreilles.
Centurio mexicanus. Supra fusco-subrufescens, in occipite et hu-
meris grisescens; pilis albidis, basi et apice fuscis; subtus pal -
lidus, collo et humeris pallidioribus , gula albicante; utrinque
macula ante numéros alba; dentés incisivi mediani apice tri-
lobati.
Pour les replis de la face, nos individus correspondent
parfaitement à la description et aux figures que Lich-
tenstein et Peters ont données du C. flavogularis (1), si ce
n'est que, étant desséchés , les replis membraneux posté-
rieurs de la face ont presque disparu et que l'antitragus
est plus allongé et dentelé à son bord inférieur. Le grand
lobe supérieur de l'oreille est longuement cilié. Les inci-
sives supérieures moyennes ne sont pas bifides chez nos
individus, comme chez l'espèce citée, mais trilobées au
bout. Le pelage est d'un brun un peu rougeàtre en dessus,
mais beaucoup moins roux que ne l'indique la figure qui
accompagne le mémoire allemand ; il devient plus clair
prétendent, par erreur, se retrouver chez plusieurs Vespcrtilions, en
particulier chez le V. noctula.
(1) Lichteusteiu et Peters, Ahandl. dcr Akad. der Wissensch. zu
Berlin, 185ï, p. 81, pi. 1.
382 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
vers la partie antérieure du dos; ses poils sont blanchâ-
tres , avec les deux extrémités brunes. Le ventre est pâle,
d'un gris-brun légèrement fauve; ses poils sont unico-
lores, avec la pointe seulement un peu plus pâle. La gorge
est blanche, couverte de poils ras, et l'on voit, le long de
la ligne médiane du ventre, la trace d'une raie blanchâtre.
De chaque côté, à la base de l'humérus, est une tache
d'un blanc pur. Les membranes sont noirâtres, mais for-
tement revêtues de poils, jusqu'à une grande distance du
corps et tout le long des bras. L'aile s'insère au milieu du
métatarse. La tête est nue dans presque toute son étendue ;
elle l'est même en arrière des oreilles; le poil de la nuque
vient se terminer sur l'occiput, sous la forme d'un triangle,
dont la pointe s'insère sur la crête des pariétaux.
Longueur du corps et de la tête 0m,065
Longueur de l'avant-bras 0m,045
Longueur de la membraoe interfémorale. 0",012
Longueur de l'éperon 0ID,006
Chez un individu femelle, les poils du cou tirent au blanc
jaunâtre.
Habite les régions chaudes du Mexique.
Notre espèce diffère de celle de Lichtenstein et Peters
Ie Par la taille moindre; 2° par la couleur générale du
pelage, qui est moins rousse; 3° par la gorge et les taches
numérales, qui sont blanches ; 4° par la forme des incisives
moyennes ; 5" par la membrane interfémorale plus
courte (1).
Peut-être ces divergences tiennent-elles seulement à ce
que nos individus sont un peu plus jeunes ou tués dans
une autre saison. D'ailleurs, l'individu du muséum de
Berlin était conservé dans l'alcool, ce qui peut bien avoir
altéré sa couleur. Cette cause suffirait pour expliquer la
teinte jaunâtre de la gorge et des taches humérales.
On peut enfin se demander si les dents du C. scnex
(1) Ceci pourrait s'expliquer par une exagération sur la figure.
TRAVAUX INÉDITS. 383
de Gray sont bien coniques, comme l'indique la descrip-
tion, et si cette Chauve-Souris, qui est probablement ori-
ginaire de l'Amérique méridionale (mais certainement
pas d'Amboine), n'est pas encore la môme espèce. Il reste
donc à éclaircir si les Centurio connus jusqu'à ce jour
doivent ne former qu'une seule espèce ou s'ils doivent en
former trois.
[La suite au prochain numéro.)
Description d'Oiseaux nouveaux de la Nouvelle-Calédonie
et indication des espèces déjà connues de ce pays, par
MM. Jules Verreaux et 0. des Murs.
L'admission de l'Océanie comme cinquième partie du
monde est d'assez fraîche date, et l'on s'explique aisément
les indécisions des savants pour en fixer les divisions en
zones botaniques et zoologiques; maintenant les décou-
vertes qui ont été faites sont assez considérables pour que
le moment soit venu de reprendre en sous-œuvre ce qui a
rapport à ces questions.
C'est ce dont paraît s'être préoccupé fort judicieusement
M. Wallace, auteur de belles découvertes en zoologie
océanienne. Que n'a-t-il songé à porter aussi son atten-
tion sur la Nouvelle-Calédonie, qu'il n'a même pas nommée
dans son remarquable article sur la distribution géogra-
phique des Oiseaux, publié dans Y Ibis d'octobre 1859,
p. 449!
En effet, la Nouvelle-Calédonie aurait-elle, par ses
faunes, un caractère qui lui fût propre, comme cela a lieu
pour les autres centres de création aujourd'hui reconnus
sur le globe, ou, au contraire, aurait-elle des points de
contact saisissables avec d'autres centres de productions
organiques, tels que la Nouvelle-Hollande et ses annexes,
l'archipel de la Sonde ou l'archipel polynésien?
Ce sont des questions que nous aurions été heureux de
voir discuter par un voyageur de la valeur de M. Wallace,
384 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
que des connaissances pratiques le mettent à même de
traiter plus pertinemment que tout autre. Nous ne déses-
pérons pas que, avec le temps et grâce au zèle qui l'anime,
ce voyageur, répondant à notre appel, n'arrive à remplir
ce que nous considérons comme une lacune regrettable
dans son travail.
C'est à M. Decaisne, professeur au muséum d'histoire
naturelle de Paris, que nous devons cette connaissance,
savoir que la Nouvelle-Calédonie appartient, par sa flore,
à la même formation que la Nouvelle-Hollande, quoique
sa distance à ce pays soit déjà grande ; que son climat
océanique ainsi que sa latitude lui donnent d'assez nom-
breux rapports avec les archipels polynésiens et, en par-
ticulier, avec l'île de Timor ; en un mot, la population vé-
gétale de la Nouvelle-Calédonie prouve qu'elle participe
à deux grandes faunes, en se rapprochant beaucoup plus
de celle de l'Australie orientale et tropicale que de celle
des archipels de l'Océanie.
Nous allons voir si les faits zoologiques répondent à
l'opinion du membre distingué de l'Institut que nous ve-
nons de nommer.
Ce qui nous a inspiré les réflexions qui précèdent, c'est
l'étude que nous avons été chargés de faire d'une collec-
tion ornithologique qui a été recueillie par les soins d'une
commission scientifique nommée par M. Saisset, officier
supérieur de la marine française, commandant les forces
navales de cette partie du monde, collection qui fait partie
aujourd'hui de l'exposition coloniale du palais de l'indus-
trie.
Nous allons donc faire connaître le nom et la descrip-
tion des espèces qui la composent, en y joignant, dans un
ordre méthodique, celles déjà décrites, tant par M. Scla-
ter, dans Y Ibis (1859), de la collection Gurney, que par
M. G. R. Gray, dans les Proceedings de la Société zoolo-
gique de Londres de la même année.
TRAVAUX INÉDITS. 385
1. Haliastur sphenurus (Vieill.).
Une femelle adulte, laissant voir encore quelques flam-
mèches du jeune âge, tant sur la partie supérieure que
sur la partie inférieure.
Un jeune mâle ayant encore plus de traces de ces mêmes
flammèches blanchâtres qui caractérisent l'Oiseau dans
son premier âge, mais avec la teinte beaucoup plus pâle;
les taches des ailes et de l'extrémité de leurs rémiges d'un
blanc plus pur; la queue grisâtre en dessus, comme dans
l'adulte, et terminée de blanchâtre ; cirre et tarses bleuâ-
tres; bec et ongles bruns; iris brun roux dans l'adulte,
plus foncé dans le jeune ; l'espèce identiquement la même
que celle de la Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
L'exemplaire de M. Gurney provenait du Port-Saint-
Vincent.
2. Pandion haliœtus (Lin.).
Tel est, du moins, le nom que M. G. R. Gray a donné à
son exemplaire, qu'il rapporte au type de la description
du Falco haliœtus de Forster. Nous ne sommes pas à même
de vérifier l'exactitude de cette identification, mais nous
croyons devoir supposer que cet Oiseau se rapporte plutôt
au Pandion leucocephalus de Gould?
L'individu de M. Gray provenait de l'île des Pins; celui
de Forster, de celle de Spruce-Trees.
3. Urospiza torquata (Cuv.).
Femelle adulte; cire et tarses jaunes; bec et ongles
noirs ; iris jaune orange. Le même que celui figuré par
Gould dans son ouvrage sur les Oiseaux de l'Australie.
Collection de l'exposition.
k. Urospiza haplochroa (Sclat.), Ibis, 1859, p. 276, Ois.,
pi. VIII.
Mâle adulte, ne laissant voir que très-peu des raies
plombées indiquées dans la figure donnée dans Y Ibis;
cirre et tarses jaunes, ce qui établit déjà une légère diffé-
386 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
rence avec celui-ci, dont le cirre est représenté d'un
gris plombé; iris rouge carmin.
Trois jeunes mâles et femelle, provenant du même envoi,
ont toute la partie supérieure brune, tirant un peu au noi-
râtre sur la tête et le cou, quoique laissant voir le blanc
ou blanchâtre qui colore la base de ces parties; les plumes
des ailes du dos et du croupion toutes frangées de brun
roussâtre, plus visible dans le plus jeune ; parties infé-
rieures blanchâtres, étroitement flammées de brun sur la
gorge et le devant du cou, plus largement sur la poitrine
et rayées transversalement sur le reste, mais prenant une
teinte roussâtre sur les cuisses; ailes et queue rayées, en
dessus, de bandes noirâtres, au nombre de sept sur les
premières et de dix sur la dernière; premières rémiges,
ainsi que les rectrices, grisâtres en dessous, avec des raies
plus nombreuses; la base des primaires et tout le dedans
des secondaires d'un ton isabelle, plus foncé sur les tec-
trices, qui sont flamméchées de brun en forme de V ; côtés
do la face et sourcils du même blanchâtre que le reste,
avec des lignes plus étroites.
Longueur totale du mâle 32 cent.
Longueur de l'aile fermée 21
Longueur de la queue 15
Longueur totale de la femelle 40
Longueur de l'aile fermée 23
Longueur de la queue 18
Junior. Supra nigro-brunneus; genis superciliisque albescentibus ;
dorsi plumis rufo-lirnbatis; subtus albidus; colli pectorisque plu-
mis brunneo-flammatis , abdomiuis crurumque rufescenti trans-
versim lineatis; alis et cauda nigrcscente fasciatis.
Le mâle adulte, dont le dessin représente l'iris rouge,
porte, à la Nouvelle-Calédonie, le nom de Kayneretta,
tandis que les jeunes sont figurés avec cette même partie
jaune et portent le nom indigène des Nna.
Cette espèce est répandue partout dans l'île ci-dessus
iqdiquée,
TRAVAUX INÉDITS. 387
L'exemplaire de M. Gurney provenait de l'île de Nu
(Port-de-France).
Collection de l'exposition.
5. Accipiter approœimans ("Vig. et Horsf.).
De l'île de Nu; collection Gurney. Identique à celui de
la Nouvelle-Hollande.
6. Circus assirnilis (Kaup).
Port-de-France et de Saint-Vincent. Collection Gurney.
Identique à celui de la Nouvelle-Hollande.
7. Strix delicalula (Gould).
Identique à celui de la Nouvelle-Hollande.
Mâle adulte. Collection de l'exposition.
8. Nymphicus cornutus (G m.).
Cet Oiseau était considéré depuis longtemps comme
factice, lorsque M. G. R. Gray l'a enfin restitué dans son
Gênera. Iris jaune orange.
Les habitants de la Nouvelle-Calédonie le nomment
Kuikui.
Collection de l'exposition.
9. Platycercus calédoniens (Gm.).
Habite la Nouvelle-Calédonie.
10. Cyanoramphus Saisseti (J. Verr. et 0. des Murs).
Supra pratense-viridis ; capite vertice fere toto, facieque rubris;
superciliis et collo viridibus ; subtus, intense flavo-virescens, uro-
pygii lateribus rubro tinctis; remigibus nigris, caeruleo limbatis ;
rectricibus viridi-caeruleis. Rostro ( platycerciformi ) caerulesceuti-
plumbeo, apice nigro.
Cette nouvelle espèce de Cyanoramphe se distingue de
toutes les autres par la forme de son bec, qui rappelle
plutôt celui des Platycerques, quoique la coloration soit
celle des premières, c'est-à-dire d'un bleu plombé ar-
genté, avec l'extrémité noire; c'est aussi, de toutes les es-
pèces connues, celle dont le rouge s'étend le plus sur la
tête, puisqu'il couvre une partie du vertex ; ce rouge s'é-
tend également au travers des yeux jusque sur les oreilles,
mais laissant voir distinctement le vert des sourcils, qui
388 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
est plus clair, sur ces derniers, en dessous et sur les côtés
du cou qu'ailleurs. Tout le dessus de l'Oiseau est d'un vert-
pré un peu nuancé d'olivâtre sur le croupion et les cou-
vertures sus-caudales; une tache d'un rouge plus foncé
que le précédent se trouve de chaque côté du croupion.
Toutes les parties inférieures sont d'un vert jaunâtre,
à partir des joues, beaucoup plus prononcé que dans les
autres espèces ; les flancs nuancés de vert-pré , les rémiges
noirâtres, bordées d'un ton bleu qui devient plus pâle en
arrivant vers leurs extrémités, et tout aussi échancrées que
celles de toutes les espèces du genre ; les rectrices vertes,
plus bleues à l'extrémité que vers la base, plus pâles au
bout sur les quatre externes, qui sont d'un gris verdâtre
en dessous, tandis que les autres sont noirâtres ; les tarses
sont de cette dernière couleur.
Longueur totale 30 cent.
Longueur de l'aile fermée 12
Longueur de la queue 17
La femelle ne diffère du mâle que par la taille, qui n'est
que de 28 cent.
Les indigènes de la Nouvelle-Calédonie donnent à cet
Oiseau le nom de Tea Kiukiu.
Nous nous faisons un devoir et un plaisir de dédier
cette rare et nouvelle espèce à M. Saisset, capitaine de
vaisseau, gouverneur des établissements français dans
l'Océanie, comme un témoignage de gratitude pour les
encouragements qu'il a si bien su prodiguer à toutes les
personnes qui s'occupent d'histoire naturelle.
11. Trichogloxws Deplanchii (J. Verr. et O. des Murs).
Supra prateusiviridis; facie caerulea, capite viridi-brunneo. Sub-
tus; gutture colloque intense cœruleis, pectore et ventre superiore
carmineo rubris, caeruleo tenuissime squammulatis; cruribus,
crisso ac tectricibus subcaudalibus flavo-viridibus. Rostro rubro,
apicc flavo aurantio; — iride flavo.
Mâle très-adulte.
Face d'un beau bleu, devenant d'un vert brun sur le
vertex, la nuque et la région parotique ; dessus du corps
TRAVAUX INÉDITS. 389
d'un vert-pré, laissant voir çà et là des taches rouges qui
colorent la partie interne des plumes du bas du cou et du
haut du dos; une tache oblongue d'un vert plus pâle de
chaque côté du cou, immédiatement derrière les oreilles,
diminuant en largeur à mesure qu'elle descend ; gorge et
devant du cou d'un bleu foncé ; toute la poitrine et le haut
du ventre d'un rouge carmin, chaque plume finement ter-
minée d'un liséré bleu foncé, se changeant en taches du
même vert qui colore l'abdomen ; cuisses, crissum et cou-
vertures sous-caudales d'un jaune verdàtre, avec des ta-
ches vertes sur l'extrémité de chaque plume, mais d'une
teinte plus pâle sur les dernières parties ; rémiges noirâ-
tres, bordées d'un vert foncé en dessus, jaunes en dessous,
et terminées de noir plus foncé ; tectrices inférieures
rouges ; rectrices olivâtres en dessous, largement frangées
de jaune olive; bec rouge, terminé de jaune orange; tarses
et ongles noirâtres ; iris jaune.
Longueur totale 15 cent.
Longueur de l'aile fermée 14 1/2
Longueur de la queue 12
La femelle diffère par sa taille un peu moindre, par ses
couleurs moins vives, par les plumes vertes de l'abdomen
qui se trouvent mélangées de rouge, et enfin par un demi-
collier vert clair qui se trouve sur la nuque. Le rouge, qui
est si prononcé, dans le mâle, sur les plumes du haut du
cou et du haut du dos, est ici à peine indiqué.
Cette espèce se rapproche beaucoup de celle indiquée
par M. G. R. Gray dans les Proceedings de 1858, page 183,
sous le nom de Trichoglossus nigrogularis, rapportée des
îles d'Aroe par M. Wallace. Nous espérons néanmoins que
notre description permettra de ne pas confondre l'une
avec l'autre.
Nous dédions cette jolie espèce à M. Deplanche, chirur-
gien de la marine impériale, qui a su, par son zèle et son
amour de la science, recueillir une grande partie de la
collection ornithologique dans laquelle se trouvent les
39,0 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
nouvelles espèces que nous décrivons dans cet article.
Nous espérons que son goût pour l'histoire naturelle
ne fera que grandir et que, par lui, nous serons à même
d'enrichir de nouveau la liste des productions si intéres-
santes et si peu connues de cette partie du globe.
D'après les notes de ce voyageur, les indigènes donne-
raient le nom de Tiria au mâle et de Kiki à la femelle.
Collection de l'exposition.
12. Psitteuteles diadema (J. Verr. et O. des Murs).
Supra pratensi-viridis; vertice azureo. Subtus; genis, gutture et
collo antico flavescentibus; remigibus brunneis viridi obscure lim-
batis ; rectricibus viridibus apice flavo-virescente, lateribus in-
terna rubro-fimbriatis; rostro rubescente.
D'un vert-pré, très-clair sur le front, les oreilles et les
parties latérales du cou, ainsi que sur les régions infé-
rieures ; plus foncé sur le reste, et principalement sur le
manteau; vertex bleu d'azur; joues, gorge et une portion
du devant du cou tirant sur le jaune ; rémiges brunes,
bordées de vert très-foncé sur les primaires: rectrices
d'un vert encore plus foncé, terminées de jaune verdàtre
sur une partie de leur longueur et plus pur vers l'extré-
mité, les deux médianes exceptées, où le jaune n'occupe
qu'un très-petit espace; les quatre latérales ayant du rouge
sur une partie de leurs barbes internes, puis une bande
noirâtre, le reste devenant d'un jaune verdàtre, plus clair
sur la partie interne ; une tache rouge à l'anus. Bec long,
très-arqué et pointu, ayant été rougeâtre, bordé latérale-
ment de noirâtre vers le bout; narines rondes, percées
dans une membrane également rougeâtre; tarses de même
couleur avec les ongles noirs; ailes longues et très-poin-
tues, à deuxième et troisième rémiges les plus longues ;
queue assez longue, très-étagée, les quatre rectrices du
milieu plus aiguës que les autres qui sont arrondies.
Longueur totale 20 cent.
Longueur de l'aile fermée 09 3 mill.
Loûgueur de la queue 09
TRAVAUX INÉDITS. 391
Longueur du bec en suivant la courbure. 1 cent. 4 mil!.
Longueur du tarse 1
Nous pensons que cet Oiseau n'est qu'une femelle très-
adulte, et que le jaune qui s'observe sur les joues, le de-
vant du cou et le milieu du ventre est remplacé par du
rouge vif dans le mâle?
Ce sera la quatrième espèce du genre, très-facile à dis-
tinguer par son système de coloration.
Porte le nom de Kinkin-Kunalu à la Nouvelle-Calédonie
par les indigènes.
Collection de l'exposition.
13. Cuculus [cacomantis) bronzinus (G. R. Gray).
Nouvelle-Calédonie, île de Nu.
14. Chalcites lucidus (Gm.).
Femelle adulte. Identique à l'espèce de la Nouvelle-
Hollande.
Collection de l'exposition.
15. Halcyon sanctus (Vig. et Horsf.).
Mâle et femelle. Pays d'And'holley, tribu des Tuo,
camp de Morari. Les indigènes de la Nouvelle-Calédonie
lui donnent le nom de Meinghia. Les exemplaires indi-
qués par M. G. R. Gray provenaient de l'île de Nu et de
Port-de-France. Cette espèce est identique à celle de la
Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
16. Turdus xantopus (Forst.).
D'après nos voyageurs, l'espèce porterait le nom indi-
gène de Tiu-Tiu. M. G. R. Gray l'indique sous celui de
Degbe, propre peut-être à la localité de l'île de Nu, d'où
proviennent ses exemplaires.
17. Petroica ?
M. G. R. Gray indique ainsi un individu provenant de
l'île des Pins, qu'il rapporte au Turdus minutus de Forster.
18. Àcanthiza flavo-lateralis (G. R. Gray, Proc. zool.
Soc. (1859), p. 161).
Pays de Dand'hu, tribu des Tuo, camp de Morari. Les
392 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
indigènes de la Nouvelle-Calédonie l'appellent Tùi-Tiïi.
Iris rouge.
Collection de l'exposition.
19. Myagra perspicîllata (G. R. Gray, Proc. zool. Soc.
(1859), p. 161).
De l'île de Nu.
Collection de l'exposition.
20. Rhipidura albiscapa (Gould).
Les indigènes de la Nouvelle-Calédonie lui donnent le
nom de Guiadhi. Cette espèce est identique à celle de la
Tasmanie.
Collection de l'exposition.
21. Eopsaltria variegata (G. R. Gray, Proc. zool. Soc.
(1859), p. 162).
De l'île de Nu.
22. Eopsaltria? caledonica ( ).
M. G. R. Gray indique ainsi un Oiseau du musée bri-
tannique provenant de la Nouvelle-Calédonie.
23. Eopsaltria flavigastra (J. Verr. et 0. des Murs).
Supra cinereo-brunnea ; uropygio olivascente, genis et collo laterali
griseis; subtus dilutior, albo flamraulatus ; abdomiae crissoque
flavis j alis caudaque brunneis olivaceo-limbatis ; rostro brunneo,
subtus flavescentc ; pedibus unguibusque bruuueis.
D'un gris brun en dessus, devenant olivâtre sur le bas
du dos et olive pur sur les couvertures sus-caudales ; d'un
gris cendré sur les parties latérales de la tête et du cou,
plus pâle encore sur les parties inférieures à partir du
menton ; mais là le gris occupe le centre des plumes, en
forme de raies longitudinales, sur un fond blanchâtre; ces
raies sont principalement visibles et plus nombreuses à la
gorge ; abdomen et reste des parties inférieures, les cou-
vertures sous-caudales comprises, d'un jaune pur, relevé
çà et là de vert olive qui colore une partie du centre des
plumes; ailes et queue brunes, bordées d'olivâtre; bec
brun, à mandibule inférieure jaunâtre; tarses et ongles
brunâtres.
TRAVAUX INÉDITS. 393
Longueur totale 13 cent.
Longueur de l'aile fermée 07 8 mill .
Longueur de la queue 05 2
Iris noir. Bec se rapprochant plus de celui de YEopsal-
tria capito de Gould que de YEops. australis. Les barbes
du bec sont moins nombreuses dans notre espèce, qui pré-
sente bien, au reste, tous les caractères du genre dans le-
quel nous le plaçons. Le mâle adulte, qui fait partie de
l'exposition, est nommé, par les indigènes de la Nouvelle-
Calédonie, Atilienbuet.
24. Pachycephala œanthetrœa (Forst. ; Gray, Proc. zool.
Soc. (1859), p. 162).
Les exemplaires du musée britannique proviennent de
l'île de Nu.
25. Pachycephala morariensis (J. Verr. et O. des Murs).
Supra olivacea ; capite colloque superiore ardesiaceis ; subtus
ochraeeo-flava ; gula colloque antico niveis ; collari nigro ; rostro
nigro; pedibus fusco-brunneis.
Mâle adulte. Tête et haut du cou gris ardoisé foncé ;
reste des parties supérieures de couleur olive, un peu plus
claire sur la queue; menton, gorge et tout le devant du
cou d'un blanc pur ; cette dernière partie encadrée d'un
cercle noir, plus large au centre; ventre et parties infé-
rieures d'un jaune d'ocre, devenant plus olivâtre sur les
flancs et pâle sur les sous-caudales. Bec plus long que
dans les espèces typiques et ressemblant beaucoup, pour
ses dimensions et sa forme, à celui de YEopsaltria griseo-
gularis de Gould, de couleur noire, ainsi que les quelques
barbes qui en garnissent la base; tarses et ongles bruns;
iris noir.
Longueur totale 14 cent. 4 mill.
Longueur de l'aile 08
Lougueur de la queue 06 5
Longueur du bec à partir de la commis-
sure 02
Longueur du tarse 02 5
Cette espèce, quoique ayant un bec et des tarses un peu
2* sÉiuB. t. xii. Année 1860. 26
»394 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
plus longs que les autres, offre néanmoins tous les carac-
tères du genre où nous la plaçons, et cependant elle se
distingue, à première vue, de toutes ses congénères.
Les individus qui font partie de l'exposition provien-
nent du camp de Morari, d'où nous lirons le nom que
nous lui imposons. Les naturels donnent au mâle celui de
Monota et à la femelle celui de Tirio.
26. Pachycephala assimilis (J. Verr. et O. des Murs.)
Supra cinerca ; capite colloque strictissime brunneo-striatis ; subtus
cinnamomeaj gula colloque albidis, nigro, circumcinctis ; rostro
pedibusque nigris.
Mâle adulte, gris cendré, assez foncé sur les parties su-
périeures, avec quelques lignes brunâtres très-étroites sur
la tête et le dos; menton, gorge et devant du cou blanc
pur, encadrés par une ceinture noire, plus large au centre ;
poitrine grise ; flancs de même teinte, mélangés du même
roux cannelle qui colore le reste des parties inférieures ;
rémiges et rectrices noirâtres, bordées de gris cendré.
Bec, tarses et ongles noirs; iris rouge.
Longueur totale 14 cent. 4 mill.
Longueur de l'aile fermée 08
Longueur de la queue 06
La femelle adulte diffère du mâle par la teinte plus fon-
cée de la partie supérieure, et surtout par les inférieures»
qui sont toutes flamméchées de brunâtre, par lignes plus
étroites sur la gorge et le devant du cou, dont le fond es1
blanchâtre, tandis que le reste est d'une teinte plus claire
que chez le mâle ; le crissum a aussi ce ton blanchâtre.
Bec brun ; tarses noirâtres.
Même grandeur que le précédent. Dans une femelle,
encore jeune, presque toutes les parties inférieures étaient
plus pâles.
Cette espèce se rapproche beaucoup du Pachycephala
falcata de Gould, qui provient de ia Nouvelle-Hollande;
mais, en les comparant, il est impossible de les con-
fondre, ce qui nous a décidés à lui imposer le nom d'as-
similis.
TRAVAUX INÉDITS. 395
C'est encore du camp de Morari que proviennent les
exemplaires qui font partie de l'exposition, où ils portent
le nom de Monota.
27. Artamus melaleucus (Forst.j.
L'exemplaire du musée britannique, indiqué par
M. G. R. Gray dans les Proceedings de 1859, p. 163, pro-
vient de l'île de Nu, de même que celui qui fait partie de
la collection de l'exposition. Iris noir.
28. Campephaga caledonica (Gm.).
Nous n'avons observé dans les deux sujets de l'exposi-
tion aucune différence entre les sexes, si ce n'est la taille,
qui est un peu plus forte dans le mâle ; chez les deux
l'iris est jaune, et la langue légèrement pénicillée à son
extrémité. Celui du musée britannique, indiqué par
M. G. R. Gray dans les Proceedings de 1859, p. 162, pro-
vient de l'île des Pins.
29. Campephaga analis (J. Verr. et O. des Murs).
Plumbeo-cinerea, supra intensior; subtus rufo dilutiore flammulata ;
subcaudalibusrufo-castaneis; rostro brunneo; pedibus nigresceo-
tibus.
Couleur générale, gris plombé, plus foncé en dessus,
devenant noirâtre sur la queue, où l'on observe encore du
roussâtre vers l'extrémité de quelques rectrices, et surtout
sur l'interne, qui est plus pâle et zébrée vers le bout
d'un plombé foncé ; des flammèches noirâtres et des taches
d'une teinte moins foncée, variées d'autres taches blan-
châtres, plus ou moins lavées de roussâtre, se remarquent
depuis la gorge jusque sur l'abdomen, irrégulièrement
distribuées ; tectrices inférieures de la queue roux marron,
laissant voir encore des traces de zébrures plombées;
quelques plumes roussâtres variées sur les tectrices alaires
supérieures, la première teinte colorant l'extrême bord
des rémiges secondaires, celles des premières étant blan-
châtres. Bec brun; tarses et ongles noirâtres; iris jaune
orange.
Longueur totale 26 cent.
396 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
Longueur de l'aile fermée 13 cent. 4 mill.
Longueur de la queue 12
Longueur du bec depuis la commis-
sure 03
Longueur du tarse 03 5
Quoique le plumage de cet Oiseau soit encore celui d'un
jeune âge, il est facile de voir, par la coloration générale,
que, dans l'état adulte, toutes les maculatures disparais-
sent et ne laissent plus que la teinte uniforme gris plombé,
excepté le roux du dessous de la queue qui persiste, et
duquel nous tirons le nom que nous lui imposons, cette
espèce étant la seule du genre qui possède ce caractère.
Les naturels de la Nouvelle-Calédonie, du camp de Mo-
rari, lui donnent le nom de Tea-Kinkin.
Collection de l'exposition.
30 . Campephaga nœvia (Gm . ] .
Celui du musée britannique, indiqué par M. G. R. Gray
dans les Proceedings de 1859, p. 163, provient de l'île de
Nu.
(La suite au prochain numéro.)
Notice sur la faune ornithologique de l'île de Saint-Paul,
suivie de l'énumération de quelques espèces d'insectes
(Coléoptères) des Aléoutiennes et du Kamtschatka; par
J. P. Coinde, zoologiste.
•
« Mais qui pénétrera dans ces asiles de l'hiver,
« dans ces régions affreuses, ou le soleil, de ses rayons
« obliques, éclaire inutilement des champs éternel-
« lement stériles, des plaines tapissées d'une triste
• mousse, des vallées ou jamais l'écho ne répète le
« gazouillement d'un oiseau ; lieux oii la nature voit
« mourir son influence vivifiante et se terminer son
• vaste empire .' »
Malte-Brun.
En 1857, nous donnions, dans une petite brochure, la
diagnose d'une espèce nouvelle d'Oiseau du genre jaseur
{Bombycilla; Ampelis de Linné). — Cette jolie espèce,
bien distincte des trois autres, et dont nous possédions
TRAVAUX INÉDITS. 397
alors le mâle et la femelle, appartenait à la faune si riche
des environs de Mexico, ainsi qu'à celle de Yucatan. Mais
aujourd'hui, tout en restant encore à peu près dans la même
partie du monde (l'Amérique), ce n'est plus dans ces sé-
duisantes contrées, patrie des Oiseaux-Mouches et des Co-
libris, que nous allons rechercher des espèces intéres-
santes. Tournons nos regards et nos pas vers les pôles ;
abandonnons la terre ferme, et lançons-nous, à la suite
des pêcheurs russes, dans ces océans brumeux, couverts
des plus monstrueux blocs de glace, où les seules terres
qui s'offriront à nous seront celles des îles Aléoutiennes,
d'Andréanoff et des Renards; puis l'île de Cuivre et l'île
de Saint-Paul, toutes renfermées dans la mer du Kamt-
schatka, et non loin du détroit de Behring.
Là nous ne devons plus compter sur le ciel splendide
de l'Amérique tropicale; là plus de brillants plumages,
plus de ravissantes mélodies, plus d'atmosphère parfu-
mée, plus d'insectes éclatants. Plus nous avancerons dans
le nord , plus les terres nous sembleront déshéritées. Le
sont-elles réellement?... Mais qui pourra nous le dire?
« Qui pénétrera dans ces asiles de l'hiver, dans ces ré-
« gions affreuses, où le soleil, de ses rayons obliques,
« éclaire inutilement des champs éternellement stériles,
« des plaines tapissées d'une triste mousse, des vallées où
« jamais l'écho ne répète le gazouillement d'un oiseau ;
« lieux où la nature voit mourir son influence vivifiante
« et se terminer son vaste empire? »
Cependant, quoi qu'en dise l'illustre géographe Malte-
Brun, le nord a aussi ses incontestables beautés, ses faunes
intéressantes et variées, ses flores sublimes et nombreuses ;
mais ce sont des beautés sévères, des animaux plus bizarres
que jolis, des plantes sombres et rabougries, ou même entiè-
rement microscopiques. Et n'admirerez-vous pas ces im-
menses blocs de glaces éternelles, ces rivages dénudés où
s'étalent les mousses et se dentèlent les fougères, ces ari-
des rochers qu'ornent de délicates bruyères, ces sombres
398 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
forêts de sapins, la brise qui, rêveuse, soupire sur la
plage, et les mugissements de la tempête, et les mille voix
qui sortent des cavernes, et l'aspect de cette mer sombre,
imposante, nuageuse et infinie (l), tout vous présente un
aspect solennel et vous frappe par sa grandeur et sa ma-
jestueuse gravité. Ici, vous vous sentez entraîné, malgré
vous, aux pensées les plus sévères et les plus vraies ; la
poésie est plus énergique ; les émotions, sans être moins
vives, en sont plus profondes. Dans les pays chauds, au
contraire, la jouissance et l'excès des sensations ne déve-
loppent en vous que la frivolité. Là tout est soumis à la
matière et à la vie ; mais ici la nature semble épuiser les
corps pour augmenter la force de l'intelligence. Et qui
pourrait nous nier l'immense utilité des pôles, entrepôts
des hivers, sources éternelles de toutes les sources? Qui
pourrait nous dire que ces déserts de glaces ne fournis-
sent pas, sous quelques rapports, des aliments nécessai-
res à la prodigieuse voracité des tropiques?
Pour la plupart, les Oiseaux dont nous allons parler ca-
ractérisent la faune ornithologique de l'île de Saint-Paul,
et se rencontrent aussi sur les îles et îlots, séparés ou
groupés, qui se trouvent en assez grand nombre dans la
mer duKamtschatka. Cependant, quelques-uns, sans être
trop communs, sont connus et signalés, non-seulement
comme appartenant à l'Europe, mais encore comme visi-
tant assez régulièrement les côtes de France, et s'égarant
même dans l'intérieur des terres, à tel point que je pour-
rais signaler un Labbe stercoraire, le Lestris parasiticus,
qui appartient maintenant à la collection du muséum de
Lyon, et qui a été tué, en 1857, dans l'intérieur même de
cette ville. J'en dirai autant du Goéland, ou Mouette tri-
dactyle {Rista trîdactyla de Leach), qui se rencontre
dans les diverses parties septentrionales des deux conti-
(1) Les mers vues du rivage, et surtout les mers du Nord, avec
leurs brumes épaisses, répondent mieux à l'idée qu'on se fait de l'in-
fini j mais, en pleine mer, on les voit excessivement bornées.
399
nents. Des Pélicans et des Cormorans ont été tués, cette
année (avril-mai 18G0), à Moscou, et, en décembre 1857,
M. le comte de Poncin a abattu, près de son magnifique
château de Saint-Cyr, à Montrond, dans la vaste plaine
du Forez, cinq ou six magnifiques Cygnes, dans un pas-
sage considérable de ces Oiseaux. Sans être bien curieux,
ces faits me semblent dignes de prendre place ici, pour
prouver qu'on ne doit assigner pour patrie à un oiseau,
comme à tout autre vertébré voyageur, que le lieu où il se
livre à l'amour, celui témoin de sa maternilé et de son
incubation. D'après cela, il y aura beaucoup d'espèces
ornithologiques dites d'Europe que nous serons obligé de
rejeter comme appartenant à d'autres contrées : qu'on se
contente donc d'en indiquer simplement le passage de
telle à telle époque, et d'observer si ce passage est con-
stant ou seulement accidentel. Pardon de cette digression,
et revenons à notre sujet.
La plupart de ces Oiseaux, nous venons de le dire, ha-
bitent les îles et îlots de la mer du Kamtschatka, de celle
de Baffin, du détroit de Behring et du littoral de l'Améri-
que russe ; mais les neuf espèces que je cite plus loin
proviennent de l'île de Saint-Paul, et je crois pouvoir
assurer que, nulle part, ils ne se rencontrent réunis en
aussi grand nombre que dans cette île.
Bien qu'assez rapprochée des Aléoutiennes, la petite
île de Saint-Paul est la moins connue et la moins explorée
de toutes celles, si nombreuses, de la mer du Kam tschatka. Je
ne connais qu'un naturaliste russe qui l'ait visitée; encore
est-ce un géologue qui a publié une étude sur sa struc-
ture dans les Annales de V Académie de Saint-Pétersbourg.
Elle semble plutôt appartenir à l'Asie septentrionale qu'au
nord de l'Amérique, bien qu'enclavée dans les posses-
sions russes de cette partie du monde. La petite île de
Cuivre n'en est pas très-éloignée, non plus que les Aléou-
tiennes proprement dites, nommées Chao par leurs habi-
&00 rev. et mag. de zoologie. [Soptembre 1860.)
tants ; que les îles d'Àndréanoff ou Négho , et enfin que
les îles aux Renards; en russe Lisitsi Ostroff (1).
Outre ces espèces, l'île de Saint-Paul possède, sans
doute, d'autres Goélands, Mouettes, Labbes ou Sterco-
raires, Sternes, Cormorans, etc., etc., mais, je crois, en
bien moins grande quantité que les sujets de cette notice,
qui ont été tués par un officier de la marine russe, parent
de M. le docteur Warneck, savant zoologiste de Moscou
et qui m'ont été remis au nombre de deux, trois et qua-
tre exemplaires par ce professeur avant mon départ de
Russie. Que d'espèces rares, curieuses et intéressantes
dans les genres Cormorans, Larus, Phalleris, Lunda, etc. ,
doivent receler les parties plus avancées ! Que d'insectes
curieux, que de phénomènes inconnus, que de formes et
d'organisations bizarres nécessitées par les milieux où se
trouvent ces êtres ! Dire que là où l'homme ne peut plus
vivre, d'autres êtres ne doivent pas non plus exister, ce
n'est rien prouver que l'impuissance d'un raisonnement
borné par l'incapacité des sens. Vraiment l'on peut bien
répéter encore, avec notre admirable géographe : « Qu'il
a serait pourtant beau de visiter ces régions que jamais
« ne foula le pied de l'homme ! Qu'un jour et une nuit du
« pôle seraient riches en observations curieuses! »
1. Charadrius pluvialis.
Cette espèce m'a été donnée au nombre de trois exem-
plaires, identiquement semblables aux individus que nous
rencontrons en Europe. Ils ont été tués dans le port de
Saint-Paul le 18 et le 20 avril 1852.
Les Aléoutes, qui le trouvent aussi dans leurs îles, lui
donnent le nom de Smich.
2. Strepsilas collaris.
Tué dans le même port et la même année. C'est l'espèce
nommée Chouinich par les Aléoutes.
(1) Écrit ainsi que nous le prononçons en français, et non pas
Oîtrova Lisii, comme on Ta imprimé dans la Géographie de Malte-
Brun.
TRAVAUX INÉDITS. 401
3. Carbo pelagicus, Pallas.
Cette espèce de Cormoran est extrêmement curieuse,
rare et intéressante. Les Aléoutes la nomment Outil ,
ainsi, sans doute, que toutes celles qu'ils connaissent.
Elle est , je crois , particulière à la mer du Kamt-
schatka.
4. Larus tridactylus, Latham.
Cette espèce, que Pallas nomme Larus Rissa, et qui est
le type du genre Rissa de Leach, porte, ainsi que toutes
les Mouettes, le surnom de Govorouschka (qui parle beau-
coup), que leur ont donné les pêcheurs russes, à cause de
leurs cris fatigants et répétés. Les Aléoutes leur donnent,
dit-on , un autre nom , qui signifie corbeaux blancs de
mer.
5. Larus Warnecki, Coinde.
Cette nouvelle espèce, assez commune à l'île de Saint-
Paul, se rapproche beaucoup du Larus tridactylus, et est
généralement confondue par les pêcheurs russes sous le nom
de Govorouschka, qu'ils donnent, du reste, nous l'avons dit,
à toutes les espèces de Mouettes. M. Warneckla croyait nou-
velle, et je n'ai pas tardé à le reconnaître moi-même après
des recherches très-actives, mais infructueuses, pour re-
trouver la semblable au moins indiquée. Cette espèce habi-
terait, sans doute, plus particulièrement et spécialement
même ces parties plus rapprochées des pôles.
En voici la description faite sur deux individus, l'un
appartenant maintenant au jardin des Plantes , l'autre
déposé au bureau de la Revue zoologique de M. Guérin-
Méneville , ce dernier présentant plus distinctement
l'important caractère de l'ongle qui le sépare des Tri-
dactyles. Nous avons l'intention, plus tard, de faire repré-
senter ces caractères si essentiels.
Diagnose.
Pouce proéminent et des plus visibles, composé d'un
très-petit ongle bien caractérisé, même dans l'individu
adulte et vieux; cet ongle supporté par un tubercule
402 rev. et mag. de zoologie. [Septembre 1860.)
très-saillant; pattes et jambes d'un rouge éclatant et légè-
rement jaunâtre; ongles plus prononcés, plus forts et
plus arqués; doigts moins grêles que chez le Tridactylus;
doigt du milieu légèrement plus long que le tarse, celui-ci
mesurant 4 centimètres; le bec est également plus court,
plus trapu, plus fortement échancré et d'un jaune plus
pur et plus doré que chez l'espèce précédente.
Description générale.
D'un blanc éclatant, avec quelques parties un peu jau-
nâtres; dos et ailes d'un cendré bleuâtre profond; teinte
plus prononcée encore que chez le Larus tridactylus;
pour le reste de la coloration, assez semblable à celle de
ce dernier Goéland, si ce n'est cependant quelques légères
différences dans les ailes. Queue blanche ; le bec d'un
jaune pur, doré et non verdâtre comme chez le Tridac-
tyle; bouche plus courte et fort peu prononcée ; les man-
dibules sont d'abord droites jusqu'à l'ouverture des na-
rines, puis la supérieure se recourbe subitement, et subi-
tement aussi l'inférieure s'échancre, tandis que chez le
Tridactyle ce n'est qu'insensiblement qu'elles y ar-
rivent.
Enfin cette singulière espèce, que l'on peut voir bien
nouvelle, me semble tenir au sous-genre des Goélands
proprement dits par beaucoup de caractères, et par d'au-
tres, tels que ceux des pattes, qui seraient tridactyles sans
ce pouce et cet ongle bien caractérisés, tels aussi que ceux
du mode de coloration, elle se rapproche beaucoup plus
du sous-genre des Mouettes. Du reste, cette observation
n'a d'autre importance, puisque ces genres ont été inti-
mement liés entre eux, que d'établir, par un point im-
portant de plus, la nouveauté de cette espèce.
6. Phaleris cristatellus.
Cette espèce de Starique, YUria cristatella de Pallas,
et le Konuga (1) des habitants, est, ainsi que les espèces
(1) Prononcez Konouga; les w, chez les Russes et les Allemands,
se prononçant toujours ou.
TRAVAUX INÉDITS. 403
suivantes, des plus rares. J'en ai possédé quatre exemplai-
res, cédés au jardin des Plantes de Paris : un mâle et une
femelle tués le 10 mai 1852, et un mâle et une femelle
tués le 16 du même mois de mai 1852.
7. Phaleris aleuticus.
Cette espèce de Starique, YUria akutica de Pallas, est
nommée par les pêcheurs russes du nom de Belobruschka
(ventre blanc), qui caractérise la couleur blanche de leur
ventre. Les deux espèces que j'ai cédées au muséum de
Paris ont été tuées le 14 et le 15 mai 1852.
8. Phaleris pusillus. — Urin pusilla, Pallas.
Le nom aléoute est Schoushak. — Voilà bien l'espèce la
plus curieuse et la plus intéressante. C'est un petit Stari-
que, de la grosseur d'un moineau, et pourvu du bec sin-
gulier des espèces précédentes.
9. Lunda cirrhata, Pallas.
Non moins singulier que les espèces précédentes, et
appartenant à la famille des Macareux. Ce Lunda a dû à
la forme bizarre de son bec le nom de Toporok, ou petite
hache, que les pêcheurs russes lui ont appliqué. Ce bec si
large et si curieux, son gros corps, ses courtes pattes, son
petit cou à peine visible et les longs filets blancs qui or-
nent chaque côté de sa tête lui donnent un caractère d'o-
riginalité qui le fait distinguer au premier abord.
Voici donc neuf espèces rares, curieuses et des plus
intéressantes, qui ne se trouvent que dans bien peu de
muséums, que ceux de la Russie, les plus à même de se
les procurer, ne possèdent pas du tout, ou au moins fort
incomplètement; voici, dis-je, neuf espèces qui semblent
caractéristiques de la faune ornithologique de Saint-Paul,
et plus communes dans cette île que partout ailleurs. J'o-
serais dire que le Larus Warnecki se rencontre fort ra-
rement et accidentellement hors de la mer du Kamt-
schatka.
J'ai remis vingt-trois exemplaires, dans lesquels ces es-
pèces sont représentées au nombre d'un, deux, trois et
404 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
quatre individus, au muséum ornithologique du jardin
des Plantes de Paris. Un des Larus, nova species, est,
compris dans le nombre; le second est, comme nous l'a-
vons dit, déposé chez M. Guérin (1).
Il ne nous reste plus qu'à énumérer quelques espèces
de Coléoptères, à peu près des mêmes contrées. Deux
sont du Kamtschatka ; c'est YÂrgutor nivalis de Sahlb, et
une autre espèce bien plus rare, connue sous le nom de
Stenotrachelus Rouilleri, que lui a donné M. Ménétriés,
qui l'a déterminée et dédiée à notre compatriote feu
Rouiller, qui fut conservateur du muséum d'histoire na-
turelle de l'université de Moscou. La Nebria nitidula de
Fabricius appartient aussi au Kamtschatka. Les vingt-sept
espèces suivantes sont toutes de la faune entomologique
des Aléoutes ou Aléoutiennes :
1. Carabus baccivorus, Eschs.;
2. Cychrus marginatus, id.;
3. Nebria metallica, id.;
4. Bathriopterus adscriptus, id.;
5. Brachytylus validus, id.;
6. Patropus fossifrons, id.;
7. Amara impressicollis, Say ;
8. — erratica;
9. — (celia) interstitialis, Eschs ;
10. — (leyrus) Escholtzii, Chaud.;
11. Cryobius ventricosus, Eschs.;
12. — empetricola, Esch.;
13. Calathus ingratus, Mannh.;
14. Cryobius fatuus, id.;
15. Leirus melanogastricus, Eschs.;
16. Cryobius pinguedinus, Eschs.;
17. — similis, Ménétriés;
18. Nebria Mannerheimii, Esch.;
19. Staphylinus bicinctus, Esch.;
(1) Depuis j'en ai fait don au Muséum, auquel j'avais déjà cédé
les vingt-trois autres.
TRAVAUX INÉDITS. 405
20. Staphylinus (Hadratus Ménétriés) crassus, Mannh.;
21. Pristilaphus angusticollis, id.;
22. Cryptohypnus littoralis, Eschs.;
23. Hylurgus rufipennis, Mannh.;
1k. Cercyon fulvipenne, id.;
25. — fimbriatum, id.;
26. Trachodes horridus, id.;
27. Lina maculipes, Ménétriés.
Il m'a semblé important de signaler ces espèces rares
ou peu connues comme appartenant à la faune entomolo-
gique des Aléoutes, bien que ces espèces soient déjà si-
gnalées depuis quelque temps dans les catalogues manu-
scrits des muséums russes, et particulièrement de celui de
Saint-Pétersbourg, le seul véritablement important.
Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette,
accompagné de notes explicatives et de quelques idées
sur la pisciculture marine, par M. Doumet. (V. p. 299
et 355.)
VI.
Arrivant à la grande division des Malacoptérygiens, nous
trouvons en tête des Abdominaux et de la famille des
Ésoces, le Belone acus, Risso, aux couleurs d'argent et
d'outremer, non moins remarquable par la coloration
verte de ses arêtes. Cette charmante espèce nous visite
tous les ans par légions innombrables, et donne lieu sur
les ponts des canaux maritimes, à une pêche qui étonne
toujours les étrangers; c'est celle de la fourchette ou fut-
chouïda , sorte de trident à six pointes fixé au bout d'un
très-long manche, et qu'on lance d'une assez grande hau-
teur. Si le Belone acus est extrêmement commun, il n'en
est pas de même de l'élégant Scombresox Rondeletii, Cuv.
et Val., que nous n'avons jamais vu en troupe, ainsi que le
dit Risso, et dont au contraire, nous n'avons eu jusqu'ici
qu'un seul individu. Nous n'avons pas rencontré le Tylo-
surus imperialis, Bp., pas plus que les Stomias boa, Riss.,
406 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
Chauliodes setinotus, Schneid., et Microstoma argenteum,
Cuv. et Val.
Les Eooocetus sont parfois assez communs dans l'étang
de Thau; nous ajoutons le mot parfois, car il arrive que
l'on en voit des quantités pendant quelque temps, après
quoi on n'en revoit plus, souvent de plusieurs années.
Le Rondeletii, Cuv. et Val., paraît moins commun que le
Volitans.
Il est facile de reconnaître, dans une espèce assez com-
mune, YArgentina sphyrena de Risso, aussi avons-nous
conservé ce nom au seul représentant des Salmonoïdes
que nous ayons recueilli jusqu'à présent, chose qui nous
a même paru étrange, en présence de la série d'espèces
citée par Risso et d'autres auteurs.
Les Clupéoïdes sont également loin d'être au complet
sur notre liste. Il nous en manque plus de la moitié, en
supposant toutefois que certaines , comme YEngraulîs
amara, doivent réellement subsister. Quelques-unes aussi,
telles que les Clupea argyrochlora , Cocco, Chrysotœnia,
Cocco, etc., paraissent propres à l'Adriatique, et ne vi-
sitent sans doute que fort rarement les côtes françaises de
la Méditerranée. Quant à l'absence complète du Clupea
harengus, ce serait un fait encore contestable, si l'on s'en
rapportait au dire de quelques pêcheurs qui prétendent
en avoir pris, tandis que d'autres assurent n'en avoir ja-
mais péché ; n'ayant pas eu jusqu'ici entre les mains, ce
qu'ils nomment en patois harenc, il ne nous appartient
pas de décider la question.
Passant aux Subbrachiens, nous constaterons l'absence
de beaucoup d'espèces, notamment les deux Merlangus de
Risso, le Mora mediterranea, les quatre espèces de Lota
citées par Ronaparte, et plusieurs Phycis qui se trouvent
peut-être quelquefois dans les amas de Merlucius esculen-
tus et de Morua capelanus qui encombrent les corbeilles
de poissons, et au milieu desquels on peut récolter com-
munément le Phycis Gmelini. Nous avons observé le Mer-
TRAVAUX INEDITS. 407
lutins maraldi, Riss., parmi les Esculentus, et trois sortes
d'Onos qui habitent dans les rochers, et nous possédons
un individu du Macrourus cœlorhynchus, Bp. (Lepîdole-
prm, Risso), curieux poisson dont nous n'avons pas encore
eu le congénère indiqué par le prince Bonaparte.
Les IHeuronectides sont en grand nombre sur nos
côtes et dans nos étangs, où le Platessa passer habite
par milliers. Les Rhombus n'atteignent pas, dans la Mé-
diterranée, du moins dans nos parages, les dimensions
colossales de ceux de l'Océan, aussi ces poissons sont-ils
moins estimés que dans les autres pays. Nous citerons,
dans ce genre, le Rhombus unimaculatus, Risso, que nous
avons rencontré deux fois, espèce fort remarquable par
une belle tache orange cerclée de noir située près de la
queue, et parmi les Soles, le Solea lascaris, Risso, si faci-
lement reconnaissable à la verrue qui se trouve sur l'en-
vers de la tête. Les Bothus podas et rhomboidalis de Bo-
naparte, les Solea lutca, Monochirus trie hodacty lus et
Plagusia lacteay figurés par le même auteur dans ses belles
planches de Poissons plats, ne se trouvent pas sur notre
catalogue.
Dans la famille des Discoboles, les Lépadogaster dont
Risso donne un si grand nombre, ne sont représentés que
par un seul, mais il y a tout lieu de croire que de nou-
velles recherches nous feront découvrir un plus grand
nombre de ces êtres qui vivent sous les pierres. Nous ne
possédons encore que YEcheneis rémora, bien que nous
pensions que le Naucrates doive aussi nous visiter, ces
poissons arrivant le plus souvent attachés à la carène des
navires ou aux grands Cétacés, dont ils se servent comme
de véhicule pendant leurs longs et rapides voyages.
Les Malacoptérygiens apodes n'offrent qu'une seule fa-
mille, celle des An guilli formes, dans laquelle règne encore
une grande confusion. Beaucoup de ces espèces peuplent
nos côtes, et le genre Anguille habite surtout les vases de
nos étangs. Ce n'est qu'avec doute cependant, que nous
408 rev. et mag. de zoologie. [Septembre 1860.)
inscrirons YAnguilla mediorostris, Riss.; quant aux deux au-
tres , elles sont parfaitement distinguées par les pêcheurs.
L'espèce ou variété rubra, que nous avons notée, ne s'est
offerte qu'une seule fois à nos regards ; elle était du rouge
le plus vif, et nous ne savons à quoi la rapporter.
Il existe peut-être dans nos rochers, d'autres Congres
que ceux portés sur notre catalogue, et, quant aux Mure-
nophis et Ophisurus, ce sont des espèces qui paraissent se
prendre rarement, de même que les Murènes, bien que
ces dernières doivent abonder à certaines époques, puis-
qu'elles sont quelquefois jetées en très-grande quantité le
long de la plage.
L'Ophidium barbatum se pêche assez communément; en
revanche, nous n'avons pas encore vu les Fierasfer, Ammo-
dytesy Nemotherus, Helminctis et Leptocephalus, qui figurent
dans l'énumération de Bonaparte.
Passant rapidement sur les Lophobranches, dont l'unique
famille des Syngnathides nous semble avoir été encombrée
par Risso, nous; dirons seulement que les trois genres
qu'elle renferme vivent en grand nombre dans les herbes
de l'étang de Thau , et nous arriverons tout de suite aux
Plectognathes , dont les représentants ont une apparence
tout exotique.
Nous trouvons d'abord le Cephalus ortagoriscus, ou Pois-
son-lune , assez commun aux époques de la pêche du
Thon ; YElongatus, Riss., ne nous est point connu. Puis les
deux Balistes décrits par Risso , et que nous regardons
comme distincts, malgré la théorie du développement
des nageoires avec l'âge, émise par certains naturalistes.
Notre Buniva nous fut apporté un jour vivant, et nous
eûmes le bonheur de le conserver ainsi pendant près d'un
mois : il était d'un naturel très-vif, ne cessant pour ainsi
dire jamais de faire le tour de la terrine où il était ren-
fermé. Nous eûmes l'idée de lui donner des moules, aux-
quelles il ne fit point attention ; mais, lorsque nous mettions
dans son eau des crevettes vivantes, il se jetait dessus et
TRAVAUX INEDITS. 409
les broyait avec ses puissantes incisives, sans jamais pour-
tant les manger entièrement. Les Batistes paraissent venir
accidentellement sur nos côtes et n'avoir point d'époque
fixe, les trois individus que nous avons recueillis ayant été
pris dans des saisons différentes.
Les Ostracions, qui forment le troisième genre de la fa-
mille des Gymnodontes, nous paraissent, ainsi que le Lago-
cephalas Pennanti et le Diodon echinus de Bonaparte, en-
core plus exotiques que les précédents, bien qu'il semble
en avoir été péché isolément un peu partout dans la Médi-
terranée. Les deux individus de ce genre, pris ici, sont si
jeunes, qu'il nous a été impossible de les rapporter à au-
cune espèce avec certitude.
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
51. Bembidium bis-bimaculalum , glabrum, piceo-nitidum, ore,
antennis, elytrorum maculis 4or, pedibusque testaceisj singulo
elytro striis dorsalibus extus abbreviatis, 2busque margioalibus :
interna brevi. — L., 3 m.; 1 ., 4 1/4 m.
D'un brun clair de poix, brillant, glabre. Tête allongée,
élargie sur les yeux, avancée en avant, lisse, avec 2 sil-
lons sur chaque côté, l'interne court, assez large et pres-
que biimpressionné. Palpes, mandibules, lèvre et antennes
d'un testacé plus ou moins pâle ou rougeàtre. Yeux noirs
assez saillants. Corselet lisse, plan, quoiqu'un peu con-
vexe, profond en arrière, presque aussi large que long,
élargi et arrondi sur les côtés antérieurs, sillonné sur le
bord, évasé en cintre en avant, presque droit sur la base,
avec les angles rectangulaires aigus, angles antérieurs
rentrants et obtus, 2 fossettes basales, courtes, larges et
profondes, ayant l'espace interne excavé, sillon longitu-
dinal léger, obsolète en avant. Écusson triangulaire. Ély-
(1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304, 380 à
389 ; 1860, p. 75 à 82 , 128 à 137, 208 à 212, 269, 302.
2e sérib. t. xii. Aimée 1860. 27
410 rev. et mag. de zoologie. [Septembre 1860.)
très ovalaires, légèrement convexes, ornées chacune de
3 stries dorsales raccourcies, en avant et en arrière, et
qui diminuent de longueur sur le dehors, de deux stries
marginales, celle supérieure courte, et de deux taches
jaunes; lre numérale grande, s' étendant depuis la bor-
dure jusqu'à la 2e strie, et coupée droit en dessous vers
la limite de la 3e ; 2e tache petite, arrondie, située au delà
du milieu et appuyée intérieurement sur les 2e et 3e stries.
Pattes testacées. Abdomen de couleur un peu plus foncée.
Cette espèce, plus grande que les B. b-signatum, Duft.,
et angustatum, Dej., a les dessins de la première et la
forme de la seconde. Un exemplaire m'a été envoyé des
environs d'Alger par M. J. Poupillier, qui l'a trouvé dans
la saison d'hiver.
52. Sunius rutilipennis , rugosus , brunneo-niger; capite magno,
suborbiculato, valde convexo ; antennis pedibusque pallidis; tho-
race ovali subpiano; elytris anoque rufis. — L., X m.; 1., 3/4 m.
D'un brun noirâtre terne, finement et dense ment ru-
gueux. Mandibules, antennes et pattes granuleuses ou fer-
rugineuses. Tête ample, convexe, de forme un peu car-
rée. Col étroit. Corselet plus étroit que la tête , subpva-
laire, plan, quelque peu anguleux sur le côté en avant du
milieu, avec 2 à 3 poils noirs, longs et obliques, couvert
d'une ponctuation aplatie, réticulaire et subocellée. Élytres
rousses, arrondies conjointement à leur base, de la lon-
gueur du corselet, coupées droit à l'extrémité. Abdomen
2 fois 1/2 aussi long que les élytres , ayant la moitié au
moins du dernier segment rougeâtre à l'extrémité.
Trouvé aux environs de Constantine par M. L. Le-
thierry, de Lille; et d'Alger, par M. J. Poupillier, pen-
dant la saison d'hiver.
II. SOCIETES SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 30 juillet 1860. — M. J. P. Coinde présente
SOCIÉTÉS SAVANTES. 411
des Recherches sur les phénomènes chromatiques dans toute
V échelle zoologique.
L'auteur étudie, sous le nom de phénomènes chroma-
tiques constants ou chromatismes fixes, tous les degrés dif-
férents d'albinisme et de mélanisme. Il constate d'abord
que les différentes classes de l'échelle zoologique sont su-
jettes à ces anomalies contre nature, car il a pu observer
aussi bien le mélanisme que l'albinisme chez des Mammi-
fères, des Oiseaux, des Reptiles, des Poissons, des Épi-
zoïques, des Hyménoptères, et quelques Coléoptères, Or-
thoptères et Névroptères.
De ces recherches il tire les conclusions suivantes :
1° Que l'albinisme et le mélanisme partent tous deux de
la livrée naturelle ; que le premier cas est dû à une dégé-
nérescence maladive, excès de faiblesse, tandis qu'au
contraire le mélanisme est causé par un excès de force et
de vitalité : il donne des preuves évidentes de ce qu'il
avance par les individus atteints de l'une ou de l'autre de
ces anomalies;
2° Qu'il y a des passages insensibles à l'un ou à l'autre
de ces cas, parmi lesquels il faut citer le rubinisme, ten-
dant au mélanisme, et le chlorisme, tendant, au contraire,
à l'albinisme;
3° Que chacun de ces phénomènes peut disparaître ou
à peu près dans l'espace si court de la vie de l'animal qui
en est atteint, et que, de même, des individus nés avec
leur livrée naturelle peuvent en être plus ou moins atteints
pendant le cours de leur existence.
Pour les chromatismes intermittents ou simples varia-
tions de couleurs qui s'effectuent instantanément,
M. Coinde les attribue aux forces combinées de chaleur et
de lumière, aussi bien qu'aux passions de l'animal et aux
différentes impressions qu'il ressent. Ces phénomènes,
selon lui, s'effectuent chez la plupart des animaux à peau
nue ou presque nue.
11 se dispose, du reste, à publier son manuscrit, ouvrage
412 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
des plus détaillés sur l'étude physiologique de ces phéno-
mènes.
Séance du 6 août 1860. — M. À. de Quatrefages lit un
travail intitulé Maladie des Vers à soie. Note sur une édu-
cation faite, à Milan, par M. le maréchal Vaillant, en 1860.
En commençant ce compte rendu des expériences que le
savant académicien a faites dans un salon habituellement
ouvert, M. de Quatrefages rend un juste hommage au zèle
éclairé de l'illustre maréchal. Nous nous associons de
grand cœur, dans cette circonstance, au savant anthro-
pologiste, car nous savons aussi que M. le maréchal Vail-
lant n'a jamais négligé une occasion de se rendre utile aux
progrès de la science, et surtout de l'agriculture.
Les Vers élevés par M. le maréchal ont été nourris sur
des rameaux dont le pied trempait dans un vase plein
d'eau. Pas un n'est mort de maladie, tous étaient remar-
quables par leur grosseur, leur couleur nette et franche
et la fermeté de leurs tissus, et ils ont fait quarante-sept
beaux cocons qui ont donné d'excellents Papillons, dont
on a obtenu 5§r.45 de graine.
M. de Quatrefages se livre ensuite à un examen des co-
cons vides de leurs Papillons qui ont été envoyés à Paris,
et, en tenant compte de la couleur qui tachait l'ouverture
de sortie des Papillons, de la contexture de leurs pa-
rois, etc., il croit pouvoir en conclure que dix-huit ont
été filés par des Vers probablement sains, seize par des
Vers très-probablement atteints assez légèrement, et treize
par des Vers atteints sérieusement de maladie. Il a ensuite
examiné la graine par des moyens qu'il croit susceptibles
d'éclairer sur son état plus ou moins sain, et il déclare
qu'il y en a 31 pour 100 de présumée bonne, 60 pour 100
de douteuse et 9 pour 100 de mauvaise.
De cet examen des produits de la très-petite éducation
de M. le maréchal Vaillant, qui a donné chambrée com-
plète, M. de Quatrefages tire des conclusions qui peuvent
être très- intéressantes pour des savants de cabinet, mais
SOCIÉTÉS SAVANTES. 413
qu'on ne saurait admettre comme susceptibles de guider
la grande pratique, car on ne peut comparer ce qui s'est
passé dans une petite éducation de quarantersept Vers
faite dans un salon, avec ce qui se passe dans de grandes
éducations industrielles.
Si le travail de M. deQuatrefages ne peut présenter qu'un
intérêt de curiosité scientifique, il vient au moins mon-
trer une fois de plus que l'illustre et infatigable maréchal
ne manque jamais d'employer le peu de temps dont ses
hautes fonctions lui permettent de disposer à des observa-
tions utiles aux progrès des sciences.
M. de Quatrefages se livre ensuite à une très-longue
dissertation, dans laquelle il serait inutile de le suivre, car
elle aboutit à nous apprendre que l'intensité du mal a
fléchi dans certaines localités, ce que j'ai déjà observé et
annonce depuis trois ans, et qu'il convient que les éduca-
teurs fassent leur graine eux-mêmes au moyen de petites
éducations spéciales.
M. Coinde adresse une Notice sur la faune de l'île de
Saint- Paul, dans la mer de Kamtschatka. Ce travail est in-
séré en entier page 396.
M . E. Cornalia, dans une Lettre adressée à M. de Qua-
trefages, fait connaître son Moyen de reconnaître la graine
provenant de Papillons atteints par la pébrine.
Le savant italien, mettant à profit les observations que
j'ai faites, il y a déjà plus de dix ans, sur l'état du sang
des Vers à soie en santé et malades, a reconnu que l'alté-
ration traduite par la présence des petits corpuscules vi-
brants, que j'ai appelés Hêmatozoïdes, se montrait déjà
dans l'embryon avant sa sortie de l'œuf, et il en a tiré
cette conséquence que l'examen microscopique des œufs
en état assez avancé d'incubation pouvait faire recon-
naître s'ils contenaient ou non de ces corpuscules, signes
de maladie.
M. Cornalia a examiné ainsi un grand nombre d'échan-
tillons de graines provenant de tous les pays où l'on va en
4U rev. et mag. de zoologie. {Septembre 1860.)
chercher; il a noté celles qui lui paraissaient plus ou
moins saines, et il assure que les résultats de la culture en
grand des qualités examinées par lui ont parfaitement ré-
pondu à ses prévisions.
Le savant italien pense que les corpuscules vibrants,
mes Hématozoïdes de 1849 (Acad. des sciences, séance du
3 novembre 1849, et Revue et Mag. de zool., nov. 1849,
p. 565, pi. 15), sont produits par une métamorphose rétro-
gradante des tissus. Quant à moi, j'ai cru reconnaître à
cette époque, et mes dessins, déposés à l'Académie des
sciences en 1849 avec un grand mémoire , en font foi ,
que les Hématozoïdes étaient produits par un simple
arrêt de développement des liquides et tissus du Ver. Ce
qui m'a fait concevoir cette idée, c'est que j'ai vu les Hé-
matozoïdes se réunir et se fixer en globules d'apparence
graisseuse chez des Vers étudiés au moment de leur trans-
formation en chrysalides, ce qui donnerait à penser que
ces éléments du fluide nourricier sont employés à la for-
mation des organes de l'animal dans l'état normal, et
qu'ils ne demeurent isolés, et par conséquent inutiles,
que chez des individus malades, chez lesquels les fonctions
sont modifiées, retardées ou arrêtées.
Dans les temps d'épidémie muscardinique, et par des
causes qu'il reste à chercher, ces corpuscules, rendus
ainsi inutiles par arrêt de développement des fluides et
des tissus, semblent perdre encore de leur vitalité ani-
male sous l'influence d'un état acide des liquides, et ils
constituent les rudiments de cette production patholo-
gique à laquelle les botanistes ont donné le nom de ho-
trytis bassiana.
11 est fâcheux que le grand travail, que j'ai présenté en
1849 à l'Académie des sciences accompagné de nom-
breuses planches, n'ait pas été l'objet d'un rapport et
n'ait pas été publié, car il aurait fait connaître, dès cette
époque, des faits que l'on découvre aujourd'hui et dont
les conséquences sont admises. C'est la nouveauté de ces
SOCIÉTÉS SAVANTES. 415
faits inattendus, et alors si contraires aux idées reçues,
qui est cause que les rapporteurs nommés par l'Académie
n'ont pas rendu compte de mon travail, et, comme sa pu-
blication, avec les nombreuses planches qui l'accompa-
gnent, aurait nécessité de grandes dépenses, il est resté
jusqu'à présent presque entièrement inédit, sauf ma dé-
couverte des corpuscules vibrants ou Hématozoïdes.
M. Nilsson adresse une Notice sur quelques Poissons du
Sud qui se rencontrent parfois dans la mer du Nord,
« On trouve quelquefois, près des côtes maritimes du
nord de la Scandinavie, des Poissons dont la patrie n'est
pas le Nord, mais la partie méridionale de l'océan Atlan-
tique. Ils ne se propagent jamais dans le Nord; ils ne s'y
trouvent qu'en exemplaires adultes, jamais on n'en voit
de jeunes. La plupart se trouvent jetés sur les rochers ou
sur la côte. Tels sont Gymnetrus grillii, Trachypterus 'vog-
marus, Pterycombus brama, Lampris guttatus, Chironectus
arcticus, Beryœ borealis, Sternoptyx olfersii, Cantharus
griseus. Plusieurs d'entre eux ont déjà été trouvés dans les
parages sud de l'Atlantique, et l'année passée on a trouvé
sur un rocher, auprès d'une des îles de Bermudas, un
Poisson inconnu qu'on a figuré et décrit, dans Ylllustrated
Times of London, sous le nom de Sea Serpent; mais on n'a
qu'à voir la figure pour, à l'instant , y reconnaître notre
Gymnetrus grillii. La description le prouve encore, et la
figure est même la meilleure qui, jusqu'ici, existe de cette
espèce. Sur les côtes de Norwége, cette espèce a été trou-
vée cinq ou six fois dans une centaine d'années environ.
« Il me semble qu'il n'existe qu'un seul moyen d'expli-
quer comment ces Poissons peuvent être transportés du
sud de l'Atlantique aux côtes septentrionales de la Nor-
wége; c'est d'attribuer ce transport au gulf stream qui sort
du golfe du Mexique, traverse l'Océan, et, par son eau
chaude, adoucit même le climat des rivages de la Norwége.
Auprès de ces rivages, on trouve souvent flottant sur la
mer des fruits appartenant à l'Amérique du Sud. »
416 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
M. Dareste adresse une Note sur un Poulet hyperencé-
phale.
Séance du 13 août. — M. Léon Dufour adresse des Re-
cherches anatomiques sur J'Ascalaphus meridionalis.
« Il est un groupe d'élégants Névroptères qui, jusqu'à
ce jour, avait éludé mon scalpel et laissait dans mes re-
cherches d'anatomie entomologique une regrettable la-
cune, c'est celui des Ascalaphiens.
« Dans l'étude de la structure extérieure ou squelet-
tique de l'Ascalaphe, ses fines et longues antennes termi-
nées par un bouton abrupt ont appelé ma spéciale atten-
tion. Ces antennes servent à l'Insecte de balanciers ou
d'avirons aériens soit pour diriger le vol, soit pour favo-
riser la station atmosphérique quand il veut planer. Il
était réservé à la micropsie de révéler, dans ce bouton
terminal, une texture et des fonctions inaperçues par les
entomologistes. Ce bouton est formé de douze cerceaux
annulaires, noirâtres, séparés par autant d'intersections
linéaires, membraneuses, qui facilitent son développe-
ment subvésiculeux. J'ai constaté dans son intérieur une
pulpe spéciale, avec d'imperceptibles trachéoles. C'est là
un organe qui, à mes yeux, cumule les deux sens de l'ouïe
et de l'odorat.
« L'appareil sensitif de l'Ascalaphe ne diffère point de
celui que j'ai fait connaître dans YOsmylus, son voisin
dans le cadre classique. La masse optique du cerveau, hé-
rissée de ses innumérables ocellaires, m'a fourni l'occa-
sion de confirmer et de corroborer la valeur d'un fait, re-
marqué par M. Rambur, d'une rainure transversale aux
yeux. La micropsie prouve que cette rainure n'est pas
bornée à la cornée réticulaire; elle correspond, au-des-
sous de celle-ci, à un ruban fibro-membraneux qui règne
dans toute l'épaisseur de la masse optique, en sorte qu'il
y a réellement, de chaque côté, deux yeux au lieu d'un.
« L'appareil respiratoire ne diffère en rien de celui de
ses congénères.
« L'appareil digestif a des glandes salivaires bien carac^
SOCIÉTÉS SAVANTES. 417
térisées. Le canal alimentaire est court comme celui des
animaux carnassiers, et l'Ascalaphe est insectivore. L'œso-
phage est suivi d'un jabot, puis d'une panse latérale. Il y a
un gésier renfermant une valvule pylorique. Le ventricule
chylifique est grand, blanc et hérissé de courtes papilles; il
se termine intérieurement par une valvule ventriculo-in-
testinale, l'analogue de Yiléo-cœcale des animaux supé-
rieurs. Le foie consiste en huit vaisseaux hépatiques à bout
libre et borgne. L'intestin stercoral débute par une por-
tion cylindrique, bientôt réfléchie en un cœcum caracté-
risé par six disques orbiculaires de texture contractile,
favorables à la défécation.
« L'appareil génital a presque la même composition que
dans les animaux supérieurs. L'Ascalaphe mâle diffère ex-
térieurement de la femelle par la saillie, au bout de l'ab-
domen, d'un forceps ou d'une tenaille qui exerce son ac-
tion dans l'acte copulatif. Les testicules, bien séparés l'un
de l'autre, sont fixés à la base de la cavité abdominale;
chacun d'eux est une glande ovale-oblongue blanche et
unie intérieurement; mais, au-dessous de cette tunique,
c'est un épi serré et mûriforme de capsules spermifiques
ovalaires et sessiles. Le conduit déférent, quatre fois plus
long que le testicule, est d'une ténuité capillaire; les vési-
cules séminales forment deux agglomérations arrondies et
presque confondues d'utricules ovoïdes et sessiles.
« Les ovaires se composent chacun d'un faisceau de dix
gaines ovigères multiloculaires, maintenues en place par
un ligament suspenseur, destiné à prévenir les accidents
que pourrait entraîner, pendant la gestation, l'accroisse-
ment progressif du volume et de la pesanteur de ovaires.
Les gaines ovigères s'abouchent isolément en arrière à un
calice, l'émule d'une matrice, où les œufs à terme doi-
vent séjourner un certain temps. Les cols des deux calices
confluent pour la formation de Yoviducte. A la région dor-
sale de celui-ci s'implante en avant la poche copulatrice
d'Audouin, destinée à recevoir le^ms lors de la copula-
tion et à conserver la liqueur séminale destinée à donner
418 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
aux œufs à terme le baptême de la fécondation. En arrière
se voit une double glande sébifique qui sécrète une humeur
spéciale pour enduire les œufs au moment de la ponte. »
M. Poiseuille lit un Mémoire sur la pression du sang
dans le système artériel.
M. E. Blanchard lit des Recherches anatomiques et phy-
siologiques sur le système tégumentaire des Reptiles (Sauriens
et Ophidiens).
Dans ce travail, M. Blanchard, après avoir rappelé les
belles expériences de William Edwards, le frère de
M. Milne-Edwards, sur la respiration cutanée des Batra-
ciens, résume son travail en disant dès le début :
« Mes observations et mes expériences vont montrer
que les téguments de ces animaux sont tout à fait orga-
nisés pour recevoir d'une manière efficace l'action de
l'air. »
M. Flourens signale, parmi les pièces imprimées de la
séance, un Mémoire de M. Mantegazza, professeur d'hy-
giène à Milan, sur la vitalité des Zoospermes de la Gre-
. nouille et sur la transplantation des testicules d'un animal
à l'autre.
Écrit en français et précédemment annoncé par une
Lettre mentionnée au Compte rendu de la séance du 9 août
dernier, où le nom, par suite d'une signature peu lisible,
est écrit Montegazza, cet opuscule est aujourd'hui accom-
pagné d'une Lettre à M. Flourens, dont nous extrayons
les lignes suivantes :
« Par vos expériences sur le périoste, vous avez fait
naître, monsieur, les découvertes de M. Ollier; je crois
avoir fait un nouveau pas sur la même route en dé-
montrant que l'on peut transplanter les testicules d'une
Grenouille à l'autre, et je me trouverais très-honoré si
vous vouliez bien donner à l'Académie une idée de mes
recherches sur ce sujet, ainsi que sur la vitalité des Zoo-
spermes chez le même animal.
« Voici les faits les plus importants sur lesquels j'ose
appeler l'attention :
SOCIÉTÉS SAVANTES. 419
« 1° Les Zoospermes de la Grenouille peuvent vivre de-
puis — 13°,75 jusqu'à — 143°,75.
« 2" Ils peuvent être pris dans la glace jusqu'à quatre
fois de suite sans mourir.
« 3° Le testicule de la Grenouille peut être transplanté
d'un animal à l'autre soit sous la peau de l'abdomen, de
la cuisse ou du dos.
« Si on greffe le testicule sous la peau de l'abdomen
d'une Grenouille femelle peu de jours avant la ponte des
œufs, il arrive quelquefois qu'il se développe une telle at-
traction entre le testicule et les veines, qu'il y a ulcération
des muscles du ventre, et les éléments mâle et femelle
viennent en contact. Ce phénomène arrive avec une telle
force, que la Grenouille meurt toujours. »
M. Ciccone adresse un travail intitulé, De la nature des
globules ovoïdes dans les Vers à soie.
L'auteur, après avoir établi que ces corpuscules ovoïdes
jouent un rôle très-important dans l'épidémie des Vers à
soie, se demande si ce sont des Cristaux, des Psoro-
spermes, des Hématozoïdes, des Algues unicellulaires ou
des Panistophytons, ou bien tout simplement des éléments
organiques du Ver, et il arrive, comme nous en 1849, à
admettre cette dernière idée.
Séance du 20 août. — M. Valenciennes lit un Rapport sur
les Coquilles rapportées de la Nouvelle-Calédonie par le co-
lonel du génie Coffyn et données par M. le maréchal Vaillant.
Après avoir rappelé que plusieurs Bulimes ont déjà été
découverts dans cette île, M. Valenciennes indique,
parmi ceux qui ont été rapportés par M. Coffyn, une
nouvelle espèce de Marteau qu'il nommera Malleus
Cojfyni et qui est caractérisée par l'obliquité de la fossette
du ligament, et trois espèces nouvelles de Peines, qu'il
nommera Perna Coffyni, angulifera et Coffiniana.
Séance du 27 août. — M. le secrétaire perpétuel dépose
sur le bureau un exemplaire des discours qui ont été pro-
noncés aux funérailles de M. Duméril.
420 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
La mort de cet éminent zoologiste sera longtemps dé-
plorée par les vrais amis de la science, de cette grande
zoologie telle que l'ont faite les Lamarck, les Cuvier, les
Geoffroy Saint-Hilaire, les La treille, etc., qui pensaient,
avec tant de raison , que le principe si fécond de la di-
vision du travail peut seul amener des progrès réels
dans la science. Contrairement à ce qui a lieu si fâcheu-
sement aujourd'hui, Duméril et les autres grands zoo-
logistes dont nous avons cité les noms, après avoir étudié
l'ensemble de l'anatomie et de la physiologie des animaux,
s'étaient presque tous attachés ensuite à une des grandes
branches de cette vaste science, et ils formaient ainsi un
faisceau de spécialités très-fortes qui constituait, si l'on
peut s'exprimer ainsi, un admirable ouvrage de zoologie
en plusieurs volumes. Duméril formait, dans ce grand en-
semble, le volume qui traitait des Reptiles et des Poissons,
sans préjudice cependant de ses études sur les Insectes,
qui ont formé le début et la fin de sa belle et longue car-
rière scientifique.
Aujourd'hui il n'est plus permis d'espérer que la zoo-
logie sera traitée par des hommes spéciaux et, par consé-
quent, très-éminents dans leur spécialité, et s'il ne restait
pas encore dans la section de zoologie M. I. Geoffroy
Saint-Hilaire, qui représente, à si juste titre, la spécialité
de l'étude des Mammifères et des Oiseaux, on pourrait
dire que les membres de cette section deviendront bientôt
des doublures les uns des autres, doublures d'un haut mé-
rite, il est vrai, mais dont un seul pourrait largement suf-
fire aux besoins du service.
M. I. Geoffroij Saint-Hilaire communique l'extrait d'une
Lettre que lui a adressée M. le prince de Démidoff sur un
second exemple de reproduction de V Autruche en Europe.
Le prince écrit de San-Donato qu'un couple de jeunes
Autruches qu'il avait reçu en 1859 vient d'en produire six.
La ponte a commencé le 11 mai, et elle a suivi un
cours régulier, c'est-à-dire la ponte d'un œuf tous les deux
jours jusqu'au 31 .
SOCIÉTÉS SAVANTES. 441
Après la ponte du dernier œuf, la femelle s'est mise en
incubation, et le mâle l'a remplacée une partie du temps.
C'est le 23 juin que le premier petit est éclos, puis les au-
tres ont suivi, et, le 26, le dernier, plus faible que les au-
tres, sortait aussi de son œuf, avec l'aide de la personne
chargée de la direction de l'établissement de San-Donato,
qui avait un peu cassé le bout de l'œuf pour aider le petit
dans son éclosion.
Les jeunes Oiseaux se mettent à courir et à manger,
aussitôt leur sortie de l'œuf, une pâtée composée d'oeufs,
de mie de pain et de salade finement hachés.
M. de Démidoff pense qu'après trois ou quatre couvées
les Autruches se reproduiront sans plus de façon que les
autres Oiseaux de basse-cour.
A la suite de cette communication, M. I. Geoffroy Saint-
Hilaire rappelle qu'il a présenté, il y a deux ans, une Note
de M. Hardy, directeur de la pépinière centrale d'Alger,
sur un fait semblable, et dit qu'il en est aujourd'hui à la
seconde génération. Dans le nord de la France, particu-
lièrement à la ménagerie du muséum, les Autruches pon-
dent très-fréquemment, mais leurs œufs jusqu'à présent se
sont toujours trouvés clairs. Dans le midi de la France, à
Mèze, près Montpellier, M. Moquin-Tandon a constaté
dans un cas la fécondation de l'œuf; mais il n'y a pas eu
d' éclosion.
Aussi M. Geoffroy Saint-Hilaire, en insistant sur les
avantages que l'on pourrait tirer de l'acclimatation en Eu-
rope et de la domestication d'oiseaux de boucherie, n'a-
vait-il pas cru devoir comprendre parmi eux l'Autruche
d'Afrique, se bornant à recommander celle des Nandous
et du Dromée ou Casoar d'Australie, espèces originaires
de climats bien moins chauds que l'Afrique. Les Nandous
vivent bien en Europe, et l'on a déjà des exemples de re-
production. Quant au Dromée ou Casoar d'Australie, cet
Oiseau non seulement peut vivre sous notre ciel, mais on
ne connaît aucune espèce qui en supporte mieux les in-
tempéries. Le Dromée est tellement robuste, tellement
422 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
rustique, qu'on l'a vu, à la ménagerie du muséum, rester
à l'air libre pendant des années entières sans jamais cher-
cher un abri dans sa loge, ni le jour ni la nuit, même par
les temps les plus rigoureux; plus d'une fois il s'est laissé,
à la lettre, enfouir sous la neige, sans paraître en souffrir
le moins du monde.
A l'occasion des remarques très- intéressantes de M,, le
prince de Démidoff sur les circonstances de l'incubation
des œufs pondus à San-Donato, M. Geoffroy Saint-Hilaire
rappelle qu'en Algérie M. Hardy a vu de même l'Autruche
mâle s'occuper plus des œufs que la femelle; dans une
des incubations, la femelle se bornait même le plus sou-
vent à venir, en l'absence du mâle, retourner les œufs
avec beaucoup de soin, puis elle se retirait. Au muséum,
où le Casoar de l'Australie s'est reproduit et où M. Flo-
rent Prévost a recueilli avec le plus grand soin toutes les
circonstances de la reproduction, c'est le mâle qui a couvé
les œufs, et seul aussi il a fait l'éducation des jeunes; le
rôle de la femelle s'était borné, dans ce cas, à pondre les
œufs.
J'ajouterai que les Autruches pondent aussi très-fré-
quemment à Marseille, et que M. Suquet, directeur du
jardin zoologique de cette ville, espère obtenir bientôt
des reproductions, car il s'est assuré, par des incubations
artificielles, que les œufs sont fécondés. Il ne lui manque
qu'un parc suffisamment isolé pour que ses Autruches
puissent se livrer à l'incubation sans être troublées par le
public. Cela est une affaire de budget, et il espère bien
être en mesure d'établir ce parc dès l'année prochaine. Il
est évident que la réussite devait être réservée aux plus
riches, comme, en guerre, la victoire est généralement ré-
servée aux plus gros bataillons. Les gros bataillons étaient,
pour M. Hardy, le budget de l'État, et pour M. le prince
de Démidoff une immense fortune. On doit, toutefois, les
féliciter d'avoir fait usage de ces puissants moyens d'ac-
tion avec zèle et intelligence.
MÉLANGES ET NOUVELLES. 423
III. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Samedi (6 octobre), l'Empereur a daigné honorer de sa
présence l'inauguration du jardin zoologique d'acclimata-
tion du bois de Boulogne.
Après avoir fait un petit discours à Sa Majesté, l'illustre
président de la Société et du conseil de la compagnie lui
a fait visiter les parcs dans lesquels on a placé les nom-
breux animaux achetés à M. le docteur Leprestre, l'oiselle-
rie, les solides loges à volailles, le bâtiment monumental
où l'on a logé les Yacks, Bœufs, Chevaux et autres ani-
maux de grande taille, ainsi que le conseil d'administra-
tion, et même le bâtiment, en construction, de l'Aquarium,
dans lequel on verra, l'année prochaine, de l'eau de mer,
des Poissons et d'autres animaux marins très-curieux.
Parmi les animaux que Sa Majesté a pu admirer, il faut
surtout mentionner le beau troupeau d'Alpacas récemment
acquis par la Société, et que l'on doit au zèle et au dé-
vouement de M. Rohen, qui est allé le chercher, au prix
des plus grandes fatigues, dans les hautes montagnes du
Pérou.
Quant à la magnanerie et aux Vers à soie du vernis du
Japon qui la peuplaient, malgré l'état avancé de la saison,
M. le président ne les a pas montrés à Sa Majesté, parce
qu'il sait que l'Empereur est parfaitement au courant de
cette grande question et qu'il connaît suffisamment son
importance agricole et industrielle. En effet, il a voulu être
le premier à faire des essais agricoles dans son domaine de
Lamotte-Beuvron, et il m'a, récemment encore , donné
une nouvelle preuve de sa haute approbation en ordon-
nant la publication, par l'imprimerie impériale, du rap-
port que j'ai eu l'honneur de lui faire sur mes travaux
relatifs à cette importante question, lequel a pour titre,
Rapport à S. M. I Empereur sur les travaux entrepris par
ses ordres pour introduire en France et en Algérie le Ver à
soie de V allante ou faux vernis du Japon (grand in-8° de
100 pages).
J'avais fait disposer dans la jolie magnanerie de la So-
ciété une série d'expériences ayant pour objet de faire
connaître les divers végétaux avec lesquels on peut ali-
menter les Vers à soie de l'ailante, et de beaux échantil-
lons des fils et tissus fabriqués en Alsace par MM. Sacc,
424 rev. et mag. de zoologie. (Septembre 1860.)
Schlumberger et de Jongh, avec les cocons de cette es-
pèce, de celle du Ricin et des métis que j'ai obtenus des
deux.
Il y avait là des Vers que je fais élever pour la Société
dans une serre chauffée, et que M. le président, sur ma
demande, avait eu l'obligeance de faire apporter par le
gardien de la ménagerie des Reptiles du muséum, et d'au-
tres Vers élevés sans feu, en chambre ou en plein air, dans
le jardin d'acclimatation. On en voyait sur l'ailante, leur
végétal naturel, sur le fusain, sur le chêne, sur l'érable
à feuilles de frêne et le ceanothus de l'Amérique, et sur
le Ricin.
Beaucoup de visiteurs ont témoigné leur étonnementde
ne pas trouver sur le catalogue distribué, et à la suite du
nom des deux espèces de Vers à soie, comme on l'a fait
pour les animaux supérieurs, l'indication des personnes
qui les ont données à la Société, car tout le monde sait
qu'elle a reçu le Ver du ricin de M. Baruffi, membre hono-
raire, et celui de l'ailante de moi.
Comme l'on ne pouvait dire que la place avait manqué
pour ces mentions de stricte justice, on a rejeté la faute sur
l'imprimeur, comme on le fait souvent en pareil cas ; mais
j'entendais dire autour de moi qu'on n'avait fait mention
du nom des donateurs que pour les grosses bêtes.
TABLE DES MATIERES.
Pages.
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 377
J. Verreaux et 0. des Murs. — Description d'Oiseaux nou-
veaux de la Nouvelle-Calédonie et indication des es-
pèces déjà connues de ce pays. 383
J. P. Coinde. — Notice sur la faune ornithologique de l'île de
Saint-Paul. 396
A. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés
à Cette. 405
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 409
Académie des sciences. (Section de zoologie. — Autruches.) 410
Mélanges et nouvelles (Jardin zoologique d'acclimatation, Ver
à soie du vernis du Japon). 423
PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.— -1860.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — OCTOBRE 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Sixième article. (Voir p. 377.)
Tribu des Sténodermiens (1).
Museau obtus; dents ne dépassant pas le nombre 32:
offrant toujours - incisives et f— | prémolaires. La troi-
sième et la quatrième molaire supérieure larges, à cou-
ronne excavée et à bord externe, tranchant et saillant; la
deuxième prémolaire, tant en haut qu'en bas, en générai
longue et pointue, beaucoup plus grande que la première ;
les incisives serrées, les supérieures médianes grandes,
ayant souvent leur bord lobule, parce qu'elles ne s'usent
pas contre les inférieures, vu l'espace ouvert qui subsiste
entre les incisives supérieures et les inférieures, lorsque
la bouche est fermée ; les latérales petites. Langue courte
ou médiocrement longue ; face verruqueuse. Appendices
nasaux composés d'un fer à cheval surmonté d'une feuille.
#
(1) Cette tribu a été établie par M. Gervais, et l'on doit s'étonner
qu'on n'ait pas plus tôt séparé du genre Phyllostoma les types qui
la composent.
M. Gray, tout en créant un grand nombre de genres basés sur les
caractères extérieurs, dont quelques-uns assez secondaires, n'a point
moutré la différence essentielle que le système dentaire établit entre
un certain nombre de ces genres et les autres. Dans un travail que
j'avais préparé en 1853, en classant la collection des Chéiroptères is-
tiophores de la collection de Paris, et que je comptais publier sous le
nom de Monographie des Chauves-Souris à quatre phalanges,
j'avais déjà établi cette distinction et j'étais arrivé aux mêmes quatre
groupes que M. Gervais, quoique avec quelques divergences dans leur
subdivision, comme on le verra plus bas.
2* séant, t. xii. Année 1860. 28
426 rev. et mag. de zoologte. (Octobre 4860.)
Queue nulle ou rudimentaire ; membrane fémorale en gé-
néral petite, souvent nulle.
Classification des Sténodermiens (1).
I. Molaires au nombre de f .
Queue nulle, membrane fémorale rudimen-
taire Stenoderma (2) .
Queue nulle, membrane fémorale médiocre,
échancrée Dermanura.
II. Molaires au nombre de f .
Queue nulle, membrane fémorale échancrée. Artibœus.
III. Molaires au nombre de |,
Queue nulle
Membrane fémorale rudimentaire Sturnira.
Membrane fémorale médiocre, échancrée. . . Platyrrhinus{3).
Queue courte, membrane fémorale échan-
crée Brachyphylla.
Comme on le verra par la comparaison, cette classifi-
cation ne s'accorde pas en tous points avec celle qu'adopte
M. Gervais. Ceci s'explique, par le fait qu'il s'est glissé
quelques lapsus calami dans le travail de ce dernier, à
propos de ses genres Pteroderma et Artibœus. Ainsi l'au-
teur indique pour le premier 32 dents , tandis que
sa formule dentaire (parfaitement conforme à la figure)
n'en donne que 30, et pour le second 34, tandis que les
trois figures des dents de ses trois espèces n'en offrent
que 32. Ensuite l'auteur a transporté le genre Artibœus
de Leach à un genre qui méritait un nom nouveau
Platyrrhinus), et, par suite de cette erreur, il a été con-
duit à donner un nouveau nom (Pteroderma) à l'ancien
genre Artibœus, Leach. Ceci deviendra évident dans les
observations ci- dessous qui se rapportent à ces genres.
(1) Je ne parle pas ici du genre Diphylla, Spix, qui est très -mal
connu, non plus que des genres Trachops et Nyctiplanus, Gray, qui
ont été imparfaitement décrits.
(2; Les Dermanura ne méritent guère d'être séparés des Steno-
derma, car il n'y a pas entre eux de limite bien appréciable.
(3) Ce genre, que M. Gervais a désigné, à tort, parle nom à'^frli-
bœus, ne mérite guère non plus d'être distingué du genre Sturnira.
TRAVAUX INÉDITS. 427
Genre Stenoderma , Geoff.
Museau très-court, très-obtus ; lèvres très-verruqueuses ;
feuille nasale en forme de fer de lance. Dents au nombre
de 28; incisives, fify«HT ; canines, j~ ; prémolaires, |-|;
vraies molaires f—*-.
St. tolteca (1) (pi. 15,fig. 4). Parvus, fusco-nigrcscens ; prosthema
nasale elongatum , in medio carioatum; auriculœ margiue externo
excisae et emarginatae; tragus valdeacuminatus, extus denticulatus;
patagium fémorale valde excisum, rudimentarium.
Taille petite. Tête très-obtuse, comme chez YArtibœus
jamaicensis. Vraies molaires, ~î î la petite arrière-molaire
de la mâchoire inférieure manquant. Feuille nasale très-
allongée, lancéolée, ayant le milieu occupé par un bour-
relet épais, qui s'étend dans toute sa longueur et qui
forme sa pointe ; ses lobes latéraux forment un ovoïde
allongé, mais ne s'étendant pas jusqu'à son extrémité.
Oreilles assez petites, obtuses au bout, à bord interne
très-arqué, au point de former un lobe à sa base; à bord
externe très-fortement excisé et offrant une forte échan-
crure au milieu de sa longueur, au-dessous de laquelle
est un petit lobule ; son extrémité inférieure formant pres-
que un autre petit lobe. Oreillon n'atteignant pas le mi-
lieu de l'oreille, large, terminé en pointe aiguë, offrant à
son bord externe trois dentelures prononcées. Membrane
fémorale très-fortement excisée , ne formant qu'une bande
étroite autour des cuisses, et supportée par de très-courts
éperons. Ailes insérées presque à la base des métatarsiens.
Longueur du corps et de la tête 0m,060
Longueur de l'avant-bras 0",041
Longueur de la feuille nasale avee le fer à
cheval 0m,010
Longueur des oreilles à leur face externe. 0m,010-ll
Longueur des éperons 0,n,004
Largeur de la membrane fémorale à l'anus 0m,0045
(1) Cette espèce est intermédiaire entre le genre Stenoderma et le
geore Dermatiura, Gerv., ce qui montre combien ces genres, basés
sur la grandeur relative de la membrane fémorale, sont peu satis-
faisants.
428 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
Largeur au genou 0m,0065
Pelage d'un gris de fumée obscur sur le dos ; les poils
étant d'un gris uniforme, avec l'extrême bout un peu plus
obscur; les parties ventrales un peu plus pâles, les poils
étant aussi unicolores; les côtés du cou assez obscurs.
Bras revêtus de poils brun foncé. Membranes noirâtres,
fortement garnies de poils autour des bras et du corps ;
ces poils laineux, obscurs en dessus, pâles en dessous; la
membrane interfémorale très-poilue autour du coccyx.
Cette petite epèce se rapproche le plus du Phyllostoma
bilabiatum, Wagn., mais elle n'a pas de taches blanches
et la membrane fémorale me paraît être plus fortement
excisée.
Genre Artib^eus, Leach.
Synonymes : Madatœus, Leach. — Pteroderma, Gerv., 1. c. 34.
Face courte ; feuille nasale en fer de lance. Dents au
nombre de 30. Incisives, "/' ; canines, f-j-; prémo-
laires, j-f ; molaires, f-f.
Dans ce genre la deuxième prémolaire supérieure offre
un fort talon ; elle est très-longue et pointue, ainsi que l'in-
férieure ; les molaires suivantes sont, au contraire, larges
et beaucoup moins élevées. Ce genre ne diffère du genre
Stenoderma que par la présence d'une petite arrière-molaire
à la mâchoire inférieure ; le reste du système dentaire et
le faciès extérieur sont identiques ; il semble donc presque
superflu de séparer ces deux genres.
Observation. — Comme je l'ai indiqué plus haut, ce genre
serait, pour M. Gervais, le genre Pteroderma, parce qu'il
n'offre que $ molaires. Selon cet auteur, les Artibœus au-
raient} molaires ; mais ceci est une erreur manifeste, car
Leach indique expressément (1), tant pour le genre Arti-
bœus que pour le genre Madatœus, son synonyme, } mo-
laires seulement. C'est donc à tort que l'on donnerait ce
nom à des Sténodermiens qui possèdent } molaires.
A. jamaicensis, Leach, 1. c. —Madatœus Lewisii, 1. c.
(1) Liua., Transactions, XIII, 75.
TRAVAUX INÉDITS. 429
La variété qui habite le continent de l'Amérique méri-
dionale est de taille un peu plus grande que celle qui vit
aux Antilles ; mais la feuille nasale et les verrues de la
lèvre inférieure sont de forme identique.
Longueur du corps et de la tête 0m,073
Longueur de la feuille nasale, y compris le
fer à cheval 0»,012-11
Longueur de la feuille nasale seule 0m,0075-70
Longueur de Tavant-bras 0m,055
Les Chauves-Souris de celte espèce habitent en quantités
considérables les cavernes de Cuba, et elles s'y dirigent
sans peine au moyen de leurs membranes nasales. Elles
tapissent les voûtes de ces grottes en si grand nombre,
que d'un seul coup de fusil j'en ai abattu plus de trente.
J'ai aussi tué cette espèce au Mexique. Les individus qui
viventdansce pays ne me semblent différer de ceux deCuba
que par une taille un peu supérieure (avant-bras, 0m,057).
Ce Sténodermien se confond probablement avec YÀrti-
bœus perspicillatus , Geoff. (Stenoderma perspicillalum,
Gerv., loc. cit. }.
Genre Stuhnira, Gray.
Museau obtus, mais un peu moins que chez les genres
qui précèdent. Dents au nombre de 32. Prémolaires, ■§-{■;
molaires, ■§— f (membrane fémorale rudimentaire ou nulle).
Les types de ce genre sont le Stenoderma chilensis,
Gerv., Hist. fisico de Chile, Mammif., pi. I, et leS*. Lilium,
Geoffr.
Je n'ai trouvé aucun représentant de ce genre au
Mexique, mais il est probable qu'on en trouvera.
Genre Platyrrhinus (1).
Synonymie : Artibacus; Gray, Voyage de Castelnau, zool.
Tout à fait semblable au G. Sturnira, 32 dents. Inci-
sives, * V *l canines, f-f ; prémolaires, f-f; molaires, f-f.
L'arrière-molaire est très-petite.
Ce genre ne doit former qu'une subdivision des Stur-
(1) riKoLTvj>j>iï, ivoï, quiaun large nez.
430 REV. ET MAC DE ZOOLOGIE. (Octobre 1860.)
niraf et je ne le cite ici que pour empêcher que la confu-
sion avec les Artibacus ne se perpétue. L'espèce la plus
vulgaire est le PI. lineatus, Geoff. [Artibœus lineatus,
Gerv., 1. c, 35). Brésil. On connaît encore le Plat, unda-
tus, Gerv. [Artibœus undatus, Gerv., 1. c). — Le Plat,
jamaicensis, Gerv., 1. c, 35 (syn. excl.), espèce évidem-
ment différente de celle désignée sous le nom d' Artibœus
jamaicensis, par Leach (1), puisque Gervais lui donne f mo-
laires et qu'il les figure. Ce doit être une espèce nouvelle
ou un des nombreux Sténodermiens de Cuba qui ont été
décrits sous les noms de Phy II. jamaicensis, Horsf., — fal-
catum, Gray, etc.
Tribu des Vampiriens.
Museau étroit et assez allongé. Dents au nombre de 32
à 36 ; vraies molaires, toujours au nombre de j-f : la pre-
mière et la seconde de la mâchoire supérieure portant
des lames d'émail disposées en forme de W, d'autres fois
seulement des tubercules aigus, mais leur couronne n'é-
tant pas creusée et n'offrant pas un bord externe trau-
chant, comme chez les Sténodermiens. Incisives serrées;
les supérieures mitoyennes très-grandes, s'usant contre les
inférieures; les latérales très-petites, usées par les canines
inférieures, souvent caduques. Toujours sur le nez, un fer
à cheval membraneux , surmonté d'une feuille nasale.
Lèvre inférieure verruqueuse, mais non fendue. Langue
longue et extensible.
lre Section. — Vraies molaires ayant leur couronne gar-
nie de pyramides ou offrant un W plus ou moins distinct.
Aux supérieures, le bord externe plus saillant que Vinterne.
Membrane fémorale échancrée ou incomplète ( transition
aux Sténodermiens).
Cette catégorie a été divisée comme suit :
I. Molaires au nombre de >,.
Une queue plus ou moins longue, enveloppée,
n'atteignant pas le bout de la membrane
(ij Voyez ci-dessus notre Artibœus jamaicensis.
TRAVAUX INÉDITS. 431
fémorale Phyllostoma.
Pas de queue, membrane fémorale échan-
crée Carollia.
II. Molaires au nombre \.
Queue courte, enveloppée, membrane inter-
fémorale échancrée Schizostoma(i).
(1) On doit ce genre à M. Gervais. Je ne le connais pas, mais je ne
doute pas qu'il ne rentre dans cette section.
(La suite prochainement.)
Description d'Oiseaux nouveaux de la Nouvelle-Calédonie
et indication des espèces déjà connues de ce pays, par
MM. Jules Verreaux et O. des Murs (1).
31. Lalage Montrosieri (J. Verreaux et O. des Murs).
L. — Supra nigro-brunneus : tectricibus a la r uni albo rufoque nota-
tus; remigiis rufescente-albo fimbriatis ; uropygio cioerascente
lauceolato ; 4 rectricibus lateralibus graduatim apicatis ; duabus
externis fere omnino candidis; subtus rufesceute albus.
Parties supérieures noires, tirant au brun sur le dos et
et les scapulaires; une tache blanche sur les tectrices
alaires supérieures, surmontée de roussâtre; les plus lon-
gues, ainsi que les rémiges, bordées et terminées de blanc
roussâtre, plus étendu sur les secondaires; croupion gris
brun, finement lancéolé de plus foncé; les quatre rectrices
latérales graduellement terminées de blanc pur, mais les
deux externes bordées de même couleur sur plus des trois
quarts de leur longueur à partir de la pointe; côtés du
front et toutes les parties inférieures d'un blanc légère-
ment teint de roussâtre, avec quelques taches brunes sur
les côtés du thorax. Ailes moyennes à trois, quatre et cinq
rémiges les plus fortes ; queue assez longue, étagée latéra-
lement. Bec, tarses et ongles noirs.
Longueur totale 16 cent.
Longueur de l'aile fermée 8 6 mill.
Longueur de la queue 8 5
Longueur du bec 1 3
Longueur du tarse 2 2
Nous dédions cette nouvelle espèce à M. Montrosier,
(1) Voir page 383.
432 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
vicaire apostolique de la Nouvelle-Calédonie, comme un
témoignage affectueux du bon souvenir que nous avons
conservé et dans l'espérance que nous avons de le voir
poursuivre ses recherches en histoire naturelle, sachant
surtout combien il peut, par son influence, lui être utile.
Collection de l'exposition.
32. Gazzola typica (Ch. Bonap., notes sur les coll. De-
làtre).
6. — Alba; capite, dorso, alis, cauda crissoque purpureo-nigris;
rostro crasso.
Musée de Paris.
33. Cornus corone? (Wagler; G. R. Gray, Proc zool.
Soc, 1859, p. 163.)
De la Nouvelle-Calédonie, île de Nu.
34. Physocorax moneduloides (Lesson ; G. R. Gray, Proc.
zool. Soc, 1859, p. 163).
Se trouve dans toute la Nouvelle-Calédonie.
Iris gris. Toute la différence entre les sexes ne repose
que sur la taille, qui est d'un tiers plus forte chez le mâle.
Collection de l'exposition.
35. Leptornis Âubryanus (J. Verreaux et 0. des Murs.)
L. — In toto niger ; macula subauriculare rufa.
Mâle. En entier d'un noir uniforme, plus terne sur les
rémiges primaires, excepté derrière l'oreille, où se trouve
une tache roussàtre clair; le tour de l'œil en partie dé-
nudé, sauf en arrière, où les plumes de la paupière re-
lient celles de la tête ; une autre nudité, partant du des-
sous de l'œil, s'étend sur le côté de la tête, en dessus et en
avant de la région parotique. Ailes moyennes, à quatre,
cinq et six rémiges les plus longues, atteignant à peu près
le quart de la queue ; cette dernière assez longue, très-
arrondie. Bec un peu plus long que la tête, plus haut que
large, légèrement voûté et terminé en pointe aiguë, à fosse
nasale profonde, recouverte d'une membrane où se trou-
vent les narines, qui sont percées d'outre en outre, de
couleur noire avec la majeure partie de la mandibule in-
TRAVAUX INÉDITS. 433
férieure jaunâtre. Tarses très-longs, à scutelles lisses,
quoique visibles, et au nombre de neuf; doigts assez
courts, le médian le plus long, l'interne un peu plus court
que l'externe, le pouce le plus robuste et ayant l'ongle le
plus fort, de couleur brun clair, avec les ongles noirâtres.
Longueur totale 40 cent.
Longueur de l'aile fermée 10
Longueur de la queue 20
Longueur du bec à partir de l'angle com-
missural 5 2 mill.
Longueur du tarse 6
Longueur du doigt du milieu sans l'ongle. 3
Iris noir.
De la Nouvelle-Calédonie.
Nous sommes heureux de dédier cette intéressante es-
pèce, la seconde du genre, à M. Aubry-Lecomte, direc-
teur et créateur de l'exposition nationale des produits de
nos colonies françaises ; c'est un des justes hommages qui
lui seront rendus pour son intelligente conception et pour
les soins qu'il apporte, chaque jour, à l'application de cette
idée neuve, dont tout mérite et toute gloire doivent lui
revenir, cette exposition étant destinée à rendre les plus
grands services à l'industrie, au commerce et, comme on
le voit, aux sciences naturelles.
Collection de l'exposition.
36. Aplanis striata (Gmel. ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 163).
Nouvelle-Calédonie, île de Nu.
37. Aplonis viridi-grisea (G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 164).
M. Gray rapproche cette espèce, avec doute, du Cora-
cias striata de Gmel., qui en serait la femelle.
Nouvelle-Calédonie, île de Nu.
38. Aplonis atronitens (G. R. Gray, Proc zool. Soc,
1859, p. 164).
Nouvelle-Calédonie, île de Loyalty.
39. Aplonis calédoniens (Bp.).
434 rev. et mag. de zoologie. {Octobre 1860.)
D'un vert bronzé, avec reflets violacés sur la tête et une
partie du cou; rémiges et rectrices noires, avec les mêmes
reflets; bec et ongles noirs; tarses brun foncé; iris rouge.
Longueur totale 16 cent. 5 mill.
Longueur de l'aile fermée 9 5
Longueur de la queue 7
Nouvelle-Calédonie, camp de Morari, 20 juin 1859;
île de Nu, île des Pins, Abo, Unola (tribu des Tuo).
Collection de l'exposition.
40. Tropidorhynchus Lessoni (G. R. Gray, Proc. zool.
Soc, 1859, p. 161).
Nouvelle-Calédonie, Port-Saint-Vincent, îles des Pins
et de Loyalty.
Mâle et femelle adultes; celle-ci ne diffère que par sa
taille un peu moindre. Les indigènes l'appellent Kehua.
D'après nos dessins, l'iris serait grisâtre avant la mort et
rose carminé après.
L'espèce est identique à celle qui existe depuis long-
temps au muséum d'histoire naturelle de Paris, où elle
avait été rapportée de la terre de Van-Diémen? par la
Billardière; elle a été décrite par Lesson, et depuis par
M. Pucheran.
Collection de l'exposition.
41. Glyciphila modesta (G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 160).
Nouvelle-Calédonie, île de Nu.
Collection de l'exposition.
42. Glyciphila poliotis (G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 160).
Nouvelle-Calédonie, îles de Loyalty.
43. Glyciphila fasciata (Forst. ; G. K. Gray, Proc. zool.
Soc, 1859, p. 160).
Nouvelle-Calédonie.
Le mâle est un peu plus fort que la femelle, et le jeune
ne diffère que par quelques plumes lavées de jaune qui
se retrouvent sur le devant du cou.
TRAVAUX INÉDITS. 435
Collection de l'exposition.
44. Glyciphila? chlorophœa (Forst. ; G. R. Gray, Proc.
zool Soc., 1859, p 160).
Nouvelle-Calédonie.
45. Glyciphila? incana (Lath. ; G. R. Gray, Proc. zool.
Soc, 1850, p. 160).
Nouvelle-Calédonie.
46. Myzomela sanguinolenta (Gould).
Nouvelle-Calédonie. Identique avec l'espèce de la Nou-
velle-Hollande.
Collection de l'exposition.
47. Âcanthiza flavolateralis (G. R. Gray, Proc. zool.
Soc, 1859, p. 161).
Nouvelle-Calédonie, île de Nu.
Collection de l'exposition.
48. Zosterops xanthochroa (G. R. Gray, Proc zool.
Soc, 1859, p. 161).
Nouvelle-Calédonie, île de Nu. Les indigènes le nom-
ment Ti-ri-ri.
Collection de l'exposition.
49. Zosterops griseonota (G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 161).
Nouvelle-Calédonie, île de Nu. Les indigènes lui don-
nent le même nom qu'à l'espèce précédente, avec laquelle
ils le confondent sous l'appellation de Ti-ri-ri.
Collection de l'exposition.
50. Erythrura psiltacea (Bonap. ; Gmel.).
Estrelda psittacea (G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 164).
Nouvelle-Calédonie, pays de Magal'ambnet, tribu Tuo,
camp de Morari, 19 juin 1859. Les indigènes le nomment
Tenii. Iris orange.
Collection de l'exposition.
51. Ptilonopus Grayi (G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 165).
436 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
Nouvelle-Calédonie, île des Pins. Identique à celui qui
se trouve dans toute l'Océanie.
52. Lamprotreron holosericeus (Tem.; G. R. Gray, Proc.
zool. Soc, 1859, p. 165).
Nouvelle-Calédonie, île des Pins. La même espèce que
celle des îles Sandwich?
Collection de l'exposition.
53. Carpophaga (Phœnorhina) Goliath (G. R. Gray,
Proc. zool. Soc, 1859, p. 165; Illustr. B., pi. clv).
Nouvelle-Calédonie, île des Pins.
Longueur totale 62 cent.
Longueur de la queue 29
D'un lieu appelé Kanala, où les indigènes lui donnent
le nom de N'dan. Iris d'un jaune orange, et non rouge ou
grenat, comme le présente la jolie figure donnée par
M. G. R. Gray.
Ce Colombidé, le géant de son ordre, offre, dans la con-
formation de son gésier, un caractère particulier des plus
remarquables, qui pourrait suffire, à lui seul, à motiver son
élévation au rang de genre, et justifier, par conséquent, son
classement comme type du genre Phœnorhina, qu'en a
judicieusement fait M. G. R. Gray.
L'importance des caractères de cet organe est telle, tou-
tefois, que nous avons préféré en abandonner l'étude et
la description physiologiques à notre ami M. le docteur
Cornay, qui a bien voulu se charger de ce travail intéres-
sant, qu'il saura, mieux que tout autre, traiter avec le ta-
lent et le savoir profond qui distinguent chacun de ses
ouvrages.
54. Carpophaga {Janthamas) hypœnochroa (Gould;
G. R. Gray, Proc. zool. Soc, 1859, p. 165).
Nouvelle-Calédonie, île des Pins. La même espèce que
celle de la Nouvelle-Hollande.
55. Chalcophaps chrysochlora (Gould, var.; G. R. Gray,
Proc zool. Soc, 1859, p. 165).
TRAVAUX INÉDITS. 437
Nouvelle-Calédonie, île de Nu. La même espèce qu'à la
Nouvelle-Hollande.
56. Charadrius? (G. R. Gray, Proc. zool.Soc, 1859,
p. 165).
Ce savant, qui le désigne ainsi, avec doute, le croit le
même que le Ch. glaucopus de Forster. Nouvelle-Calé-
donie.
57. Strepsilas interpres (G. R. Gray; Linn.).
Nouvelle-Calédonie.
58. Tolanus undulatus.
Scolopax undulatus (Forst., Descr. anim., p. 173).
Totanus fuliginosus (Gould, Voy. Beagle, p. 130).
Totanus océaniens (Less., Complém. à Buffon).
Totanus Polynesiœ (Peale, Zool. N. S. Enp. Birds,
p. 237).
Totanus oceanicus (Cassin.; Ch. Wilk., N. S. Expl.
Enper.).
Nec Totanus pulverulentus (Mûll.).
Mâle adulte. Nouvelle-Calédonie.
Collection de l'exposition.
59. Rallus hypotœnidia (Bp.), philippensis (Gmel.).
Nouvelle-Calédonie, localité de Kanala, où il est nommé,
par les indigènes Oruta. Tué à Hieugnène et donné parle
capitaine Tricot. Identique avec le R. pectoralis de Cuvier,
des Philippines ; le même que celui de la Nouvelle-Hol-
lande figuré par Gould. Iris rouge orangé.
Collection de l'exposition.
60. Porzana (Zapornia) leucophrys (Gould, Proc. zool.
Soc, 1847, p. 33).
Nouvelle-Calédonie, Kanala, où les indigènes le nom-
ment Aghia. Donné par M. Leport. Iris rouge. Identique
à celui de la Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
61. Gallirallus Lafresnayanus (J. Verr. et O. des Murs).
Supra brunneo-rufus , albescente-saturatus; subtus ardesiaceus;
crisso albido rufescente striolato.
438 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
Couleur générale de la partie supérieure d'un brun rous-
sâtre, lavé d'olivâtre plus foncé sur la région postérieure ;
tête, cou et toutes les parties inférieures d'un gris-ardoisé,
lavé de roussâtre sur le devant du cou et le haut de la
poitrine et plus foncé sur le reste, devenant noirâtre sur
le crissum et les couvertures sous-caudales ; ces dernières
traversées par de fines zébrures blanches plus ou moins
lavées de roussâtre. Ailes très-courtes, à rémiges ne dépas-
sant pas les couvertures supérieures, très-molles et décom-
posées, à quatrième, cinquième, sixième et septième les
plus longues, noirâtres, bordées extérieurement de brun
roussâtre; un ongle assez long et très-arqué au pouce de
l'aile; couvertures sous-alaires noires, traversées de
bandes blanches ; quelques traces de ces bandes se voient
également sur les plumes des flancs; rectrices assez lon-
gues, décomposées et placées verticalement.
Bec plus long que la tête, légèrement arqué en dessus
et relevé en dessous, arrondi à la pointe, qui est à peine
échancrée ; fosse nasale assez longue ; narines percées en
fissure,» assez près du front, recouvertes par une mem-
brane; tarses robustes, scutellés, mais assez lisses; tibia
emplumé jusqu'à l'articulation.
Longueur totale 38 cent.
Longueur de l'aile fermée 11
Longueur de la queue 16
Longueur du bec à partir de la commis-
sure 6 3 mill.
Longueur du front 5 4
Longueur du tarse 6
Longueur du doigt du milieu sans l'on-
gle 4 2
Longueur du doigt externe 3 2
Longueur du doigt interne 3
Longueur du pouce 1 1
Nouvelle-Calédonie, où il est nommé, par les indigènes,
IWdino, camp de Morari. Il vit dans les lieux marécageux,
et arriverait, dit la note, à la taille du Dindon ! Est-ce la
TRAVAUX INÉDITS.
même espèce, ou bien y en aurait-il une autre qui attein-
drait cette dimension?
Collection de l'exposition.
Nous avons dédié cette nouvelle espèce à notre savant
collègue, M. le baron de Lafresnaye, comme un témoi-
gnage de notre gratitude pour tout ce que la science orni-
thologique doit à ses profondes connaissances.
62. Ardea (Herodias) albo-lineata (G. R. Gray, Proc. zool.
Soc, 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie, île des Pins.
63. Herodias Novœ-Hollandiœ (La th.).
Nouvelle-Calédonie, camp de Morari. Identique à celui
de la Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
64. Nyclicorax calédoniens (Steph.; G. R. Gray, Proc.
zool. Soc, 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie. Mâle adulte et jeune femelle; cette
dernière portant encore son duvet, surtout à la tête.
Collection de l'exposition.
Gen. char. Rhynochetos (J. Verr. et O. des Murs).
Rostrum brève, cuculaceum (fere Scythropis).
Nares tubulares, in siou uasali subapertœ.
Occipite colloque postico superiore plumis maxime elongatis, ju-
batis.
Cauda elongata, lata, rotunda.
Pollice mioimo, fere rudimentario, subelato, ungue medio impec-
tinato.
Caractères génériques.
Bec de la longueur de la tête, à arête aplatie dans les
deux tiers de sa longueur, arrondie dans le surplus jus-
qu'à la pointe, légèrement arqué dans tout le prolonge-
ment de la commissure: les côtés de la mandibule infé-
rieure parfaitement plats et unis.
Narines placées dans un profond sillon occupant la
moitié de la longueur de la mandibule, percées dans un
tube corné, de la même substance que le bec, remplissant
ce sillon dans la moitié de sa longueur ; tout le long de ce
440 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
tube, entre lui et la profondeur du sillon, surgissent de
longs poils rigides, presque perpendiculaires, mais finis-
sant par prendre la courbe du front en s'en rapprochant.
Lorums et toute la commissure du bec entièrement em-
plumés ; une nudité à peine sensible distingue le bord et
le pourtour de la paupière inférieure.
Plumes des ailes molles et arrondies vers le bout, gra-
duées, à cinquième rémige la plus longue, toutes dépas-
sées par les couvertures qui les recouvrent.
Queue longue, large et arrondie.
Tarses fortement scutellés, à jambe emplumée presque
jusqu'à l'articulation, ne laissant guère que 0m.12 milli-
mètres de nudité ; pouce rudimentaire très-élevé, à ongle
court et crochu; les autres doigts à peu près égaux et
moyens ; celui du milieu le plus long, mais ne laissant pas
voir le tranchant et les dentelures qui s'observent sur la
majeure partie des espèces d'Ardeidœ.
65. Rhynochetos jubatus (J. Verreaux et O. des Murs).
Ciuereus, bruimeo supra saturatus; subtus stricte fulvo-striolatus;
remigiis nigro chocolatinoque fasciatis ; rostro pedibusque pallide
flavescentibus. — Pi. 21.
En entier d'un beau gris cendré, pur sur la tête, la
huppe, le devant et le derrière du cou, la poitrine et le
ventre ; tournant au brun sur le dos et les épaules; grivelé
très-agréablement, ou mieux finement vermicelle de fauve-
clair, sur toutes les couvertures alaires et sur les rectrices ;
les grandes rémiges vermicellées de blanc à leur origine
et jusqu'au tiers de leur longueur, fasciées de noir et de
brun-chocolat, grivelé de noir dans le second tiers, et fas-
ciées alternativement dans le dernier tiers, jusqu'à la
pointe, de deux bandes de noir pur et de deux bandes
blanches, dont la dernière a la pointe vermicellée de
noir; cuisses d'un gris brunâtre légèrement vermicelle de
la même couleur plus foncée.
Le système général de ptilose de cet Oiseau remar-
quable a beaucoup d'analogie avec celui du Botaurus
TRAVAUX INÉDITS. 441
limnophilax et môme des Tigrisoma d'Amérique, et, dans
son ensemble, il offre des rapports avec plusieurs genres
bien différents; mais il est évident pour nous qu'il rentre
dans la famille des Ardcidœ, où nous le plaçons, et à la
suite des Tigrisoma.
Longueur totale 60 cent.
Longueur de l'aile fermée 27 5 mi 11.
Longueur de la queue 20
Longueur du bec à partir du front 6 2
Longueur du bec à partir de la commis-
sure 6 8
Hauteur du bec à sa base 2
Longueur du tarse 10
Longueur du doigt du milieu sans l'ongle. 5 2
Longueur du doigt externe 4 3
Longueur du doigt interne 3 6
Longueur du pouce 0 12
Nouvelle-Calédonie, où les indigènes le nomment Kagu.
Donné par M. Latour.
Collection de l'exposition.
66. Procellaria (JEstrelata) rostrata (Peale, N. S. Exp. B.,
p. 296, lre éd., 1848).
Nouvelle-Calédonie. Nom indigène, Gheune.
Jeune, tout en duvet gris brun, légèrement teint de
roussâtre, laissant déjà voir du blanc sur la poitrine et du
blanchâtre sur le reste du corps. Le bec, quoique plus
faible, laissant déjà voir les mêmes caractères de l'adulte;
la coloration des tarses et des palmes étant aussi bien in-
diquée que dans ce dernier.
Collection de l'exposition.
67. Larus Novœ-Hollandiœ (Steph. ; G. R. Gray, Proc.
zool. Soc, 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie, île des Pins. Identique à celui de
la Nouvelle-Hollande, Iris rouge.
Collection de l'exposition.
68. Stema gracilis (Gould ; G. R. Gray, Proc. zool. Soc,
1859, p. 166).
2e sérib. t. xii. Année 1860. 29
442 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
Nouvelle-Calédonie. Identique à celle de la Nouvelle-
Hollande.
69. Sterna melanauchen (Temm. ; G. R. Gray, Proc.
zool. Soc., 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie, îles de Loyalty. Identique à celle
de la Nouvelle-Hollande.
70. Sterna (Haliplana) fuliginosa (Gmel.; G. R. Gray,
Proc. zool. Soc, 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie.
71. Phaeton (Lepturus) candidus (Briss.).
Nouvelle-Calédonie. Collection de l'exposition.
72. Tachypetes minor (Gm.).
Nouvelle-Calédonie, havre de Ballade. Donné par
M. Vieillard. Identique à celle de la Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
73. Sula (Dysporus) sula (Linn.).
Nouvelle-Calédonie, havre de Ballade. Donné par
M. Vieillard. Le même qu'à la Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
74. Anas superciliosa (Gmel. ; G. R. Gray, Proc. zool.
Soc, 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie, Kanala. Nom donné par les indi-
gènes, Nia. Le même qu'à la Nouvelle-Hollande.
Collection de l'exposition.
75. Anas punctata var. (Gould; G. R. Gray, Proc. zool.
Soc, 1859, p. 166).
Nouvelle-Calédonie.
76. Nous plaçons sous ce numéro un Langrayen, qui
aurait dû venir au n° 29, nommé par le prince Ch. Bona-
parte Ocypterus Berardi.
Ex toto niger.
Musée de Paris. Rapporté par le docteur Arnoux.
Ce qui résulte jusqu'à présent de l'étude qui précède,
c'est que, sur soixante -seize espèces d'Oiseaux rappor-
tées de la Nouvelle-Calédonie, quarante-cinq, ou les
quatre dixièmes et demi, sont exclusivement propres
TRAVAUX INÉDITS. 443
cette île, parmi lesquelles les trois beaux types génériques
de Gazzola pour les Corvidés, du Phœnorhina pour les
Colombidés et du Rhynochetos pour les Ardéidés; dix-
huit, ou près des deux dixièmes, lui sont communes avec
la Nouvelle-Hollande, dont une avec la terre de Van-
Diémen, et treize seulement, ou un peu plus d'un dixième,
se retrouvent dans la Polynésie proprement dite, y com-
pris la Nouvelle-Guinée.
La conclusion finale à tirer de cette comparaison, c'est
que la faune ornithologique de la Nouvelle-Calédonie est
loin de se comporter, ainsi qu'on aurait pu le supposer,
comme sa faune florale, et que, par conséquent, l'opinion
de M. Decaisne pour celle-ci est infirmée par celle-là. En
un mot, au contraire de ce qu'exprime le savant botaniste,
au lieu de se rapprocher beaucoup plus de l'Australie
orientale et tropicale que des archipels océaniens, elle se
tient à une distance presque égale de l'une et des autres
(la différence n'étant que de 18 à 13), et offre un caractère
et une homogénéité qui lui sont propres et que ne pour-
ront que confirmer les découvertes ornithologiques à
venir dans ce centre nouveau, si restreint et si singulier,
de création.
En effet, cette belle colonie française, que nous occu-
pons seulement depuis 1852, n'a pas encore livré tous les
trésors de sa production. Grâce à l'activité toujours crois-
sante de nos divers fonctionnaires, nous avons l'espoir,
d'après ce début de bon augure, d'obtenir, dans un avenir
prochain, de plus nombreuses espèces zoologiques. Nous
adressons donc nos sincères remercîments à M. le gouver-
neur Saisset, à M. le capitaine Tricot, ainsi qu'à MM. Le-
port et Latour, auxquels notre envoi est redevable du
Rhynochetos, et à M. Vieillard, qui tous ont apporté d'im-
portants contingents dans les nouvelles espèces que nous
venons de décrire et dont va profiter la science.
[La suite au prochain numéro.)
444 rev. et mag. de zoologie. {Octobre 1860.)
Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette,
accompagné de notes explicatives et de quelques idées
sur la pisciculture marine, par M. Doumet. (V. p. 299
et 355, 405.)
VII.
Les Chondroptérygiens viennent ensuite; ils nous offrent
un seul Acipenser, le Sturio, assez commun, tandis que
nous n'avons pas encore vu le Naceri. Des pêcheurs nous
ont assuré qu'ils avaient nourri un Sturio de petite taille,
pendant près d'un mois, avec du pain trempé dans du vin ,
ce dont il était très-friand, disent-ils.
La famille des Chimérides vient clore les Chondroptéry-
giens à branchies libres, par le Chimœra monstrosa qui
nous visite à de rarissimes intervalles.
Ici commencent les Chondroptérygiens à branchies fixes.
Les Plagiostomes, qui sont sans contredit, les plus remar-
quables des Poissons et les plus élevés dans l'ordre natu-
rel par leur organisation , paraissent aussi les mieux étu-
diés, soit à cause des dimensions qu'ils atteignent, soit en
vertu des caractères plus précis que l'on peut tirer de leur
système dentaire. Remplissant au milieu des eaux le rôle
que jouent les Oiseaux de proie dans les airs, ils ont en
général, comme ces derniers, été doués par la nature de
moyens puissants de locomotion et de forces qui les ren-
dent les ennemis redoutables de tous les êtres qu'ils ren-
contrent habituellement ou accidentellement dans les mers,
et, comme eux, la plupart n'exercent pas leurs déprédations
seulement dans un espace restreint, mais à des distances
considérables, émigrant même le plus souvent à la suite
des bâtiments et des bandes de Scombres dont ils ai-
ment à faire leur proie. Il est donc assez difficile de
former une liste locale complète de ce groupe, car nul ne
peut affirmer qu'une espèce, encore inconnue aujourd'hui
sur une côte, ne s'y présentera pas demain pour en repar-
tir presque immédiatement et ne plus y revenir ensuite
qu'à des intervalles fort éloignés. Pourtant, si beaucoup
TRAVAUX INÉDITS. 445
des grandes espèces sont presque complètement cosmopo-
lites, la nature semble avoir voulu mettre une analogie de
plus entre les rapaces des mers et les rapaces des airs, en
créant dans les premiers, un certain nombre de genres,
tels que les Roussettes, les Âiguillats, les Emissoles, qui, à
l'instar des Faucons, des Buzards, des Éperviers, ont un
habitat plus restreint; et, chose plus surprenante encore,
de même qu'il existe des rapaces nocturnes parmi les oi-
seaux, les Raies sont également des Poissons de proie noc-
turnes, qui , comme les Chouettes et les Hiboux, semblent
n'abandonner que rarement leurs antres privilégiés.
Les raisons qui précèdent suffiront pour faire com-
prendre que nous sommes loin de regarder comme com-
plète notre liste des Sélaciens; nous espérons cepen-
dant qu'elle fournira quelques renseignements utiles aux
ichthyologistes qui voudraient étudier ceux que l'on prend
habituellement sur notre littoral, et nous allons passer en
revue cette intéressante famille.
Le genre Scyllium nous offre, à côté du très-commun
Canicula, le Stellare, en moins grande abondance, mais
qui atteint de plus grandes dimensions, et une espèce ren-
contrée une seule fois par nous, et qui nous a paru se rap-
porter à un Scyllium albo-maculatum , dont il est vague-
ment question à la fin d'un des chapitres de Bonaparte
sur les Poissons de ce genre. Notre espèce tiendrait le mi-
lieu entre les deux autres, se distinguant du Slellare par
l'absence presque complète des grandes taches noires des
flancs, et par une moins grande régularité dans l'ordre de
ces taches, ainsi que par la forme plus svelte de tout le
corps. Elle diffère du Canicula par des taches brunes plus
grandes et moins nombreuses, et par des taches blanches
assez grandes aussi et très-prononcées. En outre de ces
différences, la peau offre le caractère d'une grande dou-
ceur au toucher, rappelant par là le Mustelus plebejus, et
les aspérités, vues à la loupe, sont beaucoup plus régu-
lières que celles du Canicula, et plus émoussées en même
446 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1860.)
temps que plus serrées que dans le Stellare. Il n'a aucune
analogie avec le Melanostomum, qui ne nous est pas encore
connu à Cette (1).
Le Charcarias lamia est péché assez souvent, et atteint
des dimensions colossales ; un individu , échoué sur la côle
il y a quelques années, pesait trente quintaux.
Le Squalus glaucus, dont le dos est coloré du plus beau
bleu, et YAlopias vulpes, sont également assez communs.
Le Galeus canis l'est moins qu'on pourrait le supposer. Le
Mustelus plebejus, Bp., se trouve habituellement sur le
marché, quelquefois en compagnie de YEquestris, et le
Notidanus griseus est le seul que nous ayons encore vu de
ce genre.
Le Spinax acanthias, Bp., se prend en plus grande quan-
tité que le Blainvillei, et le Centrina Salviani n'apparaît
que de temps en temps. Le Scymnus lichia et YOxijrrhina
Spallanzani sont fort rares. Nous avons vu plusieurs fois le
Sphyrna zygœna, mais jamais la seconde espèce de Risso.
Enfin les Squatines se prennent quelquefois dans les filets,
et nous avons été assez heureux pour en recueillir deux
espèces; elles présentent quelques différences avec celles
figurées par Bonaparte, et nous ne serions même pas éloi-
gné de croire que celle que nous donnons sous le nom
d'Oculata, Bp., en fût une troisième. Quant aux genres
Pristis et Rhinobatus, nous ne les avons pas encore trouvés.
Les électriques Torpilles figurent sur notre liste pour
trois espèces parmi lesquelles le Marmorata de Risso,
(1) Nous avons eu dernièrement un second individu de cette espèce
à peu près de la même taille que le premier; c'était une femelle qui
portait encore des œufs. Le dos et les flancs étaient tigrés de la même
manière que notre premier exemplaire, avec la différence que les
taches blanches étaient moins marquées, quoique parfaitement visi-
bles. Un caractère que nous avous trouvé dans cet individu comme
dans le premier est celui qu'offre l'œil, beaucoup moins ouvert que
dans le Canicula et rempli en grande partie, par une prunelle noire
qui permet à peine de voir le vert clair du reste de l'œil, très-prononcé
dans le Canicula.
TRAVAUX INÉDITS. 447
que nous regardons comme bien différent du Galvani. Le
Narke est plus rare que les deux autres, et le Nobiliana,
lîp., nous semble jusqu'à présent propre aux rivages ita-
liens.
Le genre Raia, qui habite nos côtes en très-grand nom-
bre, est beaucoup plus mal connu pour le moment que
ceux compris dans la première section des Sélaciens, et,
malgré tous les travaux dont il a été l'objet, les belles
planches entre autres, publiées par Bonaparte, il est en-
core bien difficile d'en déterminer les espèces. Les R. cla-
vata, Bâtis? (figurée par Bonaparte), etÂsterias, sont très-
communes. Le R. fullonica, Bp., et YOculata, Riss., le
sont beaucoup moins, ainsi que les Raies lisses, parmi les-
quelles il règne une grande confusion, et le R. mosaica,
Lacép., que nous avons peine à reconnaître dans le Radula
de Bonaparte. Les Macrorhynchus et Oœyrhynchus de Bo-
naparte sont péchés souvent d'une taille gigantesque, et
nous croyons avoir reconnu le bicolor, Blainv., dans un
individu monstrueux qui s'éloignait de ces deux derniers.
Un seul Trygon s'est offert à nos recherches, qui nous
ont cependant donné les deux Mourines figurées par Bona-
parte, curieux Poissons, dont l'aiguillon caudal est si re-
douté de tous les pêcheurs, qu'ils leur coupent presque
toujours la queue; ils sont fort communs par moments,
mais nous n'avons jamais eu connaissance du rarissime
Céphaloptère.
Il ne nous reste plus, pour terminer cette rapide revue
des familles, qu'à mentionner deux espèces de celle desCy-
clostomes. La première, que l'on prend assez souvent, est
le Petromyzon marinus, L. ; la seconde, beaucoup plus in-
téressante, est le Rranchiostoma lubricum , Costa, dont nous
devons la connaissance au savant doyen de la faculté des
sciences de Montpellier, M. Paul Gervais, qui l'a recueilli
lui-même dans notre étang deThau.
[La suite au prochain numéro.)
448 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
53. Anthobium cincticolle, bruuneo-fuscum; ore , antennis basi,
thoracis et elytrorum margine pedibusque testaceis ; capite piano,
foveolis quatuor brevibus ; thorace convexo, antice posticeque recto,
Iateribus rotundatis; elytris thorace fere triplo longioribus, versus
apicem amplioribus, versus suturam acuminatis, conferte punc-
tatis et obsolète costulatis.— L., 2 1/2 m.; 1., 3/4.
,p Forme et grandeur de Y An. montanum, Er., d'un
fauve brunâtre plus ou moins foncé ou clair. Tête large,
arrondie, plane, brune ou ferrugineuse, assez fortement
ponctuée sur le milieu, marquée de 4 impressions légères
et courtes, dont une sur la bordure de chaque œil et deux
vers l'occiput. Parties de la bouche et les 6 premiers art.
des antennes ferrugineux ; les suivants brunâtres. Yeux
ronds, saillants, noirs. Corselet presque carré, droit en
avant et en arrière, élargi et arrondi sur les côtés anté-
rieurs, régulièrement convexe sur le disque, d'un brun
luisant, avec le quart de la bordure latérale d'un testacé
rougeâtre , pointillé çà et là et le fond finement rugueux.
Écusson lisse, petit, semi-arrondi. Éhjtres un peu plus
larges que le corselet à la base dans sa plus grande
étendue, 3 fois aussi longues, élargies sur le sommet de
la marge, acuminées chacune sur la suture, couvertes
d'un pointillé fin, assez serré, avec des côtes longitudi-
nales obsolètes. Leur disque est plus ou moins brunâtre,
et leur bord est assez largement marginé de testacé rou-
geâtre. Pattes, dessous de la tête et du corselet ferru-
gineux. Poitrine et abdomen noirs. Propygidium large-
ment tronqué et faiblement cintré en dedans.
Trois exemplaires P, des environs d'Alger, m'ont été
envoyés par M. J. Poupillier.
54. Sitones alboviltatus , laete cinereus, capite rostroque minute
squamosis, 1° convexo, 2° lato, antice eraarginato, deprcsso et albi-
dulo ; sulco transverso et sulco longitudinali postice foveolato ; in
(1) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304 , 380 à
389 ; 1860, p. 75 à 82 , 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409.
TRAVAUX INÉDITS. 449
thorace et iu elytris quinque lineisque albidis ; aotennis basi ti-
biisque pallidis. — L., 3 m.; I., 1 m.
Voisin du Sitones brevicollis, S., mais de forme plus gra-
cieuse et régulièrement arrondie; d'un gris tendre. Tête
convexe ; trompe assez large, un peu amincie vers le bas,
échancrée, déprimée et blanche au sommet; un sillon
transverse au milieu, avec un court sillon longitudinal
étroit, bien impressionné, est terminé par un enfonce-
ment ponctiforme. Scapus de Y antenne et jambes ferrugi-
neux. Yeux arrondis, noirs, entourés d'un cercle blanc.
Corselet ovalaire, convexe, droit aux extrémités, légère-
ment resserré près du bord antérieur, régulièrement ar-
rondi et convexe sur le milieu, marqué de cinq lignes
d'un blanc jaunâtre; celle qui regarde les yeux plus large.
Ecusson petit, triangulaire, blanc. Elytres oblongues, con-
vexes, à stries finement ponctuées et ayant les 5 lignes cor-
respondantes à celles du corselet; la médiane est limitée
avant le sommet. Corps, en dessous, d'un blanc jaunâtre.
Cette jolie espèce a été découverte, près de Bone, par
M. L. Lethierry, de Lille.
55. Phytonomus scapularis, affinis P. circumvago, S., planiuscu-
lus, coriaceus, creberrime punctatus, griseus, pilis crispatis ciue-
reis et nigris; rostro obsolète tricostalo; thorace piano, lineis
tribus albidis; elytris puuctato-sulcatoque striatis, iaterstitiis ele-
vatis. sparse guttatis fuscis, fasciola humerali fulva.— L., 5 m.; L,
2 3/4 m.
Gris cendré, très-densément poilu, à poils crépus, gris
et noirs; très-densément ponctué et coriace. Tête con-
vexe, déprimée entre les yeux et offrant au centre un pe-
tit tubercule. Trompe 1 fois 1/2 aussi longue, avec trois
petites côtes longitudinales. Antennes d'un ferrugineux
obscur. Yeux noirâtres , arrondis , peu saillants. Cor-
selet cylindriquement tronqué en avant, cintré sur le
dehors de la base, élargi et arrondi sur le milieu latéral,
orné de trois lignes longitudinales blanchâtres. Ecusson
très-petit, arrondi. Elytres planes, ovalaires, élargies vers
le milieu, conjointement arrondies à l'extrémité, à stries
450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Octobre 1860.)
ponctuées et sillonnées; interstices élevés. Épaule, sur
son arête, d'un gris blanchâtre ; quelques taches brunes
irrégulièrement dispersées. Pattes et dessous du corps
très-velus, d'un gris presque uniforme.
Un seul exemplaire, des environs de Bone, m'a été en-
voyé par M. Poupillier.
56. Trachyphlœus nodipennis, terreus vel rubidus, capite postice
transverso, rostro piano, angulatis-, thorace transverso, piano, la-
teribus obtuse angulato, canaliculato, tuberculis 4° ; elytris glo-
bosis, seriebus septem tuberculorum setiferorum. — L., 3 m.;
1., 2 1/4.
De la taille du T. tessellatus, Mrhm., mais à étuis orbi-
culaires, d'un gris ou rouge terreux. Tête rétrécie circu-
lairement au sommet, offrant une carène transverse et
sur le côté en avant un angle très-aigu. Trompe plane,
élargie, et presque anguleuse vers le milieu, échancrée au
sommet; sillon longitudinal large, peu indiqué. Antennes
à scapus très-renflé. Yeux très-petits, saillants, ronds,
noirs. Corselet transverse, plan, avancé en un angle ob-
tus sur chaque côté antérieur, offrant trois sillons longi-
tudinaux et deux transverses obsolètes; quatre tubercules
dorsaux en arrière, dont deux sur la base. Elytres orbi-
culaires, ornées chacune de trois séries de gros tuber-
cules ronds, offrant un pore au sommet, d'où sort une soie
blanche , la suture offre aussi quelques tubercules vers le
commencement et la fin, côtés inférieurs avec 4 stries.
Pattes assez robustes, couvertes de poils blanchâtres,
courts et roides; cuisses renflées au milieu, un peu apla-
ties; jambes élargies au sommet, arquées, postérieures
plus longues. Dessous du corps imponctué; côtés seuls du
corselet granuleux.
Je possède 3 exemplaires de cette espèce : le 1er, rouge-
brique, des environs d'Oran, a été pris par M. Prophette;
les 2e et 3e gris : l'un d'Alger, et l'autre de Sicile.
57. Holcorhinus pilosulus, coriaceus , paliide brunueus infra et su-
pra squamulis aureis passim indutus; antennispedibusque ferru-
gineis, tibiis curvatis ; capite antice trausverse sulcato, costula
TRAVAUX INÉDITS. 451
longitudinali an lice furcata in rostro, intus sulcata ; thorace liaeis
tribus aureis; elytris subglobosis, striis impressis obsolète punc-
tulatis, interstitiis ad apicem albo-selosis. — L., 7 m.; 1., 4 m.
Cet insecte est de la grandeur du Cneorhinus eœaratus ,
de Marsh., et lui ressemble beaucoup; finement co-
riace, d'un brun clair (et semble nouvellement éclos),
couvert surtout en dessous, sur la tête et sur la trompe,
d'écaillés d'un vert doré. Tête transversalement convexe,
ayant en avant un sillon cintré en arrière. Trompe sur-
montée d'une petite carène longitudinale, bifide et cana-
liculée en avant. Antennes et pattes pubescentes, ferrugi-
neuses. Corselet un peu plus long que large, régulièrement
arrondi sur les côtés et convexe en dessus, droit en avant,
faiblement cintré sur le dehorsdela base, légèrement canali-
culé au milieu et orné de trois lignes vertes. Ecusson nul.
Elytres ovalaires, offrant chacune 9 stries également dis-
tantes, étroites, profondes, avec des points peu visibles
au fond. Leur sommet se prolonge en une pointe ob-
tuse.
D'une chasse d'hiver aux environs d'Alger ; envoyé par
M. Poupillier.
Les Nastus albo-punctatus et albo-marginatm de notre
collègue M. Lucas font partie du genre Holcorhinus, et le
premier est synonyme de Seriehispidus, Schr.
Chœrorhinus (1). Nouveau genre de Curculionide, qui
me paraît appartenir au groupe des Otiorhynchides et se
rapprocher beaucoup de YElytrodon Chevrolatii, Reiche.
L'insecte avec lequel je l'établis a été trouvé sous une
pierre, à Blidah, par M. Poupillier, qui m'a procuré une
suite d'espèces fort intéressantes de notre possession al-
gérienne. Tête large, étroitement convexe sur le vertex,
aplatie, déprimée en avant, impressionnée d'un point au
centre. Trompe plus courte, épaisse, aplanie sur ses
quatre faces, renflée au sommet inférieur, surmontée, en
avant, d'une plaque oblique, comme dans les Coptorhinus,
(I) Xo'ipoç, pourceau; p)?, trompe.
k52 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
qui offre une carène en Y; son bord antérieur est angu-
leusement échancré. Antennes insérées sur le côté en
avant du rostre. Scapus mince, subitement renflé à son
sommet et dépassant le bord antérieur du corselet; fu-
nicule de 7 art. : les 2 premiers allongés, égaux, coniques,
du double plus longs que les suivants; 3-5 moniliformes;
6e et 7e lenticulaires, perfoliés et velus; massue assez
forte, en ovoïde long, plus épaisse à sa base et paraissant
être quadriarticulé; le 1er art. est luisant et en occupe
au moins la moitié ; les derniers revêtus d'une fine pu-
bescence cendrée. Scrobe cintré sur le côté interne et
ayant le sommet de sa courbe au-dessus de l'insertion.
Yeux étroits, oblongs, verticaux. Prothorax aussi haut
que large, droit aux extrémités, presque anguleux près
du bord antérieur, couvert de points excavés, entremêlés
de plis rugueux. Ecusson très-petit, triangulaire. Elytres
oblongues, régulièrement convexes et arrondies sur la dé-
clivité postérieure, ayant le sommet de la suture faible-
ment déhiscent et bidenté. Pattes rapprochées, épaisses,
velues; cuisses subitement renflées vers les 2/3, briè-
vement évasées au sommet interne ; jambes robustes,
élargies et un peu crochues sur l'extrémité, presque
droites. Tarses antérieurs, à 1er art. triangulaire épais, à
2e arrondi et transverse, à 3e largement bilobé, à dernier
grand arqué. Crochets courts, soudés, échancrés au som-
met. Corps brun, recouvert d'un poil lanugineux, épais
et incliné en arrière.
58. Chœrorhinus lanosimanus, rugulosus, brunneo-lanugioosus;
antenois pedibusque piceo-ferrugiueis ; tibiis iutus ad apicem
tarsisque lateribus albo-pilosis ; thorace punctis rudis excavato ;
elytris punctato-striatis. — L., 6; 1., 3 1/3 m.
Ruguleux, d'un brun opaque, recouvert d'un poil gris,
lanugineux , très-épais , incliné en arrière. Tête aplatie
devant, étroitement convexe sur le vertex, impressionnée
d'un enfoncement ponctiforme au centre. Antennes et
pattes ferrugineuses. Corselet légèrement convexe, près-
TRAVAUX INEDITS. 453
que anguleux sur le côté antérieur, couvert de points ex-
cavés, entremêlés de rides. Elytres avec 9 séries de points
assez grands, presque carrés, à interstices alternes un peu
élevés. Poitrine et abdomen offrant des points assez gros et
épais.
59. Ceulhorhynchus subfasciatus, rugulosus, obscure fuscus; tho-
race subconico, antice transverse constricto et reflexo, lateribus
aogulato, caualiculato ; elytris fasciola laterali obliqua versus mé-
dium, maculis 4or albis formata, iufra basio et ante apicem punc-
tis tribus aigris transversim disposais, striga suturali nigra, et
alia iuferius alba; femoribus acute deotatis; antcuuis tarsisque
fulvis, unguiculis simplicibus. — L., 3 1/2; 1., 1 1/2, 2/3.
Fauve, rugueux. Tête convexe. Trompe cylindrique, ar-
quée, assez épaisse, rugueuse, logée dans un sillon qui
dépasse l'insertion des pattes médianes. Tarses et antennes
ferrugineux; massue^. ovalaire, allongée, aiguë, 3-articu-
lée, cendrée. Yeux saillants, noirs. Corselet presque trian-
gulaire, transversalement comprimé et relevé sur le bord
antérieur, anguleux vers le milieu, droit au delà jusqu'à
l'épaule, faiblement biarqué sur la base, profondément
canaliculé au milieu, déprimé au-dessus de l'écusson.
Elytres subovalaires, plus larges que le corselet, à épaules
saillantes, coupées obliquement en avant, un peu moins
larges et arrondies chacune à l'extrémité, à stries simples,
étroites; une bande latérale et oblique vers le milieu, for-
mée de 4 taches blanches; au-dessous de la base 3 points
noirs placés sur les 2e, 3e et ke interstices, et 3 autres plus
en dehors, sur le calus, disposés sur 2 lignes transverses.
Suture vers le milieu avec un trait noir, suivi d'un trait
blanc, qui atteint presque le sommet. Calus transverse,
élevé et denticulé. Propygidium d'un blanc sale. Cuisses
antérieures assez longues, recourbées en dessus à leur
base, toutes armées'd'une épine aiguë en dedans. Jambes
antérieures arquées. Crochets simples.
Voisin du C. asperifoliarwn, Gr., des environs d'Alger.
Envois de MM. Poupillier et Lethierry.
60. Cryptocephalus nigridorsum, flavo-rubidus, nitidus;margini-
454 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1860.)
busanticiset lateribus thoracis flavis; scutello albo; elytris pal-
lidioribus, puoctato-striatis, macula dorsali nigro-virente ornatis;
pectorc taotum in cf nigro, pectore et abdomine nigris iu $ cum
marginibus segmeutorum flavis ; anteunis basi pedibusque pallidis.
— L., 2 3/8 m.;l., 11/4, 1 1/2.
D'un testacé rougeâtre. Tête ponctuée çà et là, marquée
d'un sillon cintré en avant et d'un sillon longitudinal qui
s'élargit en avant. Antennes noirâtres, avec les 5 premiers
articles et les patles d'un testacé pâle. Yeux noirs. Cor-
selet rougeâtre, lisse, étroitement marginé de jaune en
avant et sur les côtés et de noir en arrière ; angles posté-
rieurs brièvement arqués; angles antérieurs abaissés, ai-
gus et courts. Ecusson blanc. Elytres d'un jaune pâle,
plus étroites et plus allongées chez le J\, à stries ponc-
tuées, offrant une grande tache dorsale d'un noir verdâ-
tre, qui couvre la base, s'étend jusqu'aux 3/4, et est limi-
tée entre les 4e et 5e stries suturâtes. Corps du g à poi-
trine noire ; de la p noir, avec les bords inférieurs et
latéraux des segments abdominaux jaunes.
Je possède 3 exemplaires de cette espèce que m'a en-
voyés M. Poupillier : ils proviennent des environs d'Al-
ger.
Elle devra se placer près du C. pulchellus, Suffrian.
61. Acmœodera ramosa, affinis Ac. adspersœ et vicinœ, nigro-
opaca, submetallica, cuprea subtus, pube albida brevi undique
induta;capite sulcato, autice arcuatim emarginato, bilobato; thorace
granoso, punctato, rugis obliquis aliquot dorsalibus, sulco lougitu-
dinali postice valde impresso, basi foveis duabus puoctiformibus
basalibus; elytris granulatis, punctato-striatis, nigro-opacis ex
numéro ad apicem suturae flavo-lineolatis, maculatis vel traos-
verse fasciolatis (sutura nigra scalariformi ). — L., 7 m.; 1.,
2 1/2 m.
Très-densément ponctuée, granuleuse, recouverte d'un
poil court blanchâtre. Sa couleur, en dessus, est d'un brun
noirâtre opaque, à reflets un peu métalliques, et est cui-
vreuse en dessous. Tête granuleuse, à ponctuation petite,
peu distincte; sillon longitudinal obsolète, entier. Chape-
ron lobé sur chaque côté, cintré au milieu. Antennes d'un
TRAVAUX INÉDITS. 455
cuivreux un peu verdàtre. Yr.ux noirâtres. Corselet trans-
verse, à ponctuation plus forte, serrée, granuleuse sur les
bords, quelque peu ridée vers le milieu du disque en ar-
rière; sillon longitudinal obsolète très -déprimé sur la
base. Elytres de la largeur du corselet sur la base et re-
bordées en cet endroit, 3 fois aussi longues, amincies et
arrondies conjointement sur l'extrémité, d'un brun noi-
râtre, quelque peu métallique, ornée extérieurement, sur
une ligne oblique, qui part de l'épaule vers le sommet de
la suture, d'un fond jaune, varié de petites taches et de
bandelettes transverses noirâtres. La suture se détache
en échelons noirs et s'élargit vers son origine; stries rem-
plies de points rapprochés; interstices granuleux et ponc-
tués.
J'ai acquis cette espèce de M. Parzudahky.
62. Silaria trifasciala, flava ; thorace rubro ; elytris transverse ru-
gosis; fasciis tribus nigris, 1° et 2° suturaeadnexis; fronte, oculis,
antennis ad apicem, corpore infra pedibusque posticis , nigricanti-
bus. — L.,21/2m.;l., 1 m.
Voisine de la G. varians, Mt. (var. Collaris, Dej.). — Tête
testacée obscure sur le vertex. Antennes noires, avec les
k premiers articles testacés. Corselet rouge, lisse. Elytres à
rides transversales très-fines, testacées, ayant trois bandes
droites, d'un noir fuligineux; lre basale, 3e apicale, et
la 2e et la plus large ne commence que vers le milieu et
s'étend en arrière. Corps, en dessous, noir. Pattes an-
térieures et médianes, moins le dernier article des tarses
et les crochets, testacées ; postérieures, noirâtres.
2 exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été
envoyés par M. Poupillier.
63. Coniatus triangulifer, staturœ C chrysochlorœ, sed major,
squamulis albido-aureis , cyaneo-plumbeis rhodiuisque indutus;
capite rhodiuo, fascia intra oculari viride ; rostro antennisque fla-
vis ; thorace vitta média albida , vitta arcuata in utroque laterc,
cyanescente limboque intimo albicante; elytris parallelis, anguste
striatis, albido-aureis, fasciis tribus obscuris la basi, lata triangu-
lari , 2a ex humero versus apicem suturœ, in medio interrupte 3» que
456 rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1860.)
sublaterali, viridi', callum albidum includente; corpore albido;
pedibus lœte viridibus. — L., 2 3/4 m.; 1., 3/4 m.
Cette espèce a la forme du C. chrysochlora, Luc.; mais
elle est plus grande et ses dessins sont autrement formés,
ses couleurs sont moins brillantes. Couvert d'écaillés d'un
blanc nacré, parfois dorées, et d'autres d'un bleu foncé
mélangé de vert obscur. Tête d'un blanc rosacé, offrant
un bandeau vert au milieu des yeux. Trompe arquée, cy-
lindrique, non sillonnée, d'un jaune ocracé, avec sa
base colorée comme la tête. Antennes jaunâtres. Yeux
noirs. Corselet, sur la ligne médiane, d'un blanc nacré
teinté de rose, avec des écailles dorées près du bord an-
térieur; côtés marqués d'une ligne arquée et un peu plus
épaisse, et anguleuse en dedans vers la base, d'un bleu
vert obscur; son bord intime est étroitement marginé
d'un blanc vert tendre. Elytres à stries très-étroites, pa-
rallèles, d'un blanc nacré, marquées de trois bandes :
lre grande, triangulaire, d'un bleu obscur verdâtre, cou-
vrant toute la base et dirigée obliquement sur la suture;
2e noirâtre, oblique, interrompue entre les 3e et 4e stries,
présentant ensuite sur la suture un V bien dessiné ; 3e
verte, submarginale, oblique, raccourcie, renfermant sur
son bord inférieur le calus, qui est petit et blanc. Celui-ci
sert de réunion aux stries centrales. Corps, en dessous,
blanc et vert. Pattes d'un joli vert tendre.
Un seul exemplaire m'a été envoyé par M. Poupillier,
qui a reçu cette espèce comme se trouvant à Bone.
65. Geranorhinus (1) rufirostris, elongatus, squamosus, punctatus,
vix pilosus, griseo-rosaceus et viridis; capite convexo; rostro cy-
lindrico , antennisque rufis ; oculis nigris ; thorace oblongo, autice
posticeque recto, pone margioes constricto, in dimidia parte antica,
(1) Nom de genre d'Erirhinide, qui m'a été transmis sans celui
de l'auteur, avec la désinence féminine, et que j'ai changé en mascu-
line, pour me conformer au système de Schoenherr.
Une deuxième espèce d'Egypte a été brièvement décrite par Mot-
schulsky {Etudes entomolog., 1858, p. 70;, sous le nom de Tychius
suturalii. Ces Insectes vivent sur les tamarix.
TRAVAUX INÉDITS. 457
guttis nigris cooglomeratis signato; elytris elongatis, parallelis,
modice conveiis, puoctato-striatis , griseo-aureis, ad latera viri-
dibus, nigro-guttulatis; corpore infra pcdibusque viridibus. — L.,
1 2/3 m.; 1.1/2 m.
D'un gris un peu rosacé et doré ou vert, ponctué, iné-
gal. Tête arrondie, légèrement dorée, maculée de noir.
Trompe du double plus longue, cylindrique, faiblement
arquée, d'un jaune ocracé. Antennes de même couleur,
insérées un peu en avant du milieu, à scapus légèrement
renflé, atteignant le milieu de l'œil; funicule à 1er article
allongé, subconique, les six suivants minces et courts.
Massue plus ou moins ovoïde, aiguë. Yeux latéraux, en-
foncés, arrondis, noirs. Corselet ponctué, inégal, oblong,
droit aux extrémités, comprimé près des bords antérieurs
et postérieurs, arrondi avant le milieu, convexe sur le
disque, de couleur rosacée; sa moitié antérieure offre des
gouttelettes noires plus ou moins rapprochées. Ecusson
paraissant nul. Elytres un peu plus larges que le corselet,
3 fois aussi longues, parallèles, légèrement amincies vers le
sommetdelamargeet s' arrondissantconjointementsur l'ex-
trémité, faiblement cintrées sur le dedans de la base, d'un
gris doré, à teinte rosée en dessus, vertes sur les côtés, avec
de petites taches noires plus étendues surla base et le haut
de la suture; chaque étui est brièvement velu et présente
9 stries ponctuées et assez profondes; interstices étroits et
élevés. Pattes vertes ; cuisses inermes, modérément ren-
flées. Jambes cylindriques, presque droites, postérieures
plus longues, arquées; toutes sont un peu onguiculées
sur le sommet interne. Tarses grêles, à dernier article
très-grand, muni de 2 longs crochets simples.
M. L. Lethierry a trouvé cette espèce aux environs de
Biskra.
66. Sibynes sublineatus, breviter ovalis, supra pube ochracea, infra
alba indutus; rostro longitudine; caput et thoracem exsuperante,
basi albo, apice acuto nigro ; thorace subcostato, lineis tribus albis ;
scutello albo; elytris singulatim lineis quinque albis ; centralibus
aliquoties dimidiatis.— L., 3, 4 1/2 m.; 1., 1 1/3, 1 ly2 m.
2« gÉRiB. t. m. Année 1860. 30
458 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Octobre 1860.)
Ovalaire, ocracé en dessus , d'un blanc de chaux ou
d'un blanc lavé de vert, au-dessous ou sur les lignes. Tête
ocracée, convexe. Trompe cylindrique, arquée, subite-
ment amincie au sommet, aussi longue que la tête et
le corselet réunis, blanche entre les yeux, obscure au mi-
lieu, noire au delà. Antennes à scapus subitement renflé et
conique, obscur, à funicule ferrugineux, à massue cendrée.
Yeux noirs. Corselet presque triangulaire, convexe en
arrière, snbcaréné au milieu, marqué de trois lignes
blanches. Ecusson blanc. Elytres à stries minces, offrant
chacune cinq lignes blanches, quelquefois entières, min-
ces ou élargies, avec les centrales n'occupant plus que
leur moitié, soit de la base ou du sommet vers leur mi-
lieu. Pattes et corps blancs; cuisses renflées et à peine
anguleuses en dedans vers le sommet.
Cinq exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été
adressés par M. Poupillier. M. Géhin m'en a envoyé un
exemplaire pris à Metz, qui ne diffère en rien des autres :
il fait partie de la lre division dé Schr.
67. Sibynes harmonicus, S. phalerato, Se, similis, sed duplo major ;
albido sordidus ; froate lateribus, oculis, rostro ad apicem, in tho-
race vittis 2bus dorsalibus arcuatis in elytris, macula elongata
usque ad médium , ducta , linea laterali, liueolis 1 r basalibus ;
intima arcuatim usque, ultra mediam proteusa, trifariamque in-
terrupta, nigris. — L., 3 1/4 m.; 1., 2 m.
Ovalaire, d'un blanc sale. Tête blanche au milieu, noire
de chaque côté. Trompe ayant la longueur au moins de la
tête et du corselet, blanchâtre avec le tiers apical noir et
aminci. Antennes un peu ferrugineuses. Yeux noirs sail-
lants. Corselet subtriangulaire, plus large que haut, ar-
rondi sur les côtés, marqué de deux bandes dorsales ar-
quées d'un noir velouté. Ecusson blanchâtre. Elytres pré-
sentant au-dessous de l'écusson une tache allongée s'é-
tendant jusqu'au milieu, une bande latérale limitée vers
le sommet de la marge et deux petites lignes basales de
chaque côté, qui toutes sont noires; l'interne reparaît
peu après, et un point forme dans leur ensemble une
SOCIÉTÉS SAVANTES. 459
sorte d'ogive trois fois interrompue. Pattes et corps de la
couleur du dessus.
Unique. Environs d'Alger. Reçu de M. Poupillier. Elle
appartient aussi à la lre division des Schr.
68. Baridius malachiticus, simillimus B. picicorni, Mars., Steph.
(punclato, Dej. Sch.), sed brevior et latior, interstitiis elyirorum
nullo modo punctatis prœcipue differt, viridis, crebre punctalus in
thorace (linea longitudinali laevi), pectore, abdoinine pedibusque.
— L., 3 2/3 m.; 1., 13/4 m.
D'un vert foncé un peu mat, très-densément ponctué.
Tête lisse, convexe, offrant un petit étranglement entre
les yeux. Trompe épaisse, cylindrique, arquée, pointillée,
cuivreuse. Antennes d'un brun de poix à funicule revêtu
de poils courts d'un blanc nacré; massue ovalaire cen-
drée à l'extrémité. Corselet plus long que large, convexe,
atténué en avant, régulièrement arrondi sur les côtés,
couvert d'une ponctuation serrée, allongée ; ligne mé-
diane étroite, lisse. Ecusson arrondi, noir. Elytresà peine
plus larges que le corselet, 3 fois aussi longues, convexes,
conjointement arrondies sur l'extrémité, et stries sim-
ples, assez profondes; interstices imponctués, arrondis.
Poitrine, abdomen très-ponctués. Pattes également ponc-
tuées, cuivreuses. Quelques poils courts et gris sont à
peine perceptibles.
Des environs d'Alger. Un exemplaire m'a été envoyé
par M. Wagner, et un autre par M. Poupillier.
II. SOCIETES SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
M . Balbiani adresse une Note sur un cas de parasitisme
improprement pris pour un mode de reproduction des Infu-
soires ciliés.
M. Coinde soumet au jugement de l'Académie une No-
tice sur une espèce de Gremille (Acerina) provenant de la
460 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
Saône et qu'il croit n'avoir pas été connue jusqu'à ce jour
des ichthyologistes. Nous reviendrons sur ce travail.
Séance du 3 septembre. — M. Serres lit une Note sur le
développement des premiers rudiments de l'embryon. Plis
primitifs, ligne secondaire.
Ce beau travail est peu susceptible d'analyse, mais il a
été résumé par son auteur dans les conclusions suivantes :
« De ce qui précède il suit
« 1° Que les deux plis primitifs qui se manifestent sur
la surface du disque prolifère sont les premiers rudiments
de l'embryon naissant, ce qui justifie 'pleinement le nom
de plis primitifs que leur a donné M. Pander;
« 2° Que la bandelette axile qui les sépare est le résultat
du soulèvement de la membrane du disque prolifère dans
les points où ces plis se manifestent;
« 3° Que cette bandelette axile est lisse, plane, transpa-
rente et sans nulle trace de ligne le long de son axe;
« 4° Que, par suite des développements, les bourrelets
que forment les deux lignes primitives se rapprochent
l'un de l'autre en attirant à eux la bandelette axile;
« 5° Que, par ce rapprochement, les bourrelets des plis
primitifs étant amenés au contact, il se manifeste entre
eux une ombre linéaire, une rainure, une ligne enfin, qui
n'est que de seconde formation et que, en raison de cette
formation même, nous nommons ligne secondaire. »
■M. Pasteur lit un Mémoire intitulé Nouvelles expériences
relatives aux générations dites spontanées.
MM. Philipeaux et Vulpian, en présentant au concours
pour le prix de physiologie expérimentale leur mémoire
intitulé Recherches expérimentales sur la génération des
nerfs séparés des centres nerveux, y joignent une Note qui
en est à la fois l'analyse et le complément.
M. Champouillon présente d#s considérations sur la ru-
béfaction produite par le contact des nids ou bourses
soyeuses du Bombyx processionnaire. Il recherche quel est
l'agent immédiat de l'érythème produit non-seulement
SOCIÉTÉS SAVANTES. 461
par le contact, mais même par le voisinage de ces bourses
quand elles sont agitées, et répandent dans l'air la matière
pulvérulente dont elles sont farcies; il examine les moyens
qu'on a conseillés pour calmer cet érythème de la peau,
parfois très-douloureux et accompagné de fièvre; il ne
croit donc pas qu'un agent sujet à produire d'assez graves
accidents puisse, comme l'avait pensé Réaumur, rempla-
cer les vésicatoires ordinaires, ni, comme on l'a proposé
récemment, être employé pour rappeler une rougeole et
une scarlatine disparues par délitescence.
Séance du 10 septembre. — M. G. Lambl présente une Note
accompagnée d'une figure sur une particularité que pré-
sente la colonne vertébrale chez une femme de race hot-
tentote dont le squelette est conservé dans le musée d'his-
toire naturelle de Paris. Cette particularité, dont le trait
dominant est que, à la cinquième vertèbre lombaire, l'arc
est détaché du corps de la vertèbre au point de la portion
interarticulaire, c'est-à-dire entre l'apophyse articulaire
supérieure et l'inférieure, entraîne quelques modifications
dans d'autres parties du squelette et paraît avoir été en
rapport avec un certain état des parties molles, état si-
gnalé, d'ailleurs, chez d'autres femmes, également du
continent africain, mais appartenant à des races diffé-
rentes. L'anomalie en question, rare en Europe, s'est pré-
sentée dans quelques cas pathologiques ou tératologiques
dont M. Lambl s'est précédemment occupé et dont il a
fait l'objet de trois publications qui ont paru à Prague et
à Wurzbourg.
Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Serres.
Séance du 17 septembre. — M. I. Geoffroy Saint-Hilaire
lit une Note sur diverses tentatives d'introduction et d'accli-
matation du Lama et de VAlpaca, et particulièrement sur le
troupeau qui vient d'arriver à Paris.
Après avoir rappelé la place importante qu'ont prise
dans l'industrie les laines de Lama et surtout d'Alpaca,
l'éminent zoologiste parle des différentes tentatives qui
462 kev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
ont été faites depuis Buffon pour acquérir ces animaux
utiles, et il arrive à l'annonce de l'arrivée d'un troupeau
de quarante-trois individus, ramené du Pérou, pour la
Société d'acclimatation, par M. Roehn, dont le nom se
rattache honorablement à plusieurs entreprises de ce
genre.
Le troupeau se composait, au départ du Pérou, de plus
décent têtes; mais les circonstances dans lesquelles se
trouvent présentement le Pérou et la Bolivie ont obligé
M. Roehn de traverser, en caravane, une grande partie
du continent américain ; et durant ce difficile et périlleux
voyage, et ensuite pendant une traversée dont la durée a
été exceptionnellement longue, plus de la moitié des in-
dividus a successivement succombé. En des mains moins
habiles et moins expérimentées, le troupeau eût vraisem-
blablement péri tout entier.
Quelques-uns seulement de ces animaux resteront au
jardin d'acclimatation. Six Alpacas et Lamas sont destinés
à S. M. l'Empereur, et quelques autres à la Société d'accli-
matation des Alpes et à M. de Rothschild, qui avait désiré
prendre part aux frais et aux chances de l'expédition;
le reste du troupeau ira rejoindre au printemps, dans
le dépôt de reproduction que la Société d'acclimatation a
créé dans le Cantal, d'autres animaux de montagne, et
particulièrement plusieurs Yacks et le principal troupeau
de chèvres d'Angora de la Société.
Le même savant lit un travail ayant pour titre Classi-
fication zoologique et anthropologique. Il fait hommage à
l'Académie de trois tableaux lithographies, présentant,
sous une forme synoptique, les rapports des groupes prin-
cipaux du règne animal et la classification des races hu-
maines.
« Les groupes primaires admis en zoologie par l'auteur
sont au nombre de trois : les animaux binaires, groupe
depuis longtemps établi par M. de Blainville, les rayonnes
et les homogènes. L'objet de ce tableau est de montrer que
* SOCIÉTÉS SAVANTES. 463
ces trois groupes représentent trois termes d'une série
très-régulièrement constituée, et que leurs caractères es-
sentiels sont susceptibles d'être ramenés à des considéra-
tions géométriques et arithmétiques dont le rapproche-
ment fait nettement saisir l'ordre sériai. Du premier au
dernier (et il en est de même dans les embranchements et
classes, des premières subdivisions aux dernières), la simi-
larité se prononce de plus en plus, et le mode de coordi-
nation se simplifie. Ainsi, pour commencer par le carac-
tère géométrique, il y a, dans le premier groupe, coordi-
nation des parties similaires par rapport à un plan, plus
généralement à une surface;^ coordination se fait, dans
le second, par rapport à une ligne; dans le troisième, par
rapporta un point ; ou, en d'autres termes, par rapport à
une épine, à un axe et à un centre. Dans le premier, en
outre, les parties similaires se répètent deux à deux; dans
le second, plusieurs à plusieurs; dans le troisième, en
nombre très-grand et indéfini, sinon infini ; d'où, en un mot,
la dualité, la multiplicité définie et la multiplicité indéfinie
ou indéfinité, selon une expression déjà employée en phi-
losophie.
a Dans le tableau anthropologique, l'auteur donne place
à douze races, les seules qu'il regarde comme encore assez
bien connues pour être exactement classées. Parmi elles,
les quatre principales sont, suivant lui, les races cauca-
sique, mongolique et élhiopique, placées de même, par tous
les auteurs, au premier rang, et la race hottentote; celle-ci
rattachée par les uns à la mongolique, par d'autres à
l'éthiopique, parce qu'elle réunit plusieurs des caractères
principaux de l'une et de l'autre. On sait que dans la race
caucasique, et c'est ce qui la distingue essentiellement, il
y a prédominance de la région supérieure de la tète, c'est-
à-dire du crâne et du cerveau, sur les mâchoires et les or-
ganes des sens, ou, comme l'a remarqué M. Serres, des
parties nourries par la carotide interne sur celles qui le
sont par la carotide externe. Il y a, au contraire, prédo-
46fc rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
minance dans la race mongolique de la région moyenne,
qui est très-élargie, et dans la race éthiopique de la région
inférieure, qui se projette en avant. Le caractère très-re-
marquable de la race hottentote est la prédominance à la
fois de la région moyenne et de la région inférieure, en un
mot de la face tout entière, qui est à la fois élargie et
projetée en avant; d'où la réunion des conditions qui pla-
cent au second rang la race mongolique et font descendre
au troisième la race éthiopique. En d'autres termes, la
race caucasique étant orthognathe, la mongolique eury-
gnathe et l'éthiopique prognate, la hottentote est à la fois
eurygnathe et prognathe. A ce caractère très-important et
qui en fait, dans la série des races humaines, un dernier
terme diamétralement opposé au premier, la race hotten-
tote joint un mode d'insertion des cheveux qui lui est
propre, une disposition spéciale des orteils décroissant
graduellement, comme les tuyaux d'une flûte de Pan, de
l'interne à l'externe, le développement des nymphes, et
diverses dispositions ostéologiques et encéphaliques déjà
bien étudiées par divers auteurs.
« La race hottentote, une des moins importantes, si l'on
compte le nombre des individus qu'elle comprend et le
rôle qu'elle joue dans l'humanité, en un mot si on la con-
sidère au point de vue ethnographique, est, au contraire,
comme on le voit, une des plus importantes, une des
races de premier ordre au point de vue taxonomique, et
d'après la valeur des modifications qui la caractérisent.
« Entre les races caucasique, mongolique, éthiopique et
hottentote, qui représentent, pour ainsi dire, les quatre
points cardinaux de l'anthropologie, se placent toutes les
autres races. Leurs innombrables modifications et les pas-
sages qui ont lieu de l'une à l'autre forment, de leur en-
semble, une sorte de réseau qui relie plus ou moins inti-
mement entre elles toutes les variations du type humain.
« Les races que M. Geoffroy Saint-Hilaire a cru pouvoir
comprendre dans son tableau, comme déjà suffisamment
distinctes, sont les suivantes :
SOCIÉTÉS SAVANTES. 465
Races à cheveux lisses : caucasique, alléganienne, hy-
perboréenne, malaise, américaine ; mongolique, parabo-
réenne, australienne.
Races à cheveux crépus (appartenant particulièrement à
l'hémisphère austral) : cafre, éthiopique, mélanienne ;
HOTTENTOTE. »
M. Albert Gaudry écrit pour faire connaître les résultats
des nouvelles fouilles exécutées, sous les auspices de X Aca-
démie, à Pikermi (Grèce).
Le jeune paléontologiste a découvert dans ces terrains
dix-sept têtes de Singes, dont huit étaient rassemblées
dans un espace qui avait tout au plus 3 mètres cubes. Il a
de nombreux ossements d'Hyènes, de Thalassictis, Pseu-
docyons, d'une nouvelle espèce de Civette, etc., etc.
M. Valenciennes, à l'occasion de cette communication,
ajoute qu'il a reçu en même temps une lettre dans la-
quelle M. A. Gaudry lui annonce l'envoi prochain d'une
collection d'épongés conservées dans l'alcool.
Séance du 24 septembre. — M. Serres lit une deuxième
Note sur le développement des premiers rudiments de l 'em-
bryon ; absence des rudiments de la corde dorsale dans le pre-
mier jour de sa formation ; viduité primitive de la ligne se-
condaire.
« De ce travail et de ce que nous avons exposé dans la
première Note, dit l'auteur en terminant, il suit
« 1° Que la corde dorsale n'existe pas dans le premier
jour et la moitié du second de la formation de l'embryon
des Oiseaux ;
« 2° Que la ligne secondaire que l'on a personnifiée
sous ce nom offre un intervalle libre existant entre les
bords internes des plis primitifs, ligne qui s'infléchit avec
eux au moment de la formation du capuchon céphalique;
« 3° Que cette ligne secondaire ou cet intervalle des plis
primitifs ne saurait être pris pour le rudiment d'un corps
quelconque, puisque la lumière le traverse librement lors-
qu'on observe la préparation au microscope ;
« 4° Il suit enfin que, si la corde dorsale n'existe pas
466 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
dans le premier jour de la formation de l'embryon, elle
n'est pas et elle ne saurait être l'axe autour duquel viennent
se former les premières parties du fœtus. »
M. A. Gaudry annonce l'envoi des fossiles dont il a fait
connaître la découverte dans une précédente lettre.
Séance du 1er octobre 1860. — M. Gratiolet lit un Mé-
moire intitulé Recherches sur le système vasculaire sanguin
de l'Hippopotame.
Cette étude était d'une grande importance physiolo-
gique, à cause de la faculté que possède l'Hippopotame
comme animal plongeur.
M. Gratiolet l'a faite avec cette supériorité qui le carac-
térise. Il a constaté surtout l'existence d'un anneau mus-
culaire comprimant la veine cave inférieure, ce qui di-
minue l'activité du travail, en sorte que la quantité d'air
que l'animal emporte sous l'eau en fermant ses narines
suffît d'autant plus longtemps que les courants sanguins
sont plus faibles et plus lents. La flamme se fait petite,
ainsi que le dit très-ingénieusement M. Gratiolet, pour
vivre plus longtemps dans une atmosphère limitée. En un
mot, l'Hippopotame, comme les autres Mammifères plon-
geurs, acquiert cette faculté en détournant de ses pou-
mons la plus grande partie de son sang, se faisant ainsi,
par instants et par une suite d'artifices très-simples, sem-
blable, à certains égards, aux Reptiles, chez lesquels la
circulation pulmonaire n'est qu'une dérivation partielle
de la circulation générale.
M. E. Faivre a présenté un Mémoire sur l'influence du
système nerveux sur les mouvements respiratoires chez les
Dytiques.
Comme on devait s'y attendre, l'auteur est arrivé à des
résultats analogues à ceux qu'avait obtenus depuis long-
temps M. Flourens à la suite de ses célèbres expériences
sur les animaux supérieurs.
M. Lemaire adresse une Note ayant pour titre Rôle des
Infusoires et des matières albuminoïdes dans la fermenta-
tion, la germination et la fécondation.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 467
M. Lemaire pense que les Infusoires, si abondamment
répandus dans la nature, et qui ont été constatés dans la
liqueur séminale de presque tous les animaux connus,
dans les organes mâles de presque toutes les plantes,
constituent \eprimutn movens des phénomènes de fermen-
tation, de germination et de fécondation, mais que, pour
que leur action se manifeste, leur réunion avec les ma-
tières albuminoïdes paraît indispensable.
Séance du 8 octobre. — M. Jules C loquet présente une
botte faite avec la peau tannée du Boa constrictor, dont
le cuir offre une force et une souplesse remarquables.
Séance du 15 octobre. — M . Valenciennes lit une Note
sur les Spongiaires' envoyées des côtes de V At tique par
M. Albert Gaudry.
Après avoir donné un résumé de ce que l'on sait sur la
constitution variée des éponges, le savant académicien
montre que celles que Ton doit à M. Gaudry appartien-
nent à son genre Adyctia et forment une espèce nouvelle
qu'il nomme Adyctia Proserpinœ.
M. Serres lit une troisième note sur le développement des
premiers rudiments de Vembryon. — Formation primitive de
Va.re cérébro-spinal du système nerveux. — Développement
de la corde dorsale et du canal vertébral.
Après un assez long développement, le savant anato-
miste se résume ainsi :
« En résumé, on peut déduire de ce qui précède 1° que
l'axe cérébro-spinal du système nerveux est le premier
des organes qui se détache de la substance plastique qui
constitue l'embryon ; 2° que, par suite de cette primogé-
niture, son mode de formation devient le type de la for-
mation des autres organismes ; 3° que les noyaux verté-
braux par lesquels débute le canal osseux qui doit en-
caisser l'axe cérébro-spinal sont constamment doubles;
4° que les parties de ces demi-noyaux qui doivent consti-
tuer le corps de la vertèbre sont réunies en avant par une
lame fibreuse dont la transformation osseuse complète le
corps de chaque vertèbre; 5° que sur l'axe de réunion des
468 rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1860.)
demi-noyaux des corps vertébraux apparaît un filament
cartilagineux renfermé dans une gaine fibreuse ; 6° que ce
filament cartilagineux qui constitue la corde dorsale est
continu et ne présente pas les intersections qui caracté-
risent la colonne vertébrale des animaux vertébrés;
7° enfin on peut en déduire la probabilité que, dans l'hy-
stogénie microscopique, l'organisation paraît suivre, dans
l'arrangement de ses éléments, les règles qui lui sont pro-
pres pour les organes eux-mêmes. »
M. P. Gratiolet donne lecture d'un Mémoire ayant pour
titre Recherches sur V encéphale de V Hippopotame.
Ce beau travail, étant destiné à notre Revue, sera mieux
apprécié par nos lecteurs.
M. Vanner adresse une Note concernant deux expé-
riences qu'il a faites sur la circulation du sang, expé-
riences dont l'une est relative à la quantité de sang qui
pénètre dans le ventricule à chaque diastole, l'autre à la
lenteur de la marche des globules dans les vaisseaux ca-
pillaires.
Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Cl. Bernard,
déjà désigné pour plusieurs autres communications du
même auteur relatives à la circulation sanguine.
Séance du 22 octobre. — M. Charles Robin lit un Mé-
moire sur la structure intime de la vésicule ombilicale chez
les Mammifères.
Les deux paragraphes suivants, pris dans les Comptes
rendus, donneront une idée de l'importance et de la portée
du travail de l'éminent anatomiste.
« Les anatomistes et les embryogénistes qui ont décrit
la vésicule ombilicale se bornent à dire, en parlant de sa
structure, qu'elle est constituée par le feuillet muqueux
du blastoderme. Aucun ne s'est préoccupé de la compa-
raison des éléments anatomiques qui composent les pa-
rois de cet organe avec ceux de l'amnios, de la tache em-
bryonnaire et des tissus du fœtus qui succèdent à cette
tache.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 469
« Les résultats de cette comparaison sont cependant
importants. Les cellules qui, par leur juxtaposition et leur
cohérence, constituent les feuillets du blastoderme ne
sont pas seulement dissemblables d'un feuillet à l'autre de
cet organe comme on le savait, elles sont, en outre, d'es-
pèce différente dès leur origine et pendant toute la durée
de leur existence dans la partie dite tache embryonnaire et
dans celle qui, continue avec elle, formera bientôt l'am-
nios d'une part et la vésicule ombilicale de l'autre. Dès
l'apparition des diverses parties du blastoderme, on peut
constater des différences de texture entre celles dont vont
provenir les organes définitifs et permanents de l'embryon
et celles qui forment les organes temporaires transitoires
du fœtus. Ainsi il n'y a pas similitude entre toutes les cel-
lules du blastoderme ; le nom de cellules embryonnaires ne
doit plus être considéré comme servant à désigner une
seule espèce d'éléments anatomiques, mais il doit avoir
un sens générique, et il s'applique à plusieurs espèces
d'éléments ayant les caractères de cellules. »
MM. N. Jolly et Ch. Musset présentent un travail inti-
tulé Nouvelles expériences sur Vhétérogènie, au moyen de
Vair contenu dans les cavités closes des végétaux.
M. P. Gervais adresse une Note sur la présence du grand
Daim et du Renne parmi les fossiles du midi de la France.
M. de Martini adresse une Note sur la constitution ana-
tomique des nerfs des sens dans le genre Aplysia.
Séance du 29 octobre. — En présentant des cocons vi-
vants du Ver à soie de l'Ailante, nous avons eu l'honneur
de donner lecture d'un travail intitulé Note stir la pre-
mière éducation en grande culture du Ver à soie de Vailante
ou faux vernis du Japon, par M. Guérin-Méneville,
En se livrant aux études les plus abstraites et les plus
élevées de la théorie , l'Académie n'a jamais négligé les
applications de la science, et son organisation même le
prouve, puisqu'elle compte, parmi ses membres, des sa-
vants dont les travaux ont plus spécialement ces applica-
tions pour objet, comme, par exemple, que ceux qui com-
470 rev. et mag. de zoologie. [Octobre 1860.)
posent la section d'économie rurale. Aussi elle a accueilli
avec sympathie les communications que j'ai eu l'honneur
de lui faire, depuis longtemps, sur la zoologie appli-
quée, et, récemment, sur l'introduction dans la grande
culture du Ver à soie de l'ailante, destiné à jouer un rôle
important , comme producteur d'une nouvelle matière
textile, qui viendra s'ajouter dans notre industrie, à la
soie et à la laine, dont la disette se fait si fâcheusement
sentir.
Les essais pratiques d'éducation du Ver à soie de l'ai-
lante augmentent, chaque année, en nombre et en impor-
tance, et ma persévérance énergique, encouragée par
l'assentiment unanime de tous les amis de notre agricul-
ture et de notre industrie, semble devoir être couronnée
de succès. En effet, malgré les mauvais temps qui ont
régné cette année, mes expériences pratiques d'éducation
ont donné les résultats les plus satisfaisants; ce qui a en-
gagé beaucoup de propriétaires à faire des plantations
d'ailantes.
Je ne reviendrai pas sur l'expérience, en plein air, que
j'ai pu faire au milieu du bois de Boulogne, car des mil-
liers de visiteurs et plusieurs illustres membres de l'Aca-
démie, parmi lesquels, je citerai MM. le maréchal Vail-
lant et Geoffroy Saint- Hilaire, ont bien voulu l'examiner et
m'ont même témoigné toute leur satisfaction de vive voix
et par écrit.
Je viens, aujourd'hui, mettre sous les yeux de l'Aca-
démie, un échantillon (3,000 cocons vivants) du produit de
la première éducation vraiment agricole faite, en France,
sur des ailantes plantés spécialement en vue de cette
récolte, par M. le comte de Lamote-Baracé, dans son beau
domaine du Coudray-Montpensier , près Chinon (Indre-
et-Loire).
Après avoir placé simplement les jeunes vers à soie sur
les haies d'ailantes de sa plantation, M. de Lamote traitant
cette éducation comme les cultures de céréales, de vignes,
de colza, etc., sans employer aucune main-d'œuvre, ni pré-
SOCIÉTÉS SAVANTES. kl\
cautions extraordinaires contre les attaques des oiseaux
et autres ennemis, et malgré un mauvais temps constant,
a obtenu encore plus de 100,000 beaux cocons que nous
destinons à la reproduction pour l'année prochaine, et
avec lesquels je pourrai faire assez de graine pour satis-
faire largement aux nombreuses demandes que j'inscris
tous les jours. En effet, chaque papillon femelle donnant
plus de 250 œufs, en supposant que, sur nos 100,000 co-
cons, la moitié contienne des femelles, on voit que ces
50,000 papillons me donneront plus de 12,000,000 d'oeufs,
quantité très-supérieure à celle qui sera nécessaire, car
les plantations d'ailantes faites récemment ne pourraient
nourrir tous ces Vers.
On peut dire, aujourd'hui, sans exagération, que la
seule main-d'œuvre nécessitée par ces éducations en plein
air est la confection de la graine, l'éclosion des jeunes
Vers, leur pose sur les arbres et la cueillette des cocons.
Une fois les arbres ensemencés de ces Vers à soie, l'agri-
culteur n'a plus qu'à les laisser brouter pendant un mois
environ, et il trouve sa récolte pendue aux feuilles, sur
lesquelles il y a souvent plus de 20 cocons, ainsi que
l'Académie peut le voir en examinant les feuilles que j'ai
déposées sur le bureau.
C'est cette simplicité dans les procédés d'éducation,
cette absence presque complète de main-d'œuvre, qui
distingue ma nouvelle culture de celle du Ver à soie du
mûrier. En effet, on sait que celui-ci nécessite des bâti-
ments, du chauffage et de nombreux ouvriers pour cueil-
lir la feuille du mûrier, l'apporter à la magnanerie, la
servir quatre ou cinq fois par jour aux Vers à soie, enle-
ver souvent les litières, et poser les bruyères ou rameaux
dans lesquels ils font leurs cocons.
Je borne là cette note, en remerciant l'Académie de
l'extrême bienveillance avec laquelle elle a bien voulu ac-
cueillir mes communications sur ce sujet, et en prévenant
ceux de ses membres qui s'y intéressent plus spécialement
qu'ils trouveront de nombreux détails sur cette nouvelle
472 rev. et mag. de zoologie. (Octobre 1860.)
industrie agricole dans mon Rapport à S. M. l'Empereur
sur les travaux entrepris par ses ordres pour introduire les
Vers à soie de l'ailante en France et en Algérie, et dans un
petit traité sur le même sujet intitulé : Education des Vers
à soie de l'ailante et du ricin, culture des végétaux qui les
nourrissent; travail destiné à servir de guide aux per-
sonnes qui vont se livrer à la culture de l'ailante et de
son Ver à soie.
III. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Nous trouvons dans une lettre récente de M. le docteur
Sacc la nouvelle suivante :
« J'apprends à l'instant, par le directeur du jardin zoo-
logique de Francfort, qu'un seigneur russe des environs
de Saint-Pétersbourg a complètement réussi à domesti-
quer le grand Tétras, dont il a déjà obtenu cinq généra-
tions successives en captivité. Si le fait est vrai, le succès
est complet, et plus important qu'on ne le croit générale-
ment, car le grand Tétras est un des Gallinacés dont les
pontes sont les plus abondantes. A Neuchâtel, sur le haut
Jura, les deux pontes annuelles de ce bel Oiseau sont de
dix-huit à vingt-deux œufs chacune, tandis qu'ici, dans
les Vosges, je n'ai jamais trouvé plus de neuf œufs dans
le même nid; le plus habituellement il n'y en a que sept,
ce qui vient, sans doute, du peu d'abondance de la nour-
riture dans les forêts des hautes Vosges, car l'espèce est la
même, sous tous les rapports, dans ces deux chaînes de
montagnes. »
TABLE DES MATIÈRES.
Page».
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 425
J. Verreaux et 0. des Murs. — Description d'Oiseaux nou-
veaux de la Nouvelle-Calédonie et indication des es-
pèces déjà connues de ce pays. 431
A. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés
à Cette. 444
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 448
Académie des sciences. (Ver à soie de l'ailante.) 459
Mélanges et nouvelles. (Domestication du grand Tétras.) 472
PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5. — 1860.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — NOVEMBRE 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Description de deux nouvelles espèces du genre Dauphin,
par M. le commandant Loche, directeur du musée
d'histoire naturelle d'Alger.
Ce fut le 15 juillet 1859 que l'espèce dont nous allons
d'abord nous occuper, et que nous nommerons Delphinus
algeriensis, fut prise dansla rade d'Alger; à la première vue,
elle nous sembla constituer une nouvelle espèce, mais dé-
pourvu, comme nous le sommes ici, d'éléments de com-
paraison, nous pensâmes qu'il serait plus prudent d'a-
journer sa publication que de risquer d'encombrer en-
core la science d'une de ces espèces nominales qui en sont
le fléau. Nous nous bornâmes donc alors à faire exécuter
une figure exacte de notre individu, à préparer sa dé-
pouille et à en doter le musée dont la direction nous est
confiée.
A quelque temps de là, ayant été favorisé de la visite
de notre excellent et dévoué confrère M. Guérin-Méne-
ville, que ses utiles recherches sur les Vers à soie de l'ai-
lante et du ricin avaient conduit en Algérie, nous lui
montrâmes notre animal; mais, pas plus que nous, il ne
voulut se prononcer, et se borna à emporter la figure dont
il avait reconnu l'exactitude. A sa rentrée à Paris, il la
soumit à M. le docteur Pucheran, que ses travaux bien
connus sur les Cétacés et les savantes recherches effec-
tuées par lui dans les riches galeries du musée de Paris
rendent si compétent en pareille matière.
Lorsque, après examen, M. le docteur Pucheran rap-
porta le dessin de notre Dauphin à M. Guérin-Méneville,
2e si.iuK. t. xii. Année 1860. 31
ktk rev. et MAG. de zoologie. {Novembre 4860.)
il lui dit qu'il ne lui semblait pas qu'on pût le rapporter à
aucun de ceux publiés jusqu'ici; le seul sur lequel subsis-
terait peut-être encore un doute, en raison du peu qu'on
en sait, ne pourrait être que le Delphinus tethijos, Gervais,
péché en Languedoc; c'est sur un crâne, qui seul lui a été
connu, que M. Gervais a établi cette espèce, dont on ne
connaît, par conséquent, ni la forme ni la coloration, et
dont la formule dentaire, qui est 77-77, diffère assez no-
tablement de celle du Delphinus algeriensis, qui est ftnrT-
Un voyage que nous avons fait dernièrement à Paris
n'ayant fait que nous confirmer dans l'idée que notre es-
pèce était nouvelle, nous en donnons la description sui-
vante :
Delphinus algeriensis, Loche. — (PI. 22, fig. 1.) —
Dessus du corps et extrémité inférieure, à partir de l'anus,
d'un noir intense et luisant; cette même couleur s'étend
de la tête autour de l'œil, où elle forme une zone circon-
scrite par un large cercle grisâtre interrompu seulement,
à l'angle antérieur de l'œil, par le noir des parties supé-
rieures; les côtés du corps sont, près du dos, d'un gris
qui va en s'éclaircissant en descendant vers les flancs ;
ces derniers, ainsi que toutes les parties inférieures jusqu'à
l'anus, sont d'un blanc pur et luisant; le pourtour de la
mâchoire inférieure est d'un beau noir ; son extrémité est
de la même couleur sur une étendue de 0m,10; une bande
noire, large de 0m,04, divise, au-dessus de l'anus, le blanc
des côtés du corps; elle se continue, en se rétrécissant un
peu, jusqu'à l'extrémité du bec; arrivée à 0m,20 de cette
extrémité, cette bande se divise et, revenant sur elle-
même, forme, au-dessous, une seconde bande latérale
qui aboutit à la nageoire pectorale et l'entoure; la partie
supérieure, fort étroite, contourne la mâchoire pour re-
venir aboutir à la bande qui s'étend au-dessous, et cir-
conscrit ainsi l'espace blanc qui se trouve entre elles. De
la commissure des mâchoires part une bande noire verti-
cale, qui va aboutir aussi à la pectorale et circonscrit un
TRAVAUX INÉDITS. 475
autre espace blanc, plus étendu que le premier.
La nageoire dorsale est noire, ainsi que la caudale ; les
pectorales, noires sur la plus grande partie de leur face
extérieure et intérieure, postérieurement, sont, sur leur
partie antérieure, d'un blanc grisâtre.
La longueur totale de l'individu que nous ve-
nons de décrire était, du bout du museau à
l'extrémité de la queue (le lien passant sur
le dos), de . . 2m,47
Longueur du bec 0Œ,15
Distance du bout du bec à l'évent 0"\37
Distance du bout du bec à l'œil 0m,36
Distance du bout du bec à l'émergence de la
pectorale 0œ,54
Distance du bout du bec à la dorsale lm,10
Largeur de la caudale 0m,40
Longueur du bord extérieur de la pectorale.. 0m,34
Hauteur de la dorsale 0*,25
Circonférence en avant de la pectorale 0m,80
Circonférence en arrière de la pectorale 0ni(92
Circonférence en avant de la dorsale Jm,J0
Circonférence en arrière de la dorsale 0m,95
A la mâchoire supérieure, 49 dents de chaque côté.
A la mâchoire inférieure, 45 dents de chaque côté.
Cet individu était une femelle dans un état de gestation
très-avancé ; elle ne portait qu'un seul petit. Nous conser-
vons ce fœtus dans l'alcool ; il mesure 0m,28 et présente
tous les caractères du genre auquel il appartient.
Il est supposable que la mise bas devait être prochaine,
car les glandes mammaires de la femelle contenaient une
assez notable quantité de substance sébacée.
Son estomac contenait une grande quantité de pois-
sons non encore digérés, et dont quelques-uns étaient
d'assez grande taille.
Passons à notre deuxième espèce, que nous avons éga-
lement communiquée à MM. Guérin-Méneville et Pu-
cheran avant d'oser la publier.
Delphinus mediterraneus, Loche. — (PI. 22, fig. 2.) —
476 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
Ce Dauphin présente, au premier aspect, une certaine
analogie de forme et de coloration avec le Delphinus rnar-
ginatus, Duvernoy , mais le plus simple examen ne permet
pas de les confondre ; car, outre des différences que nous
signalerons plus loin , l'espèce qui nous occupe a les na-
geoires absolument dépourvues des bordures marginales
qui ont fait attribuer à l'espèce de M. Duvernoy le nom
spécifique sous lequel elle est connue.
Notre individu a été capturé le 1er mai 1860, dans la
rade d'Alger, et sa dépouille, que nous avons préparée,
a été donnée, par nous, au musée que nous avons l'hon-
neur de diriger. Il est noir sur les parties supérieures du
corps ; cette teinte va s' affaiblissant de plus en plus en se
rapprochant des flancs, où, d'un gris très-clair, elle passe
au blanc pur qui recouvre le dessous du corps ; le pour-
tour de l'œil est noir, entouré d'une zone grisâtre ; une
petite ligne noire, très-déliée, part de l'angle antérieur de
ce cercle, vers la commissure du bec, et s'étend, en avant,
sur une longueur de 0m,07. Cette petite ligne est très-
apparente et tranche sur le gris qui recouvre cette partie,
qu'elle divise en deux portions égales. De l'angle posté-
rieur de l'œil part une bande noirâtre, plus foncée à sa
partie supérieure, et qui va s'élargissant en descendant
vers la région anale, où elle devient, par une dégradation
de couleur, d'un gris brun jaunâtre sale. Cette bande, se
bifurquant à 0m,04 de son origine, forme une seconde
bande de peu d'étendue qui va en se rétrécissant; cette
seconde bande se termine au-dessus de la nageoire pec-
torale.
De l'angle antérieur de l'œil part une bande grisâtre
qui s'étend, en s'élargissant, jusqu'à la pectorale, dans la
couleur de laquelle elle finit par se confondre; mais cette
bande, d'un gris peu intense, se trouve divisée, supérieu-
rement, par une ligne d'un blanc grisâtre, ce qui fait
qu'on distingue fort bien les trois lignes étroites dont elle
est composée, la supérieure étant gris brun, l'intermé-
TRAVAUX INEDITS. 477
diaire blanc grisâtre, et l'inférieure encore gris brun,
mais circonscrite, inférieurement, par une nuance d'un
blanchâtre sale, dans laquelle elle finit par se confondre.
Nous ferons observer ici que la disposition de ces
bandes diffère, chez notre sujet, de celles qui se remar-
quent chez le marginatus; ainsi, chez le nôtre, la seconde
bande, qui part de l'œil, ne dépasse pas l'insertion de la
nageoire pectorale, tandis qu'elle s'étend bien au delà chez
le marginatus; de plus, chez ce dernier, les deux bandes
noires, qui s'étendent au-dessus de la pectorale , sont sé-
parées par un large espace blanc pur, qui communique
avec le blanc de la gorge, tandis que, chez le mediterra-
neus, cette bande est grisâtre et peu apparente, et ne com-
munique pas avec la gorge. Ayant pris la figure de cet
animal immédiatement après sa capture, nous pouvons
en garantir la parfaite exactitude.
Le pourtour de la mâchoire inférieure est d'un blanc
jaunâtre; toutes les parties inférieures de l'extrémité de la
mâchoire à l'anus sont d'un blanc luisant ; la région de
l'anus est d'un blanc sale et comme marbré de brunâtre
vers la queue. L'extrémité inférieure de ce Cétacé est
noire, en dessous comme en dessous, sur une étendue de
0m,24, y compris la nageoire caudale.
La nageoire dorsale est noire; les pectorales également
noires, sont seulement, vers leur insertion, d'une teinte
moins foncée ; aucune, comme nous l'avons dit, ne montre
de trace de bordure.
Toute la peau de cet animal était tellement lisse et lui-
sante, lorsqu'il nous fut apporté, qu'elle offrait, à l'œil,
l'apparence d'un cuir fin et doux qui aurait été soigneu-
sement ciré et lustré.
Le palais est divisé par un sillon longitudinal qui dis-
paraît vers l'extrémité du bec, où il est remplacé par une
saillie.
La formule dentaire de cet individu est rr4r-
478 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
Celle du D. marginalus, Duvernoy, en diffère, car elle
présente ff-fr-
Nous n'insisterons pas sur l'infériorité de taille que pré-
sente aussi notre individu, car elle pourrait s'expliquer
par une différence d'âge, bien que le sujet qui nous oc-
cupe nous ait paru parfaitement adulte,
Il mesure
De l'extrémité du bec à l'extrémité de la queue
(le lien passant sur le dos) lm,54
Longueur du bec 0m,10
Distance du bout du bec à l'évent 0m,30
Distance du bout du bec à l'œil 0m,28
Distance du bout du bec à l'émergence de la
pectorale 0m^0
Distance du bout du bec à la dorsale 0m,76
Largeur-de la caudale 0ra,32
Longueur du bord extérieur de la pectorale. . 0m,24
Hauteur de la dorsale 0m,13
Circonférence en avant de la pectorale 0m,72
Circonférence en arrière de la pectorale 0m,74
Circonférence en avant de la dorsale 0m,72
Circonférence en arrière de la dorsale 0m,60
Les dents sont moins allongées que celles de l'espèce
précédente, mais elles sont, comme elles, coniques et
assez aiguës; celles de la partie médiane de chaque mâ-
choire sont, dans l'une et l'autre espèce, les plus lon-
gues.
Nous n'avons trouvé dans son estomac que quelques
petits Poissons. Sa chair, noire et un peu coriace, n'était
cependant pas absolument désagréable au goût.
Les pêcheurs qui l'avaient capturé se plaignaient vive-
ment des graves avaries que son excessive vivacité avait
fait éprouver à leurs filets.
La capture d'une troisième espèce de la famille des
Delphinidés, effectuée aussi dans notre rade d'Alger, est
venue confirmer un fait que nous avions dès longtemps
soupçonné, à savoir que les rivages de la Méditerranée
sont bien plus riches en Cétacés qu'on ne l'a supposé jus-
travaux mitons. <V79
qu'ici; mais il est à craindre que, de bien longtemps, on
ne puisse arriver à une certitude à cet égard, car les pê-
cheurs, redoutant les avaries qui résultent pour leurs filets
de la prise d'animaux d'aussi grande taille, cherchent,
par tous les moyens en leur pouvoir, à les éloigner, et ce
n'est qu'accidentellement que de semblables captures
s'effectuent.
Cette troisième capture, dont nous allons dire quel-
ques mots, est celle d'un individu que nous suppo-
sons être le Delphinus plumbeus, Dussumier ; mais nous
n'avons pas pu encore réunir des éléments d'appréciation
suffisants pour asseoir cette opinion avec certitude. Le
sujet que nous avons préparé et donné à notre musée
mesure 31U,50, et, sauf le dessous du ventre, qui est d'un
gris blanchâtre sale, tout le surplus de cet animal est
d'un noirâtre uniforme. Un accident, probablement, avait
détaché une partie de la peau qui recouvre la partie su-
périeure de la mâchoire et l'avait ramassée en boule à la
partie supérieure du bec , où elle forme une espèce d'ex-
croissance assez volumineuse. Nous n'entrerons pas ac-
tuellement dans de plus grands détails sur cet individu,
dont nous chercherons à éclairer la spécialité au préa-
lable.
Note sur quelques Mammifères du Mexique,
par M. H. de Saussure.
Septième article. (Voir p. 4*25.)
Genre Carollia, Gray (1).
Dents au nombre de 32. Prémolaires, J; molaires, f ;
vraies molaires ayant la couronne garnie de pyramides
plus ou moins aiguës. Museau assez allongé ; pas de queue.
Les vraies molaires sont souvent tuberculeuses ; la
première prémolaire supérieure est plus longue que la
deuxième, et les deux prémolaires inférieures sont peu
élevées, ne formant pas une longue pointe.
(I; Magazin of zool. and botany. 1842.
480 rev. et mag. de zoologie. [Novembre 1860.)
Ce genre, envisagé comme il est ici, ne correspond
point à celui que M. Gray a établi sous ce nom, car cet
auteur a encore subdivisé le groupe des Phyllostoma dé-
pourvus de queue, et en a basé les coupes sur la longueur
relative de la membrane interfémorale, caractère de très-
petite valeur, puisque les mêmes variations s'observent
dans tous les groupes de la famille des Vampirides. Il
suffit parfaitement de se borner à deux genres basés sur
la présence ou l'absence de la queue, organe qui est lui-
même un caractère de peu de valeur, puisque la queue
diminue graduellement jusqu'à devenir nulle (1).
L'espèce qui suit appartient au groupe de celles dont
la membrane fémorale est échancrée.
Carollia azteca (pi. 20, fig. 1). Supra fusca, vel fusco-rufa, subtus
pallidior ; caput, collum et pectus subrufescentia ; rostrum elon-
gatum; frons elongato-lanceolata; auriculae brèves, excisae, an-
titrago subelongato; membrana femoralis lata, paulum excisa;
calcaribus magnis.
Exactement de la taille du Ph. brachtjotum, ayant les
mêmes formes, mais s'en distinguant par l'antitragus, qui
est lancéolé et pointu.
Museau allongé et pointu. Dents molaires, £ ; les deux
incisives moyennes supérieures très-grandes. Feuille na-
(1) On est presque toujours obligé de prendre les genres de
M. Gray dans un sens autre que celui qu'il leur attribuait; car les
caractères extérieurs sur lesquels il base ses coupes ne correspondent
pas toujours à ceux qu'on tire des dents, auxquels il faut donner la
préférence. Pour pouvoir conserver les noms de genre de l'auteur, on
est obligé de les appliquer au genre dans lequel rentre l'espèce ty-
pique qui lui a servi à l'établir, mais en définissant le genre d'une
tout autre façon, et souvent en écartant toutes les autres espèces qui,
d'après sa méthode, rentreraient dans le genre. A vrai dire, ceci ne
peut se faire qu'avec beaucoup de bonne volonté, car, les genres ad-
missibles se croisant avec les siens, on serait autorisé à rejeter des
noms qui n'ont été imaginés que pour des coupes empiriques dont
les éléments doivent être disloqués et répartis dans d'autres. Ainsi,
d'après les diagnoses de l'auteur anglais, le genre Carollia pourrait
contenir bien des Artibœus, et vice versa.
TRAVAUX INÉDITS. 481
sale en fer de lance, allongée et terminée en pointe, n'of-
frant pas de bourrelet médian. Oreilles petites, fortement
excisées à leur bord externe; antitragus suballongé, ter-
miné par une pointe obtuse et échancré près du bout, à
son bord postérieur (fig. la). Membrane fémorale mé-
diocre, échancrée assez angulairement et aussi large que
longue, vu la grandeur de l'éperon ( lequel a 7 milli-
mètres de longueur). Membrane des ailes atteignant le
tarse, mais s'insérant un peu moins bas que la membrane
fémorale (fig. 1). Pelage des parties dorsales d'un brun
marron, devenant un peu roussàtre sur les bras, sur la
tête et sur les côtés du cou. Couleur des parties ventrales
d'un gris-brun pâle, insensiblement taché de roux sur la
poitrine. Les poils du dos noirâtres à la base, puis blan-
châtres au milieu, puis bruns au bout; ceux du ventre
gris à la base, brun pâle au bout. Membranes noirâtres,
peu poilues au voisinage du corps.
Longueur de la tête et du corps 0m,072
Longueur de l'avant-bras 0,n,042
Longueur de l'oreille libre 0m,013
Longueur de la feuille nasale avec le fer à
cheval 0m ,010-09
Largeur de la membrane fémorale à l'anus. 0ra,013
Longueur des éperons 0m ,007-8
Envergure 0m,250-60
Largeur de l'aile à 1 pouce du corps — 0m,0f>5
Quatre individus d*,P sont identiques.
Habite les régions chaudes et tempérées du Mexique.
Cette espèce ressemble parfaitement au Ph. brachyotum,
si ce n'est que l'antitragus n'est pas raccourci. Toutefois
l'envergure est moindre que 12 pouces, que Burmeister
donne pour le Ph, brachyotum. Notre espèce paraît avoir,
au contraire les ailes plus larges et plus courtes que celle
du Brésil ).
Un Ph. brachyotum, que j'ai reçu de Bahia, au Brésil,
a le pelage d'un brun plus marron, le ventre moins cen-
48*2 kev. et mag. de ZOOLOGIE. (Novembre 1860.)
dré, avec ses poils bruns à la base ( non cendrés ) et le
corps un peu moins grand.
Variété. — Nous possédons quelques individus qui
diffèrent du type décrit par les caractères suivants, qui
ne constituent probablement pas une espèce. La couleur
est un gris de fumée, noirâtre sur le dos, plus pâle à la
face antérieure du corps et un peu argenté (mais toujours
de nuance noirâtre et non brune). Les poils du dos sont
noirâtres à la base, plus pâles au milieu, puis gris noi-
râtre au bout; mais le noirâtre de la base s'étend moins
loin que chez l'espèce citée, tandis que le gris blanc du
milieu du poil est plus étendu. Les poils du ventre sont
d'une couleur presque uniforme dans toute leur étendue;
leur pointe terminale seulement est grisonnante-argentée.
( La feuille nasale est peut-être un peu plus large, en ce
sens qu'elle se rétrécit moins vite. L'antitragus est plus
allongé, plus étroit. Mais ces apparences pourraient, à la
rigueur, être la suite de la dessiccation.)
Il faut ajouter qu'on distingue les deux variétés, à pre-
mière vue, à la couleur du pelage, étant, la première,
d'un brun fauve, et la seconde , au contraire , d'un gris
noirâtre, sans trace de brun roussâtre. Cette variété a été
tuée dans les mêmes localités que le type.
2e Section. — Molaires offrant des replis d'émail distinc-
tement en forme de W. Membrane interfémorale très-grande,
remplissant, en général, tout l'espace compris entre les jambes
et tronquée d'un éperon à l'autre.
Les genres qui paraissent rentrer dans cette section
sont les suivants :
I. Molaires au nombre de f.
Queue atteignant le bout de la membrane fé-
morale Macrophyllum.
Queue n'atteignant pas le bout de la mem-
brane fémorale Phyllostoma.
II. Molaires au nombre de £.
Queue dépassant la membrane fémorale Macrotus.
Queue plus courte que la membrane fémo-
TRAVAUX INÉDITS. ^83
raie , Lophosloma.
Pas de queue Vampirus.
Ces genres sont probablement trop nombreux (1).
La grandeur de la membrane interfé morale et les formes
extérieures, en général, impriment à tous ces animaux un
cachet particulier qui frappe au premier coup d'oeil.
Les dents ont une forme presque identique chez tous;
les incisives sont très-resserrées entre les canines;
souvent les canines inférieures se touchent par leurs
talons, et les incisives mitoyennes sont placées devant ;
tandis que les latérales sont rejetées devant les mi-
toyennes et sont à cause de cela, sujettes à tomber. La
tête est très-grande; le museau très-allongé, sans être
cependant très-étroit ; il est même obtus au bout, quoique
peu large, et paraît légèrement renflé, à cause de la con-
vexité des lèvres. La lèvre inférieure offre un petit triangle
lisse et nu, mais sans fissure, et tout autour de cet espace,
on voit une large zone poilue, faiblement verruqueuse.
Les oreilles sont, en général, extraordinairement grandes
et longues (2). La membrane fémorale remplit tout l'espace
entre les jambes; elle est supportée par de très -grands
éperons et tronquée en ligne droite de l'un à l'autre, point
échancrée. Le pelage ventral est, en général, remarquable-
ment argenté. La queue est variable. Le caractère que
l'on a tiré de son absence, de sa présence et de sa lon-
gueur relative, et sur lequel on a basé l'établissement des
genres, est évidemment assez secondaire. Il ne me semble
pas suffire pour déterminer la formation de genres aussi
nombreux pour ces espèces, d'un faciès tout unigénérique.
Dans la famille des Phyllostomides, la queue n'a pas la
même importance que chez les autres familles des Chéi-
(1) Ne possédant pas de représentant du genre Macrophyllum, je
ne puis en bien apprécier la valeur.
(2 Ce caractère se retrouve, du reste, chez quelques représentants
des autres genres ; il n'est pas d'une haute importance, et manque
chez les Macrophyllum.
484 rf.v. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
roptères, où cet organe jouit d'une grande fixité. Ici, au
contraire, il est si variable, se montrant fort développé
ou complètement nul chez les espèces les plus voisines,
qu'il doit évidemment être relégué au second plan. Quant
à la soudure des oreilles sur la tête, qui a déterminé
M. Gray à former le genre Macrotus, c'est un caractère
plus accessoire encore, et qui tient seulement à ce que les
organes sont si développés qu'ils se rencontrent sur la
ligne médiane. Or, chez les autres Phyllostomides, chez
les Rhinolophes et chez les Vespertilions, on rencontre des
espèces qui possèdent des oreilles très-grandes, beaucoup
plus développées que chez la majorité des représentants de
ces groupes et qu'on nomme les oreillards. Les Vampires
ayant tous de grandes oreilles, ceux chez qui les oreilles se
soudent sur la tête ne sont, pour ainsi dire, que les types
Oreillards (à oreilles exagérées) des Vampires, et ils sont,
par rapport aux autres Vampires, ce que les Vespertilions
ou Phyllostomes oreillards sont par rapport aux Vesper-
tilions et aux Phyllostomes ordinaires.
Genre Tylostoma, Gerv.
Dents au nombre de 32. Incisives, f j prémolaires, f— §■;
molaires, f-f. Incisives inférieures latérales, quelquefois
placées devant les moyennes et souvent caduques. Vraies
molaires inférieures très-élevées, à pointes longues et ai-
guës; les supérieures l'étant moins; la première et la
deuxième portant une lame d'émail qui dessine un W,
très-distinct, surtout aux supérieures. La troisième vraie
molaire inférieure, grande; la supérieure, petite, en
forme de lame transversale. Crâne fortement renflé, à
front un peu élevé. Museau allongé ; membrane interfé-
morale grande, soutenue par de grands éperons et tendue
en ligne droite de l'un à l'autre. Oreilles très-grandes.
T. mexicana. Fusca, subtus cinerea; auriculae perlongœ, latee, pro-
sthematae angusto, margine exteriore basi denticulato ; patagium
fémorale maximum , nullo modo emargiaatum ; cauda minima,
ealcaribus duplo brevior.
TRAVAUX INÉDITS. 485
Incisives inférieures bien rangées ; feuille du nez longue,
ovoïde et lancéolée, offrant de chaque côté, à sa base, un
sillon arqué submarginal ; ses bords finement dentelés ;
fer à cheval plus large que la feuille, à bords découpés.
Lèvres et menton très-fortement verruqueux ; les verrues
formant des lobes membraneux ; lèvre inférieure partagée
par un fort sillon, qui aboutit dans un enfoncement sous
la mâchoire. Oreilles très-grandes , arrondies. Oreillon
triangulaire, terminé par une lanière étroite, mais n'at-
teignant pas au milieu de l'oreille, offrant à la moitié in-
férieure du bord externe trois échancrures et trois lobules.
Membrane fémorale grande, point échancrée, supportée
par de très-longs éperons, et enveloppant la très-courte
queue, qui n'atteint pas même au quart de la longueur de
la membrane. Poil très-long et très-fourni, presque lai-
neux. Pelage du dos brun ; les poils ayant leur base un
peu plus grisâtre et plus pâle. Ventre d'un gris -brun
blanchâtre très-pâle; les poils étant brun pâle à la base,
avec la pointe décolorée, ce qui donne à la face inférieure
du corps une teinte argentée. Membranes brunes.
Longueur de la tête et du corps sans la
queue 0m,080
Longueur de Pavant-bras 0m,060
Longueur de la feuille avec le fer à cheval . 0a,011-12
Longueur des oreilles mesurées à leur face
externe 0m,022
Longueur de la queue 0m,006
Longueur de la membrane fémorale 0,n,027
Longueur des éperons 0m,014
Habite les régions chaudes du Mexique.
Cette espèce ressemble parfaitement, pour les formes, au
Vampirus auritus , Peters, si ce n'est que les membranes
du nez sont plus dentelées et que le bord antérieur de
l'oreillon ne l'est pas. Elle est, du reste, de taille presque
moitié moindre, et ses incisives inférieures sont bien ran-
gées, tandis que l'espèce citée n'en offre que deux, parce
486 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
que les deux externes ne trouvant pas à se loger entre les
canines sont rejetées en avant et tombent.
Genre Macrotus, Gray.
Dents au nombre de 34. Incisives, f. Prémolaires, f-|;
molaires, f-f ; queue grande, dépassant la membrane fémo-
rale ; oreilles soudées ensemble sur la tête.
Macrotus mexicanus. Supra fuscescens, subtus cinerascens; auvi-
culœ magnœ; frons nasalis subtriangularis, apicc obtusiuscula,
vix longior quam latior; alae ante tibiae apicem insertae; patagium
fémorale truncatum, nullo modo excisum, caudœ articulo ultimo
superatum.
Le museau est allongé, étroit, mais arrondi et obtus au
bout. Les quatre incisives inférieures sont bien rangées.
La feuille nasale est petite, subtriangulaire, un peu plus
longue que large, unie au fer à cheval. Les narines for-
ment deux boutonnières obliques. La lèvre inférieure
offre un triangle nu, entouré d'un large espace poilu et
garni de petites verrues. Les oreilles sont excessivement
grandes, arrondies, à bords convexes et garnis de longs
cils. L'extrémité inférieure de leur bord externe offre un
lobe saillant (l'antitragus) et le bord se prolonge ensuite
jusque sous l'œil. L'oreillon est grand et large; son bord
externe est droit et offre, vers le bas, des irrégularités;
l'interne est convexe; l'extrémité se termine par une la-
nière étroite. La membrane qui unit les deux oreilles n'a
que 5 ou 6 millimètres de hauteur ; elle est poilue et échan-
crée au milieu. Les pattes sont longues et grêles, mais les
éperons sont plutôt courts à proportion. La membrane
interfémorale est très-grande, tendue en ligne droite d'un
éperon à l'autre, mais point échancrée ; elle est dépassée
par la dernière vertèbre de la queue tout entière qui a
presque 5 millimètres de longueur. La queue se compose
de 5 vertèbres, dont la première, petite. L'aile s'insère au
tibia à 2 ou 3 millimètres au-dessus du tarse . — L'individu
qui sert de type à cette espèce a été détérioré par un long
séjour dans l'alcool, en sorte que le poil était en partie
TRAVAUX INÉDITS. 487
tombé. Ce qu'il en reste suffit cependant pour montrer
que le pelage était d'un brun foncé sur le dos, pâle et
cendré sur le ventre, et que les poils, tant en dessus qu'en
dessous, étaient blanchâtres à la base et bruns au bout.
Longueur du corps et de la tête étendue. 0m,055
Longueur du corps jusqu'au sommet de la
tête 0B,,042
Longueur de la tète 0m,025
Longueur des oreilles à leur face externe. . 0œ,021
Largeur des oreilles Om,016
Longueur de l'oreillou 0m,010
Longueur de la feuille nasale 0m,005
Longueur de la feuille nasale avec le fer à
cheval 0m,007
Largeur de la feuille nasale 0",004
Longueur de l'avaut-bras 0m,051
Longueur de la cuisse 0ni,023
Longueur du tibia , 0m,02.'î
Longueur de la queue 0m,031
Longueur de l'éperon . . 0m,010
Habite les terres chaudes de la province de Mexico. —
J'ai tué cette Chauve-Souris dans les environs de Yaute-
pec, près de Cuautla. Je l'avais d'abord prise pour le
Macrotus Walerhausii, Gray ; mais ses mesures ne corres-
pondent pas à celles que l'auteur anglais donne pour l'es-
pèce de Haïti, dont la feuille nasale a 5 lignes de lon-
gueur, dont le corps est plus grand que chez notre espèce,
dont l'éperon a G lignes de longueur (1), etc.
Genre Vampirus, Gray, Gerv.
V. AiiRicuLARis. Parvulus; auriculie rhinophyllumque maxima, apice
acuminafa ; tragus longissimus, acumiuatus; palagium fémorale
calcareaque maxima; ala iu tibue apice iuserta; dorsum fulvo-
fuscum ; venter fulvo-albicans.
(I) Depuis que ce mémoire est sous presse, il m'est tombé sous les
yeux la description d'un nouveau Macrotus, le M. californiens,
Baird. [Proced. of the Acad. of Philad., 1858, p. lui), qui semble
être très-voisin du nôtre; toutefois, sa queue est plus longue et l'o-
reille me semble s'avancer plus près de l'œil. Il serait cependant bon
de comparer les individus des deux provenances.
488 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
Oreilles extraordinairement grandes, très-larges, sur-
tout très-longues et assez pointues; leur bord externe fai-
blement excisé au bout. On remarque au tiers interne un
repli longitudinal de la peau du pavillon de l'oreille. A la
base du bord externe de ce dernier est une échancrure
qui le sépare de l'antitragus, lequel forme un lobe étroit
et arrondi au bout, plus ou moins semblable à un oreillon.
Oreillon très-long, très-étroit, terminé en pointe. Feuille
nasale ovale, triangulaire, très-longue (renversée en ar-
rière, elle dépassait de beaucoup le vertex), entière,
pointue, avec un très-faible bourrelet médian ( sa partie
libre ayant 0m,010 de longueur). Fer à cheval très-grand,
plat, ses bords couverts de poils couchés, rayonnants, et
longuement cilié ; lèvres poilues ; ailes parlant de l'extré-
mité du tibia, s'insérant un peu en devant; pouce très-
grêle ; ses deux phalanges d'égale longueur ; la première
entièrement enveloppée, la seconde libre. Membrane in-
terfémorale très-grande , soutenue par de très-grands
éperons, et tronquée d'un éperon à l'autre ; son milieu
occupé par une ligne fibreuse, tandis que deux autres
sillons obliques gagnent le haut des tibias. Poils très-longs
(0m,011, sur le dos). Dos d'un brun fauve; les poils blanc
fauve à la base et passant peu à peu au gris fauve ; la
pointe brun fauve. Dessus de la tête et base de la face dor-
sale des oreilles et épaules couverts de longs poils blanc
fauve ou roussàtres ; la gorge plus blanche encore. Le
ventre et la poitrine sont fauve pâle, avec les flancs plus
obscurs, parce que les poils sont fauve brun avec la pointe
blanchâtre et qu'ici cette pointe est à peine apparente (1).
Longueur du corps mesuré du vertex au
coccyx O"1^
Longueur de la portion libre des oreilles . . 0m,027
Longueur de la feuille nasale 0m,012
Longueur de l'avant-bras 0m,058
(1) Cet individu est probablement décoloré; sa couleur naturelle
est, sans doute, grisâtre.
TRAVAUX INÉDITS. 489
Ce Vampire habite le Brésil, et je ne le joins ici que
comme espèce voisine do colles qui sont décrites dans
cette note. Le type se voit au muséum de Paris.
Observation. Je place provisoirement cette curieuse
espèce dans le genre Vumjrirus, quoique je n'aie pu exa
miner sa dentition; car, par ses autres caractères, elle
me fait l'effet de devoir rentrer dans ce genre. L'extrême
grandeur des oreilles, du tragus et de la feuille nasale
ui donne le faciès du V. spectrum, mais elle s'en éloigne
par des caractères très-nets. Les oreilles sont bien plus
grandes à proportion et se terminent d'une manière plus
pointue ; la feuille nasale est relativement plus grande,
plus longue et plus pointue; Comme chez le V. spectrum,
l'aile ne part pas de la base des orteils, mais de la base
du tibia, etc.
(11 est instructif de noter que chez cette espèce, qui,
par la grandeur de ses membranes, rappelle les Macrotus,
le poil prend aussi la finesse qu'on remarque chez ces
derniers.)
Tribu des Glossophagiens.
Museau très-étroit et très-allongé (presque en forme de
bec) ; lèvre inférieure profondément fendue et partagée
par une fissure. Dents nombreuses , au nombre de 30 à 36.
Incisives petites, souvent caduques, surtout les inférieures,
espacées et rangées par paires. Molaires inférieures com-
primées; prémolaires grandes, comprimées, presque tri-
cuspides, à pointe médiane longue et très-pointue. — Les os
maxillaires, étant très-allongés, permettent aux dents d'oc-
cuper chacune un grand espace, malgré leur grand nom-
bre, et même aux prémolaires d'être espacées. — Langue
très-longue et très-grêle, se projetant très-longuement hors
de la bouche (1). (Feuille nasale petite ; queue et mem-
brane fémorale variables, souvent nulles. )
Ces animaux sont très-facilement reconnaissables à leur
longue langue qui fait saillie hors de la bouche, à leur
lèvre inférieure qui est fendue et bilobée, et à l'étroitesse
2e série, t. m. Année 1860. 32
490 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
de leur long museau. Celui-ci forme comme un fourreau à
la langue, laquelle se projette au dehors par le vide que les
incisives laissent entre elles. Ces dents paraissent être très-
caduques, pour laisser plus de jeu à la langue qui, dans
son extension, passe entre les canines et s'étend hors de
la bouche, sans que celle-ci ait à s'ouvrir, parce que la
lèvre supérieure et les deux lobes de l'inférieure forment
une espèce de gaine dans laquelle cet organe glisse.
Les Glossophagiens volent le soir, en quête d'insectes
qu'ils gobent probablement en leur dardant leur langue
gluante.
Leach et Gray ont partagé les Glossophages en plusieurs
genres basés sur la présence ou l'absence de la queue, et
sur la présence de la membrane interfémorale. Ces ani-
maux, étudiés d'après leur système dentaire, ne donnent
pas lieu aux mêmes coupes, mais ils offrent néanmoins
plusieurs types de dentition qui indiquent autant de genres.
Les canines, étant toujours les mêmes, ne fournissent
guère de caractères ; les incisives paraissent aussi toujours
au nombre de f-f ; mais elles ne se trouvent pas toujours
au complet, car elles sont plus ou moins caduques et
sujettes à manquer. Cette circonstance est, du reste, bien
en rapport avec les mœurs de ces Chauves-Souris, qui
s'emparent des insectes avec leur langue gluante, ou su-
cent le sang des quadrupèdes avec les lèvres; les inci-
sives leur sont donc presque inutiles, et ne semblent exis-
ter que pour la bonne règle ; elles sont même une gêne
pour la langue, qui doit se mouvoir entre elles en se
projetant par le tube de la bouche. Rudimentaires et mal
plantées, elles s'ébranlent et tombent fréquemment, peut-
être chassées par les mouvements de la langue. Les mo-
laires, au contraire, varient en nombre d'une manière
(1) Ces animaux, en mourant, projettent la langue hors de la
bouche, en sorte que, chez les sujets conservés dans l'alcool, cet
organe fait longuement saillie.
TRAVAUX INÉDITS. 491
normale, et permettent de distinguer dans les Glossopha-
giens quatre types principaux.
Classification des Glossophagiens.
I. Molaires au nombre de f Ischnoglossa.
II. Molaires au nombre de|.
Queue courte Hemiderma (1).
Pas de queue, membrane fémorale large . . Glossophaga.
III. Molaires au nombre de f .
Queue plus ou moins courte Monophyllus (2).
IV- Molaires au nombre de f .
Pas de queue Anoura.
Genre Ischnoglossa (1). (PI. 20, fig. 2.)
Dents au nombre de 30 seulement.
Incisives, |— f ; canines, \-\\ molaires, ~~j.
Incisives supérieures (fig. 1b) écartées, mais rangées
régulièrement ; les latérales petites et aiguës; les médianes
très-larges; les inférieures petites et rangées par paires ;
canines longues; les supérieures offrant à la base, de
chaque côté, un petit talon qui les rend presque tricus-
pides. Prémolaires, f, tricuspides, espacées, très-com-
primées (fig. 2), la première inférieure à forme peu pro-
noncée, contiguë à la canine; la première supérieure sé-
parée de la canine par un grand espace libre. Molaires f ,
fortement comprimées, très-allongées dans le sens an-
téro-postérieur, peu élevées, très-serrées; les supérieures
bilobées à leur bord externe; les inférieures trilobées; la
première surtout offrant deux pointes à son éminence
médiane et à la postérieure. — Les molaires inférieures sont
les plus allongées d'avant en arrière ; au premier aborda,
on les prendrait chacune pour la réunion de deux dents
(1) Ces genres Hemiderma et Glossophaga sont plutôt des sous-
genres du genre Glossophaga, caractérisé par -f molaires.
(2) Le genre Phyllophora, Gray, rentre dans ce genre de Leach
Gray ne l'en a distingué par aucun caractère. Il n'en diffère que par
la présence de 4 incisives à la mâchoire inférieure, tandis que, selon
Leach, ces dents feraient défaut, ce qui dépend uniquement de l'âge*
(Voyez la note ci-dessus.)
492 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1 860.)
esuccessives). — Lèvre inférieure fendue. Queue null
(membrane fémorale rudimentaire).
M. nivalis (pi. 20, fig. 2). Magna et crassa; podes crassissimi ; ala
tibiae iuserta, altius quam tarsus; patagium interfemorale valde
emarginatum, zonam angustam efficiens in genu latiorera.
Formes trapues et lourdes ; tête grosse; museau allongé,
mais médiocrement grêle. Feuille nasale courte et large,
aussi large que longue, cordiforme (2a). Oreilles mé-
diocres, fortement échancrées à leur bord externe, à
extrémité arrondie et dirigée en dehors. Oreillon épais,
long, terminé en pointe mousse et portant deux dente-
lures à son bord postérieur. Pouce fort ; pattes très-grosses
et trapues, à tarse large; le pied très-gros et trapu. Mem-
brane interfémorale rudimentaire (quoique plus déve-
loppée que chez YÀnoura ecaudata), échancrée angulaire-
ment et formant seulement une bande qui borde les
jambes et le coccyx, assez large au genou, étroite au tarse
et au coccyx. Ailes s'insérant au quart inférieur du tibia.
Longueur du corps depuis le sommet du
crâne jusqu'à l'anus 0m,072
Longueur avec la tête étendue 0m>080
Largeur du corps aux épaules 0m,037
Largeur du corps à l'abdomen 0m,034
Longueur de la tête 0m,030
Longueur de l' avant-bras 0m,060
Longueur du tibia 0m,021
Longueur de la membrane interfémorale
au coccyx 0",004
Longueur de la membrane interfémorale
> au genou 0m,008
Longueur des éperons/ 0m,003
Longueur de la feuille nasale avec le fer à
cheval 0m,006
Largeur de la feuille 0m,0042
Toutes ces mesures ont été prises sur l'animal en chair.
Habite les montagnes du Mexique. J'ai tué ce Glosso-
(1) l'ff'xyor, étroit; yhcoeo-a., langue.
TRAVAUX INEDITS. H)i
phage près de la limite des neiges du pic d'Orizaba, au
bord d'une forêt de pins.
Cette espèce est très-remarquable par ses formes tra-
pues et par sa taille, qui en lait probablement le plus
grand des Glossophages connus. La langue a 28 millimètres
de longueur; elle est canaliculée en dessous, très-papilleuse,
et dans ses 2/5 terminaux elle est pennée bilatéralement,
ses bords étant garnis de papilles qui ressemblent à de
longs poils bouclés.
Explication des figures.— Fig. 2, l'espèce de grandeur naturelle.
— 2a, sa feuille nasale, vue par devant, grossie ; — 26, dents inci-
sives et canines grossies; — 2c, le crâne vu de profil, de grandeur
naturelle ; — 2d, les mâchoires, vues de profil, grossies.
Genre x\noura, Gray (Chœronycteris, Tschudi).
Dents au nombre de 36, lorsque les incisives ne sont
pas tombées; prémolaires, |-| ; molaires, -*-|.
(Queue nulle; membrane interfémorale rudimentaire, ne
formant qu'une simple bordure aux jambes et au coccyx.)
Le caractère le plus essentiel de ce genre, on peut dire
son véritable caractère, ne réside ni dans la forme de la
membrane fémorale ni dans le nombre des canines ou
des incisives, toujours le même chez les Phyllostomides (1),
mais bien dans celui de ses dents molaires, qui est précisé-
ment celui qu'on n'avait pas remarqué. Les Ânoura sont,
de toutes les Chauves-Souris, les plus dentées, puisqu'elles
possèdent f molaires. Sans ce caractère, le genre n'aurait
guère qu'une valeur sous-générique.
Anoura. ecaudata, Geoff. Supra fusca, subtus pallidior, collo pallide
fusco, ventre argentato ; patagium fémorale rudiraentarium, crura
marginans.
Petit. Museau très-grêle et allongé; feuille nasale très-
petite. Oreilles petites, excisées à leur bord externe. Mem-
(1) Il ne semble varier que parce que les incisives sont plus ou
moins caduques chez certaines espèces.
494 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
brane interfémorale rudimentaire, bordant seulement les
cuisses.
Le pelage d'un gris-brun de Souris, un peu argenté sur
le ventre et sur les flancs. Les poils de la face dorsale du
corps , pâles à la base, brun foncé au bout; ceux de la
face ventrale brun foncé, avec le bout argenté ou pâle ;
ceux de la gorge et du cou unicolores, d'un gris-brun pâle,
mais non argentés. Membranes noirâtres, fort peu velues
autour du corps.
Je ne suis pas sans conserver quelque doute relative-
ment à l'identité de ce Glossophage avec le G. ecaudata;
la taille de ce dernier est supérieure à celle de nos indivi-
dus du Mexique, dont les mesures suivent :
Longueur du corps jusqu'au sommet de la
tête 0m,044
Longueur de la tète 0m,028
Longueur de l'avant-bras 0m,041
Longueur de la feuille nasale avec le fer à
cheval 0m,004
Largeur de la membrane fémorale au
genou 0m,003
Habite les régions chaudes et tempérées du Mexique.
Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette,
accompagné de notes explicatives et de quelques idées
sur la pisciculture marine, par M. N. Doumet. (V. p. 299
et 355, 405.)
VIII.
Liste des espèces observées à Cette.
ACANTHOPTÉRYGIENS.
I. Percoides.
1. Labrax.
1. Lupus, Cuv. — Loup. — Tr. C. (1).
Perça labrax, L. Riss. — P. punclata, Gm., Riss. (junior).
(1 ) C., commun ; — tr. C, très-commun ; — as. C, assez commun ;
— p. C., peu commun; — R., rare; — tr. R., très-rare; — as. R.,
assez rare.
TRAVAUX INÉDITS. fc95
2. Seraanus.
2. Scriba, Cuv. — Saran. — C.
3? Argus, Riss. — Saran, — As. C.
4. Cabrilla, Cuv. —Saran, — C.
5? Fasuiatus, Riss. — Saran. — P. C.
6. Flavus, Riss. — Saran tjaouné. — As. C.
7. Hepatus, Cuv. — Pètaïré. — C,
Labrus hepatus. L.
3. Anthias.
8. Sacer, Bp. — . — P.C.
Labrus anthias, L.— Serranus anthias, Cuv., Risso.
4. POLYPRION.
9. Cernium, Cuv. — . — R.
Holocentrus gulo, Riss.
5. Trachinus.
10. Draco, L. — Iragna. — Tr. C.
11. Araneus, Riss. — Iragna. — R.
Trachinus Hneatus? Riss., 28 édition.
12. Radiatus, Cuv. — Iragna, — R.
13. Vipera? Cuv. — Iragna. — C.
6. Uranoscopus.
14. Scaber, L. — Bioôu. — Tr. C.
7. SPHYRiENA.
15. Vulgaris, Cuv. — Broutchet dé mar. — R.
Esoxsphyrœna^L. — Sphyrœna spet, Riss., Bp.
(MULLES.)
8. Mullus.
16. Surmuletus, L. — Routjet. — P. C.
17. Barba tus, L. — Routjet. — Tr. C.
18. Fuscus, Riss.,Raf. — Routjet. — C.
II. Joues cuirassées.
9. Trigla.
19. Pini, Bloch. — . — P. C.
Trigla cuculus, L., Bp.— Trigla hirundo, Riss., 2e édition
20. Lineata, L., Bloch. — Ibrougna. — C.
Trigla adriatica, Gm., Riss.
496 rev. et MAfr.. de zoologie. (Novembre 1860.)
21. Corax, Rond., Bp. — Cabota voulanla. — Tr. C.
Trigla hirundo, Rloch, Cuv.
22. Microlepidota , Riss. — Cabota voulanla. — C.
Trigla pœciloptera, Cuv.? '
23. Lyra, L. — Pinaou. — C.
24. Gurnardus, L. — Bélugan. — P. C.
25. Cuculus, Bloch. — Bélugan. — C.
26. Obscura, L. — Linota. — As. C. —
Trigla Lucerna, Brun., Cuv.
27. Milvus, Rond., Bp. — Cabiouna, — C.
28. Aspera, Vivian. — Rqscassoun. — G.
10. Peristedion.
29. Cataphractum, Lacép. — Marco-temps, Malarmat. — As. C
30. Chabrontera, Riss. — Marco-temps, Malarmat. — As. C.
11. Dactylopterus.
31. Pirapeda, Riss. — Ratapenada, Peï voulan. — R
12. ScORPjENA.
32. Scrofa, L. — Capoun. — Tr. C.
33. Lutea, Riss. — Capoun tjaounè. — P. C,
34. Porcus, L. — Rascassa. — Tr. C.
III. Scienoides.
13. SCIilNA.
35. Aquila, Cuv. — Daines.— As. C.
Sciœna umbra, Bp.
14. CORVINA.
36. Nigra, Cuv. — . V. C.
Sciœna umbra, Risè.
15. Umbrina.
37. Vulgaris, Cuv. — Daines. — C.
IV. Sparoides.
16. Sargus.
38. Rondeletii, Cuv. — Sarguet. — Tr. C.
Sargus sargus, Riss.
39. Salviani, Cuv. — Sarguet. — Tr. C.
40. Anuularis, Cuv. — Sarguet. — Tr. C.
41. Vetula? Cuv., — SargueL
TRAVAUX INÉDITS- 497
42. Sp. ?
17. Chrysophrys.
43. Aurata, Cuv. — Saouquena. — Tr. C.
18. Pagrus.
44. Vulgaris, Cuv. — Pagre, — P. C.
Pagrus pagrus, Riss .
19. Pagellds.
45. Erythrinus, Cuv. — Patjel. — C.
46? Centrodontus, Cuv.? — Patjel.
Pagrus massiliensis, Riss.
47. Acarne, Cuv. — Patjel. — C.
48. Bogaraveo, Cuv. — Bougrabéou. ■
49. Mormyrus, C. — Tenillé. —P. C.
20. Dentbx.
50. Vulgaris, Cuv. — Denli. — P. C.
51. Cetti. Riss. — Denti, Pagre. — R.
52? Sp.?
21. Cantharus.
53. Vulgaris, Cuv. — Canlarèla, Sar.— P. C.
54. Orbicularis, Cuv., Bp. — Canlarèla, Sar. — P. C.
22. Box.
55. Vulgaris, Cuv. — Bogua. — Tr. C.
56. Salpa, Cuv. — Saoupa. — C.
23. Oblata.
.
— c.
57. Melauura, Cuv. — Néblada, .Négrouna? — C.
V. MÉNIDES.
24. M«NA.
58. Vulgaris, Cuv. — Mata-Souldat. — C.
Smaris mcena, Riss .
59. Osbeckii, Cuv. — Mata-Souldat. — As. C.
25. SMARIS.
60. Vulgaris, Cuv. — Vernièïra. — P. C.
61. Alcedo, Cuv. — Vernièïra. — C.
62. Chryselis, C. — Vernièïra. — C.
63. Gagarella, Cuv. — Vernièïra. — C.
64. Gracilis? Bp. — Vernièïra. — As. C.
TRAVAUX INÉDITS. 499
37. Capros.
81. Aper, Lacép. — Peï porc. — As. C.
VIII. T^NIOIDES.
38. Lepidopus.
82. Perronii, Riss. — Peï d'Artjen. — R.
Lepidopus argyreus?Cw.
39. Trachypterds.
83. Faix, Val.— Peï d'Artjen. — R.
84. Iris, Val. — Peï dArtjen. — R.
40. Bogmarus?
85. Aristotelis? Riss. — Peï d'Artjen. — R.
41. Cepola.
86. Rubescens, L. — Démouéïsèla. — As. C.
IX. Mugilides.
42. Mugil.
87. Cephalus, Cuv. — Cabot. — Tr. C.
88. Capito, Cuv. — Yol nègre. — Tr. C.
89. Auratus, Riss. — Gaouta-Roussa. — Tr. C.
90. Saliens, Riss. — . — M. C.
91. Chelo, Cuv. — Canûda. — C.
92. Labeo, Cuv. — . — As. C.
X. Athérinides.
43. Atherina.
93. Hepsetus, L. — Saouclet» — G.
94. Boyeri, Riss. — Tjol. — Tr. C.
95. Mochon? Val. — Tjol, Saouclet. — R.
XI. Gobi o ides.
44. Blennius.
96? Gattorugine, Willughb. — Bavousa?
97. Tentacularis, Raf. — Bavousa?
98. Ocellaris, L. — Lèbra, Diable. — Tr. C.
99. Inaequalis, Cuv., Val.
100? Montagui, Flemm. — Bavousa?
101. Pavo, Riss. — Bigouna? Caouquillada? Démouèïzèla.— t-
Blennius varus?, Bp.
102. Rouxi, Bp. — mm R.
498 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
VI. Squammipennes
26. Brama.
65. Rayi, Bloch., Schnd. — Castagnola. — Tr. R.
VII. SCOMBÉROIDES.
27. SCOMBER.
66. Scombrus, L. — Beïdat. — Tr. C.
67. Colias, Gm. — Gros-Yol, Biar. — R.
28. Thynnus.
68. Mediterraneus, Riss. — Thoun. — C.
Thynnus vulgaris, Cuv.
69. Thunnina, Cuv. — Thounina. — P. C.
Thynnus Leachianus, Riss.
70. Alalonga, Cuv. — Thoun. — R.
• 29. Pelamïs.
71. Sarda, Cuv. — Bounitou. — P. C.
30. XlPHIAS.
72. Gladius, L.—Peï empérûr. — As. C.
31. Naucrates.
73. Ductor, Cuv. — Fanfré. — As. C.
Centronolus conductor, Riss.
32. Lichia.
74. Amia, Cuv. — Litcha. R.
Lichia vadigo, Riss.
75. Glaucus, Cuv. — Litcha. — R.
Lichia glaycos, Riss. — Derbio, Rond.
33. Caranx.
76. Trachurus, Lacép. — Gascoun. — C
34. Centrolophus.
77. Pompilus, Cuv., Val. — . — R.
35. Stromateus.
78. Microchirus, Bp. — . — R.
36. Zeus.
79. Faber, L. — Gai, Peïsan Pierre. — Tr. C.
80. Pungio, Val. — Gai, Peï san Pierre. — As. C.
500 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
45. Clinus?
103? Argentatus, Cuv.
46. Gobius.
104. Niger, L. — Gobi.
105. Capito, Cuv. et Val. — Gobi. — As. C.
Gobius bicolor?, Riss.
106. Auratus, Riss. — Gobi. — As. C.
107. Jozo, L. — Gobi. — C.
Gobius nebulosus, Riss. (v. Nigra).
108. Longiradiatus, Riss. — Gobi. — C.
109. Quadrimaculatus, Cuv. et Val. — Gobi.
Gobius aphya, Riss.
110. Coloniauus, Riss. — Gobi. — C.
111. Cruentatus?, Gmel. — Gobi. — As. C.
47. Callionymus. »
12. Cithara, Cuv. — — As. C.
Callionymus maculatus, Bp.
Callionymus lyra, Riss.
113. Belenus?, Riss. —
XII. Lophioides.
48. Lophius.
114. Piscatorius, L. — Baoudroï. — Tr. C.
115. Budegassa, Bp. — Baoudroi. — C.
XIII. Labroides.
49. Labrus.
116. Miitus, Arted. — Roucaou, Roussignoou. ~ As. C.
Labrus pavo? Riss. 2 éd.
117. Trimaculatus, Gmel. — Roucaou. — As. C.
Labrus quadrimaculatus , Riss.
Labrus carneus, Ascau.
118. Turdus, L.— Parouquet, Roucaou. — C.
119? Luscus? L. — Roucaou. — C.
120? Viridis, L. — Roucaou. — As. C.
121. Meruh.L. - Roucaou. - C.
Vm Cœruleus, L. — Roucaou. — C.
TRAVAUX INÉDITS. 501
50. Crenilabrus.
123. Pavo, Cuv. et Val. — Rouraou, Pavou? — Tr. .
124. Melops, Cuv. et Val. — Clavieïra. -— As. C.
125. Massa? Riss. — Clavieïra. — As. C.
126. Sp. — — Clavieïra.
127. Sp. — — Clavieïra.
128. Sp. — — Clavieïra,
129. Sp. — — Clavieïra.
130. Sp. — — Clavieïra.
131. Sp. — — Clavieïra.
51. Ctenolabrus.
132. Sp. -
52. Coricus.
133. Rubescens?Riss. — Sublaïré. — R.
53. Julis.
134. Vulgaris, Cuv. et Val. — Tjirèla
135. Giofredi, Riss. — Tjirèla. — R.
136. Speciosa, Riss. Tjirèla. — T. R.
XIV. Fistulaires.
— R
54. Centriscus.
137. Scolopax, L. — Peï troumpeta. — As. C.
MALACOPT1ÎRYGIENS ABDOMINAUX.
XV. Esoces.
55. Belone.
138. Acus, Riss. — Agûia. — T. C.
56. SCOMBRESOX.
139. Roudeletii, Cuv. et Val. — — R.
Scombresox Camper ii, Lacép.
5J. Exocetus.
140. Volitans, L. — Peï voulan. — As. C.
141. Roudeletii, Cuv. et Val. — Peï voulan.
XVI. Salmonoides.
68. Argentina.
142. Sphyreua, Riss.— Peï cfArtjen. — C.
Argentina Cuvieri? Val.
502 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860/
XVII. Clupéoides.
59. Sardinella?
143. Aurita? Cuv. et Val. — Mèlèta, Blanqueta. — As. C.
60. Meletta.
144. Mediterranea, Val. — Mélela. — As. C.
Clupanodon phalerica? Riss.
61. Alausa.
145. Vulgaris, Val. — Alaousa. — As. C.
146. Pilchardus, Val. — Sarda, Sardina. — Tr. C.
Clupanodon sardina, Riss.
62. Engraulis.
147. Encrassicholus, L. — Antchoia. •— C.
MALACOPTÉRYGIENS SUBBRACHIENS.
XVIII. Gadoides.
63. Morua.
148. Capelanus, Riss. — Capélan. — Tr. C.
64. Merlucius.
149. Esculentus, Riss. — Merlan. — Tr. C.
150. Maraldi, Riss. — Merlan. — P. C.
65. Onos.
151. Mustella, Riss. — Moustèla. — C.
152. Maculata, Riss. — Moustèla. — C.
153. Fusca, Riss.— Mola, Moula. — C.
66. Phycis.
154. Gmelini, Riss. — Moula. — C.
67. Macrourus.
155. Caelorhynchus, Bp. — — Tr. R.
Lepidoleprus, Riss.
XIX. Pleuronectides.
68. Platessa.
156. Passer, Bp. — Plana. — Tr. C.
TRAVAUX INÉDITS. 503
69. HlPPOGLOSSDS.
157. Citharus, Riss. — Perpétra, Prêtre, — C.
Pleuronecles macrolepidolus, Bp.
158. Boscii, Riss. — Perpétra. — As. C.
Pleuronectes Boscii, Bp.
70. Rhombus. S
159. Maximus, Riss. et Bp. — Roun clavélal — C.
160. Lœvis, Bp. -Passar, Roun. - C.
Rhombus barbatus, Riss.
161. Unimaculatus, Bp. et Riss. — Roun... — R.
71. Pleuronectes.
162. Arnoglossus, Bp.
163. Grohmanni, Bp. — Perpétra. — As. C.
72. Solea.
164. Vulgaris, Riss. et Bp. — Sola, Palaïga. — Tr. C.
165. Lascaris, Riss. et Bp. — Verrûga. — As. R.
166. Mangilii, Bp. — Perpétra. — C.
Rhombus Mangilii, Riss.
XX. Discoboles.
73. Lepadogaster.
167. Balbis?Riss.
' 74. Echeneis.
168. Rémora, L. — — P. C
MALACOPTÊRYGIENS APODES.
XXI. Anguilliformes.
75. Anguilla.
169. Acutirostris, Riss. — stnguila fina. — C.
170. Latirostris, Riss. — Anguila coumuna. — C.
171? Mediorostris? Riss. —Anguila.
172. Var. vel sp. rubra, nob. — Anguila routja. — Tr. C.
Ht
76. Conger.
173. Vulgaris, Cuv. — Coungré. — C.
Conger verus, Riss.
174. Niger, Riss. — Coungré nègre. — C.
175. Mistax, Lacép. et Riss. — Démouèïzèla ? — C.
176. Myrus, Riss. — Démouèïzèla.
504 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
77. Ophisurus.
177. Serpens, Lacép. et Riss.— Sèr dé mar. — As. R,
78. MURENA.
178. Unicolor, Delar. — Murèna. — R.
179. Helena, L., Murèna.
79. Ophidium.
180. Barbatum,Bloch. — Dounzèla, Demouèïzèla.— As. G.
LOPHOBRANCHES.
XXII. Syngnathides.
80. Syngnathus.
181. Typhle, L. — Agûïa? — P. C.
182? Viridis, Riss. — Agûïa. — P. C.
183. Pyroïs, Riss. — Agûïa? — P. C.
81. Hippocampus.
184. Brevirostris?Cuv. — Tchival dé mar. — C.
185. Guttulatus, Cuv. — Tchival de mar. — C.
82. Scyphius.
186. Sp.
187. Sp.
PLECTOGNATHES.
XXIII. Gymnodontes.
83. Gephalus.
188. Orthagoriscus, Riss. — Mola. — P. C.
84. Balistes.
189. Lunulatus, Riss. — — R.
190. BuniYa, Riss. — — R.
85. Ostracion.
191. Sp. (junior). — Tr. R.
CHONDROPTËRYGIENS A BRANCHIES LIBRES.
XXIV. Sturioniens.
86. ACIPENSER.
192. Sturio, L. — Eslurtjoun. — As. C.
TRAVAUX INEDITS. 505
XXV. Chimerides.
87. ChiM/Era.
193. Monstrosa, L. — — Tr. R.
Chimœra méditer ranea, Riss.
CHONDROPTÉRYGIENS A BRANCHIES FIXES.
XX. SéVIlaciens (Squalides).
88. Scyllium.
19*. Stellare, L. — Cala rouquièira. — As. C.
195. Canicula, L. — Cala. Cala roussa. — Tr. C.
196. Albo-maculatum, Nob. — Cala. — R.
89. Carcharias.
197. Lamia, Riss. — Lamia, Requin. — As. C.
Car char adon lamia, Bp.
90. Squalus.
198. Glaucus, Bp. — Tchi blû. — As. C.
Carcharias Rondelelii, Riss.
91. Alopias.
199. Vulpes, Bp. — Peï espasa. — As. C.
Carcharias vulpes, Riss.
92. Galeus.
200. Canis, Bp. — Milandrè, Tchi. — P. C.
93. Mustelus.
201. Plebejus, Bp. — Missola. — C.
Mustelus stellalus, Riss.
202? Equestris, Bp. — Missola. — C.
94. Notidanus.
203. Griseus, Bp. — Bouca douça. — P. C.
95. Spinax.
t 204. Acanthias, Bp. — Agûïat. — C.
Acanthias vulgaris, Riss.
205. Blainviliei, Bp. — Agûïat. — M. C.
Acanthias Blainviliei, Riss.
96. Centrina.
206. Salviaui, Riss. et Bp. — Peï porc. — P. C.
2- sérib. t. xu. Aimée 1860. 33
506 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
97. SCYMNUS.
207. Lichia, Bp. — Litchq? — R.
Symnus spinosus, Riss.
98. Oxyrrhina.
208. Spallanïani, Bp. — — R.
99. Sphyrna.
209. Zygaena, Raf. — Peï lûna. — P. C.
Zygœna malleus, Riss.
100. Squatina.
210. Angélus, Dum. — Antjou. — R.
211. Oculata? Bp. — Anljou. — R.
XXVII. Raides.
101. Torpédo.
212 Narke, Riss. et Bp. — Galina. — R.
213. Galvaui, Riss. et Bp. — Galina. — C.
214. Marmorata, Riss. — Galina. — As. C.
102. Raia.
215. Clavata, L. — Clavêlada. — Tr. C.
Desybatis clavata, Bp.
216. Balis?, Bp. — Pélousa. — C.
217. Asterias, Bp. et Riss. — Pélousa. — Tr. C.
218. Fullonica, Bp. — Clavêlada. — P. C.
219. Oculata, Riss. — Clavêlada. — P. C.
220. Marginata, Lacép. — Miraïet, Fumai? — As. C.
221. Miraletus, L. — Miraïet. — As. C.
222. Quadrimaculata?, Bp. — Pélouzèta. — P. C
223. Bicolor? Riss. — Fumât. — R.
224. Macrorhynchus, Bp. — Fumai. — As. C.
Raia oxyrhynchus, Riss.
225. Oiyrhynchus, Bp. — Capoulchin. — As. C.
Raia rosir ata, Riss.
226. Mosaica, Lacép. et Riss. — Rlanquela. — P. C.
Raja r adula? Bp.
103. Trygon.
227. Pastiuaca, L. — Paslènaga. — P. C.
104. Myliobatis.
228. Aquila, Bp. — Mourina, Aiqla dé mar. — As. C.
229. Noctula?, Bp. — Mourina, Aiqla de mar. — As. C
TRAVAUX INÉDITS. 507
XXVIII. Suceurs ou Cyclostomes.
105. Petromyzon.
230. Marinus, L. — Lamproïa. — As. C.
100. Branchiostoma.
231. Lubricum, Costa.
IX.
Maintenant que nous avons énuméré les espèces qui, à
notre connaissance, fréquentent la côte où s'effectuent nos
recherches, pour terminer ce travail élémentaire il nous
reste encore à dire quelques mots au point de vue de l'uti-
lité générale, et, sans vouloir traiter à fond des ques-
tions d'aussi haute importance, nous nous permettrons
d'exposer rapidement certaines de nos idées, les soumet-
tant à l'appréciation des hommes savants et pratiques qui
s'occupent du même sujet, et dont nous serions surtout
heureux d'obtenir l'approbation.
Nous avons dit, dans notre premier paragraphe, en
parlant des poissons, « les masses trouvent en eux une
partie de leur alimentation : » cela est très-vrai , mais
ce qui est malheureusement aussi une vérité, c'est que,
sur les côtes françaises de la Méditerranée, le nombre de
ces êtres utiles n'est plus en rapport avec les besoins tou-
jours croissants de la consommation , si bien que l'on y
supplée aujourd'hui, sur nos marchés, à l'aide de poisson
qui arrive des ports de l'Océan, et principalement de
Bayonne. Aussi, depuis plusieurs années, les prix de cette
denrée, dans nos ports de mer, sont le plus souvent ina-
bordables pour la masse, et subissent de temps à autre
une nouvelle hausse, après laquelle ils redescendent rare-
ment au taux précédent.
Deux causes amènent ce résultat : l'accroissement rapide
de l'importation de la marée dans l'intérieur, depuis l'ou-
verture des lignes de chemin de fer, et la diminution très-
sensible du poisson sur nos côtes. De ces deux causes, la
première est irrémédiable, et, loin d'être à regretter, elle
devient une nouvelle source de prospérité pour les popu-
lations maritimes; c'est donc de la seconde seulement que
508 rev. et mag. de zoologie. {Novembre 1860.)
nous nous occuperons, comme de la seule qu'il soit pos"
sible de combattre efficacement.
Pour quiconque a pu étudier, dans les ports du Lan-
guedoc ou de la Provence, la question que nous traitons,
il est facile de trouver le principe du dépoissonnement
dans le défaut de réglementation de la pêche sur toute
l'étendue de notre arrondissement maritime, et, par suite,
dans la pratique immodérée et inintelligente qu'on y a faite
de ce genre d'industrie. Il suffit d'assister une fois à la ma-
nœuvre de ce qu'on nomme les bateaux-bœufs, pour se con-
vaincre de tout le mal que doit faire un pareil mode de
pêche. Voici comment on procède : deux bateaux d'assez
fortes dimensions, munis de voiles latines, se rendent,
suivant le temps, à une, deux, trois lieues et souvent plus
au large; là, ils immergent un filet d'une étendue variable,
mais toujours fort grande, garni de plombs en bas et de
lièges en haut , de telle sorte qu'il soit maintenu déployé
et perpendiculairement sur toute sa longueur; chaque
bateau, tenant un des bouts du filet au moyen d'une corde
de cinq à six cents brasses de long , met à la voile, et ils
traînent ainsi le filet au fond de l'eau pendant une,
deux, trois heures, c'est-à-dire jusqu'à ce que le patron
juge que la pêche est suffisante. Il tombe sous les sens que,
pendant le trajet, cet engin entraîne avec lui tout ce qu'il
rencontre au fond de la mer sur toute son étendue, et avec
d'autant plus de facilité que, à mesure que les herbes,
les fucus, la vase et autres corps s'y accumulent, les
mailles s'obstruent et finissent par ne plus laisser passage
à aucun objet ; qu'on se figure donc les dégâts qu'occa-
sionne ce genre de pêche, exercé journellement sur une
étendue de quelques lieues seulement, par plus de cent ba-
teaux du port de Cette, et autant d'Agde, de Palavas, etc.,
pour ne pas nous étendre au delà de nos environs. Mol-
lusques de toutes dimensions, zoophytes, crustacés, pois-
son, fretin, frai, tout est entraîné à la fois, et le mal devient
bien plus grand encore dans la saison de la reproduction ;
TRAVAUX INÉDITS. 509
aussi regardons-nous comme une excellente chose la
suppression complète de cette pêche pendant les trois
mois où le poisson est supposé frayer dans nos parages :
cette mesure figure dans le règlement de pêche qui vient
d'être adopté pour notre arrondissement, et qui est dû
en grande partie au zèle éclairé de M. Filleau, commis-
saire de marine à Cette (1).
Mais, bien que nous regardions l'article du nouveau
règlement comme un premier et excellent pas fait en vue
du repeuplement, nous sommes loin de croire que l'on
arrive, simplement en protégeant la ponte naturelle, à
rendre à nos rivages l'abondance d'autrefois : le résultat
pourrait être, tout au plus, de maintenir l'état actuel sans
diminution nouvelle, et encore cela nous paraît-il peu
probable, car, avec l'immensité du commerce de la ma-
rée , tout poisson se trouvant utilisé , quelle que soit sa
grosseur, il en résulte qu'une très-grande quantité de ces
êtres sont détruits avant même d'avoir atteint l'âge de la
reproduction ; or, lorsque l'on veut anéantir une race
animale, ce n'est pas en immolant les pères et mères, sans
s'inquiéter des enfants, qu'il faut procéder; bien au con-
traire, en commençant par la progéniture, on est sûr d'en
arrêter, au bout de peu de temps , l'essor, la loi naturelle
de la vieillesse et de la mort se chargeant d'agir sur les pre-
miers. C'est là ce qui arrive pour les poissons, et ce que
nous regardons comme la plus active des causes du dé-
poissonnement de notre littoral.
Description de Coléoptères nouveaux d'Algérie,
par A. Chevrolat (1).
69. Bagous septemcos talus, terreus ; oculis, antennis tarsisque bre-
vibus, peuultimo articulo bilobo, nigris ; thorace latitudine , vil
longiore antice reflexo, arcte coustricto posticcque recto, late-
(1) M. Filleau est aujourd'hui chef du bureau des pêches au mi-
nistère de la marine.
(t) Voir la Rev. et Mag. de zoologie, 1859, p. 298 à 304 , 380 à
389 ; 1860, p. 75 à 82 , 128 à 137, 208 à 212, 269, 302, 409, 448, 509.
510 kev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
ribus modice rolundatis, supra convexo, inajquali, foveolato, atque
reticulato, sulco longitudinali , striga laterali , maculis duabus
dorsalibus obscuris angulo postico breviter acute reflexo; elytris
costis 7, nigris fuscoqueinterjectis. — L., 2 3/4 m.; 1., 3/4 m.
Terreux. Tête subtriangulaire, convexe, inégale, ru-
gueuse. Trompe un peu plus épaisse et arrondie en des-
sus sur la base, amincie à l'extrémité, arquée. Antennes
insérées en avant du milieu, à scapus (le reste manque).
Yeux et tarses noirs. Corselet inégal, fovéolé et couvert de
réseaux dorsaux, à peine plus long que large, relevé sur
son bord antérieur, transversalement resserré de là,
droit aux extrémités; sillon longitudinal assez profond;
une strie étroite, costulée en dehors, sur chaque côté ;
ceux-ci sont régulièrement arrondis; deux taches dor-
sales, allongées, noirâtres. Elytres avec la suture élevée
et 3 côtés par étuis; marquées de petites lignes noires,
qui sont interrompues et entremêlées de fauve. Corps à
ponctuation espacée.
Deux exemplaires, pris sous une pierre, aux environs
d'Alger, dans la saison d'hiver, m'ont été envoyés par
M. Poupillier.
70. Ceuthorhynchus pratensis, simillimus C. campestri, H., S.,
subquadratus, supra griseo-fusco alboque signatus et variegatus,
Jeucophaeus infra ; femoribus cinereis , fusco annulatis, subtus acute
dentatis, tibiis pallidioribus, tarsis ferrugineis, unguiculis sim-
plicibus; thorace transverso, autice reflexo, atteuuato et coustricto,
bituberculato, lineis tribus albidis, inedio sulcato maculis duabus
nigris; elytris modice rotundatis, subparallelis, sutura auguste
alba ; striga média nigra, antice ramulum circumflexum emittente
ad fasciolam lateralem ( formata punctis 4 aut 5 albis) ductam ,
versus basin, médium et apicemguttulis aliquot nigris transverse
positis, fascia subapicali obliqua et albida ; striis distincte punc-
tatis. — L., 2 1/3, 1/2 m.; 1., 1 1/2 m.
Mêmes taille, grosseur, distribution des dessins et des
couleurs que chez le C. Campextris ; mais il est relative-
ment plus carré et plus parallèle que n'est cette espèce,
et il s'en distinguera de suite par la suture, dont le trait
noir est de même largeur en dessus et en dessous que la
SOCIÉTÉS SAVANTES. 511
ligne blanche, tandis que, dans le Campestris, ce trait
forme un T renversé. Il paraît se rapprocher aussi d'un C.
Molitor, S., qui n'aurait qu'une seule ligne dorsale blanche
au corselet. Gris ou brun en dessus, blanchâtre en des-
sous. Tête arrondie, déprimée en avant. Trompe un peu
plus longue que le corselet, noirâtre, cylindrique. An-
tennes brunes, à funicule seul ferrugineux. Yeux noirs,
cachés en partie sous le lobe. Corselet cendré ou bru-
nâtre, transverse, aminci, abaissé sur son bord et trans-
versalement comprimé peu après; anguleux en avant du
milieu; coupé droit jusqu'à l'élytre; 3 lignes longitudi-
nales blanchâtres ; médiane sillonnée; 2 taches anguleuses
noires près la base Elytres grises ou brunes, à suture
étroitement blanche, offrant un trait noir au centre ; de
l'écusson part un trait blanc, oblique, circonflexe, qui est
presque lié à une bande latérale (formée de k à 5 petites
gouttelettes blanches contiguës) ; dans un interstice plus
clair sont quelques points noirs placés sur une ligne
transverse, peu après la base; une autre au-dessous de la
bande latérale, et enfin une 3e près du sommet. Vers cet
endroit une sorte de bande blauchàtre oblique. Patte*
cendrées, annelées de brun ; jambes pâles; tarses ferrugi-
neux.
Deux exemplaires, pris aux environs d'Alger, m'ont été
envoyés par M. Poupillier.
II. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
Séance du 5 novembre 1860. — M. Pasteur donne lec-
ture de la suite de ses travaux «tir les générations dites spon-
tanées.
Séance du 12 novembre 1860. — M. E. Blanchard lit un
Travail intitulé, Des modifications dans la conformation du
cœur chez les Oiseaux.
Dans ce travail, le savant anatomiste démontre que,
512 rev. et mag. de zoologie. {Novembre 1860.)
chez les Oiseaux, le cœur est en rapport avec la nature
de la locomotion , ce qui confirme ce que les zoologistes
croyaient savoir par l'étude de l'ensemble de l'organisa-
tion et des mœurs de ces Animaux.
M. Milne-Edwards présente, au nom de M. Hesse, deux
tubes dans lesquels se trouvent renfermés
1° Plusieurs embryons de Caliges fixés à leur mère par
une expansion membraneuse ;
2° Huit ou dix embryons de Trébies également fixés»
par une expansion menbraneuse, sur les branchies d'un
Gade.
« Ces faits matériels, dit M. Hesse dans sa lettre d'envoi,
confirment la curieuse découverte que j'ai faite et que j'ai
consignée dans le mémoire que j'ai adressé, à ce sujet, à
l'Académie, et qui a pour titre Des moyens singuliers à
l'aide desquels certains Crustacés parasites assurent la con-
servation de leur espèce pendant la phase embryonnaire. »
M. Milne-Edwards présente une Note de M. le profes-
seur Moleschott, de Zurich, sur la structure des follicules
pileux du cuir chevelu de l'Homme, et des préparations
anatomiques qui, examinées au microscope, montrent la
plupart des dispositions organiques indiquées par l'au-
teur.
M. le secrétaire perpétuel présente , au nom de l'auteur,
M. Isaac Lea, une nouvelle partie du travail de ce na-
turaliste sur le genre Unio. Dans cette dernière publica-
tion se trouvent, avec la description de plusieurs espèces
restées jusqu'ici inconnues , des remarques sur les formes
embryonnaires dans la famille des Unionides.
Séance dw 19 novembre 1860. — M. Pappenheim adresse
une Note concernant le rapport de la présence des Vers dans
les poumons tuberculeux avec l'apparition des Trichosomes
dans la vessie ur inaire.
M. Guérin-Méneville présente une Note intitulée, Hy-
bride du Bombyx grand Paon et du Bombyx moyen Paon.
Lettre de M. Guérin-Méneville à M. Flourens.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 513
Monsieur, vous avez déjà accueilli avec bienveillance,
en 1858, la note que j'ai eu l'honneur de vous adresser
sur l'hybridation des Vers à soie du ricin et du vernis du
Japon. Aujourd'hui j'ose réclamer une faveur semblable
pour un fait analogue, quoique moins complet; je viens
vous prier de vouloir bien présenter à l'Académie des
sciences un métis produit par l'union du Bombyx grand
Paon {B. pavonia major, Lin., B.piri, Borkh., etc.), et du
Bombyx moyen Paon [B. pavonia média, Fabr., B. spini,
Borkh., etc.).
Ce qui rend ce fait moins complet, c'est que l'observa-
tion n'en a pas été suivie de manière à faire savoir si
ces métis sont féconds, comme ceux que j'ai obtenus du
Bombyx cynthia et arrindia, en sorte que mon observation
demeure toujours la seule réellement complète dans son
genre, relativement à la grande classe des Insectes, que
j'étudie depuis trente-sept ans.
Depuis longtemps je m'occupe de la question des hy-
brides chez les animaux articulés, mais j'attendais toujours
de nouveaux faits, mieux observés que ceux que j'ai
trouvés mentionnés dans les auteurs, pour réunir mes ma-
tériaux et les publier. Les ayant communiqués à mon
savant ami M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, il m'a fait
l'honneur de les citer dans son excellente Histoire naturelle
générale des règnes organiques (t. 3, p. 185), ce qui me
dispense de reproduire ici la trop courte liste de ces
faits.
Celui que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à
l'Académie est venu à ma connaissance d'une manière
assez vague, et je n'en aurais pas fait l'objet d'une com-
munication si je n'en avais eu que le simple avis; mais,
comme j'ai reçu la preuve matérielle de ce que j'avance,
et que l'on peut voir les sujets provenant de cette nou-
velle hybridation, j'ai pensé qu'il était utile d'en entre-
tenir un instant l'Académie.
Ces métis ont été obtenus en Allemagne par une per-
51 k rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
sonne qui fait le commerce des Lépidoptères, mais dont
je n'ai pu savoir ni le nom ni la demeure; ils proviennent
de l'union d'un mâle grand Paon avec une femelle moyen
Paon, dont la ponte a été l'objet d'une éducation faite,
par ce marchand, en vue d'obtenir ces métis qu'il vend
sur le pied de 40 francs pièce.
Il est fâcheux que ce fait se soit trouvé entre les mains
d'une personne qui n'a en vue que le commerce, car il est
probable que tous les métis obtenus ont été tués et pré-
parés pour être vendus, et qu'on n'a pas songé à s'assurer
si ces métis sont féconds. Tout ce que j'ai pu apprendre
de la personne (M. de Lorza) qui a bien voulu me confier
les sujets que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui, c'est
que son correspondant a obtenu infiniment plus de mâles
que de femelles, et que les quatre ou cinq individus en-
voyés à Paris étaient des mâles.
En examinant ce nouveau métis comparativement avec
les deux espèces dont il provient, on voit qu'il tient plus
de la mère que du père par sa coloration générale, et
qu'il tient des deux espèces par sa taille intermédiaire. Il
a pris à son père ses antennes, plus blondes et plus effi-
lées que celles du mâle du moyen Paon, la coloration plus
foncée de la base de ses ailes; mais il tient de sa mèr<
une couleur plus grisâtre, une place blanche dans laquelle
est placée la tache ocellée des ailes supérieures, les bandes
blanches de son abdomen, et beaucoup d'autres carac-
tères que je m'abstiens de mentionner ici, pour ne pas trop
allonger cette note, mais que l'examen des sujets montre
suffisamment.
Déjà j'avais trouvé, dans les auteurs, une vague men-
tion de l'hybridation des deux Bombyx moyen Paon et
petit Paon (B. fipini et carpini); mais cette observation,
faite en Allemagne par Treitschke, est demeurée très-
incomplète, puisque son auteur dit n'avoir eu que trois
Chenilles métisses qui ont filé des cocons dont il n'a ob-
tenu aucun résultat.
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 515
Je vais faire des démarches pour essayer d'avoir
quelques détails sur le fait intéressant que je signale au-
jourd'hui, et qui a été aussi l'objet d'une récente commu-
nication , faite par M. Bellier de la Chavignerie, à la So-
ciété entomologique de France.
Veuillez agréer, etc.
Séance du 26 novembre 1860. — M. A. Gaudry fait con-
naître les résultats des fjuilles exécutées en Grèce sous les
auspices de l'Académie.
Les ossements fossiles qu'il a recueillis sont au nombre
de mille environ. Il présente aujourd'hui quelques osse-
ments gigantesques qu'il présume appartenir au plus
grand Mammifère terrestre du monde ancien , au genre
Dinotherium. D'autres ossements d'un Ruminant gigan-
tesque appartenant à l'animal que MM. Lartet et Gaudry
avait appelé Girafe de Duvernoy lui ont paru assez dis-
tincts pour notiver la formation d'un nouveau genre qu'il
appelle Helladotherium.
111. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Specimina zoologica mosambicana , cura Josephi Bianconi.
— Fasc. XIII, in-4, fig., Bononiœ, 1850.
Ce fascicule, qui nous est parvenu dernièrement, con-
tient la description de plusieurs Poissons trouvés, par
M. Fornasini, sur les côtes de Mosambique ; le savant
M. Bianconi, en les étudiant, a trouvé deux espèces nou-
velles qui sont :
1° CulUonymus pereleguns, qu'il décrit ainsi :
C. pinna dorsali autieaelata radiis setiformibussubaequalibus : postica
duplo raajori. Spina operculari mediocri , duabus minimis ad
basim adiectis. Osculo branchiali supra operculo posito.
2° Eleotris Fornasini.
E. capite depressissimo, maxilla iuferiori productiore, naribus auticis
lobulo carneo prajditis. Colore brunneo-griseo, ventre dilutiore.
Les autres espèces sont déjà décrites ; ce sont
516 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
Scorpœna aurita, Ruppel ;
Serranus flavo-guttalus, Peters;
Chironectes lophotes, Cav.;
Serranus salmonoides, Cuv.;
Amphacanthus siganus, Rupp.;
Caranx speciosus, Forsk.;
Aulostoma chinensis, Lin.;
Anabas scandens, Cuv.
M. Bianconi donne, en outre, la description d'un Gly-
phisodon qu'il croit nouveau, mais auquel il n'ose donner
un nom spécifique , manquant de renseignements suffi-
sants pour se prononcer définitivement. (G. M.)
Les Lépidoptères de la Belgique , leurs Chenilles et
leurs Chrysalides, décrits et représentés en dessins ori-
ginaux d'après nature, par Ch. F. Duhois, — gr. in-8,
fig. color., — liv. 1 à 10. — Bruxelles, 1859 et 1860.
Tout en continuant sa belle collection ayant pour titre,
Planches coloriées des Oiseaux de la Belgique et de leurs œufs,
M. Dubois a entrepris un travail semblable sur les Lépi-
doptères de son pays.
Dans cet ouvrage, qui formera, pour ainsi dire, ui
album en trois volumes, on trouvera la figure exacte et
très-bien coloriée de tous les états des Papillons de h
Belgique, œufs, Chenilles, Chrysalides, cocons et Insectes
parfaits des deux sexes.
Ce qui rend encore ce travail plus intéressant, c'est que
le végétal principal sur lequel vivent les Chenilles est
aussi représenté d'une manière très-exacte et très-pitto-
resque, en sorte que chacune des planches publiées pai
M. Dubois peut être regardée comme un joli petit tableau
représentant toute l'histoire des êtres les plus gracier
et les plus variés de la création.
Cet ouvrage , publié par livraison de trois planches co-
loriées accompagnées de leur texte , formera trois beauj
volumes. Ce texte est composé de pages isolées qui sui-
MÉLANGES ET NOUVELLES. 517
vent les planches , ce qui permettra d'adopter la classifi-
cation que l'on préférera. Il porte le nom de chaque es-
pèce en quatre langues, une synonymie, une notice géo-
graphique indiquant les localités auxquelles appartient le
Papillon, l'époque de l'apparition de la Chenille et du
Papillon, avec les particularités connues de leurs mœurs,
l'indication des diverses espèces de végétaux dont les Che-
nilles se nourrissent, etc.
Quand l'ouvrage sera plus avancé, à la fin du premier
volume, M. Dubois fera paraître une table systématique
qui servira à indiquer le classement des planches et de
leur texte, et la description de chaque genre sera accom-
pagnée de figures noires offrant les caractères génériques
grossis.
Comme la faune de la Belgique est à peu près la même
que celle de l'Europe tempérée, on peut dire que cet ou-
vrage tiendra lieu d'une faune lépidoptérologique d'Eu-
rope : il sera aussi d'un grand intérêt pour les agriculteurs,
en leur faisant bien connaître les espèces qui nuisent à
leurs cultures.
Ajoutons, en terminant, que le prix modéré de chaque
livraison (2 fr. 50) rend cet ouvrage, comme celui que
M. Dubois publie sur les Oiseaux de La Belgique, accessible
à toutes les bibliothèques. (G. M.)
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
M. Bliïcker, savant zoologiste de Java, vient d'arriver
en Europe , où il apporte de grandes richesses zoologi-
ques. Ainsi que nous l'avons dit (1858, p. 155), ce savant
infatigable a enrichi , avec la plus grande générosité, le
muséum d'histoire de Paris d'une foule d'objets rares pro-
venant de ses explorations dans les possessions néerlan-
daises de l'archipel indien, ce qui lui a valu déjà le titre
officiel de correspondant du muséum. Ses nombreux et
importants ouvrages ont été signalés souvent à nos lec-
518 rev. et mag. de zoologie. [Novembre 1860.)
teurs, et ils marquent sa place parmi les savants qui ont
rendu le plus de services aux progrès de la zoologie.
En passant par Paris, M. Blecker nous a annoncé qu'il
avait expédié en Hollande beaucoup de collections re-
cueillies dans les riches contrées qu'il vient de quitter, et
qu'il avait l'intenlion d'en faire part à la France en en
offrant une grande partie à notre collection nationale. 11
nous a montré aussi son admirable album de dessins
de tous les Poissons des pays qu'il a explorés, dessins
faits d'après la nature vivante ou fraîche, et faisant con-
naître les vraies et magnifiques couleurs de ces Animaux,
que l'on ne connaît généralement que par des cadavres
décolorés. Cet atlas, formant plusieurs milliers de grandes
planches in-folio, est un véritable monument zoologique.
M. Blecker a l'intention d'en faire l'objet d'une publica-
tion pour laquelle il sera aidé par son gouvernement.
Galles souterraines du chêne.
Le 5 novembre 1860, M. le maréchal Vaillant m'a
montré, à l'Institut, plusieurs corps arrondis qu'il avait
trouvés dans la terre, au pied d'un chêne, dans le bois de
Vincennes, corps qu'il regardait, avec raison, comme
étant des galles. Comme il me faisait aussi l'honneur
de me consulter à ce sujet, et que je partageais son opi-
nion, il a fait ouvrir une de ces galles dont il est sorti un
Insecte parfait vivant, ressemblant à une grosse Fourmi
à ventre globuleux, que j'ai de suite reconnu pour être
le Cynips aptera, Fab.
J'ai fait quelques recherches dans les auteurs, pour voir
si l'on connaissait la galle dans laquelle se développe ce
Cynips aptera, mais je n'ai rien trouvé. Jusqu'à présent
on ne connaissait, comme formée sous terre, ou, pour
être plus exact, se formant à fleur de terre, que la galle
du Cynips quercus radicis, Fabr., dont parle Réaumur
(t. 3, p. 455).
MELANGES ET NOUVELLES. 519
La découverte faite par M. le maréchal semble donc un
fait nouveau pour l'entomologie, qui devra à l'esprit émi-
nemment observateur de ce savant l'histoire de l'espèce
la plus singulière du groupe des Cynips, de ces producteurs
la noix de galle, qui sert à faire les meilleures teintures en
noir et l'encre avec laquelle on écrit tant de bonnes choses
dans presque tout l'univers.
Tous les ans j'observe, dans le midi de la France (dé-
partements des Basses- Alpes et du Var), une singulière
galle de chêne qui offre la forme dune sorte d'étoile rose
couverte de glu. Après l'avoir cherchée en vain dans plu-
sieurs auteurs, et surtout dans Réaumur, si riche en ob-
servations de ce genre, je n'avais rien trouvé relative-
ment à cette remarquable espèce; mais, en étudiant enfin
l'article Diplolèpe de l'Encyclopédie méthodique, je vois
qu'Olivier indique l'Insecte qui produit cette galle sous le
nom de Diplolèpe de la galle en parasol (Dipl. umbraculus).
Cette espèce, dit-il , vient d'une galle de chêne raboteuse,
surmontée d'une espèce de chapeau ou parasol denté tout
autour. Toute la galle est rougeâtre et enduite d'une es-
pèce de glu. M. Danthoine, qui m'a envoyé de Manosque
la galle et l'Insecte, a observé que la galle, quoique assez
grosse, ne contient qu'un Insecte logé à la jonction du
parasol avec le restant de la galle.
C'est précisément dans les environs de Manosque et au
printemps que j'observe cette curieuse production depuis
dix ans. Parmi le grand nombre de ces galles que j'ai pu
étudier chaque année, j'en ai trouvé qui avaient deux et
quelquefois trois de ces disques étoiles et en parasols su-
perposés.
Le Ver a soie de l'ailante.
A la suite de l'insertion, au Moniteur du 19 novembre
1860, de mon Rapport à S. M. V Empereur sur les travaux
.' nt repris par ses ordres pour introduire en France et en
520 rev. et mag. de zoologie. (Novembre 1860.)
Algérie le Ver à soie de V allante (1), presque tous les jour-
naux de Paris et des départements ont entretenu leurs
lecteurs de ce fait d'entomologie appliquée, soit en re-
produisant mon rapport, soit en l'analysant, et il a même
paru sous cette forme dans le Moniteur des communes du
jeudi 22 novembre 1860, n° 47, p. 401.
Je ne saurais trop remercier MM. les directeurs de ces
journaux, qui ont bien voulu spontanément me seconder
dans l'œuvre d'intérêt général à laquelle je consacre, de-
puis longtemps , tout mon temps et toute ma sollicitude,
et je dois un témoignage tout particulier de gratitude à la
Patrie, qui, dès le 18 juin, avait généreusement pris l'ini-
tiative. En donnant à mes travaux le puissant secours de
leur immense publicité, ils ont montré, une fois de plus,
que la grande presse comprend toute l'importance de sa
belle mission, qui consiste aussi à favoriser le développe-
ment de l'industrie agricole et manufacturière de notre
pays. Guérin-Méne ville.
(1) Le Rapport à l'Empereur forme une brochure in-8 de 100
pages, du prix de 3 fr. 50, envoyée franco pour toute la France.
11 paraît aussi, comme complément à eet ouvrage, un petit guide
intitulé , Education des Vers à soie de Vailante et du ricin, et
culture des végétaux qui les nourrissent, 1 vol. iu-12 de 72 pages.
Prix, envoyé franco en France, 1 fr. 50.
TABLE DES MATIERES.
Page
Loche. — Description de deux nouvelles espèces du genre
Dauphin. 473
H. de Saussure. — Note sur quelques Mammifères du Mexi-
que. 479
N. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés
à Cette. 494
A. Chevrolat. — Coléoptères nouveaux d'Algérie. 509
Académie des sciences. 511
Mélanges et nouvelles. 517
PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5.— 1860.
VINGT-TROISIÈME ANNÉE. — DÉCEMBRE 1860.
I. TRAVAUX INÉDITS.
Catalogue des Poissons recueillis ou observés à Cette,
accompagné de notes explicatives et de quelques idées
sur la pisciculture marine , par M. N. Doumet. (V. p. 299
et 355, 405.)
Mais, nous répondra-t-on , chacun de ces êtres pond
à lui seul une quantité d'oeufs que Ton peut évaluer
par centaines de mille ou même par millions, et con-
séquemment, quelque peu qu'il en échappe aux filets, cela
devrait suffire, et au delà, au réempoissonnement. C'est
là une grande erreur qui se réfute d'elle-même, car la na-
ture n'a rendu les poissons si féconds qu'en vue du grand
nombre d'ennemis qu'elle leur a donnés, à eux, et surtout
à leur progéniture : en péchant une sole, par exemple,
au moment de la fraie, ce n'est plus un seul être, ni même
une vingtaine d'embryons que vous détruisez, comme on
le fait en tuant un oiseau à l'époque de la ponte, ce sont
au moins 300,000 œufs, par conséquent 300,000 poissons
qui se trouvent anéantis; or les œufs des poissons n'exis-
tent pas seulement dans le corps de la mère ; ces œufs,
une fois déposés, restent sous cette forme pendant un laps
de temps assez considérable, sans garde aucune, livrés à
leurs ennemis, aux autres poissons, qui les dévorent par
centaines de mille, et nous croirons être encore au-dessous
de la vérité, si nous avançons qu'en moyenne, sur un mil-
lion d'œufs déposés au fond des eaux, il n'y en a peut-être
pas mille qui arrivent à l'éclosion, et que, sur ces mille
petits poissons résultant d'un million d'œufs, près des trois
quarts deviennent encore la proie de leurs ennemis avant
d'avoir atteint l'âge de reproduction.
*2 sÉRiB. t. ui. Année 1860. 34
522 rev. et mag. de zoologie. [Décembre 1860.)
La nature équilibre toujours deux grands principes, la
production et la destruction, et Ton peut être certain, que
là où l'un des deux paraît exagéré, l'autre se trouve dans
des conditions analogues; ainsi l'a-t-elle fait pour les
poissons, empêchant l'encombrement des mers par de
puissants moyens de destruction, tout en réservant la
quantité nécessaire à la conservation de l'espèce. Mais la
civilisation , qui est presque partout la perturbation de la
nature , a détruit son équilibre en augmentant sans cesse
le principe de destruction, sans s'inquiéter de celui de la
production ; c'est ce qui est arrivé à l'égard des poissons
dans le golfe du Lion , et , pour remédier au mal , il n'est
qu'un moyen , celui de rétablir artificiellement l'équilibre
entre les deux principes, en faisant de la pisciculture ma-
rine, comme on fait de la pisciculture d'eau douce, comme
onfaitdel'ostréoculture. Malheureusement, la science n'est
pas aussi avancée sur l'ichthyologie marine que sur celle
des eaux douces, car, si l'on connaît les formes d'une grande
partie des espèces qui peuplent les mers, leurs mœurs sont
encore à peu près ignorées; à l'appui de ce que nous
avançons, nous ne citerons qu'un seul fait, l'ignorance
presque complète des lieux où s'effectue la ponte de la
plupart d'entre elles. On trouve bien, il est vrai, quelques
renseignements épars dans divers auteurs sur l'époque et
le lieu de la fraie de quelques-uns de ces animaux , ainsi
que sur les formes de leurs œufs, mais ce ne sont guère que
de vagues connaissances, et, si l'on demandait à quelque
ichthyologiste de déterminer les œufs des espèces, même
vulgaires, des poissons de mer, comme on le fait pour
la truite et le saumon entre autres, il serait, nous le
croyons, fort embarrassé. Cette partie de la science a donc
besoin d'être sérieusement étudiée, et nous pensons qu'il
serait bon, pour remédier à cet état de choses, de s'adres-
ser aux nombreux naturalistes qui habitent les bords de
la mer, et qui sont à portée de faire des observations sui-
vie» et sérieuses ; on obtiendrait ainsi des résultats qu'il
TRAVAUX INÉDITS. 523
est impossible d'attendre de missions temporaires confiées
à des savants de l'intérieur, quelque incontestables que
soient, du reste, leurs vastes connaissances.
X.
En jetant les yeux sur une carte du golfe du Lion, on
est frappé de la quantité de lagunes dont il est bordé : ce
sont ces lagunes ou étangs salés qui, à notre avis, donnent
un moyen sûr et facile de mettre la quantité du poisson
au niveau des exigences de la consommation , en même
temps qu'elles peuvent aider au réempoissonnement des
côtes dépeuplées par l'abus inintelligent de nos pêcheurs.
Rien de plus facile, en effet, que d'utiliser ces réser-
voirs naturels qui communiquent tous avec la mer par de
simples goulots ou graus (réservoirs déjà poissonneux par
eux-mêmes, mais soumis aux mêmes causes d'épuisement
que la mer) en y lâchant des myriades de petits poissons
venus artificiellement, et que l'on aurait préservés ainsi
des causes de destruction auxquelles ils sont exposés pen-
dant les premiers âges.
Pour arriver à cela , il suffirait de créer un établisse-
ment semblable à celui d'Huningue, dans lequel on fécon-
derait artificiellement par millions les œufs des poissons
les plus propres à l'alimentation , tels que le Loup de la
Méditerranée ou Bar de l'Océan (Labrax lupus), les Muges,
les Rougets, les Grondins, les Soles, les Sciènes et tant
d'autres, qui formeraient une liste beaucoup trop longue
si nous voulions les citer tous. Une fois ces œufs fécondés,
ils seraient distribués dans toutes les localités qui pos-
sèdent des étangs salés; là on les ferait éclore par les
procédés reconnus les meilleurs, et, une fois conservés et
nourris le temps suffisant dans des bassins disposés à cet
effet, ils seraient lâchés tout uniment dans des lagunes
dont on réglerait la communication avec la mer, et dont
on interdirait la pêche jusqu'à ce qu'ils eussent acquis un
certain développement.
On conçoit que cette opération , pratiquée, chaque année,
524. rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
sur des étangs nouveaux, pendant que les premiers seraient
livrés aux pêcheurs, créerait une source continue et, pour
ainsi dire, inépuisable à la consommation, et cela sans
beaucoup de peine, puisque, une fois soustraits à leurs
nombreux ennemis, les œufs des poissons peuvent parvenir
presque tous àl'éclosion, et qu'ainsi chaque individu traité
dans l'établissement donnerait, à lui seul, des centaines
de mille petits poissons.
Mais, pour arriver à un tel résultat, il importe de com-
mencer par acquérir des connaissances nouvelles et pré-
cises sur les mœurs des poissons marins, et surtout des
espèces vulgaires; aussi nous ne doutons pas que le savant
embryogéniste auquel on doit, entre autres choses utiles,
la régénération des huîtrières épuisées et la création de
plusieurs bancs nouveaux n'attire l'attention du gouver-
nement sur ces études à la fois utiles et intéressantes, et
qui, sans doute, faute de moyens suffisants, paraissent
avoir été négligées jusqu'ici par les naturalistes. Nous ter-
minons donc notre rapide exposé en insistant sur l'utilité
de créer, au bord de la Méditerranée, un établissement
expérimental qui permette d'étudier avec fruit et sur une
assez grande échelle l'importante question de la piscicul-
ture marine. Comme nous l'avons dit plus haut, les lieux
propices ne manquent pas parmi les étangs salés qui
bordent le Languedoc et la Provence, et, pour n'en citer
qu'un seul éminemment favorable à une création de ce
genre, nous prendrons celui que nous sommes à portée de
connaître le mieux , l'étang de ïhau , sorte de petite mer
intérieure qui offre les fonds les plus divers, et où l'on
vient déjà de tenter la création d'un banc d'huîtres en y
submergeant comme essai quatre cent mille de ces mol-
lusques.
Errata. — Page 444, paragr. VII, lig. 3, au lieu de naceri, lisez
Naccarii.
TRAVAUX INÉDITS. 525
Notice sur un nouveau Poisson du genre des Trichomyc-
tères, par Al. Guichenot.
La révision que nous avons faite des genres Trichomyc-
tère> Val. (Hist. Poiss., tom. XVIII, pag. 485), Nématoge-
nys, Gir. [Proc. Acad. nat. se. Phil., tom. VII, pag. 194),
et de celui que M. Meyer a établi sous le nom de Pygidie
(Wieg. Arch.y tom. II, pag. 269), nous a engagé à séparer
du premier de ces genres l'espèce dont M. de Castelnau a
donné la description et la figure dans la partie ichthyolo-
gique de son Voyage dans l'Amérique du Sud (pag. 50,
pi. 24, fig. 4), sous le nom de Trichomyc terus pusillus, et
qui, par exception, porte, à l'extérieur, un caractère qui le
distingue de suite des genres que nous venons de citer pré-
cédemment, celui de manquer de filaments grêles et déliés
aux narines. Nous en faisons, à cause de cette particula-
rité organique, le genre Astémomyctère, qui signifie na-
rines privées de tentacules ; et, prenant la dénomination
de M. de Castelnau, nous appellerons l'espèce Âstemomyc-
terus pusillus. Ce caractère, tout notable qu'il soit, et si
facile à saisir dans l'absence complète de tentacules na-
saux, a cependant échappé à l'attention de M. de Castel-
nau et démontre évidemment que le Poisson qui fait le su-
jet spécial de cette notice, doit devenir le type d'un autre
genre parmi les Trichomyctères, chez lesquels les narines
sont toujours pourvues de filaments. Nous devons égale-
ment signaler ici un second caractère propre au genre des
Astémomyctères, qui consiste dans la forme particulière et
remarquable des dents, et qui n'a pas non plus été si-
gnalé par M. de Castelnau : toutes sont élargies, renflées
à leur base, crochues à leur extrémité et à pointe dirigée
en arrière, contrairement à ce que l'on voit dans les autres
genres démembrés du groupe des Trichomyctères, où les
dents sont fines, grêles, droites, parfois aussi en herse, et
terminées en cône plus ou moins obtus (suivant les espèces
que l'on examine) sur les branches des deux mâchoires.
La forme fourchue de la queue de YAstémomyctère, bien
526 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
qu'elle ne puisse être considérée comme une troisième
note générique, le fait néanmoins très-aisément aussi dis-
tinguer des Trichomyctèrcs proprement dits, des Némato-
genys et des Pygidies. D'ailleurs ce nouveau genre a,
comme ces trois derniers, le corps allongé, couvert d'une
peau nue sans écailles; la tête déprimée, large; le museau
aplati, arrondi, et le même faisceau d'épines aux pièces
operculaires. Il leur ressemble encore par l'absence de
nageoire adipeuse ou sans rayons. Ce défaut de nageoire
adipeuse le ramène près de Y Érémophile de Mutis, comme
toutes les espèces qui s'en rapprochent le plus parleur or-
ganisation générale, et que nous retirons, ainsi que les
Maloptérures, de la grande famille des Siluroïdes, établie
parCuvieret M.Valenciennes(loc. cit., t. XIV, pag. 310),
ou de celle des Pogonophores de M. G. Duméril (Ichth.
anal., pag. 424), pour en former une petite famille très-
naturelle, sous le nom de Trichomy déridés, qui tire son
nom du genre principal, et dont les caractères généraux
sont ceux du groupe qui a servi à l'établir. Cette famille
se rapproche, par ses affinités naturelles, encore plus de
celle des Siluroïdes que d'aucune autre, et se trouve liée
aux Cyprinoïdes par le genre Loche, en latin Cobitis.
A la suite de ces réflexions préliminaires, nous n'avons
plus qu'à donner une simple description spécifique de
notre Astemomycterus pusillus ou du Trichomycterus pusil-
lus, comme l'appelle M. de Castelnau (loc. cit.), et qui
achèvera de signaler cette espèce à l'attention des ichthyo-
logistes.
Ce singulier Poisson offre, outre les particularités d'or-
ganisation que nous lui avons assignées plus haut, un as-
pect assez différent de celui des autres Trichomyctères, et
qui indique bien qu'il doit appartenir à un autre groupe
générique. En effet, ce qui frappe dans la conformation
extérieure de Y Astemomycterus pusillus, c'est l'excessif al-
longement et l'extrême gracilité de son corps, qui est ar-
rondi en avant, comprimé en arrière, et assez semblable,
TRAVAUX INÉDITS. %527
sous ce rapport, à celui des espèces qui lui sont analogues,
on pourrait presque dire identiques, du moins en ce qui
concerne leur structure II a la tête large, carrée et apla-
tie; son museau est aminci, arrondi au bout, et porte, à
chaque angle de la bouche, deux barbillons dépassant les
yeux en arrière ; ceux-ci sont fort petits et tout à fait
verticaux. Les épines qui garnissent l'opercule et l'in-
teropercule sont fortes; la dorsale et l'anale ont peu d'é-
tendue, surtout cette dernière nageoire, qui est coupée
moins carrément ; les pectorales sont petites, larges et
arrondies.
La couleur de ce Poisson est d'un brun foncé sur le
corps, et parfois couvert de petits points plus clairs, serrés
entre eux, et qui forment, par leur réunion, des bande-
lettes longitudinales irrégulières. Les nageoires sont
brunes ; tout le ventre est d'un blanc mat.
Nous ne connaissons encore que quatre exemplaires de
cette rare et intéressante espèce ; ils se ressemblent entre
eux et sont tous de petite dimension, car le plus grand n'a
que neuf centimètres de long. Ils ont été pris dans l'Ura-
guay et dans l'Amazone, rivières centrales de l'Amérique
du Sud.
Ce Poisson, écrit M. de Castelnau (loc. cit.), est, de la
part des pêcheurs de l'Uraguay, l'objet d'un préjugé des
plus singuliers : ils prétendent qu'il est fort dangereux
d'uriner dans la rivière, car, disent-ils, ce petit animal
s'élance hors de l'eau et pénètre dans l'urètre en remon-
tant le long de la colonne liquide.
Ce fait, dont nous n'osons garantir l'authenticité, nous
paraît néanmoins trop curieux pour que nous ne le men-
tionnions pas ici.
Monographie du genre Choanomphalus ,
par M. J. R. Bourguignat.
Le genre Choanomphalus a été établi dernièrement
528 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
(1859), par M. Gerstfeldt, pour une petite Coquille fluviatile
du lac Baïkal, en Sibérie.
La Coquille qui a servi de type à ce nouveau genre offre
les plus grandes ressemblances de forme et d'aspect avec
nos Valvata piscinalis et depressa du continent européen,
mais ne possède point d'opercule. Or ce manque d'oper-
cule indique un Animal complètement différent de celui
des Valvata.
Les Valvata vivent dans la vase des ruisseaux, à l'instar
des Bithinies et des Paludines, tandis que les Choanom-
phalus doivent se tenir sur les pierres ou sur les plantes
aquatiques. Chez les Valvata, l'Animal possède des bran-
chies tantôt internes, tantôt externes, formant une sorte
de panache contractile , tandis que, chez les Choanom-
phalus (1), il ne doit exister qu'une cavité tapissée d'un
réseau vasculaire pour la respiration aérienne, et de la-
melles branchiales pour la respiration aquatique.
Les Valvata sont des Mollusques essentiellement aqua-
tiques, par conséquent branchifères, tandis que les Choa-
nomphalus doivent être amphibies, c'est-à-dire pulmo-
br anches.
Le genre Choanomphalus doit donc être placé, au point
de vue anatomique, dans la famille des Limnéens, et, au
point de vue conchyliologique, à la suite des Planorbes,
et non après les Ancyles, ainsi que l'a fait M. Gerstfeldt.
Les Choanomphalus, en effet, ressemblent beaucoup à
certains Planorbes un peu discoïdes d'Amérique, et doi-
vent former, selon nous, un lien nouveau entre les genres
Planorbis et Limnœa.
L'appellation Choanomphalus (de yj>a.voç, entonnoir; o[a-
q&koç, ombilic) est un nom générique assez malheureuse-
ment formé, puisque nous allons présenter deux espèces
nouvelles dont les perforations ombilicales sont loin d'être
en forme d'entonnoir. Malgré le peu d'exactitude de ce
(1) Ou ne connaît point encore l'Animal de ce genre.
TRAVAUX 1NKDITS. )2(.)
nom générique, cette appellation, toute fautive qu'elle est,
doit être conservée.
Les espèces du genre Choanomphalus sont au nombre
de trois ; en voici les descriptions :
Choanomphalus Maacki. (PI. 23, f. 1-5.)
Choanomphalus Maacki, Gerstfeldt, Land. und sussw.
Moll. Sibir., in Mém. sav. étrang.,
t. IX, p. 528, fig. 31 A, B, C. —
1859.
— — E. Crosse , Bibliographie , in
Journ. de Conch., t. VIII, p. 404.
Oct. 1860.
Testa complanato-compressa , infuudibuliformi-umbilicata , lutes-
cente coruea, par uni uitidula, striatula, ac irregulariterpassim vix
longitudinaliter malleata; apice levi ; — aufractibus 4 sat velo-
citer crescentibus; ultimo magno, subtus cariuato, ad aperturam
non desceudente; — apertura augulatim-rotundata : — columella
fere recta ; — peristomate simplice , recto , acuto ; marginibus
approximatis, tenui callo junctis.
Coquille comprimée, à spire à peine élevée, possédant
un ombilic en forme d'entonnoir; test d'un jaune corné,
peu brillant, et orné, çà et là, de petits méplats longitudi-
naux à peine sensibles ; — sommet lisse ; — quatre tours
s' accroissant assez rapidement; dernier tour grand, ca-
réné en dessous vers l'ombilic, et ne descendant pas vers
l'ouverture; — celle-ci est anguleuse, presque arrondie, à
columelle, pour ainsi dire, droite, et à péiistome simple,
droit et aigu; — les bords marginaux sont assez rappro
chés et se trouvent réunis par une faible callosité.
Diamètre 5-6 mill.
Hauteur 2 1/2-3
Habite le lac Baïkal, en Sibérie.
Choanomphalus amauronius. (PI. 23, f. 6-10.)
Testa compressa , umbilicata , viridescente vel lutescente-coruea,
striatula ac passim irregulariter longitudinaliter malleata; — apice
levi ; — aufractibus 4, sat regulariter cresceutibus ; ultimo magno,
rotundato, ad aperturam paululum descendente; — apertura
530 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
oblongo-rotundata, peristomate simplice, recto acutoque ; margine
columellari reflexiusculo ; marginibus approxirnatis, callo tenui
junctis.
Coquille comprimée, ombiliquée, d'une teinte tantôt
verdàtre, tantôt d'un jaune corné terne ; — test un peu
strié et orné, çà et là, de petits méplats longitudinaux un
f>eu plus marqués que dans l'espèce précédente ; — sommet
isse; — 4 tours s' accroissant assez régulièrement; der-
nier tour grand, arrondi et descendant un peu vers l'ou-
verture; — ouverture oblongue-arrondie, à péristome
simple, droit et aigu ; — bord columellaire un peu ré-
fléchi sur l'ombilic; — bords marginaux rapprochés,
réunis par une faible callosité.
Diamètre 5-6 mill.
Hauteur 4
Habite dans la rivière d'Angara ainsi que dans le lac
Baïkal, en Sibérie.
Le Choan. amauronius diffère du Choan. Maacki par son
test moins aplati ; — par sa spire plus élevée par consé-
quent ; — par son ombilic non caréné et non en forme
d'entonnoir; — par son test orné de petits méplats plus
sensibles; — par son dernier tour descendant un peu
vers l'ouverture , — par son ouverture non anguleuse ; —
par ses tours de spire s'accroissant plus régulièrement;
— par sa suture plus profonde, puisque les tours sont plus
saillants et plus arrondis, etc..
Choanomphalus aorus. (PI. 23, f. 11-15.)
Testa depressa, perforata, brunnea, vel lutescente-cornea ; striatula,
ac passim irregulariter paululum malleata; apice levi; aufractibus
4 celeriter accresccntibus; ultirao maximo, rctundato, ad aperturam
vix descendente ; — apcrtura perobliqua rotundata ; peristomate
simplice, recto, acuto ; — margine columellari paululum reflexius-
culo ; — marginibus approximatis tenui callo junctis.
Coquille déprimée, perforée, d'une teinte brune ou d'un
jaune corné; — test strié et irrégulièrement orné de
petits méplats longitudinaux; — sommet lisse; — 4 tours
s'accroissant très-rapidement; dernier tour très-grand,
TRAVAUX INÉDITS. 531
descendant à peine vers l'ouverture ; — ouverture très-
oblique, arrondie, à peristome simple, droit et aigu; —
bord columellaire un peu réfléchi sur la perforation ; —
bords marginaux rapprochés, réunis par une faible callo-
sité.
Diamètre 5 mill.
Hauteur 3
Habite en Sibérie, dans le lac Baïkal.
Le Choanomphalus aorus se distingue du Choanom-
phalus Maacki par son test moins déprimé, — par ses
méplats mieux marqués , — par ses tours de spire s'ac-
croissant très-rapidement; — par son ouverture arrondie
et non anguleuse ; — surtout par son dernier tour de spire
arrondi en dessous et non caréné; — enfin par une simple
perforation et non par un large ombilic en forme d'en-
tonnoir.
On distinguera, en second lieu, le Choan. aorus de
Yamauronius à son test plus déprimé; à ses tours de
spire s'accroissant plus rapidement, par conséquent à son
dernier tour beaucoup plus dilaté ; — à son ouverture
plus arrondie; — enfin surtout à sa perforation ombili-
cale, qui ne ressemble en aucune manière au large om-
bilic de Yamauronius.
Catalogue des Mollusques de la famille des Paludinées
recueillis, jusqu'à ce jour, en Sibérie et sur le territoire
de l'Amour, par M. J. R. Bourguignat.
Les contrées septentrionales de l'Asie ont été, jusqu'à
présent, peu explorées. Aussi la malacologie de ces vastes
régions est-elle à peine connue.
Seuls, MM. Martens, Middendorff, Maack et Gerstfeldt,
soit par des échanges, soit par leurs écrits, ont fait con-
naître un peu la faune conchyliologique de ces pays.
Il y a quelque temps , nous avons reçu un certain
nombre de Coquilles de la famille des Paludinées de Sibérie
et des régions baignées par ie neuve Amour.
532 rfv. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
En comparant ces espèces avec celles déjà publiées par
ces auteurs, notamment par M. Gerstfeldt, nous avons
reconnu parmi nos Mollusques plusieurs espèces nou-
velles.
Ce sont donc les descriptions de ces Coquilles, avec une
liste complète des autres Paludinées publiées avant nous,
que nous donnons en ce moment.
VlVIPARA USSURIENSIS.
Paludina Ussuriensis, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll.
Sib,, in Mém. sav. étrang., t. IX,
p. 507, pi. l,f. 1-4. 1859.
— — H. Crosse, Bibliogr. sur les Moll.
terr. et fluv. de Sib., in Journ.
Conch., t. VIII, p. 398. 1860.
Cette magnifique espèce présente deux variétés remar-
quables. — La première, d'une taille considérable
(haut., 58-60 mil!.; diam., 44-45 mill.), est très-élégamment
ornée de méplats symétriquement placés en lignes con-
centriques; — tandis que la seconde, qui est d'une taille
moindre (haut., 48 mill.; diam., 38 mill.), se trouve sil-
lonnée concentriquement de côtes rudes, saillantes et in-
égales, tout en offrant des méplats aussi prononcés que
ceux de la variété première.
Marécages de l'embouchure de l'Ussuri, — ainsi que
dans les lacs qui se déversent dans l'Amour moyen et in-
férieur.
VlVIPARA PR,EROSA. (PI. 24, f. 3, 4.)
Paludina praerosa, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sib.,
in Mém. sav. étrang., t. IX, p. 509,
pi. 1, f. 5 et 7 (excl. fig. 6a et 66)
1859.
— — H. Crosse, Bibliogr. sur les Moll. terr.
et fluv. de Sib., in Journ. Conch.,
t. VIII, p. 398. 1860.
Se distingue surtout par sa forme globuleuse, ramassée,
et ses tours s'accroissant avec la plus grande rapidité.
TRAVAUX INÉDITS. 533
Habite l'embouchure de l'Ussuri.
VlVIPARA PACHYA. (PI. 24, f. 1, 2.)
Testa rimata, elongata-conica, solidissima, crassa, striatatula, ac
concentrice vix tessellata et passim paululum malleata; fusco-Iuteolo-
vel-corneo-viridescenti ; apice truncato; — aufractibus 6 (quo-
rum 3 semper carentes) regulariter exacte crescentibus, sutura
impressa separatis; — apertura obliqua, fore rotundata, intus al-
bida; — peristomate acuto, recto, simplice; margioe columcllari
super rimam apertam reflexiusculo ; margiuibus callo albidulo
crassiusculoque junctis.
Coquille conique allongée, pourvue d'une fente ombi-
licale. Test épais, d'une grande solidité, strié avec peu de
délicatesse, et présentant d'autres petites stries concen-
triques peu sensibles surchargeant les premières en forme
de treillis ; quelquefois même le test offre encore quelques
petits méplats. Épiderme tantôt d'un jaune foncé tirant
sur le fauve, tantôt d'une teinte cornée verdâtre. Sommet
toujours tronqué ; 6 tours (les trois premiers manquent)
convexes, s* accroissant avec la plus grande régularité et sé-
parés les uns des autres par une suture très-prononcée.
Ouverture oblique , presque ronde, intérieurement blan-
châtre, à péristome simple, droit et aigu. Bord columel-
laire un peu réfléchi sur la fente ombilicale, qui reste
toujours ouverte. Bords marginaux réunis par une callo-
sité assez forte.
Hauteur 34 mil].
Diamètre 21
Cette espèce habite dans le fleuve Amour.
La Vivipara pachya se distingue de la prœrosa par son
test plus épais; — par sa fente ombilicale jamais recou-
verte par son bord columellaire; — par sa forme plus al-
longée et non trapue et ramassée, comme chez la prœrosa;
surtout par ses tours de spire s'accroissant avec la plus
grande régularité, ce qui n'a pas lieu chez la prœrosa.
VlVIPARA ELOPHILA. (PI. 24, f. 8, 9.)
Paludina prœrosa (ait. pars), Gerstfeldt, loc. sup. cit.,
f. 6a et 66. 1857.
534 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
Cette espèce, confondue, par M. Gerstfeldt, avec \apra-
rosa, se distingue de celle-ci par une taille trois fois plus
petite, tout en offrant le même nombre de tours ; — pnr
ses tours de spire s' accroissant avec beaucoup moins de
rapidité ; — par son test élégamment orné de stries fines
intercalées entre d'autres plus fortes et plus saillantes;
— par son bord columellaire complètement réfléchi et re-
couvrant la fente ombilicale ; — par son sommet plus
aigu, etc.
Habite dans l'Ussuri.
VlVIPARA CHLOANTHA. (PI. 24, f. 5-7.)
Testa rimata, globosa, sat solida, striata ac concentrice paululum
malleata; — epidermide corneo-viridescenti ; apice obtuso; —
anfractibus 4 convexis, celeriter crescentibus, sutura paululum
canaliculata separatis; ultirao convexo, maximo; — apcrtura
paululum obliqua, oblonga ; intus albidula; peristomate acuto,
recto, simplice ; margine columellari, super rimam reflexiusculo.
Coquille globuleuse, pourvue d'une fente ombilicale, à
test assez solide, élégamment strié et orné de petits mé-
plats concentriques peu sensibles. Épiderme d'une teinte
cornée verdâtre uniforme. Sommet obtus. 4 tours con-
vexes, s' accroissant avec la plus grande rapidité et sé-
parés par une suture un peu canaliculée. Dernier tour
très-grand. Ouverture peu oblique, oblongue, intérieure-
ment blanchâtre, à péristome simple, droit et aigu. Bord
columellaire un peu réfléchi sur la fente ombilicale.
Hauteur 16mill.
Diamètre 16
Habite divers affluents de l'Amour moyen.
Vivipara Baicalensis. (PI. 24, f. 10.)
Paludina Baicalensis, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll.
Sibir., in Mém. sav. étr., t. IX,
p. 510, pi. 1, f. 8 et 10 (exclus,
f. 9), 1859.
— — H. Crosse, Bibiiog. sur les Moll
terr. et fluv. de Sib., in Journ
Conch., t. VIII, p. 398. 1860.
TRAVAUX INÉDITS. 535
Habite dans le lac Baïkal, en Sibérie.
Bythinia Manchourica. (PI. 24-, f. 11-13.)
Bythinia Manchourica, Gerstfeldt, Mss.
Testa imperforata, oblongo-conica, tenni, pellucida, sat nitida, cor-
nea vel luteola, argutissime striatula, ac elegantissime costulis
x concentrice ornata apice obtuso, levi. — Anfractibus 5 1/2 convexis,
regulariter cresccntibus; apertura ovato-rotuudata, obliqua ; pe-
ristomatc simplice, recto, açuto ; — margine columellari reflexius-
culo ; marginibus tcnui callo juoctis.
Coquille oblongue-conique, à test fragile, transparent,
un peu brillant, d'une teinte cornée ou jaunâtre, — très-
finement strié transversalement et orné, de la manière
la plus gracieuse, de côtes saillantes concentriques. —
Sommet lisse et obtus. — 5 tours 1/2 convexes, s'accrois-
sant avec une grande régularité. Ouverture ovale-arrondie,
oblique, à péristome simple, droit et aigu. Bord columel-
laire réfléchi sur la fente ombilicale, qui est complète-
ment recouverte. — Bords marginaux réunis par une
faible callosité.
Hauteur lOmill.
Diamètre 6
Habite le fleuve Amour et divers cours d'eau de la Si-
bérie méridionale.
Bythinia striata. (PI. 23, f. 16, 17.)
Bythinia striata, Benson,
— — Gerstfcldt, Land und sussw. Moll. Sib.,
in Mém. sav. étr., t. IX, p. 511, pi. 1,
f. lia, 116. 1859.
Habite dans le fleuve Amour et à l'embouchure de
l'Ussuri.
Bythinia tentaculata.
Hélix tentaculata, Limiœus, Syst. nat. (éd. X), I, p. 774.
1758.
Bithinia tentaculata, Gray. in Turton, shells brit., p. 93,
f. 20. 1840.
Bythinia tentaculata, Stein, Schneck. berl., p. 92, 1850.
536 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
Paludina tentaculata, Middendorff, Reise Sibir., Il, Moll.,
p. 298. 1851.
Bythinia tentaculata, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll.
Sibir., in Mém. sav. étr., t. IX,
p. 534. 1859.
Habite en Sibérie, aux environs de Barnaul.
Bythinia similis.
Cyclostoma simile, Draparnaud, Hist. Moll., p. 34, pi. 1,
f. 15. 1805.
Bythinia similis, Stein, Schneck. Berl., p. 93. 1850.
— — Gerstfeldt, Land und sussw. Moll. Sib.,
in Mém. sav. étr., t. IX, p. 510. 1859.
Habite dans les eaux des environs de Tomsk, — ainsi
que dans la plupart des affluents de la Lena et de l'Amour.
Bythinia Leachii.
Turbo Leachii, Sheppard, Desc. brit. shells, in Trans.
Linn., vol. XIV, p. 152. 1823.
Bythinia Leachii, M oquin- Tandon, Moll. France, t. II,
p. 527, pi. 39, f. 20-22. 1855.
Éditée par Desmoulins en 1827, sous le nom de Similis
(non Cycl. simile de Draparnaud); par Westendorp, en
1835, sous celui de Kickxii, cette espèce est citée sous
cette dernière appellation par Middendorff (Reise Sibir.,
II, Moll., p. 299. 1851), comme vivant dans les ruisseaux
des steppes du pays des Kirgiss, ainsi que dans les cours
d'eau qui descendent des montagnes Altaï.
M. Gerstfeldt (loc. sup. cit., p. 311) semble douter que
cette Coquille, constatée dans le Reise in den Sibiriens, soit
bien la vraie Kickxii. Cependant, à en juger par la courte
description qu'en a donnée Middendorff, les caractères
énoncés sont bien ceux qui conviennent à cette Coquille
Bythinia Angarensis (1). (PI. 23, f. 18, 19.)
Hydrobia Angarensis, Gerstfeldt, Land und sussw. Moll.
(1) Dans la planche qui accompagne ce travail, on a inscrit, par
suite d'une erreur typographique, cette espèce sous le nom d'Aga-
rensis.
TRAVAUX INÉDITS. 537
Sibir., in Mém. sav. étr., t. IX,
p. 311, pi. 1, fig. 12a, 126 (exclud.
fig. 13a, 136). 1859.
— — H. Crosse, Bibliog. sur les Moll.
terr. et fluv. Sibér., in Journ.
Conch., t. VIII, p. 390. 1860.
Se rencontre dans la rivière d'Angara, près d'Irkutsk,
et dans le lac Baïkal.
Bythinia raphidia. (PI. 23, f.20, 21.)
Hydrobia Angarensis (ait. pars), Gerstfeldt, loc. sup. cit.,
pi. 1, f. 13a et 136. 1859.
Se distingue de V Angarensis, avec laquelle elle a été
confondue, par son test plus conique, plus allongé; — par
ses tours de spire s'accroissant plus régulièrement; — par
son ouverture plus oblongue et moins arrondie; — par
ses stries moins fortes, etc., etc.
Habite le lac Baïkal.
Bythinia aploa. (PI. 24, fig. 14.)
Paludina Baicalensis (ait. pars), Gerstfeldt, loc. sup. cit.,
pi. 1, f. 9.1859.
M. Gerstfeldt a cru que cette espèce ( à laquelle nous
attribuons le nom de Byth. aploa) était le jeune âge du
Viv. Baicalensis; l'erreur est tellement grossière, qu'il est
inutile, selon nous, de donner les caractères de ces deux
Mollusques; il suffira, nous le pensons, de jeter les yeux
sur la pi. 24, où ces deux Coquilles se trouvent représen-
tées (fig. 10 et 14), pour se convaincre de l'utilité de notre
rectification.
La Bythinia aploa vit dans le lac Baïkal.
Description d'une nouvelle espèce de Ceuthorhynchus ,
suivie de plusieurs synonymies de ces espèces, par
M. Henri Brisout de Barneville.
Ceuthorhynchus alliari/e ovatus, subconvexus, uiger, sat nilidus,
fere glaber, roslro sat valido, punctato et substriato, thorace pro-
2e sérib. t. xii. Année 1860. 35
538 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
l'un do canaliculato, fortins quam in C. sulcicolli punctato, bituber-
culato, ut in eodem fere constructo, elytris distincte punctato-sul-
catis, interstitiis planis evidonter rugulosis, pleuris flavo-squa-
mosis. Pedes nigri, tarsis testaceis, femoribùs dente acuto ar-
matis, mas fovea transversali sat profunda, callo pilifero utriu-
que notata. — Hab. ad Sanctum Germanum in Laya, prope Lute-
tiam, in Erysimo alliaria sat frequens.
Cette espèce est intermédiaire entre le Ceuthor. picitar-
sis et le sulcicollis ; il diffère du premier par sa couleur
noire et non olivâtre, et par l'absence des soies roides et
un peu dressées qui parsèment les élytres du picitarsis. Il
est plus brillant que le Ceuthor. sulcicollis; les squamules
sont très-fines, visibles seulement à une forte loupe ; le
rostre est plus fort, plus strié et surtout plus ponctué
presque jusqu'à l'extrémité, tandis que dans le sulcicollis
le rostre est lisse à partir de l'insertion des antennes ; la
ponctuation du prothorax est plus forte, moins serrée ; les
élytres sont plus distinctement ponctués -sillonnés, les
intervalles sont aussi plus ruguleux ; les tarses sont testa-
cés, la dent des cuisses est plus forte, plus aiguë ; enfin
le mâle a des caractères différents : il est pourvu d'une
fossette transversale assez profonde, munie, de chaque
côté, d'un calus chargé de poils noirs ; dans le même
sexe, le sulcicollis n'a qu'une impression légère.
J'ai décrit {Annales de la Soc. Ent. de Fr., 1860, 2e tri-
mestre) un Ceuthorhynchus sous le nom de pallidicornis.
Cette espèce n'est fondée que sur des exemplaires presque
unicolores du Ceuthorhynchus urticœ, qui se rencontrent, le
plus souvent, à Saint-Germain ; les squamules, d'un cen-
dré blanchâtre, se sont rapprochées et ne présentent au-
cune trace du dessin qui distingue cette espèce dans sa
forme normale, à l'exception d'une bande plus ou moins
obsolète latérale sur les élytres. Je le réunis donc au Ceu-
thor. urticœ (Schonh., VIII, suppl. 577, 81), dont j'ai vu un
type d'Angleterre,
Le Ceuthorhynchus pubicollis (Schonh., IV, 346, 146) offre
les mêmes particularités; les squamules, d'un cendré en-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 539
core plus blanchâtre, se répandent sur les élytres et lais-
sent souvent à peine apercevoir quelques interruptions,
tandis que la forme normale, qui est le signatus (Schonh.,
IV, 346, 12), présente le dessin indiqué par cet auteur.
Ces deux Ceuthorhynchus , identiques pour les autres ca-
ractères, ne doivent former qu'une seule espèce (ainsi
signatus = pubicollis).
J'ai aussi à faire une observation relativement au Ceu-
thorhynchus Grcnieri, que j'ai décrit aussi ( Annales de la
Soc. Ent. de Fr., 1860, 2e trimestre). Les élytres de ce
Ceuthorhynchus, ordinairement bleu obscur, passent à un
noir plombé uniforme; les intervalles paraissent alors
moins relevés ; c'est une variation cendrée qui se trouve
non-seulement à Aix en Provence, mais encore en Al-
gérie.
Les exemplaires foncés en couleur, moins variés de
blanchâtre, forment le Ceuthorhynchus uroleucus (Schonh.,
suppl., 577, 149, 72); ce ne serait qu'une pure variété du
peregrinus (Schonh., IV, 514, 63) : ainsi peregrinus — uro-
leucus.
Le Ceuthorhynchus cœrulescens (Schonh., IV, 346, 387)
est complètement identique avec le Ceuthor. chalybœus,
Germar, et doit lui être réuni ; il est un peu plus brillant;
cet éclat est dû au développement précoce de l'insecte, ce
qui rend les élytres transparents; c'est YErysimi d'Oli-
vier, selon M. Ghevrolat.
Le Ceuthorhynchus atomus (Schonh., VIII, 577, 24,
suppl.) n'est qu'une variété noir bleuâtre du setosus du
môme auteur ; on les envoie d'Allemagne sous ces deux
noms indifféremment.
II. SOCIETES SAVANTES.
Académie des sciences de Paris.
St'-.mce du 3 décembre 1860. — M Milne-Edwards pré-
540 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
sente la première partie du 6e volume de ses Leçons sur la
physiologie et Vanatomie comparée de V Homme et des Ani-
maux.
M. A. Duméril présente un Mémoire intitulé Rep-
tiles et Poissons de l'Afrique occidentale, étude précédée de
considérations générales sur leur distribution géographique.
Ce travail est renvoyé à la section d'anatomie et de zoo-
logie, mais nous doutons qu'il puisse procurer à son au-
teur une place sur la liste des candidats au fauteuil aca-
démique laissé vacant par son illustre père. Il est cer-
tain que le Mémoire de M. Duméril est un vrai travail de
zoologie ; mais ce n'est pas de cette zoologie positive que
certaines personnes veulent aujourd'hui, et il est probable
qu'il vaudra à son auteur de ne pas figurer sur la liste
de présentation. Évidemment cela vaut mieux pour
M. Duméril, car, en sa qualité de professeur d'une grande
spécialité zoologique au muséum, il doit être placé sur
une liste de candidature dans les premiers rangs, ou ne
pas y figurer.
M. Lacaze-Duthiers adresse un Mémoire sur un point de
l'organisation des Vermets [Vermelus triqueter).
« Les Vermets présentent, entre leur tête et leur pied,
une dépression d'où s'échappent deux longs filaments ten-
taculiformes, qu'ils agitent, écartent et meuvent comme
deux organes du toucher. La position insolite de ces deux
appendices m'avait vivement intrigué , car sur la tête on
trouve, quoique très-petits, les tentacules ordinaires que
présentent les Gastéropodes , et qui sont bien certaine-
ment des organes des sens. Voici les résultats des obser-
vations que j'ai faites sur le Vermetus triqueter et le V. se-
misurrectus (Bivona et Philippi) vivants, qui abondent à
Mahon (Minorque) et à Bonifacio (Corse).
« Des dissections minutieuses m'ont conduit à voir que
ces appendices correspondent à un organe de nature par-
ticulière ayant des rapports importants avec le pied , et
qu'ils sont les lèvres prolongées de la fente ou orifice
SOCIÉTÉS SAVANTES. 541
d'une poche de nature glandulaire placée dans la cavité
du corps.
« On sait que le centre nerveux, qui, chez les Mollus-
ques, donne des nerfs aux muscles du pied, n'en donne
à aucun autre organe, à l'exception, toutefois, des Oto-
lithes. On peut donc, à bon droit, considérer comme dé-
pendance du pied toutes les parties qui tirent leurs nerfs
du centre pédieux. C'est une excellente méthode que celle
qui consiste à déterminer la nature d'une partie profon-
dément modifiée par l'étude de ses connexions avec les
autres parties, surtout par ses rapports avec le système
nerveux.
« Il était nécessaire d'abord de reconnaître si le sys-
tème nerveux du Vermet était complètement semblable à
celui des autres Gastéropodes pectinibranches; car, chez
ces derniers, les connexions, les rapports sont connus.
Or les quatre groupes de ganglions , parfaitement déve-
loppés, m'ont paru dans la position qu'ils occupent habi-
tuellement : l'analogie et la similitude sont complètes ; les
connexions doivent donc être les mêmes. Or jamais les
tentacules ou appendices céphaliques ne reçoivent leurs
nerfs du centre pédieux ; c'est du centre sus-œsophagien
qu'ils les tirent, et l'on peut même remarquer que ce der-
nier groupe ganglionnaire est plus particulièrement lié à la
sensibilité, tandis que le centre pédieux, à part son rap-
port avec les Otolithes, est absolument lié au mouvement.
Il fallait donc ici, pour pouvoir rapporter les filaments
lentaculaires au pied ou à la tête, connaître l'origine de
leurs nerfs.
« Par des dissections minutieuses , difficiles il est vrai,
mais qui ne laissent aucun doute, j'ai pu reconnaître que
ces nerfs naissent des ganglions pédieux, et je me trouve
conduit à cette conclusion, que les appendices qui nous oc-
cupent ne sont pas des tentacules proprement dits , c'est-
à-dire qu'ils ne doivent pas être considérés comme re-
présentant quelques-uns de ces longs filaments ou voiles
542 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
céphaliques si variés de forme qui, pour tous aujourd'hui,
sont en rapport avec la sensibilité spéciale.
« D'ailleurs, quand on observe leur forme et leur dis-
position, on voit qu'ils n'offrent pas les dispositions or-
dinaires d'un tentacule : ils sont formés de deux lamelles
réunies par le bord extrême, et laissant entre elles, en
dedans, un petit canal qui conduit à l'orifice de la poche
glanduleuse dont il a été question. Aussi l'on peut dire
certainement que leur rôle est en rapport avec les fonc-
tions de cet organe, dont l'importance est très-grande,
comme on en jugera par les faits qui seront plus tard in-
diqués.
« Ainsi donc, en recherchant les rapports des parties
extérieures avec les parties profondes, et plus spéciale-
ment avec le système nerveux, le doute n'est plus pos-
sible, et l'on trouve ici un exemple de l'utilité de la re-
cherche des rapports des différentes parties de l'orga-
nisme , en vue de la détermination de leur valeur ou si-
gnification morphologique, et, on peut le remarquer, les
connexions seules nous ont conduite ces résultats.
« Ce travail, a dit M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire en
le présentant, fait partie d'un ensemble de recherches
que M. Lacaze-Duthiers poursuit, depuis plusieurs années,
sur la morphologie des Mollusques, et en vue de mon-
trer, dit l'auteur, « comment, dans le groupe des Mollus-
« ques, la nature a varié de toutes les façons les formes
« extérieures, sans changer, au fond , le plan général
« d'organisation. »
« M. Geoffroy-Saint-Hilaire fait remarquer l'intérêt qui
s'attache à cette série de recherches sur les Mollusques.
Presque tout est encore à faire, dans cet embranchement
zoologique, pour la démonstration vraiment scientifique
de l'unité de composition organique, si avancée, au con-
traire, à l'égard des deux embranchements supérieurs du
règne animal, les Vertébrés et les articulés. »
Cette remarque de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire
SOCIÉTÉS SAVANTES. 543
est d'un bon fils, car on sait que c'est à son illustre père
que la science doit la célèbre théorie de l'unité de com-
position organique.
M. Milne- Edwards présente un ouvrage de Mme Power
ayant pour titre, Observations et expériences physiques sur
plusieurs Animaux marins et terrestres, in-8°, Paris, 1860.
Il rend plus particulièrement compte des observations de
l'auteur sur l'instinct des Martes et sur la production de
la coquille des Argonautes.
Séance du 10 décembre 1860. — M. Pierre Gratiolet lit,
en son nom et au nom de M. Manuel Leven, un remar-
quable travail de physiologie ayant pour titre, sur les
mouvements de rotation sur ïaxe que déterminent les lésions
du cervelet. — Renvoi à la section d'anatomie et de zoo-
logie.
M. Albert Gaudry lit une suite de son travail ayant pour
titre, Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous les aus-
pices de l'Académie.
Dans ce fragment, M. Gaudry fait connaître les débris
de deux nouveaux genres de Mammifères qui lui semblent
établir quelques liens entre des Animaux qui , de nos
jours, se montrent très-distincts.
Chez le premier de ces genres , les mâchoires ont une
canine de Chat, une dernière molaire et une carnassière
de Chien; par leurs autres caractères, elles se rattachent
à la famille des Ursidées. En imitant Cuvier, qui faisait
passer en première ligne, dans la classification des Carni-
vores, la disposition des dents carnassières et tubercu-
leuses, il est permis de supposer que le fossile de Pikermi
est intermédiaire entre les Chiens et les Ours. On pourrait
le nommer Metarctos [perù, après; *çktgç9 Ours), pour
indiquer que, sans doute, dans la série zoologique, il
devra se placer entre les Ours et les Carnivores digiti-
grades.
Le second genre appartient aux Pachydermes; il est
voisin des Palœotherium et des Paloplotherium; on pour-
544 rev. et mag. de zoologie. [Décembre 1860.)
rait le désigner sous le nom de Leptodon grœcm (a^to?»
mince; oJW, dent), pour indiquer que, proportionnément
à leur longueur, les dents étaient extrêmement étroites.
M. Max tin-Saint- Ange présente un Mémoire de térato-
logie accompagné de sept* planches ayant pour titre,
Description d'un fœtus humain, né à terme, présentant un
grand nombre d'anomalies à des degrés divers, et désigné
sous le nom de montre Phocomèle, suivie de quelques consi-
dérations générales sur le mode de développement de l'orga-
nisme humain.
« Envisagé dans, son ensemble, ce fœtus très-gras, né à
terme, représente un enfant de dimensions ordinaires; son
poids est de 3k,50, son corps est très-développé ; sa tête est
volumineuse et allongée. Les membres supérieurs et infé-
rieurs sont à peine ébauchés, et c'est là le caractère dis-
tinctif de la monstruosité. Il a six doigts à chaque main
et six orteils à chaque pied, ou, pour mieux dire, six
saillies à l'extrémité libre des membres, séparées par de
petites échancrures cutanées assez analogues à des pattes
d'oie. Les premières phalanges des doigts et des orteils
manquent d'une manière presque absolue.
« Quant à l'organisation intérieure, il résulte de ce Mé-
moire qu'elle présente aussi de nombreux et remarqua-
bles arrêts de développement. Relativement à la circula-
tion, le cœur est resté dans les conditions anatomiques
qui rappellent l'état embryonnaire; les vaisseaux qui en
partent ont participé à cet arrêt de développement, et de'
ces conditions réunies il résulte que le mouvement circu-
latoire du sang, chez le Phocomèle, devrait être, après la
naissance, ce qu'il était chez l'embryon, c'est-à-dire une
circulation analogue à celle des Reptiles en général.
« L'appareil digestif présente également des arrêts de
développement d'un grand intérêt. On voit, au fond de la
cavité buccale, deux luettes bien distinctes et séparées
l'une de l'autre par un profond sillon qui divise la voûte
palatine dans une assez grande éîenduo. Ce vice de con-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 545
formation résulte du défaut de jonction des parties simi-
laires sur la ligne médiane, et il faut remonter à une
époque tout à fait primitive du développement du fœtus
pour y rencontrer cette phase de la création organique.
« Indépendamment de ce fait curieux concernant les
parois de la cavité de la bouche, il en est un autre non
moins intéressant; je veux parler de la petitesse que pré-
sente la langue du Phocomèle. Cet organe semble comme
frappé d'atrophie et s'attache , par sa pointe , à la face
interne du maxillaire inférieur par un frein très- court.
Il résulte de là que la langue se trouve fixée dans la bou-
che de telle manière qu'elle serait impropre au mouve-
ment de succion. En outre, on remarque sur les côtés, à
droite et à gauche du frein, deux masses ovoïdes et pédi-
culées qui sont restées isolées de la pointe de la langue.
Ces parties, à structure glandiforme, sont, par leur posi-
tion et leurs rapports, les analogues des glandes linguales
décrites et figurées par Blandin. Ici encore leur fusion
avec l'extrémité libre de la langue ne se serait pas effec-
tuée à un premier âge de la vie.
« Une autre particularité, qui est digne de la plus
grande attention, est celle-ci ; il existe sur chaque arcade
alvéolaire, à droite et à gauche, des saillies gingivales
assez volumineuses, au sommet desquelles il y a un ori-
fice. Ces sortes de petits cratères organiques conduisent
dans les cavités des follicules dentaires; ceux-ci prennent
naissance dans le périoste des maxillaires, et il s'élève,
du fond de leur cavité, un bourgeon périostique qui de-
viendra, plus tard, la racine dentaire et qui déposera, à
son extrémité libre, un produit de sécrétion propre à
constituer l'émail de la dent; enfin, pour terminer ce qui
est relatif à la bouche du Phocomèle, j'ajouterai que la
mâchoire supérieure ne renfermait que six molaires, trois
de chaque côté, et deux incisives ; les premières conte-
nues dans deux grandes loges osseuses non encore cloi-
sonnées, et les secondes dans deux alvéoles distincts.
546 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
II existait bien huit autres loges dentaires, quatre de
chaque côté, mais ces alvéoles, à l'état rudimentaire, ne
contenaient aucun germe de dents. Quant à l'os maxillaire
inférieur, il ne renfermait que deux molaires de chaque
côté et deux incisives; en tout, six dents. Ainsi la
première dentition, en tenant compte de la vacuité des
alvéoles rudimentaires du monstre phocomèle, se compo-
sait de quatre incisives seulement, deux à chaque mâ-
choire, les dix molaires devant faire partie de la seconde
dentition ; à ce compte , il manquerait toujours deux
grosses molaires à la mâchoire inférieure. Quoi qu'il en
soit, et en attribuant tous les germes de dents retrouvés à
la dentition de lait, on n'en aurait que quatorze au lieu de
vingt.
« En passant ensuite à l'appareil génito-urinaire, nous
voyons là les désordres les plus grands se produire, soit à
cause de la fusion des organes les uns avec les autres,
soit à cause de leur état rudimentaire extrême. C'est ainsi
que l'embouchure des voies urinaires dans le rectum,
celle des conduits spermatiques dans la vessie urinaire,
l'absence d'une verge, l'implantation d'un gland rudi-
mentaire et imperforé sur le scrotum, etc., sont des faits
qui impliquent d'une manière absolue l'impossibilité de
reproduction pour l'espèce. »
M. Lamare-Picquot soumet au jugement de l'Académie
la première partie d'un travail intitulé, Physiologie comJ
parée de quelques animaux voyageurs.
Dans cette première partie, l'auteur, après quelques
considérations sur la diète alimentaire à laquelle sont
condamnées les populations situées près du cercle polaire,
s'occupe presque exclusivement de deux Mammifères de
ces régions, l'Ours blanc et le Renard blanc du pôle arc-
tique.
Commissaires, MM. Geoffroy- Saint - Hilaire , Milne-
Kdwards, Cl. Bernard.
Séance du 17 décembre. — La section de zoologie et
SOCIÉTÉS SAVANTES. 547
d'anatomic comparée [singulière erreur! lisez d'anatomie
et zoologie) présente la liste suivante de candidats pour
la place vacante par suite du décès de M. Duméril :
1° M. Blanchard, 2° M. Gerçais, 3° M. Martin-St.-Ange,
4° M. Robin, 5° M. Hollard, et 6° MM. Gratiolet et Puche-
ran, auxquels sont adjoints, par la volonté de l'Aca-
démie, MM. Longet et Poiseuille (1). '
Cette adjonction de savants, votée par l'Académie contre
les intentions de la section, est très-regrettable, car un
candidat qui n'avait pas été présenté par cette section
peut être nommé malgré elle. Ce fait n'est pas le seul qui
vienne montrer que les sections ne sont pas toujours dans
le vrai chemin de la justice, et il prouve de nouveau que le
mode de présentation aux fauteuils académiques devrait
être réformé et mis en harmonie avec nos mœurs.
Ceci me décide à mettre enfin en avant une idée extraite
d'un mémoire assez étendu, conservé inédit jusqu'ici, et
que j'avais écrit, il y a quelques années, à l'occasion des
abus qui s'attachent aussi au concours.
Dans ce travail, je démontre que, dans la plupart des
concours, et aux académies et sociétés savantes, les can-
didats sont jugés et classés par des savants arrivés, qui
ont, presque toujours, été leurs adversaires et, trop sou-
vent, sont encore leurs ennemis (2). De plus, lorsque cer-
taines idées prédominent dans une section, tous ceux qui
ne les partagent pas, ou n'affectent pas de les partager,
sont repoussés, en sorte que ce groupe tend forcément à
s'adjoindre celui des candidats qui envisage la science de
la même manière. Si, malheureusement, les membres de
cette majorité se trouvaient être de ces savants universels
(1) On entendait dire, parmi les personnes qui assistent aux séan-
ces, que l'on serait plus dans le vrai si cette liste était retournée.
[%) Croit-on qu'un homme d'un grand génie, appelé, par le suf-
frage universel, à gouverner un grand pays, serait nommé s'il lui
fallait devoir sou élection au vote des empereurs et des rois ses ad-
versaires?
548 rev. et mao. de zoologie. (Décembre 1860.)
(académiques , comme ils disent) qui connaissent tout et ne
savent rien à fond (1) , ils auraient le plus grand intérêt à
ne pas laisser entrer des candidats supérieurs, de ces
hommes forts comme on l'est quand on s'est adonné sé-
rieusement à une spécialité, et comme on doit l'être dans
un corps placé à la tête du mouvement intellectuel d'un
grand pays.
11 est impossible d'attendre de notre faible humanité
que des savants, même les plus consciencieux, ne verront
pas, au moins avec peine, leur suprématie s'évanouir par
l'adjonction, dans leur section, de savants au moins plus
actifs, qui peuvent marcher devant eux, au lieu de les suivre
humblement. Il est aussi difficile d'admettre que des sa-
vants qui se croient les chefs d'une école nouvelle ne choisi-
ront pas plutôt leurs disciples, accoutumés à admirer leurs
théories et à les propager, que des hommes supérieurs
restés indépendants. Il faut donc leur épargner ces tenta-
tions, il ne faut pas mettre leur honnêteté aux prises avec
leur amour-propre et surtout avec leur intérêt.
Pour éviter tous ces inconvénients, il suffirait de décider
que les membres de l'Académie des sciences (et aussi des
autres corps savants) seront désignés par le vote uni-
versel de tous les hommes de science de l'empire (2), et
(1) Des savants, qui ont ainsi embrassé l'ensemble de la zoologie,
de la botanique, etc., peuvent faire d'excellents professeurs de facul-
tés; mais, dans une sphère plus élevée, il faut que les études aillent
bien au delà de ces généralités. C'est ce qui a été compris pour l'or_
ganisation des cours du muséum d'histoire naturelle. Là on a voulu
créer des chaires spéciales pour chacune des grandes branches de la
zoologie, par exemple. Il serait fâcheux d'y voir plusieurs profes-
seurs s'occupant de l'ensemble, y faisant de véritables cours de fa-
cultés , et, quand il existe des savants soutenus qui se trouvent dans
ce cas, on est obligé de les répartir dans diverses spécialités, ce qui
est facile, mais peu avantageux pour le progrès, parce que ces sa-
vants à connaissances générales peuvent prendre indifféremment
n'importe quelle chaire vacante.
(2) On pourrait considérer comme des hommes de science tous
les docteurs es sciences , professeurs dans les facultés et tous ceux
SOCIÉTÉS SAVANTES. 549
que l'Académie tout entière présentera au choix du mi-
nistre les trois candidats qui auront réuni le plus de voix.
Au moyen de ce système, dont je m'abstiens, pour le
moment, de développer les moyens d'exécution, les savants
vraiment supérieurs par leurs travaux, par l'utilité de leurs
oeuvres connues et appréciées de tous ceux qui s'en seraient
servis, arriveraient à la haute position de membres de
l'Académie des sciences, sans être obligés de se soumettre
aux déplorables démarches que nécessitent les candidatures
actuelles. La dignité et l'influence de l'Académie, composée
des savants qui feraient la gloire de la France, gagneraient
à ce mode équitable et impartial de nomination, et les
élus, conservant toute leur indépendance, n'ayant aucune
rancune contre leurs confrères, auraient le droit de se
regarder comme nommés au véritable concours. On serait
certain, ainsi, qu'aucune influence de parenté et de coterie,
qu'aucune considération autre que la justice n'auraient
pu agir sur des électeurs dispersés dans tout l'empire, sur
des hommes de science qui n'auraient peut-être jamais vu
les candidats, et qui les jugeraient uniquement d'après les
travaux que ceux-ci auraient publiés et soumis ainsi à
l'appréciation et au jugement de tous.
Cette idée, que je médite depuis longtemps, sera diver-
sement appréciée. Les savants arrivés la trouveront ab-
surde, ridicule, pitoyable. Leurs enfants, leurs disciples,
leurs protégés et leurs flatteurs feront chorus ; mais ceux
, qui ont la noble ambition d'arriver par leurs oeuvres seules
trouveront qu'il est bien plus honorable d'être présenté
au choix du pouvoir par les suffrages indépendants de
tous leurs pairs, et ils approuveront mon idée sans oser
cependant m'en remercier, et sans me tenir compte de mon
abnégation, surtout si la réussite ne vient pas couronner
auxquels la Société des amis des sciences , fondée par l'illustre
Thénard, accorde le titre de savant; ils enverraient leurs votes ca-
chetés au président de l'Académie, et le dépouillement en serait fait
avec les garanties d'usage.
350 kev. et mag. de zoologie. [Décembre 1860.)
mon initiative, et je ne pourrai pas dire qu'ils ont lort de
se tenir dans une si sage réserve.
Dans l'impossibilité de m' accorder le luxe d'une candi-
dature dite sérieuse, qui consiste moins dans des travaux
vraiment scientifiques et profonds que dans l'art de se
faire des partisans pendant trois ou quatre ans de pa-
tience, remplis par de nombreuses visites, quelques mé-
moires élogieux pleins d'admirations de commande, etc.,
je fais comme le Parthe ; seulement ma flèche porte un
levain dont je ne verrai peut-être pas les effets, mais qui
agira tôt ou tard.
Séance du 24 décembre. — M. le docteur Bourgarel, chi-
rurgien de la marine impériale, lit un mémoire d'anthro-
pologie ayant pour objet l'étude des races de l'Océanie
française, et particulièrement de la Nouvelle-Calédonie.
Nous reviendrons sur cet important travail.
L'Académie passe ensuite au vote pour la nomination
d'un membre dans la section d'anatomie et zoologie.
Au premier tour le candidat de la section obtient vingt-
cinq suffrages ; celui de l'Académie, vingt-neuf.
Au deuxième tour, le candidat de la section obtient
vingt-sept suffrages, et celui de l'Académie trente et un.
En conséquence, M. le docteur Longet, l'un de nos plus
savants physiologistes, après avoir perdu plusieurs années
en démarches pénibles, est proclamé membre de l'Aca-
démie, et c'est heureusement justice.
Ce résultat, très-fâcheux pour la majorité de la section, .
mais excellent pour la considération de l'Académie, était
prévu; mais il n'en a pas moins produit une profonde
sensation. C'est un événement qui montre encore la haute
raison des grands nombres et vient appuyer mon idée
d'élection au suffrage universel, qui pourrait bien faire
son chemin , si elle était souvent aussi efficacement sou-
tenue par des sections académiques.
La prévision de ce résultat avait inspiré à M. G. Gri-
maud de Caux un article aussi sagement pensé que re-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 551
marquablement écrit. Comme ce sujet, traité avec autant
d'indépendance que de logique, intéresse tous les savants,
et plus spécialement les zoologistes, je crois leur être
agréable en reproduisant cet article, pour le conserver à
la science autrement que dans une feuille volante
« Lundi dernier, la séance de l'Académie des sciences
s'est bornée à "la lecture du procès-verbal et de la corres-
pondance. La compagnie s'est formée immédiatement en
comité secret.
« L'Académie a trois membres à remplacer : dans la sec-
tion d'anatomie et zoologie, M. Duméril; dans la section
de botanique, M. Payer; et dans la section de géographie
et navigation, M. Daussy. Le comité secret de lundi a eu
pour objet le remplacement de M. Duméril.
« J'ai déjà dit ici que l'Académie est divisée en onze sec-
tions formant deux groupes, le premier embrassant les
sciences mathématiques, et le second les sciences physiques.
« Quelle que soit l'universalité de ses connaissances, au-
cun membre ne prétend à une compétence absolue, si ce
n'est pour la science qui a été l'objet de ses préférences,
et à la culture de laquelle son génie s'est appliqué avec
succès.
« Il résulte de cette situation que, quand il s'agit d'une
élection, la véritable compétence appartient, en droit
comme en fait, à la section dont il faut remplacer le
membre décédé.
« L'Académie a un grand respect pour le principe de la
compétence, qui, appliqué avec discernement, comme
c'est l'ordinaire, est le véritable fondement de sa gran-
deur.
« A leur tour, les sections sont pénétrées de la respon-
sabilité effective qui leur incombe, et elles mettent tous
leurs soins à établir une liste de présentation qui classe
dans un véritable ordre de mérite réel les candidats,
presque toujours assez nombreux, qui se présentent aux
suffrages de l'Académie.
552 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
« Si, ce qui peut arriver, la liste de la section n'est pas
l'expression réelle du mérite gradué des candidats, l'Aca-
démie, sans impugner cette liste et sans la rejeter, par
conséquent, désigne elle-même le candidat auquel il lui
semble que justice n'a pas été rendue, et, le jour de l'élec-
tion, la lutte s'établit entre la liste de la section et celle de
l'Académie.
« Ce cas est toujours très-grave, parce que , quand les
prétentions de la section ne sont point admises, il en ré-
sulte, pour elle, un discrédit incontestable.
« Le comité secret de lundi dernier a révélé une situation
de ce genre. La section d'anatomie et zoloogie a présenté
une liste nombreuse, trop nombreuse, dont la formation
a donné lieu à des combinaison singulières. Cette liste ne
paraît pas avoir satisfait l'Académie. L'élection de lundi
prochain s'établira donc sur une double liste.
« Je ne connais aucun candidat ni d'un côté ni de l'au-
tre, et d'ailleurs je n'aurais pas la présomption de dicter
un choix quelconque à l'illustre assemblée; mais, abstrac-
tion faite des titres scientifiques, dont je me dispense de
discuter la valeur, une raison supérieure doit donner
gain de cause au candidat de l'Académie. Cette raison,
c'est la nécessité de confirmer la règle par l'exception,
quand l'exception est manifestement indiquée.
« Je crois être l'écho de l'opinion générale en affirmant,
comme je le fais, que, dans la circonstance, l'exception
sera solennelle, et que jamais elle ne fut plus nécessaire ;
et cela se comprend de reste.
« La section d'anatomie et zoologie se compose de six
membres, dont un est à remplacer; restent cinq acadé-
miciens auxquels a été dévolu le sort des candidats.
« Supposez que, parmi ces cinq membres, il y ait trois
médiocrités; ces médiocrités, ayant la majorité , ont donc
déterminé la formation de la liste. Or il faudrait mécon-
naître la nature humaine pour ne pas ctse convaincu que
jamais des hommes médiocres ne consentent à s'adjoindre
SOCIÉTÉS SAVANTES. 55 3
des hommes do talent. C'est surtout ici que s'applique la
loi d'attraction de soi pour soi, dont Etienne Geoffroy-
Saint-Hilaire a jadis fait l'application à l'anatomie trans-
cendante.
« L'Académie a donc eu toute raison de considérer la
liste de la section comme insuffisante, et de désigner, elle
aussi, son candidat.
« Il y a des membres qui penchent pour la liste de la
section, uniquement par respect pour le principe de la
compétence; ceux-là oublient que, en admettant les ex-
ceptions motivées, on ne manque pas aux principes; que,
au contraire , on leur rend hommage en enlevant à leur
application tout caractère d'esprit coutumier et d'aveugle
routine. Dans la circonstance présente, on consacre une
fois de plus l'omnipotence souveraine de l'assemblée, que
les sections ne doivent jamais perdre de vue , et Ton ré-
prime efficacement les écarts où les pousse la prépotencc
naturelle aux médiocrités, auxquelles un hasard funeste a
donné la majorité.
« Le groupe des sciences physiques ne contient pas moins
de dix-huit docteurs en médecine, en y comprenant le
secrétaire perpétuel, M. Flourens; lesquels, pour obtenir
leur grade, ont dû cultiver plus ou moins les sciences
anatomiques et zoologiques.
« Si l'élection introduit dans la section une médiocrité
de plus, c'est sur ces dix-huit membres que pèsera la res-
ponsabilité des conséquences.
« Ceux-là doivent considérer jusqu'à quel point il peut
être indifférent à l'Académie, à sa propre gloire, de se
trouver, pour un long temps peut-être, dans l'impossibi-
lité d'introduire dans sa section d'anatomie et zoologie
des hommes de valeur ; si, malgré ceux qui existent dans
les sections diverses et même hors des sections, il n'im-
porte pas, toutes les fois qu'il y a lieu, d'attirer les es-
prits les plus capables de continuer la domination paci-
2e skrib. t. xii. Année 18G0. 36
55 '* rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
tique de la France à l'étranger, domination à laquelle
l'Académie des sciences a eu certainement la plus grande
part jusqu'à ce jour, et si l'adjonction irréfléchie des mé-
diocrités n'est pas le plus sûr moyen d'amoindrir cette
gloire et, par conséquent, de la compromettre.
« J'ai dit que la formation de la liste de la section avait
été l'objet des combinaisons les plus singulières et, j'ose-
rai ajouter, les moins dignes. Cette liste était déjà assez
nombreuse, et néanmoins la section a fait parler le télé-
graphe pour provoquer la candidature d'un savant mo-
deste que ses fonctions retiennent en province, et qui,
mettant ses prétentions au niveau réel de ses travaux et
de ses moyens, n'avait, jusqu'à présent, sollicité qu'une
place de membre correspondant.
« La section a cru avoir besoin de cette candidature sup-
plémentaire pour donner un plus grand relief à son can-
didat préféré, et aussi pour éloigner d'un rang de plus
dans sa liste, ou pour mettre hors rang, ceux qu'elle re-
doutait ou qu'elle ne voulait pas classer.
« De pareilles habiletés sont à la hauteur des esprits qui
les ont conçues ; cela n'est pas digne des savants sérieux
qui composent l'Académie en grande majorité et sont le
fondement réel de son illustration.
« Je n'ajouterai plus qu'un mot, mais il me paraît indis-
pensable. C'est certainement une chose fort délicate et
surtout très-difficile que de prendre parti, du dehors, dans
les élections de l'Académie des sciences. Là les candidats
doivent être et sont toujours , quand la règle est ob-
servée, des hommes tellement spéciaux qu'ils ne peu-
vent être jugés que par leurs pairs, et ces jugements, il
faut les respecter.
« C'est pourquoi Y Union, on peut lui rendre cette justice,
ne s'est jamais mêlée d'aucune candidature. Dans la cir-
constance actuelle même, elle n'a aucun prétendant à re-
commander; d'ailleurs on le sait bien, en fait de science,
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 555
sa politique est de n'avoir point d'opinion et do ne tenir
compte que des progrès véritables.
« Ce que Y Union veut consacrer aujourd'hui, c'est que,
quand la majorité de l'Académie prononce d'avance, en
quelque sorte, la cassation du jugement d'une section, en
mettant une liste nouvelle en opposition avec la liste que
cette section fourvoyée lui présente, ce ne sont pas seule-
ment les convenances et la dignité de l'Académie qui
commandent, c'est la raison et le respect des principes. »
Union du 22 décembre 1860.
M. le comte Gowilski annonce que, cette année, pour la
première fois, les Sauterelles ont envahi la Gallicie ou
Pologne autrichienne.
Séance du 31 décembre 1860. — M. Flourens lit un Tra-
vail ayant pour titre : Nouvelles expériences sur la coloration
des os du fœtus par le régime de la mère.
Le savant académicien rappelle ses précédents travaux
sur le même sujet. Il cite les expériences physiologiques
de ses prédécesseurs sur la respiration chez le fœtus, exa-
mine comment se fait sa nutrition, et en conclut que le
fœtus se nourrit et respire par la mère.
III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Planches coloriées des Oiseaux de la Belgique et de
leurs œufs, dédiées à S. M. Léopold Ier, roi des Belges,
par Ch. F. Dubois. — Gr. in-8% fig. coloriées, Bruxelles,
1860.
Ce bel ouvrage, qui forme une véritable faune ornitho-
logique de l'Europe, est continué avec la plus louable
activité par son auteur, et mérite toujours l'accueil em-
pressé que lui ont fait les naturalistes.
Comme nous avons déjà parlé plusieurs fois des livrai-
sons qui se succèdent sans interruption, nous nous borne-
rons à annoncer aujourd'hui que l'auteur, au lieu de né-
gliger l'exécution de son livre, comme cela arrive quel-
556 rev. kt mag. de zoologie. {Décembre 1860.)
quefois dans les publications faites seulement dans un but
purement commercial, a apporté des améliorations con-
stantes dans le dessin, la lithographie et le coloris de ses
planches, qui forment le plus souvent, de jolis petits
paysages appropriés aux mœurs des espèces représentées.
L'examen des livraisons 116 à 130, que nous avons
sous les yeux, nous fait' constater des progrès constants et
nous encourage plus que jamais à recommander cet ou-
vrage. (G. M.)
Le Monde des Oiseaux. — Ornithologie passionnelle, par
M. A. ïoussenel, 2e et 3e volumes.
(Troisième article.)
Nous avons rendu compte, il y a déjà longtemps et à
deux reprises (1), de Y Ornithologie passionnelle de M. Tous -
senel, ouvrage d'humour et d'imagination quant à la théo-
rie, mais rempli de faits nouveaux et des observations les
plus fines sur les mœurs des Oiseaux de notre Europe.
Nous ne nous occupâmes alors que du premier volume;
bien près de la même époque deux autres volumes ont
paru, et nous venons aujourd'hui, comme nous nous y en-
gageâmes alors, remplir, quoique tardivement, notre pro-
messe et vis-à-vis de M. Toussenel et vis-à-vis des orni-
thologistes.
Nous avons vu que, dans le premier volume, l'auteur,
reprenant la classification par la fin, à l'instar (et bien à
son insu) de Scopoli et du docteur Reichenbach, a traité
des trois ordres qu'il nomme Rémipèdes pour les Palmi-
pèdes, Longitarses pour les Échassiers, et Vélocipèdes pour
les Coureurs et les Pulvérateurs. Dans le deuxième volume,
continuant le développement de son système, il traite des
deux ordres suivants : 1° Sédipèdes, divisés en Frugivores
pour les Pigeons, Granivores pour les Fringilles, Baccivores
pour les Fauvettes, et Insectivores pour les Traquets, Go-
be-Mouches, Hirondelles, Engoulevents, Grimpereaux,
il) Rev. et mag. de zoologie, 1859, n°» 1 et 4, p. 41 et 193.
ANALYSES d' OUVRAGES NOUVEAUX. 557
Huppes, Guêpiers, Martins-Pêcheurs et Mésanges; 2° Ju-
gipèdes pour les Zygodactyles ou Grimpeurs.
Et dans le troisième volume de son ordre, le plus impor-
tant, celui des Serripèdes, renfermant la série ambiguë des
Omnivores, consacrée aux six genres : Casse-noix, Cor-
beau, Rollier, Geai, Pie et Pie-Grièche, et finissant parles
Serripèdes proprement dits pour les Rapaces, divisés en
deux groupes, Diurnes et Nocturnes, le premier subdivisé
lui-même en Auxiliaires et en Rebelles ou Insoumis.
C'est donc, au total, un nombre de six ordres que re-
connaît l'auteur, autant à peu près, ainsi qu'il le dit lui-
même, qu'en reconnaissait G. Cuvier, lequel en comptait
sept.
Nous avons sérieusement étudié la manière de voir, de
sentir et de procéder de M. Toussenel, que nous avons
l'honneur et le plaisir de connaître personnellement, et
nous croyons que, pour apprécier un auteur dans ses œu-
vres, la chose n'est pas aussi indifférente qu'elle paraît
communément. Aussi pensons- nous que, si M. Toussenel
eût connu Buffon de la même manière, il l'eût moins mal-
traité et moins dédaigné qu'il ne l'a fait, quoiqu'il ait eu le
bon goût d'enrayer à temps sa verve sarcastique à l'égard
de ce grand talent, pour ne pas avoir l'air de céder au
courant de l'ostracisme populaire, nous dirions même
vulgaire, dont certains écrivains, comme de parti pris,
ont poursuivi notre illustre naturaliste.
Le fait que nous avons toujours contesté, et sur lequel
nous revenons encore, de Buffon en manchettes à son bu-
reau, serait- il vrai, qu'il trouverait son explication toute
simple dans la manière dont l'homme envisageait la na-
ture, qu'il ne rougissait pas d'étudier si révérencieuse-
ment. Avec la majesté qu'il se plaisait à lui reconnaître, il
l'a traitée en grande dame que l'on ne se hasarde guère
certainement à courtiser qu'avec tous les dehors du beau
monde qu'elle fréquente, au lieu de la traiter en maîtresse,
comme le font le plus souvent les littérateurs de nos jours,
558 hev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
et par conséquent avec tout le laisser aller et tout le né-
gligé que comportent de légères et passagères liaisons.
Quoi qu'il en soit, et en réfléchissant bien même à ce
temps d'arrêt de l'auteur dans son système de dénigrement
de Buffon, nous sommes convaincu que sa propre volonté
y est entrée pour beaucoup moins que la force et l'ascen-
dant de Yanalogie ou de ses attractions naturelles; car ce
qui fait la force comme la faiblesse, parfois, de celui que
l'on a appelé le Pline français, croyant ainsi lui faire un
honneur dont il pouvait fort bien se passer, c'est sa pas-
sion et l'entraînement de son esprit pour les analogies. Et
l'on ne peut nier que, par ce côté, ainsi que nous l'avons
déjà dit, il n'y ait un point de contact si intime entre l'au-
teur de Y Histoire des règnes de la nature et l'auteur de
YOrnithologie passionnelle, que l'un semblera toujours la
continuation de l'autre, sauf la différence des deux épo-
ques où ces deux génies ont pris leur essor.
On voit que nous considérons ce dernier très au sé-
rieux, peut-être même plus qu'il ne l'eût voulu. Mais la
faute n'en est qu'à lui seul. Il a mis le pied dans la science,
dont il a gardé tout le fond en en répudiant (pensait-il)
les formes et le langage classiques. Nous tenons à ce qu'il
y reste, et c'est pour cela que nous provoquons sur lui
l'attention des savants. La conquête d'un tel esprit et
d'une telle plume est de trop de valeur dans l'intérêt de
l'ornithologie et de son progrès, pour qu'elle ne cherche
pas à se la faire propre ou sienne en la gardant précieuse-
ment et en se l'assimilant.
Il est arrivé à M. ïoussenel ce qui arrive à tout homme
intelligent ouvrant son esprit à une science qu'il se prend
à étudier pour la première fois : tout lui semble nouveau
dans les faits, tout lui semble une création à lui propre
dans les idées. Doux rêve assurément, mais moins doux
réveil, cruelle illusion! L'humanité, pour les sciences na-
turelles comme pour les sciences économiques et politi-
ques, a tourné sans cesse, tourne encore et tournera tou-
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 559
jours dans le mémo cercle : M. Toussencl en est une preuva
par lui-même.
Amant passionné de la nature et par ses instincts et par
ses habitudes, il entre d'un bond et de plain-pied dans la
voie glissante de l'ornithologie; il croit n'y voir que dé-
sordre alors seulement qu'il y a désaccord entre ses idées
et celles des méthodistes qui l'y ont précédé, et entreprend
de suite de rétablir, à sa manière, l'harmonie dans ces
éléments un peu étranges pour lui , sans se douter que
bien d'autres ont fait le même rêve et ont cherché, avec
plus ou moins de succès ou de bonheur, à le réaliser : lui
rappellerons-nous que le dernier et le plus illustre, le prince
Ch. Bonaparte, qui eût été si fier de connaître et de voir
l'auteur de Y Ornithologie passionnelle , y est mort à la
peine?
L'histoire naturelle, en effet, au point de vue de la clas-
sification et de la méthode, n'a jamais été, après tout,
qu'une science de rapports; or qui dit rapports dit ana-
logie. C'est donc sous l'influence d'un esprit d'analogie
qu'ont procédé tous les naturalistes anciens et modernes.
Les uns ont, en conséquence, consulté les analogies ana-
tomiques, organiques ou physiologiques; les autres, les
analogies de mœurs, soit de nourriture, soit de modifica-
tions, soit d'éducation des petits chez les animaux de
chaque classe zoologique, soit même du produit ovarien
pour les Oiseaux.
Et il est évident que ces derniers se sont trouvés beau-
coup plus près qu'aucun de leurs collègues de X analogie
passionnelle, quoiqu'ils n'aient pas créé le mot. Mais il faut
convenir que, si M. ïoussenel n'a pas inventé la chose,
quoiqu'il ait créé le mot, il a fondé et assis sur une base
plus certaine la science des analogies dont, on peut le
dire hardiment, l'auteur a ouvert des aperçus tout nou-
veaux sous une apparence de frivolité, à force d'esprit,
au côté sérieux de l'étude de l'histoire naturelle.
11 suit de là que, peut-être bien malgré lui, M. Tousse-
560 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1800.)
.nel a été oblige de compter avec les savants en ornitholo-
gie, comme ceux-ci se trouveront à leur tour forcés, et y
arriveront de bonne grâce, si nous ne consultons que nos
sympathies, de compter avec lui.
Il n'y a donc pas à s'étonner de voir un esprit aussi ju-
dicieux, malgré l'étrangeté plutôt que la nouveauté de son
système et la tendresse toute paternelle de l'auteur pour
ses idées éminemment originales, surtout pour la forme
attrayante sous laquelle il les a présentées, emprunter aux
naturalistes, aux uns les rapports organiques de la forme
du bec et, par suite, les rapports physiologiques du mode
de vivre et de se nourrir; aux autres, les rapports orga-
niques de la forme du pied; à plusieurs, enfin, ceux du
développement ou de la conformation de l'aile, parfois
même les rapports du mode de modification. C'est la preuve
qu'il ne saurait y avoir place pour un système exclusif aux
dépens de tous autres, mais que tous les systèmes doivent
se prêter ou s'emprunter ce que chacun d'eux a de bon et
de rationnel ; chacun d'eux, en un mot, ne valant que par
le contrôle et l'appui de tous les autres.
En nous exprimant ainsi, nous n'exagérons rien, et
nous recommandons aux nouvelles études ornithologi-
ques que M. ïoussenel ne manquera sans doute pas de
faire à ses premiers moments perdus les trois méthodes
suivantes : de Jonston, qui écrivait en 1657; de J. Ch.
Schœffer, en 1774, dans ses Elementa ornithologica, et de
Scopoli, en 1777, dans son Introductio ad Historiam natu-
ralem, toutes trois malheureusement en latin quasi de
Lhomond.
Il faut bien que M. Toussenel le sache, sa Tridactylie
et sa Tétradactylie n'appartiennent pas qu'à lui seul ; elles
ont été inventées par Schœffer, qui divisait la classe des
Oiseaux en deux grandes familles : Nudipèdes et Plumi-
pèdes , la première subdivisée en cinq ordres : 1° Fissi-
pèdes didactyles ; 2° F. tridactyles; 3° F. tétradactyles;
4° Pinnatipèdes ou Lobipèdes; 5° Palmipèdes tridactyles;
ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 561
G0 et 7° P. tétradactyles; la seconde en dix ordres, tous
Fissipèdes anisodactyles (excepté le premier, sous le nom
d'isodactyles pour les Jugipèdes de M. Toussenel), distin-
gués d'après la forme du bec. Ainsi 2° ordre Adtmcirostres;
3° Conico-incurvirostres ; k° Conico-ténuirostres ; 5° Conico-
protensirostres ; 6° Conico-convexirostres ; 7° Conico-subuli-
rostres; 8° Cunéirostres pour la Sittelle; 9° Filirostres pour
les Oiseaux-Mouches ; 10° Falcirostres. Il termine par un
onzième ordre Ânomalipèdes pour les Manakins, Coqs de
roche , Todiers , Martins-Pêcheurs , Guêpiers, Momots et
Calaos, presque tous exotiques et alors peu connus.
La division par mode de nourriture est encore plus an-
cienne; elle remonte à Jonston, qui formait trois ordres :
1° Oiseaux terrestres, divisés en Carnivores, en Phytivores,
subdivisés eux-mêmes en non chantants et pulvérateurs,
en chantants et en Baccivorcs, et en Insectivores subdivisés
également en chantants et non chantants; 2° Oiseaux
aquatiques divisés en Palmipèdes, subdivisés en Piscivores
et Herbivores, et en Fissipèdes, subdivisés en Carnivores,
Insectivores et Herbivores. Le troisième ordre, consacré au
genre .d'Oiseaux exotiques alors connus.
Enfin l'ordre retourné des Oiseaux n'est guère plus
nouveau, puisqu'il est dû à Scopoli, qui commence cette
classe par les Nageurs, à l'inverse de tout ce qui s'était
fait avant lui et de tout ce qui s'est fait depuis, à l'excep-
tion du docteur Reichenbach, qui, depuis une dizaine
d'années, a procédé de même. Scopoli trouvera assuré-
ment grâce aux yeux de M. Toussenel, car c'est celui de
tous qui paraît s'être le plus rapproché de Yanalogie pas-
sionnelle, et qui en a certainement eu l'instinct ou la pres-
cience. Indépendamment, en effet, de cette innovation
monstrueuse et incomprise en son temps, presque tous les
termes de M Toussenel s'y retrouvent, ou les mêmes, ou
on germe. Ainsi liétipèdes, pour sa première famille com-
posée de six ordres, en tête desquels figurent ceux des
Plongeurs, des Palmipèdes et des Longipèdes. Les Perro-
562 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
quets forment un ordre à part ; ainsi Scutipèdes pour sa
seconde famille, composée de trois ordres : 1° les Négli-
gés pour les Grimpeurs et promeneurs exotiques et euro-
péens; 2° les Chanteurs à becs minces pour les Fauvettes,
Merles et Alouettes; à gros becs pour les Bruants, Gros-
Becs et Pinsons; et 3° les Brévipèdes pour les Martinets,
Engoulevents et les Hirondelles.
Nous ne nous appesantirons pas davantage sur ces rap-
prochements, qui démontrent surabondamment quel'ana-
logie a été à l'ordre du jour dans tous les temps, conti-
nuellement et laborieusement cherchée, parfois rencon-
trée ou entrevue, sans être jamais ni trouvée ni finie.
L'éloge le plus mérité que l'on puisse faire à M. Tousse-
nel, c'est, par la seule force de ses observations person-
nelles et par une remarquable faculté d'intuition, d'avoir
créé, dans la simple limite de ses études, le système de
classification si rationnel que Scopoli, dès 1777, et Rei-
chenbach, de 1845 à 1850, ont inauguré en rangeant les
Oiseaux selon leur ordre probable de création.
Mais nous ne saurions trop insister auprès de l'auteur
pour l'engager à élargir le cercle de ses observations or-
nithologiques en les étendant jusqu'aux Oiseaux exotiques,
qui lui offriront les plus beaux sujets d'études et lui feront
apporter d'importantes améliorations à son système d'a-
nalogie passionnelle. C'est ainsi qu'il trouvera à modifier
sa manière de voir au sujet, par exemple, du Rupicole ou
Coq de roche, surtout au sujet des mœurs et des habitudes
si peu connues et si mal interprétées, quoique fort sim
pies, du Coucou. Si nous osions même, nous lui indique-
rions, pour lui éviter de trop pénibles recherches en re-
montant aux sources, la partie ornithologique de Y Ency-
clopédie d'histoire naturelle, et particulièrement, pour les
Cuculidés ou Coucous, notre Oogénèse ou Traité d'oologie
ornithologique y deux ouvrages qui sont entre ses mains, et
qu'il n'a qu'à prendre sur les rayons de sa bibliothèque:
il y saisira ample matière à compléter ses trois volumes
ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 563
par un quatrième qui ne peut manquer d'être appelé au
même succès. O. des Murs.
The Entomologist's Annual. — L'Annuaire des Entomo-
logistes pour l'année 1861, par M. H. T. Stainton,
in-12 avecfig. color. London, 1861.
Le joli petit Annuaire de M. Stainton n'a pas plus fait
défaut cette année que les autres; nous le recevons, ainsi
que tous les autres entomologistes, comme notre cadeau
du jour de l'an, comme la carte de visite du savant qui
n'aurait pas besoin de cela pour se rappeler au souvenir
de ses confrères, puisqu'il ne cesse de rendre des services
à l'entomologie.
Cette année donc, l'Annuaire de M. Stainton n'est pas
moins intéressant que ses aînés; il contient un synopsis
des Phryganides de l'Angleterre, par M. le docteur Ha-
gen, accompagné de descriptions d'espèces nouvelles, par
M'Lachlan; des observations hyménoptérologiques, par
M. F. Smith; une liste des Hémiptères de l'Angleterre par
M. Stainton ; de nouveaux Coléoptères observés en Angle-
terre par M. W. Janson, et beaucoup de notices très-
intéressantes de l'auteur sur les Lépidoptères de son pays.
Nous devons remercier M. Stainton, au nom des ento-
mologistes de toute l'Europe, de ce petit et intéressant
Annuaire, car les petits cadeaux entretiennent l'amitié.
(G. M.)
Echinidls du département de la Sarthe, par Cotteau
et Triger, avec fig. dessinées et lithographiées d'après
nature par MM. Levasseur et Humbert. — Gr. in-8°, 5e et
6eliv., 1860.
Chacune de ces livraisons comprend, comme les pré-
cédentes, 10 planches lithographiées avec le plus grand
soin; soixante espèces y sont représentées presque tou-
jours avec un fort grossissement des détails si compliqués
564 rev. et mag. de zoologie. {Décembre 1860.)
de leur organisation. Parmi les types les plus intéressants,
nous citerons YAnortopygus Michelini, Cottcau, si curieux
par la forme de son péristome et de son périprocte , et la
structure de son appareil apicial ; Y Hemipedina miliaris,
qu'on avait considéré jusqu'ici comme un Pseudodiadème,
mais que ses tubercules certainement dépourvus de cré-
nelures placent dans le genre Hemipedina; YHeteroci-
daris Trigeri , remarquable par sa grande taille , le
nombre de ses tubercules, l'étroitesse de ses ambulacres,
la disposition de ses pores autour du péristome, et dont
M. Cotteau a fait le type d'une coupe générique nouvelle
intermédiaire entre les Cidaris et les Pseudodiadema.
(G. M.)
Calendrier apicole , Almanach des cultivateurs d'Abeilles,
contenant ce qu'il y a dans une ruchée d'Abeilles ; les
meilleures ruches; travaux apicoles de l'année; façon-
nement des produits des Abeilles, etc.; par M. H. Ha-
met. — In-12 de 108 pages. Paris, 1861.
M. Hamet, si bien connu par le cours d'apiculture qu'il
fait, chaque année, au Luxembourg, par son excellent
journal V Apiculteur, et par le dévouement et l'énergique
persévérance avec lesquels il a su organiser la Société
d'apiculture, vient de rendre un nouveau service à cette
intéressante branche de l'agriculture en donnant à ceux
qui s'en occupent un guide sûr, résultant des travaux d'un
apiculteur également théoricien et praticien. Comme se-
crétaire de la Société d'apiculture, M. Hamet est con-
stamment tenu au courant des progrès réalisés par tous
ceux qui s'adonnent à l'élève des Abeilles, et ne manque
pas de faire profiter ses lecteurs, en laissant scrupuleuse-
ment à chacun ce qui lui appartient, des observations
utiles qui lui arrivent de partout.
Son livre, mis à la portée de toutes les intelligences
par une rédaction simple et claire, est également à la
portée de toutes les bourses par l'extrême modération de
ANALYSES o'OUVRAGES NOUVEAUX. 565
son prix (50 centimes), et Ton peut dire, avec juste rai-
son, qu'il constitue encore, de la part de M. Hamet, un
véritable acte de dévouement à l'apiculture. (G. M.)
Gli afidi, etc. — Les Aphidiens, avec un tableau des genres
et quelques espèces nouvelles italiennes , par Giovanni
Passerini, docteur en médecine, professeur de bota-
nique et directeur du jardin botanique de l'université
de Parme. — In-8. Parme, 1860.
Ce travail est le développement d'un mémoire publié
par l'auteur, en 1857, dans le Journal des jardins. Dans
une introduction de 24 pages, M. Passerini donne une
idée exacte de ce que l'on sait de l'organisation et des
mœurs de ces curieux Insectes , parasites de presque tous
nos végétaux, et que les zoologistes avaient trop négligés
jusqu'à ces derniers temps. Il était, mieux que personne,
en position d'en faire une étude utile; car à des connais-
sances positives en entomologie il joint celles d'un bota-
niste consommé, et même d'un horticulteur habile. Aussi
donne-t-il les noms exacts des nombreux végétaux sur les-
quels il a observé les espèces qu'il mentionne ou décrit,
et fait-il connaître les meilleurs moyens de débarrasser
ces végétaux de ces désagréables parasites.
Nous ne pourrions suivre ici M. Giovanni Passerini
dans les détails qu'il donne sur le singulier mode de re-
production de ces Insectes, mais nous devons dire qu'il
se montre, là comme dans toutes les autres parties de son
travail, complètement au courant des connaissances ac-
quises jusqu'à ce jour sur ces Insectes.
11 signale comme les plus incommodes dans les serres
deux Aphidiens qui s'accumulent en grand nombre sur
les plantes. Ce sont le Rhopalosiphum persicœ et la Sipho-
nophora malvœ. Ces deux espèces salissent les plantes non-
seulement par leur présence, mais encore par les dé-
pouilles qu'ils y laissent après leurs métamorphoses. De
plus, elles y déposent une humeur sucrée qui, altérée par
le contact de l'air, favorise le développement d'une moi-
sissure noire qui empêche les fonctions physiologiques
des feuilles.
Le tableau des genres occupe ensuite 4 pages et offre
leurs caractères essentiels avec l'indication de l'espèce
qui constitue le type de chacun d'eux.
566 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.)
Vient ensuite le catalogue de toutes les espèces qui ont
été observées jusqu'à présent en Italie, avec l'indication
des genres auxquels elles appartiennent, et enfin, sous le
titre d'Annotations diagnostiques, de bonnes descriptions
de 23 espèces nouvelles, qui occupent 7 pages.
Nous ne saurions trop féliciter M. Giovanni Passerini
d'avoir entrepris et mené à bien un pareil travail, fruit de
longues études faites sur des Insectes vivants, car on sait
qu'il est impossible de conserver ces Insectes en collec-
tions, ce qui rend leur étude et leur comparaison très-
difficiles. (G. M.)
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
II y a quelque temps , un comité consultatif, composé
de docteurs en médecine , a tenu sa séance annuelle
pour constater des cas de guérison de la phthisie pul-
monaire par l'hélicine du docteur de Lamare, de Paris,
substance qu'il a présentée à l'Académie des sciences il
y a quelques années. L'intérêt de cette réunion a princi-
palement porté sur la permanence de guérisons comptant
déjà plusieurs années de date. C'est un résultat important
dont nous félicitons sincèrement l'auteur.
TABLES ALPHABETIQUES
POUR L'ANNÉE 1860.
I. TABLE DES MATIERES.
Académie des sciences. 26. 83.jAdénisation. Des Murs. 49.
138. 108. 224. 300.410.511 539. Alouettes nouv. Loche. 148.
— Elect. dans la section de zoo- Aménités malacologiques. Bour
logie. j47. :»50.
guignât. 05. 154. 527
TABLE DES MATIÈRES,
»C7
Antilope addax. Aueapitaine. 145.
Apatophysis , Coléopt. Chevrolat.
95. 304.
Cassinia, Ois. Hartlaub. 82.
Ceuthorhynchus nouv. Brisout.
537.
Coleoptera Chilensia. Fairmaire et
Germain. 267.
Coléopt. de l'Algérie. Chevrolat.
75. 128, 208, 269. 302. 409, 448,
509.
Coloration de la peau. Aueapitaine.
46.
Cténolabre.Poiss. Guichenot. 152.
Dauphins nouv. Loche. 473.
Echinides nouv. Cotteau. 212.
Fourmis à miel. Lucas. 271 .
Galeropsis, Moll. Huppé. 125.
Galles souterraines du chêne. Ma-
réchal Vaillant. 518.
Hématozoïdes. Cornalia. 413.
Mammifères du Mexique. Saus-
sure. 3. 53. 97. 241. 281. 377.
459. 479.
Mêlâmes. Brot. 254.
Micropalama, Ois. Verrcaux. 206.
Notes nido-oologiques. Dubois. 62.
Œufs. Coloration. Leconte. 199.
Œufs des Moineaux. Sacc. 94.
Œufs des Oiseaux. Moquin-Tan-
don. 11.57.110. 193. 339. 410.
Œufs. Des Murs. 293.
Oiseaux nouv. de la Nouvelle-Ca-
lédonie. J. Verreaux et O. des
Murs. 383. 421.
Oologie. Sacc. 373.
Ornithol. de 1 île de Saint-Paul.
Coinde. 396.
Passer domcsticus. Des Murs. 20.
Poissons de Cette. Doumet. 299.
355,405.444.494.521.
Poules de Nankin. Sacc. 329.
Sériciculture. Mlle Santy. 189.
Stylifer. Huppé. 118.
Trichomyctères. Guichenot. 525.
Tychius. Ins. Brissout. 166.
Ver à soie de l'Ailante. Guériu-
Méneville. 238. 311. 325. 375,
423. 469. 512. 519.
II. TABLE DES NOMS D'AUTEURS.
Aueapitaine. Color. de la peau. 46.
— Antilope addax. 145. —
Bleeker.517.
Bourguignat. Âmén. malacol. 65.
154. 527.
Brisout. Ins. Col. 166. 537.
Brot. Mélanies. 254.
Chevrolat. Col. de l'Algérie. 75.
128. 208. 269. 302. 409. 448.
509. — Apatophysis. 95. 304.
Coinde. Ornith.de Saiut-Paul 396.
Cornalia. Hématozoïdes. 413.
Cotteau. Echinides nouv. 212.
Des Murs. Adéuisation. 49.— Œufs
des Ois. 293. — Passer domes-
ticus. 20.
Doumet. Poissons de Cette. 299.
355. 405,444,494.531.
Dubois. Notes nido-oologiques. 62.
Fairmaire. Coléopt. Chilensia. 267.
Germain. Coléopt. Chilensia. 267.
Guérin-Méueville. Ver à soie de
l'Ailante. 238. 311.325.375.423.
469. 512. 519. —Hématozoïdes.
413.
Guichenot. Cténolabres. 152. —
Trichomyctères 525.
Hartlaub. Cassinia, Ois. 82.
Huppé. Stylifer. 118.— Galeropsis.
125.
568 rev. et mag. de zoologie. (Décembre 1860.]
Leconte. Couleur des Œufs. 199.
Loche. Alouettes nouv. 148. —
Dauphius nouv. 473.
Lucas. Fourmis à miel. 271.
Moquia-Tandou. Œufs des Oi-
seaux 11.57, 110,193.339.
Sacc. Œufs des Moineaux. 94. —
Poules de Nankin. 329. — Oolo-
gie. 373.
Sauty (Mlle). Sériciculture. 189.
Saussure. Mamm. du Mexique. 3,
53. 97. 241. 281. 377. 425. 479.
Vaillant (maréchal). Galles souter-
raines du chêne. 518.
Verreaux (J.). Micropalama, Ois.
206.
J. Verreaux et 0. Des Murs. Ois.
nouv. de la Nouvelle-Calédonie.
383. 431.
ANNEE 1860.
Texte. . .
4 planches coloriées, valeur. .
20 planches noires, valeur. . .
36 feuilles.
6
20
Total. . . .
62 feuilles.
TABLE DES MATIERES.
Pages.
N. Doumet. — Catalogue des Poissons recueillis et observés
à Cette. 521
A. Gcichenot. — Notice sur un nouveau Poisson du genre
des Trichomyctères. 525
J. R. Bourguignat. — Monographie du genre Choanompha-
lus. 527
— — Catalogue des Mollusques de la famille
des Paludinées recueillis, jusqu'à ce jour, en Sibérie et
sur le territoire de l'Amour. 531
H. Brisout de Bakneyille. — Description d'une nouvelle es-
pèce de Ceuthorhynchus , suivie de plusieurs synony-
mies de ces espèces. 537
Académie des sciences. 539
Analyses. 555
Mélanges et nouvelles. 566
PARIS.— IMP. DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPEqpN, 5—1860.
I
U
•a
0
-
Atvut t/May.dt ZooZoyu.. /Sâû.
fi. a.
CA. Dubois dtl.
Bccccurt lùA.
Y".--
Imp. Btcftutjriru .
i_2. Procnias cœrulea. 3 . Turdus rufiventris .
4. Bombycilla cœrulea.
TUviu, tt May. <fe Zoolûfcc^. 7 S 60.
PI. 3
Jl.Ztvassuu- dtZ it fah.
J.ith Jiufiutjrins .
/ _ 2. Hdùù 07iuuo7nùr(t . a. 5. //duc Taziricw.
3. //. pOTTiatia. 6.//. Tailrita, Var mmcr.
Âami a May. £c Zooloqi*.. -/S 60.
* z
J3?. 4.
E.Ztvasstur dtl it lith.
J.ithJ$tcou4£jrirts.
/ /fe/ix lucor lira, (type) 3 //elùc stnamùua >.
2 JZ — lucoriim, Var. Beprùssct. 4.//. stramùiea, Var. elvnaaùt.
5_6. Ife/ùc MaAû7n>eéana,.
Âevue. et A/ay. de, Zoolûçic. 7 S 60.
/ 3
n.â.
J^.Ztvassuir dtZ tt Itth.
X ith JBuyuxtJrtT
i. Jlelùc fîguZùicv. s. Helùc cavaùt.
Z . J/. Jïgiilina,, Var 6. H. pacfa/a , / type )
3.1/. pomacelùxs. /. //. joacAz/a, Var.
4. M. pomacella, Var concolor. S-j?. M. nac7ii/a , Jlt. Var.
RtviUs et A/cu?. de 7,0olvoù . /S 60.
/
y/. 6.
4
ZitfuBuyuUjrirts .
1-Z. If dix Mazzuà, (à/pc) 4-6. I/eluc Çuwazz/u/iâù.
3. N. Mcuauli, Var. zonafa. y _ g. //. pycnuv.
Jteviu U May. de Zcoloyit. 7$ 60.
/
'£0*
J>(. 7.
3
étèr-
£
S
£.Lu>cusuir ddaUih.
LUhJicjuttJriru.
_ z. J/diz ûusso ricana . A _ S. I/elzjc . vu/yaris.
s. J/. Jbllinl. 6. //. Vii/aarù, Var.
Âa>ui a May. <ùs Zootoyii. 7$6c.
J>1. S.
-EZivatsiur dtl ttlith.
4 - S. Jf. — asemnù .
J,iik JSicyiutJrirts .
6- y. //e/ix Jiïiyaddensù, ( type)
S. /f.-£riça</({{/isis,Var.conw{or.
■51
I
3
M
m
?
■P
c/î
fti
(*
m
■S
>*
• r— 1
s
B
1
o
m.
5
tf
§■-
w
>8
-s
çu
<N
S
oo
W
P
S
O
1
Rtv.tt May. dt, Zooloyic. 7S60.
M. 70.
3
(ô
1
iïocourt dd. Zithjicftutjrtru.
i , /.* Sti/éifer Orfagnyaniis, Jfupé .
2. Jfeme dit CidarLs im^eriaàSfZam^éùitnûrmeU.
3. id. déformée.
4. Oaéerojosis Z aven ay amis , Jfiyoé .
o
h5
o
ad
g
'S
o
o
-s
pi
%
g.
O
TUvui tâMxg.dt. Zooloaic. 1S60.
FI. 1Z.
3
d
J/umètrt del et Htk .
■10
Jiith Jittoiutjriru .
f. Cidarùs Àfartmù, Cotttaw.
6 -J- C. ScÂmzdlùiiy/ Du or.
S. C. Guircvuk, Gftatuy.
$-io. fsaidopedma/ Badeaut/, Coteteu^.
Jtevive- et Mag. dt Zoolcqit. ?S6o.
Humitrt dtZ et- Iù&
2i ithjfttqutt/riru ■
-/. Rhaàdvcidaris cross iss wiol , Coteau,
z _ S. I/e/rufJtckna Terryi, Coteau .
6-7. -ff. mùwr, Coteau^.
s _7o. Jseudodiademo/ Trigerù, Coteau/.
?7_ u. Saltmo/ J}eIlcUi/ Coteau,.
Runu. U. Maq. de 'Aon/oyic. ?8âo.
PI. //,.
m
£ accourt id. ZiA.Ac^utfiruJkrié.
Micropalaiïia Tacksanowskia , J.Verreaux.
A\-t>//c ï/ Mag.de Zoolooie . fSâû.
FI. 15.
Zuntl tùS.
1. Cermis fût Yé ( fis . 3. Dysûjves azfrc//s .
Z. Di/sûpes Mùxica/ms. £. SU/wa!<rma fo/ùca , Scuiss.
S. Mornwjos JBlaùwilàifZtùA.
2. M. Su fu itjUru, Aru .
JUvuc ttÀfay.dt, Zooloçù.. rSêo.
MELANIA
1. Hivpocasfamurv. /+.
Z. CAocvlaàurL . S.
3. Muurus . 6.
Zitigioscts.
Semiornata,.
Dimorpîuv .
Imp.&tytutjriru
Rtouc et May cU. ZeolfjU.. iS6o.
7 S
2*
//
m
r n*
MELANIA .
7. VittatcL. jo . FeUcfuafa.
S. Jterylàna/ . //. Saussurii .
S- Odsaira . tz. Jïicolor.
13. Cerea .
Jtcvxu tt Àfaq. cU Zooloau. 7<fâo.
FI. /S.
Jioccurt dtZ rt IzA
Coq (le Nankin
( dW Dt (?oc lu u< finie . )
Rivui ttMay. de Zoolcait,.
7S6o.
Tl. 19.
fioccurt Jtl tt St/i .
-LitkJ}uom£Jrir
Poule de Nankin
( Dite De (Bocftùucfv
iiu,. )
Rêffru et i/<i</. </<• ZeoUçU'. /Soc.
/Y. ZÛ.
-LumZ cUl.
iTrvi'.St.yuttJrircs.
Cerollia azteca , Sauss.
Ischnoglossa nivalis, Sauss
K,-iuie et Map. de Zooùyù. . /Sâc.
n. z/.
Mumtl d*L.
Imp.BicyuttJriru
JiCCCiut lHh.
Rhynochetos jubatllS, G.VerreauxetODcsMurs
4
o
S
o
P
'00
09
p
Revue cûMag. de Zoologie,. 7$6o.
Jt 23.
(-tD
<©
g
Y •%
9
10
m
<®
/;>
<*>
/S
■
/* 77
4 > 4
Jl. Ltcassiur ïilh.
79 2û M
> 4 k
LH?t.J3ict}utt,?arU.
1-5. Choanvmphtdus MaacÂi . 7Ô_iy. JBitÀinùi/ strutfa .
6.10. C. amaurvnius. rS-iy. JB. ^4qare7isis.
if-i5. C. aorus. 2o_2i. 2ï. rcuohidia ■-.
JUvue et May. de Zooloyic. 7$6o.
/ Z
Fl.ZA.
L.XtVtLUiur /«&.
Liift.Bt cifut tjkrij .
/-Z. Viviparct pachycL. 8 -g. Vivipara elophila.
3. V pmrosas. 70. V lïaicale/isié \
A. V pnxrosa, Var. n__i3. Bitfiinùv Masic7wjirÙ€L .
5_y. V chloantfuL. 14. B. aploct.